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2 Événement ÉDITORIAL Antoine Nouis Désespérant Il était un domaine dans lequel le gouvernement aurait pu marquer le quinquennat, c’est celui de la transition énergétique dans la perspective de la conférence Paris Climat 2015. Les décisions sont difficiles à prendre, mais elles sont cruciales pour l’avenir. Au regard du temps long de l’Histoire, c’est probablement le sujet politique le plus important car il met en jeu le monde dans lequel vivront nos enfants. Dans ce registre, à mi-mandat, le bilan du gouvernement est particulièrement décevant. En deux ans et demi, on en est au troisième ministre de l’écologie, ce qui n’est pas le signe d’une ligne politique ferme. Et une semaine après avoir présenté la loi de transition énergétique dont le président Hollande disait que c’était l’un des textes « les plus importants du quinquennat », le gouvernement a capitulé devant le lobby des routiers en retirant son projet d’écotaxe. Cette décision a en outre le défaut de rendre la France un peu plus ingouvernable car elle révèle un gouvernement faible, incapable de résister à ceux qui ont un pouvoir de nuisance. Depuis la semaine dernière, il a perdu une grande part de sa crédibilité pour imposer la moindre réforme un tant soit peu courageuse. Le transport routier est plus polluant, plus dangereux et plus bruyant que ses alternatives ferroviaire et fluviale. L’idée de taxer la route pour favoriser les infrastructures des autres moyens de transport avait une logique suffisamment incontestable pour que la loi instaurant les péages ait été votée à une très large majorité de l’Assemblée nationale en 2009. C’était une loi intelligente qui avait comme vertu d’aller dans le sens de la transition énergétique en faisant évoluer progressivement les transports de marchandises vers des supports plus respectueux de l’environnement. Renoncer à cette loi a un coût économique par rapport aux investissements déjà engagés, mais aussi un coût politique sur la capacité du gouvernement à mener une stratégie en faveur du climat. Au nom du principe de respect des autorités que nous tirons des évangiles, nous avons essayé de conserver un regard bienveillant sur le gouvernement, mais cette dernière décision a un côté profondément désespérant.• réforme No 3580 • 16 octobre 2014 Société. Face au nombre croissant de départs pour la « guerre sainte », la France réfléchit La prévention contre le À chaque jour, son nouveau départ. À chaque média, sa nouvelle histoire de course folle vers le djihad. Et à chaque fois, cette interrogation de la part des pouvoirs publics : comment empêcher que de jeunes Français embrassent le radicalisme ? C’est peu de dire que Christiane Taubira vient de briser un tabou dans un pays laïc, en proposant, le 3 octobre dernier, de mettre en place des programmes de désendoctrinement. « La garde des Sceaux veut répondre au désarroi de familles dont les enfants partent pour la Syrie. Or, au niveau européen, à la différence du RoyaumeUni ou des Pays-Bas, la France n’avait qu’un modèle répressif à proposer. En gros, pendant des années, seuls la police et les renseignements surveillaient des gens considérés comme potentiellement dangereux », explique Francesco Ragazzi, chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). Ce maître de conférences présentera, mercredi 22 octobre, à Sciences-Po Paris, un rapport particulièrement instructif sur les différents moyens de prévention mis en place par les Britanniques et les Néerlandais. Des moyens dont, justement, voudrait s’inspirer la ministre de la Justice. Des mentors tuteurs Car en la matière, la France a pris beaucoup de retard. « Depuis 2005, la Grande-Bretagne a développé tout un arsenal préventif. Notamment avec un programme baptisé “Channel” et inspiré par la lutte antibandes et antigang. Il s’agit de nouer des partenariats entre la police, les mairies et les communautés (mosquées, associations musulmanes, imams, travailleurs sociaux, etc.). Des mentors, sortes de figures modèles pour ces jeunes, servent de tuteurs. » Entre 2007 et 2010, 1 120 personnes ont été recommandées pour le « Channel ». Dispositif de prévention : un numéro Vert antidjihad est placardé à l’entrée des mosquées quels figurent, évidemment, les imams dits « modérés ». Comme Farid Darrouf, qui dirige le culte de la grande mosquée de Montpellier. Nommé l’année dernière, en remplacement de son prédécesseur, dont les prêches étaient jugés trop politiques, Farid Darrouf mise, lui, sur le message religieux. « Deux familles sont venues me voir. Je leur ai expliqué ce que voulait vraiment dire le mot djihad. Ça signifie l’effort et non pas le combat. » Avec un argument qui semble faire mouche : « Je leur dis de faire le djihad sur eux-mêmes, c’est-à-dire de réussir à l’école, de le faire pour leur famille, pour qu’ils soient fiers d’eux. C’est un message qui passe plutôt bien. » Un message qui passe moins bien auprès du responsable de la mosquée de Lunel, une ville qui compte 25 000 habitants, dont 4 000 musulmans, située à 25 kilomètres à l’est de Montpellier. C’est là, dans son bureau, tout en précisant qu’il souhaite « rester anonyme », que cet homme de 39 ans, père de quatre enfants, confie qu’on ne peut pas « interdire à un jeune de 18 ans de partir » et certainement pas en invoquant le danger : « La dernière chose que les candidats au départ craignent, c’est la mort. » Avant de se reprendre, pas peu fier de son effet : « On les a bien convaincus de faire le mal, on peut bien les convaincre d’y renoncer » Parfois avec des loupés mémorables : des étudiants propalestiniens ont été dirigés vers ce système alors qu’ils ne présentaient aucun danger. On est loin du rare dispositif préventif qui soit un peu médiatisé en France : un numéro Vert antidjihad, placardé à l’entrée des mosquées (voir photo), incitant les familles à appeler en cas de crainte de départ. Car, aujourd’hui, en l’absence de mécanique étatique, les mesures de prévention sont surtout le fait des musulmans eux-mêmes. Au premier rang des- « Disons que, confronté à cette situation, je dirais à un jeune que, là-bas, ce n’est pas sa guerre, qu’il ne connaît ni les coutumes, ni la langue du pays où il va. » Non sans avoir auparavant fustigé les imams trop proches du pouvoir, notamment le très médiatique Hassen Chalghoumi, de la mosquée de Drancy. Farid Darrouf, lui aussi, est souvent jugé « trop républicain », ce qu’il revendique d’ailleurs : « Heureusement que je suis l’ami de l’État ! Je dois être fier de défendre ce sol. » Fragiles convertis Toujours à Montpellier, dans une autre mosquée, l’Union des musulmans de l’Hérault (UMH) tient, depuis peu, des réunions pour les convertis, une population considérée comme fragile : un cinquième des 800 Français partis pour la Syrie ne sont pas nés musulmans. « On ne peut rien faire contre ceux qui partent pour le djihad, dit Abdellah Elabed, secrétaire général de l’UMH. On n’est pas responsables. Et puis les candidats au départ ne viennent pas dans les mosquées ! » Lors de ces rencontres, qui attirent une vingtaine de personnes, est distribué un petit livre intitulé La modération islamique et ses caractéristiques. Livre écrit par Yusuf alQaradawi, un frère musulman égyptien Événement réforme No 3580 • 16 octobre 2014 à un programme de désendoctrinement, inspiré notamment par la Grande-Bretagne. djihad, une urgence suicide en Israël… Son fascicule est d’ailleurs ponctué d’appels à faire la guerre « aux sionistes ». Pas vraiment l’image de la modération que soutient l’État. Et pourtant on aurait tort de se couper des responsables jugés radicaux, selon Francesco Raggazi : « En Grande-Bretagne, les partenariats se font avec des musulmans qui sont d’accord avec le gouvernement. Si on veut que ces partenariats soient efficaces, il faut aussi se tourner vers ceux avec qui nous n’avons pas l’habitude de parler. Au nom du dialogue, on a eu trop tendance à délégitimer toutes ces voix. » Question de crédibilité. © Alexandre Mendel Remise en question qui s’est fait notamment connaître pour avoir défendu le recours aux attentats- On aurait tort aussi de considérer, comme Alexandre, un jeune converti, originaire de Millau, qu’il n’y a que des « paumés, souvent anciens revendeurs de drogue » qui partent. « Le passage à l’acte violent ou à la clandestinité, observe encore Francesco Raggazi, est souvent trop complexe pour n’être expliqué que par des facteurs psychologiques de manipulation ou par des facteurs sociaux. » Le choix de ces jihadistes serait rationnel : « Ils veulent apporter de l’aide humanitaire, lutter contre les crimes du régime d’Assad, ou sont tout simplement à la recherche d’une aventure. Évidemment, il y a aussi des personnes qui sont là uniquement pour la violence : elles, elles sont dangereuses. Mais tous ceux qui reviennent ne sont pas forcément dange- reux. » Au Danemark, le gouvernement a même mis en place un vrai programme de réhabilitation pour les gens de retour de Syrie avec, notamment, un suivi médical, psychologique et une aide à la famille. Paradoxalement, leur séjour en Syrie est souvent la meilleure façon de les dégoûter de leur rêve de djihad. « Cette idée de les désendoctriner n’est pas mauvaise, on les a bien convaincus de faire le mal, on peut bien les convaincre d’y renoncer », se félicite Mehdi Bensalah, journaliste franco-algérien, vivant à Bordeaux qui « en a marre de la stigmatisation ». Quelle efficacité et quel crédit accorder à un tel projet ? « Je n’ai pas de données sur l’efficacité d’un tel programme, admet Francesco Raggazi. Mais si les Français veulent s’inspirer de ce qui existe déjà en Europe, c’est que les Britanniques ont su les convaincre que c’est efficace. » Le plus dur à bâtir ne sera pas les structures. « Pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait un fond politique. Les gouvernements doivent avoir le courage de dresser la liste de leurs hypocrisies. Dire par exemple pourquoi on soutenait à un moment les rebelles en Syrie et pourquoi on est engagé maintenant dans une guerre contre certains de ces groupes rebelles. Ne pas parler de politique, c’est faire le jeu des radicaux », soutient Francesco Raggazi. Une remise en question de la part de la France qui demandera de l’audace.• Alexandre Mendel Aux prêches dans les mosquées qu’ils jugent trop « réformistes », ils préfèrent la caisse de résonance d’Internet. En septembre dernier, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a ainsi interpellé, à Montpellier, un homme de 35 ans qui administrait une page Facebook où, selon une source proche du dossier, il appelait à la guerre dans des termes virulents. Quarante-huit heures de garde à vue pour une page qui, à en croire son avocat, Me Aurélien Robert, « ne présentait pas de danger et ne contenait aucun appel au meurtre ». Comment ce père de quatre enfants, bien inséré dans la société, a-t-il pu en arriver là ? Comme souvent, des proches ont alerté les autorités, « de peur qu’il finisse lui aussi par partir ». Car les recruteurs pour le djihad font, comme tout service moderne de ressources humaines, leurs emplettes sur la toile. « Et encore, ce n’est pas sur Facebook qu’on voit les choses les plus graves », constate Farid Darrouf, l’imam de la Grande Mosquée de Montpellier, qui cite les vidéos de YouTube comme étant les plus dangereuses. Le stock semble inépuisable. Meilleur exemple : les interventions délirantes de Jean-Louis Denis, connu sous le pseudo de « Jean-Louis le soumis », sont disponibles sur le site de partage de vidéos et ont été vues par des milliers d’inter- Entretien. Abdel Garbi, 51 ans, docteur en informatique et aumônier musulman de la prison de Montpellier. « Il faut donner confiance » Comment vous apercevez-vous qu’un détenu est un potentiel candidat au départ ? Je ne suis pas là pour les repérer, ce n’est pas ma mission. Tous les vendredis, j’ai quelque cinquante détenus musulmans qui viennent au culte. Et franchement, ceux qui sont présents ne sont pas de futurs djihadistes. En deux ans et demi, quatre personnes sont venues me voir pour me poser des questions sur le djihad. C’est un phénomène très nouveau. Auparavant, ces jeunes ne s’interrogeaient pas. Avec ce qu’ils voient aux infos ou sur Internet, ils nourrissent un sentiment d’injustice et de solidarité à l’égard des victimes syriennes de Bachar al-Assad. L’attaque au gaz de Kfar Zeita, en août 2013, a souvent été le facteur déclenchant. Si la France était intervenue, je pense qu’on n’aurait pas eu autant de départs. Donc, vous ne pouvez pas aider ceux qui ne viennent pas au culte du vendredi ? On peut toujours faire quelque chose. J’ai demandé au directeur de la prison de me signaler les gens qui ont un comportement suspect. Certains sont déjà incarcérés pour les risques de menace islamiste qu’ils présentent. Et puis il y a les autres prisonniers, ceux qui ont changé d’attitude : ils font du prosélytisme auprès de leurs codétenus ou provoquent les gardiens en leur disant : « On va vous massacrer ! », en n’oubliant pas de se référer à leur religion quand ils les insultent. Je vais les voir individuellement dans leur cellule. J’en ai rencontré une dizaine. Je remarque qu’ils ont souvent un problème d’estime de soi. Ils ne haïssent pas forcément l’Occident mais rejettent la société : celle qui ne leur offre pas de perspectives. correspondance de Montpellier Sur le Net, l’impossible lutte On les appelle les djihadistes du clavier. Amateurs des théories du complot, ces internautes nourrissent, derrière leurs ordinateurs, une haine viscérale de l’Occident et des juifs. 3 nautes francophones. Pourtant ce Bruxellois de 39 ans, converti à l’islam, soupçonné d’avoir recruté une dizaine de volontaires pour le djihad, fait l’objet d’une enquête du parquet antiterroriste belge. D’autres opus cartonnent : La trilogie à venir ou La vérité sur l’État islamique (une apologie des « œuvres sociales » [sic] du Daesh) ont été visionnées des dizaines de milliers de fois. Ces vidéos, en français, toujours mieux montées, séduisent même le public féminin. « Les filles voient des combattantes avec des kalachnikovs, ça les impressionne », remarque, amer, Farid Darrouf. Contre-propagande Le 8 octobre, à Luxembourg, les ministres européens de l’Intérieur rencontraient les principaux patrons des géants de l’Internet : Google (propriétaire de YouTube), Twitter et bien sûr Facebook. Avec un objectif : lutter contre cette propagande. En l’absence d’algorithme antidjihad, ces productions ne sont pas près de s’arrêter. Facebook ou YouTube ferment régulièrement des comptes. Ils réapparaissent souvent quelques heures après leur clôture. Là aussi, la Grande-Bretagne est en avance. Le Research information and communications unit (RICU) est une unité dépendante du ministère de l’Intérieur et a pour but de proposer, principalement sur les réseaux sociaux, une contre-propagande faite par des professionnels et des bénévoles. Des méthodes issues de la guerre froide remises au goût du jour.• A. M. Pas facile de les aborder sans les braquer… C’est un vrai problème. J’essaie d’adopter une position qui inspire confiance. Je ne veux pas qu’ils s’imaginent que je travaille pour l’État ou que je suis un délateur. Du coup, je ne cible pas le sujet. Je leur parle du vrai message de l’islam. Leur connaissance du Coran et de la religion est souvent infime. Je leur cite un hadith qui dit qu’il est préférable d’avoir un tyran et la paix qu’une rébellion et la guerre. Il faut rester avec eux dans le domaine du spirituel et se mettre à leur niveau. J’observe des changements : ils progressent. Selon vous, qui est responsable de ce retard dans la prévention ? Tout le monde est responsable ! Oui, il y a de la stigmatisation contre les musulmans. Mais c’est aussi un peu de notre faute. Les imams n’ont pas su s’adapter. Certains prêches se font en arabe pour une population qui ne le parle pas, sans aborder les problèmes du quotidien : le logement, le travail, la famille… Résultat, les jeunes vont chercher leurs réponses sur Internet au lieu de les avoir dans les mosquées. Il y a plein de choses que l’État pourrait installer pour désendoctriner ces jeunes : un stage chez un aumônier musulman ou chez un imam… Il y a aussi l’éducation. Est-ce normal d’envoyer les enseignants les moins aguerris dans des classes surchargées où les parents de ces élèves ne parlent pas le français ? On devrait s’inspirer du système finlandais en mettant le paquet dès le primaire.• Propos recueillis par A. M. 2 Événement ÉDITORIAL Antoine Nouis Société de confiance Les analyses sur la première moitié du mandat du président Hollande ont de quoi déprimer les plus optimistes. Le chef de l’État est encalminé dans les sondages et les résultats de sa politique économique se font attendre. Il est critiqué par l’opposition, ce qui fait partie des règles du jeu ; mais il est aussi de moins en moins soutenu par sa majorité qui se rétrécit de jour en jour, au point que certains s’interrogent sur sa capacité à terminer son mandat. Il interviendra à la télévision jeudi et je prends peu de risques en anticipant les commentaires. Ses adversaires le trouveront fatigué, ambigu et peu convaincant alors que ses soutiens le jugeront déterminé, décisif et droit dans ses bottes de capitaine. Au-delà de ces postures convenues, nous ne pouvons que souhaiter que la seconde partie de son mandat soit plus heureuse que la première, pas pour la satisfaction du gouvernement, mais pour notre pays tout simplement. Puisque nous sommes dans un journal protestant, n’oublions pas qu’un des apports de la Réforme est ce qu’Alain Peyrefitte a appelé « la société de confiance ». Une société solidaire repose sur la confiance entre un homme et une femme, un médecin et un malade, un enseignant et ses élèves, un entrepreneur et ses commanditaires, un banquier et ses clients, un patron et ses employés… entre un gouvernement et un peuple. Le dynamisme d’un pays repose sur la confiance que les différents acteurs se portent les uns aux autres. Elle favorise l’affectio societatis, qui est la volonté des personnes de s’associer pour une cause commune. La confiance est un des domaines dans lequel les Églises peuvent apporter leur contribution. L’Église protestante unie a intitulé sa brochure de présentation Choisir la confiance. La confiance n’est pas sans lien avec la grâce qui conduit à poser un regard positif sur l’activité humaine. Elle ne repose pas sur un optimisme aveugle mais elle est une attitude spirituelle, une exhortation. Au-delà de tout ce qui nous déçoit dans la politique, nous sommes appelés à la confiance, au nom de notre foi, pour nous, notre prochain et notre pays.