Les dispositifs d`aide à l`apprentissage : organisation pédagogique

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Les dispositifs d`aide à l`apprentissage : organisation pédagogique
Groupe de Ressource des Personnels d’Education – Académie de Rouen
Les dispositifs d’aide à l’apprentissage :
organisation pédagogique et mise en oeuvre
- Conférence de Françoise CLERC Maître de conférence université de Lyon 2
IUFM, le mercredi 09 mai 2001
Réaction par rapport à l’enquête de l’IREDU qui fait ressortir l’inefficacité de
l’aide individualisée en 2 nde . Quels ont été les critères observables, qu’a-t-on
mesuré et quelles compétences a-t-on évalué chez les élèves ?
Cette conférence est l’occasion d’apporter une analyse des différents dispositifs
d’aide aux élèves à l’œuvre dans les collèges et lycées.
1ère hypothèse : La différenciation pédagogique s’inscrit en faux contre la
pédagogie de l’institution. Aider les élèves à apprendre requière une autre
logique que celle des établissements.
2ème hypothèse : Le travail pédagogique et le métier d’élève s’inscrivent comme
des éléments fondamentaux de la logique de transmission. On ne peut se
contenter d’influencer les opinions des enseignants, il faut aussi changer les
conditions de leur travail.
Les conditions de l’aide à l’apprentissage
Depuis environ 25 années, les élèves en apprentissage développent des activités
propres difficiles à repérer et à piloter par les enseignants.
Si l’on prend en compte cette notion de besoin d’apprentissage, on s’oblige à faire
évoluer les choses. Qand on parle d’aide on parle aussi d’accompagnement.
Quelles sont les différentes formes d’aide ?
Il y a souvent confusion dans la réalité parce que les textes sont relativement
flous et difficiles à lire. On assiste alors en général à un chevauchement des
différents outils d’aide.
1er type de dispositifs d’aide :
Il s’agit de dispositifs qui ne demandent pas réellement d’aménagement
particulier à l’établissement.
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ð Les aides intégrées à la classe qui sont de 3 ordres : les répétitions, les
explications et les explicitations. Ces aides sont prises sur le temps même de la
classe.
ð Les remédiations liées à un constat. On prend alors du temps en plus par
rapport aux objectifs du programme.
ð Les entraînements et travaux pratiques.
Ces aides ne supposent pas d’organisation spéciale de l’établissement. Elles
mobilisent des compétences particulières de la par des enseignants. Il s’agit de
compétences acquises au fil du temps. Les indicateurs de la mise en branle de ces
dispositifs tiennent à la communication dans la classe (manque de motivation des
élèves, froncements de sourcils, arrêt dans la prise de notes, etc.)
2ème type de dispositifs d’aide :
ð Les dispositifs de remédiation, de consolidation. Il s’agit des dispositifs de
soutien qui sont réservés à une certaine catégorie d’élèves. Ce type de dispositif
nécessite une organisation particulière de l’établissement qui doit prévoir du
temps spécifique ainsi que l’intégration dans le service des enseignants. Un
problème est cependant lié à ces dispositifs, ils occasionnent une certaine
stigmatisation des élèves qui en bénéficient, un surcroît de travail pour ces
mêmes élèves ainsi que pour les enseignants.
ð Les dispositifs d’accompagnement. Ils font partie des règles normales
d’apprentissage et s’organisent selon deux logiques :
- une logique disciplinaire en fonction de laquelle il s’agit d’accorder du
temps supplémentaire et des modalités de fonctionnement spécifiques en
lien direct avec le programme (modules).
- une logique pluridisciplinaire dont les finalités sont liées à l’assimilation et
au réinvestissement des connaissances acquises. Il s’agit d’apprendre à
chercher, à traiter et à réutiliser une connaissance (parcours diversifiés,
travaux croisés, TPE, PPCP).
Ces dispositifs demandent une certaine organisation de l’établissement. Ils
doivent être intégrés au service des enseignants pour ce qui est de la logique
disciplinaire. En ce qui concerne les dispositifs relevant d’une logique
pluridisciplinaire, l’établissement doit prévoir notamment, des temps de
concertation et des temps de sortie.
