Loiret

Transcription

Loiret
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Événement
ÉDITORIAL
Antoine Nouis
Désespérant
Il était un domaine dans lequel le gouvernement aurait pu marquer le quinquennat, c’est celui de la transition
énergétique dans la perspective de la
conférence Paris Climat 2015. Les décisions sont difficiles à prendre, mais
elles sont cruciales pour l’avenir. Au
regard du temps long de l’Histoire, c’est
probablement le sujet politique le plus
important car il met en jeu le monde
dans lequel vivront nos enfants.
Dans ce registre, à mi-mandat, le bilan
du gouvernement est particulièrement
décevant. En deux ans et demi, on en
est au troisième ministre de l’écologie, ce qui n’est pas le signe d’une
ligne politique ferme. Et une semaine
après avoir présenté la loi de transition
énergétique dont le président Hollande
disait que c’était l’un des textes « les
plus importants du quinquennat »,
le gouvernement a capitulé devant le
lobby des routiers en retirant son projet
d’écotaxe. Cette décision a en outre le
défaut de rendre la France un peu plus
ingouvernable car elle révèle un gouvernement faible, incapable de résister
à ceux qui ont un pouvoir de nuisance.
Depuis la semaine dernière, il a perdu
une grande part de sa crédibilité pour
imposer la moindre réforme un tant
soit peu courageuse.
Le transport routier est plus polluant,
plus dangereux et plus bruyant que
ses alternatives ferroviaire et fluviale.
L’idée de taxer la route pour favoriser
les infrastructures des autres moyens
de transport avait une logique suffisamment incontestable pour que la
loi instaurant les péages ait été votée à
une très large majorité de l’Assemblée
nationale en 2009.
C’était une loi intelligente qui avait
comme vertu d’aller dans le sens de la
transition énergétique en faisant évoluer progressivement les transports
de marchandises vers des supports
plus respectueux de l’environnement.
Renoncer à cette loi a un coût économique par rapport aux investissements
déjà engagés, mais aussi un coût politique sur la capacité du gouvernement
à mener une stratégie en faveur du climat. Au nom du principe de respect des
autorités que nous tirons des évangiles,
nous avons essayé de conserver un regard bienveillant sur le gouvernement,
mais cette dernière décision a un côté
profondément désespérant.•
réforme No 3580 • 16 octobre 2014
Société. Face au nombre croissant de départs pour la « guerre sainte », la France réfléchit
La prévention contre le
À
chaque jour, son nouveau
départ. À chaque média, sa
nouvelle histoire de course
folle vers le djihad. Et à
chaque fois, cette interrogation de la
part des pouvoirs publics : comment
empêcher que de jeunes Français
embrassent le radicalisme ? C’est peu
de dire que Christiane Taubira vient
de briser un tabou dans un pays laïc,
en proposant, le 3 octobre dernier, de
mettre en place des programmes de
désendoctrinement.
« La garde des Sceaux veut répondre
au désarroi de familles dont les enfants
partent pour la Syrie. Or, au niveau
européen, à la différence du RoyaumeUni ou des Pays-Bas, la France n’avait
qu’un modèle répressif à proposer. En
gros, pendant des années, seuls la police
et les renseignements surveillaient des
gens considérés comme potentiellement
dangereux », explique Francesco Ragazzi,
chercheur associé au Centre d’études et
de recherches internationales (Ceri). Ce
maître de conférences présentera, mercredi 22 octobre, à Sciences-Po Paris, un
rapport particulièrement instructif sur les
différents moyens de prévention mis en
place par les Britanniques et les Néerlandais. Des moyens dont, justement, voudrait s’inspirer la ministre de la Justice.
Des mentors tuteurs
Car en la matière, la France a pris
beaucoup de retard. « Depuis 2005, la
Grande-Bretagne a développé tout un
arsenal préventif. Notamment avec un
programme baptisé “Channel” et inspiré
par la lutte antibandes et antigang. Il
s’agit de nouer des partenariats entre la
police, les mairies et les communautés
(mosquées, associations musulmanes,
imams, travailleurs sociaux, etc.). Des
mentors, sortes de figures modèles pour
ces jeunes, servent de tuteurs. » Entre
2007 et 2010, 1 120 personnes ont été
recommandées pour le « Channel ».
Dispositif de prévention : un numéro Vert antidjihad est placardé à l’entrée des mosquées
quels figurent, évidemment, les imams
dits « modérés ». Comme Farid Darrouf,
qui dirige le culte de la grande mosquée
de Montpellier. Nommé l’année dernière,
en remplacement de son prédécesseur,
dont les prêches étaient jugés trop politiques, Farid Darrouf mise, lui, sur le message religieux. « Deux familles sont venues
me voir. Je leur ai expliqué ce que voulait
vraiment dire le mot djihad. Ça signifie
l’effort et non pas le combat. » Avec un
argument qui semble faire mouche : « Je
leur dis de faire le djihad sur eux-mêmes,
c’est-à-dire de réussir à
l’école, de le faire pour leur
famille, pour qu’ils soient
fiers d’eux. C’est un message qui passe plutôt bien. »
Un message qui passe
moins bien auprès du responsable de la
mosquée de Lunel, une ville qui compte
25 000 habitants, dont 4 000 musulmans,
située à 25 kilomètres à l’est de Montpellier. C’est là, dans son bureau, tout en précisant qu’il souhaite « rester anonyme »,
que cet homme de 39 ans, père de quatre
enfants, confie qu’on ne peut pas « interdire à un jeune de 18 ans de partir » et certainement pas en invoquant le danger :
« La dernière chose que les candidats au
départ craignent, c’est la mort. » Avant de
se reprendre, pas peu fier de son effet :
« On les a bien convaincus de
faire le mal, on peut bien les
convaincre d’y renoncer »
Parfois avec des loupés mémorables :
des étudiants propalestiniens ont été
dirigés vers ce système alors qu’ils ne
présentaient aucun danger.
On est loin du rare dispositif préventif
qui soit un peu médiatisé en France : un
numéro Vert antidjihad, placardé à l’entrée des mosquées (voir photo), incitant
les familles à appeler en cas de crainte
de départ. Car, aujourd’hui, en l’absence
de mécanique étatique, les mesures de
prévention sont surtout le fait des musulmans eux-mêmes. Au premier rang des-
« Disons que, confronté à cette situation,
je dirais à un jeune que, là-bas, ce n’est
pas sa guerre, qu’il ne connaît ni les coutumes, ni la langue du pays où il va. » Non
sans avoir auparavant fustigé les imams
trop proches du pouvoir, notamment le
très médiatique Hassen Chalghoumi, de
la mosquée de Drancy. Farid Darrouf,
lui aussi, est souvent jugé « trop républicain », ce qu’il revendique d’ailleurs :
« Heureusement que je suis l’ami de l’État !
Je dois être fier de défendre ce sol. »
Fragiles convertis
Toujours à Montpellier, dans une autre
mosquée, l’Union des musulmans de
l’Hérault (UMH) tient, depuis peu, des
réunions pour les convertis, une population considérée comme fragile : un
cinquième des 800 Français partis pour
la Syrie ne sont pas nés musulmans.
« On ne peut rien faire contre ceux qui
partent pour le djihad, dit Abdellah
Elabed, secrétaire général de l’UMH.
On n’est pas responsables. Et puis les
candidats au départ ne viennent pas
dans les mosquées ! » Lors de ces rencontres, qui attirent une vingtaine de
personnes, est distribué un petit livre
intitulé La modération islamique et ses
caractéristiques. Livre écrit par Yusuf alQaradawi, un frère musulman égyptien
Événement
réforme No 3580 • 16 octobre 2014
à un programme de désendoctrinement, inspiré notamment par la Grande-Bretagne.
djihad, une urgence
suicide en Israël… Son fascicule est d’ailleurs ponctué d’appels à faire la guerre
« aux sionistes ». Pas vraiment l’image de
la modération que soutient l’État.
Et pourtant on aurait tort de se couper
des responsables jugés radicaux, selon
Francesco Raggazi : « En Grande-Bretagne, les partenariats se font avec des
musulmans qui sont d’accord avec le gouvernement. Si on veut que ces partenariats
soient efficaces, il faut aussi se tourner vers
ceux avec qui nous n’avons pas l’habitude
de parler. Au nom du dialogue, on a eu
trop tendance à délégitimer toutes ces
voix. » Question de crédibilité.
© Alexandre Mendel
Remise en question
qui s’est fait notamment connaître pour
avoir défendu le recours aux attentats-
On aurait tort aussi de considérer,
comme Alexandre, un jeune converti,
originaire de Millau, qu’il n’y a que des
« paumés, souvent anciens revendeurs
de drogue » qui partent. « Le passage à
l’acte violent ou à la clandestinité, observe
encore Francesco Raggazi, est souvent
trop complexe pour n’être expliqué que
par des facteurs psychologiques de manipulation ou par des facteurs sociaux. » Le
choix de ces jihadistes serait rationnel :
« Ils veulent apporter de l’aide humanitaire, lutter contre les crimes du régime
d’Assad, ou sont tout simplement à la
recherche d’une aventure. Évidemment,
il y a aussi des personnes qui sont là
uniquement pour la violence : elles, elles
sont dangereuses. Mais tous ceux qui
reviennent ne sont pas forcément dange-
reux. » Au Danemark, le gouvernement
a même mis en place un vrai programme
de réhabilitation pour les gens de retour
de Syrie avec, notamment, un suivi
médical, psychologique et une aide à la
famille. Paradoxalement, leur séjour en
Syrie est souvent la meilleure façon de les
dégoûter de leur rêve de djihad.
« Cette idée de les désendoctriner n’est
pas mauvaise, on les a bien convaincus
de faire le mal, on peut bien les convaincre
d’y renoncer », se félicite Mehdi Bensalah, journaliste franco-algérien, vivant à
Bordeaux qui « en a marre de la stigmatisation ». Quelle efficacité et quel crédit
accorder à un tel projet ? « Je n’ai pas de
données sur l’efficacité d’un tel programme,
admet Francesco Raggazi. Mais si les Français veulent s’inspirer de ce qui existe déjà
en Europe, c’est que les Britanniques ont su
les convaincre que c’est efficace. »
Le plus dur à bâtir ne sera pas les structures. « Pour que ça fonctionne, il faut qu’il
y ait un fond politique. Les gouvernements
doivent avoir le courage de dresser la liste
de leurs hypocrisies. Dire par exemple
pourquoi on soutenait à un moment les
rebelles en Syrie et pourquoi on est engagé
maintenant dans une guerre contre certains de ces groupes rebelles. Ne pas parler de politique, c’est faire le jeu des radicaux », soutient Francesco Raggazi. Une
remise en question de la part de la France
qui demandera de l’audace.•
Alexandre Mendel
Aux prêches dans les mosquées qu’ils jugent trop « réformistes », ils préfèrent la caisse de résonance d’Internet. En septembre dernier, la Direction générale de la sécurité intérieure
(DGSI) a ainsi interpellé, à Montpellier, un homme de 35 ans qui
administrait une page Facebook où, selon une source proche du
dossier, il appelait à la guerre dans des termes virulents. Quarante-huit heures de garde à vue pour une page qui, à en croire
son avocat, Me Aurélien Robert, « ne présentait pas de danger
et ne contenait aucun appel au meurtre ». Comment ce père de
quatre enfants, bien inséré dans la société, a-t-il pu en arriver là ?
Comme souvent, des proches ont alerté les autorités, « de peur
qu’il finisse lui aussi par partir ». Car les recruteurs pour le djihad
font, comme tout service moderne de ressources humaines,
leurs emplettes sur la toile.
« Et encore, ce n’est pas sur Facebook qu’on voit les choses les plus
graves », constate Farid Darrouf, l’imam de la Grande Mosquée
de Montpellier, qui cite les vidéos de YouTube comme étant
les plus dangereuses. Le stock semble inépuisable. Meilleur
exemple : les interventions délirantes de Jean-Louis Denis, connu
sous le pseudo de « Jean-Louis le soumis », sont disponibles sur
le site de partage de vidéos et ont été vues par des milliers d’inter-
Entretien. Abdel Garbi, 51 ans, docteur
en informatique et aumônier musulman
de la prison de Montpellier.
« Il faut donner
confiance »
Comment vous apercevez-vous qu’un détenu est
un potentiel candidat au départ ?
Je ne suis pas là pour les repérer, ce n’est pas ma mission. Tous les vendredis, j’ai quelque cinquante détenus musulmans qui viennent au culte. Et franchement, ceux qui sont présents ne sont pas de futurs
djihadistes. En deux ans et demi, quatre personnes
sont venues me voir pour me poser des questions sur
le djihad. C’est un phénomène très nouveau. Auparavant, ces jeunes ne s’interrogeaient pas. Avec ce
qu’ils voient aux infos ou sur Internet, ils nourrissent
un sentiment d’injustice et de solidarité à l’égard des
victimes syriennes de Bachar al-Assad. L’attaque
au gaz de Kfar Zeita, en août 2013, a souvent été le
facteur déclenchant. Si la France était intervenue,
je pense qu’on n’aurait pas eu autant de départs.
Donc, vous ne pouvez pas aider ceux qui ne
viennent pas au culte du vendredi ?
On peut toujours faire quelque chose. J’ai demandé
au directeur de la prison de me signaler les gens qui
ont un comportement suspect. Certains sont déjà
incarcérés pour les risques de menace islamiste qu’ils
présentent. Et puis il y a les autres prisonniers, ceux
qui ont changé d’attitude : ils font du prosélytisme
auprès de leurs codétenus ou provoquent les gardiens en leur disant : « On va vous massacrer ! », en
n’oubliant pas de se référer à leur religion quand ils
les insultent. Je vais les voir individuellement dans
leur cellule. J’en ai rencontré une dizaine. Je remarque
qu’ils ont souvent un problème d’estime de soi. Ils ne
haïssent pas forcément l’Occident mais rejettent la
société : celle qui ne leur offre pas de perspectives.
correspondance de Montpellier
Sur le Net, l’impossible lutte
On les appelle les djihadistes du clavier. Amateurs des théories du complot, ces internautes
nourrissent, derrière leurs ordinateurs, une
haine viscérale de l’Occident et des juifs.
3
nautes francophones. Pourtant ce Bruxellois de 39 ans, converti
à l’islam, soupçonné d’avoir recruté une dizaine de volontaires
pour le djihad, fait l’objet d’une enquête du parquet antiterroriste belge. D’autres opus cartonnent : La trilogie à venir ou La
vérité sur l’État islamique (une apologie des « œuvres sociales »
[sic] du Daesh) ont été visionnées des dizaines de milliers de
fois. Ces vidéos, en français, toujours mieux montées, séduisent
même le public féminin. « Les filles voient des combattantes avec
des kalachnikovs, ça les impressionne », remarque, amer, Farid
Darrouf.
Contre-propagande
Le 8 octobre, à Luxembourg, les ministres européens de
l’Intérieur rencontraient les principaux patrons des géants de
l’Internet : Google (propriétaire de YouTube), Twitter et bien
sûr Facebook. Avec un objectif : lutter contre cette propagande.
En l’absence d’algorithme antidjihad, ces productions ne sont
pas près de s’arrêter. Facebook ou YouTube ferment régulièrement des comptes. Ils réapparaissent souvent quelques heures
après leur clôture.
Là aussi, la Grande-Bretagne est en avance. Le Research
information and communications unit (RICU) est une unité
dépendante du ministère de l’Intérieur et a pour but de proposer,
principalement sur les réseaux sociaux, une contre-propagande
faite par des professionnels et des bénévoles. Des méthodes
issues de la guerre froide remises au goût du jour.• A. M.
Pas facile de les aborder sans les braquer…
C’est un vrai problème. J’essaie d’adopter une position
qui inspire confiance. Je ne veux pas qu’ils s’imaginent que je travaille pour l’État ou que je suis un
délateur. Du coup, je ne cible pas le sujet. Je leur parle
du vrai message de l’islam. Leur connaissance du
Coran et de la religion est souvent infime. Je leur cite
un hadith qui dit qu’il est préférable d’avoir un tyran et
la paix qu’une rébellion et la guerre. Il faut rester avec
eux dans le domaine du spirituel et se mettre à leur
niveau. J’observe des changements : ils progressent.
Selon vous, qui est responsable de ce retard dans
la prévention ?
Tout le monde est responsable ! Oui, il y a de la stigmatisation contre les musulmans. Mais c’est aussi un
peu de notre faute. Les imams n’ont pas su s’adapter.
Certains prêches se font en arabe pour une population qui ne le parle pas, sans aborder les problèmes du
quotidien : le logement, le travail, la famille… Résultat,
les jeunes vont chercher leurs réponses sur Internet
au lieu de les avoir dans les mosquées. Il y a plein
de choses que l’État pourrait installer pour désendoctriner ces jeunes : un stage chez un aumônier
musulman ou chez un imam… Il y a aussi l’éducation.
Est-ce normal d’envoyer les enseignants les moins
aguerris dans des classes surchargées où les parents
de ces élèves ne parlent pas le français ? On devrait
s’inspirer du système finlandais en mettant le paquet
dès le primaire.•
Propos recueillis par A. M.
2
Événement
ÉDITORIAL
Antoine Nouis
Société
de confiance
Les analyses sur la première moitié du
mandat du président Hollande ont de
quoi déprimer les plus optimistes. Le
chef de l’État est encalminé dans les
sondages et les résultats de sa politique
économique se font attendre. Il est critiqué par l’opposition, ce qui fait partie
des règles du jeu ; mais il est aussi de
moins en moins soutenu par sa majorité qui se rétrécit de jour en jour, au
point que certains s’interrogent sur sa
capacité à terminer son mandat.
Il interviendra à la télévision jeudi et je
prends peu de risques en anticipant les
commentaires. Ses adversaires le trouveront fatigué, ambigu et peu convaincant alors que ses soutiens le jugeront
déterminé, décisif et droit dans ses
bottes de capitaine. Au-delà de ces
postures convenues, nous ne pouvons
que souhaiter que la seconde partie de
son mandat soit plus heureuse que la
première, pas pour la satisfaction du
gouvernement, mais pour notre pays
tout simplement.
Puisque nous sommes dans un journal
protestant, n’oublions pas qu’un des
apports de la Réforme est ce qu’Alain
Peyrefitte a appelé « la société de
confiance ». Une société solidaire repose sur la confiance entre un homme
et une femme, un médecin et un malade, un enseignant et ses élèves, un
entrepreneur et ses commanditaires,
un banquier et ses clients, un patron et
ses employés… entre un gouvernement
et un peuple. Le dynamisme d’un pays
repose sur la confiance que les différents acteurs se portent les uns aux
autres. Elle favorise l’affectio societatis, qui est la volonté des personnes de
s’associer pour une cause commune.
La confiance est un des domaines dans
lequel les Églises peuvent apporter
leur contribution. L’Église protestante unie a intitulé sa brochure de
présentation Choisir la confiance. La
confiance n’est pas sans lien avec la
grâce qui conduit à poser un regard
positif sur l’activité humaine. Elle ne
repose pas sur un optimisme aveugle
mais elle est une attitude spirituelle,
une exhortation. Au-delà de tout ce
qui nous déçoit dans la politique,
nous sommes appelés à la confiance,
au nom de notre foi, pour nous, notre
prochain et notre pays.•
réforme No 3583 • 6 novembre 2014
Reportage. De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les courants de pensée protesta
Ce barrage qui fédère
E
n guise de douane, un poste
de garde ouvre sur une route
défoncée. L’atmosphère est
détendue, presque à la victoire,
après la suspension sine die du projet
de barrage de Sivens. Les camions de
gendarmes mobiles viennent de partir.
Seul le bourdon sourd des pales d’un
hélicoptère dans le ciel rappelle la tension des semaines passées. On accorde
le passage aux médias pour de l’alcool
ou des cigarettes, on vérifie la carte de
presse.
Une formalité souriante et fraternelle
(« Franchement, j’aimerais mieux que tu
me tutoies »), sur ce chemin qui mène
à la Zone à défendre (Zad) où restent
encore mobilisées jusqu’à deux cents
personnes par jour. Il y a dix jours y
mourait Rémi Fraisse, un étudiant
âgé de 21 ans ; tragédie ouvrant le bal
médiatique. Qui « les gonfle ». Un peu
comme tout le reste : le gouvernement,
le fric, le pouvoir, la propriété privée, la
magouille. Tout y passe.
Deux check points plus loin, juste
après le parking délimité par du fil
de fer barbelé, où se côtoient vieilles
camionnettes diesel et vans hi-tech des
chaînes de télés, un homme prévient :
« Au fait, il faudra payer un montant
libre pour les photos. On vient de décider ça tout à l’heure. » Sorte d’impôt
révolutionnaire avant de faire valider
ses clichés en partant. « Il faut s’inspirer de la Corse ou de l’ETA », explique,
sans plaisanter, un jeune. La visite des
lieux se fait accompagné par un guide :
« Il ne faut pas écrire n’importe quoi. Ou
qu’on reconnaisse quiconque. Certains
sont sous contrôle judiciaire… Sinon, je
confisque ton appareil ! »
Contexte tendu
Bienvenue dans l’État dans l’État, ou
dans l’État contre l’État. Flower power
pour les uns – des jeunes femmes se promènent la poitrine nue et une vague odeur
de cannabis dissimule à peine les effluves
de pommes pourries dus au gaz lacrymo ;
treillis et rangers aux pieds pour les autres,
histoire de dire que tout ça, c’est un peu
une guérilla « mais en plus cool ».
nisation ». Camille : un pseudonyme
collectif, choisi lors des assemblées
générales (elles sont quotidiennes, en
plus des réunions « de travail ») « pour
dire qu’on parle tous d’une seule voix ».
Un prénom d’emprunt androgyne, un
masque sur les identités comme si
camoufler les visages – l’usage pendant les manifestations – n’était pas
suffisant. Méfiant : c’est
le mot pour ne pas dire
paranoïaque. Le matin
même, devant le conseil
général du Tarn, ce même
Camille, le visage enrubanné dans un chèche,
racontait au micro que « le
corps de Rémi était conservé par l’armée
pour favoriser sa décomposition afin de
disculper la gendarmerie… Bon, c’est ma
théorie ». Tant pis si l’autopsie accable
la gendarmerie, l’important étant de
démontrer que tout n’est qu’un gigan-
« C’est pas nous qui nous
radicalisons, c’est l’État,
c’est la police ! Le temps
des sit-in est fini »
« Je suis désolé. Mais on est devenus
très méfiants. Il y a des drones qui nous
photographient. Le contexte est tendu »,
se justifie Camille, qui dit avoir retenu
« les leçons de Notre-Dame-des-Landes,
notamment en ce qui concerne l’orga-
tesque trucage pour « servir l’intérêt des
puissants ».