• réforme No 3583 • 6 novembre 2014 Reportage. De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les courants de pensée protesta Ce barrage qui fédère E n guise de douane, un poste de garde ouvre sur une route défoncée. L’atmosphère est détendue, presque à la victoire, après la suspension sine die du projet de barrage de Sivens. Les camions de gendarmes mobiles viennent de partir. Seul le bourdon sourd des pales d’un hélicoptère dans le ciel rappelle la tension des semaines passées. On accorde le passage aux médias pour de l’alcool ou des cigarettes, on vérifie la carte de presse. Une formalité souriante et fraternelle (« Franchement, j’aimerais mieux que tu me tutoies »), sur ce chemin qui mène à la Zone à défendre (Zad) où restent encore mobilisées jusqu’à deux cents personnes par jour. Il y a dix jours y mourait Rémi Fraisse, un étudiant âgé de 21 ans ; tragédie ouvrant le bal médiatique. Qui « les gonfle ». Un peu comme tout le reste : le gouvernement, le fric, le pouvoir, la propriété privée, la magouille. Tout y passe. Deux check points plus loin, juste après le parking délimité par du fil de fer barbelé, où se côtoient vieilles camionnettes diesel et vans hi-tech des chaînes de télés, un homme prévient : « Au fait, il faudra payer un montant libre pour les photos. On vient de décider ça tout à l’heure. » Sorte d’impôt révolutionnaire avant de faire valider ses clichés en partant. « Il faut s’inspirer de la Corse ou de l’ETA », explique, sans plaisanter, un jeune. La visite des lieux se fait accompagné par un guide : « Il ne faut pas écrire n’importe quoi. Ou qu’on reconnaisse quiconque. Certains sont sous contrôle judiciaire… Sinon, je confisque ton appareil ! » Contexte tendu Bienvenue dans l’État dans l’État, ou dans l’État contre l’État. Flower power pour les uns – des jeunes femmes se promènent la poitrine nue et une vague odeur de cannabis dissimule à peine les effluves de pommes pourries dus au gaz lacrymo ; treillis et rangers aux pieds pour les autres, histoire de dire que tout ça, c’est un peu une guérilla « mais en plus cool ». nisation ». Camille : un pseudonyme collectif, choisi lors des assemblées générales (elles sont quotidiennes, en plus des réunions « de travail ») « pour dire qu’on parle tous d’une seule voix ». Un prénom d’emprunt androgyne, un masque sur les identités comme si camoufler les visages – l’usage pendant les manifestations – n’était pas suffisant. Méfiant : c’est le mot pour ne pas dire paranoïaque. Le matin même, devant le conseil général du Tarn, ce même Camille, le visage enrubanné dans un chèche, racontait au micro que « le corps de Rémi était conservé par l’armée pour favoriser sa décomposition afin de disculper la gendarmerie… Bon, c’est ma théorie ». Tant pis si l’autopsie accable la gendarmerie, l’important étant de démontrer que tout n’est qu’un gigan- « C’est pas nous qui nous radicalisons, c’est l’État, c’est la police ! Le temps des sit-in est fini » « Je suis désolé. Mais on est devenus très méfiants. Il y a des drones qui nous photographient. Le contexte est tendu », se justifie Camille, qui dit avoir retenu « les leçons de Notre-Dame-des-Landes, notamment en ce qui concerne l’orga- tesque trucage pour « servir l’intérêt des puissants ». Écologistes convaincus, anarchistes plus ou moins crédibles (un jeune lycéen prétendant « être anar » avouait n’avoir trouvé, à Albi, qu’un drapeau américain pour masquer son visage), babas cool, ex-indignés, anciens anonymous, « antifas » parfois adeptes de la violence : le mouvement agrège les craintes et les espoirs d’un monde qui est en train de leur échapper. De temps en temps avec de l’humour : « M… ! La juge vient de passer, elle m’a dit que je n’avais rien à faire ici », lâche un punk accroupi sur un trottoir pour écrire à la craie des slogans contre Manuel Valls. Il y a même dans cette communauté très composite un jeune chrétien évangélique, qui se fait appeler Bobby (un des rares à ne pas être un Camille), étudiant en première année de droit à Nancy, se définissant « comme un enfant Événement réforme No 3583 • 6 novembre 2014 3 taires et toutes les revendications sont représentés à Sivens, dans le Tarn. les contestataires on m’a dit que c’était cool ici ! » Ce qui lui plaît ? « Être loin des millionnaires d’Orange County », la banlieue chic où il vit, connue pour abriter Disneyland. Et la violence dans tout ça ? « En quelques mois, on est passé du plantage de clous dans les arbres pour casser les chaînes des tronçonneuses à des actions plus déterminantes. Pas question de se laisser faire », dit un autre Camille. Les tags anarchistes dans Gaillac, à quelques kilomètres de là, et quelques vitrines brisées témoignent de cette escalade. « Mais on a fait en sorte de ne casser que les vitrines des banques », tempère un anarchiste qui en veut « à mort à ceux qui détiennent le pouvoir et non pas – notez-le bien – au petit boulanger ». Le mouvement s’est radicalisé. Même si personne n’aime l’adjectif « radical ». « C’est pas nous qui nous radicalisons, c’est l’État, c’est la police ! Le temps des sit-in est fini », explique Thomas Fouillat, l’un des seuls à accepter que l’on mette son vrai nom. Cet ancien carrossier, ex- pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, avoue « avoir essayé de faire tomber un horodateur qui n’est qu’un symbole du pouvoir ». Ce Haut-Savoyard de 26 ans, venu dans le Tarn au volant de sa BMW, gagnait 3 000 euros par mois en Suisse. Aujourd’hui, il refuse cette vie et se dit « prêt à mourir s’il le faut », avec l’assentiment, précise-t-il, de sa mère. Un crucifix sur le bras Il n’y a pas que les banques, à Gaillac, qui ont souffert. Le monument aux morts a été souillé par les crachats et l’urine. Les habitants n’ont pas compris ce geste et se souviendront longtemps de la manifestation en hommage à Rémi Fraisse. L’une des figures du mouvement contre le barrage, Roland Fourcard, pion dans un lycée agricole, vient de terminer une grève de la faim de soixante jours. Quelque vingt kilos perdus après, ce « pacifiste qui croit au dialogue » ne condamne pas l’action. « Ces jeunes ne l’ont pas fait contre les morts. Ils l’ont fait pour le symbole. Contre l’État. À chacun ses arguments. Les anarchistes ne comprennent pas toujours ce qu’ils font, c’est vrai. Moi, je leur dis que sans police, ce serait le règne du fascisme. » Avant de poursuivre : « Ils ont aussi le sens du sacrifice. La foi, c’est bien ; mais c’est mieux d’être engagé. Comme Jésus. » Le dessin d’un crucifix orne son bras. Il avait 20 ans quand il se l’est fait tatouer. Il en a 57 aujourd’hui. « Mon idéal n’a pas changé. C’est juste dans la continuité de ma vie. Vous savez, il en a fallu des lions pour bouffer des chrétiens avant que le message de Jésus ne soit reconnu. » À la Zad, on ne lèvera le camp que lorsque le projet sera définitivement enterré. « Vivre en communauté, c’est déjà une cause », souffle Camille. D’autres voix évoquent un climat ressemblant aux années 1930. Annonciateur de lendemains qui déchantent. « Ah oui ? Ca commence quand ? », se demande un des militants, en se roulant une cigarette.• Alexandre Mendel envoyé spécial à Sivens © Alexnandre Mendel « Des initiatives sans lendemain » de bonne famille préférant le message de la Bible à celui de l’État ». C’est lui – avec d’autres – qui a mis dehors, le 25 octobre, jour des affrontements contre les CRS, une dizaine d’adeptes d’Alain Soral et de jeunes identitaires : « Leur message antisémite ne passe pas. Il y a des limites à la récupération. On ne veut pas de fachos. » Opportunistes et anciens Il y a aussi les opportunistes avec qui les anciens composent : les « manifestants de la 25e heure, chacun en pense ce qu’il veut », balance Gwen, en lutte « depuis deux ans ». « Le flot est permanent. Il y a ceux qui partent et ceux qui arrivent », lâche notre guide. Dans ce lot, un Californien de 19 ans, Andy, vient de débarquer. Fils de plombier, il n’a pas l’air de trop saisir la problématique du barrage : « Je reviens d’Ozora, un festival hippie en Hongrie. Là-bas, À Sivens, tous les jeunes se font appeler Camille Pour Claude Pennetier, chercheur au CNRS et l’un des auteurs du livre Les anarchistes, dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (éd. de l’Atelier, 527 p., 52 €), les contestataires actuels se situent dans le droitfil de mouvements traditionnels. « Il me semble qu’à Sivens on peut identifier trois familles de pensée : les libertaires, les féministes et les écologistes. Le mouvement libertaire se divise lui-même en trois groupes : la Fédération anarchiste, Alternative libertaire (plus portée à l’action organisée) enfin la Confédération nationale du Travail qui, comme son nom l’indique, peut être assimilée à l’anarcho-syndicalisme. Sur le plan des idées, disons que dans ce milieu l’emporte le désir de recréer des lieux de vie proches de la nature. Cela s’est traduit bien souvent par des pratiques artisanales et l’attachement à l’alimentation végétarienne. Chez les libertaires, le courant végétarien s’articule autour de la protection des animaux mais aussi sur l’idée que le monde ouvrier (ou populaire) travaille plus que nécessaire pour s’acheter quelque chose qui ne lui est pas nécessaire – ce qui les conduit à lutter aussi contre l’alcoolisme et le tabagisme. On peut repérer une opposition forte, chez les anarchistes, entre ceux qui sont favorables au progrès scientifique et ceux qui le rejettent. Ceux-ci, disciples de Henri Zisly (18721945), sont en quête d’un état naturel qui rompe avec les valeurs sociales dominantes et qui se traduit par un retrait du monde. Ceux-là veulent modérer les excès de la société urbaine sans casser la dynamique du progrès technique. Ces débats remontent aux années 1900 mais ils perdurent, même si tous les militants n’en sont pas conscients. La sensibilité libertaire, enfin, peut être associée à la désobéissance civile. On l’a déjà remarqué, durant les années soixante-dix, au Larzac. Les femmes qui s’impliquent sont les héritières des féministes des années soixante-dix. Elles revendiquent leur autonomie de décision, refusent toute forme d’autorité masculine. Elles se réclament d’un art de vivre en dehors des règles classiques ; elles peuvent encourager la construction d’un habitat très atypique – une yourte, une tente –, une autosuffisance alimentaire et le refus de l’électricité produite par les centrales nucléaires. Elles rejoignent en cela les écologistes. Si les écologistes sont mieux organisés, appuyés par un encadrement politique solide, ils sont, pour cette raison même, considérés avec méfiance par les autres. Comme un service d’ordre Il est indiscutable qu’une partie des « zadistes » (de Zone à défendre) sont violents. La majorité des militants ne les approuvent pas mais laissent faire parce que ces militants radicaux protègent le lieu de vie, répliquent à la pression exercée par la police. Il faut en effet souligner que les forces de l’ordre disposent d’un appareillage sans comparaison avec celui dont elles se servaient autrefois. Mieux protégés, mieux armés, les policiers d’aujourd’hui sont presque déshumanisés et sont donc plus effrayants. La majorité des contestataires s’abrite derrière les extrémistes. Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, certains manifestants m’on dit qu’ils n’approuvaient pas les actes de violence mais reconnaissaient à leurs camarades une capacité à les défendre, comme le ferait un service d’ordre, à susciter l’attention des médias et donc à se rendre utiles. Pour autant, je ne crois pas que la contestation née à Sivens puisse connaître un prolongement sur le terrain politique. En général, de telles aventures font surgir des initiatives originales, mais sans lendemain. D’ailleurs, les partis traditionnels – y compris d’extrême gauche – se tiennent à distance et ne se pressent pas pour les soutenir. »• Propos recueillis par F. casadesus Société RÉFORME NO 3610 • 21 MAI 2015 5 FESTIVAL DE CANNES. En mai, la population des sans-abri double. La ville se tient avec fermeté à son arrêt antimendicité. Derrière le strass, le stress des SDF À un jet de paillettes de la Croisette, près du pittoresque marché Forville, les mouettes semblent revenir de chez le coiffeur, les homards se tenir prêts pour un maquillage à la mayonnaise, tandis que, forte de 200 agents tirés à quatre épingles et ceints de gilets pareballes, la police municipale patrouille. Coquetterie parfois trompeuse d’une ville qui accueille, jusqu’à dimanche soir, 130 000 festivaliers. À l’écart du bourdonnement des grosses cylindrées, du tintement des flûtes de champagne, Walter, la cinquantaine, rit jaune dans son coin : une entrée de parking souterrain. Ce sans-abri, bien connu du quartier, ose une blague, en polonais, sa langue natale : « Policja, to milicja ! » [« la police, c’est la milice ! », ndlr], tu peux pas t’approcher de la Croisette ; on te demande de partir. » Cannes est en pleine promotion de son « plan anti-incivisme » avec des mesures fortes, voulues par le maire UMP David Lisnard, élu en 2014. Des publicités chocs fleurissent en ce moment un peu partout à l’ombre des palmiers. Elles ont été placardées au premier jour du festival : « 180 €, ça fait cher l’envie pressante », dit ainsi l’un de ces panneaux représentant un homme en train d’uriner. Le tarif est le même si on jette un mégot dans la rue, comme à Singapour. Un arrêté antimendicité est en vigueur depuis 2013 à certains endroits de cette commune de 73 000 habitants, dont le nombre de sans-abri passe de 400 à © ALEXANDRE MENDEL Plan « anti-incivisme » vont devoir bouger », admet Christophe Visentin, directeur du Samu social cannois. « La police me dit : “Dégage !” mais je reviens toutes les deux heures », raconte Nicolaï, tout en se servant, sous un soleil de plomb, un verre d’eau. Ce Moldave de 52 ans fait la manche sur la Croisette en compagnie de son petit chien Golgu et de son chat Colina, ses deux compagnons d’infortune tenus en laisse et au poil aussi propre et lustré que des jantes de Ferrari. Cannes dispose, hors période de grand froid, d’un foyer de 23 lits (dont 9 pour les femmes), un lieu non signalé, très souvent complet, dans une rue assez sordide située derrière la gare, à des annéeslumière de l’ambiance festive. Maurice, un Guinéen de 16 ans, somnole devant l’entrée que la lumière blafarde du guichet peine à éclairer. « C’est quoi, le festival ? », se demande-t-il, complètement perdu, la tête posée sur un paquet de linge alors qu’il vient tout juste de débarquer d’Italie. «Notre ville est atypique, anormale, pleine de contrastes, avec de gros écarts de revenus. Mais on est aussi gentils qu’ailleurs » 800 pendant le festival. « C’est un peu le miroir aux alouettes pour certains marginaux venus des pays de l’Est ou du NordPas-de-Calais pour essayer de gagner de l’argent », note Geneviève Vandini, présidente de la Croix-Rouge locale. Beaucoup misent sur la générosité supposée sinon fantasmée de festivaliers fortunés ou sur un boulot saisonnier, quand d’autres, plus malins, à l’image de ce Sénégalais aperçu au seuil du tapis rouge, font du business en vendant à la sauvette des perches à selfies à des touristes ravis de la bonne affaire. « C’est vrai, c’est un sujet délicat. Ces SDF sont sous tension pendant le festival. En maraude, je leur explique poliment qu’ils Tolérance zéro « C’est le plus mauvais moment pour trouver un hébergement d’urgence. Même l’hôtel le plus pourri est complet », observe Christophe Visentin. Quelques heures plus tôt, le Samu social a sauvé, à deux pas de ce foyer sans nom, un SDF, victime d’un malaise devant l’Olympia, un établissement aux fenêtres murées. La municipalité se défend de stigmatiser une population en détresse. Une attachée de presse nous suggère d’ailleurs « d’éviter de tomber dans les clichés », alors que Thierry Migoule, directeur général des services (DGS), défend les vertus sociales de la ville. Pas question de donner l’image d’une station balnéaire bling-bling qui planque les plus pauvres sous le tapis, pas question non plus de gâcher la fête. « Les gens sont traités de la même façon sur l’espace public : sans-abri ou milliardaires et ceci toute l’année », assure le DGS. À ses yeux, Cannes n’est pas n’importe quelle ville : « On a une démarche en matière d’attractivité et de qualité de vie des habitants, c’est la cause municipale de ce mandat », dit-il en évoquant la « théorie du carreau cassé et de la tolérance zéro », mise en œuvre par l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani. Une politique qui avait fait baisser la délinquance et transformé Times Square, dont les mendiants et les prostituées ont été relégués en périphérie, en haut lieu du tourisme. Les commerçants sont favorables à ces mesures. Rue d’Antibes, une artère très commerçante, un vendeur de costumes se lâche : « On n’en peut plus de tous ces Roms ! » Le DGS, lui, n’oublie pas les nuances lexicales, propres à une ville qui avait voté à près de 70 % pour Nicolas Sarkozy en 2012 : « Cannes a une politique d’assistance et non pas d’assistanat » ou encore : « Attention, on ne dit plus SDF mais SDS pour sans domicile stable. » Et égrène, pour rassurer, les chiffres un à un : « les 286 duvets », les 1 626 kits hygiène, les 5 725 repas » distribués Nicolaï, Moldave de 52 ans, fait la manche avec son chien et son chat sur la Croisette chaque année. Un bon point pour briser les idées reçues : la ville, jumelle de Beverly Hills, respecte les seuils fixés par la loi Solidarité et renouvellement urbain. La qualité, voire le standing, des logements sociaux est à la hauteur de l’élégance de la cité. Au sein des associations, on semble approuver la fermeté de ces mesures. « Les Polonais, les Bulgares ou les Biélorusses ont tendance à picoler sec. Ça peut être une gêne dans ces lieux de prestige quand on s’y promène », justifie la présidente de la Croix-Rouge. Son homologue du Secours populaire, Martine Dalmasso, dit à peu près la même chose : « Les caméras du monde entier sont braquées sur la Croisette. Même pour les Cannois, c’est important… On n’a pas envie d’être sollicité par des gens qui veulent laver votre pare-brise. » Avant d’ajouter : « Bon, je ne vais pas critiquer la mairie. On a une subvention. Et la ville finance nos locaux. Ils n’y sont pas obligés. » « Notre ville est atypique, elle est anormale, pleine de contrastes, avec de gros écarts de revenus. Il y a ceux qui disposent d’un immeuble qu’ils n’ouvrent que quinze jours par an et ceux qui couchent dehors. Mais on est aussi gentils qu’ailleurs », remarque encore Geneviève Vandini. Le taux de pauvreté est de 18 %, davantage qu’à Paris (14 %), et à peu près équivalent à celui de La Rochelle, de taille comparable. Cannes la modeste : ce n’est pas de la fiction.• À CANNES, ALEXANDRE MENDEL Pays de Lozère Midi Libre midilibre.fr DIMANCHE 21 OCTOBRE 2012 3 C2--- Important dispositif pour retrouver la septuagénaire Disparition l Toujours aucun résultat dans les recherches menées depuis maintenant trois jours à Pied-de-Borne. La Gardoise était partie jeudi cueillir des champignons avec son neveu. H ors contexte, la scène pourrait prêter à sourire. « Vous savez pourquoi on est là ? », demande le commandant Stéphane Milonet, par la fenêtre de son pick-up 4x4, à l’adresse de champignonneurs dont les coffres débordent, au-delà du raisonnable, de cèpes. Car la gendarmerie n’est pas venue, hier, à Pied-de-Borne, pour dresser des contraventions pour la cueillette abusive. Mais pour retrouver Jeanne Delenne, disparue depuis jeudi après-midi, sur le plateau du Roure. Cette femme de 74 ans, habitant Saint-Hilaire-de-Brethmas, une commune près d’Alès, n’est jamais revenue sur le parking de cet endroit bien connu des amateurs de cèpes. C’est son neveu, un paysan de Prévenchères d’une cinquantaine d’années, qui a prévenu les forces de l’ordre. Ils s’étaient séparés, chacun allant ramasser les bolets de son côté. « C’est aujourd’hui ou jamais » Commandant Milonet Voilà donc trois longs jours que cinquante pompiers et militaires du département sillonnent mètre carré après mètre carré les bois du Devès de la Cham, une forêt cernée par les falaises. À la tête de cette opération, le capitaine Salvador Perrone du groupement de gendarmerie de la Lozère. Plan IGN en mains, c’est lui qui a délimité la zone à ratisser. Le chef d’escadron Stéphane Milonet, venu de Mende, l’a rejoint hier pour cette opération d’envergure. « C’est aujourd’hui ou jamais », confiait-il, « toujours optimiste ». Car il y avait encore des raisons d’espérer : la présence de LA DÉCEPTION Malchance ■ Un hélicoptère équipé d’une caméra thermique a survolé la zone, hier matin. Sans résultat. dizaines de promeneurs gardois et lozériens, deux nuits dans une atmosphère douce (les températures ne sont pas descendues en dessous de 11˚ C) et le dispositif mis en place conjointement avec les pompiers. Deux équipes cynophiles, l’une de Mende, l’autre de Nîmes, ont balayé le terrain dès 7 h 30. Sans résultat. Et pour cause : Jeanne Delenne était déjà venue la veille, soit mercredi, ce qui a pu fausser la piste prise par les chiens, qui avaient reniflé des vêtements de la Gardoise. Deux motards de l’Escadron départemental de sécurité routière, équipés de motos cross, ont, eux aussi, parcouru les pistes boueuses. Tandis que des dizaines de pompiers et de militaires en treillis se frayaient un chemin dans les sous-bois détrempés. L’espoir renaissait vers 11 h avec l’arrivée d’un hélicoptère, venu de Montpellier. Il avait survolé les lieux, vendredi. Il est revenu hier, cette fois-ci avec une caméra thermique. Même si, notait Jean-Marie Fraysse, pompier chef de centre de Villefort, « l’hypothèse que la mort remonte à quarante-huit heures réduit les chances de retrouver la disparue, la température du Photos ALEXANDRE MENDEL corps n’étant plus repérable ». Il a bien fait un vol stationnaire, pendant dix minutes, suscitant à nouveau l’espoir du commandant Stéphane Milonet. Qui se résignera peut-être à ce qu’il annonçait hier : « arrêter les recherches dimanche soir ». ■ L’équipe cynophile de Nîmes a ratissé le secteur. ALEXANDRE MENDEL [email protected] ■ Pompiers et militaires pour une action coordonnée. FAITS DIVERS Paulhac La voiture volée retrouvée Les gendarmes du Malzieu-Ville ont interpellé, hier après-midi à Paulhac-en-Margeride, deux personnes soupçonnées d’avoir volé une Peugeot 205. Ce véhicule avait été dérobé à son propriétaire à La Besseyre-Saint-Mary, %�#79 15$'#*"% en Haute-Loire. Très vite, un dispositif de barrage de gendarmerie a été mis en place dans ce département mais également dans l’Ardèche et la Lozère. Les deux suspects ont été aperçus prenant la fuite à travers les bois. Signalés par des témoins, ils ont été arrêtés par les gendarmes. Ils étaient, hier soir, encore en garde à vue. NOTÉ POUR VOUS ● STEVENSON L’association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson organise son assemblée générale annuelle, mardi 13 novembre, à Saint-Jean-du-Gard. Au programme de cette réunion : les actualités de l’association, le bilan d’activité 2012 et les projets pour 2013. La matinée sera consacrée à des visites culturelles, avec notamment la découverte du musée des vallées cévenoles, et l’après-midi, après un buffet pris en commun à l’espace Paulhan, se déroulera l’assemblée générale proprement dite, à partir de 14 heures. Alors que la plupart des champignonneurs perdus cet automne ont été retrouvés dans la journée ou les heures suivant le signalement (trois d’entre eux sont morts), le cas de Jeanne Delenne peut nourrir de la déception. Cette femme avait pour habitude de cueillir les cèpes. Elle connaissait le terrain, ne souffrait d’aucune pathologie physique ou mentale, telle que la maladie d’Alzheimer. Comme beaucoup de promeneurs, elle ne s’était pas munie d’une boussole. Le signal de téléphonie mobile passe pourtant... Mais elle n’avait pas de portable sur elle. Comble de malchance pour les gendarmes et les pompiers, elle est partie vêtue d’un pantalon militaire, couleur kaki... Bref, une tenue de camouflage. Il semblerait que le neveu n’ait prévenu que 24 h après la famille de la disparue. Ainsi, le fils de Jeanne Delenne n’a été mis au courant que vendredi. Il avait fait la route, hier, de nuit, depuis Lyon où il réside, pour participer aux recherches aux côtés de son père gardois. Ce dernier, qui n’a jamais aimé aller ramasser des champignons, était hier sur le plateau du Roure. !