Jeunes et mal être : prévention du suicide en France

ThémaSanté
Jeunes et mal être :
prévention du suicide en France
Septembre 2007
Le mal être dans la société actuelle
de vie. Les repères et les ressources sont devenus extrêmement
mouvants. Si la majorité des individus parvient à gérer l’insécurité
En France, comme dans tous
qui en découle et à trouver des
les pays industrialisés, on
modalités d’adaptation, une autre
constate une augmentation
partie n’y parvient pas.
du nombre de personnes qui
Cette vulnérabilité va s’exprimer
se disent en « mal être ».
En effet, de nouvelles formes de au travers de comportements plus
souffrances psychosociales sont ou moins agressifs vis-à-vis de soi
ou des autres, dont le suicide est
apparues en fonction de différents facteurs : l’individualisation, la forme la plus extrême.
L’adolescence est une période de
la précarisation du travail, du
remaniements psychiques imporlogement, l’isolement, etc.
Ces facteurs entraînent un pro- tants, tendant à rendre l’individu
cessus de fractionnement perma- plus vulnérable face à l’adversité.
nent des solidarités et des cadres
C’est une période durant laquelle
on voit apparaître des comportements à risques (alcoolisation
excessive, troubles du comportement alimentaire, conduites routières dangereuses, etc. De nombreux adolescents présentent une
souffrance psychique considérable.
En France, les rapports officiels
soulignent la mauvaise prise en
charge des fragilités des adolescents. Pourtant il existe de nombreuses structures d’aide et d’accompagnement des adolescents
mais elles sont souvent en difficulté face à leurs crises.
A lire
● La souffrance psychique
des adolescents et des jeunes
adultes. Paris : Ministère de
l’Emploi et de la Solidarité, Haut
Comité de Santé publique, 2000
● Ministère Délégué à la Famille. Rapport préparatoire à la
Conférence de la Famille 2004
« Santé, adolescence et famille ». Paris : Ministère de la
Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, 2004
● GUIBERT Philippe, GAUTIER
Arnaud. Baromètre santé
2005. Premiers résultats. Saint
Denis : Éditions INPES, 2006
Crise d’adolescence ou véritable trouble mental
L’adolescence, passage obligé vers le monde adulte ne
se fait pas sans douleur. En
effet, les bouleversements hormonaux modifient aussi bien les
aspects physiques que psychologiques du jeune. Ce moment
critique, la crise d’adolescence, est une période particulièrement fragile pendant laquelle
le jeune va notamment connaître
des changements d’humeur plus
ou moins violents. Difficile pour
l’entourage de définir alors les
réactions normales de celles
pathologiques car la frontière
est mince. Il y a des signes qu’il
ne faut pas négliger, surtout s’ils
durent et se cumulent (cf. « Les
signes d’alerte »). En France, on
estime que 4,4 % des adolescents sont dépressifs et qu’1 %
des adolescentes sont boulimiques. (source : Sénat, 2003)
Les signes d’alerte :
A lire
● LORRAIN Jean-Louis. L’adolescence en crise. Paris : Sénat, 2003
● POMMEREAU Xavier. Les
conduites suicidaires. Clermont-Ferrand : CPAM 63, 1993
Outil d’évaluation
● Le profil de Duke
● Propos ou écrits faisant directement allusion au suicide ;
● Dons récents d’objets significatifs
● Symptômes tels que fatigue, troubles du sommeil, troubles alimentaires,…;
● Troubles des conduites comme
l’absentéisme scolaire, impulsions
violentes, consommation répétée de
produits psycho actifs
Les troubles du comportement et les conduites à risques
Mieux connaître pour savoir repérer…
En France, 1 jeune (moins de
18 ans) sur 8 souffrirait d’un
trouble mental (source : INSERM, 2003). Il n’est pas toujours aisé, notamment pour les
parents, de reconnaître les
signes précurseurs. Aussi, il
s’agit d’améliorer l’information
des adultes, notamment sur les
facteurs de risques et les signes
d’alerte.
Les parties concernées sont en
priorité les structures en
contact avec les enfants et les
adolescents : le secteur médicosocial, les structures d’aide sociale à l’enfance, l’Éducation
Nationale et la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Le développement du travail en partenariat reste une solution évidente pour proposer des actions efficaces.
Par ailleurs, la prévention doit
continuer à mener des actions
d’information auprès des adolescents sur les conduites à
risques les plus fréquentes :
consommation de produits
psycho actifs, insécurité routière, troubles du comportement alimentaire, suicide.
A lire :
Voir bibliographie p.2
Les facteurs de risques
● d’ordre familial : psychopathologie
parentale, violence, abus sexuel,…
● d’ordre psychologique et psychopathologique : troubles psychiatriques,
dépression, désespoir, violence,…
● d’ordre comportemental : consommation régulière de produits psycho
actifs, absentéisme scolaire,…
● d’ordre social : vie en ville ou à la
campagne, origine ethnique et culturelle,...