Écologistes convaincus, anarchistes
plus ou moins crédibles (un jeune
lycéen prétendant « être anar » avouait
n’avoir trouvé, à Albi, qu’un drapeau
américain pour masquer son visage),
babas cool, ex-indignés, anciens anonymous, « antifas » parfois adeptes de
la violence : le mouvement agrège les
craintes et les espoirs d’un monde qui
est en train de leur échapper. De temps
en temps avec de l’humour : « M… ! La
juge vient de passer, elle m’a dit que je
n’avais rien à faire ici », lâche un punk
accroupi sur un trottoir pour écrire à la
craie des slogans contre Manuel Valls.
Il y a même dans cette communauté
très composite un jeune chrétien évangélique, qui se fait appeler Bobby (un
des rares à ne pas être un Camille),
étudiant en première année de droit à
Nancy, se définissant « comme un enfant
Événement
réforme No 3583 • 6 novembre 2014
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taires et toutes les revendications sont représentés à Sivens, dans le Tarn.
les contestataires
on m’a dit que c’était cool ici ! » Ce qui
lui plaît ? « Être loin des millionnaires
d’Orange County », la banlieue chic où
il vit, connue pour abriter Disneyland.
Et la violence dans tout ça ? « En
quelques mois, on est passé du plantage
de clous dans les arbres pour casser les
chaînes des tronçonneuses à des actions
plus déterminantes. Pas question de
se laisser faire », dit un autre Camille.
Les tags anarchistes dans Gaillac, à
quelques kilomètres de là, et quelques
vitrines brisées témoignent de cette
escalade. « Mais on a fait en sorte de
ne casser que les vitrines des banques »,
tempère un anarchiste qui en veut « à
mort à ceux qui détiennent le pouvoir et
non pas – notez-le bien – au petit boulanger ».
Le mouvement s’est radicalisé. Même
si personne n’aime l’adjectif « radical ».
« C’est pas nous qui nous radicalisons,
c’est l’État, c’est la police ! Le temps des
sit-in est fini », explique Thomas Fouillat,
l’un des seuls à accepter que l’on mette
son vrai nom. Cet ancien carrossier, ex-
pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, avoue « avoir essayé de faire tomber
un horodateur qui n’est qu’un symbole
du pouvoir ». Ce Haut-Savoyard de 26
ans, venu dans le Tarn au volant de sa
BMW, gagnait 3 000 euros par mois en
Suisse. Aujourd’hui, il refuse cette vie et
se dit « prêt à mourir s’il le faut », avec
l’assentiment, précise-t-il, de sa mère.
Un crucifix sur le bras
Il n’y a pas que les banques, à Gaillac, qui ont souffert. Le monument aux
morts a été souillé par les crachats et
l’urine. Les habitants n’ont pas compris
ce geste et se souviendront longtemps
de la manifestation en hommage à
Rémi Fraisse. L’une des figures du
mouvement contre le barrage, Roland
Fourcard, pion dans un lycée agricole,
vient de terminer une grève de la faim de
soixante jours. Quelque vingt kilos perdus après, ce « pacifiste qui croit au dialogue » ne condamne pas l’action. « Ces
jeunes ne l’ont pas fait contre les morts. Ils
l’ont fait pour le symbole. Contre l’État.
À chacun ses arguments. Les anarchistes
ne comprennent pas toujours ce qu’ils
font, c’est vrai. Moi, je leur dis que sans
police, ce serait le règne du fascisme. »
Avant de poursuivre : « Ils ont aussi le
sens du sacrifice. La foi, c’est bien ; mais
c’est mieux d’être engagé. Comme Jésus. »
Le dessin d’un crucifix orne son bras. Il
avait 20 ans quand il se l’est fait tatouer.
Il en a 57 aujourd’hui. « Mon idéal n’a
pas changé. C’est juste dans la continuité
de ma vie. Vous savez, il en a fallu des
lions pour bouffer des chrétiens avant
que le message de Jésus ne soit reconnu. »
À la Zad, on ne lèvera le camp que
lorsque le projet sera définitivement
enterré. « Vivre en communauté, c’est
déjà une cause », souffle Camille.
D’autres voix évoquent un climat ressemblant aux années 1930. Annonciateur de lendemains qui déchantent.
« Ah oui ? Ca commence quand ? », se
demande un des militants, en se roulant
une cigarette.•
Alexandre Mendel
envoyé spécial à Sivens
© Alexnandre Mendel
« Des initiatives sans lendemain »
de bonne famille préférant le message
de la Bible à celui de l’État ». C’est lui
– avec d’autres – qui a mis dehors, le
25 octobre, jour des affrontements
contre les CRS, une dizaine d’adeptes
d’Alain Soral et de jeunes identitaires :
« Leur message antisémite ne passe pas.
Il y a des limites à la récupération. On ne
veut pas de fachos. »
Opportunistes et anciens
Il y a aussi les opportunistes avec qui
les anciens composent : les « manifestants de la 25e heure, chacun en pense
ce qu’il veut », balance Gwen, en lutte
« depuis deux ans ». « Le flot est permanent. Il y a ceux qui partent et ceux
qui arrivent », lâche notre guide. Dans
ce lot, un Californien de 19 ans, Andy,
vient de débarquer. Fils de plombier, il
n’a pas l’air de trop saisir la problématique du barrage : « Je reviens d’Ozora,
un festival hippie en Hongrie. Là-bas,
À Sivens,
tous
les jeunes
se font appeler
Camille
Pour Claude Pennetier, chercheur au CNRS et
l’un des auteurs du livre Les anarchistes, dictionnaire biographique du mouvement libertaire
francophone (éd. de l’Atelier, 527 p., 52 €), les
contestataires actuels se situent dans le droitfil de mouvements traditionnels.
« Il me semble qu’à Sivens on peut identifier trois familles
de pensée : les libertaires, les féministes et les écologistes.
Le mouvement libertaire se divise lui-même en trois
groupes : la Fédération anarchiste, Alternative libertaire (plus
portée à l’action organisée) enfin la Confédération nationale
du Travail qui, comme son nom l’indique, peut être assimilée
à l’anarcho-syndicalisme. Sur le plan des idées, disons que
dans ce milieu l’emporte le désir de recréer des lieux de vie
proches de la nature.
Cela s’est traduit bien souvent par des pratiques artisanales
et l’attachement à l’alimentation végétarienne. Chez les libertaires, le courant végétarien s’articule autour de la protection des animaux mais aussi sur l’idée que le monde ouvrier
(ou populaire) travaille plus que nécessaire pour s’acheter
quelque chose qui ne lui est pas nécessaire – ce qui les conduit
à lutter aussi contre l’alcoolisme et le tabagisme.
On peut repérer une opposition forte, chez les anarchistes,
entre ceux qui sont favorables au progrès scientifique et
ceux qui le rejettent. Ceux-ci, disciples de Henri Zisly (18721945), sont en quête d’un état naturel qui rompe avec les
valeurs sociales dominantes et qui se traduit par un retrait
du monde.
Ceux-là veulent modérer les excès de la société urbaine
sans casser la dynamique du progrès technique. Ces débats
remontent aux années 1900 mais ils perdurent, même si tous
les militants n’en sont pas conscients. La sensibilité libertaire,
enfin, peut être associée à la désobéissance civile. On l’a déjà
remarqué, durant les années soixante-dix, au Larzac.
Les femmes qui s’impliquent sont les héritières des féministes des années soixante-dix. Elles revendiquent leur autonomie de décision, refusent toute forme d’autorité masculine.
Elles se réclament d’un art de vivre en dehors des règles classiques ; elles peuvent encourager la construction d’un habitat
très atypique – une yourte, une tente –, une autosuffisance
alimentaire et le refus de l’électricité produite par les centrales
nucléaires. Elles rejoignent en cela les écologistes.
Si les écologistes sont mieux organisés, appuyés par un encadrement politique solide, ils sont, pour cette raison même,
considérés avec méfiance par les autres.
Comme un service d’ordre
Il est indiscutable qu’une partie des « zadistes » (de Zone
à défendre) sont violents. La majorité des militants ne les
approuvent pas mais laissent faire parce que ces militants
radicaux protègent le lieu de vie, répliquent à la pression exercée par la police. Il faut en effet souligner que les forces de
l’ordre disposent d’un appareillage sans comparaison avec
celui dont elles se servaient autrefois.
Mieux protégés, mieux armés, les policiers d’aujourd’hui sont
presque déshumanisés et sont donc plus effrayants.
La majorité des contestataires s’abrite derrière les extrémistes.
Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, certains manifestants
m’on dit qu’ils n’approuvaient pas les actes de violence mais
reconnaissaient à leurs camarades une capacité à les défendre,
comme le ferait un service d’ordre, à susciter l’attention des
médias et donc à se rendre utiles.
Pour autant, je ne crois pas que la contestation née à Sivens
puisse connaître un prolongement sur le terrain politique. En
général, de telles aventures font surgir des initiatives originales,
mais sans lendemain.
D’ailleurs, les partis traditionnels – y compris d’extrême
gauche – se tiennent à distance et ne se pressent pas pour
les soutenir. »•
Propos recueillis par F. casadesus
Société
RÉFORME NO 3610 • 21 MAI 2015
5
FESTIVAL DE CANNES. En mai, la population des sans-abri double. La ville se tient avec fermeté à son arrêt antimendicité.
Derrière le strass, le stress des SDF
À
un jet de paillettes de la
Croisette, près du pittoresque
marché Forville, les mouettes
semblent revenir de chez
le coiffeur, les homards se tenir prêts
pour un maquillage à la mayonnaise,
tandis que, forte de 200 agents tirés à
quatre épingles et ceints de gilets pareballes, la police municipale patrouille.
Coquetterie parfois trompeuse d’une
ville qui accueille, jusqu’à dimanche
soir, 130 000 festivaliers. À l’écart du
bourdonnement des grosses cylindrées,
du tintement des flûtes de champagne,
Walter, la cinquantaine, rit jaune dans
son coin : une entrée de parking souterrain. Ce sans-abri, bien connu du
quartier, ose une blague, en polonais,
sa langue natale : « Policja, to milicja ! »
[« la police, c’est la milice ! », ndlr], tu
peux pas t’approcher de la Croisette ; on
te demande de partir. »
Cannes est en pleine promotion de son
« plan anti-incivisme » avec des mesures
fortes, voulues par le maire UMP David
Lisnard, élu en 2014. Des publicités
chocs fleurissent en ce moment un peu
partout à l’ombre des palmiers. Elles ont
été placardées au premier jour du festival : « 180 €, ça fait cher l’envie pressante », dit ainsi l’un de ces panneaux
représentant un homme en train d’uriner. Le tarif est le même si on jette un
mégot dans la rue, comme à Singapour.
Un arrêté antimendicité est en vigueur
depuis 2013 à certains endroits de cette
commune de 73 000 habitants, dont le
nombre de sans-abri passe de 400 à
© ALEXANDRE MENDEL
Plan « anti-incivisme »
vont devoir bouger », admet Christophe
Visentin, directeur du Samu social cannois. « La police me dit : “Dégage !” mais
je reviens toutes les deux heures », raconte
Nicolaï, tout en se servant, sous un soleil
de plomb, un verre d’eau. Ce Moldave de
52 ans fait la manche sur la Croisette en
compagnie de son petit chien Golgu et de
son chat Colina, ses deux compagnons
d’infortune tenus en laisse et au poil aussi
propre et lustré que des jantes de Ferrari.
Cannes dispose, hors période
de grand froid, d’un foyer
de 23 lits (dont 9 pour les
femmes), un lieu non signalé,
très souvent complet, dans
une rue assez sordide située
derrière la gare, à des annéeslumière de l’ambiance festive. Maurice, un Guinéen
de 16 ans, somnole devant
l’entrée que la lumière blafarde du guichet peine à éclairer. « C’est
quoi, le festival ? », se demande-t-il,
complètement perdu, la tête posée sur
un paquet de linge alors qu’il vient tout
juste de débarquer d’Italie.
«Notre ville est atypique,
anormale, pleine
de contrastes, avec
de gros écarts de revenus.
Mais on est aussi gentils
qu’ailleurs »
800 pendant le festival. « C’est un peu le
miroir aux alouettes pour certains marginaux venus des pays de l’Est ou du NordPas-de-Calais pour essayer de gagner de
l’argent », note Geneviève Vandini, présidente de la Croix-Rouge locale.
Beaucoup misent sur la générosité
supposée sinon fantasmée de festivaliers fortunés ou sur un boulot saisonnier, quand d’autres, plus malins, à
l’image de ce Sénégalais aperçu au seuil
du tapis rouge, font du business en vendant à la sauvette des perches à selfies
à des touristes ravis de la bonne affaire.
« C’est vrai, c’est un sujet délicat. Ces SDF
sont sous tension pendant le festival. En
maraude, je leur explique poliment qu’ils
Tolérance zéro
« C’est le plus mauvais moment pour
trouver un hébergement d’urgence. Même
l’hôtel le plus pourri est complet », observe
Christophe Visentin. Quelques heures
plus tôt, le Samu social a sauvé, à deux
pas de ce foyer sans nom, un SDF, victime
d’un malaise devant l’Olympia, un établissement aux fenêtres murées.
La municipalité se défend de stigmatiser une population en détresse.
Une attachée de presse nous suggère
d’ailleurs « d’éviter de tomber dans les
clichés », alors que Thierry Migoule,
directeur général des services (DGS),
défend les vertus sociales de la ville. Pas
question de donner l’image d’une station balnéaire bling-bling qui planque
les plus pauvres sous le tapis, pas question non plus de gâcher la fête. « Les
gens sont traités de la même façon sur
l’espace public : sans-abri ou milliardaires et ceci toute l’année », assure le
DGS. À ses yeux, Cannes n’est pas n’importe quelle ville : « On a une démarche
en matière d’attractivité et de qualité de
vie des habitants, c’est la cause municipale de ce mandat », dit-il en évoquant
la « théorie du carreau cassé et de la
tolérance zéro », mise en œuvre par
l’ancien maire de New York, Rudolph
Giuliani. Une politique qui avait fait
baisser la délinquance et transformé
Times Square, dont les mendiants et les
prostituées ont été relégués en périphérie, en haut lieu du tourisme.
Les commerçants sont favorables à ces
mesures. Rue d’Antibes, une artère très
commerçante, un vendeur de costumes
se lâche : « On n’en peut plus de tous ces
Roms ! » Le DGS, lui, n’oublie pas les
nuances lexicales, propres à une ville qui
avait voté à près de 70 % pour Nicolas Sarkozy en 2012 : « Cannes a une politique
d’assistance et non pas d’assistanat » ou
encore : « Attention, on ne dit plus SDF
mais SDS pour sans domicile stable. »
Et égrène, pour rassurer, les chiffres
un à un : « les 286 duvets », les 1 626
kits hygiène, les 5 725 repas » distribués
Nicolaï, Moldave
de 52 ans, fait la
manche avec son
chien et son chat
sur la Croisette
chaque année. Un bon point pour briser les idées reçues : la ville, jumelle de
Beverly Hills, respecte les seuils fixés
par la loi Solidarité et renouvellement
urbain. La qualité, voire le standing, des
logements sociaux est à la hauteur de
l’élégance de la cité.
Au sein des associations, on semble
approuver la fermeté de ces mesures.
« Les Polonais, les Bulgares ou les Biélorusses ont tendance à picoler sec. Ça peut
être une gêne dans ces lieux de prestige
quand on s’y promène », justifie la présidente de la Croix-Rouge.
Son homologue du Secours populaire, Martine Dalmasso, dit à peu
près la même chose : « Les caméras
du monde entier sont braquées sur la
Croisette. Même pour les Cannois, c’est
important… On n’a pas envie d’être sollicité par des gens qui veulent laver votre
pare-brise. » Avant d’ajouter : « Bon, je
ne vais pas critiquer la mairie. On a une
subvention. Et la ville finance nos locaux.
Ils n’y sont pas obligés. »
« Notre ville est atypique, elle est anormale, pleine de contrastes, avec de gros
écarts de revenus. Il y a ceux qui disposent
d’un immeuble qu’ils n’ouvrent que quinze
jours par an et ceux qui couchent dehors.
Mais on est aussi gentils qu’ailleurs »,
remarque encore Geneviève Vandini.
Le taux de pauvreté est de 18 %, davantage qu’à Paris (14 %), et à peu près équivalent à celui de La Rochelle, de taille
comparable.
Cannes la modeste : ce n’est pas de la
fiction.•
À CANNES, ALEXANDRE MENDEL
Pays de Lozère
Midi Libre midilibre.fr
DIMANCHE 21 OCTOBRE 2012
3
C2---
Important dispositif pour
retrouver la septuagénaire
Disparition l Toujours aucun résultat dans les recherches menées depuis maintenant trois jours
à Pied-de-Borne. La Gardoise était partie jeudi cueillir des champignons avec son neveu.
H
ors contexte, la scène
pourrait prêter à sourire.
« Vous savez pourquoi on
est là ? », demande le
commandant Stéphane Milonet,
par la fenêtre de son pick-up
4x4, à l’adresse de champignonneurs dont les coffres débordent, au-delà du raisonnable, de
cèpes. Car la gendarmerie n’est
pas venue, hier, à Pied-de-Borne,
pour dresser des contraventions
pour la cueillette abusive. Mais
pour retrouver Jeanne Delenne,
disparue depuis jeudi après-midi, sur le plateau du Roure. Cette
femme de 74 ans, habitant
Saint-Hilaire-de-Brethmas, une
commune près d’Alès, n’est jamais revenue sur le parking de
cet endroit bien connu des amateurs de cèpes. C’est son neveu,
un paysan de Prévenchères
d’une cinquantaine d’années, qui
a prévenu les forces de l’ordre.
Ils s’étaient séparés, chacun allant ramasser les bolets de son
côté.
« C’est aujourd’hui
ou jamais »
Commandant Milonet
Voilà donc trois longs jours que
cinquante pompiers et militaires
du département sillonnent mètre
carré après mètre carré les bois
du Devès de la Cham, une forêt
cernée par les falaises. À la tête
de cette opération, le capitaine
Salvador Perrone du groupement de gendarmerie de la Lozère. Plan IGN en mains, c’est lui
qui a délimité la zone à ratisser.
Le chef d’escadron Stéphane Milonet, venu de Mende, l’a rejoint
hier pour cette opération d’envergure. « C’est aujourd’hui ou jamais », confiait-il, « toujours optimiste ». Car il y avait encore des
raisons d’espérer : la présence de
LA DÉCEPTION
Malchance
■ Un hélicoptère équipé d’une caméra thermique a survolé la zone, hier matin. Sans résultat.
dizaines de promeneurs gardois
et lozériens, deux nuits dans une
atmosphère douce (les températures ne sont pas descendues en
dessous de 11˚ C) et le dispositif
mis en place conjointement avec
les pompiers.
Deux équipes cynophiles, l’une
de Mende, l’autre de Nîmes, ont
balayé le terrain dès 7 h 30. Sans
résultat. Et pour cause : Jeanne
Delenne était déjà venue la
veille, soit mercredi, ce qui a pu
fausser la piste prise par les
chiens, qui avaient reniflé des vêtements de la Gardoise. Deux
motards de l’Escadron départemental de sécurité routière, équipés de motos cross, ont, eux aussi, parcouru les pistes boueuses.
Tandis que des dizaines de pompiers et de militaires en treillis se
frayaient un chemin dans les
sous-bois détrempés. L’espoir renaissait vers 11 h avec l’arrivée
d’un hélicoptère, venu de Montpellier. Il avait survolé les lieux,
vendredi. Il est revenu hier, cette
fois-ci avec une caméra thermique. Même si, notait Jean-Marie
Fraysse, pompier chef de centre
de Villefort, « l’hypothèse que la
mort remonte à quarante-huit heures réduit les chances de retrouver
la disparue, la température du
Photos ALEXANDRE MENDEL
corps n’étant plus repérable ». Il a
bien fait un vol stationnaire, pendant dix minutes, suscitant à nouveau l’espoir du commandant
Stéphane Milonet. Qui se résignera peut-être à ce qu’il annonçait
hier : « arrêter les recherches dimanche soir ».
■ L’équipe cynophile de Nîmes a ratissé le secteur.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
■ Pompiers et militaires pour une action coordonnée.
FAITS DIVERS
Paulhac La voiture
volée retrouvée
Les gendarmes du
Malzieu-Ville ont interpellé,
hier après-midi à
Paulhac-en-Margeride, deux
personnes soupçonnées
d’avoir volé une Peugeot 205.
Ce véhicule avait été dérobé
à son propriétaire à
La Besseyre-Saint-Mary,
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15$'#*"%
en Haute-Loire.
Très vite, un dispositif de
barrage de gendarmerie a été
mis en place dans ce
département mais également
dans l’Ardèche et la Lozère.
Les deux suspects ont été
aperçus prenant la fuite
à travers les bois.
Signalés par des témoins,
ils ont été arrêtés par les
gendarmes.
Ils étaient, hier soir, encore
en garde à vue.
NOTÉ POUR VOUS
● STEVENSON L’association Sur le chemin de
Robert Louis Stevenson organise son assemblée générale
annuelle, mardi 13 novembre, à Saint-Jean-du-Gard.
Au programme de cette réunion : les actualités de
l’association, le bilan d’activité 2012 et les projets pour
2013.
La matinée sera consacrée à des visites culturelles, avec
notamment la découverte du musée des vallées cévenoles,
et l’après-midi, après un buffet pris en commun à l’espace
Paulhan, se déroulera l’assemblée générale proprement
dite, à partir de 14 heures.
Alors que la plupart des
champignonneurs perdus
cet automne ont été retrouvés dans
la journée ou les heures suivant le
signalement (trois d’entre eux sont
morts), le cas de Jeanne Delenne
peut nourrir de la déception. Cette
femme avait pour habitude
de cueillir les cèpes. Elle connaissait
le terrain, ne souffrait d’aucune
pathologie physique ou mentale,
telle que la maladie d’Alzheimer.
Comme beaucoup de promeneurs,
elle ne s’était pas munie d’une
boussole. Le signal de téléphonie
mobile passe pourtant... Mais elle
n’avait pas de portable sur elle.
Comble de malchance pour les
gendarmes et les pompiers, elle est
partie vêtue d’un pantalon militaire,
couleur kaki... Bref, une tenue
de camouflage. Il semblerait que
le neveu n’ait prévenu que 24 h
après la famille de la disparue.
Ainsi, le fils de Jeanne Delenne
n’a été mis au courant que vendredi.
Il avait fait la route, hier, de nuit,
depuis Lyon où il réside, pour
participer aux recherches aux côtés
de son père gardois. Ce dernier,
qui n’a jamais aimé aller ramasser
des champignons, était hier
sur le plateau du Roure.
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Pays de Lozère
C2---
FAITS DIVERS
Corniche des
Cévennes Une
blessée léger
dans un accident
Encore une glissade !
Cette fois, sur la corniche
des Cévennes, sur le territoire
de Moissac-Vallée-Française.
Une conductrice de 58 ans,
originaire de
Saint-Jean-du-Gard, a perdu
le contrôle de son véhicule
et a heurté la corniche, vers
13 h 30, hier. Légèrement
blessée à la cheville, elle a été
conduite par les pompiers au
centre hospitalier d’Alès.