%.("%1 1*"791 "#0%3#%1 !#"+&% -'.1,/)+ $( */%*0&+ 68,; : 8-; 2 8); : 8+;/,4 Pays de Lozère C2--- FAITS DIVERS Corniche des Cévennes Une blessée léger dans un accident Encore une glissade ! Cette fois, sur la corniche des Cévennes, sur le territoire de Moissac-Vallée-Française. Une conductrice de 58 ans, originaire de Saint-Jean-du-Gard, a perdu le contrôle de son véhicule et a heurté la corniche, vers 13 h 30, hier. Légèrement blessée à la cheville, elle a été conduite par les pompiers au centre hospitalier d’Alès. Santé : stratégie commune ■ Claude Causse, Alain Bertrand et Jean Roujon. Les maires de Mende et Marvejols et les présidents des conseils de surveillance des deux établissements de santé se sont rencontrés ce vendredi 19 octobre, à Mende, à propos du centre hospitalier général de Mende, de la clinique du Gévaudan et du centre hospitalier de Marvejols. Ils souhaitent travailler à la définition d’une stratégie de santé publique et de santé pour le territoire lozérien, dans le but de maintenir et de développer l’offre de soins, sa continuité et sa qualité en Lozère. Cela conduira à un travail préalable indispensable avec l’ARS Languedoc-Roussillon, le ministère de la Santé et bien sûr la direction et les médecins des établissements. L’objectif affiché par Jean Roujon, Claude Causse et Alain Bertrand est bien entendu le maintien et le développement de l’activité, des soins et des emplois sur chacun des sites. Midi Libre midilibre.fr MARDI 23 OCTOBRE 2012 3 Malgré les renforts, Jeanne Delenne reste introuvable Pied-de-Borne l Ni les gardes mobiles, ni les gendarmes de haute montagne supplémentaires n’auront été suffisants. Les recherches continuent aujourd’hui. C ’était le quiproquo du jour. Un couple de Clermont-Ferrand venu à Pied-de-Borne demander des nouvelles de leur tante Jeanne Delenne, disparue depuis jeudi sur le plateau du Roure ; vingt minutes de palabres pour découvrir qu’il s’agissait d’une homonymie... L’affaire a retenti au-delà du seul village. Si la présence massive de forces de l’ordre dans ce cadre montagnard et bucolique fait parler les habitants des villages alentour, les renforts d’hier ont secoué cette vallée d’habitude si paisible. Des bars aux épiceries, on ne cause plus que de ça. Car de cinquante pompiers et gendarmes, les effectifs sont passés hier à 130, avec des renforts de gardes mobiles venus de Grasse et d’Orange, en Paca, et la présence de gendarmes de haute montagne d’Osséja, dans les Pyrénées-Orientales. Mètre par mètre, c’est un triangle de 3 km2 qui a été fouillé, sous les ordres du colonel Renard, chef du groupement de gendarmerie de Lozère. Ce dernier gardait encore espoir hier matin : « Il y a des cas où une personne peut survivre pendant dix jours, sans manger, pourvu qu’il y ait de l’eau. » Alors, voilà, le ballet des 4X4, des motos, des militaires en pantalons de Kevlar a recommencé. Une nouvelle fois sans succès. LE NEVEU « Vous m’accusez ? » Effectif abaissé aujourd’hui Le tout, sous l’œil du neveu qui avait accompagné Jeanne Delenne, 78 ans (*), aux champignons. Roland Souchon est un solide paysan de 52 ans, qui possède 230 brebis et une dizaine de vaches, au Ranc, un hameau sur le territoire de Prévenchères, ainsi qu’une exploitation rachetée il y a deux ans au Bleymard. C’est lui qui a - un peu tardivement (lire ci-contre) - prévenu les pompiers de la disparition de la sœur de son père. Ils s’étaient séparés pendant une heure et demie sur ce chemin que, l’un comme l’autre, ils connaissaient bien. Vendredi, il a été entendu pendant quatre heures par les gendarmes de Villefort. Son étable, sa maison et son pick-up tout-terrain ont été fouillés. Photos A. MENDEL Une procédure on ne peut plus classique. Hier, le préfet, Philippe Vignes, est venu sur place. On pensait qu’il mettrait fin aux recherches. Elles continueront aujourd’hui. Avec un effectif abaissé à cinquante gendarmes et pompiers. Le représentant de l’État refuse de parler de journée de la dernière chance et préfère évoquer « une course contre la montre ». Jeanne Delenne, elle, n’en portait pas à son poignet quand elle a disparu. ALEXANDRE MENDEL [email protected] ◗ (*) Nous avions écrit qu’elle avait 74 ans. Ce n’est qu’hier qu’on a appris qu’elle en avait 78. ■ Le colonel Renard est resté en liaison permanente avec Philippe Vignes, le préfet. E@!.(&0 G& 6@,0A& O$A0@> / -K !$=>&8@AG *&(A./P$=AA.>>$( / M7SSS 6?5B? F%>H SMH22HM'H74H47 NOTÉ POUR VOUS '-*.- ()$ -*"%&#-! ● CAUE Dans le cadre de son partenariat avec les associations du patrimoine du département, le CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement) poursuit l’organisation de journées thématiques. Ainsi, en partenariat avec Maisons paysannes de France (MPF), délégation Lozère, une journée sur le thème de l’arbre dans son environnement bâti, son entretien, son utilité est proposée le samedi 27 octobre, au château de Fournels. Au programme, accueil à partir de 9 h 30 ; à 10 heures, découverte du château, balade commentée par Thomas Malige, spécialiste de la taille raisonnée, point règlementaire en matière de plantation des arbres avec le CRPF ; à 14 heures, démonstration de taille raisonnée, projection en salle de documentaires sur l’utilisation des déchets de taille et projection du film de Jean Giono L’Homme qui plantait des arbres. Cette journée est ouverte à tous, sans inscription. Prévoir le pique-nique tiré du sac pour midi. CAUE Lozère : 04 66 49 06 55 ; MPF : 04 66 42 98 76. %: 8$<; J<"0#@# 6 :; 7*8$ $& 5$&+$ ;9' $&0,M<$8 J9!:*.9$8 @$ :)*77$9!:$ 89*5;&+ H -'1 +7 *6&&'!2 92 $:++2"618 5460,123 )(# 16'82 9' .7- 92 +7 /71%'2 4K E' ,::$=!>$ !<-, 9 =;?J$ G+.?!,-?-,"' #G,2,# ;=@ ='$ P?@3$>>$ G$ -$@@?,' 2,J=@?'- ?= 3?G?;-@$ ;"=; >? @#2#@$'3$ ;=,8?'-$ O I$3-,"' 5D S,$=G,5?-=@$ C"'-$'?'3$ )? * C? R QQN B4L @"=-$ G= 6?; G$ >? R?@0=$ 4Q U1 BK A$; G@",-;L ;",- =' / 0=?@?'-$ =',T:$; M4/N4DK $' P>$,'$ P@"P@,#-# ;=@ ='$ P?@3$>>$ 9 =;?J$ G$ 8",@,$ $- G+$;P?3$; 3"::='; 2,J=@?'- ?= 3?G?;-@$ ;"=; >? @#2#@$'3$ ;=,8?'-$ O I$3-,"' 5D S,$=G,5?-=@$ C"'-$'?'3$ )? * C? R Q%U B4L @"=-$ G= 6?; G$ >? 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Il a beau avoir l’air aussi solide que le bois des sapins de la vallée, Roland Souchon a pleuré à la gendarmerie de Villefort. «Vous m’accusez alors !», leur a-t-il dit. Depuis, il dort mal. «En plus, je me suis fait opérer de la main l’année dernière... » Et l’homme, que sa tante visitait chaque année à la saison des champignons, d’avouer « avoir commis une bêtise ». Car plutôt que d’attendre sa tante, il est parti vendre à Chasseradès sa collecte de cèpes : 5 kilos pour 25 €. Au bas mot, 45 minutes aller-retour avant de revenir sur les lieux « et tourner avec le 4x4 en klaxonnant». Avant d’appeler les pompiers trois heures après la disparition de celle que le village surnomme « la tata ». C’est dire si cet homme que tout le monde a déjà aperçu mais que personne ne connaît était lié à Jeanne Delenne. «Elle était gentille, elle me faisait le manger quand elle venait » (d’Alès, d’où elle est originaire, NDLR). Dans cette maison de Chasseradès qui fournit une coopérative de champignons, on se souvient avoir vu Roland Souchon, ce soir-là. « Il n’avait pas l’air inquiet », dit-on. Aujourd’hui, le principal intéressé, souffle, las : « C’est moi qu’ai toutes les emm...» L$ 0;,*$< @$8 0"&@*+*"&8 @$ 5$&+$ J$9+ O+<$ 0"&89:+# ;9 B<$//$ @9 >9B$ @$ :)$'#09+*"& @9 +<*!9&;: @$ B<;&@$ *&8+;&0$ @$ 3$&@$E 8"98 :$ &? C( 2=-NN=42 ;*&8* .9);9 0;!*&$+ @$ 3$ 1:*5*$< I"<+;:A Région MARDI 13 AOÛT 2013 ❘ midilibre.fr ❘ M1--- ■ France ■ Société ■ Monde ■ Bourse Le Sud, nouvel eldorado du X Enquête ❘ Les castings d’actrices porno amatrices sont en plein boom. Pour alimenter le net. CHAUD DEVANT 600 C’est le coût, en euros, de ces scènes, qui peuvent durer jusqu’à 45 minutes. Petit calcul : sachant qu’une actrice amatrice et un cadreur sont payés jusqu’à 300 €, il faut environ 500 à 600 € pour un petit film. Plutôt rentable ! La dernière production, tournée à Rodez, a été déjà visionnée 1 million de fois. Les acteurs amateurs, eux, ne sont pas rémunérés. Il est facile d’en trouver. Menteuse! ■ Kalista Carra, une ex-gogo danseuse belge, vient de s’installer à Sète pour faire ses films. Quant à M. Rex, une figure de Montpellier, il a déjà “casté” 40 femmes. S es pointes d’accent belge trahissent encore la fraîcheur de son intégration sur une bande du littoral languedocien baignée par le soleil et l’absence de complexe. Où la concurrence, en matière de porno amateur, est rude. À 34 ans, Kalista Carra y croit. Pur produit wallon d’un milieu où, si l’on s’embrasse goulûment, on ne se fait pas de cadeau, cette actrice a quitté en octobre 2012, avec son ex-pompier de mari, les briques rouges de son plat pays pour le sable chaud de Sète. Avec l’espoir d’être - au moins - l’égale des rois languedociens du genre : les pionniers de la VHS, Lætitia et Papy Salaud. Mais également d’anciens, comme M. Rex, véritable figure montpelliéraine du milieu du sexe, qui se lance derrière la caméra, et avec l’artillerie lourde, dans le film X. « L’équivalent de dix heures de ménage » Jazmine, actrice amatrice Il n’y a qu’à comparer les résultats dans les principaux moteurs de recherche spécialisés dans les films coquins : à taille équivalente, Montpellier est cité sept à dix fois plus que des agglomérations équivalentes (Rouen, Grenoble, etc.). Un eldorado ! Elles s’appellent Aurélie, Dixie, Lorie, Lola… Toutes ces amatrices sont originaires de la région, le plus souvent de Montpellier, et le disent ouvertement dans leurs petits films d’une quinzaine de minutes. Aucune ne devrait recevoir de Palme d’Or. « L’époque où les filles devenaient des stars est révolue. Maintenant M. et Mme Tout-le-Monde tour- nent leur vidéo », reconnaît Kalista, qui commence ses premières productions maison sur le sable, si mouvant en été, du Cap d’Agde. Marraine du Tantra, une boîte échangiste de la cité naturiste, elle part équipée d’une caméra prêtée par un Biterrois sur les plages du coin. En prime, le généreux prêteur joue les acteurs dans les films de Kalista. Des productions qui seront disponibles, courant septembre, sur le site internet de l’actrice. Le projet de la Sétoise est bien avancé : elle compte déjà 6 000 fans sur sa page Facebook, « dont certains, dit-elle avec fierté, sont Chinois ou Américains ». Et veut être un peu plus qu’une étoile filante dans un ciel rempli de comètes pas très pros : « Il y en a qui sont mauvais. Entre ceux qui ont des problèmes d’érection et les filles qui fouettent mal ! » L’ex-gogo danseuse réfléchit à des scènes, « dans des films davantage scénarisés », sur des « beaux coins de plages, du côté de Perpignan, où on va avec mon mari », loin des champs de maïs des environs de Mons, en Belgique. Preuve « Le profil, c’est plutôt la trentenaire » M. Rex, producteur Pas vraiment le profil d’une nymphomane même si elle admet que cette expérience n’avait pas que des motifs financiers : « Franchement, l’acteur, il faisait bien l’amour. Et puis, ça excite mon concubin ! » En deux heures de tournage, elle s’est liée d’amitié avec cet acteur, un Parisien : « Il était si gentil. On a dîné après le film. Il a dormi chez nous avant de reprendre un TGV pour la capitale. » Ambiance familiale ! Des contrats de droit à l’image « Faut être nickel avec la loi ! Si on a un contrôle, il faut tout prévoir », explique Kalista. Comme elle, M. Rex fera signer des contrats de droit à l’image. Midi Libre s’est procuré un contrat d’une société de production parisienne. Ce texte, qui précise qu’il ne vaut pas contrat de travail, prévoit l’utilisation de l’image de l’actrice sur tous supports, « papier, numérique, Un milieu très surveillé Tous les professionnels le reconnaissent : le nombre important de prostituées dans la région sert aussi à des réalisateurs peu scrupuleux pour remplir des castings toujours plus nombreux, pression des producteurs oblige. C’est ainsi qu’ils vont chercher des modèles sur le site internet Vivastreet, une société britannique qui propose – notamment – des annonces, en li- de son adaptation, « la nourriture méditerranéenne » a délesté sa silhouette de 16 kilos. Loin du standard glamour des productions sur pellicules des années 1980, Jazmine, une aide à domicile de Lattes d’1 m 62 pour 78 kilos (précise sa fiche d’actrice) a attendu l’âge de 46 ans pour faire, cette année, un premier essai. Avec des motifs économiques : « C’est payé 300 € la scène de deux heures. Ça fait l’équivalent de dix heures de travail. J’ai besoin d’argent. » gne, d’escorts. Un univers très surveillé par la police. « Aucun problème à cela, souligne une source judiciaire. Après tout, au moment de tourner, elles ne sont pas embauchées comme des prostituées mais comme des modèles. » Les internautes s’échangent sur des sites spécialisés ces adresses où il est possible de transformer, contre argent, le rêve vidéo d’un soir en expérience en chair et en os. bois, plastique », pour une durée de dix ans. Plus curieusement, il stipule aussi que l’actrice « déclare avoir personnellement pris conscience des risques encourus du fait des MST et décharge la production de toutes les responsabilités concernant ces maladies ». Au cas où le modèle aurait l’idée de demander des dommages et intérêts... $ *- * # $ " .$ 1. , & ')/ %1 !/ Photos F. VALENTIN Et pur délire, parfois. Comme en témoigne David (un prénom d’emprunt), le principal cadreur et monteur de pornos dans la région - il en tourne jusqu’à cinq par mois. Ce Nîmois qui, petit, voulait photographier des papillons, vient filmer les ébats de ces inconnues parce que son autre passion, « c’est le sexe ». Il fait le parallèle avec la téléréalité : « Les nanas veulent faire le buzz. Quitte à tourner dans un film hard. C’est une génération formatée à ça. » Quant à choisir des extérieurs reconnaissables (paysages du cru, bâtiments du coin), « c’est parce que le consommateur veut pouvoir s’identifier avec la fille de son département ». Le “pornonaute” est un amateur de terroir. Comme l’a bien compris M. Rex. Des flyers distribués à la plage À 48 ans, et alors qu’il s’apprête à ouvrir à Montpellier un sauna échangiste, ce sympathique chef d’entreprise diversifie ses activités. Il a déjà publié un paquet d’annonces sur le web pour recruter des actrices et distribue des flyers aux couleurs de sa société “Rexprod” aux abords des plages et des boîtes de nuit. En trois mois, déjà quarante filles “castées”. « Des étudiantes, il y en a. Mais le profil, c’est plutôt la trentenaire. Elle veut faire un peu d’argent (250 € la scène, NDLR). Elle veut aussi se lancer un défi. » Défi que ces amatrices trouveront dans un filon original que M. Rex veut élargir, celui du porno bisexuel. « C’est tendance et personne n’a exploité ce créneau. » Ses premiers films devraient être diffusés au début de l’automne. Une façon comme une autre de prolonger l’été. DOSSIER : ALEXANDRE MENDEL Dans un film récemment mis en ligne sur le site de porno amateur “Jacquie et Michel”, Alexia dit travailler à l’accueil de la piscine Amphitrite de Saint-Jean-de-Védas, en banlieue de Montpellier, gérée par l’Agglo. On reconnaît d’ailleurs les extérieurs du bâtiment où une scène a été tournée. « Ça fait quelques mois que je travaille ici. Je suis réceptionniste ! », raconte-t-elle. Rien de tout cela n’est vrai et l’Agglo ne compte pas dans ses rangs d’actrice amatrice... Mais le modèle en rajoute une couche dans une deuxième vidéo et demande aux internautes de cesser de venir à la piscine lui apporter fleurs ou cadeaux... TRAGÉDIES Glauque Elle n’avait que 15 ans en 2003, était impressionnable. En vacances en Espagne, il régnait une ambiance libérée dans cette villa où cette adolescente était invitée. La jeune Montpelliéraine s’était alors laissée convaincre de tourner un film. Quelques années plus tard, des amies la reconnaissent sur internet. Elle porte plainte. Le “réalisateur” n’a pas encore été interpellé. Mais le film a récemment disparu de la toile. Vengeances Cette Lunelloise est inscrite sur un annuaire d’actrices et de modèles pornos amateurs de la région. Contactée au téléphone, elle nie faire ce genre de films : « Mon ex-mari utilise mes photos de moi dénudée pour se venger ! Il me fait passer pour une actrice. » Une histoire presque similaire a eu lieu récemment dans une grande ville de l’Hérault. Un homme a diffusé la sextape de ses ébats avec son épouse... Depuis, cette femme a tout perdu : réputation, emploi, espoir. +!"6. 4. &%'2%-. $ +0(.( /,',-).* '5133'6 "#!$('%&! (%"!# 0% 2.)4.+ '0!!.'4,) 1&3 5(&) $.1&3 -.!6.+"%0&) '&(4&-.() .4 #.)47#) 6& /1!