Accents de France : les Ant
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Accents de France : les Ant
Accents de France : les Antilles 1 sur 3 http://www.laguinguette.com/lejournal/2010/02act/index.php Reportage Par : Florence Maître février 2010 Durée : 5.03 plus de 6 000 kilomètres de Paris, sous le soleil des Caraïbes s’étendent les Antilles françaises. La Martinique, la Guadeloupe, Saint Martin et Saint Barthélémy. Des milliers d’Antillais ne profitent pas de la douceur de ces îles ; ils viennent en métropole pour trouver du travail. ore than 6000 kilometres from Paris under the Caribbean sunshine stretch the French West Indies. Martinique, Guadeloupe, Saint Martin and Saint Bartholomew. Thousands of people from the West Indies don't benefit from these islands' mellowness; they come to the French mainland to find work. -C’est vrai qu’au début, nous, en tant que créolophones, on va dire, il y a bien sûr, historiquement parlant, un vrai tabou sur le créole, puisqu’il était interdit de parler créole à la maison ou à l’école et donc on a grandi avec ce tabou-là. Et puis les générations, au fur et à mesure, se sont rendu compte de l’importance du créole dans la culture antillaise et revendiquent de plus en plus cette appartenance-là. Et donc l’accent qui, avant, était très mal vu, devient de plus en plus quelque chose d’original, quelque chose à laquelle on s’attache. Tout le monde défend aujourd’hui le créole. La preuve, c’est qu’on demande que le créole figure aux épreuves du bac et soit enseigné à l’université donc il y a une véritable réappropriation de cette culture de la France, quand même, il faut bien le préciser. -It's true that to begin with, for us as Creolespeakers, you might say, there was of course historically speaking a real taboo about Creole, because it was forbidden to speak Creole in the house or at school so we grew up with that taboo. And then the generations, little by little, realised the importance of Creole in West Indian culture and more and more they assert this heritage. And then the accent, which before was looked down upon, has become more and more something original, something to which we are attached. Everybody today defends Creole The proof is that people are asking for Creole to feature in exams for the baccalaureate and for it to be taught at university, so there is a real re-appropriation of this culture in France, finally, which is worth emphasising. -Qu’est-ce qui manque ? Le culturel. Les fêtes familiales d’antan. Par exemple, Noël, ça commence dans une famille et ça se termine chez le voisin après avoir passé sur cinq ou six maisons donc c’est ce côté convivial peut-être qui nous manque ici. Je vais prendre l’exemple de ma fille : je sais que ma fille, quand elle est restée... elle reste deux mois à la Martinique, quand elle revient, il y a toute une série de fruits ici qu’elle ne veut plus manger parce qu’elle est restée sur une gamme de fruits, que ce soit les pommescannelles, que ce soit les caramboles, que ce soit ce genre de choses, ce sont des fruits qui nous manquent ici, que je prends plaisir à manger, lorsque je mange une pommecannelle. Nous avons aussi des abricots, qui sont très différents des abricots qu’on trouve ici. Ce sont des fruits qui sont très gros et très sucrés, dont la confiture, elle a un autre goût que la confiture d’abricot de métropole ! La culture antillaise, elle se retrouve, à mon - What do we miss? The cultural side of things. The family parties we used to have. For example, at Christmas, it begins with one family and it finishes at the neighbour's having gone via five or six houses, so it's maybe that convivial side of things that we miss here. I'll take the example of my daughter, when she stayed... she stays two months in Martinique, when she comes back there's a whole range of fruits she doesn't want to eat any more because she's become so used to a range of fruits, be it sugar-apples, be it star fruit, be it this type of thing, they are fruits we miss here, that I enjoy eating, when I eat a sugarapple. We also have apricots that are very different to the apricots that you find here. They are fruits that are very large and very sugary, whose jam has a completely different taste to the apricot jam that you find on the French mainland! West Indian culture is to be found, in my opinion, on different levels. For example, I'll give you an example that's known 21/02/2010 15:19 Accents de France : les Antilles 2 sur 3 http://www.laguinguette.com/lejournal/2010/02act/index.php avis, sur des différents niveaux. Par exemple, je vais vous donner un exemple qui est mondialement connu : le zouk. C’est une manière d’exporter notre joie de vivre ou bien par le biais du zouk, du rythme, on arrive à faire passer des messages, on arrive à faire tout ce genre de choses. the world over: the Zouk. It's a way of exporting our joy in life either through Zouk, through rhythm you manage to send a message, you manage all sorts of things. D’abord, il y avait les Indiens. Puis sont arrivés les colons blancs pour exploiter les richesses des Antilles. Enfin, ils ont fait venir les Noirs. First, there were the Indians. Then came the white colonials to exploit the wealth of the West Indies. Finally they brought