Santé : stratégie
commune
■ Claude Causse, Alain Bertrand
et Jean Roujon.
Les maires de Mende et Marvejols et les présidents des
conseils de surveillance des
deux établissements de santé
se sont rencontrés ce vendredi 19 octobre, à Mende, à propos du centre hospitalier général de Mende, de la clinique du
Gévaudan et du centre hospitalier de Marvejols. Ils souhaitent travailler à la définition
d’une stratégie de santé publique et de santé pour le territoire lozérien, dans le but de
maintenir et de développer
l’offre de soins, sa continuité
et sa qualité en Lozère.
Cela conduira à un travail
préalable indispensable avec
l’ARS Languedoc-Roussillon,
le ministère de la Santé et
bien sûr la direction et les médecins des établissements.
L’objectif affiché par Jean
Roujon, Claude Causse et
Alain Bertrand est bien entendu le maintien et le développement de l’activité, des soins et
des emplois sur chacun des sites.
Midi Libre midilibre.fr
MARDI 23 OCTOBRE 2012
3
Malgré les renforts, Jeanne
Delenne reste introuvable
Pied-de-Borne l Ni les gardes mobiles, ni les gendarmes de haute montagne
supplémentaires n’auront été suffisants. Les recherches continuent aujourd’hui.
C
’était le quiproquo du jour. Un
couple de Clermont-Ferrand
venu à Pied-de-Borne demander des nouvelles de leur tante
Jeanne Delenne, disparue depuis jeudi sur le plateau du Roure ; vingt minutes de palabres pour découvrir qu’il
s’agissait d’une homonymie... L’affaire
a retenti au-delà du seul village. Si la
présence massive de forces de l’ordre
dans ce cadre montagnard et bucolique fait parler les habitants des villages alentour, les renforts d’hier ont secoué cette vallée d’habitude si paisible. Des bars aux épiceries, on ne cause plus que de ça.
Car de cinquante pompiers et gendarmes, les effectifs sont passés hier à
130, avec des renforts de gardes mobiles venus de Grasse et d’Orange, en
Paca, et la présence de gendarmes de
haute montagne d’Osséja, dans les Pyrénées-Orientales. Mètre par mètre,
c’est un triangle de 3 km2 qui a été
fouillé, sous les ordres du colonel Renard, chef du groupement de gendarmerie de Lozère. Ce dernier gardait encore espoir hier matin : « Il y a des cas
où une personne peut survivre pendant dix jours, sans manger, pourvu
qu’il y ait de l’eau. » Alors, voilà, le
ballet des 4X4, des motos, des militaires en pantalons de Kevlar a recommencé. Une nouvelle fois sans succès.
LE NEVEU
« Vous m’accusez ? »
Effectif abaissé aujourd’hui
Le tout, sous l’œil du neveu qui avait
accompagné
Jeanne
Delenne,
78 ans (*), aux champignons. Roland
Souchon est un solide paysan de
52 ans, qui possède 230 brebis et une
dizaine de vaches, au Ranc, un hameau sur le territoire de Prévenchères, ainsi qu’une exploitation rachetée
il y a deux ans au Bleymard. C’est lui
qui a - un peu tardivement (lire
ci-contre) - prévenu les pompiers de
la disparition de la sœur de son père.
Ils s’étaient séparés pendant une heure et demie sur ce chemin que, l’un
comme l’autre, ils connaissaient bien.
Vendredi, il a été entendu pendant
quatre heures par les gendarmes de
Villefort. Son étable, sa maison et son
pick-up tout-terrain ont été fouillés.
Photos A. MENDEL
Une procédure on ne peut plus classique. Hier, le préfet, Philippe Vignes,
est venu sur place. On pensait qu’il
mettrait fin aux recherches. Elles
continueront aujourd’hui. Avec un effectif abaissé à cinquante gendarmes
et pompiers. Le représentant de l’État
refuse de parler de journée de la dernière chance et préfère évoquer « une
course contre la montre ». Jeanne Delenne, elle, n’en portait pas à son poignet quand elle a disparu.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
◗ (*) Nous avions écrit qu’elle avait 74 ans.
Ce n’est qu’hier qu’on a appris qu’elle
en avait 78.
■ Le colonel Renard est resté en liaison permanente avec Philippe Vignes, le préfet.
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F%>H SMH22HM'H74H47
NOTÉ POUR VOUS
'-*.- ()$ -*"%&#-!
● CAUE Dans le cadre de son partenariat avec
les associations du patrimoine du département, le CAUE
(Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement)
poursuit l’organisation de journées thématiques.
Ainsi, en partenariat avec Maisons paysannes de France
(MPF), délégation Lozère, une journée sur le thème
de l’arbre dans son environnement bâti, son entretien,
son utilité est proposée le samedi 27 octobre, au château
de Fournels.
Au programme, accueil à partir de 9 h 30 ; à 10 heures,
découverte du château, balade commentée par Thomas
Malige, spécialiste de la taille raisonnée, point
règlementaire en matière de plantation des arbres avec
le CRPF ; à 14 heures, démonstration de taille raisonnée,
projection en salle de documentaires sur l’utilisation
des déchets de taille et projection du film de Jean Giono
L’Homme qui plantait des arbres.
Cette journée est ouverte à tous, sans inscription. Prévoir
le pique-nique tiré du sac pour midi.
CAUE Lozère : 04 66 49 06 55 ; MPF : 04 66 42 98 76.
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,/+ +++ ! F0$&+ 5*&B+ 7*::$ $9<"8D
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● AÏD AL ADHA Pour la fête de l’Aïd al Adha,
la boucherie sera ouverte pour la réception des moutons
à l’abattoir d’Antrenas, le jeudi 25 octobre de 16 heures
à 18 heures. Il n’y aura pas de livraison possible le vendredi
matin. L’enlèvement des carcasses aura lieu le vendredi
après-midi à partir de 14 heures.
Le coût de l’abattage est fixé à 1,30 € par kilo carcasse
(paiement comptant).
■ Environ 130 militaires et pompiers ont, de nouveau, sillonné la zone.
On le décrit solitaire, un peu rustique.
Il a beau avoir l’air aussi solide que
le bois des sapins de la vallée, Roland
Souchon a pleuré à la gendarmerie de
Villefort. «Vous m’accusez alors !»,
leur a-t-il dit. Depuis, il dort mal. «En
plus, je me suis fait opérer de la main
l’année dernière... » Et l’homme, que
sa tante visitait chaque année à la
saison des champignons, d’avouer
« avoir commis une bêtise ». Car
plutôt que d’attendre sa tante, il est
parti vendre à Chasseradès sa collecte
de cèpes : 5 kilos pour 25 €. Au bas
mot, 45 minutes aller-retour avant de
revenir sur les lieux « et tourner avec
le 4x4 en klaxonnant». Avant
d’appeler les pompiers trois heures
après la disparition de celle que le
village surnomme « la tata ». C’est dire
si cet homme que tout le monde a déjà
aperçu mais que personne ne connaît
était lié à Jeanne Delenne. «Elle était
gentille, elle me faisait le manger
quand elle venait » (d’Alès, d’où elle
est originaire, NDLR). Dans cette
maison de Chasseradès qui fournit
une coopérative de champignons, on
se souvient avoir vu Roland Souchon,
ce soir-là. « Il n’avait pas l’air inquiet »,
dit-on. Aujourd’hui, le principal
intéressé, souffle, las : « C’est moi
qu’ai toutes les emm...»
L$ 0;,*$< @$8 0"&@*+*"&8 @$ 5$&+$ J$9+ O+<$ 0"&89:+# ;9 B<$//$ @9 >9B$ @$ :)$'#09+*"& @9 +<*!9&;: @$
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Région
MARDI 13 AOÛT 2013 ❘ midilibre.fr ❘
M1---
■ France
■ Société
■ Monde
■ Bourse
Le Sud, nouvel eldorado du X
Enquête ❘ Les castings d’actrices porno amatrices sont en plein boom. Pour alimenter le net.
CHAUD DEVANT
600
C’est le coût, en euros, de ces
scènes, qui peuvent durer jusqu’à
45 minutes. Petit calcul : sachant
qu’une actrice amatrice et un cadreur
sont payés jusqu’à 300 €, il faut
environ 500 à 600 € pour un petit
film. Plutôt rentable ! La dernière
production, tournée à Rodez, a été
déjà visionnée 1 million de fois. Les
acteurs amateurs, eux, ne sont pas
rémunérés. Il est facile d’en trouver.
Menteuse!
■ Kalista Carra, une ex-gogo danseuse belge, vient de s’installer à Sète pour faire ses films. Quant à M. Rex, une figure de Montpellier, il a déjà “casté” 40 femmes.
S
es pointes d’accent belge trahissent encore la fraîcheur de
son intégration sur une bande
du littoral languedocien baignée par le soleil et l’absence de complexe. Où la concurrence, en matière
de porno amateur, est rude. À
34 ans, Kalista Carra y croit. Pur produit wallon d’un milieu où, si l’on
s’embrasse goulûment, on ne se fait
pas de cadeau, cette actrice a quitté
en octobre 2012, avec son ex-pompier de mari, les briques rouges de
son plat pays pour le sable chaud de
Sète.
Avec l’espoir d’être - au moins - l’égale des rois languedociens du genre :
les pionniers de la VHS, Lætitia et
Papy Salaud. Mais également d’anciens, comme M. Rex, véritable figure montpelliéraine du milieu du
sexe, qui se lance derrière la caméra,
et avec l’artillerie lourde, dans le
film X.
« L’équivalent de dix
heures de ménage »
Jazmine, actrice amatrice
Il n’y a qu’à comparer les résultats
dans les principaux moteurs de recherche spécialisés dans les films coquins : à taille équivalente, Montpellier est cité sept à dix fois plus que
des agglomérations équivalentes
(Rouen, Grenoble, etc.). Un eldorado ! Elles s’appellent Aurélie, Dixie,
Lorie, Lola…
Toutes ces amatrices sont originaires de la région, le plus souvent de
Montpellier, et le disent ouvertement dans leurs petits films d’une
quinzaine de minutes.
Aucune ne devrait recevoir de Palme
d’Or. « L’époque où les filles devenaient des stars est révolue. Maintenant M. et Mme Tout-le-Monde tour-
nent leur vidéo », reconnaît Kalista,
qui commence ses premières productions maison sur le sable, si mouvant
en été, du Cap d’Agde.
Marraine du Tantra, une boîte échangiste de la cité naturiste, elle part
équipée d’une caméra prêtée par un
Biterrois sur les plages du coin. En
prime, le généreux prêteur joue les
acteurs dans les films de Kalista. Des
productions qui seront disponibles,
courant septembre, sur le site internet de l’actrice. Le projet de la Sétoise est bien avancé : elle compte déjà
6 000 fans sur sa page Facebook,
« dont certains, dit-elle avec fierté,
sont Chinois ou Américains ». Et
veut être un peu plus qu’une étoile filante dans un ciel rempli de comètes pas très pros : « Il y en a qui
sont mauvais. Entre ceux qui ont
des problèmes d’érection et les filles
qui fouettent mal ! »
L’ex-gogo danseuse réfléchit à des
scènes, « dans des films davantage
scénarisés », sur des « beaux
coins de plages, du côté de Perpignan, où on va avec mon mari »,
loin des champs de maïs des environs de Mons, en Belgique. Preuve
« Le profil, c’est plutôt
la trentenaire »
M. Rex, producteur
Pas vraiment le profil d’une nymphomane même si elle admet que cette
expérience n’avait pas que des motifs financiers : « Franchement, l’acteur, il faisait bien l’amour. Et
puis, ça excite mon concubin ! » En
deux heures de tournage, elle s’est
liée d’amitié avec cet acteur, un Parisien : « Il était si gentil. On a dîné
après le film. Il a dormi chez nous
avant de reprendre un TGV pour la
capitale. » Ambiance familiale !
Des contrats de droit à l’image
« Faut être nickel avec la loi ! Si on
a un contrôle, il faut tout prévoir »,
explique Kalista. Comme elle,
M. Rex fera signer des contrats
de droit à l’image. Midi Libre s’est
procuré un contrat d’une société de
production parisienne. Ce texte,
qui précise qu’il ne vaut pas contrat
de travail, prévoit l’utilisation de
l’image de l’actrice sur tous
supports, « papier, numérique,
Un milieu très surveillé
Tous les professionnels le reconnaissent : le nombre important de prostituées dans la
région sert aussi à des réalisateurs peu scrupuleux pour
remplir des castings toujours
plus nombreux, pression des
producteurs oblige.
C’est ainsi qu’ils vont chercher des modèles sur le site internet Vivastreet, une société
britannique qui propose – notamment – des annonces, en li-
de son adaptation, « la nourriture
méditerranéenne » a délesté sa silhouette de 16 kilos.
Loin du standard glamour des productions sur pellicules des années
1980, Jazmine, une aide à domicile
de Lattes d’1 m 62 pour 78 kilos (précise sa fiche d’actrice) a attendu
l’âge de 46 ans pour faire, cette année, un premier essai. Avec des motifs économiques : « C’est payé
300 € la scène de deux heures. Ça
fait l’équivalent de dix heures de travail. J’ai besoin d’argent. »
gne, d’escorts. Un univers très
surveillé par la police.
« Aucun problème à cela, souligne une source judiciaire.
Après tout, au moment de
tourner, elles ne sont pas embauchées comme des prostituées mais comme des modèles. » Les internautes s’échangent sur des sites spécialisés
ces adresses où il est possible
de transformer, contre argent,
le rêve vidéo d’un soir en expérience en chair et en os.
bois, plastique », pour une durée de
dix ans. Plus curieusement, il stipule
aussi que l’actrice « déclare avoir
personnellement pris conscience
des risques encourus du fait des
MST et décharge la production de
toutes les responsabilités
concernant ces maladies ». Au cas
où le modèle aurait l’idée de
demander des dommages
et intérêts...
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Photos F. VALENTIN
Et pur délire, parfois. Comme en témoigne David (un prénom d’emprunt), le principal cadreur et monteur de pornos dans la région - il en
tourne jusqu’à cinq par mois. Ce Nîmois qui, petit, voulait photographier des papillons, vient filmer les
ébats de ces inconnues parce que
son autre passion, « c’est le sexe ». Il
fait le parallèle avec la téléréalité :
« Les nanas veulent faire le buzz.
Quitte à tourner dans un film hard.
C’est une génération formatée à
ça. » Quant à choisir des extérieurs
reconnaissables (paysages du cru,
bâtiments du coin), « c’est parce que
le consommateur veut pouvoir
s’identifier avec la fille de son département ». Le “pornonaute” est un
amateur de terroir. Comme l’a bien
compris M. Rex.
Des flyers distribués à la plage
À 48 ans, et alors qu’il s’apprête à
ouvrir à Montpellier un sauna échangiste, ce sympathique chef d’entreprise diversifie ses activités. Il a déjà publié un paquet d’annonces sur le web
pour recruter des actrices et distribue des flyers aux couleurs de sa société “Rexprod” aux abords des plages et des boîtes de nuit. En trois
mois, déjà quarante filles “castées”.
« Des étudiantes, il y en a. Mais le
profil, c’est plutôt la trentenaire. Elle veut faire un peu d’argent (250 €
la scène, NDLR). Elle veut aussi se
lancer un défi. »
Défi que ces amatrices trouveront
dans un filon original que M. Rex
veut élargir, celui du porno bisexuel.
« C’est tendance et personne n’a exploité ce créneau. » Ses premiers
films devraient être diffusés au début de l’automne. Une façon comme
une autre de prolonger l’été.
DOSSIER : ALEXANDRE MENDEL
Dans un film récemment mis en ligne
sur le site de porno amateur “Jacquie
et Michel”, Alexia dit travailler à
l’accueil de la piscine Amphitrite
de Saint-Jean-de-Védas, en banlieue
de Montpellier, gérée par l’Agglo. On
reconnaît d’ailleurs les extérieurs du
bâtiment où une scène a été tournée.
« Ça fait quelques mois que je
travaille ici. Je suis réceptionniste ! »,
raconte-t-elle. Rien de tout cela n’est
vrai et l’Agglo ne compte pas dans
ses rangs d’actrice amatrice... Mais le
modèle en rajoute une couche dans
une deuxième vidéo et demande aux
internautes de cesser de venir à la
piscine lui apporter fleurs ou
cadeaux...
TRAGÉDIES
Glauque
Elle n’avait que 15 ans en 2003,
était impressionnable. En vacances
en Espagne, il régnait une ambiance
libérée dans cette villa où cette
adolescente était invitée. La jeune
Montpelliéraine s’était alors laissée
convaincre de tourner un film.
Quelques années plus tard, des amies
la reconnaissent sur internet. Elle
porte plainte. Le “réalisateur” n’a
pas encore été interpellé. Mais le film
a récemment disparu de la toile.
Vengeances
Cette Lunelloise est inscrite sur
un annuaire d’actrices et de modèles
pornos amateurs de la région.
Contactée au téléphone, elle nie faire
ce genre de films : « Mon ex-mari
utilise mes photos de moi dénudée
pour se venger ! Il me fait passer pour
une actrice. » Une histoire presque
similaire a eu lieu récemment dans
une grande ville de l’Hérault. Un
homme a diffusé la sextape de ses
ébats avec son épouse... Depuis,
cette femme a tout perdu : réputation,
emploi, espoir.
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Orléans
Rédaction : 31, rue de la République - 45000 Orléans - Tél. 02.38.78.73.34 - E-mail : [email protected]/Publicité et petites annonces : Alliance-Media. Tél. 02.38.78.73.22 ou 23
On en parle
La ferme s’invite
place du Martroi
Le 29 août verra la 18e édition
de l’opération. (Archives)
La campagne sur le pavé de la
place du Martroi, ce sera le
dimanche 29 août, de 9 à
18 heures, à l’initiative des Jeunes agriculteurs du Loiret, qui
proposeront au public citadin
de « vivre au rythme de la
ferme », le temps d’une journée, entre dégustations de produits du terroir et animations
diverses.
Au menu de la dix-huitième
édition de cette opération :
traite à l’ancienne sur une
vache gonflable ; essaim
d’abeilles et sa reine dans une
ruche vitrée ; fabrication (et
dégustation) de boudin noir
avec jus de pommes ; transformation des grains de blé en
farine ; course de tracteurs à
pédales ; promenades à dos
de poney... Que demande le
peuple ?
S. D.
EXPRESS
Les roses à la fête
Tapage au pied du mur de la prison
■ Les proches
des détenus se servent
des alentours
de la maison d’arrêt
pour communiquer.
Souvent bruyamment.
Une situation qui agace
les riverains. Malgré
les patrouilles de police.
Le son et lumière n’étonne
plus
personne.
Nadia
— « Appelez-moi comme ça
ou n’importe comment, je
m’en fous » — s’exerce à un
petit rituel nocturne : arrivée,
en pétarade, dans une
camionnette hors d’âge,
enfilage d’un gilet jaune de
sécurité, phares (dont un quasiment crevé) braqués sur
elle, comme à l’Olympia.
Avec la tenue et la gestuelle
d’un officier d’appontage,
cette femme de 39 ans s’égosille en direction de la prison
: « Il a la diarrhée, a dit le toubib ! » Venant d’une des fenêtres de la maison d’arrêt, la
voix de son « mec » lui
demande juste « des nouvelles du bébé ». Acclamation
des codétenus et moqueries
des voisins de cellule : « Qu’il
aille donc aux ch… ! »
Nadia part. Une coucheculotte jonche le sol du parking de la rue Charles-d’Orléans. Exactement comme
l’anecdote qu’avait racontée
un riverain, lors de l’assemblée générale du conseil de
quartier Gare-Pasteur-SaintVincent, le 1er juillet. En soirée, et jusque dans la nuit, on
y vient hurler sa vie et ses
frustrations, langer le petit
VENDREDI,
EN FACE
DE LA MAISON
D’ARRÊT.
Portières de
leurs voitures
ouvertes
et sono
en marche,
des jeunes
distraient
quelques
détenus,
au ras du mur
d’enceinte.
(Photos :
D. B.)
dernier, faire de la musique,
amuser les copains. Quand
ce n’est pas carrément pour y
tourner un film. « Parloir sauvage - Teuchiland en prison Orléans »
a
été
vu
59.000 fois sur « YouTube »*. On y fait rugir les
« wesh-wesh »
(« Alors,
quoi ? », « Ça va bien ? », en
argot des cités) et le rap à
fond.
Ces scènes, Teddy Legendre,
Le 9 septembre, la municipalité organise son concours
international de roses à la roseraie du jardin des plantes.
Comme chaque année, la tradition horticole est ainsi mise à
l’honneur. Pour la 52e édition
de ce concours renommé, c’est
Pierre-Alexandre Risser, paysagiste, journaliste et écrivain
qui sera l’invité officiel et président du jury. Avec plus de cinquante variétés présentées et
six pays participants.
« Un véritable
colis de Noël »
BILLET
Oh la vache !
U
ne journée à la ferme
est prévue place du
Martroi, le 29 août à
Orléans. Et parmi les animations annoncées, les organisateurs proposent notamment une « traite à l’ancienne sur une vache gonflable ». Faut pas manquer
d’air !
Labourage et pâturage ne
sont plus les deux mamelles
de la France. La filière du lait
s’essouffle. Vache gonflable
ou pas. C’est si vrai que les
producteurs, pour se faire
entendre du grand public,
ont investi des hypermarchés du Loiret. Pour crier
qu’ils ne veulent pas crever.
Vache gonflable ou pas.
P.R.
les voit depuis sa fenêtre.
« Ça va de la fille qui se fait siffler au dealer qui dit “ gérer
l’affaire ” », raconte, au téléphone, ce facteur de 28 ans,
pour qui la solution de
confort est le triple vitrage.
« Tenez, vous entendez ? Ils
s’amusent ! » Des crissements
de pneus retentissent dans le
combiné.
Il y a quelques années, révèle
le concierge d’un immeuble
de la rue Daniel-Jousse, « certains venaient sur la terrasse
du bâtiment ». Ils profitaient
d’un accès, grâce à la complicité « d’une traîne-savate
qu’ils connaissaient et qui
habitait au cinquième étage ».
Il y a une dizaine de jours, une chaussette contenant un téléphone
portable, un chargeur et de la drogue a atterri dans la prison.