*&.60'"20&))7((0! Orléans Rédaction : 31, rue de la République - 45000 Orléans - Tél. 02.38.78.73.34 - E-mail : [email protected]/Publicité et petites annonces : Alliance-Media. Tél. 02.38.78.73.22 ou 23 On en parle La ferme s’invite place du Martroi Le 29 août verra la 18e édition de l’opération. (Archives) La campagne sur le pavé de la place du Martroi, ce sera le dimanche 29 août, de 9 à 18 heures, à l’initiative des Jeunes agriculteurs du Loiret, qui proposeront au public citadin de « vivre au rythme de la ferme », le temps d’une journée, entre dégustations de produits du terroir et animations diverses. Au menu de la dix-huitième édition de cette opération : traite à l’ancienne sur une vache gonflable ; essaim d’abeilles et sa reine dans une ruche vitrée ; fabrication (et dégustation) de boudin noir avec jus de pommes ; transformation des grains de blé en farine ; course de tracteurs à pédales ; promenades à dos de poney... Que demande le peuple ? S. D. EXPRESS Les roses à la fête Tapage au pied du mur de la prison ■ Les proches des détenus se servent des alentours de la maison d’arrêt pour communiquer. Souvent bruyamment. Une situation qui agace les riverains. Malgré les patrouilles de police. Le son et lumière n’étonne plus personne. Nadia — « Appelez-moi comme ça ou n’importe comment, je m’en fous » — s’exerce à un petit rituel nocturne : arrivée, en pétarade, dans une camionnette hors d’âge, enfilage d’un gilet jaune de sécurité, phares (dont un quasiment crevé) braqués sur elle, comme à l’Olympia. Avec la tenue et la gestuelle d’un officier d’appontage, cette femme de 39 ans s’égosille en direction de la prison : « Il a la diarrhée, a dit le toubib ! » Venant d’une des fenêtres de la maison d’arrêt, la voix de son « mec » lui demande juste « des nouvelles du bébé ». Acclamation des codétenus et moqueries des voisins de cellule : « Qu’il aille donc aux ch… ! » Nadia part. Une coucheculotte jonche le sol du parking de la rue Charles-d’Orléans. Exactement comme l’anecdote qu’avait racontée un riverain, lors de l’assemblée générale du conseil de quartier Gare-Pasteur-SaintVincent, le 1er juillet. En soirée, et jusque dans la nuit, on y vient hurler sa vie et ses frustrations, langer le petit VENDREDI, EN FACE DE LA MAISON D’ARRÊT. Portières de leurs voitures ouvertes et sono en marche, des jeunes distraient quelques détenus, au ras du mur d’enceinte. (Photos : D. B.) dernier, faire de la musique, amuser les copains. Quand ce n’est pas carrément pour y tourner un film. « Parloir sauvage - Teuchiland en prison Orléans » a été vu 59.000 fois sur « YouTube »*. On y fait rugir les « wesh-wesh » (« Alors, quoi ? », « Ça va bien ? », en argot des cités) et le rap à fond. Ces scènes, Teddy Legendre, Le 9 septembre, la municipalité organise son concours international de roses à la roseraie du jardin des plantes. Comme chaque année, la tradition horticole est ainsi mise à l’honneur. Pour la 52e édition de ce concours renommé, c’est Pierre-Alexandre Risser, paysagiste, journaliste et écrivain qui sera l’invité officiel et président du jury. Avec plus de cinquante variétés présentées et six pays participants. « Un véritable colis de Noël » BILLET Oh la vache ! U ne journée à la ferme est prévue place du Martroi, le 29 août à Orléans. Et parmi les animations annoncées, les organisateurs proposent notamment une « traite à l’ancienne sur une vache gonflable ». Faut pas manquer d’air ! Labourage et pâturage ne sont plus les deux mamelles de la France. La filière du lait s’essouffle. Vache gonflable ou pas. C’est si vrai que les producteurs, pour se faire entendre du grand public, ont investi des hypermarchés du Loiret. Pour crier qu’ils ne veulent pas crever. Vache gonflable ou pas. P.R. les voit depuis sa fenêtre. « Ça va de la fille qui se fait siffler au dealer qui dit “ gérer l’affaire ” », raconte, au téléphone, ce facteur de 28 ans, pour qui la solution de confort est le triple vitrage. « Tenez, vous entendez ? Ils s’amusent ! » Des crissements de pneus retentissent dans le combiné. Il y a quelques années, révèle le concierge d’un immeuble de la rue Daniel-Jousse, « certains venaient sur la terrasse du bâtiment ». Ils profitaient d’un accès, grâce à la complicité « d’une traîne-savate qu’ils connaissaient et qui habitait au cinquième étage ». Il y a une dizaine de jours, une chaussette contenant un téléphone portable, un chargeur et de la drogue a atterri dans la prison. « D’une gentillesse extrême, le directeur de la prison n’est pas du genre à se faire un ulcère », dénonce Aymeric Regneau, surveillant pénitentiaire et secrétaire local du syndicat Ufap-Unsa qui ne se fait pas d’illusions sur l’attitude des détenus. « Leurs droits, ils les connaissent bien. Leurs devoirs, un peu moins. » Il y a une dizaine de jours, il est allé récupérer « un véritable Conversations autorisées contre parloirs sauvages Chaque semaine, un prévenu a le droit à trois visites de 30 minutes dans un box aménagé. Contre une visite de 30 minutes par semaine pour un condamné. Avec une différence : les condamnés ont accès à la cabine téléphonique de la prison. Me Jérôme Castelli, pénaliste du barreau d’Orléans, pointe une difficulté pour les détentions provisoires : « Entre son incarcération et le moment de voir sa famille, les détenus peuvent attendre d’un à deux mois, or c’est au début qu’ils ont le plus besoin de voir leurs proches. » Le juge d’instruction peut ne pas répondre le premier mois à une demande de visite. Passé ce délai, l’avocat est en droit de saisir la chambre de l’instruction qui doit rendre une décision motivée sur le refus. L’Espoir, une association (dont le toit, auparavant plat, servait à des parloirs sauvages) qui s’occupe des familles des prisonniers, tient une sorte de permanence téléphonique sur l’antenne de RCF (91.2 FM), tous les dimanches, entre 11 h 30 et 13 heures. De sa cellule, le détenu écoute les messages de ses proches. Environ 70 appels dominicaux sont ainsi adressés à la station. colis de Noël » sur le parking à vélos du personnel de la maison d’arrêt, une chaussette balancée depuis l’extérieur qui contenait un téléphone portable, un chargeur et de la drogue. « Ils s’étaient trompés de deux à quatre mètres. » Classique. Les rondes de nuit font cesser le bruit un moment. Puis il revient. « Comme un moniteur de colo, c’est le jeu du chat et de la souris. » À l’extérieur, le jeu se poursuit. Avec la police, cette fois. Depuis 2003, la loi sur la sécurité intérieure (aussi appelée loi Sarkozy II) punit ces faits d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende. « Depuis deux ans, pourtant, on ne voit plus beaucoup ce type de prévention en correctionnelle », constate Me Jérôme Castelli, avocat pénaliste à Orléans. Comme si la pression se relâchait, trois ans avant l’ouverture de la future prison de Saran. Comme si les menottes n’avaient que peu d’emprise sur les barreaux. Alexandre Mendel. *http://www.youtube.com/watch?v=er3IsiAHYkw. À regarder surtout pour les trois dernières minutes. QUESTIONS À Joseph Coly Directeur de la maison d’arrêt d’Orléans « Je crois au dialogue et à la pédagogie » De quels moyens disposezvous pour faire cesser les parloirs sauvages ? Le seul moyen que j’ai, c’est d’aller les voir directement dehors. Mais comme je n’ai aucun pouvoir de police, ils s’en fichent ! On n’a aucune compétence pour l’extérieur. Du coup, on appelle régulièrement la police qui vient en patrouille. Pas de vidéosurveillance ? Non, pas vers l’extérieur. Juste à la porte de la prison. Il faut savoir qu’on n’a pas le droit de surveiller hors des murs. C’est une prison qui n’a même pas de mirador. On ne s’occupe que de l’intérieur. Et les détenus qui parlent d’une fenêtre à l’autre ? Le soir, les portes des cellules sont fermées. On a juste des ron- des. Quand ils font du bruit, on dresse des comptes rendus d’incidents. Mais il n’y a pas de gardien en ronde constante. D’ailleurs, quand le surveillant tourne les talons, ils recommencent. Vous ne les changez pas de cellule ? Ça peut arriver. Mais je crois au dialogue et à la pédagogie. Pour le reste, tous les détenus (environ 200 actuellement pour 105 places, NDLR) ne sont pas forcément en capacité de parler avec l’extérieur, soit parce qu’ils sont au rez-dechaussée, soit parce qu’ils sont au premier étage. LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - JEUDI 12 AOÛT 2010 - MON - 15 Pays de Lozère 3 Midi Libre midilibre.fr MARDI 18 DÉCEMBRE 2012 C2--- La “réserve“ de la Lozère au sommet des cagnottes Crash de Trélans : un petit bug informatique Enquête ❘ L’incompatibilité de logiciels retarde l’analyse des boîtes noires. Budget ❘ Selon René Dosière, cette somme annuelle dont bénéficient les parlementaires a atteint 7,70 € par Lozérien. R ■ La catastrophe aérienne a fait six victimes algériennes. Il y a plus d’un mois déjà s’écrasait, entre Aveyron et Lozère, à Trélans, un avion de l’armée de l’air algérienne transportant du papier fiduciaire. Les occupants du Casa C-295, cinq militaires et un civil de la Banque nationale d’Algérie, avaient tous péri. Le lendemain de cette catastrophe aérienne, étaient retrouvées les boîtes noires de l’appareil. Depuis lors, peu d’informations ont filtré sur les résultats de l’enquête. Car cette enquête, confiait hier Samuel Finielz, procureur de la République de Lozère, « va encore prendre du temps ». Les rouleaux en partie calcinés tous rapatriés Des problèmes de compatibilité informatique entre logiciels français et algériens de lecture des boîtes noires expliqueraient ce contretemps. Toutes les pièces de l’avion avaient été rapatriées en Algérie ainsi ené Dosière, député apparenté PS de l’Aisne et franc-tireur de l’Assemblée nationale en matière de comptes publics, vient de lancer un pavé dans la mare en dévoilant, à nos confrères du Parisien, le montant par habitant des réserves dont disposent les parlementaires pour aider financièrement communes et structures associatives de leur circonscription. Et, surprise, selon ses calculs, la Lozère était le département le mieux doté en 2010, juste derrière la Mayenne, avec 7,70 € par habitant. À comparer avec les 0,80 € dont bénéficie un département comme la Seine-Saint-Denis, qui compte, il est vrai, 19 parlementaires contre deux seulement pour la Lozère. René Dosière prône une répartition égalitaire de cette dotation et - c’est un classique chez lui - une transparence complète. « Mais ce type, c’est un fouille-m... », s’emballe Alain Bertrand (« oui, oui, vous pouvez l’écrire ! ») qui considère sa réserve parlementaire comme « microscopique ». Le sénateur-maire de Mende dit toucher « moins de 200 000 € par an » et s’il évoque volontiers les 3 000 € qu’il versera «à la future harmonie municipale », il ne veut pas donner la liste des associations et communes bénéficiant de cette petite manne financière : « Est-ce que je vous demande si vous changez de slip tous les matins ? » Plus prosaïquement, Alain Bertrand explique que s’« il donne, par exemple, 1 000 € au club de foot du Monastier, ce n’est pas pour avoir la voix des footballeurs », et fustige « la fausse transparence » réclamée par René Dosière : « Je suis pour une République qui marche, pas pour une République qui buzze. » Archives E. TISSOT que les corps qui ont été autopsiés aussi au pays « pour des histoires d’identification ». « Tous les rouleaux de papier fiduciaire ont été également récupérés et rapatriés par les Algériens », précise encore le procureur de la République. Dans quel état ? « Une partie des rouleaux a été calcinée, parfois sur quelques centimètres seulement. » On ne sait pas en revanche si ce matériel peut encore servir à la fabrication de papier monnaie. Le parquet promet davantage d’informations pour le mois prochain. Les expertises, menées par le Bureau enquête accident défense et la section de recherche de l’armée de l’air, devraient enfin donner un début d’explication à ce drame. Manque de chance encore une fois pour l’Algérie : la semaine dernière, deux avions de combat Mig se sont écrasés du côté de Tlemcen. ALEXANDRE MENDEL Une opacité parfois dénoncée [email protected] Le sénateur de Lozère s’interroge de la même façon sur la méthode de calcul employée. « C’est une vieille problématique de compter tout en fonction du nombre d’habitants. On ferait mieux de prendre en compte la superficie des territoires. » Une réflexion avec laquelle est plutôt Chaulhac : l’éboulement coupe la départementale Aubrac ❘ En cause, l’action du gel. ■ Le député Pierre Morel-à-L’Huissier veut jouer la carte de la transparence. d’accord le député Pierre Morel-à-L’Huissier. En revanche, à la différence de son homologue du palais du Luxembourg, l’élu UMP réclame une transparence totale. « Je donne 50 % aux communes et 50 % aux associations. » L’élu UMP rend même publique la liste des personnes morales de droit public ou de droit privé à bénéficier de subventions tirées de cette dotation (lire par ailleurs). Et d’ajouter qu’il serait bon « de ne pas donner aux associations à caractère politique ». C’est justement cette opacité qui est parfois dénoncée. «Une omerta » - pour reprendre le mot de Pierre Morel-à-L’Huissier - qui fait souvent les choux gras du site d’information indépendant Owni. Ce site tente de répertorier le nom de toutes les associations et communes bénéficiant de ces subventions, ainsi que les montants. Owni dénonce, le cas échéant, les conflits d’intérêts entre élus et associations politiques. Du clientélisme ? À ce sujet, Pierre Morel-à-L’Huissier rappelle qu’il a été l’auteur de deux propositions de loi visant à la création d’un commissaire aux comptes obliga- PHOTO A. ME. toire pour les collectivités locales et à la mise en place d’une démarche de qualité en matière de gestion des crédits publics. « Il en va de la moralisation de la vie publique. » Et les accusations de clientélisme ? « Ce n’est pas moi qui ai décidé qu’il y aurait une réserve parlementaire ! » Un peu comme les enfants qui, pris la main dans le pot de confiture, désignent ceux qui l’ont ouvert. ALEXANDRE MENDEL [email protected] TRANSPARENCE Les affectations Pierre Morel-à-L’Huissier s’est prêté de bonne grâce, et avec une certaine gourmandise, au jeu de la transparence, en donnant la liste des associations bénéficiant de subventions tirées de la réserve : foyers ruraux, structures sportives, associations culturelles, etc. La liste est longue mais ne donne pas le montant de ce coup de pouce parlementaire. « C’est parce que je donne plus ou moins 1 000 € à chacun », tenait-il à préciser. *%#&(#$" )%!'$(6 7'2%# 9!%%/ 42% :/40*%((( $ 407*!:&/& 72 ,*/%17/ 49+% :*#&2 ,9598/+2 2# %!& -*82&2(.&6 "*+#2-/7*#6 42% 3/%#*/&2% )*!& -2% #*!#1)2#/#% (!49)20!, :5'/!-!+4 %!44! 7!-'3+! #'+7 0)49! &)14! '2. /!449!7 /! +"<8 #! *%#&(#$" )%!'$($ /! -'5',3+! #2 *)+7!3/ 5:+:9'/; ■ Des rochers bien moins gênants dans la rivière que sur la route. culation, et ce pour plusieurs jours, afin de le dégager mais également d’épurer la falaise où plusieurs roches sont désormais en équilibre instable. Il sera peut-être nécessaire de vérifier l’ouvrage plusieurs fois centenaire. Les usagers en provenance du Cantal, des communes de Chaulhac, de Julianges, de Saint-Léger-du-Malzieu qui voudraient se rendre vers l’autoroute A 75, Saint-Chély, Albaret-Sainte-Marie, La Garde, sont déviés par Saint-Léger-du-Malzieu. Correspondant ML : 06 08 22 35 69 $#!"%$ En début de matinée, dimanche 16 décembre, un important éboulement s’est produit à l’entrée du pont de La Garde, sur la RD 8, qui relie Lorcières (Cantal) à Saint-Chély-d’Apcher. Plusieurs mètres cubes de blocs de granite sont tombés sur la chaussée, l’obstruant totalement ; d’autres, plus conséquents, ont dévalé jusqu’à la Truyère en contrebas. L’action du gel et du brusque redoux de ces derniers jours en est probablement la cause. L’axe est donc coupé à la cir- +!#",%-*)%( (# %&'#( ",$ /),!9!;69 Loiret/Région On a retrouvé Auguste Pignard Auguste Pignard (à gauche) était joué par Alain Scoff, acteur et scénariste (à droite) . Ce Parisien campait le rôle d’un plouc solognot, devant des millions de téléspectateurs, dans les années 1980. (Photo de gauche : TF1 vidéo) ■ C’était une star du petit écran. Son accent, son béret, son clope et ses mauvaises manières ont stigmatisé la Sologne et Lamotte-Beuvron. Alain Scoff interprétait ce personnage très attachant. Le roi des péquenauds est en vie. Plus rustique que lui, tu meurs. Avec ses bretelles, son tricot de peau, sa Gitane éteinte qui pendouillait des commissures de ses lèvres, sa cotte de pêche, son béret, sa couperose et sa femme Fernande — comment pouvaitelle s’appeler autrement ? — Auguste Pignard a représenté pendant des années l’élégance et le raffinement à la française. Sur TF1, puis sur la Cinq de Ber- lusconi, il a brocardé, bien malgré lui, Lamotte-Beuvron, les Solognots et la picole, devant des millions de téléspectateurs. Alain Scoff était Auguste Pignard. C’est lui qui roulait les « r », mettait des « trrrempes » à sa femme, partie dans un foyer de SOS-Femmes battues (« reviens, Fernande, c’était un petit geste de colère »), draguait au bal en comparant les yeux des prétendantes à ceux de sa vache, Clara, ou refusait, y compris en l’échange d’un strip-tease d’une playmate (un must des émissions de Stéphane Collaro), de donner quelques bonnes pommes de Sologne — « ah, c’est sûr que c’est pas la Fernande qui ferait ça ». Avec lui, la brève de comptoir était permanente, incongrue, toujours déplacée. Un rien débile. Auguste Pignard, c’est le métissage des consanguins de « Délivrance » et des personnages de Benny Hill. Arriéré, mais bucolique ; lourd, mais attachant. « Le nom était marrant » « Auguste, je l’ai inventé la veille pour le lendemain. Il ne devait venir que pour une seule émission. Il est revenu tout le temps », se souvient aujourd’hui Alain Scoff, en enchaînant cigarette brune sur cigarette brune — un des rares points communs qu’il partage avec son rôle. Le phrasé ? « Un mélange d’accents des paysans de la France profonde. » Pas tout à fait surjoué chez ce Niçois d’adoption qui, au début des années 1960, a été instituteur en Lozère, « dans le trou du cul du monde ». C’était avant de fonder une troupe, loin du patelin qui allait faire sa renommée, vingt ans plus tard. « Je suis parti en camionnette Volkswagen jouer dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest, avec une petite subvention de la Coopération. » À Paris, il fait le cours Simon et monte une pièce, « Jésus-fric Supercrack ». Succès immédiat. Jacques Martin, au sommet de sa gloire, l’embauche pour écrire des sketches pour l’émission « La Lorgnette ». Stéphane Collaro, qui officie aux côtés de Pierre Desproges, le prendra tout de suite dans l’équipe de « Cocoboy ». Le litron emballé dans un cache-bouteille en paille, posé sur une toile cirée poisseuse ; une tour Eiffel miniature sur une armoire crasseuse : le décor est arrosé de gros rouge qui tâche. Plouc à souhait. « Mais je sais bien que Lamotte- Lamotte-Beuvron veut oublier son héros ■ Fière de sa tarte Tatin et de son parc équestre, la ville solognote a du mal à se défaire de l’image que lui a collée Auguste Pignard. « Bon débarras ! » Alain Beignet, maire PS de Lamotte-Beuvron, ne veut plus entendre parler d’Auguste Pignard et de son buste. Aujourd’hui remisée dans un local d’entretien, au milieu de dizaines de rouleaux de papier toilette, la statue d’Auguste Pignard — inaugurée dans les années 1980 — a perdu de son clinquant. D’abord installée au bar de la salle des fêtes, volée, puis restituée dans des conditions mystérieuses, elle est ressortie, exceptionnellement pour La Rep’. C’est qu’Alain Beignet en a assez des journalistes (surtout parisiens) qui « en viennent toujours à parler d’Auguste Pignard ». Le maire s’emballe vite : « C’était un sinistre personnage, dont la pub a été faite par Patrice Martin-Lalande (NDLR : ancien maire de Lamotte-Beuvron, député UMP et injoignable). » Et crucifie l’illustre personnage de la ville : « Ce qui m’emmerde, voyez-vous, c’est que c’est resté collé à l’histoire de Lamotte-Beuvron comme un timbre. Moi, je préfère qu’on parle de l’équitation, par exemple. » Quelle histoire ! Jeanine Delorme, ancienne guichetière à la poste de Lamotte-Beuvron, se souvient des dizaines de courriers qu’on lui envoyait chaque semaine. « On ne savait pas à qui les remettre. » Certains habitants sont toujours persuadés qu’Auguste Pignard est un personnage réel, qui jouait les crétins pour Collaro dans la semaine. Jacques Philipon croit savoir où il habite : « Suivez-moi, je vais vous montrer sa maison. » Pas de Pignard à l’horizon. « Pour les beuveries, on est légion » Au bar Le Nemrod, à 17 heures, soit l’heure — un peu avancée — de l’apéro, on se souvient bien du personnage. On ne s’offusque pas. La serveuse, Sabrina, qui sert bière sur bière, témoigne que les Parisiens parlent de deux choses : « la tarte Tatin et Auguste Pignard ». Elle qui « se marrait bien, quand (elle) était petite, en regardant l’émission », ne voit pas où est le mal. « Après tout, la Sologne, c’est la picole. Je suis Beuvron, c’est plutôt chic ! » Alain Scoff a du mal à expliquer le choix de sa cible : « Je trouvais le nom marrant. Lamotte-Beuvron, c’était drôle. » Et à trouver ses lunettes : « Mais bon sang, où sontelles ? » Un homme de lettres Aujourd’hui, Auguste est un vieux monsieur de 70 ans. Le mobilier de son appartement, situé près de la place MichelAudiard, dans le XIVe arrondissement de Paris, semble sortir des années fastes, des années 1980, où son clope faisait un tabac. Un canapé à angle droit, une bibliothèque sur mesure, un Sept d’or — il en a obtenu deux — pour le scénario du « Pantalon », un film d’Yves Boisset adapté du livre homonyme qu’il a écrit. Auguste Pignard est loin d’être un con. C’est un homme de let- tres, édité chez Jean-Claude Lattès et Flammarion. Qui a du mal à retrouver son accent et ses intonations. « Franchement, je ne me souviens plus. » Sa voix rauque s’éclaircit : « Bonjour, c’est Auguste Pignard de Lamotte-Beuvron ! » La magie opère. « Aujourd’hui, y’a plus d’humour à la télé. Y’a que des one-man shows. » Pignard a disparu il y a plus de vingt ans. La génération des moins de 30 ans, celle pas toujours très fine et un peu barbante de Facebook, rit grassement devant les séries américaines, loin des décors en carton de la Sologne profonde. Loin du litron et de la Fernande. Alexandre Mendel. > Retrouvez, dès lundi, sur notre site www.larep.com, l’interview d’Alain Scoff. QUESTIONS À Stéphane Collaro Acteur, producteur et gérant d’hôtel « Ton clodo, on l’a jeté dans un champ » Alors maire, Patrice MartinLalande avait installé un buste d’Auguste Pignard (médaillon). Il est au débarras aujourd’hui. d’origine picarde, je sais ce que c’est. Regardez les Ch’tis, on s’est foutu de leur gueule et ç’a été un moyen de les faire connaître. » À côté, un client se souvient que Marie-Paule Belle — une Niçoise, comme Alain Scoff — avait, dans « Les petits patelins », chanté ce couplet : « Quand on danse à LamotteBeuvron, pour les beuveries, on est légion. » Personne ne lui en 4 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 