in black people. -C’est compliqué en ce sens qu’il y a une histoire particulière, il y a l’esclavage, bien sûr. Déportation de peuples africains vers les Antilles et les Amériques essentiellement dans un but économique mais, sous-jacent, il y avait véritablement cette espèce de génocide et il faut quand même insister sur le fait que l’esclavage, en tant que tel, je parle de la traite négrière hein, mais je veux surtout insister sur… le cheminement qu’il y a aujourd’hui fait que l’esclavage est un peu le terreau du racisme d’aujourd’hui. Moi, je pense que les gens sont très marqués par l’Histoire, parce que la France n’a pas vraiment fait son travail de devoir de mémoire en la matière, notamment, en enseignant dans les manuels scolaires. Par conséquent, si effectivement, on avait grandi tout un chacun, aussi bien aux Antilles qu’en Navarre1 avec cette histoire parce que, dès -It's complicated in the sense that there is a particular history, there is slavery of course. The deportation of African people towards the West Indies and the Americas essentially for economic reasons, but underlying it, there really was this kind of genocide and you have nevertheless to insist on the fact that slavery, as such, I'm talking about the trade in black people, what I want to emphasise is the progression today that means that slavery is a little bit the ground on which racism fertilises today. I think that people are very marked by history, because France has not really done the necessary work of remembrance, notably when it comes to teaching in school books. As a result, if effectively each one of us had grown up, whether it be in the West Indies or in the Navarre, with this history -because, right from childhood, there is a teaching role to perform, to tell children that there was something that wasn't good; France as a nation practised it but we are French, effectively we have to take responsibility for our history, such as it is, with all it's aspects, good or bad - I think that that would have helped calm tempers a little. On the other hand today effectively it comes back with renewed force, with lots of protest movements because effectively, there has been resistance against truly recognising that there was a problem at this level. l’enfance, il y a un rôle pédagogique à jouer, à dire aux enfants que c’est une chose qui n’était pas bien ; la France en tant que telle l’a pratiqué mais on est français, effectivement il faut qu’on assume notre histoire, telle qu’elle est, avec toutes ses facettes, bonnes ou mauvaises - je pense que cela aurait contribué à apaiser un peu les esprits. En revanche, aujourd’hui effectivement ça ressurgit avec force, avec beaucoup de mouvements revendicatifs parce qu’effectivement, il y a eu de la résistance pour véritablement reconnaître qu’il y avait un problème à ce niveau-là. -On peut peut-être parler d’Afrique, en termes peut-être de couleur, peut-être par exemple, le Gwoka. Le Gwoka prend un peu sa naissance, sa source de certains rythmes africains, mais à part la couleur et puis peut-être aussi, nos compatriotes qui n’ont pas encore réfléchi par rapport à la créolité, par rapport à ce que l’esclavage a amené pour nous, ont toujours tendance à se repérer par rapport à l’Afrique, on a entretenu une espèce de mythe par rapport à l’Afrique. C’est le pays d’où nous venons, enfin, d’où -One can talk of Africa, in terms maybe of colour, maybe for example, with Gwoka music. Gwoka to a certain extent is born out of, has its source in certain African rhythms, but apart from colour and maybe also our compatriots - who haven't yet reflected on the notion of being Creole, on what slavery brought to us - have a tendency always to find our reference point relative in relation to Africa, we've maintained this sort of myth concerning Africa. It's the country where we come from, well where my ancestors come 21/02/2010 15:19 Accents de France : les Antilles 3 sur 3 viennent mes ancêtres, mais il y a quand même 400 ans, quatre siècles qui font que nous nous sommes construits nous-mêmes. Toutes nos coutumes ont été… ce sont des pratiques de descendants d’esclaves qui ont continué, qui font ce que nous sommes maintenant. Donc dire tout le temps, faire tout le temps le parallèle avec l’Afrique, c’est quelque part nous ramener, vers quelque chose qui n’existe pas vraiment pour nous. http://www.laguinguette.com/lejournal/2010/02act/index.php from, but still that was 400 years ago, four centuries in which we have constructed our own identity. All our customs are... they are the ways of the descendants of which have continued, which make us who we are today. So to say all the time, to make a parallel all the time with Africa, is to a certain extent to lead us towards something which doesn't really exist for us. 1. aussi bien aux Antilles qu’en Navarre - la Navarre est un ancien royaume indépendant dans le sud de la France. L’expression vient d’Henri de Navarre qui devient en 1594, Henri IV, « roi de France et de Navarre ». On garde familièrement l'expression 'de France et de Navarre' pour dire 'partout en France sans exception', et donc 'd'Antilles et de Navarre', pourquoi pas, comme le suggère cette personne pour unir tous les territoires de France. 21/02/2010 15:19