« D’une gentillesse extrême, le
directeur de la prison n’est pas
du genre à se faire un ulcère »,
dénonce Aymeric Regneau,
surveillant pénitentiaire et
secrétaire local du syndicat
Ufap-Unsa qui ne se fait pas
d’illusions sur l’attitude des
détenus. « Leurs droits, ils les
connaissent bien. Leurs
devoirs, un peu moins. » Il y a
une dizaine de jours, il est
allé récupérer « un véritable
Conversations autorisées contre parloirs sauvages
Chaque semaine, un prévenu
a le droit à trois visites de
30 minutes dans un box
aménagé. Contre une visite
de 30 minutes par semaine
pour un condamné. Avec
une différence : les
condamnés ont accès à la
cabine téléphonique de la
prison. Me Jérôme Castelli,
pénaliste du barreau
d’Orléans, pointe une
difficulté pour les détentions
provisoires : « Entre son
incarcération et le moment de
voir sa famille, les détenus
peuvent attendre d’un à deux
mois, or c’est au début qu’ils
ont le plus besoin de voir leurs
proches. » Le juge
d’instruction peut ne pas
répondre le premier mois à
une demande de visite. Passé
ce délai, l’avocat est en droit
de saisir la chambre de
l’instruction qui doit rendre
une décision motivée sur le
refus.
L’Espoir, une association
(dont le toit, auparavant plat,
servait à des parloirs
sauvages) qui s’occupe des
familles des prisonniers, tient
une sorte de permanence
téléphonique sur l’antenne
de RCF (91.2 FM), tous les
dimanches, entre 11 h 30 et
13 heures. De sa cellule, le
détenu écoute les messages
de ses proches. Environ
70 appels dominicaux sont
ainsi adressés à la station.
colis de Noël » sur le parking
à vélos du personnel de la
maison d’arrêt, une chaussette balancée depuis l’extérieur qui contenait un téléphone portable, un chargeur
et de la drogue. « Ils s’étaient
trompés de deux à quatre
mètres. » Classique. Les rondes de nuit font cesser le
bruit un moment. Puis il
revient. « Comme un moniteur de colo, c’est le jeu du
chat et de la souris. »
À l’extérieur, le jeu se poursuit. Avec la police, cette fois.
Depuis 2003, la loi sur la sécurité intérieure (aussi appelée
loi Sarkozy II) punit ces faits
d’un an d’emprisonnement
et
de
15.000 euros
d’amende. « Depuis deux ans,
pourtant, on ne voit plus beaucoup ce type de prévention en
correctionnelle »,
constate
Me Jérôme Castelli, avocat
pénaliste à Orléans. Comme
si la pression se relâchait,
trois ans avant l’ouverture de
la future prison de Saran.
Comme si les menottes
n’avaient que peu d’emprise
sur les barreaux.
Alexandre Mendel.
*http://www.youtube.com/watch?v=er3IsiAHYkw. À regarder surtout
pour les trois dernières minutes.
QUESTIONS À
Joseph Coly
Directeur de la maison d’arrêt
d’Orléans
« Je crois au dialogue
et à la pédagogie »
De quels moyens disposezvous pour faire cesser les parloirs sauvages ?
Le seul moyen que j’ai, c’est d’aller les voir directement dehors.
Mais comme je n’ai aucun pouvoir de police, ils s’en fichent !
On n’a aucune compétence
pour l’extérieur. Du coup, on
appelle régulièrement la police
qui vient en patrouille.
Pas de vidéosurveillance ?
Non, pas vers l’extérieur. Juste à
la porte de la prison. Il faut
savoir qu’on n’a pas le droit de
surveiller hors des murs. C’est
une prison qui n’a même pas
de mirador. On ne s’occupe que
de l’intérieur.
Et les détenus qui parlent
d’une fenêtre à l’autre ?
Le soir, les portes des cellules
sont fermées. On a juste des ron-
des. Quand ils font du bruit, on
dresse des comptes rendus d’incidents. Mais il n’y a pas de gardien en ronde constante.
D’ailleurs, quand le surveillant
tourne les talons, ils recommencent.
Vous ne les changez pas de
cellule ?
Ça peut arriver. Mais je crois au
dialogue et à la pédagogie.
Pour le reste, tous les détenus
(environ 200 actuellement
pour 105 places, NDLR) ne sont
pas forcément en capacité de
parler avec l’extérieur, soit
parce qu’ils sont au rez-dechaussée, soit parce qu’ils sont
au premier étage.
LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - JEUDI 12 AOÛT 2010 - MON - 15
Pays de Lozère
3
Midi Libre midilibre.fr
MARDI 18 DÉCEMBRE 2012
C2---
La “réserve“ de la Lozère
au sommet des cagnottes
Crash de Trélans : un
petit bug informatique
Enquête ❘ L’incompatibilité de logiciels
retarde l’analyse des boîtes noires.
Budget ❘ Selon René Dosière, cette somme annuelle dont
bénéficient les parlementaires a atteint 7,70 € par Lozérien.
R
■ La catastrophe aérienne a fait six victimes algériennes.
Il y a plus d’un mois déjà
s’écrasait, entre Aveyron et Lozère, à Trélans, un avion de
l’armée de l’air algérienne
transportant du papier fiduciaire. Les occupants du Casa C-295, cinq militaires et un
civil de la Banque nationale
d’Algérie, avaient tous péri. Le
lendemain de cette catastrophe aérienne, étaient retrouvées les boîtes noires de l’appareil.
Depuis lors, peu d’informations ont filtré sur les résultats de l’enquête. Car cette enquête, confiait hier Samuel Finielz, procureur de la République de Lozère, « va encore
prendre du temps ».
Les rouleaux en partie
calcinés tous rapatriés
Des problèmes de compatibilité informatique entre logiciels
français et algériens de lecture des boîtes noires expliqueraient ce contretemps. Toutes
les pièces de l’avion avaient
été rapatriées en Algérie ainsi
ené Dosière, député apparenté
PS de l’Aisne et franc-tireur de
l’Assemblée nationale en matière de comptes publics, vient de
lancer un pavé dans la mare en dévoilant, à nos confrères du Parisien, le
montant par habitant des réserves dont
disposent les parlementaires pour
aider financièrement communes et
structures associatives de leur circonscription. Et, surprise, selon ses calculs,
la Lozère était le département le mieux
doté en 2010, juste derrière la Mayenne, avec 7,70 € par habitant.
À comparer avec les 0,80 € dont bénéficie un département comme la Seine-Saint-Denis, qui compte, il est vrai,
19 parlementaires contre deux seulement pour la Lozère. René Dosière prône une répartition égalitaire de cette
dotation et - c’est un classique chez
lui - une transparence complète.
« Mais ce type, c’est un fouille-m... »,
s’emballe Alain Bertrand (« oui, oui,
vous pouvez l’écrire ! ») qui considère
sa réserve parlementaire comme « microscopique ». Le sénateur-maire de
Mende dit toucher « moins de
200 000 € par an » et s’il évoque volontiers les 3 000 € qu’il versera «à la future harmonie municipale », il ne veut
pas donner la liste des associations et
communes bénéficiant de cette petite
manne financière : « Est-ce que je vous
demande si vous changez de slip tous
les matins ? » Plus prosaïquement,
Alain Bertrand explique que s’« il donne, par exemple, 1 000 € au club de
foot du Monastier, ce n’est pas pour
avoir la voix des footballeurs », et fustige « la fausse transparence » réclamée
par René Dosière : « Je suis pour une
République qui marche, pas pour une
République qui buzze. »
Archives E. TISSOT
que les corps qui ont été
autopsiés aussi au pays
« pour des histoires d’identification ». « Tous les rouleaux de papier fiduciaire
ont été également récupérés et
rapatriés par les Algériens »,
précise encore le procureur
de la République. Dans quel
état ? « Une partie des rouleaux a été calcinée, parfois
sur quelques centimètres seulement. » On ne sait pas en revanche si ce matériel peut encore servir à la fabrication de
papier monnaie.
Le parquet promet davantage
d’informations pour le mois
prochain. Les expertises, menées par le Bureau enquête accident défense et la section de
recherche de l’armée de l’air,
devraient enfin donner un début d’explication à ce drame.
Manque de chance encore une
fois pour l’Algérie : la semaine
dernière, deux avions de combat Mig se sont écrasés du côté de Tlemcen.
ALEXANDRE MENDEL
Une opacité parfois dénoncée
[email protected]
Le sénateur de Lozère s’interroge de la
même façon sur la méthode de calcul
employée. « C’est une vieille problématique de compter tout en fonction du
nombre d’habitants. On ferait mieux
de prendre en compte la superficie des
territoires. »
Une réflexion avec laquelle est plutôt
Chaulhac : l’éboulement
coupe la départementale
Aubrac ❘ En cause, l’action du gel.
■ Le député Pierre Morel-à-L’Huissier veut jouer la carte de la transparence.
d’accord le député Pierre Morel-à-L’Huissier. En revanche, à la différence de son homologue du palais du
Luxembourg, l’élu UMP réclame une
transparence totale. « Je donne 50 %
aux communes et 50 % aux associations. » L’élu UMP rend même publique la liste des personnes morales de
droit public ou de droit privé à bénéficier de subventions tirées de cette dotation (lire par ailleurs).
Et d’ajouter qu’il serait bon « de ne pas
donner aux associations à caractère
politique ». C’est justement cette opacité qui est parfois dénoncée. «Une omerta » - pour reprendre le mot de Pierre
Morel-à-L’Huissier - qui fait souvent les
choux gras du site d’information indépendant Owni. Ce site tente de répertorier le nom de toutes les associations
et communes bénéficiant de ces subventions, ainsi que les montants. Owni
dénonce, le cas échéant, les conflits
d’intérêts entre élus et associations politiques.
Du clientélisme ?
À ce sujet, Pierre Morel-à-L’Huissier
rappelle qu’il a été l’auteur de deux propositions de loi visant à la création
d’un commissaire aux comptes obliga-
PHOTO A. ME.
toire pour les collectivités locales et à
la mise en place d’une démarche de
qualité en matière de gestion des crédits publics. « Il en va de la moralisation de la vie publique. » Et les accusations de clientélisme ? « Ce n’est pas
moi qui ai décidé qu’il y aurait une réserve parlementaire ! » Un peu comme
les enfants qui, pris la main dans le pot
de confiture, désignent ceux qui l’ont
ouvert.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
TRANSPARENCE
Les affectations
Pierre Morel-à-L’Huissier s’est
prêté de bonne grâce, et avec
une certaine gourmandise, au jeu
de la transparence, en donnant
la liste des associations bénéficiant
de subventions tirées de la réserve :
foyers ruraux, structures sportives,
associations culturelles, etc. La liste
est longue mais ne donne
pas le montant de ce coup de pouce
parlementaire. « C’est parce que
je donne plus ou moins 1 000 €
à chacun », tenait-il à préciser.
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■ Des rochers bien moins gênants dans la rivière que sur la route.
culation, et ce pour plusieurs
jours, afin de le dégager mais
également d’épurer la falaise
où plusieurs roches sont désormais en équilibre instable.
Il sera peut-être nécessaire de
vérifier l’ouvrage plusieurs
fois centenaire.
Les usagers en provenance du
Cantal, des communes de
Chaulhac, de Julianges, de
Saint-Léger-du-Malzieu
qui
voudraient se rendre vers
l’autoroute A 75, Saint-Chély,
Albaret-Sainte-Marie, La Garde, sont déviés par Saint-Léger-du-Malzieu.
Correspondant ML : 06 08 22 35 69
$#!"%$
En début de matinée, dimanche 16 décembre, un important éboulement s’est produit
à l’entrée du pont de La Garde, sur la RD 8, qui relie Lorcières (Cantal) à Saint-Chély-d’Apcher.
Plusieurs mètres cubes de
blocs de granite sont tombés
sur la chaussée, l’obstruant totalement ; d’autres, plus conséquents, ont dévalé jusqu’à la
Truyère en contrebas. L’action du gel et du brusque redoux de ces derniers jours en
est probablement la cause.
L’axe est donc coupé à la cir-
+!#",%-*)%( (# %&'#(
",$ /),!9!;69
Loiret/Région
On a retrouvé Auguste Pignard
Auguste Pignard (à gauche) était joué par Alain Scoff, acteur et scénariste (à droite) . Ce Parisien campait le rôle d’un plouc solognot, devant des millions de téléspectateurs, dans les années 1980. (Photo de gauche : TF1 vidéo)
■ C’était une star
du petit écran. Son accent,
son béret, son clope
et ses mauvaises manières
ont stigmatisé la Sologne
et Lamotte-Beuvron.
Alain Scoff interprétait
ce personnage
très attachant.
Le roi des péquenauds est en
vie. Plus rustique que lui, tu
meurs. Avec ses bretelles, son
tricot de peau, sa Gitane
éteinte qui pendouillait des
commissures de ses lèvres, sa
cotte de pêche, son béret, sa
couperose et sa femme Fernande — comment pouvaitelle s’appeler autrement ? —
Auguste Pignard a représenté
pendant des années l’élégance
et le raffinement à la française.
Sur TF1, puis sur la Cinq de Ber-
lusconi, il a brocardé, bien malgré lui, Lamotte-Beuvron, les
Solognots et la picole, devant
des millions de téléspectateurs. Alain Scoff était
Auguste Pignard. C’est lui qui
roulait les « r », mettait des
« trrrempes » à sa femme, partie dans un foyer de SOS-Femmes battues (« reviens, Fernande, c’était un petit geste de
colère »), draguait au bal en
comparant les yeux des prétendantes à ceux de sa vache,
Clara, ou refusait, y compris
en l’échange d’un strip-tease
d’une playmate (un must des
émissions de Stéphane Collaro), de donner quelques bonnes pommes de Sologne
— « ah, c’est sûr que c’est pas
la Fernande qui ferait ça ».
Avec lui, la brève de comptoir
était permanente, incongrue,
toujours déplacée. Un rien
débile. Auguste Pignard, c’est
le métissage des consanguins
de « Délivrance » et des personnages de Benny Hill.
Arriéré, mais bucolique ;
lourd, mais attachant.
« Le nom était marrant »
« Auguste, je l’ai inventé la
veille pour le lendemain. Il ne
devait venir que pour une seule
émission. Il est revenu tout le
temps »,
se
souvient
aujourd’hui Alain Scoff, en
enchaînant cigarette brune
sur cigarette brune — un des
rares points communs qu’il
partage avec son rôle. Le
phrasé ? « Un mélange d’accents des paysans de la France
profonde. » Pas tout à fait surjoué chez ce Niçois d’adoption qui, au début des années
1960, a été instituteur en
Lozère, « dans le trou du cul du
monde ». C’était avant de fonder une troupe, loin du patelin
qui allait faire sa renommée,
vingt ans plus tard. « Je suis
parti en camionnette Volkswagen jouer dans tous les pays
d’Afrique de l’Ouest, avec une
petite subvention de la Coopération. »
À Paris, il fait le cours Simon et
monte une pièce, « Jésus-fric
Supercrack ». Succès immédiat. Jacques Martin, au sommet de sa gloire, l’embauche
pour écrire des sketches pour
l’émission « La Lorgnette ».
Stéphane Collaro, qui officie
aux côtés de Pierre Desproges,
le prendra tout de suite dans
l’équipe de « Cocoboy ».
Le litron emballé dans un
cache-bouteille en paille, posé
sur une toile cirée poisseuse ;
une tour Eiffel miniature sur
une armoire crasseuse : le
décor est arrosé de gros rouge
qui tâche. Plouc à souhait.
« Mais je sais bien que Lamotte-
Lamotte-Beuvron veut oublier son héros
■ Fière de sa tarte Tatin
et de son parc équestre,
la ville solognote
a du mal à se défaire
de l’image que lui
a collée Auguste Pignard.
« Bon débarras ! » Alain Beignet, maire PS de Lamotte-Beuvron, ne veut plus entendre parler d’Auguste Pignard et de son
buste. Aujourd’hui remisée
dans un local d’entretien, au
milieu de dizaines de rouleaux
de papier toilette, la statue
d’Auguste Pignard — inaugurée dans les années 1980 — a
perdu de son clinquant.
D’abord installée au bar de la
salle des fêtes, volée, puis restituée dans des conditions mystérieuses, elle est ressortie,
exceptionnellement pour La
Rep’.
C’est qu’Alain Beignet en a
assez des journalistes (surtout
parisiens) qui « en viennent toujours à parler d’Auguste
Pignard ». Le maire s’emballe
vite : « C’était un sinistre personnage, dont la pub a été faite par
Patrice Martin-Lalande (NDLR :
ancien maire de Lamotte-Beuvron, député UMP et injoignable). » Et crucifie l’illustre personnage de la ville : « Ce qui
m’emmerde, voyez-vous, c’est
que c’est resté collé à l’histoire
de Lamotte-Beuvron comme un
timbre. Moi, je préfère qu’on
parle de l’équitation, par exemple. »
Quelle histoire ! Jeanine
Delorme, ancienne guichetière
à la poste de Lamotte-Beuvron, se souvient des dizaines
de courriers qu’on lui envoyait
chaque semaine. « On ne
savait pas à qui les remettre. »
Certains habitants sont toujours persuadés qu’Auguste
Pignard est un personnage
réel, qui jouait les crétins pour
Collaro dans la semaine. Jacques Philipon croit savoir où il
habite : « Suivez-moi, je vais
vous montrer sa maison. » Pas
de Pignard à l’horizon.
« Pour les beuveries,
on est légion »
Au bar Le Nemrod, à 17 heures, soit l’heure — un peu
avancée — de l’apéro, on se
souvient bien du personnage.
On ne s’offusque pas. La serveuse, Sabrina, qui sert bière
sur bière, témoigne que les Parisiens parlent de deux choses :
« la tarte Tatin et Auguste
Pignard ». Elle qui « se marrait
bien, quand (elle) était petite, en
regardant l’émission », ne voit
pas où est le mal. « Après tout,
la Sologne, c’est la picole. Je suis
Beuvron, c’est plutôt chic ! »
Alain Scoff a du mal à expliquer le choix de sa cible : « Je
trouvais le nom marrant.
Lamotte-Beuvron,
c’était
drôle. » Et à trouver ses lunettes : « Mais bon sang, où sontelles ? »
Un homme de lettres
Aujourd’hui, Auguste est un
vieux monsieur de 70 ans. Le
mobilier de son appartement,
situé près de la place MichelAudiard, dans le XIVe arrondissement de Paris, semble sortir
des années fastes, des années
1980, où son clope faisait un
tabac. Un canapé à angle
droit, une bibliothèque sur
mesure, un Sept d’or — il en a
obtenu deux — pour le scénario du « Pantalon », un film
d’Yves Boisset adapté du livre
homonyme qu’il a écrit.
Auguste Pignard est loin d’être
un con. C’est un homme de let-
tres, édité chez Jean-Claude
Lattès et Flammarion. Qui a
du mal à retrouver son accent
et ses intonations. « Franchement, je ne me souviens plus. »
Sa voix rauque s’éclaircit :
« Bonjour, c’est Auguste
Pignard de Lamotte-Beuvron ! »
La magie opère. « Aujourd’hui,
y’a plus d’humour à la télé. Y’a
que des one-man shows. »
Pignard a disparu il y a plus de
vingt ans. La génération des
moins de 30 ans, celle pas toujours très fine et un peu barbante de Facebook, rit grassement devant les séries américaines, loin des décors en carton de la Sologne profonde.
Loin du litron et de la Fernande.
Alexandre Mendel.
> Retrouvez, dès lundi,
sur notre site
www.larep.com,
l’interview d’Alain Scoff.
QUESTIONS À
Stéphane Collaro
Acteur, producteur et gérant d’hôtel
« Ton clodo, on l’a jeté
dans un champ »
Alors maire,
Patrice
MartinLalande
avait installé
un buste
d’Auguste
Pignard
(médaillon).
Il est au
débarras
aujourd’hui.
d’origine picarde, je sais ce que
c’est. Regardez les Ch’tis, on
s’est foutu de leur gueule et ç’a
été un moyen de les faire connaître. »
À côté, un client se souvient
que Marie-Paule Belle — une
Niçoise, comme Alain Scoff —
avait, dans « Les petits patelins », chanté ce couplet :
« Quand on danse à LamotteBeuvron, pour les beuveries, on
est légion. » Personne ne lui en
4 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 AOÛT 2010
a jamais tenu rigueur. Seul
Auguste Pignard polarise les
crispations de certains habitants, réfractaires parfois à
cette dérision un peu gratuite.
Sylvie, aujourd’hui âgée de
39 ans, se souvient des colonies vacances, où « par peur
d’être moquée », elle cachait
l’endroit d’où elle venait :
« Moi, je ne trouvais pas ça
drôle. Il y a rire et rire ! Nous ne
sommes pas tous des ivrognes. »
Comme si c’était un défaut.
Lamotte-Beuvron, ça vous dit
quelque chose ?
Oui ! Je vais souvent en Sologne, c’est un endroit que j’apprécie beaucoup. Je suis venu avec
les cocogirls et Auguste Pignard,
bien sûr, pour l’inauguration de
sa statue à Lamotte-Beuvron.
Preuve que les Solognots sont
intelligents et qu’ils ont pris ça
avec beaucoup d’humour.
Après tout, ils avaient compris
que ça leur faisait de la pub !
Aujourd’hui encore, l’image
d’Auguste Pignard est restée
très vivace dans les esprits. On
rigolait. Bon, franchement, ça
n’avait rien de méchant.
Des anecdotes ?
Alain Scoff est arrivé bien
entamé à l’inauguration de sa
statue, à Lamotte-Beuvron. Et il
a continué à boire, toute la journée. On avait vraiment arrosé sa
visite, si vous voyez ce que je
veux dire ! Dans la journée, j’ai
été invité à une chasse chez le
comte et la comtesse de Bellescize. Je suis arrivé au dîner chez
ces gens avec Alain Scoff, qui
campait son personnage de
Pignard, costume compris. On a
dit à la comtesse : « Bon, on a
pris, ce monsieur en stop, il
nous suit ! » Elle a répondu un
truc du genre : « Mais qu’est-ce
que c’est que ce connard ? » Je
me suis absenté un moment.
Quand je suis revenu, Scoff,
alias Pignard, avait disparu. La
comtesse m’a alors dit : « Ton
clodo, on n’en pouvait plus. On
l’a jeté dans un champ. »
Comment ça s’est fini ?
On est allé le chercher avec une
lampe torche, en pleine nuit.
On a entendu une voix qui murmurait : « Mais pas du tout, je
ne suis pas Auguste Pignard, je
suis un acteur ! » Il était au
beau milieu d’un champ de
carottes !
Auguste Pignard est, curieusement, peu présent dans le
dvd de vos émissions…
C’est une erreur qu’il faut réparer. Je vous promets qu’on en
fera un autre. Et Auguste
Pignard en sera le personnage
central !
BC2--
■ Camargue
13
Midi Libre midilibre.fr
DIMANCHE 25 AOÛT 2013
Cache-cache avec les thons
Le Grau-du-Roi ❘ Aujourd’hui
encore, une cinquantaine de
sportifs sont en lice pour le
championnat de pêche au tout
gros. Une affaire de passion.
Résumé de la journée d’hier.
I
l y avait bien le vent.
Il était faible et n’a pointé
le bout de son nez qu’en
début d’après-midi. Il y
avait bien un début de brume
qui n’a pas suffi à gâcher le
paysage. Il y avait bien,
aussi, les compétiteurs
dont certains avaient passé
une courte nuit : les uns à
rêver de l’enjeu, les autres
à se remettre de la fête
de la veille.