AOÛT 2010 a jamais tenu rigueur. Seul Auguste Pignard polarise les crispations de certains habitants, réfractaires parfois à cette dérision un peu gratuite. Sylvie, aujourd’hui âgée de 39 ans, se souvient des colonies vacances, où « par peur d’être moquée », elle cachait l’endroit d’où elle venait : « Moi, je ne trouvais pas ça drôle. Il y a rire et rire ! Nous ne sommes pas tous des ivrognes. » Comme si c’était un défaut. Lamotte-Beuvron, ça vous dit quelque chose ? Oui ! Je vais souvent en Sologne, c’est un endroit que j’apprécie beaucoup. Je suis venu avec les cocogirls et Auguste Pignard, bien sûr, pour l’inauguration de sa statue à Lamotte-Beuvron. Preuve que les Solognots sont intelligents et qu’ils ont pris ça avec beaucoup d’humour. Après tout, ils avaient compris que ça leur faisait de la pub ! Aujourd’hui encore, l’image d’Auguste Pignard est restée très vivace dans les esprits. On rigolait. Bon, franchement, ça n’avait rien de méchant. Des anecdotes ? Alain Scoff est arrivé bien entamé à l’inauguration de sa statue, à Lamotte-Beuvron. Et il a continué à boire, toute la journée. On avait vraiment arrosé sa visite, si vous voyez ce que je veux dire ! Dans la journée, j’ai été invité à une chasse chez le comte et la comtesse de Bellescize. Je suis arrivé au dîner chez ces gens avec Alain Scoff, qui campait son personnage de Pignard, costume compris. On a dit à la comtesse : « Bon, on a pris, ce monsieur en stop, il nous suit ! » Elle a répondu un truc du genre : « Mais qu’est-ce que c’est que ce connard ? » Je me suis absenté un moment. Quand je suis revenu, Scoff, alias Pignard, avait disparu. La comtesse m’a alors dit : « Ton clodo, on n’en pouvait plus. On l’a jeté dans un champ. » Comment ça s’est fini ? On est allé le chercher avec une lampe torche, en pleine nuit. On a entendu une voix qui murmurait : « Mais pas du tout, je ne suis pas Auguste Pignard, je suis un acteur ! » Il était au beau milieu d’un champ de carottes ! Auguste Pignard est, curieusement, peu présent dans le dvd de vos émissions… C’est une erreur qu’il faut réparer. Je vous promets qu’on en fera un autre. Et Auguste Pignard en sera le personnage central ! BC2-- ■ Camargue 13 Midi Libre midilibre.fr DIMANCHE 25 AOÛT 2013 Cache-cache avec les thons Le Grau-du-Roi ❘ Aujourd’hui encore, une cinquantaine de sportifs sont en lice pour le championnat de pêche au tout gros. Une affaire de passion. Résumé de la journée d’hier. I l y avait bien le vent. Il était faible et n’a pointé le bout de son nez qu’en début d’après-midi. Il y avait bien un début de brume qui n’a pas suffi à gâcher le paysage. Il y avait bien, aussi, les compétiteurs dont certains avaient passé une courte nuit : les uns à rêver de l’enjeu, les autres à se remettre de la fête de la veille. À 6 heures du matin, hier, le quai de la capitainerie voyait ses premiers passionnés prendre possession de leurs sardines. Dans la bonne humeur, dirait-on, si l’on ne connaissait pas le sérieux des membres du centre de pêche camarguais. Bien sûr, le championnat de France de pêche au tout gros, organisé à Port-Camargue, c’est une bonne part de franche camaraderie. Mais c’est aussi une confrérie où seul le mérite compte. Sous l’œil impassible d’André-Louis Bellet, président du centre de pêche camarguais, on n’y petit-déjeune pas au vin et au pâté. On prend un café, le nez collé à la carte maritime, et on réfléchit aux stratégies : il ne fallait pas se louper pour pêcher le bon poisson; en dessous de 1,40 m, le prélèvement était interdit. Et un seul déplacement par bateau était autorisé. Des thons, il y en a eu. La plupart trop petits pour présenter un véritable intérêt. Un sport de passionnés, on vous dit... TEXTES ET PHOTOS ALEXANDRE MENDEL [email protected] @ Du spectacle Le spectacle avait lieu à quelque 10 à 15 miles nautiques des côtes, comme lors de ce superbe combat de plus d’une heure, à l’avant et à l’arrière de L’atun, contre les thons, « ces torpilles tout en muscles », comme les décrit Laurent Ricome, un pêcheur originaire d’Alès. Une scène rarissime. " Millimétré On le sentait tendu. Normal, André-Louis Bellet n’est pas du genre à aimer la médiocrité. Le président du centre de pêche camarguais a œuvré au succès de cette édition. Les membres se sont mis en quatre pour acheminer les 400 kilos de sardine (ici dans les mains de Dorian et de son père, Claude) ou pour assurer la communication sur le canal 77 entre les compétiteurs et le podium. Même si quelques interférences (en anglais) ont pollué la fréquence de “radio podium”. B Ce n’est pas qu’une affaire d’hommes Elle s’appelle Christine Lima. Elle est la seule femme engagée dans la compétition. Et ce n’est pas n’importe qui dans le milieu plutôt viril de la pêche au tout gros puisqu’il s’agit de la vice-championne de France % Sauvetage dans la catégorie. Elle pratique sa passion en compagnie de son mari, Manuel. Originaires d’une petite commune près de Coulommiers, en Seine-et-Marne, ils ont appris ensemble à traquer les thonidés, ici, à Port-Camargue. d’un pêcheur C’est plein gaz qu’André-Louis Bellet a foncé avec son bateau, Titan, pour venir secourir Laurent Ricome. Un appel radio annonçait « un malaise ». L’intéressé secouru avait juste besoin de bouger un peu. Le Chriss, la vedette sur laquelle il était installé, mouillait depuis environ une heure quand il a été pris d’un maudit mal de mer : « J’avais oublié aujourd’hui de mettre, derrière l’orteil, un patch préventif ! » Il a pu se reposer mais n’a, du coup, rien pêché. " Unique prise Il n’y a eu qu’une seule prise, hier, dans la grande bleue. Un petit centimètre, à peine, au-dessus de la maille fixée par le centre de pêche camarguais : 1m43 pour 37 kg. C’est l’équipage du Kraken qui a pêché, aux alentours de 13 heures, ce thon rouge. D’autres départs de cannes avaient abouti à des combats de plus d’une heure parfois. Des fils ont cassé. Certains spécimens ont été capturés quelques minutes : tous les thons mesurant moins d’1 m 40 ont été relâchés. Le pêcheur sportif n’est pas un viandard. Il semblerait que l’activité des chalutiers ait tout de même des conséquences sur la faune marine. Les bateaux qui encerclent les bancs et ramassent au filet n’ont pas le même impact sur la nature que quelques dizaines de sportifs passionnés uniquement par la belle prise. Photo (du thon) : centre de pêche camarguais Votre été à Montpellier EN HAUSSE 62 matheux s’entraînent ici La ville de Montpellier a été choisie pour accueillir le stage de préparation aux Olympiades internationales de mathématiques organisées à la demande du ministère de l’Éducation. Ce stage se déroule jusqu’à jeudi à l’internat d’excellence de Montpellier. Pendant dix jours, 50 garçons et 12 filles de 13 à 17 ans, encadrés par 17 enseignants-chercheurs, se familiarisent ainsi avec les techniques olympiques. Les six membres de l’équipe 2014, qui représenteront la France en Afrique du Sud, en font sans doute partie, mais ils devront gravir encore plusieurs marches avant la sélection finale. En attendant, et cela en pleines vacances, ils bûchent! %'"'$ 8 HEURES 17˚ 11 HEURES 24˚ 14 HEURES 28˚ LE CHIFFRE 400 17 HEURES 28˚ !&# 4 ● CET INDICE C’est le nombre de bikers annoncés pour midi aujourd’hui à Montpellier par les Brescoudos, organisateurs agathois d’une des plus grandes concentrations en France de Harley Davidson. Le défilé dans les rues de Montpellier devrait démarrer du rond-point Prés-d’Arènes à partir de 10h. Les motards chemineront ensuite d’Odysseum jusqu’à la nouvelle mairie, puis direction rue de la Loge et place de la Comédie pour reprendre des forces. Photo archives J.-M. M. L’INITIATIVE Fin d’été studieuse pour les jeunes UMP L’été, il y a les jeunes qui font des maths (lire ci-dessus) et ceux qui font de la politique. C’est le cas des Jeunes populaires de l’Hérault. Ils mettent sur pied le «campus de la reconquête du Languedoc-Roussillon et Paca ». Il s’agit, selon les organisateurs, de « marquer le coup d’envoi de la campagne pour les élections municipales de 2014» en participant à deux jours de travail «autour des nombreux élus, tant nationaux que régionaux, qui animeront cet événement». Participation à la journée du samedi 31 août 2013 : 10 €. Plus d’informations : fédération UMP de l’Hérault au 06 87 60 80 59. de la qualité de l’air (de 1 bon à 10 mauvais) est fourni par Air-LR. Plus sur www.air-lr.org. !("'$#)&%) ● RANDONNÉE Dimanche 1er septembre, l’association Détente et nature reprend ses activités avec une randonnée de 24 km sur le sentier des 4 000 marches à Valleraugue (1 450 m de dénivelé). Départ à 7 h 30. 06 12 67 71 16. midilibre.fr 2 MARDI 27 AOÛT 2013 ❘ X1MO- Tara de “Secret story 7” veut vivre ici ou à Miami People ❘ La jeune Montpelliéraine de retour sur ses terres familiales. B on, c’est bien beau d’avoir passé l’été à Saint-Tropez, il fallait bien rentrer un jour au bercail. À 20 ans, Tara, ex-candidate montpelliéraine de l’émission “Secret Story 7” est revenue, cette semaine, sur ses terres languedociennes, en l’occurrence chez sa maman, à Carnon. Elle, qui dit avoir hérité d’« un magnétisme dans les mains », un don de son papa, qui vit à Washington, a testé son pouvoir d’attraction, en minishort, chez les jeunes de Manduel, un village à l’est de Nîmes, à l’occasion d’une fête votive, dimanche dernier. Contre un joli cachet de 2 000 € (payé par un café du village), elle a pu poser avec ses fans, davantage habitués au lâcher de vachettes que de stars de la téléréalité dans un centre-ville arrosé par les boissons anisées et rafraîchi par l’ombre de platanes centenaires. « Ah bon, Georges Frêche est mort ? » ■ Dimanche, Tara était à Manduel, près de Nîmes, contre un cachet de 2 000 €. Tara L’occasion d’opposer un démenti ferme et garanti sans silicone à la presse people : « Non, je ne me suis pas encore refait faire les seins. J’avais juste mis un push-up au Gotha (une célèbre boîte de nuit cannoise, NDLR). Mais attention ! Pas un petit push-up, vraiment un gros push-up... Ça a fait parler... D’un côté, tant mieux ! » “D’un côté”, car de l’autre, elle fuit les “paparazades” : « Je veux qu’on respecte ma vie privée. C’est important », dit celle qui a fait la couverture d’un bon nombre de magazines à vocation très visuelle, cet été. Là voici donc de retour, à Montpellier, ville où elle s’est installée à 14 ans et où elle a suivi des études d’esthéticienne au lycée de La Colline, et qu’elle dit aimer par-dessus tout. Une émission sur NRJ 12 « C’est simple, dit cette habituée de la paillote L’Effet mer, j’adore cette ville si jeune et si proche de l’Espagne. Plus tard, je veux vivre à Miami ou à Montpellier ! » Une ville qu’elle aime, mais dont elle ne connaît pas grand-chose des secrets politiques les mieux gardés. « Ah bon, Georges Frêche est mort ? », dit-elle en regardant son compagnon Grégory Dutil, ex-footballeur à Nîmes Olympique, alors qu’on lui demande si Photo W. TRUFFY elle s’intéresse à la politique de sa ville. Une petite phrase qui a fait le buzz sur le site internet de Midi Libre. Une naïveté, faite de dents blanches, qu’on retrouve lorsqu’elle commence une phrase sur deux par un désarmant et non moins charmant : « Voilà, c’est ça... » Sa carrière s’écrira à la rentrée sur la chaîne NRJ 12 où elle présentera une chronique « sur le glamour », vaste sujet pour cette jeune femme en minishort, qui « ne ferme les portes à aucune opportunité » et qui ne veut pas devenir « la nouvelle Nabilla ». C’était, à Manduel, la bonne nouvelle du jour. « Voilà, c’est ça...» ALEXANDRE MENDEL [email protected] Gruss est de retour Spectacle ❘ Du 30 août au 8 septembre. Le cirque Arlette Gruss, son orchestre live de onze musiciens et ses créations originales, sons et lumières et costumes viennent planter leur chapiteau à l’espace Grammont sur le parking du Zénith, du 30 août au 8 septembre. Des trapézistes volants, des clowns rocks et drôles, des acrobates, des chevaux, élé- L’IMAGE phants, tigres et lions blancs... il y en a pour tous les goûts ! ◗ On peut acheter ses billets aux caisses du cirque tous les jours de 10 h à 19 h, sur internet sur cirque-gruss.com ou par téléphone au 0825 825660 (0,15 € TTC/mn). Tarifsadultes de 17 € à 35 €, enfants de 14 € à 32 €. Gratuit jusqu’à 3 ans. ■ Le cirque Arlette Gruss sera à l’espace Grammont. Photo archives R. D. H. Heldenbergh présente “Alabama Monroe” #%&'!"$')( ● SANG AUJOURD’HUI Fabriquer du papier : des ateliers gratuits Pierresvives (907 avenue ProfesseurBlayac) rouvre ses portes au public. Dès aujourd’hui, de nouveaux ateliers gratuits de fabrication de papier sont proposés de 15 h à 17 h (également jeudi et vendredi août, aux mêmes horaires). À partir de la présentation de différents supports d’écriture, les participants seront initiés à la fabrication artisanale du papier à base de fibres végétales locales. Renseignements auprès des archives départementales : 04 67 67 37 00. Jusqu’à vendredi, chacun peut donner son sang. Rendez-vous sur l’esplanade Charlesde-Gaulle (tout près de la Comédie, précision pour les vacanciers) de 16 h à 19 h 30. Johan Heldenbergh est venu présenter, hier soir au Diagonal, le film de Felix Van Groeningen, Alabama Monroe. Alors que la sortie nationale est prévue demain, les premiers spectateurs ont échangé avec l’acteur qui a aussi joué dans La Merditude des choses. « Je suis content d’être à Montpellier. Les spectateurs sont toujours très émus et accueillent le film de manière chaleureuse », explique l’acteur qui a Photo J.-M. M. aussi écrit le scénario. Lunellois - Pays de l'Or V6--- 7 Midi Libre midilibre.fr LUNDI 10 JUIN 2013 Mauguio Daniel Gimenez meurt le dernier jour de la Roméria La Grande-Motte La musique était au cœur d’une rencontre intergénérations Le fondateur de l’événement est décédé, hier, alors qu’il s’était acharné pour maintenir la corrida dominicale, menacée par l’orage. T out le week-end, les cieux d’orage ont eu peine à contenir leurs larmes, annonciatrices d’une fête qui allait être gâchée violemment. Samedi, déjà, Daniel Gimenez, fondateur de la Roméria, s’était battu contre les éléments pour maintenir, sur une scène de fortune, le concert de Los Amigos de Gines, un groupe andalou. Sa mort foudroyante, à l’âge de 54 ans, a réveillé, hier en début d’après-midi - une heure à peine après la procession à laquelle il participait -, les superstitions du monde de la tauromachie, bercé qu’il est par les croyances surnaturelles et les malédictions. Daniel Gimenez s’est écroulé dans sa caseta, au milieu de danseuses sévillanes. Sur son théâtre, en quelque sorte. ■ Jeunes flûtistes et trompettistes ont charmé les aînés de leur talent. Dans le cadre de ses concerts décentralisés, les classes de flûte et trompette du conservatoire municipal de musique de La Grande-Motte se produisaient mercredi 29 mai, à 15 h, à la résidence Saint-Louis du Golfe, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Une quinzaine d’élèves du conservatoire de musique a offert un concert privé à leurs aînés. Le programme alternait entre compositions classiques et œuvres plus légères interprétées par ces jeunes enfants qui ont mis toute leur fraîcheur et leur enthousiasme dans leur interprétation. Encadrée par Nicolas Stefanica, flûtiste et Frédéric Michelet, trompettiste, cette manifestation fut une fenêtre musicale sur la vie des résidants. Cette rencontre s’est terminée autour d’un goûter convivial. « Il était sanguin comme un toro » René Noguera, trésorier de Toros y toreros Correspondant ML : 06 71 09 73 75 « C’était un homme de passion. De trop de passions, peut-être. Cette corrida, il la voulait tellement malgré le temps. Il s’est acharné pour qu’elle ait lieu », témoigne Gilles Vangelisti, membre de Toros y toreros, l’association qu’avait fondée Daniel Gimenez, son ami d’enfance. « Il s’investissait toujours à fond dans l’organisation, comme lorsqu’il avait créé le bolsin, une école pour apprentis toreros », raconte-t-il encore. L’homme était dévoué. À ses amis, à sa famille, à son entreprise, Littoral emballages, qu’il dirigeait. À sa ville, Mauguio qui avait adopté ce fils d’Espagnols d’Alicante. Les échos de la cité des Pyramides ● UDI La revendication par le candidat aux élections municipales Frédéric Dumay de son appartenance à l’UDI suscite quelques réactions. Si l’ancien commerçant maintient qu’il a adressé sa demande d’adhésion à la Fed, une composante de la formation politique de Jean-Louis Borloo, les référents grands-mottois de l’UDI contestent cette appartenance. Selon Martial Simonnet, l’un des référents - l’autre est l’adjoint au maire Jean-Claude Mandel -, « vérifications faites, nous n’avons aucune trace de lui. Et M. Dumay n’a sollicité aucune investiture », affirme Martial Simonnet. ● Soroptimist Aujourd’hui, sortie découverte des carrières de lumières et de Saint-Rémy-de-Provence avec le club Soroptimist. Départ à 8 h 15 de la Maison des associations. Retour prévu à 16 h 15. Tarif : 60 €. Contact : 04 67 56 63 52 ou [email protected] ● Théâtre Ce lundi, restitution théâtre des ados du Glac à 17 h, au domaine de Haute plage. Entrée libre. ● ■ Daniel Gimenez, hier, après la procession. Une heure avant sa mort. Ému, Yvon Bourrel, le maire, rendait également hommage à celui qui fut, en 2008, un éphémère adversaire politique : « Il s’était présenté contre moi. Mais nous avons toujours eu beaucoup de respect l’un envers l’autre. C’est une figure emblématique qui disparaît. » Un idéaliste, pas un idéologue. « Généreux et pur » Georges Rouquette, manadier Un perfectionniste aussi. Capable de colères éclairs, vite oubliées. « Sanguin comme un toro, », pour reprendre les mots de René Noguera, trésorier de son association. Daniel Gimenez était le père de deux filles, Morgane et Coralie. Ce sont elles, hier, qui ont insisté pour que la corrida soit maintenue. Les cieux, là aussi, l’ont entendu autrement. Il y a bien eu trois toros. Puis, patatras. Photo JULES CATALA Une pluie d’averse, digne de la Toussaint, a tout annulé, laissant les spectateurs et les Melgoriens dissimuler leur deuil, sous les parapluies. Les bodégas devaient se taire, à 22 h, en mémoire du disparu. À la demande du maire, une minute de silence a été observée, en début de corrida, par un public qui n’avait plus le cœur à ça. Puis le silence s’est fait soupir quand les toreros ont remballé. Le destin, lui, a gracié de fait les toros qui devaient encore combattre. Dernier cadeau d’un homme « généreux et pur », dit le manadier, Georges Rouquette, fils de Louis et petit-fils de Léonce qui ont donné leur nom aux arènes. Une enceinte balayée par le déluge. Qui a tout emporté, hier. La fête et l’homme. Et à qui seul le souvenir a su résister. ALEXANDRE MENDEL [email protected] 4#27(* #'!(27(* 0/3(8- 1. $ 8-3/)"6( 1% &'-) ,+15 Musique Vendredi 14 juin, audition de la classe de technique vocale de Mme Mastrani, à 20 h 30, au centre culturel. Entrée libre. ■ Les enfants ont dansé, sauté, virevolté durant toute la journée. La commune a vécu au rythme de la manifestation Total Festum. En fin de journée, les enfants piaffaient d’impatience en attendant que la fête commence. Pendant une heure, ils n’ont cessé de danser, sauter, virevolter sur les airs endiablés du groupe Cabr’e Can. Les adultes ont rejoint les jeunes pour se mêler à la danse sur la place jusqu’au moment de Saint-Aunès ● Le club de foot recrute Le Gallia sport Saint-Aunès école de foot recrute pour la saison prochaine des joueurs toutes catégories. Les détections se font tous les mercredis de juin au stade Ro- l’apéritif et du buffet offerts par la municipalité et les commerçants du village. De 21 h à minuit, Cabr’e Can a enflammé l’assistance avec une succession de danses traditionnelles, polkas, mazurkas, bourrées, gigues, rondeaux et autres. Une soirée très appréciée des nombreux participants pour cette deuxième édition de Total Festum. Correspondant ML : 06 74 73 30 32 bert-Castan, aux horaires suivants : U6, de 14 h à 15 h ; U7-U8, de 15 h à 17 h ; U9, de 15 h à 17 h ; U10, de 16 h 30 à 18 h 30 ; U11, de 15 h à 17 h ; U12-U13, de 17 h à 19 h ; U15, de 15 h à 18 h. -0") (0 (4%41. 3.) )1/'*) 34)2/"4#(.)+ !$/1/) "/" '/"1,0'1&.((.)+ Saint-Geniès-des-Mourgues Total Festum, que du bonheur ! 2\1 Z/P8 (H 'K CPRRKC `4FN \,L >X_- K5/?R (E(G_&P9C (H a[[[* (H /HbPRH , :^^/HR /ERH/;EHR KG8 5K/&P_G'PH/RU C9C _GbG'KA'H K;H_ (0KG&/HR 9^^/HR ;K'KA'H IGRMG0KG #[ IGPC a[\# 59G/ '0K_-K& (0GCH CPRRKC `4FN \,L >X_- CHG;H, a1 :^^/H ;K'KA'H 59G/ '3K_-K& (3GC <PRRKC YKRM-KP CHG^ /H5/PRH K/7GR O ][[[* 59G/ GC ;E-P_G'H (H 'K bDbH _K&E79/PHU _9C(P&P9CR 7ECE/K'HR (H '3K/7GR W S\]. 