BLANCHARD Marie-Astrid. Jeunes et mal être : prévention du suicide en France. Chartres : CESEL, 2007. Collection ThémaSanté
ThémaSanté
septembre 2007
Suicide en France
Chaque année en France, 160 000 personnes font une tentative de suicide et
12 000 d’entre elles en décèdent. L’importance du suicide dans la mortalité prématurée a doublé en 25 ans. Les adolescents
sont les plus concernés après les 35-54 ans. Il
s’agit de la 2ème cause de décès pour les
14-24 ans. En région Centre, on constate
une surmortalité par suicide par rapport au
niveau national : + 12% pour les suicides
chez les moins de 24 ans. D'après l'enquête
nationale de l'INSERM (M. Choquet, S. Ledoux ) réalisée en 1993 auprès de 12 000
élèves du second degré, 5 % des garçons et 8
% des filles déclarent avoir effectué au moins
une tentative de suicide au cours de leur vie,
soit en moyenne 2 élèves par classe. Parmi
ceux-ci, seulement 1 sur 5 a été hospitalisé.
Gestion de la crise suicidaire : favoriser le partenariat
Le phénomène suicidaire
Ce terme inclut :
● Les suicides et tentatives de
suicides ;
● Les idées suicidaires
(impulsions, tentations, décisions, plans formulés ou non) ;
● Les comportements suicidaires mettant en danger sinon la
vie, du moins la santé ;
● La crise suicidaire (période
de désorganisation et d’intense
souffrance psychique dont la
personne ne sait comment se
sortir)
Depuis, une dizaine d’années, les actions en
faveur de la prévention de la santé mentale
des jeunes se développent. Ces actions prennent
des formes diverses mais ont en commun de favoriser les partenariats entre différents adultes
(professionnels et familles) en contact avec les adolescents. Ainsi, les professionnels des secteurs sanitaire, éducatif , social et judiciaire sont encouragés à
travailler ensemble pour intervenir le plus tôt possible dans la crise.
Les Centres Médico-Pédago-Psychiatriques prennent en charge les enfants présentant des difficultés
d’apprentissage et des troubles du comportement. Il
s’agit d’intervenir en amont afin de favoriser le maintien à l’école et/ou dans la famille.
Le dispositif « Maison des adolescents » est encouragé par l’Etat afin d’organiser la mise en réseau
des professionnels et des familles d’ adolescents. Ces
maisons sont destinées à être des lieux d’accueil,
d’écoute et d’information des adolescents et de leur
entourage en matière sanitaire.
La formation des adultes en contact avec les adolescents est également nécessaire pour les aider à
faire face aux difficultés rencontrées. La prise en
charge des personnes en crise suicidaire implique
souvent plusieurs professionnels du champ sanitaire,
psychologique et social, et nécessite une continuité
dans le temps (ex : la formation « Personnes ressources—Repérage et gestion de la crise suicidaire »).
L’éducation par les pairs est également une méthode d’intervention intéressante quand on sait
qu’un jeune qui va mal se confit plutôt à quelqu’un
de son âge (ex : le programme de prévention par les
pairs dans les lycées du Nord-Pas-de-Calais).
En 2006, les Journées de la prévention de l’INPES
ont été consacrées aux actions pour « Promouvoir
la santé des enfants et des jeunes ». Les Actes de ces
Journées présentent des partenariats intéressants
dans ce domaine.
Bibliographie
Crise d’adolescence ou véritable trouble mental
BURON Suzanne. Santé en région Centre. Tome 3 : les jeunes et la santé. Orléans : Conseil économique et social régional de la région Centre, 2006
POMMEREAU Xavier, SALOME Jacques. Difficile adolescence. Signes et symptômes de mal être. Paris : Editions Phare Enfants-parents, 2002
La souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes. Paris : Ministère de l’emploi et de la solidarité, Haut Comité de Santé publique, 2000
Les troubles de la conduites
Expertise Collective. Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent. Paris : Editions Inserm, 2005.
MALKA J., DUVERGER P. Les troubles du comportement de l’enfant et de l’adolescent. Angers : Service de pédopsychiatrie du CHU d’Angers
Gestion de la crise suicidaire
BAUDIER F., PALLAIS-BAUDIER P. Santé mentale des jeunes : perception et prise en charge par les adultes des établissements scolaires.
Santé publique, 2004, vol.17, n°3, pp. 429-442
CHOQUET Marie, POMMEREAU Xavier, LAGADIC Christophe. Les élèves à l’infirmerie scolaire : identification et orientation des jeunes à haut
risque suicidaire.
HARDOUIN Jean-Benoît. Enquête sur la prise en charge des suicides en région Centre. Orléans : ORS, 2002
INPES. Prévention primaire du suicide des jeunes. Recommandations pour les actions régionales et locales. Saint-Denis : Editions INPES, 2004.
INPES. Actes des 2èmes Journées de la prévention « Promouvoir la santé des enfants et des jeunes », mars 2006 (disponible sur le site http://www.cyes.info)
PERRIN-ESCALON Hélène, HASSOUN Judith. Adolescence et santé. Constats et propositions pour agir auprès des jeunes scolarisés. SaintDenis : Editions INPES, 2004
Prévention de la crise suicidaire des jeunes : quelles réponses collectives en PACA ? Actes du colloque. Marseille : Conseil Régional PACA., 2001
Site Internet de la Maison de Solenn, Maison des adolescents à Paris http://www.mda.aphp.fr/ Tel. 01 58 41 24 24
Site Internet de Fil Santé Jeunes http://www.filsantejeunes.com/ Tel. 0800 235 236
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BLANCHARD Marie-Astrid. Jeunes et mal être : prévention du suicide en France. Chartres : CESEL, 2007. Collection ThémaSanté