À 6 heures du matin, hier,
le quai de la capitainerie
voyait ses premiers
passionnés prendre
possession de leurs
sardines. Dans la bonne
humeur, dirait-on, si l’on ne
connaissait pas le sérieux
des membres du centre de
pêche camarguais. Bien sûr,
le championnat de France
de pêche au tout gros,
organisé à Port-Camargue,
c’est une bonne part de
franche camaraderie. Mais
c’est aussi une confrérie
où seul le mérite compte.
Sous l’œil impassible
d’André-Louis Bellet,
président du centre de pêche
camarguais, on n’y
petit-déjeune pas au vin et
au pâté. On prend un café, le
nez collé à la carte maritime,
et on réfléchit aux stratégies :
il ne fallait pas se louper
pour pêcher le bon poisson;
en dessous de 1,40 m, le
prélèvement était interdit.
Et un seul déplacement par
bateau était autorisé. Des
thons, il y en a eu. La plupart
trop petits pour présenter un
véritable intérêt. Un sport
de passionnés, on vous dit...
TEXTES ET PHOTOS
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
@ Du
spectacle
Le spectacle avait lieu
à quelque 10 à 15 miles
nautiques des côtes, comme
lors de ce superbe combat
de plus d’une heure,
à l’avant et à l’arrière de
L’atun, contre les thons,
« ces torpilles tout en
muscles », comme les décrit
Laurent Ricome, un pêcheur
originaire d’Alès. Une scène
rarissime.
" Millimétré
On le sentait tendu. Normal,
André-Louis Bellet n’est pas
du genre à aimer la
médiocrité. Le président
du centre de pêche
camarguais a œuvré au
succès de cette édition.
Les membres se sont mis
en quatre pour acheminer
les 400 kilos de sardine (ici
dans les mains de Dorian
et de son père, Claude)
ou pour assurer la
communication sur le canal
77 entre les compétiteurs
et le podium. Même si
quelques interférences
(en anglais) ont pollué la
fréquence de “radio podium”.
B Ce
n’est pas qu’une affaire d’hommes
Elle s’appelle Christine Lima.
Elle est la seule femme engagée
dans la compétition. Et ce n’est pas
n’importe qui dans le milieu
plutôt viril de la pêche au tout
gros puisqu’il s’agit de la
vice-championne de France
% Sauvetage
dans la catégorie. Elle pratique sa
passion en compagnie de son mari,
Manuel. Originaires d’une petite
commune près de Coulommiers,
en Seine-et-Marne, ils ont appris
ensemble à traquer les thonidés,
ici, à Port-Camargue.
d’un pêcheur
C’est plein gaz qu’André-Louis
Bellet a foncé avec son bateau,
Titan, pour venir secourir Laurent
Ricome. Un appel radio annonçait
« un malaise ». L’intéressé secouru
avait juste besoin de bouger un peu.
Le Chriss, la vedette sur laquelle
il était installé, mouillait depuis
environ une heure quand il a été pris
d’un maudit mal de mer : « J’avais
oublié aujourd’hui de mettre,
derrière l’orteil, un patch préventif ! »
Il a pu se reposer mais n’a, du coup,
rien pêché.
" Unique
prise
Il n’y a eu qu’une seule prise,
hier, dans la grande bleue.
Un petit centimètre, à peine,
au-dessus de la maille fixée
par le centre de pêche
camarguais : 1m43 pour
37 kg. C’est l’équipage du
Kraken qui a pêché, aux
alentours de 13 heures,
ce thon rouge.
D’autres départs de cannes
avaient abouti à des
combats de plus d’une heure
parfois. Des fils ont cassé.
Certains spécimens ont été
capturés quelques minutes :
tous les thons mesurant
moins d’1 m 40 ont été
relâchés. Le pêcheur sportif
n’est pas un viandard.
Il semblerait que l’activité
des chalutiers ait tout de
même des conséquences
sur la faune marine.
Les bateaux qui encerclent
les bancs et ramassent
au filet n’ont pas le même
impact sur la nature
que quelques dizaines
de sportifs passionnés
uniquement par la belle
prise.
Photo (du thon) : centre
de pêche camarguais
Votre été à Montpellier
EN HAUSSE
62 matheux
s’entraînent ici
La ville de Montpellier a été choisie pour
accueillir le stage de préparation aux
Olympiades internationales de mathématiques
organisées à la demande du ministère de
l’Éducation. Ce stage se déroule jusqu’à jeudi à
l’internat d’excellence de Montpellier. Pendant
dix jours, 50 garçons et 12 filles de 13 à 17 ans,
encadrés par 17 enseignants-chercheurs,
se familiarisent ainsi avec les techniques
olympiques. Les six membres de l’équipe 2014,
qui représenteront la France en Afrique du Sud,
en font sans doute partie, mais ils devront gravir
encore plusieurs marches avant la sélection
finale. En attendant, et cela en pleines
vacances, ils bûchent!
%'"'$
8 HEURES
17˚
11 HEURES
24˚
14 HEURES
28˚
LE CHIFFRE
400
17 HEURES
28˚
!&#
4
● CET INDICE
C’est le nombre de bikers annoncés pour
midi aujourd’hui à Montpellier par les
Brescoudos, organisateurs agathois d’une des
plus grandes concentrations en France de Harley
Davidson. Le défilé dans les rues de Montpellier
devrait démarrer du rond-point Prés-d’Arènes à
partir de 10h. Les motards chemineront ensuite
d’Odysseum jusqu’à la nouvelle mairie, puis
direction rue de la Loge et place de la Comédie
pour reprendre des forces.
Photo archives J.-M. M.
L’INITIATIVE
Fin d’été studieuse
pour les jeunes UMP
L’été, il y a les jeunes qui font des maths
(lire ci-dessus) et ceux qui font de la politique.
C’est le cas des Jeunes populaires de l’Hérault.
Ils mettent sur pied le «campus de la reconquête
du Languedoc-Roussillon et Paca ». Il s’agit,
selon les organisateurs, de « marquer le coup
d’envoi de la campagne pour les élections
municipales de 2014» en participant à deux jours
de travail «autour des nombreux élus, tant
nationaux que régionaux, qui animeront cet
événement».
Participation à la journée du samedi 31 août
2013 : 10 €. Plus d’informations : fédération
UMP de l’Hérault au 06 87 60 80 59.
de la qualité de
l’air (de 1 bon
à 10 mauvais)
est fourni par
Air-LR. Plus sur
www.air-lr.org.
!("'$#)&%)
● RANDONNÉE
Dimanche
1er septembre,
l’association
Détente et
nature reprend
ses activités
avec une
randonnée de
24 km sur le
sentier des
4 000 marches
à Valleraugue
(1 450 m de
dénivelé).
Départ à
7 h 30.
06 12 67 71 16.
midilibre.fr
2
MARDI 27 AOÛT 2013 ❘ X1MO-
Tara de “Secret story 7”
veut vivre ici ou à Miami
People ❘ La jeune Montpelliéraine de retour sur ses terres familiales.
B
on, c’est bien beau d’avoir passé
l’été à Saint-Tropez, il fallait bien
rentrer un jour au bercail. À
20 ans, Tara, ex-candidate montpelliéraine de l’émission “Secret Story 7” est revenue, cette semaine, sur ses
terres languedociennes, en l’occurrence chez sa maman, à Carnon.
Elle, qui dit avoir hérité d’« un magnétisme dans les mains », un don de son
papa, qui vit à Washington, a testé son
pouvoir d’attraction, en minishort, chez
les jeunes de Manduel, un village à l’est
de Nîmes, à l’occasion d’une fête votive, dimanche dernier. Contre un joli cachet de 2 000 € (payé par un café du village), elle a pu poser avec ses fans, davantage habitués au lâcher de vachettes que de stars de la téléréalité dans un
centre-ville arrosé par les boissons anisées et rafraîchi par l’ombre de platanes centenaires.
« Ah bon, Georges
Frêche est mort ? »
■ Dimanche, Tara était à Manduel, près de Nîmes, contre un cachet de 2 000 €.
Tara
L’occasion d’opposer un démenti ferme
et garanti sans silicone à la presse people : « Non, je ne me suis pas encore refait faire les seins. J’avais juste mis
un push-up au Gotha (une célèbre boîte de nuit cannoise, NDLR). Mais attention ! Pas un petit push-up, vraiment
un gros push-up... Ça a fait parler...
D’un côté, tant mieux ! » “D’un côté”,
car de l’autre, elle fuit les
“paparazades” : « Je veux qu’on respecte ma vie privée. C’est important », dit
celle qui a fait la couverture d’un bon
nombre de magazines à vocation très visuelle, cet été. Là voici donc de retour,
à Montpellier, ville où elle s’est installée à 14 ans et où elle a suivi des études
d’esthéticienne au lycée de La Colline,
et qu’elle dit aimer par-dessus tout.
Une émission sur NRJ 12
« C’est simple, dit cette habituée de la
paillote L’Effet mer, j’adore cette ville
si jeune et si proche de l’Espagne. Plus
tard, je veux vivre à Miami ou à Montpellier ! » Une ville qu’elle aime, mais
dont elle ne connaît pas grand-chose
des secrets politiques les mieux gardés.
« Ah bon, Georges Frêche est mort ? »,
dit-elle en regardant son compagnon
Grégory Dutil, ex-footballeur à Nîmes
Olympique, alors qu’on lui demande si
Photo W. TRUFFY
elle s’intéresse à la politique de sa ville.
Une petite phrase qui a fait le buzz sur
le site internet de Midi Libre. Une naïveté, faite de dents blanches, qu’on retrouve lorsqu’elle commence une phrase sur deux par un désarmant et non
moins charmant : « Voilà, c’est ça... »
Sa carrière s’écrira à la rentrée sur la
chaîne NRJ 12 où elle présentera une
chronique « sur le glamour », vaste sujet pour cette jeune femme en minishort, qui « ne ferme les portes à aucune
opportunité » et qui ne veut pas devenir
« la nouvelle Nabilla ». C’était, à Manduel, la bonne nouvelle du jour. « Voilà, c’est ça...»
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
Gruss est de retour
Spectacle ❘ Du 30 août au 8 septembre.
Le cirque Arlette Gruss, son
orchestre live de onze musiciens et ses créations originales, sons et lumières et costumes viennent planter leur chapiteau à l’espace Grammont
sur le parking du Zénith, du
30 août au 8 septembre.
Des trapézistes volants, des
clowns rocks et drôles, des
acrobates, des chevaux, élé-
L’IMAGE
phants, tigres et lions blancs...
il y en a pour tous les goûts !
◗ On peut acheter ses billets aux
caisses du cirque tous les jours
de 10 h à 19 h, sur internet sur
cirque-gruss.com ou par téléphone
au 0825 825660 (0,15 € TTC/mn).
Tarifsadultes de 17 € à 35 €,
enfants de 14 € à 32 €.
Gratuit jusqu’à 3 ans.
■ Le cirque Arlette Gruss sera à l’espace Grammont.
Photo archives R. D. H.
Heldenbergh présente “Alabama Monroe”
#%&'!"$')(
● SANG
AUJOURD’HUI
Fabriquer du papier :
des ateliers gratuits
Pierresvives (907 avenue ProfesseurBlayac) rouvre ses portes au public.
Dès aujourd’hui, de nouveaux ateliers gratuits
de fabrication
de papier sont
proposés de
15 h à 17 h
(également
jeudi et vendredi
août, aux
mêmes
horaires). À
partir de la
présentation de
différents
supports
d’écriture, les participants seront initiés à la
fabrication artisanale du papier à base de
fibres végétales locales.
Renseignements auprès des archives
départementales : 04 67 67 37 00.
Jusqu’à
vendredi,
chacun peut
donner son
sang.
Rendez-vous
sur l’esplanade
Charlesde-Gaulle (tout
près de la
Comédie,
précision pour
les vacanciers)
de 16 h à
19 h 30.
Johan Heldenbergh est venu présenter,
hier soir au Diagonal, le film de Felix
Van Groeningen, Alabama Monroe.
Alors que la sortie nationale est prévue
demain, les premiers spectateurs ont
échangé avec l’acteur qui a aussi joué
dans La Merditude des choses. « Je
suis content d’être à Montpellier. Les
spectateurs sont toujours très émus et
accueillent le film de manière
chaleureuse », explique l’acteur qui a
Photo J.-M. M.
aussi écrit le scénario.
Lunellois - Pays de l'Or
V6---
7
Midi Libre midilibre.fr
LUNDI 10 JUIN 2013
Mauguio Daniel Gimenez meurt
le dernier jour de la Roméria
La Grande-Motte
La musique était au cœur
d’une rencontre intergénérations
Le fondateur de l’événement est décédé, hier, alors qu’il s’était
acharné pour maintenir la corrida dominicale, menacée par l’orage.
T
out le week-end, les cieux d’orage
ont eu peine à contenir leurs larmes, annonciatrices d’une fête qui
allait être gâchée violemment. Samedi, déjà, Daniel Gimenez, fondateur
de la Roméria, s’était battu contre les
éléments pour maintenir, sur une scène
de fortune, le concert de Los Amigos de
Gines, un groupe andalou. Sa mort foudroyante, à l’âge de 54 ans, a réveillé,
hier en début d’après-midi - une heure à
peine après la procession à laquelle il
participait -, les superstitions du monde
de la tauromachie, bercé qu’il est par les
croyances surnaturelles et les malédictions. Daniel Gimenez s’est écroulé
dans sa caseta, au milieu de danseuses
sévillanes. Sur son théâtre, en quelque
sorte.
■ Jeunes flûtistes et trompettistes ont charmé les aînés de leur talent.
Dans le cadre de ses concerts
décentralisés, les classes de
flûte et trompette du conservatoire municipal de musique
de La Grande-Motte se produisaient mercredi 29 mai, à
15 h,
à
la
résidence
Saint-Louis du Golfe, un établissement
d’hébergement
pour personnes âgées dépendantes.
Une quinzaine d’élèves du
conservatoire de musique a
offert un concert privé à leurs
aînés. Le programme alternait
entre compositions classiques et œuvres plus légères interprétées par ces jeunes enfants qui ont mis toute leur
fraîcheur et leur enthousiasme dans leur interprétation.
Encadrée par Nicolas Stefanica, flûtiste et Frédéric Michelet, trompettiste, cette manifestation fut une fenêtre musicale sur la vie des résidants.
Cette rencontre s’est terminée autour d’un goûter convivial.
« Il était sanguin
comme un toro »
René Noguera, trésorier
de Toros y toreros
Correspondant ML : 06 71 09 73 75
« C’était un homme de passion. De trop
de passions, peut-être. Cette corrida, il
la voulait tellement malgré le temps. Il
s’est acharné pour qu’elle ait lieu », témoigne Gilles Vangelisti, membre de Toros y toreros, l’association qu’avait fondée Daniel Gimenez, son ami d’enfance.
« Il s’investissait toujours à fond dans
l’organisation, comme lorsqu’il avait
créé le bolsin, une école pour apprentis
toreros », raconte-t-il encore.
L’homme était dévoué. À ses amis, à sa
famille, à son entreprise, Littoral emballages, qu’il dirigeait. À sa ville, Mauguio
qui avait adopté ce fils d’Espagnols d’Alicante.
Les échos de la cité des Pyramides
●
UDI
La revendication par le candidat aux élections municipales
Frédéric Dumay de son appartenance à l’UDI suscite quelques réactions.
Si l’ancien commerçant maintient qu’il a adressé sa demande d’adhésion à la Fed, une
composante de la formation
politique de Jean-Louis Borloo, les référents grands-mottois de l’UDI contestent cette
appartenance.
Selon Martial Simonnet, l’un
des référents - l’autre est l’adjoint au maire Jean-Claude
Mandel -, « vérifications faites, nous n’avons aucune trace de lui. Et M. Dumay n’a sollicité aucune investiture », affirme Martial Simonnet.
●
Soroptimist
Aujourd’hui, sortie découverte des carrières de lumières et
de Saint-Rémy-de-Provence
avec le club Soroptimist.
Départ à 8 h 15 de la Maison
des associations. Retour prévu à 16 h 15. Tarif : 60 €.
Contact : 04 67 56 63 52 ou
[email protected]
●
Théâtre
Ce lundi, restitution théâtre
des ados du Glac à 17 h, au domaine de Haute plage. Entrée
libre.
●
■ Daniel Gimenez, hier, après la procession. Une heure avant sa mort.
Ému, Yvon Bourrel, le maire, rendait
également hommage à celui qui fut, en
2008, un éphémère adversaire politique : « Il s’était présenté contre moi.
Mais nous avons toujours eu beaucoup
de respect l’un envers l’autre. C’est une
figure emblématique qui disparaît. »
Un idéaliste, pas un idéologue.
« Généreux et pur »
Georges Rouquette, manadier
Un perfectionniste aussi. Capable de colères éclairs, vite oubliées. « Sanguin
comme un toro, », pour reprendre les
mots de René Noguera, trésorier de son
association.
Daniel Gimenez était le père de deux
filles, Morgane et Coralie. Ce sont elles,
hier, qui ont insisté pour que la corrida
soit maintenue. Les cieux, là aussi, l’ont
entendu autrement. Il y a bien eu trois
toros. Puis, patatras.
Photo JULES CATALA
Une pluie d’averse, digne de la Toussaint, a tout annulé, laissant les spectateurs et les Melgoriens dissimuler leur
deuil, sous les parapluies. Les bodégas
devaient se taire, à 22 h, en mémoire du
disparu.
À la demande du maire, une minute de
silence a été observée, en début de corrida, par un public qui n’avait plus le
cœur à ça. Puis le silence s’est fait soupir quand les toreros ont remballé. Le
destin, lui, a gracié de fait les toros qui
devaient encore combattre. Dernier cadeau d’un homme « généreux et pur »,
dit le manadier, Georges Rouquette, fils
de Louis et petit-fils de Léonce qui ont
donné leur nom aux arènes.
Une enceinte balayée par le déluge. Qui
a tout emporté, hier. La fête et l’homme.
Et à qui seul le souvenir a su résister.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
4#27(* #'!(27(* 0/3(8- 1. $ 8-3/)"6( 1% &'-) ,+15
Musique
Vendredi 14 juin, audition de
la classe de technique vocale
de Mme Mastrani, à 20 h 30, au
centre culturel. Entrée libre.
■ Les enfants ont dansé, sauté, virevolté durant toute la journée.
La commune a vécu au rythme de la manifestation Total
Festum. En fin de journée, les
enfants piaffaient d’impatience en attendant que la fête
commence.
Pendant une heure, ils n’ont
cessé de danser, sauter, virevolter sur les airs endiablés
du groupe Cabr’e Can. Les
adultes ont rejoint les jeunes
pour se mêler à la danse sur la
place jusqu’au moment de
Saint-Aunès
●
Le club de foot recrute
Le Gallia sport Saint-Aunès
école de foot recrute pour la
saison prochaine des joueurs
toutes catégories. Les détections se font tous les mercredis de juin au stade Ro-
l’apéritif et du buffet offerts
par la municipalité et les commerçants du village.
De 21 h à minuit, Cabr’e Can a
enflammé l’assistance avec
une succession de danses traditionnelles, polkas, mazurkas, bourrées, gigues, rondeaux et autres. Une soirée
très appréciée des nombreux
participants pour cette deuxième édition de Total Festum.
Correspondant ML : 06 74 73 30 32
bert-Castan, aux horaires suivants : U6, de 14 h à 15 h ;
U7-U8, de 15 h à 17 h ; U9, de
15 h à 17 h ; U10, de 16 h 30 à
18 h 30 ; U11, de 15 h à 17 h ;
U12-U13, de 17 h à 19 h ; U15,
de 15 h à 18 h.
-0") (0 (4%41. 3.) )1/'*) 34)2/"4#(.)+ !$/1/) "/" '/"1,0'1&.((.)+
Saint-Geniès-des-Mourgues
Total Festum, que du bonheur !
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59G/ GC ;E-P_G'H (PHRH', "9/R ^/KPR (3PbbK&/P_G'K&P9C, :^^/H ;K'KA'H IGRMG3KG #[ IGPC a[\#, <9C _GbG'KA'H,
2#1 [,>[. 6)N% RG/ #L b9PR, Z9G/ GC _/E(P& (H \[[[[*, #L bHCRGK'P&ER (H a=\,L#* KG 6N)% ^P8H (H [,>[., @9C&KC& &9&K' (B 5K/ '0Hb5/GC&HG/ \[\#=,L=*, T9B& &9&K' (G _/E(P& \#=,L>* (9C& ][* (H ^/KPR (H (9RRPH/, :^^/H /ERH/;EH KG8 5K/&P_G'PH/R K55'P_KA'H RG/ '0HCRHbA'H (H 'K 7KbbH <PRRKC ;E-P_G'HR
5K/&P_G'PH/R K;H_ GC b9C&KC& ^PCKC_E RG5E/PHG/ 9G E7K'H $ #[[[*, :^^/H ;K'KA'H IGRMG0KG #[ IGPC a[\#, V9GR /ERH/;H (0K__H5&K&P9C 5K/ Q!)T V,),
2
TE02-
Région
MIDI EXPRESS
Région Logement :
l’espoir de l’État
Pierre Bousquet de Florian,
préfet de région, affiche
son volontarisme en matière
de logements.
« En 2013, la dotation en
Languedoc-Roussillon pour
les rénovations de logements
privés, via l’Agence nationale
de l’habitat, est en
augmentation de 18 % et je me
suis fixé comme objectif, en
matière de logements sociaux,
de passer de 4 700 l’an dernier
à 5 700 cette année. »
En matière de construction
neuve, « on s’est donné deux
mois pour étendre le bénéfice
de la loi Duflot (de
défiscalisation, Ndlr) à certains
quartiers. On veut regarder là
où il y a vraiment des besoins
et ne pas le faire n’importe
où pour ne pas perturber le
marché », comme ça a pu être
fait dans le passé. Le dispositif
Duflot, qui vaut provisoirement
pour toutes les communes
jusqu’au mois de juin,
Midi Libre midilibre.fr
LUNDI 1 AVRIL 2013
Payés à ne rien faire,
ces salariés désespèrent
Montpellier ❘ Au Crédit immobilier de France, l’ennui est rémunéré.
C
’est le rêve de millions de travailleurs. C’est, depuis juin 2012,
le cauchemar de dizaines d’employés montpelliérains du Crédit
immobilier de France. Être payés à ne
rien faire, comme du temps du plein emploi soviétique : voilà à quoi sont
condamnés, dans l’attente d’un plan social probablement annoncé à la fin de
l’année, les deux tiers des quelque
cent employés montpelliérains qui tournent en rond et s’ennuient ferme. Et cela
depuis que l’agence Moody’s a abaissé la
note de l’établissement et que l’État a demandé l’arrêt de sa production de crédit.