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On veut regarder là où il y a vraiment des besoins et ne pas le faire n’importe où pour ne pas perturber le marché », comme ça a pu être fait dans le passé. Le dispositif Duflot, qui vaut provisoirement pour toutes les communes jusqu’au mois de juin, Midi Libre midilibre.fr LUNDI 1 AVRIL 2013 Payés à ne rien faire, ces salariés désespèrent Montpellier ❘ Au Crédit immobilier de France, l’ennui est rémunéré. C ’est le rêve de millions de travailleurs. C’est, depuis juin 2012, le cauchemar de dizaines d’employés montpelliérains du Crédit immobilier de France. Être payés à ne rien faire, comme du temps du plein emploi soviétique : voilà à quoi sont condamnés, dans l’attente d’un plan social probablement annoncé à la fin de l’année, les deux tiers des quelque cent employés montpelliérains qui tournent en rond et s’ennuient ferme. Et cela depuis que l’agence Moody’s a abaissé la note de l’établissement et que l’État a demandé l’arrêt de sa production de crédit. Exemple de ce surplace surréaliste au siège montpelliérain, avec ce salarié qui veut rester anonyme : « La plupart des commerciaux “agence” et des prescripteurs glandent. Les plannings sont vides ! Les imprimantes des offres sont à l’arrêt. On ne va pas imprimer des offres vierges. On s’occupe comme on peut. Le soir, t’as rien à raconter à ta femme. » « On aimerait pouvoir aller sur YouTube » s’apprête à être conditionné à l’aval des préfets, au grand dam des promoteurs immobiliers qui pronostiquent une année catastrophique en termes de construction neuve. Initiative Création d’un pôle BioSanté Le pôle BioSanté Rabelais vient de naître... Il s’agit d’une instance conventionnée de coordination, de propositions, d’animation et de communication entre les structures de formation et de recherche en biologie et santé de Nîmes et Montpellier. Les universités de Nîmes et de Montpellier ainsi que les centres partenaires (CHRU de Montpellier et Nîmes et l’ICM) ont souhaité mettre en place ce pôle à vocation nationale et internationale, composante du pôle de recherche et d’enseignement supérieur Sud de France. ■ Obligés de pointer, les salariés sont inactifs en attendant le plan social. gne du climat délétère qui règne entre ceux qui ont encore une activité (gestion et contentieux) et ceux qui n’en ont plus : « Il faut essayer de préserver sa santé mentale au mieux. À chacun de rebondir et de se prendre en charge. » Un salarié Un numéro vert d’urgence Les parties de cartes s’éternisent, les pauses-café sont passées de dix minutes à une heure, Google anesthésie les idées noires. Les commerciaux, qui débordaient d’activité, vont faire les boutiques en ville, faute de pouvoir démarcher les professionnels de l’immobilier. « On aimerait aussi que la direction débride internet. Qu’on puisse aller au moins sur YouTube ! », se lamente un salarié… Car, jusqu’ici, les employés se prêtaient des DVD qu’ils regardaient au bureau. Déléguée du personnel au comité d’entreprise (non syndiquée), Marion Bonnemaison ne dit guère mieux : « C’est pas drôle de venir pour juste ouvrir les rideaux le matin et les fermer le soir. On se sent inutile, sans rôle dans la société. » Avec cette inquiétude : « On a peur de perdre en savoir-faire. Et de ne plus rien valoir sur le marché de l’emploi. » Sandrine Gantin, déléguée syndicale Force ouvrière pour le Cif Méditerranée, décrit un malaise plus important dans les petites agences régionales : « Quand on est seul ou deux, c’est encore plus dur. » Elle-même confie ne « pas avoir de recette miracle » et plaide pour un réaménagement des plages horaires, trop longues, selon elle. Un ancien salarié témoi- La banque a mis en place un numéro vert renvoyant vers Stimulus, un cabinet parisien fondé en 1989 et spécialisé dans la prévention du stress et des risques psychosociaux au travail. Mais cette intention, louable, a fait apparemment un flop. Une trentaine de coups de fils (pour toute la France) ont été passés. « On n’est pas aux États-Unis. Ce n’est pas encore dans les habitudes », reconnaît Anne-Marie Cariou, directrice associée de ce cabinet. « On n’a pas vocation à se substituer à SOS Médecins ou à SOS Suicides », prévient cette psychologue clinicienne. Maigre consolation, quand même : « Il existe bien pire. Il y a les gens qui sont au placard. Là, c’est catastrophique pour l’estime de soi. Au Cif, jamais ils ne se diront que c’est de leur faute. » Même si Anne-Marie Cariou refuse de dévoiler les conversations, elle évoque, de façon générale, ces employés « terrorisés à l’idée de se rouiller ». « Tout est affaire d’histoire personnelle », glisse-t-elle. L’histoire pourrait s’arrêter à la fin de l’année. Et à l’ennui payé pourrait succéder le chômage indemnisé. ALEXANDRE MENDEL [email protected] Photo V. DAMOURETTE Des jeux de rôle... S’il ne nie pas le problème, François Morlat, directeur général du Crédit immobilier de France, veut voir le bon côté des choses : « On a des salariés qui sont payés et qui n’ont pas de problème de fin de mois. » Comment tirer profit de cette période d’inactivité contrainte ? « Nous avons alloué des moyens dédiés à la formation. » Dans les faits, à Montpellier, certains salariés font par exemple deux heures d’anglais par semaine (sur 37,5 travaillées). Trop peu ? « Ces formations montent en puissance ! » En témoigne la mise en place prochaine d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), genrede plan de diagnostic et de perspective des ressources humaines de l’entreprise. Et d’annoncer des mesures supplémentaires : « On est en train d’organiser une sorte de bourse d’idées entre les directions régionales. » C’est ainsi que, prenant exemple sur la région Sud-Ouest, les salariés pourraient être amenés à faire des jeux de rôle commerciaux… « Ça veut dire qu’il y a des initiatives formidables. Et c’est quand même plus motivant que d’aller au travail pour regarder YouTube ! » POLITIQUE Région A l’UMP, Morel agace Les élections régionales n’auront lieu qu’en 2015, mais déjà les esprits phosphorent, voire s’échauffent. En Languedoc-Roussillon, la droite, débarrassée du défunt Frêche et portée par la prévisible décrue du PS dans les urnes, croit en sa bonne étoile. L’ex-candidat UMP Couderc ayant décidé de laisser la place aux “jeunes”, ils sont nombreux sur les rangs : Jean Castex, le maire de Prades et ex-secrétaire général adjoint du Président Sarkozy ; Stéphan Rossignol, maire de La Grande-Motte et chef de file de l’opposition UMP au conseil régional ; les députés Elie Aboud (Hérault) et Pierre Morel-à-L’Huissier (Lozère). Ce dernier est le seul à avoir affiché ses ambitions. Mais ça tousse déjà... « N’importe qui d’autre que lui, ça fera l’affaire !, tempête un cadre de l’UMP. Il est allé vite en besogne et il n’est pas aimé. Il a vite trahi son maître, aux sénatoriales notamment. » Voilà donc Morel soupçonné de ne pas avoir assez œuvré pour le candidat malheureux aux sénatoriales lozériennes, Jacques Blanc, dont il fut longtemps le directeur de cabinet quand Blanc présidait... la Région. Nîmes Casse-tête pour Damien Alary Ira ? Ira pas ? Le président du conseil général du Gard, Damien Alary, fait durer le suspense sur ses intentions en vue des municipales à Nîmes. Autrement dit la perspective bien tentante de rafler la ville à la droite, mais au risque de partir sur un possible échec. A 63 ans, affaibli l’an dernier par un cancer des cordes vocales, Alary ne veut pas non plus fragiliser la majorité PS au conseil général. « Il ne faut pas prendre le risque d’une division », assure un militant, même si « les atermoiements » d’Alary commencent à agacer. Pendant ce temps, la nouvelle députée Françoise Dumas, plus qu’intéressée par le challenge, attend patiemment. 24 HEURES D’ACTUALITÉ DANS LA RÉGION Aveyron Nouveaux carbone et TPE Trois TPE du Biterrois ont fait le bilan carbone de leurs locaux, une première en France. Sans aucune obligation légale, contrairement aux entreprises de plus de 500 salariés, elles ont pu identifier leur impact au niveau économique, écologique et sanitaire et s’engagent désormais à le réduire. Aude Du 3 au 12 avril, une opération exceptionnelle de prévention des conduites à risque va être menée par une équipe de policiers auprès de 700 collégiens et lycéens mendois. L’unité arrivera au volant d’un camion tout dédié à cette opération. Un engin unique en Europe dont l’intérieur est aménagé en salle de classe. C’est le nombre de portraits tirés par la section locale de France bénévolat, dans le cadre de son projet “Narbonnais de 1 an à 100 ans”. Un immense panneau de 1,5 m sur 1,5 m, réalisé à partir de la photo noir et blanc de chaque participant, âgé de quelques mois à près de 100 ans, sera présenté vendredi, à l’occasion du relais de la 25e heure organisé par la MJC. L’équipe attend encore confirmation de la date pour révéler au public où se tiendra cette exposition photographique intergénérationnelle. auprès des élèves jardins partagés Pour répondre à la demande croissante de jardins partagés de la population, la ville de Rodez travaille sur la création d’un nouvel espace de soixante parcelles de 100 m2, dédiées aux cultures vivrières, dans le quartier des Moutiers. Un projet qui nécessitera un investissement de 300 000 €. Premiers coups de pioche espérés à l’automne prochain. Hérault Bilan Lozère Prévention Vaucluse Le pont d’Avignon en bleu pour Gard Garrigues sensibiliser la population à l’autisme C’est un régal pour les curieux qui découvriront ce soir leur pont de Saint-Bénézet illuminé de bleu. C’est surtout une cause nationale défendue par Avignon comme l’ensemble des grandes villes de France. Pour l’opération “Éclairons la France en bleu”, organisée par le Collectif Autisme pour la deuxième fois, tous les monuments prennent le temps de quelques soirées, depuis le 29 mars et jusqu’au 3 avril, cette couleur particulière pour évoquer et sensibiliser la population à cette maladie qui touche près d’une personne sur 250. Sophie Marcatand, présidente de l’association Tedai 84, reçoit des familles du Vaucluse et du Gard. Elle témoigne de cette prise de conscience progressive : « Nous sommes à présent écoutés par la plupart des élus et notre travail commence à porter ses fruits. » Photo JEAN-FRÉDÉRIC GALLO en fête au Pont Jusqu’à 18 h ce soir, rive gauche du Pont du Gard, des animations sont organisées autour des 10 ans de Mémoires de garrigue. Au programme : marché aux produits fermiers, animations pour petits et grands, spectacles et concerts, une photo souvenir des 10 ans à l’entrée de Mémoires de garrigue, pique-nique… 100 P-O Des étudiants inventent un sécateur sécurisé Vingt-cinq étudiants en BTS Productions horticoles du lycée Garcia-Lorca ont mis au point en quelques mois un sécateur sécurisé, qui sera présenté au concours trophée Jeunes prévention de la MSA le 10 avril. Cet outil, branché sur un compresseur, marche avec l’air envoyé sous pression. L’objectif est de faire en sorte que ce sécateur ne puisse pas fonctionner tant que l’on n’appuie pas sur le bouton de la poignée que l’on tient avec l’autre main afin d’éviter les accidents. Les professionnels qui ont pu le tester sont prêts à l’adopter ! 2 C1--- Mende LE COSTUME Le Yéti est bon pour le lavage à sec Il était temps, grand temps diront certains, que les festivités de Noël s’arrêtent. Ça faisait presque de la peine de voir les costumes de Tic et Tac ou du Lapin maculés de taches, traces de leur long périple à la rencontre des Mendois (petits et grands). Midi Libre midilibre.fr MARDI 25 DÉCEMBRE 2012 %'"'$ 8 HEURES 7˚ 11 HEURES À Chabrits, la meilleure crèche des environs Élevage ❘ En plein agnelage, Jean-Claude Brunel, éleveur de brebis, prend le temps de s’occuper de ses bêtes, même à Noël. 9˚ 14 HEURES 8˚ 17 HEURES La fourrure du Yéti faisait presque peine à voir, alors qu’il embrassait enfants et curieux, lors de la retraite aux flambeaux sans flambeau (lire notre édition d’hier). Ses pattes ne sont plus du blanc éclatant des débuts. Sûr qu’il y aura de sacrés travaux de pressing à prévoir pour 2013. LES CADEAUX Jusqu’au bout pour aller en Suède Jusqu’au bout, ils ont tenu le coup, les scouts et guides de France. Ils ont emballé, 8˚ !&# 4 ● CET INDICE de la qualité de l’air (de 1 bon à 10 mauvais) est fourni par Air-LR. Plus sur www.air-lr.org. ■ L’éleveur, l’agneau et le chien de berger , réunis pour une image d’un paradis naturellement œcuménique. &'(!$!%#" ● CONSEIL toujours avec le sourire, les cadeaux contre une participation libre. Hier encore, dans la halle de Ramilles, ils s’affairaient, avec soin, aux paquets des clients. Grâce à l’argent récolté, ils partiront cet été en camp, en Suède. Pas si loin que ça, finalement, de la Laponie, patrie du Père Noël. L’OPÉRATION Restaurez façades, toitures et devantures Les ressortissants de la communauté de communes Cœur de Lozère peuvent bénéficier d’aides pour la restauration de toitures en lauzes, façades, portes anciennes, cages d’escalier à valeur architecturale, devantures commerciales et artisanales. Pour tout renseignement, contacter Habitat et développement Lozère, 10 boulevard Lucien-Arnault à Mende (tél : 04 66 31 13 33 ; fax: 04 66 47 43 78 ; courriel: [email protected]). AUJOURD'HUI Le conseil municipal de Mende se réunira ce vendredi 28 décembre à midi, à la mairie annexe. !#$"%! ● DÉMARCHE Tous garçons et filles, de nationalité française, nés entre le 1er janvier 1997 et le 31 mars 1997, doivent se rendre en mairie pour le recensement militaire, munis du livret de famille, d’une carte d’identité et d’un justificatif de domicile, après l’anniversaire de leurs 16 ans et avant le 31 mars. J ean-Claude Brunel a les initiales de l’illustre messie dont le monde chrétien commémore aujourd’hui, à coups de tartines de foie gras, la naissance, il y a deux mille ans et quelques brouettes de foin, dans une étable de la proche banlieue de Jérusalem. Sa bergerie, qui sent le cuir et le fromage, attend la naissance de plusieurs agneaux pour Noël. À quelques milliers de kilomètres de Bethléem, aux portes de Chabrits, à l’abri du vrai loup et des faux dévots, les brebis parturientes ne recueilleront pourtant ni rois mages, ni encens, ni myrrhe. « Il y a deux ans, j’ai visité la capitale, comme vous, vous visitez la bergerie » Jean-Claude Brunel, éleveur Il y a quelques années encore, ce paysan, exploitant depuis 1976 (« à une époque où il n’y avait point de prime ») et converti au bio en 1998, améliorait leur pitance à l’occasion du réveillon : « Et puis à quoi bon ? Elles ne comprennent pas… » En plein agnelage, l’agriculteur n’abandonnera ses bestiaux que le temps de fêter, avec un ami, la Nativité : « Si une naissance doit avoir lieu, alors elle aura lieu. Voilà. » Pour parachever cette crèche vivante, l’une des sept dernières à Mende (« dans dix ans, il n’y aura plus que deux agriculteurs ici », prédit-il), un bouc et une chèvre complètent ce tableau hiératique, préservé des périls par Miquette, un chien de berger, qui d’un œil attentif espionne les mouvements du jeune troupeau, tandis que l’autre œil, attendri, expertise la miséricorde de son maître de 66 ans : « Mais non ! Viens me voir, je ne vais point t’engueuler ! » Une peluche vivante, toute en laine et en crasse La dernière agnelle née se porte bien, sa mère aussi ; merci pour elles. Ce n’est pas le cas de la jeune maman, épuisée, qui a fait un bien mauvais cadeau d’anniversaire à Jean-Claude, le 9 décembre : un agneau atteint de la maladie de Schmallenberg, une saleté qui vous ferait douter de l’existence d’un dieu pour les animaux et qui a fait pas mal causer cette année dans les salons feutrés des chambres d’agriculture. Difforme, il a dû être avorté. Une lutte de deux heures. Une découpe in utero de l’enfant qui l’a marqué autant que la brebis. Lasse et fatiguée, elle ne s’est toujours pas redressée sur ses pattes et guette dans un coin, ensuquée par la terrible épreuve, les agneaux de ses sœurs plus chanceuses qui commencent à s’endormir. Anthropomorphisme qui n’a pas lieu d’être ? Et après tout, pourquoi pas : « Moi, ça ne me choque pas. J’aime observer la réaction des citadins. Il y a deux ans, j’ai visité la capi- Photos ALEXANDRE MENDEL tale, comme vous, vous visitez la bergerie. » Et puis, si Jean-Claude Brunel ne prête pas de sentiments humains à ses bêtes, il sait à quoi songe ce petit agneau qui dort près de sa mère : « Là, il rêve d’une tétée. » Avant de préjuger, en connaisseur, des méditations du reste du troupeau, plus vieux : « Oh, ceux-là, ils ne pensent qu’à bouffer ! » Quand il croise le regard implorant du « plus sale des agneaux de la bergerie », une espèce de peluche vivante, toute en laine et en crasse, il tend un doigt que le petit mouton mord avec reconnaissance : la mère ne donnant pas assez de lait, c’est lui-même qui le nourrit au biberon. Sur les 100 agneaux, 25 iront au-delà de quatre mois d’âge. Les autres finiront en côtelettes et gigots. « C’est mon métier. Je fais de l’agneau de boucherie. Mais je ne vais pas les voir à l’abattoir. Ça non ! » Il gracie les femelles les plus belles. Orwell, et sa Ferme aux animaux, aurait fait de Jean-Claude le Dieu du troupeau, lui qui donne naissance, sacrifie, aide à la vie et choisit son terme. Et dont la devise, inscrite au-dessus de la cheminée de sa salle à manger, ne laisse pas planer de doute sur le caractère un peu plus que terrien de ce paysan qui aime s’interroger : « Et si j’étais moins idiot que vous ne le pensez ? » ALEXANDRE MENDEL [email protected] Noël Messe La messe de Noël sera célébrée ce matin à 10 h 30 en la cathédrale de Mende. À LIRE DEMAIN La chronique cinéma et les programmes complets des salles obscures de Lozère ■ Moment de répit pour l’éleveur et Miquette après avoir donné du foin. ■ Ce petit doit être nourri au biberon. W6--- ■ Nîmes Midi Libre midilibre.fr LUNDI 9 SEPTEMBRE 2013 7 Le petit gibier fait sa rentrée Chasse ❘ La saison est vraiment lancée depuis hier matin. Exemple au Grau-du-Roi. C asquette fluo ou pas ? Et si la perdrix, qui observe le monde en bichromie, repérait ainsi plus facilement son prédateur armé ? C’était le débat, hier, sur les sentiers moites de la Petite-Camargue, au Grau-du-Roi, alors que s’ouvrait, dans le département, la chasse au petit gibier. La législation a évolué : désormais les quelque 19 000 titulaires d’un permis de chasse que compte le Gard devront revêtir un chapeau, visible de loin, pour tirer, notamment, le lapin ou la tourterelle. « Avec le printemps pluvieux, les nichées ont été extrêmement tardives » Alain Chabaud de la commission de la chasse. ■ Casquette bien visible de rigueur cette année - pour assurer la sécurité des tireurs - et limitation des prises afin de préserver les réserves. Hier, Pierre Ravel, garde-chasse particulier depuis trente-cinq ans, n’a pas verbalisé. «Attention ! La semaine prochaine, c’est 35 € le PV. Aujourd’hui, j’ai été brave… », avertit-il, alors qu’en quatre ans, clément et rompu au dialogue, il n’a jamais eu à sortir son carnet à souches. « C’est vrai, on ne réprime pas beaucoup ici, reconnaît Jacques Gisclard, président de la fédération départementale des gardes particuliers. On fait surtout de la prévention. Ce n’est pas un territoire de gros braconnage contrairement au nord-est de la France. » Et d’ailleurs braconner quoi ? Comme un peu partout ailleurs, des faisans (200 pour les quelque 1 150 ha de territoires de chasse rien qu’au Grau-du-Roi) ont été lâchés. Les ré- serves se font rares cette année. « Il en manquait. Avec le printemps pluvieux qu’on a eu, les nichées ont été extrêmement tardives », explique Alain Chabaud de la commission de la chasse. «Et puis c’est une ouverture. Et sur deux heures et demie uniquement. Ce n’était pas un jour de traque mais un jour de fête », ajoute Philippe Houny, président du syndicat des chasseurs du Grau-du-Roi, une structure vieille de 75 ans. « Je ne suis pas un viandard. Il faut être intraitable avec ceux qui ne respectent pas les règles. Notamment celles concernant la sécurité », martèle Albert Granier, pêcheur à la ville (si l’on ose dire) et chasseur du dimanche. Hier, avec Pierre Ravel - on ne saura jamais qui des deux a tiré le coup mortel -, il a abattu un faisan, une minute à peine après avoir gentiment sermonné Sam, son labrador de 9 ans, qui semblait se lasser de la balade. Il se contentera de cette unique prise, préférant bavarder avec Pierre Ravel et profiter de ce décor imprégné par le sel et le sable. De bons sentiments D’autant que l’humidité, due aux orages de la veille, qui donnait des reflets turquoise aux saladelles, n’a pas aidé les chiens, qui ont eu du mal à exercer leur flair dans ces chemins, aussi détrempés qu’ils sont plats, de la Petite-Camargue. La limitation à deux perdreaux, deux faisans et deux lapins par chasseur aide aussi à préserver les réser- ves cynégétiques. Quand ce ne sont pas carrément les bons sentiments qui font lever les carabines. Comme ceux qu’a pu nourrir à l’égard d’une bête, hier, Luc Bereziat, venu chasser, avec son fils Thomas (deux tireurs impressionnants d’agilité et de vitesse) : « J’ai vu un lapin, il avait l’air maigre, malade, les yeux tout rouges. Je n’ai pas voulu tirer. Alors que mettre un coup de carabine à un gros bien portant, ça ne me dérange pas. » Les lapins qui nous lisent ont donc jusqu’au 28 février 2014 pour faire un régime et se mettre du citron dans les yeux, s’ils veulent sauver leur peau. ALEXANDRE MENDEL [email protected] Photos Alexandre MENDEL Terre de chasses Le Gard est un territoire de chasseurs assez disparate. Pour résumer, le Nord se consacre davantage au gros gibier (d’autant que les chasseurs sont obligés de prélever des sangliers), tandis que le Sud est davantage tourné vers le petit gibier. La fédération départementale se porte bien. L’opération “premier permis de chasse” (dès 16 ans) à 1 € est un succès. Beaucoup de sociétés cynégétiques s’y associent en finançant la première carte de chasse. -/'.# 2)$* "//1, ,(!", 21/$.& $* /(&%1 0#1+ (!'&! -!( $''/( "-& #(. .$-. %( #$!)( ),+**$/) ?*'4$??$ AEH8 C"1 @%6 $/ '-9<:)9$ ( /71$? 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Depuis quatre ans, du caviar est produit à Saint-Viâtre (Loir-etCher), à la pisciculture Hennequart. Plus qu’une curiosité locale, ces petites billes grises, tirant sur le noir, commencent à solidement s’installer sur les tables de restaurants parisiens prestigieux. Même la patronne du Lion d’Or, un café-restauranthôtel du village (10 euros le menu du jour, quart de vin compris), « recommandé par le club des bons vivants », s’en est offert une petite boîte. Son opinion ? « C’est salé, ça sent le poisson et c’est cher. » Comptez 2.200 euros le kilo. Seulement 800 kilos Vincent Hennequart, pisciculteur dans cette SARL familiale, a attendu 2002 avant d’y goûter. Il avait 40 ans, songeait déjà à s’occuper d’un « cheptel d’esturgeons », et a choisi, pour sa pre- JEUDI, À SAINT-VIÂTRE (LOIR-ET-CHER). Patricia et Vincent Hennequart sur l’exploitation piscicole du Grand-Cernéant. La sœur gère la comptabilité tandis que le frère, biologiste, s’occupe de la production de cet or noir. (Photo : Thierry Bougot) mière cuillerée, du caviar de L’Esturgeonnière, en Aquitaine, qui élève des Baeri, l’une des vingt-quatre espèces, venue de Sibérie. « J’ai trouvé ça bon. » Il se lance avec des alevins. Pour la reproduction, il est aidé par l’Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement de Bor- « Un produit honnête » pour Armen Petrossian On l’appelle « le pape du caviar ». Armen Petrossian — qui dirige, à Paris et à New York, la maison du même nom — est président de l’International caviar importers association (ICIA). Il a évidemment goûté le caviar de Sologne. Pour lui, il s’agit « d’un produit honnête, pas mal ». L’expert ajoute tout de même « ne pas en avoir assez goûté pour avoir une opinion tranchée ». Car, « il y a caviar et caviar » et surtout, « le goût peut être différent d’un esturgeon à un autre ». Lui qui a été le premier à importer du caviar chinois « n’aime pas qu’on colle des étiquettes sur les produits », même si les siennes sont prestigieuses. Se verrait-il vendre un jour du caviar de Sologne, dans sa boutique du très chic boulevard de la Tour-Maubourg, dans le VIIe arrondissement de Paris ? « Pourquoi pas. Rien n’est exclu ! » Surtout que ce spécialiste sait qu’il ne suffit pas d’être un bon pisciculteur. Il faut aussi « un savoir-faire derrière ». Bref, « ce n’est pas parce que votre jus de raisin est excellent que ça fera un Château Pétrus ». deaux (Gironde). Les poissons sont introduits dans des bassins allant jusqu’à 50.000 m2. Ce n’est qu’en 2007 que la première production est lancée, le temps que les premières femelles « deviennent matures » et produisent des œufs. « Plusieurs années où l’on ne gagne pas d’argent », indique Vincent Hennequart. Sa mère, Simone, trouve même le nom qui sera apposé sur les boîtes, clin d’œil aux accents slaves et à la région : ce sera « Solenska », marque déposée depuis. Combien sont-ils, aujourd’hui, ces esturgeons ? Environ 50.000 à faire trempette dans les eaux de Saint-Viâtre. De générations diverses, « de tailles diverses et d’une grande variabilité de com- Un produit cher car choyé Cet esturgeon n’a que trois mois. Il faudra attendre ses deux ans pour le « sexer ». Les mâles sont tués pour la chair. (Photo : P. Hennequart) Qu’est-ce qui explique que le caviar soit si cher ? Un élevage méticuleux. Rien que pour séparer les mâles des femelles, il faut attendre environ deux ans. Et faire une échographie ! Comme à la maternité. Les poissons sont ensuite suivis et élevés toute l’année, pendant sept à huit ans. « Normalement, c’est vers cet âge que la femelle, devenue mature, fait des œufs. » Nouvelle échographie pour savoir si l’esturgeon en contient. Seulement 20 % des femelles d’une même génération en contiennent. Et produisent rarement le même poids : de 500 grammes à 4,5 kilos — un record, à Saint-Viâtre, toutefois. Quand elles contiennent des œufs, les femelles sont tuées. Éventré par césarienne, le poisson passe de vie à trépas. On perce la rogue (l’enveloppe contenant les précieux œufs), on lave les ovules, on les tamise, puis on les sale. Ce n’est qu’ensuite qu’on les conditionne en boîtes, sous vide. Le tout est effectué dans des laboratoires aux dernières normes. Le seul soin apporté à l’élevage n’explique pas le prix, souvent exorbitant, du produit. « Les intermédiaires sont nombreux dans le monde du caviar », explique Vincent Hennequart, à la tête d’une entreprise qui compte huit employés. 2 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - VENDREDI 31 DÉCEMBRE 2010 , SAMEDI 1er ET DIMANCHE 2 JANVIER 2011 portement », ne produisant, évidemment, pas de caviar en même temps. Choyés, bichonnés comme des enfants gâtés, les esturgeons ne doivent pas jouer des nageoires pour bouger. Chaque esturgeon dispose ainsi de 10 m3. Gare aux cormorans On est loin de ce que le caviar du futur, plus accessible au commun des mortels, pourrait être. Sans citer de nom, Vincent Hennequart vise certaines productions, dans lesquelles les esturgeons sont élevés en masse dans des conditions de production intensive, qui pourraient certes faire baisser les prix, mais aussi faire baisser la qualité d’un produit d’exception. La pis- ciculture Hennequart ne produit « que » 800 kilos de caviar, réalisant déjà, grâce à cet or noir, 50 % du total du chiffre d’affaires de l’exploitation. La production devrait, en 2017, arriver à saturation. En attendant, la seule concurrence locale reste celle des cormorans qui rôdent et s’en prennent, sans état d’âme, aux esturgeons. Pour les éloigner des étangs et de la richesse naturelle qu’ils renferment, le pisciculteur a installé un effaroucheur à détonation. Quelques coups suffisent à éloigner le prédateur. L’un des rares visiteurs à ne pas comprendre la valeur inestimable que renferment les étangs de Saint-Viâtre. Alexandre Mendel. Où trouver les précieuses billes solognotes ? Inutile de vous précipiter à la ferme piscicole du GrandCernéant. Tout leur caviar a été vendu. Mais il reste trouvable à certains endroits. Comptez plus de 200 euros pour une boîte de 100 grammes. Une broutille, en ces temps de crise. ● Les caves Anthoyanes, à Orléans (02.38.62.50.76). ● Aux Vignobles de Sologne, à Olivet (02.38.58.08.06). ● L’épicerie des délices, à Romorantin (Loir-et-Cher) (02.54.83.96.71). Et si, par hasard, vous deviez réveillonner à Paris, que vous avez eu la présence d’esprit de réserver votre soirée du réveillon au Bristol, un restaurant trois étoiles parisien, sachez que le chef, Éric Frachon, l’a mis au menu. D’ailleurs, « les chefs nous ont toujours complimentés », glisse Vincent Hennequart. Et les esturgeons mâles ? Qui, par faute génétique, ne produisent pas d’œufs (les imbéciles !). Ils sont débités sous forme de filets, souvent pour l’Europe du Nord et de l’Est. Sauf que Vincent Hennequart n’a pas la moindre idée de l’endroit où se trouve la chair des époux de leurs précieuses « esturgeonnes ». Triste sort. Loiret/Région Allô ! Veuillez patienter avec les musiques d’attente du Loiret... ■ Grinçantes, répétitives, laides ou originales : les musiques jouées au téléphone des administrations sont réfléchies. Dans un océan de soupes commerciales, tarifées et étudiées, nagent quelques pépites. À Olivet, guinguettes et répondeurs font la réputation de la ville. Chaque année, la mairie change de musique d’attente téléphonique. Chaque année, Hugues Saury, le maire, se marre. En février, son service communication lui a proposé plusieurs titres issus du répertoire — gigantesque — de la mythique Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem, lire « Questions à »). En compétition, parmi trois autres titres, la chanson « Les Cornichons » de Nino Ferrer. Trop connotée. Les électeurs auraient pu, à tort ou à raison, se sentir visés. Le maire a flairé la blague. Pas facile de se choisir pour un an de conversations téléphoniques une identité sonore, dans les limbes de l’attente administrative. Bach ou Vivaldi, à l’œil Finalement, Olivet a choisi « Relator » chantée par Scarlett Johansson. De bon goût, même si c’est en anglais. « On se sent plus libre » en langue étrangère, raconte-t-on à la communication. C’est on ne peut plus vrai. Si l’on traduisait l’un des couplets — qui vient assez tard dans le refrain —, voilà ce que cela donnerait : « Je ne demande pas, je n’emprunte pas, je vole. » Entraînante, cette chanson échappe aux rythmes de l’archiclassique « Suite française numéro 3 » de Jean-Sébastien Bach. Tellement jouée qu’on préférait presque encore un morceau de NTM. « Surtout pas ! On évite tout ce qui est grossier », jure-t-on dans cette banlieue chic d’Orléans. Bach ou Vivaldi — un autre classique des standards téléphoniques, spécialement avec le « Printemps » des « Quatre saisons » — sont pourtant de REPÈRES ■ Pas si cher Comptez 163,77 euros par an pour 25 lignes sonorisées, soit cinq modules de standard. À noter : on ne parle pas de taxes mais de salaires. ■ Gratuit, après 70 ans Une musique tombe dans le domaine public 70 ans après la mort du dernier auteur. On doit attendre près d’un siècle si l’auteur est mort pour la France. Ou a combattu pendant la guerre. Ce qui exclut par exemple Maurice Chevalier, qui avait la fâcheuse habitude de chanter pour Radio Paris. ■ Inaliénables En droit français, l’auteur ne peut ni vendre, ni renoncer à ses droits. ■ Une manne Plusieurs sociétés proposent de créer « des œuvres de commande » clés en main. Musique originale, mixage : il y en a pour toutes les bourses. bons camarades. Parce qu’ils ont eu le bon goût de mourir il y a plus de soixante-dix ans, ils sont tombés dans la postérité et dans le domaine public et s’offrent — à l’œil — aux oreilles des usagers du service public. Pas de Richard Wagner au conseil général, où on opte pour le zen. Loin des notes martiales de « La Chevauchée des Walkyries ». Le département a choisi le titre « Yeha-Noha » de l’album « Sacred Spirit » : des chants et des danses d’Indiens d’Amérique. La direction de la communication du conseil général explique avoir choisi une musique « apaisante, qui a semblé convenir à une attente téléphonique des usagers qui s’adressent aux services départementaux ». Dr. House et Ushuaïa « Écoutez, je ne sais pas quelle musique nous utilisons (NDLR : une sorte de musique classique avec un arrangement moderne, plutôt daté), mais j’adore la musique du conseil général ! » s’amuse d’ailleurs Laurence Delas, des affaires générales de la ville de Gien. Les services municipaux de Montargis ont, eux, carrément profité de la réfection de la mairie, suite à son incendie en 2002, pour changer de thème musical. « Une musique a priori sans droits », indique la ville pour quelques tons jazzy sur un air de guitare bien fatiguée. Typique des hôtels clubs en bord de mer ; le buffet à volonté n’aidant pas forcément à digérer le tout. Dans cet océan de soupes, la communauté d’agglomération d’Orléans a mis le paquet, en payant un prestataire de service, la société lyonnaise ATS. Actuellement, le siège joue une musique « neutre, moderne, et T e m p s fo rt Certaines collectivités, comme la mairie d’Orléans, font appel à des professionnels du mixage et du son. (Photo : Thierry Bougot) d’actualité » (il s’agit du générique du feuilleton américain « Dr. House ») et adapte son répertoire suivant les événements. La mélodie de l’émission « Ushuaïa » accompagne, par exemple, la campagne de tri des déchets. Tout à fait dans le ton. La mairie d’Orléans fait exception, en préférant les voix off. Dix messages par an sont mixés par une entreprise spécialisée. Les musiques se doivent d’être raccord avec l’événement. On évitera juste « Allumez le feu » de Johnny Hallyday pour les fêtes de Jeanne d’Arc. Alexandre Mendel. « La dernière séance » à l’hôpital de Pithiviers Clin d’œil maladroit ou faute de goût ? Quand vous appelez pour avoir des nouvelles d’un proche soigné à l’hôpital de Pithiviers, la musique d’attente risque de vous retourner le cœur. Le standard joue un tube, vieux de trente-trois ans. Un membre de votre famille est entre la vie et la mort ? Vous tomberez sur « C’est la dernière séance » d’Eddy Mit- Au conseil régional, on ne sait plus qui paie le compositeur La région la voulait « fière et sublime ». Et libre de droits. Cédric Baud, cameraman et réalisateur à Lyon, qui avoue que son activité musicale se borne « à donner des concerts gratuits dans les appartements des gens », a exaucé le vœu de la collectivité territoriale. C’était il y a quatre ans. Un ami lui propose de faire la bande-son du film du conseil régional sur le Centre. Contre 1.865,76 euros, il se met à bosser pendant plusieurs mois en s’inspirant de « La symphonie du Nouveau monde » de Dvorak. « Ils étaient comme fous avec cette musique ! Il a fallu faire beaucoup d’allers-retours entre la prod’ et la région », se souvient Cédric Baud. Résultat, le morceau a tellement plu qu’il a été recyclé sur le standard. « Aucune relation » Dans les faits, ça ressemble un peu aux bandes originales des films d’action des années 1980. Donnant l’impression que Chuck Norris va finir par vous répondre. Cédric Baud ne la mentionne pas dans son CV, lui qui a aussi réalisé l’accompagnement sonore de plusieurs émissions de TF1 ou chell, une chanson restée célèbre pour avoir servi de générique à l’émission homonyme de feue la chaîne FR3. Certes, il ne s’agit que de la mélodie (l’hôpital paie 133 euros par an à la Sacem pour l’utiliser), mais les paroles sont dans toutes les têtes : « C’était sa dernière séquence. C’était sa dernière séance. Et le rideau sur l’écran est tombé. Bye bye, au revoir, à jamais... » Rassurant. Pascal Gaillard, directeur des soins de la qualité de l’hôpital, se dit étonné : « Franchement, je la découvre ! C’est vrai que quelque chose de plus classique serait préférable. » Personne n’est en mesure de dire qui, quand et pourquoi cette chanson a été choisie. Un petit plaisantin, un inconscient ou un fan d’Eddy Mitchell ? QUESTIONS À Éric Menudier adjoint à la direction régionale de la Sacem « Les petits ruisseaux font les grandes rivières » Aux instruments, Cédric Baud. L’auteur de la musique du conseil régional aurait renoncé à ses droits pour un peu plus de 1.800 euros. France 3. La région jure ne rien payer à la Sacem car, explique Sophie Lorenzi, du service communication, « le marché conclu prévoyait que l’auteur cède l’ensemble de ses droits patrimoniaux ». Or, Cédric Baud est membre de la Sacem et, de fait, a confié la gestion de son « salaire » à cet organisme pour ses œuvres passées, présentes et futures. Ce qui représenterait quelques centaines d’euros, depuis 2006 ; « de quoi se payer des vacances », s’amuse le compositeur, qui a le statut d’intermittent du spectacle. Interrogée, la région produit, pour toute réponse, une facture adressée à la société CLCT, une entreprise troyenne spécialisée dans les voix off et le mixage des fréquences téléphoniques : 777, 40 euros « payés chaque année ». Dommage, Cédric Baud n’a jamais entendu parler de CLCT, avec qui il n’a « aucune relation ». Catherine Bernard, directrice de l’information et de la presse à la région, promet qu’on finira par savoir « qui doit quoi et combien à Cédric Baud ». La région songe de toute façon à changer de musique. Pourquoi pas « Money for nothing » de Dire Straits ? Quel est le rôle de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique dans le choix des musiques d’attente ? On intervient pour faire payer le salaire des auteurs qui sont sociétaires chez nous et de tous les organismes mondiaux affiliés à la Sacem. En clair, on leur doit un salaire. À partir du moment où c’est un numéro professionnel ! Nous procédons à un mailing de 15.000 à 20.000 courriers chaque année pour les prévenir que la Sacem est là pour signer avec eux ce qu’on appelle un contrat général d’exploitation. Contre une somme d’argent, les collectivités peuvent puiser dans un répertoire de 32 millions d’œuvres françaises et étrangères. Car nous avons des partenariats avec nos homologues étrangers. Et ça arrive que des administrations ne paient pas ces salaires ? J’ai une certaine déformation professionnelle. Quand j’entends une musique, je regarde si l’auteur a été payé. Si ce n’est pas le cas, j’adresse un courrier. On peut dresser un PV mais, pour être franc, on ne va pas au tribunal pour quelques dizaines d’euros. Cela dit, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Les gens sont-ils conscients qu’une musique, au téléphone, ça se paye ? Pas toujours ! J’entends des personnes me dire « Mais c’est de la musique anglaise. Pourquoi vous intervenez ? », ou qui passent des arrangements modernes sur de la musique classique, en pensant que c’est gratuit. Eh non, Rondò Veneziano, ce n’est pas gratuit ! LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MERCREDI 18 AOÛT 2010 - MON - 5 W2--- ■ Nîmes Midi Libre midilibre.fr SAMEDI 19 OCTOBRE 2013 Clémentine Mélois tire à elle les couvertures Le portrait du samedi ❘ Professeur aux beaux-arts de Nîmes, elle est devenue un vrai phénomène sur le net, en pastichant avec humour des dizaines de livres. L a voilà, celle qui hisse le trait d’esprit au rang d’œuvre d’art, hybride au féminin de Pierre Dac, de Bobby Lapointe et du professeur Choron. Clémentine Mélois, professeur aux beaux-arts de Nîmes, redonne une autre dimension au jeu de mots, à ces calembours qui, à la longue, au rythme de L’Almanach Vermot ou - pire - des blagues de Laurent Ruquier, finissent toujours par ennuyer. Boris Viande - Légume des jours, Friedrisch Nietzsche - Le crépuscule des idoles des jeunes, Homère - Liliane et l’Audi C, Saint-Exaspéré - Vol de nuit, Marx - Et ça repart : ces titres sont issus des quelque 80 détournements, clins d’œil adroits aux rayonnages de bibliothèque, imaginés pour la plupart par cette jeune femme discrète de 33 ans, qui enseigne les pratiques éditoriales au cœur de la cité des Antonin, dans ce sud, où - c’est connu - les pastiches par temps bleu sont délicieux. « Si les gens n’y voient que des jeux de mots, très bien. Chacun s’approprie ces livres » Clémentine Mélois Son album Chef-d’œuvre de la littérature (ainsi que se nomme son projet démarré en mars) lui a valu, cet été, une foultitude d’articles élogieux dans la presse nationale, bien aiguillée, il est vrai, par le buzz aussi imprévu que mérité qu’a créé sa page Facebook, aujourd’hui suivie par presque 8 000 personnes. « Évidemment, c’est surprenant. C’est réjouissant », lâche Clémentine Mélois, qui voit dans son travail bien plus qu’un hommage visuel à l’art de la paronomase. « L’idée m’est venue après une conversation. J’avais confondu Paul Valéry et François Valéry. Bon, j’ai toujours eu un problème avec les noms propres... » Voilà pour la genèse, voilà pour l’anecdote. Pour le reste, il s’agit d’un travail sérieux : « Cela rentre dans un projet plus global sur les livres. J’y vois des références aux situationnistes ou encore à l’art concep- ■ Cette jeune femme discrète de 33 ans devrait publier, début 2014, un recueil de ses détournements. tuel. Cela peut faire penser au mouvement Fluxus ou à Duchamp… Dans mon travail, je me demande toujours comment aller au-delà de la seule diffusion des livres. » Avant de reprendre du recul : « Mais, si les gens n’y voient que des jeux de mots, très bien. Chacun s’approprie ces créations. Leur réception échappe à l’artiste. » Quel a bien pu être le déclic ? Elle, fille d’un sculpteur et d’une prof de français, n’a pas attendu de savoir lire pour s’approprier les ouvrages. Elle qui, enfant, avait gagné, à l’âge de 9 ans, un concours pour Gallimard en ayant écrit un petit texte intitulé Cent ans, déjà. « J’ai revu, il n’y a pas longtemps, une photo de moi, en pyjama, entourée des 365 livres que Gallimard m’avait envoyés. » Anecdote révélatrice de ce début d’histoire d’amour entre la matérialité des bouquins et celle qui allait faire les TÉLÉGRAMMES ● IMPÔTS Pour éviter l’attente au guichet, les services des impôts conseille le paiement en ligne sur impots.gouv.fr. Pour contacter le centre des finances publiques, 15, boulevard Étienne-Saintenac : Nîmes-sud, [email protected] ; Nîmes-est : [email protected] ; Nîmes-ouest : [email protected]. Du 12 au 15 novembre, le centre des finances publiques modifie ses horaires d’ouverture. L’accueil sera assuré de 8 h 30 à 11 h 30 et de 13 h 30 à 16 heures. Contact : [email protected]. ● CAF DU GARD La Caf du Gard informe que pendant la période de congés scolaires, du 21 octobre au 1er novembre, aucune permanence administrative ne sera assurée. Seuls, les accueils de Nîmes, Alès, Bagnols-sur-Cèze et Beaucaire resteront ouverts. Tél. 0810 25 30 10 ou www.caf.fr. ● HISTOIRE La Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard organise une conférence sur “Les faubourgs de Nîmes du XVIIe au XXe siècle : intérêt patrimonial et enjeu urbain” par Philippe Aramel, aujourd’hui, à 14 heures, au musée des Beaux-Arts, 23, rue Cité-Foulc. #"!