Exemple de ce surplace surréaliste au
siège montpelliérain, avec ce salarié qui
veut rester anonyme : « La plupart des
commerciaux “agence” et des prescripteurs glandent. Les plannings sont vides ! Les imprimantes des offres sont à
l’arrêt. On ne va pas imprimer des offres vierges. On s’occupe comme on
peut. Le soir, t’as rien à raconter à ta
femme. »
« On aimerait pouvoir
aller sur YouTube »
s’apprête à être conditionné
à l’aval des préfets, au grand
dam des promoteurs
immobiliers qui pronostiquent
une année catastrophique en
termes de construction neuve.
Initiative Création
d’un pôle BioSanté
Le pôle BioSanté Rabelais
vient de naître... Il s’agit d’une
instance conventionnée de
coordination, de propositions,
d’animation et de
communication entre les
structures de formation et de
recherche en biologie et santé
de Nîmes et Montpellier.
Les universités de Nîmes
et de Montpellier ainsi que les
centres partenaires (CHRU de
Montpellier et Nîmes et l’ICM)
ont souhaité mettre en place
ce pôle à vocation nationale
et internationale, composante
du pôle de recherche et
d’enseignement supérieur
Sud de France.
■ Obligés de pointer, les salariés sont inactifs en attendant le plan social.
gne du climat délétère qui règne entre
ceux qui ont encore une activité (gestion
et contentieux) et ceux qui n’en ont
plus : « Il faut essayer de préserver sa
santé mentale au mieux. À chacun de
rebondir et de se prendre en charge. »
Un salarié
Un numéro vert d’urgence
Les parties de cartes s’éternisent, les
pauses-café sont passées de dix minutes
à une heure, Google anesthésie les idées
noires. Les commerciaux, qui débordaient d’activité, vont faire les boutiques
en ville, faute de pouvoir démarcher les
professionnels de l’immobilier. « On
aimerait aussi que la direction débride
internet. Qu’on puisse aller au moins
sur YouTube ! », se lamente un salarié…
Car, jusqu’ici, les employés se prêtaient
des DVD qu’ils regardaient au bureau.
Déléguée du personnel au comité d’entreprise (non syndiquée), Marion Bonnemaison ne dit guère mieux : « C’est pas
drôle de venir pour juste ouvrir les rideaux le matin et les fermer le soir. On
se sent inutile, sans rôle dans la société. » Avec cette inquiétude : « On a peur
de perdre en savoir-faire. Et de ne plus
rien valoir sur le marché de l’emploi. »
Sandrine Gantin, déléguée syndicale Force ouvrière pour le Cif Méditerranée, décrit un malaise plus important dans les
petites agences régionales : « Quand on
est seul ou deux, c’est encore plus dur. »
Elle-même confie ne « pas avoir de recette miracle » et plaide pour un réaménagement des plages horaires, trop longues, selon elle. Un ancien salarié témoi-
La banque a mis en place un numéro
vert renvoyant vers Stimulus, un cabinet
parisien fondé en 1989 et spécialisé dans
la prévention du stress et des risques
psychosociaux au travail. Mais cette intention, louable, a fait apparemment un
flop. Une trentaine de coups de fils
(pour toute la France) ont été passés.
« On n’est pas aux États-Unis. Ce n’est
pas encore dans les habitudes », reconnaît Anne-Marie Cariou, directrice associée de ce cabinet. « On n’a pas vocation à se substituer à SOS Médecins ou
à SOS Suicides », prévient cette psychologue clinicienne.
Maigre consolation, quand même : « Il
existe bien pire. Il y a les gens qui sont
au placard. Là, c’est catastrophique
pour l’estime de soi. Au Cif, jamais ils
ne se diront que c’est de leur faute. » Même si Anne-Marie Cariou refuse de dévoiler les conversations, elle évoque, de façon générale, ces employés « terrorisés
à l’idée de se rouiller ». « Tout est affaire
d’histoire personnelle », glisse-t-elle.
L’histoire pourrait s’arrêter à la fin de
l’année. Et à l’ennui payé pourrait succéder le chômage indemnisé.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
Photo V. DAMOURETTE
Des jeux de rôle...
S’il ne nie pas le problème, François
Morlat, directeur général du Crédit
immobilier de France, veut voir le bon
côté des choses : « On a des salariés
qui sont payés et qui n’ont pas de
problème de fin de mois. » Comment
tirer profit de cette période d’inactivité
contrainte ? « Nous avons alloué
des moyens dédiés à la formation. »
Dans les faits, à Montpellier,
certains salariés font par exemple
deux heures d’anglais par semaine
(sur 37,5 travaillées). Trop peu ?
« Ces formations montent en
puissance ! » En témoigne
la mise en place prochaine d’une
gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences (GPEC),
genrede plan de diagnostic
et de perspective des ressources
humaines de l’entreprise.
Et d’annoncer des mesures
supplémentaires : « On est en train
d’organiser une sorte de bourse
d’idées entre les directions
régionales. » C’est ainsi que, prenant
exemple sur la région Sud-Ouest,
les salariés pourraient être amenés à
faire des jeux de rôle commerciaux…
« Ça veut dire qu’il y a des initiatives
formidables. Et c’est quand même
plus motivant que d’aller au travail
pour regarder YouTube ! »
POLITIQUE
Région A l’UMP,
Morel agace
Les élections régionales
n’auront lieu qu’en 2015, mais
déjà les esprits phosphorent,
voire s’échauffent. En
Languedoc-Roussillon, la
droite, débarrassée du défunt
Frêche et portée par la
prévisible décrue du PS dans
les urnes, croit en sa bonne
étoile. L’ex-candidat UMP
Couderc ayant décidé de
laisser la place aux “jeunes”,
ils sont nombreux sur les
rangs : Jean Castex, le maire
de Prades et ex-secrétaire
général adjoint du Président
Sarkozy ; Stéphan Rossignol,
maire de La Grande-Motte
et chef de file de l’opposition
UMP au conseil régional ; les
députés Elie Aboud (Hérault)
et Pierre Morel-à-L’Huissier
(Lozère). Ce dernier est le seul
à avoir affiché ses ambitions.
Mais ça tousse déjà...
« N’importe qui d’autre que lui,
ça fera l’affaire !, tempête un
cadre de l’UMP. Il est allé vite
en besogne et il n’est pas
aimé. Il a vite trahi son maître,
aux sénatoriales notamment. »
Voilà donc Morel soupçonné
de ne pas avoir assez œuvré
pour le candidat malheureux
aux sénatoriales lozériennes,
Jacques Blanc, dont il fut
longtemps le directeur
de cabinet quand Blanc
présidait... la Région.
Nîmes Casse-tête
pour Damien Alary
Ira ? Ira pas ? Le président
du conseil général du Gard,
Damien Alary, fait durer le
suspense sur ses intentions en
vue des municipales à Nîmes.
Autrement dit la perspective
bien tentante de rafler la ville
à la droite, mais au risque de
partir sur un possible échec.
A 63 ans, affaibli l’an dernier
par un cancer des cordes
vocales, Alary ne veut pas non
plus fragiliser la majorité PS
au conseil général.
« Il ne faut pas prendre le
risque d’une division », assure
un militant, même si « les
atermoiements » d’Alary
commencent à agacer.
Pendant ce temps, la nouvelle
députée Françoise Dumas,
plus qu’intéressée par le
challenge, attend patiemment.
24 HEURES D’ACTUALITÉ DANS LA RÉGION
Aveyron Nouveaux
carbone et TPE
Trois TPE du Biterrois ont fait
le bilan carbone de leurs
locaux, une première
en France. Sans aucune
obligation légale,
contrairement aux entreprises
de plus de 500 salariés, elles
ont pu identifier leur impact
au niveau économique,
écologique et sanitaire
et s’engagent désormais
à le réduire.
Aude
Du 3 au 12 avril, une
opération exceptionnelle
de prévention des conduites
à risque va être menée par
une équipe de policiers
auprès de 700 collégiens et
lycéens mendois. L’unité
arrivera au volant d’un camion
tout dédié à cette opération.
Un engin unique en Europe
dont l’intérieur est aménagé
en salle de classe.
C’est le nombre de portraits tirés par la section
locale de France bénévolat, dans le cadre de
son projet “Narbonnais de 1 an à 100 ans”.
Un immense panneau de 1,5 m sur 1,5 m,
réalisé à partir de la photo noir et blanc de
chaque participant, âgé de quelques mois
à près de 100 ans, sera présenté vendredi, à
l’occasion du relais de la 25e heure organisé par
la MJC. L’équipe attend encore confirmation de
la date pour révéler au public où se tiendra cette
exposition photographique intergénérationnelle.
auprès des élèves
jardins partagés
Pour répondre à la demande
croissante de jardins partagés
de la population, la ville de
Rodez travaille sur la création
d’un nouvel espace de
soixante parcelles de 100 m2,
dédiées aux cultures vivrières,
dans le quartier des Moutiers.
Un projet qui nécessitera un
investissement de 300 000 €.
Premiers coups de pioche
espérés à l’automne prochain.
Hérault Bilan
Lozère Prévention
Vaucluse Le pont d’Avignon en bleu pour Gard Garrigues
sensibiliser la population à l’autisme
C’est un régal pour les curieux qui découvriront ce soir leur pont de
Saint-Bénézet illuminé de bleu. C’est
surtout une cause nationale défendue
par Avignon comme l’ensemble des
grandes villes de France. Pour l’opération “Éclairons la France en bleu”, organisée par le Collectif Autisme pour la
deuxième fois, tous les monuments
prennent le temps de quelques soirées,
depuis le 29 mars et jusqu’au 3 avril,
cette couleur particulière pour évoquer
et sensibiliser la population à cette maladie qui touche près d’une personne
sur 250. Sophie Marcatand, présidente
de l’association Tedai 84, reçoit des familles du Vaucluse et du Gard. Elle témoigne de cette prise de conscience
progressive : « Nous sommes à présent
écoutés par la plupart des élus et notre
travail commence à porter ses fruits. »
Photo JEAN-FRÉDÉRIC GALLO
en fête au Pont
Jusqu’à 18 h ce soir, rive
gauche du Pont du Gard,
des animations sont
organisées autour des 10 ans
de Mémoires de garrigue.
Au programme : marché aux
produits fermiers, animations
pour petits et grands,
spectacles et concerts,
une photo souvenir des
10 ans à l’entrée de Mémoires
de garrigue, pique-nique…
100
P-O Des étudiants inventent
un sécateur sécurisé
Vingt-cinq étudiants en BTS Productions
horticoles du lycée Garcia-Lorca ont mis au
point en quelques mois un sécateur sécurisé,
qui sera présenté au concours trophée Jeunes
prévention de la MSA le 10 avril. Cet outil,
branché sur un compresseur, marche avec l’air
envoyé sous pression. L’objectif est de faire en
sorte que ce sécateur ne puisse pas fonctionner
tant que l’on n’appuie pas sur le bouton de
la poignée que l’on tient avec l’autre main
afin d’éviter les accidents. Les professionnels
qui ont pu le tester sont prêts à l’adopter !
2
C1---
Mende
LE COSTUME
Le Yéti est bon
pour le lavage à sec
Il était temps, grand temps diront certains,
que les festivités de Noël s’arrêtent. Ça faisait
presque de la peine de voir les costumes
de Tic et Tac ou du Lapin maculés de taches,
traces de leur long périple à la rencontre
des Mendois (petits et grands).
Midi Libre midilibre.fr
MARDI 25 DÉCEMBRE 2012
%'"'$
8 HEURES
7˚
11 HEURES
À Chabrits, la meilleure
crèche des environs
Élevage ❘ En plein agnelage, Jean-Claude Brunel, éleveur de
brebis, prend le temps de s’occuper de ses bêtes, même à Noël.
9˚
14 HEURES
8˚
17 HEURES
La fourrure du Yéti faisait presque peine à voir,
alors qu’il embrassait enfants et curieux,
lors de la retraite aux flambeaux sans flambeau
(lire notre édition d’hier). Ses pattes ne sont plus
du blanc éclatant des débuts.
Sûr qu’il y aura de sacrés travaux de pressing
à prévoir pour 2013.
LES CADEAUX
Jusqu’au bout
pour aller en Suède
Jusqu’au bout, ils ont tenu le coup,
les scouts et guides de France. Ils ont emballé,
8˚
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4
● CET INDICE
de la qualité de
l’air (de 1 bon à
10 mauvais)
est fourni par
Air-LR. Plus sur
www.air-lr.org.
■ L’éleveur, l’agneau et le chien de berger , réunis pour une image d’un paradis naturellement œcuménique.
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● CONSEIL
toujours avec le sourire, les cadeaux contre
une participation libre. Hier encore, dans la halle
de Ramilles, ils s’affairaient, avec soin,
aux paquets des clients.
Grâce à l’argent récolté, ils partiront cet été en
camp, en Suède. Pas si loin que ça, finalement,
de la Laponie, patrie du Père Noël.
L’OPÉRATION
Restaurez façades,
toitures et devantures
Les ressortissants de la communauté
de communes Cœur de Lozère peuvent
bénéficier d’aides pour la restauration de toitures
en lauzes, façades, portes anciennes, cages
d’escalier à valeur architecturale, devantures
commerciales et artisanales.
Pour tout renseignement, contacter Habitat
et développement Lozère, 10 boulevard
Lucien-Arnault à Mende (tél : 04 66 31 13 33 ;
fax: 04 66 47 43 78 ; courriel:
[email protected]).
AUJOURD'HUI
Le conseil
municipal
de Mende
se réunira
ce vendredi
28 décembre
à midi, à la
mairie annexe.
!#$"%!
● DÉMARCHE
Tous garçons
et filles,
de nationalité
française,
nés entre le
1er janvier 1997
et le 31 mars
1997, doivent
se rendre en
mairie pour le
recensement
militaire, munis
du livret de
famille, d’une
carte d’identité
et d’un
justificatif de
domicile, après
l’anniversaire
de leurs 16 ans
et avant le
31 mars.
J
ean-Claude Brunel a les initiales de
l’illustre messie dont le monde chrétien commémore aujourd’hui, à
coups de tartines de foie gras, la
naissance, il y a deux mille ans et quelques brouettes de foin, dans une étable
de la proche banlieue de Jérusalem. Sa
bergerie, qui sent le cuir et le fromage,
attend la naissance de plusieurs
agneaux pour Noël. À quelques milliers
de kilomètres de Bethléem, aux portes
de Chabrits, à l’abri du vrai loup et des
faux dévots, les brebis parturientes ne
recueilleront pourtant ni rois mages, ni
encens, ni myrrhe.
« Il y a deux ans,
j’ai visité la capitale,
comme vous, vous
visitez la bergerie »
Jean-Claude Brunel, éleveur
Il y a quelques années encore, ce paysan, exploitant depuis 1976 (« à une époque où il n’y avait point de prime ») et
converti au bio en 1998, améliorait leur
pitance à l’occasion du réveillon : « Et
puis à quoi bon ? Elles ne comprennent
pas… » En plein agnelage, l’agriculteur
n’abandonnera ses bestiaux que le
temps de fêter, avec un ami, la Nativité :
« Si une naissance doit avoir lieu,
alors elle aura lieu. Voilà. » Pour parachever cette crèche vivante, l’une des
sept dernières à Mende (« dans
dix ans, il n’y aura plus que deux
agriculteurs ici », prédit-il), un bouc et
une chèvre complètent ce tableau hiératique, préservé des périls par Miquette,
un chien de berger, qui d’un œil attentif
espionne les mouvements du jeune
troupeau, tandis que l’autre œil, attendri, expertise la miséricorde de son maître de 66 ans : « Mais non ! Viens me
voir, je ne vais point t’engueuler ! »
Une peluche vivante,
toute en laine et en crasse
La dernière agnelle née se porte bien,
sa mère aussi ; merci pour elles. Ce
n’est pas le cas de la jeune maman, épuisée, qui a fait un bien mauvais cadeau
d’anniversaire à Jean-Claude, le
9 décembre : un agneau atteint de la maladie de Schmallenberg, une saleté qui
vous ferait douter de l’existence d’un
dieu pour les animaux et qui a fait pas
mal causer cette année dans les salons
feutrés des chambres d’agriculture. Difforme, il a dû être avorté. Une lutte de
deux heures. Une découpe in utero de
l’enfant qui l’a marqué autant que la brebis. Lasse et fatiguée, elle ne s’est toujours pas redressée sur ses pattes et
guette dans un coin, ensuquée par la terrible épreuve, les agneaux de ses sœurs
plus chanceuses qui commencent à
s’endormir. Anthropomorphisme qui
n’a pas lieu d’être ? Et après tout, pourquoi pas : « Moi, ça ne me choque pas.
J’aime observer la réaction des citadins. Il y a deux ans, j’ai visité la capi-
Photos ALEXANDRE MENDEL
tale, comme vous, vous visitez la bergerie. »
Et puis, si Jean-Claude Brunel ne prête
pas de sentiments humains à ses bêtes,
il sait à quoi songe ce petit agneau qui
dort près de sa mère : « Là, il rêve d’une
tétée. » Avant de préjuger, en connaisseur, des méditations du reste du troupeau, plus vieux : « Oh, ceux-là, ils ne
pensent qu’à bouffer ! » Quand il croise
le regard implorant du « plus sale des
agneaux de la bergerie », une espèce de
peluche vivante, toute en laine et en
crasse, il tend un doigt que le petit mouton mord avec reconnaissance : la mère
ne donnant pas assez de lait, c’est
lui-même qui le nourrit au biberon.
Sur les 100 agneaux, 25 iront au-delà de
quatre mois d’âge. Les autres finiront
en côtelettes et gigots. « C’est mon métier. Je fais de l’agneau de boucherie.
Mais je ne vais pas les voir à l’abattoir.
Ça non ! » Il gracie les femelles les plus
belles.
Orwell, et sa Ferme aux animaux,
aurait fait de Jean-Claude le Dieu du
troupeau, lui qui donne naissance, sacrifie, aide à la vie et choisit son terme. Et
dont la devise, inscrite au-dessus de la
cheminée de sa salle à manger, ne laisse pas planer de doute sur le caractère
un peu plus que terrien de ce paysan qui aime s’interroger : « Et si j’étais
moins idiot que vous ne le pensez ? »
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
Noël Messe
La messe de Noël sera célébrée ce matin
à 10 h 30 en la cathédrale de Mende.
À LIRE DEMAIN
La chronique cinéma
et les programmes
complets des salles
obscures de Lozère
■ Moment de répit pour l’éleveur et Miquette après avoir donné du foin.
■ Ce petit doit être nourri au biberon.
W6---
■ Nîmes
Midi Libre midilibre.fr
LUNDI 9 SEPTEMBRE 2013
7
Le petit gibier fait sa rentrée
Chasse ❘ La saison est vraiment lancée depuis hier matin. Exemple au Grau-du-Roi.
C
asquette fluo ou pas ? Et si la
perdrix, qui observe le monde en bichromie, repérait ainsi plus facilement son prédateur armé ? C’était le débat, hier, sur
les sentiers moites de la Petite-Camargue, au Grau-du-Roi, alors que
s’ouvrait, dans le département, la
chasse au petit gibier. La législation
a évolué : désormais les quelque 19 000 titulaires d’un permis de
chasse que compte le Gard devront
revêtir un chapeau, visible de loin,
pour tirer, notamment, le lapin ou la
tourterelle.
« Avec le printemps
pluvieux, les nichées
ont été extrêmement
tardives »
Alain Chabaud de la
commission de la chasse.
■ Casquette bien visible de rigueur cette année - pour assurer la sécurité des tireurs - et limitation des prises afin de préserver les réserves.
Hier, Pierre Ravel, garde-chasse particulier depuis trente-cinq ans, n’a
pas verbalisé. «Attention ! La semaine prochaine, c’est 35 € le PV.
Aujourd’hui, j’ai été brave… », avertit-il, alors qu’en quatre ans, clément
et rompu au dialogue, il n’a jamais
eu à sortir son carnet à souches.
« C’est vrai, on ne réprime pas beaucoup ici, reconnaît Jacques Gisclard, président de la fédération départementale des gardes particuliers. On fait surtout de la prévention. Ce n’est pas un territoire de
gros braconnage contrairement au
nord-est de la France. »
Et d’ailleurs braconner quoi ? Comme un peu partout ailleurs, des faisans (200 pour les quelque 1 150 ha
de territoires de chasse rien qu’au
Grau-du-Roi) ont été lâchés. Les ré-
serves se font rares cette année. « Il
en manquait. Avec le printemps pluvieux qu’on a eu, les nichées ont été
extrêmement tardives », explique
Alain Chabaud de la commission de
la chasse. «Et puis c’est une ouverture. Et sur deux heures et demie uniquement. Ce n’était pas un jour de
traque mais un jour de fête », ajoute
Philippe Houny, président du syndicat des chasseurs du Grau-du-Roi,
une structure vieille de 75 ans.
« Je ne suis pas un viandard. Il faut
être intraitable avec ceux qui ne respectent pas les règles. Notamment
celles concernant la sécurité », martèle Albert Granier, pêcheur à la ville
(si l’on ose dire) et chasseur du dimanche. Hier, avec Pierre Ravel - on
ne saura jamais qui des deux a tiré le
coup mortel -, il a abattu un faisan,
une minute à peine après avoir gentiment sermonné Sam, son labrador
de 9 ans, qui semblait se lasser de la
balade. Il se contentera de cette unique prise, préférant bavarder avec
Pierre Ravel et profiter de ce décor
imprégné par le sel et le sable.
De bons sentiments
D’autant que l’humidité, due aux orages de la veille, qui donnait des reflets turquoise aux saladelles, n’a
pas aidé les chiens, qui ont eu du
mal à exercer leur flair dans ces chemins, aussi détrempés qu’ils sont
plats, de la Petite-Camargue.
La limitation à deux perdreaux,
deux faisans et deux lapins par chasseur aide aussi à préserver les réser-
ves cynégétiques. Quand ce ne sont
pas carrément les bons sentiments
qui font lever les carabines. Comme
ceux qu’a pu nourrir à l’égard d’une
bête, hier, Luc Bereziat, venu chasser, avec son fils Thomas (deux tireurs impressionnants d’agilité et de
vitesse) : « J’ai vu un lapin, il avait
l’air maigre, malade, les yeux tout
rouges. Je n’ai pas voulu tirer.
Alors que mettre un coup de carabine à un gros bien portant, ça ne me
dérange pas. » Les lapins qui nous lisent ont donc jusqu’au 28 février
2014 pour faire un régime et se mettre du citron dans les yeux, s’ils veulent sauver leur peau.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
Photos Alexandre MENDEL
Terre de chasses
Le Gard est un territoire
de chasseurs assez disparate.
Pour résumer, le Nord se
consacre davantage au gros
gibier (d’autant que les
chasseurs sont obligés
de prélever des sangliers), tandis
que le Sud est davantage tourné
vers le petit gibier. La fédération
départementale se porte bien.
L’opération “premier permis
de chasse” (dès 16 ans) à 1 €
est un succès. Beaucoup
de sociétés cynégétiques
s’y associent en finançant
la première carte de chasse.
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Loiret/Région
Temps fort
Du caviar 100 % terroir
dans les eaux solognotes
■ Vous en aurez
peut-être, ce vendredi soir,
sur votre table.
Et si vous privilégiez
la région, il viendra
forcément des étangs
de Sologne, à 15 kilomètres
seulement des tartes Tatin
de Lamotte-Beuvron.
La Sologne s’était bâtie une
image sur ses chasses — célèbres —, sur ses haras — réputés — et sur Auguste
Pignard — injustement vilipendé mais mythique. Voilà
qu’émerge maintenant, des
étangs poissonneux, un autre
titre de gloire à cette campagne
sablonneuse de carte postale.
Depuis quatre ans, du caviar est
produit à Saint-Viâtre (Loir-etCher), à la pisciculture Hennequart.
Plus qu’une curiosité locale, ces
petites billes grises, tirant sur le
noir, commencent à solidement s’installer sur les tables de
restaurants parisiens prestigieux. Même la patronne du
Lion d’Or, un café-restauranthôtel du village (10 euros le
menu du jour, quart de vin compris), « recommandé par le club
des bons vivants », s’en est offert
une petite boîte. Son opinion ?
« C’est salé, ça sent le poisson et
c’est
cher. »
Comptez
2.200 euros le kilo.
Seulement 800 kilos
Vincent Hennequart, pisciculteur dans cette SARL familiale, a
attendu 2002 avant d’y goûter.
Il avait 40 ans, songeait déjà à
s’occuper d’un « cheptel d’esturgeons », et a choisi, pour sa pre-
JEUDI, À SAINT-VIÂTRE (LOIR-ET-CHER). Patricia et Vincent Hennequart sur l’exploitation piscicole du Grand-Cernéant. La sœur gère la comptabilité tandis que le frère, biologiste,
s’occupe de la production de cet or noir. (Photo : Thierry Bougot)
mière cuillerée, du caviar de
L’Esturgeonnière, en Aquitaine,
qui élève des Baeri, l’une des
vingt-quatre espèces, venue de
Sibérie. « J’ai trouvé ça bon. »
Il se lance avec des alevins. Pour
la reproduction, il est aidé par
l’Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de
l’environnement de Bor-
« Un produit honnête » pour Armen Petrossian
On l’appelle « le pape du
caviar ». Armen Petrossian
— qui dirige, à Paris et à
New York, la maison du
même nom — est président
de l’International caviar importers association (ICIA). Il a
évidemment goûté le caviar
de Sologne. Pour lui, il s’agit
« d’un produit honnête, pas
mal ». L’expert ajoute tout de
même « ne pas en avoir assez
goûté pour avoir une opinion
tranchée ». Car, « il y a caviar et
caviar » et surtout, « le goût
peut être différent d’un esturgeon à un autre ». Lui qui a été
le premier à importer du
caviar chinois « n’aime pas
qu’on colle des étiquettes sur les
produits », même si les siennes
sont prestigieuses.
Se verrait-il vendre un jour du
caviar de Sologne, dans sa
boutique du très chic boulevard de la Tour-Maubourg,
dans le VIIe arrondissement
de Paris ? « Pourquoi pas. Rien
n’est exclu ! » Surtout que ce
spécialiste sait qu’il ne suffit
pas d’être un bon pisciculteur.
Il faut aussi « un savoir-faire
derrière ». Bref, « ce n’est pas
parce que votre jus de raisin est
excellent que ça fera un Château Pétrus ».
deaux (Gironde).
Les poissons sont introduits
dans des bassins allant jusqu’à
50.000 m2. Ce n’est qu’en 2007
que la première production est
lancée, le temps que les premières femelles « deviennent matures » et produisent des œufs.
« Plusieurs années où l’on ne
gagne pas d’argent », indique
Vincent Hennequart. Sa mère,
Simone, trouve même le nom
qui sera apposé sur les boîtes,
clin d’œil aux accents slaves et à
la région : ce sera « Solenska »,
marque déposée depuis.
Combien sont-ils, aujourd’hui,
ces esturgeons ? Environ 50.000
à faire trempette dans les eaux
de Saint-Viâtre. De générations
diverses, « de tailles diverses et
d’une grande variabilité de com-
Un produit cher car choyé
Cet esturgeon n’a que trois mois. Il faudra attendre ses deux ans pour
le « sexer ». Les mâles sont tués pour la chair. (Photo : P. Hennequart)
Qu’est-ce qui explique que le
caviar soit si cher ? Un élevage méticuleux. Rien que
pour séparer les mâles des
femelles, il faut attendre environ deux ans. Et faire une
échographie ! Comme à la
maternité.
Les poissons sont ensuite suivis et élevés toute l’année,
pendant sept à huit ans. « Normalement, c’est vers cet âge
que la femelle, devenue mature,
fait des œufs. » Nouvelle échographie pour savoir si l’esturgeon en contient. Seulement
20 % des femelles d’une
même génération en contiennent. Et produisent rarement
le même poids : de 500 grammes à 4,5 kilos — un record,
à Saint-Viâtre, toutefois.
Quand elles contiennent des
œufs, les femelles sont tuées.
Éventré par césarienne, le
poisson passe de vie à trépas.
On perce la rogue (l’enveloppe contenant les précieux
œufs), on lave les ovules, on
les tamise, puis on les sale. Ce
n’est qu’ensuite qu’on les
conditionne en boîtes, sous
vide. Le tout est effectué dans
des laboratoires aux dernières normes.
Le seul soin apporté à l’élevage n’explique pas le prix,
souvent exorbitant, du produit. « Les intermédiaires sont
nombreux dans le monde du
caviar », explique Vincent
Hennequart, à la tête d’une
entreprise qui compte huit
employés.
2 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - VENDREDI 31 DÉCEMBRE 2010 , SAMEDI 1er ET DIMANCHE 2 JANVIER 2011
portement », ne produisant, évidemment, pas de caviar en
même temps. Choyés, bichonnés comme des enfants gâtés,
les esturgeons ne doivent pas
jouer des nageoires pour bouger. Chaque esturgeon dispose
ainsi de 10 m3.
Gare aux cormorans
On est loin de ce que le caviar
du futur, plus accessible au commun des mortels, pourrait être.
Sans citer de nom, Vincent Hennequart vise certaines productions, dans lesquelles les esturgeons sont élevés en masse
dans des conditions de production intensive, qui pourraient
certes faire baisser les prix, mais
aussi faire baisser la qualité
d’un produit d’exception. La pis-
ciculture Hennequart ne produit « que » 800 kilos de caviar,
réalisant déjà, grâce à cet or
noir, 50 % du total du chiffre
d’affaires de l’exploitation. La
production devrait, en 2017,
arriver à saturation.
En attendant, la seule concurrence locale reste celle des cormorans qui rôdent et s’en prennent, sans état d’âme, aux esturgeons. Pour les éloigner des
étangs et de la richesse naturelle qu’ils renferment, le pisciculteur a installé un effaroucheur à détonation. Quelques
coups suffisent à éloigner le prédateur. L’un des rares visiteurs à
ne pas comprendre la valeur
inestimable que renferment les
étangs de Saint-Viâtre.
Alexandre Mendel.
Où trouver les précieuses
billes solognotes ?
Inutile de vous précipiter à
la ferme piscicole du GrandCernéant. Tout leur caviar a
été vendu. Mais il reste trouvable à certains endroits.
Comptez plus de 200 euros
pour une boîte de 100 grammes. Une broutille, en ces
temps de crise.
● Les caves Anthoyanes, à
Orléans (02.38.62.50.76).
● Aux Vignobles de Sologne,
à
Olivet
(02.38.58.08.06).
● L’épicerie des délices, à
Romorantin (Loir-et-Cher)
(02.54.83.96.71).
Et si, par hasard, vous deviez
réveillonner à Paris, que
vous avez eu la présence
d’esprit de réserver votre soirée du réveillon au Bristol,
un restaurant trois étoiles
parisien, sachez que le chef,
Éric Frachon, l’a mis au
menu. D’ailleurs, « les chefs
nous ont toujours complimentés », glisse Vincent Hennequart.
Et les esturgeons mâles ?
Qui, par faute génétique, ne
produisent pas d’œufs (les
imbéciles !). Ils sont débités
sous forme de filets, souvent
pour l’Europe du Nord et de
l’Est. Sauf que Vincent Hennequart n’a pas la moindre
idée de l’endroit où se
trouve la chair des époux de
leurs précieuses « esturgeonnes ». Triste sort.
Loiret/Région
Allô ! Veuillez patienter
avec les musiques d’attente du Loiret...
■ Grinçantes, répétitives,
laides ou originales :
les musiques jouées
au téléphone
des administrations sont
réfléchies. Dans un océan
de soupes commerciales,
tarifées et étudiées,
nagent quelques pépites.
À Olivet, guinguettes et répondeurs font la réputation de la
ville. Chaque année, la mairie
change de musique d’attente
téléphonique. Chaque année,
Hugues Saury, le maire, se
marre. En février, son service
communication lui a proposé
plusieurs titres issus du répertoire — gigantesque — de la
mythique Société des auteurs,
compositeurs et éditeurs de
musique (Sacem, lire « Questions à »).
En compétition, parmi trois
autres titres, la chanson « Les
Cornichons » de Nino Ferrer.
Trop connotée. Les électeurs
auraient pu, à tort ou à raison,
se sentir visés. Le maire a flairé
la blague. Pas facile de se choisir pour un an de conversations
téléphoniques une identité
sonore, dans les limbes de l’attente administrative.
Bach ou Vivaldi, à l’œil
Finalement, Olivet a choisi
« Relator » chantée par Scarlett
Johansson. De bon goût, même
si c’est en anglais. « On se sent
plus libre » en langue étrangère,
raconte-t-on à la communication. C’est on ne peut plus vrai.
Si l’on traduisait l’un des couplets — qui vient assez tard
dans le refrain —, voilà ce que
cela donnerait : « Je ne demande
pas, je n’emprunte pas, je vole. »
Entraînante, cette chanson
échappe aux rythmes de l’archiclassique « Suite française
numéro 3 » de Jean-Sébastien
Bach. Tellement jouée qu’on
préférait presque encore un
morceau de NTM. « Surtout
pas ! On évite tout ce qui est grossier », jure-t-on dans cette banlieue chic d’Orléans.
Bach ou Vivaldi — un autre
classique des standards téléphoniques, spécialement avec le
« Printemps » des « Quatre saisons » — sont pourtant de
REPÈRES
■ Pas si cher
Comptez 163,77 euros par an
pour 25 lignes sonorisées, soit
cinq modules de standard.
À noter : on ne parle pas de
taxes mais de salaires.
■ Gratuit, après 70 ans
Une musique tombe dans le
domaine public 70 ans après
la mort du dernier auteur. On
doit attendre près d’un siècle
si l’auteur est mort pour la
France. Ou a combattu pendant la guerre. Ce qui exclut
par exemple Maurice Chevalier,
qui avait la fâcheuse habitude
de chanter pour Radio Paris.
■ Inaliénables
En droit français, l’auteur ne
peut ni vendre, ni renoncer à
ses droits.
■ Une manne
Plusieurs sociétés proposent de
créer « des œuvres de commande » clés en main. Musique originale, mixage : il y en
a pour toutes les bourses.
bons camarades. Parce qu’ils
ont eu le bon goût de mourir il
y a plus de soixante-dix ans, ils
sont tombés dans la postérité et
dans le domaine public et s’offrent — à l’œil — aux oreilles
des usagers du service public.
Pas de Richard Wagner au
conseil général, où on opte
pour le zen. Loin des notes martiales de « La Chevauchée des
Walkyries ». Le département a
choisi le titre « Yeha-Noha » de
l’album « Sacred Spirit » : des
chants et des danses d’Indiens
d’Amérique. La direction de la
communication du conseil
général explique avoir choisi
une musique « apaisante, qui a
semblé convenir à une attente
téléphonique des usagers qui
s’adressent aux services départementaux ».
Dr. House et Ushuaïa
« Écoutez, je ne sais pas quelle
musique
nous
utilisons
(NDLR : une sorte de musique
classique avec un arrangement
moderne, plutôt daté), mais
j’adore la musique du conseil
général ! » s’amuse d’ailleurs
Laurence Delas, des affaires
générales de la ville de Gien.
Les services municipaux de
Montargis ont, eux, carrément
profité de la réfection de la mairie, suite à son incendie en
2002, pour changer de thème
musical. « Une musique a priori
sans droits », indique la ville
pour quelques tons jazzy sur
un air de guitare bien fatiguée.
Typique des hôtels clubs en
bord de mer ; le buffet à
volonté n’aidant pas forcément
à digérer le tout.
Dans cet océan de soupes, la
communauté d’agglomération
d’Orléans a mis le paquet, en
payant un prestataire de service, la société lyonnaise ATS.
Actuellement, le siège joue une
musique « neutre, moderne, et
T
e
m
p
s
fo
rt
Certaines collectivités, comme la mairie d’Orléans, font appel à des professionnels du mixage et du son. (Photo : Thierry Bougot)
d’actualité » (il s’agit du générique du feuilleton américain
« Dr. House ») et adapte son
répertoire suivant les événements. La mélodie de l’émission « Ushuaïa » accompagne,
par exemple, la campagne de
tri des déchets. Tout à fait dans
le ton.
La mairie d’Orléans fait exception, en préférant les voix off.
Dix messages par an sont mixés
par une entreprise spécialisée.
Les musiques se doivent d’être
raccord avec l’événement. On
évitera juste « Allumez le feu »
de Johnny Hallyday pour les
fêtes de Jeanne d’Arc.
Alexandre Mendel.
« La dernière séance » à l’hôpital de Pithiviers
Clin d’œil maladroit ou faute
de goût ? Quand vous appelez pour avoir des nouvelles
d’un proche soigné à l’hôpital de Pithiviers, la musique
d’attente risque de vous
retourner le cœur.
Le standard joue un tube,
vieux de trente-trois ans. Un
membre de votre famille est
entre la vie et la mort ? Vous
tomberez sur « C’est la dernière séance » d’Eddy Mit-
Au conseil régional, on ne sait plus
qui paie le compositeur
La région la voulait « fière et
sublime ». Et libre de droits.
Cédric Baud, cameraman et
réalisateur à Lyon, qui avoue
que son activité musicale se
borne « à donner des concerts
gratuits dans les appartements
des gens », a exaucé le vœu de
la collectivité territoriale.
C’était il y a quatre ans. Un
ami lui propose de faire la
bande-son du film du conseil
régional sur le Centre. Contre
1.865,76 euros, il se met à bosser pendant plusieurs mois en
s’inspirant de « La symphonie
du Nouveau monde » de Dvorak. « Ils étaient comme fous
avec cette musique ! Il a fallu
faire beaucoup d’allers-retours
entre la prod’ et la région », se
souvient Cédric Baud. Résultat, le morceau a tellement
plu qu’il a été recyclé sur le
standard.
« Aucune relation »
Dans les faits, ça ressemble un
peu aux bandes originales des
films d’action des années
1980. Donnant l’impression
que Chuck Norris va finir par
vous répondre. Cédric Baud
ne la mentionne pas dans son
CV, lui qui a aussi réalisé l’accompagnement sonore de plusieurs émissions de TF1 ou
chell, une chanson restée
célèbre pour avoir servi de
générique à l’émission homonyme de feue la chaîne FR3.
Certes, il ne s’agit que de la
mélodie (l’hôpital paie
133 euros par an à la Sacem
pour l’utiliser), mais les paroles sont dans toutes les
têtes : « C’était sa dernière
séquence. C’était sa dernière
séance. Et le rideau sur l’écran
est tombé. Bye bye, au revoir, à
jamais... » Rassurant.
Pascal Gaillard, directeur des
soins de la qualité de l’hôpital, se dit étonné : « Franchement, je la découvre ! C’est
vrai que quelque chose de plus
classique serait préférable. »
Personne n’est en mesure de
dire qui, quand et pourquoi
cette chanson a été choisie.
Un petit plaisantin, un
inconscient ou un fan
d’Eddy Mitchell ?
QUESTIONS À
Éric Menudier
adjoint à la direction
régionale de la Sacem
« Les petits ruisseaux
font les grandes rivières »
Aux instruments, Cédric Baud. L’auteur de la musique du conseil
régional aurait renoncé à ses droits pour un peu plus de 1.800 euros.
France 3. La région jure ne
rien payer à la Sacem car,
explique Sophie Lorenzi, du
service communication, « le
marché conclu prévoyait que
l’auteur cède l’ensemble de ses
droits patrimoniaux ».
Or, Cédric Baud est membre
de la Sacem et, de fait, a
confié la gestion de son
« salaire » à cet organisme
pour ses œuvres passées, présentes et futures. Ce qui représenterait quelques centaines
d’euros, depuis 2006 ; « de
quoi se payer des vacances »,
s’amuse le compositeur, qui a
le statut d’intermittent du
spectacle.
Interrogée, la région produit,
pour toute réponse, une facture adressée à la société
CLCT, une entreprise troyenne
spécialisée dans les voix off et
le mixage des fréquences téléphoniques :
777, 40 euros
« payés chaque année ». Dommage, Cédric Baud n’a jamais
entendu parler de CLCT, avec
qui il n’a « aucune relation ».
Catherine Bernard, directrice
de l’information et de la
presse à la région, promet
qu’on finira par savoir « qui
doit quoi et combien à Cédric
Baud ». La région songe de
toute façon à changer de musique. Pourquoi pas « Money
for nothing » de Dire Straits ?
Quel est le rôle de la Société
des auteurs, compositeurs
et éditeurs de musique dans
le choix des musiques d’attente ?
On intervient pour faire payer
le salaire des auteurs qui sont
sociétaires chez nous et de
tous les organismes mondiaux affiliés à la Sacem. En
clair, on leur doit un salaire. À
partir du moment où c’est un
numéro professionnel ! Nous
procédons à un mailing de
15.000 à 20.000 courriers chaque année pour les prévenir
que la Sacem est là pour
signer avec eux ce qu’on
appelle un contrat général
d’exploitation. Contre une
somme d’argent, les collectivités peuvent puiser dans un
répertoire de 32 millions
d’œuvres françaises et étrangères. Car nous avons des partenariats avec nos homologues
étrangers.
Et ça arrive que des administrations ne paient pas ces
salaires ?
J’ai une certaine déformation
professionnelle. Quand j’entends une musique, je regarde
si l’auteur a été payé. Si ce
n’est pas le cas, j’adresse un
courrier. On peut dresser un
PV mais, pour être franc, on
ne va pas au tribunal pour
quelques dizaines d’euros.
Cela dit, les petits ruisseaux
font les grandes rivières.
Les gens sont-ils conscients
qu’une musique, au téléphone, ça se paye ?
Pas toujours ! J’entends des
personnes me dire « Mais
c’est de la musique anglaise.
Pourquoi vous intervenez ? »,
ou qui passent des arrangements modernes sur de la
musique classique, en pensant que c’est gratuit. Eh non,
Rondò Veneziano, ce n’est
pas gratuit !
LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MERCREDI 18 AOÛT 2010 - MON - 5
W2---
■ Nîmes
Midi Libre midilibre.fr
SAMEDI 19 OCTOBRE 2013
Clémentine Mélois tire
à elle les couvertures
Le portrait du samedi ❘ Professeur aux beaux-arts de Nîmes, elle est devenue
un vrai phénomène sur le net, en pastichant avec humour des dizaines de livres.
L
a voilà, celle qui hisse le trait
d’esprit au rang d’œuvre d’art,
hybride au féminin de Pierre
Dac, de Bobby Lapointe et du
professeur Choron. Clémentine Mélois, professeur aux beaux-arts de Nîmes, redonne une autre dimension au
jeu de mots, à ces calembours qui, à la
longue, au rythme de L’Almanach Vermot ou - pire - des blagues de Laurent
Ruquier, finissent toujours par ennuyer. Boris Viande - Légume des
jours, Friedrisch Nietzsche - Le crépuscule des idoles des jeunes, Homère - Liliane et l’Audi C, Saint-Exaspéré - Vol de nuit, Marx - Et ça repart :
ces titres sont issus des quelque 80 détournements, clins d’œil adroits aux
rayonnages de bibliothèque, imaginés
pour la plupart par cette jeune femme
discrète de 33 ans, qui enseigne les
pratiques éditoriales au cœur de la cité des Antonin, dans ce sud, où - c’est
connu - les pastiches par temps bleu
sont délicieux.
« Si les gens n’y voient
que des jeux de mots,
très bien. Chacun
s’approprie ces livres »
Clémentine Mélois
Son album Chef-d’œuvre de la littérature (ainsi que se nomme son projet
démarré en mars) lui a valu, cet été,
une foultitude d’articles élogieux dans
la presse nationale, bien aiguillée, il
est vrai, par le buzz aussi imprévu que
mérité qu’a créé sa page Facebook,
aujourd’hui suivie par presque
8 000 personnes. « Évidemment, c’est
surprenant. C’est réjouissant », lâche
Clémentine Mélois, qui voit dans son
travail bien plus qu’un hommage visuel à l’art de la paronomase.
« L’idée m’est venue après une conversation. J’avais confondu Paul Valéry
et François Valéry. Bon, j’ai toujours
eu un problème avec les noms propres... » Voilà pour la genèse, voilà
pour l’anecdote. Pour le reste, il s’agit
d’un travail sérieux : « Cela rentre
dans un projet plus global sur les livres. J’y vois des références aux situationnistes ou encore à l’art concep-
■ Cette jeune femme discrète de 33 ans devrait publier, début 2014, un recueil de ses détournements.
tuel. Cela peut faire penser au mouvement Fluxus ou à Duchamp… Dans
mon travail, je me demande toujours
comment aller au-delà de la seule diffusion des livres. » Avant de reprendre du recul : « Mais, si les gens n’y
voient que des jeux de mots, très
bien. Chacun s’approprie ces créations. Leur réception échappe à l’artiste. »
Quel a bien pu être le déclic ? Elle,
fille d’un sculpteur et d’une prof de
français, n’a pas attendu de savoir lire
pour s’approprier les ouvrages. Elle
qui, enfant, avait gagné, à l’âge de
9 ans, un concours pour Gallimard en
ayant écrit un petit texte intitulé Cent
ans, déjà. « J’ai revu, il n’y a pas
longtemps, une photo de moi, en pyjama, entourée des 365 livres que Gallimard m’avait envoyés. » Anecdote révélatrice de ce début d’histoire
d’amour entre la matérialité des bouquins et celle qui allait faire les
TÉLÉGRAMMES
● IMPÔTS Pour éviter l’attente au guichet, les services des
impôts conseille le paiement en ligne sur impots.gouv.fr.
Pour contacter le centre des finances publiques,
15, boulevard Étienne-Saintenac : Nîmes-sud,
[email protected] ; Nîmes-est :
[email protected] ; Nîmes-ouest :
[email protected]. Du 12 au
15 novembre, le centre des finances publiques modifie ses
horaires d’ouverture. L’accueil sera assuré de 8 h 30 à 11 h 30
et de 13 h 30 à 16 heures. Contact :
[email protected].