$$% ● CONFÉRENCE La Société d’histoire du protestantisme recevra Stephan Rüdiger, chercheur, pour une conférence sur le thème “1963-2013 : 50e anniversaire du traité de Gaulle-Adenauer, le rôle des églises dans la réconciliation franco-allemande”, aujourd’hui, à 16 heures, à Carré d’art. Beaux-Arts de Paris. « Un livre, en soi, ça évoque quelque chose. J’ai toujours eu une pratique de lecture en tant qu’artiste. » Un roman-photo également : “Foufoune tendance” D’où la recherche de la matière, de la bonne typographie, qui subliment le décalage entre le fond (le jeu de mots, jamais potache, toujours pertinent) et la forme (le livre parfaitement imité). Se contenter de bidouillages numériques n’est pas son truc. Il lui fallait une mise en scène, même minimaliste. « Pour les photos, je tiens ces livres dans la main », sa manière à elle une fois de plus « de se jouer des codes ». Même pour la photo de cet article, elle insiste, facétieuse : « Bon, d’accord pour la photo. Je vais poser devant Mondial maquettes et je vous renverrai la photo. Je changerai une lettre, ha ha ! » Et ces farces artistiques ne Photo montage CLÉMENTINE MÉLOIS sont pas ses seuls enfants. Clémentine Mélois s’est déjà illustrée - si l’on ose dire - dans un roman-photo - hilarant - avec Foufoune tendance ou en créant, pendant quatre ans, des calendriers de marins pêcheurs frappés de la typographie des immatriculations des bateaux de L’Île-d’Yeu où, naguère, elle a résidé. Et aujourd’hui ? Quelques exemplaires de ses livres sont exposés jusqu’à demain à La Panacée, à Montpellier (1). Pierre Assouline, de La République des livres, a consacré un billet à l’artiste. « Que l’on parle de moi dans les pages littérature, ça fait vraiment plaisir. » Un recueil de ses contrefaçons sortira en 2014. Et promis, elle ne tirera pas la couverture à elle. ALEXANDRE MENDEL [email protected] ◗ (1) La Panacée : 14, rue de l’Ecole-de-Pharmacie, à Montpellier. De 10 heures à 18 heures. 3 CINÉMAS FORUM 3, rue Poise, ✆ 08 92 68 86 30. Turbo. Auj. : 13 h 55, 16 h. 3D : 18 h 05, 20 h 05, 22 h 05. Eyjafjallajökull. Auj. : 18 h 15, 20 h 15, 22 h 15. Au bonheur des ogres. Auj. : 14 h, 16 h 15, 19 h 30, 21 h 35. L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Auj. : 14 h 15, 16 h 35. 3D : 19 h 30, 22 h. Planes. Auj. : 14 h 15, 16 h 15. KINEPOLIS Mas des Abeilles ✆ 0 892 688 630. 2 guns. Auj. : 22 h 30. 9 mois ferme. Auj. : 14 h, 15 h 55, 20 h, 22 h 20. Au bonheur des ogres. Auj. : 13 h 45, 15 h 50, 20 h 20, 22 h 25. Blue Jasmine. Auj. : 14 h 15. C’est la fin. Auj. : 18 h. Diana. Auj. : 13 h 50. Insidious. (12 ans). Auj. : 15 h 45, 20 h 15, 22 h 30. La confrérie des larmes. Auj. : 18 h. La vie d’Adèle. (12 ans). Auj. : 14 h, 16 h 15, 20 h 30, 21 h 45. Le marjordome. Auj. : 13 h 50, 16 h 45, 19 h 45. Eyjafallajökull. Auj. : 13 h 50, 16 h, 18 h 05, 20 h, 22 h 30. L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Auj. : 16 h 45. 3D : 14 h 15, 19 h 45, 22 h 30. Planes. Auj. : 14 h, 16 h, 18 h 05. 3D : 13 h 50, 20 h 20. Players. Auj. : 16 h 45, 19 h 30. Prisoners. (12 ans). Auj. : 14 h, 17 h, 20 h 30, 22 h 10. Riddick. (12 ans). Auj. : 22 h 30. Sur le chemin de l’école. Auj. : 14 h. Turbo. 13 h 45, 17 h 15. 3D : 15 h 55, 18 h 10, 20 h 15, 22 h 20. SÉMAPHORE 25, rue Porte-de-France ✆ 04 66 67 83 11. Gabrielle. Auj. : 15 h 40, 22 h . Omar. Auj. : 13 h 45, 20 h 30. Salvo. Auj. : 16 h 05, 21 h 50. La vie d’Adèle. (12 ans). Auj. : 13 h 45, 17 h 15, 20 h 45. La danza de la realidad. Auj. : 21 h 40. Vandal. Auj. : 16 h 25, 22 h 15. La vie domestique. Auj. : 13 h 45, 20 h 10. Blue Jasmine. Auj. : 14 h, 19 h 50. Mon âme par toi guérie. Auj. : 17 h 20. The way. Auj. : 17 h 40. Ne m’oublie pas. Auj. : 20 h 15. Elle s’en va. Auj. : 18 h 10. Le majordome. Auj. : 18 h. Sémaphore junior Qui voilà. Auj. : 15 h 40. Koko le clown. Auj. : 16 h . Lettre à Momo. Auj. : 13 h 50. Loiret/Région FAITS DIVERS MONTARGIS Séquestrée, violée, torturée, la jeune fille doit la vie sauve à un passant HIER, À MONTARGIS. À gauche, la Maison de l’enfance, d’où avait fugué la jeune victime. À droite, le canal de Briare, dans lequel les trois suspects voulaient la noyer. (Photos : Gaël Bardin) ■ Une adolescente de 14 ans a vécu quarante-huit heures de cauchemar. Elle a été enfermée, violée, puis torturée. Son corps devait être jeté dans le canal de Briare. Un témoin a interrompu ce jeu macabre. Comme dans tous les calvaires, l’histoire est sordide, terrible, incompréhensible. La liste des préventions la rend encore plus innommable : séquestration, violences volontaires, viol accompagné d’actes de torture et de barbarie, et tentative d’assassinat. Les protagonistes sont tous de Montargis. Il s’agit de deux hommes de 19 ans et de deux filles, l’une de 13 ans et l’autre de 14 ans. C’est cette dernière qui, après avoir été enfermée dans un appartement, a été violée et torturée. Comment aurait-elle pu imaginer le martyre qu’elle allait subir ? La victime était accueillie au sein de la Maison de l’enfance de Montargis. Habituée des fugues, elle avait trouvé refuge chez un jeune homme de 19 ans, en compagnie d’une autre pensionnaire de la Maison de l’enfance, âgée, quant à elle, de 13 ans. En confiance — ils se connaissaient depuis assez longtemps —, elle s’installe, sans appréhension. Tout dérape, le 26 août. Ligotée et bâillonnée Une longue journée de cauchemar commence alors. La jeune fille est d’abord enfermée, privée de toute liberté. Sans doute pour un différend MEUNG-SUR-LOIRE Accident sur l’A 10 : une voiture sur le toit et un embouteillage L’accident a provoqué un embouteillage monstre. Hier, peu avant 18 heures, un véhicule circulant sur l’autoroute A 10, dans le sens Tours-Paris, s’est renversé sur le toit, près de la sortie de Meung-surLoire. Très vite, le peloton autoroutier de la gendarmerie et les pompiers se sont rendus sur place, au point kilométrique 101. Le véhicule, à bord duquel voyageaient quatre personnes, s’est couché sur la voie intermédiaire, provoquant plusieurs kilomètres de retenue et l’impatience des vacanciers qui revenaient de congés. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur aurait voulu éviter une voiture qui lui faisait une queue de poisson. Impressionnant, l’accident n’a fait que deux blessées légèrement touchées, des passagères transportées au centre hospitalier régional d’Orléans-La Source. La circulation a été rétablie vers 18 h 30 et est redevenue fluide vers 19 heures. A. Me. CHÂTEAUDUN (EURE-ET-LOIR) L’origine de l’incendie toujours pas déterminée La compagnie de gendarmerie de Châteaudun (Eure-et-Loir) poursuit ses auditions. Les enquêteurs veulent entendre toutes les personnes de l’entourage de Ginette Breton, une femme de 60 ans en grande détresse sociale, sous tutelle, décédée vendredi soir dans l’incendie de sa maison. L’origine de l’incendie n’a toujours pas été déterminée. Un expert incendie mandaté par la gendarmerie doit se rendre sur place. 6 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MARDI 31 AOÛT 2010 futile. Peut-être pour un vague contentieux d’argent, portant sur une somme dérisoire. L’enfer se poursuit dans la nuit du 27 au 28 août. L’autre jeune homme de 19 ans a rejoint son ami et l’adolescente de 13 ans. À trois, ils sont déchaînés et brutaux. Sans alcool et sans stupéfiants. La victime est violée dans un climat de sauvagerie inouïe. En plus du rapport sexuel forcé qu’elle subit, la jeune fille est littéralement torturée. Divers objets lui sont introduits dans le vagin et dans l’anus, dont un tournevis. Son amie de 13 ans assiste à ces scènes bestiales. Après en avoir fini avec la malheureuse, les trois envisagent de se débarrasser d’elle et lui atta- chent les mains, les pieds, et la bâillonnent. Un manteau la recouvre. Direction le canal de Briare, en voiture, où elle devait mourir. C’est là que la providence interrompt le supplice de l’adolescente. Un homme, présent au même endroit, à 2 heures du matin, observe la scène. Il intercepte l’un des deux jeunes. Tandis que l’autre prend la fuite. Prévenue, la police interpellera le fuyard. Aujourd’hui, la victime est hospitalisée. Les trois suspects devraient être mis en examen. Une expertise psychiatrique en dira plus sur leur personnalité. Les deux jeunes majeurs risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Tous sont des primodélinquants. Alexandre Mendel. La Maison de l’enfance et le conseil général gardent le silence Les deux jeunes filles, la complice des deux hommes de 19 ans et la victime, étaient hébergées à la Maison de l’enfance de Montargis. Cet endroit, qui dépend de la fondation « La Vie au grand air », dispose de dix-huit places. Il accueille les enfants en grande souffrance, souvent en conflit avec leurs parents et parfois victimes de violence. Contexte social difficile et fugues répétées semblent avoir jalonné le parcours des adolescentes. Joint hier, au téléphone, le directeur régional de « La Vie au grand air », Patrice Vermeulen, se refusait à tout commentaire : « Rien n’a été commis dans l’enceinte de la Maison. C’est tout ce que je peux dire. » Et renvoyait toute demande de réaction à JeanFrançois Kerr, directeur « Enfance-Famille » au conseil général du Loiret, en charge de la Maison. Le conseil général faisait savoir, dans la soirée, qu’il « n’avait aucune réaction à transmettre » sur cette affaire. MALESHERBES - PITHIVIERS - ORLÉANS Les auteurs des vols à l’étalage à l’Intermarché de Malesherbes arrêtés Quatre personnes ont été placées en garde à vue, le 16 août, par la gendarmerie de Pithiviers, et seront convoquées devant la justice, le 27 janvier 2011, pour des vols à l’étalage commis à l’Intermarché de Malesherbes, les 15 juillet et 12 août. Le 12 août, la gendarmerie avait été appelée pour un vol commis à l’Intermarché de Malesherbes. Le véhicule des suspects avait été repéré et malgré une course-poursuite avec les gendarmes, au cours de laquelle de nombreuses infractions au code de la route avaient été commises — « stop » non marqué ; la voiture pourchassée s’était engagée en sens interdit ; refus d’obtempérer aux forces de l’ordre ; mise en danger d’autrui ; etc. —, les « voleurs » avaient réussi à prendre la fuite. L’enquête, confiée à la brigade de Malesherbes, renforcée par le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Pithiviers et par la brigade de recherche de Pithiviers, a permis d’identifier les auteurs des faits. à leurs domiciles respectifs, par la compagnie de Pithiviers, ont été effectuées avec le renfort du commissariat de police d’Orléans et du PSIG d’Orléans. A. S.-T. Un homme, trois femmes Il s’agit d’un homme originaire d’Orléans, âgé de 59 ans, et de trois femmes (la première, 26 ans, de Fleury-les-Aubrais ; la deuxième, 27 ans, d’Orléans ; la troisième, 23 ans, de Saint-Jean-de-Braye). L’une d’elles avait réussi, le même jour, à commettre un autre délit, à la Halle aux vêtements de Pithiviers. Les quatre personnes interpellées ont été placées en garde à vue. Les perquisitions menées Retrouvez toute l’actualité de larep.com sur votre mobile : http://m.larep.com Le site des contrats en alternance en région Centre (apprentissage - professionnalisation) En quelques clics, retrouvez des offres et des demandes de tout secteur professionnel de la région Centre. Connectez-vous ! www.centre-alternance.fr fr 0 810 038 045 Loiret/Région FAITS DIVERS MONTARGIS Oguzhan Akisti, le héros qui a mis fin au calvaire d’une fille de 14 ans ■ Un jeune Turc de 29 ans, maçon de profession, est intervenu, dans la nuit de vendredi à samedi, pour empêcher l’assassinat d’une jeune fille qui venait d’être violée et torturée. Rencontre. Sa femme et ses amis n’étaient pas au courant, lorsque la police a révélé, hier, l’identité du héros qui a empêché l’assassinat de la jeune fille de 14 ans torturée et violée, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 août, à Montargis (notre précédente édition). À 29 ans, Oguzhan Akisti ne fanfaronne pas. Il en aurait le droit. « Je fais 1 mètre 86 pour 98 kilos. J’ai fait six ans de boxe thaï. » De quoi éloigner la canaille. Et la mettre hors d’état de nuire. Il est 2 heures du matin, samedi, au bord du canal de Briare. Oguzhan Akisti attend quelqu’un sur les marches de l’escalier qui mène au chemin de la Collerette. À quelque 20 mètres de là, au beau milieu des arbres, deux hommes frappent une silhouette. Au début, Oguzhan Akisti n’arrive pas à identifier le sexe de la victime. Les tortionnaires, qui portent des capuches, sont en train de lui mettre des coups de poing sur tout le corps. Ils lui couvrent la bouche avec du gros Scotch. « J’ai entendu une voix de fille. Elle disait : “Arrêtez, arrêtez.” J’ai demandé : “Mais qu’est-ce que vous faites ?”, ils ont couru dans ma direction. » Pour un paquet de cigarettes D’autres auraient pris la tangente. Pas Oguzhan Akisti. « J’en ai chopé un par le bras et je l’ai tenu à la gorge. » Le deuxième homme réussit à fuir. La jeune fille de 14 ans reste debout, les mains liées. Oguzhan Akisti lui enlève son bâillon, mal attaché. Et découvre une personne, en T-Shirt et jeans, « petite, de peut-être 1 mètre 50, salement amochée ». Elle a le nez et la bouche en sang, l’œil gauche gonflé. Elle ne pleure pas, comme étourdie par le calvaire qu’elle vient de subir. « Ça m’a choqué. » L’homme qu’il a réussi à arrêter — « et qui faisait la même taille que moi » — lui explique alors : « Elle me devait un paquet de clopes. » Soutenant la jeune fille d’un côté et empoignant l’homme de l’autre, il part au commissariat de police, distant d’une centaine de mètres seulement. « Quand elle est arrivée à la police, la fille voulait rentrer chez elle. Elle était sous le choc. » HÉRAULT Vingt-quatre pompiers du Loiret contre les incendies Le héros est également groggy. Opéré d’un kyste à la colonne vertébrale deux semaines auparavant, il saigne. Sa plaie s’est rouverte. À aucun instant, pourtant, ce Turc, aimé de tous, n’a hésité à intervenir. « Oz », ainsi que ses proches l’appellent, est « un mec droit, toujours raisonnable, jamais violent, qui arrête les conflits par sa force de persuasion », témoigne Arnaud Chenu, l’un de ses meilleurs amis. Et sa force physique ? « Il pourrait faire videur », lui qui est maçon, « mais il a une tête de gentil. D’ailleurs, quand tu le croises dans la rue, tu ne changes pas de trottoir », poursuit cet homme, patron du Physio Bluebox de Montargis, où venait se relaxer, au sauna, son ami. Se relaxer, accepter les félicitations, les récompenses et la gratitude d’admirateurs anonymes : une autre forme de tension, gratifiante et pesante, qui devrait s’exacerber cette semaine. Une information judiciaire a été ouverte contre les trois suspects. Les deux jeunes majeurs de 19 ans auraient été écroués à la maison d’arrêt d’Orléans. La jeune complice, âgée de 13 ans, a été placée dans un centre de détention pour personnes mineures, en région parisienne. Alexandre Mendel. HIER, À MONTARGIS. « Tout être humain aurait fait le même geste que moi. Je ne me suis pas posé de questions. Je suis intervenu. C’est comme ça que j’ai été élevé. » (Photo : Gaël Bardin) Jean-Pierre Door salue les bonnes statistiques Jean-Pierre Door, maire de Montargis et député UMP de la quatrième circonscription du Loiret, se dit « outré par le comportement des individus qui ont séquestré et violenté cette jeune fille ». L’élu souligne « le comportement exemplaire » du passant, « son geste citoyen et totalement responsable, qu’il faut saluer avec beaucoup de respect ». Et rajoute : « La lutte contre la délinquance de voie publique est en recul à Montargis. Les chiffres du mois de juillet font apparaître une baisse globale de 29 % par rapport à l’été 2009, avec une baisse significative du nombre de vols à la roulotte, de cambriolages et de vols d’automobiles. » Cambriolages, vols à la roulotte ? Quel rapport entre cette statistique et le viol, accompagné d’actes de barbarie, et la tentative d’assassinat, qu’a subis la jeune fille de 14 ans ? LOIRET Un génie de l’informatique de 15 ans interpellé pour avoir contrefait un site ■ Il n’a que 15 ans et a, avec un comparse, détourné 80.000 euros au détriment d’un site Internet, basé à Roubaix, dans le Nord. LUNDI, DANS L’HÉRAULT. Des personnes regardent les flammes des incendies qui coupent la RN 113 entre Mèze et Pézenas. (Photo : AFP) Les pompiers du Loiret sont partis en renfort pour lutter contre les flammes qui ravagent actuellement le nord du département de l’Hérault, à une dizaine de kilomètres seulement de la capitale du Languedoc-Roussillon, Montpellier. Au total, vingt-quatre pompiers, venus de différentes casernes du département, sont partis hier par la route. Quatre camions, un véhicule de commandement et un autre de ravitaillement composent cette colonne de renfort. Si le feu semble contenu, plusieurs villages de l’agglomération montpelliéraine restaient encore sous la menace directe des incendies de pinèdes, attisés par les vents. A. Me. Retrouvez toute l’actualité de larep.com sur votre mobile : http://m.larep.com En apparence, le jeu est un peu crétin. Il s’agit, dans un univers médiévalo-fantastique, de retrouver des dofus, des œufs de dragon aux pouvoirs magiques et à la valeur inestimable. Une espèce de mélange rutilant des univers de Tolkien, de Facebook (pour son côté désocialisant) et de World of Warcraft (pour son côté hypnotique). En apparence, seulement. Car, sur Internet, le jeu, baptisé, justement, « Dofus », attire jusqu’à 10.000 joueurs simultanément. 200.000 inscrits viennent y jouer en réseau sur Internet. Un petit génie de l’informatique de 15 ans, habitant dans le Loiret, a été arrêté, le 7 juin dernier. Son délit, avoir contrefait le site. Cerveau Nos confrères du quotidien régional « Nord Éclair » nous apprennent que le jeune du Loiret, qui agissait avec un autre comparse du même âge, habitant la région parisienne (et 4 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MERCREDI 1er SEPTEMBRE 2010 Le site « Dofus », fréquenté par des dizaines de milliers d’utilisateurs, est un jeu de rôle sur Internet. Sur cette capture d’écran, quelques personnages phares. arrêté le 24 août), était le cerveau de ce piratage. Les deux garçons ne se seraient d’ailleurs jamais rencontrés. Le site parallèle, apparemment en tout point conforme au site original, comprenait, par exemple, une boutique proposant des accessoires. Au total, et sur une période de six mois, les deux jeunes gens ont ainsi détourné 80.000 euros. Toujours selon « Nord Éclair », la société éditrice du site, Ankama Games, basée à Roubaix, dans le Nord, s’est aperçue qu’elle subissait une perte sérieuse d’utilisateurs depuis plusieurs mois et a déclenché l’alerte. C’est la section économique et financière de la police judiciaire de Lille qui a identifié les contrefacteurs et les a interpellés. Jointe hier au téléphone, la police judiciaire de Lille refusait de commenter « une affaire en cours d’instruction ». Et encore moins d’indiquer où et dans quelles conditions avait été arrêté le jeune du Loiret, « car des mineurs sont impliqués ». Tout ce que l’on sait, c’est qu’après avoir été placé en garde à vue, il a été relâché et remis à ses parents. Il risque une peine de cinq ans de prison et de 500.000 euros d’amende. Plus de six fois le montant des sommes détournées. A. Me. © Copyright Alexandre Mendel