● CAF DU GARD La Caf du Gard informe que pendant la
période de congés scolaires, du 21 octobre au 1er novembre,
aucune permanence administrative ne sera assurée.
Seuls, les accueils de Nîmes, Alès, Bagnols-sur-Cèze et
Beaucaire resteront ouverts.
Tél. 0810 25 30 10 ou www.caf.fr.
● HISTOIRE La Société d’histoire moderne et
contemporaine de Nîmes et du Gard organise une
conférence sur “Les faubourgs de Nîmes du XVIIe au
XXe siècle : intérêt patrimonial et enjeu urbain” par Philippe
Aramel, aujourd’hui, à 14 heures, au musée des Beaux-Arts,
23, rue Cité-Foulc.
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● CONFÉRENCE La Société d’histoire du protestantisme
recevra Stephan Rüdiger, chercheur, pour une conférence
sur le thème “1963-2013 : 50e anniversaire du traité
de Gaulle-Adenauer, le rôle des églises dans la réconciliation
franco-allemande”, aujourd’hui, à 16 heures, à Carré d’art.
Beaux-Arts de Paris. « Un livre, en
soi, ça évoque quelque chose. J’ai toujours eu une pratique de lecture en
tant qu’artiste. »
Un roman-photo également :
“Foufoune tendance”
D’où la recherche de la matière, de la
bonne typographie, qui subliment le
décalage entre le fond (le jeu de mots,
jamais potache, toujours pertinent) et
la forme (le livre parfaitement imité).
Se contenter de bidouillages numériques n’est pas son truc. Il lui fallait
une mise en scène, même minimaliste. « Pour les photos, je tiens ces livres
dans la main », sa manière à elle une
fois de plus « de se jouer des codes ».
Même pour la photo de cet article, elle insiste, facétieuse : « Bon, d’accord
pour la photo. Je vais poser devant
Mondial maquettes et je vous renverrai la photo. Je changerai une lettre,
ha ha ! » Et ces farces artistiques ne
Photo montage CLÉMENTINE MÉLOIS
sont pas ses seuls enfants. Clémentine Mélois s’est déjà illustrée - si l’on
ose dire - dans un roman-photo - hilarant - avec Foufoune tendance ou en
créant, pendant quatre ans, des calendriers de marins pêcheurs frappés de
la typographie des immatriculations
des bateaux de L’Île-d’Yeu où, naguère, elle a résidé. Et aujourd’hui ? Quelques exemplaires de ses livres sont exposés jusqu’à demain à La Panacée, à
Montpellier (1). Pierre Assouline, de
La République des livres, a consacré
un billet à l’artiste. « Que l’on parle de
moi dans les pages littérature, ça fait
vraiment plaisir. » Un recueil de ses
contrefaçons sortira en 2014. Et promis, elle ne tirera pas la couverture à
elle.
ALEXANDRE MENDEL
[email protected]
◗ (1) La Panacée : 14, rue de l’Ecole-de-Pharmacie, à Montpellier. De 10 heures
à 18 heures.
3
CINÉMAS
FORUM
3, rue Poise, ✆ 08 92 68 86 30.
Turbo. Auj. : 13 h 55, 16 h. 3D :
18 h 05, 20 h 05, 22 h 05.
Eyjafjallajökull. Auj. : 18 h 15,
20 h 15, 22 h 15. Au bonheur des
ogres. Auj. : 14 h, 16 h 15,
19 h 30, 21 h 35. L’extravagant
voyage du jeune et prodigieux
T.S. Spivet. Auj. : 14 h 15,
16 h 35. 3D : 19 h 30, 22 h.
Planes. Auj. : 14 h 15, 16 h 15.
KINEPOLIS
Mas des Abeilles
✆ 0 892 688 630.
2 guns. Auj. : 22 h 30. 9 mois
ferme. Auj. : 14 h, 15 h 55, 20 h,
22 h 20. Au bonheur des ogres.
Auj. : 13 h 45, 15 h 50, 20 h 20,
22 h 25. Blue Jasmine. Auj. :
14 h 15. C’est la fin. Auj. : 18 h.
Diana. Auj. : 13 h 50. Insidious.
(12 ans). Auj. : 15 h 45, 20 h 15,
22 h 30. La confrérie des
larmes. Auj. : 18 h. La vie
d’Adèle. (12 ans). Auj. : 14 h,
16 h 15, 20 h 30, 21 h 45.
Le marjordome. Auj. : 13 h 50,
16 h 45, 19 h 45.
Eyjafallajökull. Auj. : 13 h 50,
16 h, 18 h 05, 20 h, 22 h 30.
L’extravagant voyage du jeune
et prodigieux T.S. Spivet.
Auj. : 16 h 45. 3D : 14 h 15,
19 h 45, 22 h 30.
Planes. Auj. : 14 h, 16 h, 18 h 05.
3D : 13 h 50, 20 h 20.
Players. Auj. : 16 h 45, 19 h 30.
Prisoners. (12 ans). Auj. : 14 h,
17 h, 20 h 30, 22 h 10.
Riddick. (12 ans). Auj. : 22 h 30.
Sur le chemin de l’école.
Auj. : 14 h. Turbo. 13 h 45,
17 h 15. 3D : 15 h 55, 18 h 10,
20 h 15, 22 h 20.
SÉMAPHORE
25, rue Porte-de-France
✆ 04 66 67 83 11.
Gabrielle. Auj. : 15 h 40, 22 h .
Omar. Auj. : 13 h 45, 20 h 30.
Salvo. Auj. : 16 h 05, 21 h 50.
La vie d’Adèle. (12 ans).
Auj. : 13 h 45, 17 h 15, 20 h 45.
La danza de la realidad.
Auj. : 21 h 40.
Vandal. Auj. : 16 h 25, 22 h 15.
La vie domestique. Auj. :
13 h 45, 20 h 10. Blue Jasmine.
Auj. : 14 h, 19 h 50. Mon âme
par toi guérie. Auj. : 17 h 20.
The way. Auj. : 17 h 40.
Ne m’oublie pas. Auj. : 20 h 15.
Elle s’en va. Auj. : 18 h 10.
Le majordome. Auj. : 18 h.
Sémaphore junior
Qui voilà. Auj. : 15 h 40.
Koko le clown. Auj. : 16 h .
Lettre à Momo. Auj. : 13 h 50.
Loiret/Région
FAITS DIVERS
MONTARGIS
Séquestrée, violée, torturée,
la jeune fille doit la vie sauve à un passant
HIER, À MONTARGIS. À gauche, la Maison de l’enfance, d’où avait fugué la jeune victime. À droite, le canal de Briare, dans lequel les trois suspects voulaient la noyer. (Photos : Gaël Bardin)
■ Une adolescente
de 14 ans a vécu
quarante-huit heures
de cauchemar. Elle a été
enfermée, violée, puis
torturée. Son corps devait
être jeté dans le canal
de Briare. Un témoin a
interrompu ce jeu macabre.
Comme dans tous les calvaires, l’histoire est sordide, terrible, incompréhensible. La liste
des préventions la rend encore
plus innommable : séquestration, violences volontaires,
viol accompagné d’actes de
torture et de barbarie, et tentative d’assassinat.
Les protagonistes sont tous de
Montargis. Il s’agit de deux
hommes de 19 ans et de deux
filles, l’une de 13 ans et l’autre
de 14 ans. C’est cette dernière
qui, après avoir été enfermée
dans un appartement, a été
violée et torturée.
Comment aurait-elle pu imaginer le martyre qu’elle allait
subir ? La victime était
accueillie au sein de la Maison
de l’enfance de Montargis.
Habituée des fugues, elle avait
trouvé refuge chez un jeune
homme de 19 ans, en compagnie d’une autre pensionnaire
de la Maison de l’enfance,
âgée, quant à elle, de 13 ans.
En confiance — ils se connaissaient depuis assez longtemps —, elle s’installe, sans
appréhension. Tout dérape, le
26 août.
Ligotée et bâillonnée
Une longue journée de cauchemar commence alors. La
jeune fille est d’abord enfermée, privée de toute liberté.
Sans doute pour un différend
MEUNG-SUR-LOIRE
Accident sur l’A 10 : une voiture
sur le toit et un embouteillage
L’accident a provoqué un
embouteillage monstre. Hier,
peu avant 18 heures, un véhicule circulant sur l’autoroute
A 10, dans le sens Tours-Paris,
s’est renversé sur le toit, près
de la sortie de Meung-surLoire. Très vite, le peloton
autoroutier de la gendarmerie
et les pompiers se sont rendus
sur place, au point kilométrique 101. Le véhicule, à bord
duquel voyageaient quatre
personnes, s’est couché sur la
voie intermédiaire, provoquant plusieurs kilomètres de
retenue et l’impatience des
vacanciers qui revenaient de
congés. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur aurait voulu éviter une
voiture qui lui faisait une
queue de poisson. Impressionnant, l’accident n’a fait que
deux blessées légèrement touchées, des passagères transportées au centre hospitalier
régional d’Orléans-La Source.
La circulation a été rétablie
vers 18 h 30 et est redevenue
fluide vers 19 heures.
A. Me.
CHÂTEAUDUN (EURE-ET-LOIR)
L’origine de l’incendie
toujours pas déterminée
La compagnie de gendarmerie
de Châteaudun (Eure-et-Loir)
poursuit ses auditions. Les
enquêteurs veulent entendre
toutes les personnes de l’entourage de Ginette Breton, une
femme de 60 ans en grande
détresse sociale, sous tutelle,
décédée vendredi soir dans l’incendie de sa maison. L’origine
de l’incendie n’a toujours pas
été déterminée. Un expert
incendie mandaté par la gendarmerie doit se rendre sur place.
6 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MARDI 31 AOÛT 2010
futile. Peut-être pour un
vague contentieux d’argent,
portant sur une somme dérisoire.
L’enfer se poursuit dans la
nuit du 27 au 28 août. L’autre
jeune homme de 19 ans a
rejoint son ami et l’adolescente de 13 ans. À trois, ils
sont déchaînés et brutaux.
Sans alcool et sans stupéfiants. La victime est violée
dans un climat de sauvagerie
inouïe. En plus du rapport
sexuel forcé qu’elle subit, la
jeune fille est littéralement torturée. Divers objets lui sont
introduits dans le vagin et
dans l’anus, dont un tournevis.
Son amie de 13 ans assiste à
ces scènes bestiales. Après en
avoir fini avec la malheureuse,
les trois envisagent de se
débarrasser d’elle et lui atta-
chent les mains, les pieds, et la
bâillonnent. Un manteau la
recouvre. Direction le canal de
Briare, en voiture, où elle
devait mourir.
C’est là que la providence interrompt le supplice de l’adolescente. Un homme, présent au
même endroit, à 2 heures du
matin, observe la scène. Il
intercepte l’un des deux jeunes. Tandis que l’autre prend
la fuite. Prévenue, la police
interpellera le fuyard.
Aujourd’hui, la victime est hospitalisée. Les trois suspects
devraient être mis en examen.
Une expertise psychiatrique
en dira plus sur leur personnalité. Les deux jeunes majeurs
risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Tous sont
des primodélinquants.
Alexandre Mendel.
La Maison de l’enfance
et le conseil général gardent le silence
Les deux jeunes filles, la complice des deux hommes de
19 ans et la victime, étaient
hébergées à la Maison de
l’enfance de Montargis. Cet
endroit, qui dépend de la
fondation « La Vie au grand
air », dispose de dix-huit
places. Il accueille les enfants
en grande souffrance, souvent en conflit avec leurs
parents et parfois victimes de
violence. Contexte social
difficile et fugues répétées
semblent avoir jalonné le
parcours des adolescentes.
Joint hier, au téléphone, le
directeur régional de « La Vie
au grand air », Patrice Vermeulen, se refusait à tout
commentaire : « Rien n’a été
commis dans l’enceinte de la
Maison. C’est tout ce que je
peux dire. » Et renvoyait toute
demande de réaction à JeanFrançois Kerr, directeur
« Enfance-Famille » au
conseil général du Loiret, en
charge de la Maison. Le
conseil général faisait savoir,
dans la soirée, qu’il « n’avait
aucune réaction à transmettre » sur cette affaire.
MALESHERBES - PITHIVIERS - ORLÉANS
Les auteurs des vols à l’étalage
à l’Intermarché de Malesherbes arrêtés
Quatre personnes ont été placées en garde à vue, le 16 août,
par la gendarmerie de Pithiviers, et seront convoquées
devant la justice, le 27 janvier 2011, pour des vols à l’étalage commis à l’Intermarché
de Malesherbes, les 15 juillet et
12 août.
Le 12 août, la gendarmerie
avait été appelée pour un vol
commis à l’Intermarché de
Malesherbes. Le véhicule des
suspects avait été repéré et malgré une course-poursuite avec
les gendarmes, au cours de
laquelle de nombreuses infractions au code de la route
avaient
été
commises
— « stop » non marqué ; la
voiture pourchassée s’était
engagée en sens interdit ; refus
d’obtempérer aux forces de l’ordre ; mise en danger d’autrui ;
etc. —, les « voleurs » avaient
réussi à prendre la fuite.
L’enquête, confiée à la brigade
de Malesherbes, renforcée par
le Peloton de surveillance et
d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Pithiviers et par la
brigade de recherche de Pithiviers, a permis d’identifier les
auteurs des faits.
à leurs domiciles respectifs, par
la compagnie de Pithiviers, ont
été effectuées avec le renfort
du commissariat de police d’Orléans et du PSIG d’Orléans.
A. S.-T.
Un homme, trois femmes
Il s’agit d’un homme originaire
d’Orléans, âgé de 59 ans, et de
trois femmes (la première,
26 ans, de Fleury-les-Aubrais ;
la deuxième, 27 ans, d’Orléans ; la troisième, 23 ans, de
Saint-Jean-de-Braye). L’une
d’elles avait réussi, le même
jour, à commettre un autre
délit, à la Halle aux vêtements
de Pithiviers.
Les quatre personnes interpellées ont été placées en garde à
vue. Les perquisitions menées
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Loiret/Région
FAITS DIVERS
MONTARGIS
Oguzhan Akisti, le héros qui a mis fin
au calvaire d’une fille de 14 ans
■ Un jeune Turc
de 29 ans, maçon
de profession,
est intervenu, dans la nuit
de vendredi à samedi,
pour empêcher l’assassinat
d’une jeune fille
qui venait d’être violée
et torturée. Rencontre.
Sa femme et ses amis
n’étaient pas au courant, lorsque la police a révélé, hier,
l’identité du héros qui a empêché l’assassinat de la jeune
fille de 14 ans torturée et violée, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 août, à
Montargis (notre précédente
édition). À 29 ans, Oguzhan
Akisti ne fanfaronne pas. Il en
aurait le droit. « Je fais
1 mètre 86 pour 98 kilos. J’ai
fait six ans de boxe thaï. » De
quoi éloigner la canaille. Et la
mettre hors d’état de nuire.
Il est 2 heures du matin,
samedi, au bord du canal de
Briare. Oguzhan Akisti attend
quelqu’un sur les marches de
l’escalier qui mène au chemin
de la Collerette. À quelque
20 mètres de là, au beau
milieu des arbres, deux hommes frappent une silhouette.
Au début, Oguzhan Akisti n’arrive pas à identifier le sexe de
la victime. Les tortionnaires,
qui portent des capuches, sont
en train de lui mettre des
coups de poing sur tout le
corps. Ils lui couvrent la bouche avec du gros Scotch.
« J’ai entendu une voix de fille.
Elle disait : “Arrêtez, arrêtez.”
J’ai demandé : “Mais qu’est-ce
que vous faites ?”, ils ont couru
dans ma direction. »
Pour un paquet
de cigarettes
D’autres auraient pris la tangente. Pas Oguzhan Akisti.
« J’en ai chopé un par le bras et
je l’ai tenu à la gorge. » Le
deuxième homme réussit à
fuir. La jeune fille de 14 ans
reste debout, les mains liées.
Oguzhan Akisti lui enlève son
bâillon, mal attaché. Et découvre une personne, en T-Shirt
et jeans, « petite, de peut-être
1 mètre 50, salement amochée ». Elle a le nez et la bouche en sang, l’œil gauche gonflé. Elle ne pleure pas, comme
étourdie par le calvaire qu’elle
vient de subir. « Ça m’a choqué. » L’homme qu’il a réussi à
arrêter — « et qui faisait la
même taille que moi » — lui
explique alors : « Elle me
devait un paquet de clopes. »
Soutenant la jeune fille d’un
côté et empoignant l’homme
de l’autre, il part au commissariat de police, distant d’une
centaine de mètres seulement.
« Quand elle est arrivée à la
police, la fille voulait rentrer
chez elle. Elle était sous le
choc. »
HÉRAULT
Vingt-quatre pompiers du Loiret
contre les incendies
Le héros est également
groggy. Opéré d’un kyste à la
colonne vertébrale deux
semaines auparavant, il saigne. Sa plaie s’est rouverte. À
aucun instant, pourtant, ce
Turc, aimé de tous, n’a hésité à
intervenir.
« Oz », ainsi que ses proches
l’appellent, est « un mec droit,
toujours raisonnable, jamais
violent, qui arrête les conflits
par sa force de persuasion »,
témoigne Arnaud Chenu, l’un
de ses meilleurs amis. Et sa
force physique ? « Il pourrait
faire videur », lui qui est
maçon, « mais il a une tête de
gentil. D’ailleurs, quand tu le
croises dans la rue, tu ne changes pas de trottoir », poursuit
cet homme, patron du Physio
Bluebox de Montargis, où
venait se relaxer, au sauna,
son ami. Se relaxer, accepter
les félicitations, les récompenses et la gratitude d’admirateurs anonymes : une autre
forme de tension, gratifiante
et pesante, qui devrait s’exacerber cette semaine.
Une information judiciaire a
été ouverte contre les trois suspects. Les deux jeunes
majeurs de 19 ans auraient
été écroués à la maison d’arrêt
d’Orléans. La jeune complice,
âgée de 13 ans, a été placée
dans un centre de détention
pour personnes mineures, en
région parisienne.
Alexandre Mendel.
HIER,
À MONTARGIS.
« Tout être
humain aurait
fait le même
geste que moi.
Je ne me suis
pas posé
de questions.
Je suis
intervenu.
C’est comme ça
que j’ai été
élevé. »
(Photo :
Gaël Bardin)
Jean-Pierre Door salue les bonnes statistiques
Jean-Pierre Door, maire de
Montargis et député UMP
de la quatrième circonscription du Loiret, se dit « outré
par le comportement des
individus qui ont séquestré et
violenté cette jeune fille ».
L’élu souligne « le comportement exemplaire » du passant, « son geste citoyen et
totalement responsable, qu’il
faut saluer avec beaucoup de
respect ». Et rajoute : « La
lutte contre la délinquance de
voie publique est en recul à
Montargis. Les chiffres du
mois de juillet font apparaître
une baisse globale de 29 %
par rapport à l’été 2009, avec
une baisse significative du
nombre de vols à la roulotte,
de cambriolages et de vols
d’automobiles. » Cambriolages, vols à la roulotte ? Quel
rapport entre cette statistique et le viol, accompagné
d’actes de barbarie, et la
tentative d’assassinat, qu’a
subis la jeune fille de
14 ans ?
LOIRET
Un génie de l’informatique de 15 ans
interpellé pour avoir contrefait un site
■ Il n’a que 15 ans
et a, avec un comparse,
détourné 80.000 euros
au détriment d’un site
Internet, basé à Roubaix,
dans le Nord.
LUNDI, DANS L’HÉRAULT. Des personnes regardent les flammes des
incendies qui coupent la RN 113 entre Mèze et Pézenas. (Photo : AFP)
Les pompiers du Loiret sont
partis en renfort pour lutter
contre les flammes qui ravagent actuellement le nord du
département de l’Hérault, à
une dizaine de kilomètres seulement de la capitale du Languedoc-Roussillon, Montpellier.
Au total, vingt-quatre pompiers, venus de différentes
casernes du département,
sont partis hier par la route.
Quatre camions, un véhicule
de commandement et un
autre de ravitaillement composent cette colonne de renfort.
Si le feu semble contenu, plusieurs villages de l’agglomération montpelliéraine restaient
encore sous la menace directe
des incendies de pinèdes, attisés par les vents.
A. Me.
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En apparence, le jeu est un peu
crétin. Il s’agit, dans un univers
médiévalo-fantastique,
de
retrouver des dofus, des œufs
de dragon aux pouvoirs magiques et à la valeur inestimable.
Une espèce de mélange rutilant
des univers de Tolkien, de Facebook (pour son côté désocialisant) et de World of Warcraft
(pour son côté hypnotique).
En apparence, seulement. Car,
sur Internet, le jeu, baptisé, justement, « Dofus », attire jusqu’à
10.000 joueurs simultanément.
200.000 inscrits viennent y
jouer en réseau sur Internet.
Un petit génie de l’informatique de 15 ans, habitant dans le
Loiret, a été arrêté, le 7 juin dernier. Son délit, avoir contrefait
le site.
Cerveau
Nos confrères du quotidien
régional « Nord Éclair » nous
apprennent que le jeune du Loiret, qui agissait avec un autre
comparse du même âge, habitant la région parisienne (et
4 - MON - LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - MERCREDI 1er SEPTEMBRE 2010
Le site
« Dofus »,
fréquenté
par des
dizaines
de milliers
d’utilisateurs,
est un jeu
de rôle
sur Internet.
Sur cette
capture d’écran,
quelques
personnages
phares.
arrêté le 24 août), était le cerveau de ce piratage. Les deux
garçons ne se seraient d’ailleurs
jamais rencontrés.
Le site parallèle, apparemment
en tout point conforme au site
original, comprenait, par exemple, une boutique proposant
des accessoires. Au total, et sur
une période de six mois, les
deux jeunes gens ont ainsi
détourné 80.000 euros.
Toujours selon « Nord Éclair »,
la société éditrice du site,
Ankama Games, basée à Roubaix, dans le Nord, s’est aperçue
qu’elle subissait une perte
sérieuse d’utilisateurs depuis
plusieurs mois et a déclenché
l’alerte. C’est la section économique et financière de la police
judiciaire de Lille qui a identifié
les contrefacteurs et les a interpellés.
Jointe hier au téléphone, la
police judiciaire de Lille refusait
de commenter « une affaire en
cours d’instruction ». Et encore
moins d’indiquer où et dans
quelles conditions avait été
arrêté le jeune du Loiret, « car
des mineurs sont impliqués ».
Tout ce que l’on sait, c’est
qu’après avoir été placé en
garde à vue, il a été relâché et
remis à ses parents.
Il risque une peine de cinq ans
de prison et de 500.000 euros
d’amende. Plus de six fois le
montant des sommes détournées.
A. Me.
© Copyright Alexandre Mendel