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Les problèmes qui sont soulevés par rapport à ces dispositifs d’aide tiennent à
leur articulation avec l’enseignement traditionnel qui se déroule sur le temps de
la classe. Cette articulation est fondamentale (les notions abordées en dispositif
d’accompagnement doivent avoir été abordées en classe). Cette difficulté
d’articulation est encore plus évidente si l’on considère les dispositifs
pluridisciplinaires. Il faut absolument prévoir l’intégration de ces dispositifs
dans les horaires et moyens de l’établissement. Imaginons le cas d’une activité
qui nécessiterait l’utilisation du C.D.I. Gestion de la concertation des
enseignants, temps de non présence devant classe, trouver des plages horaires
communes sont autant de difficultés à prendre en compte.
3ème type de dispositifs d’aide :
Les dispositifs de méta cognition. Il s’agit là de mettre les élèves dans les
dispositions d’apprendre et c’est bien le type de dispositifs d’aide le plus
technique. Ceux-ci réclament en effet une bonne connaissance de la psychologie
des apprentissages et des groupes.
Parmi ces dispositifs d’aide on peut citer les études dirigées. Bien que ces
séances soient complexes à animer, on remarque très souvent que leur
encadrement est confié à des personnels non qualifiées pour ces tâches
(surveillants, aides éducateurs, …). Il est alors dommage de constater que ces
dispositifs fonctionnent «à vide» et tendent à ressembler à de la simple
surveillance. Ce type d’aide pose également le problème de la communication avec
les familles qui n’ont plus la même approche du travail scolaire que les
enseignants. L’exemple du «par cœur» est assez parlant. Si les enseignants
pensent plus compréhension, réinvestissement des connaissances, les familles ont
encore tendance à privilégier les méthodes qui ont pu à un moment faire leur
preuve. Les élèves se retrouvent donc face une situation compliquée entre ce que
leur demandent l’école et leurs parents.
A l’échelle des établissements on observe que certains d’entre eux conservent et
superposent la totalité des dispositifs d’aide, d’autres essaient de repenser une
cohérence globale en ne changeant pas forcément tout, d’autres encore ne font
que changer le nom des dispositifs qu’ils assurent et enfin certains ne changent
absolument rien…
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Dans quelles perspectives s’inscrivent ces
différents dispositifs ?
Il est important de noter que la pédagogie différenciée s’inscrit en faux par
rapport à la pédagogie de la transmission même si on observe aussi des moments
de transmission.
Il existe deux grands courants en pédagogie différenciée. Le premier vise à
créer des situations stimulantes, à faciliter la construction des savoirs et à
transformer de façon durable sa façon de fonctionner. Le second courant
suppose l’organisation de la classe sur la base d’objectifs à atteindre et non de
programmes et sous entend également l’organisation du système sur la base des
besoins des élèves. Cette pédagogie essaie de trouver un compromis entre
différents types de besoins. On ne parle pas d’individualisation mais de gestion
de groupe. Les apprentissages se font en groupe même si au final il s’agit
d’apprentissages individuels. De telles organisations particulières, internes à la
classe, une différenciation par les contenus, une organisation en sous groupe
supposent autant de compétences techniques et de connaissances théoriques
(sociologie des groupes) que les enseignants ne possèdent pas. On sait très bien
évaluer les connaissances individuelles mais moins bien celles d’un groupe.
Pourtant, dans le travail de groupe on trouve certains apprentissages spécifiques
qui sont tout à fait complémentaires des autres apprentissages.
Ces types de dispositifs réclament une coordination forte entre les enseignants
et les autres éducateurs des établissements. La nécessité de faire un détour à
l’externe pour renforcer ce qui se passe dans la classe paraît évidente.
Pourquoi en est-on là ?
On en est là parce que trop souvent la classe reste le seul référent fort du
système. On assiste dans nos établissements à une véritable division sociale du
travail. Il est nécessaire de revoir cette notion du métier d’élève selon laquelle il
faut travailler à la maison et écouter en classe. Les dispositifs d’aide ont du mal
à s’installer parce qu-ils se heurtent à LA CLASSE.
La vraie «professionnalité» de l’Education passe par la somme de plusieurs
métiers et pas par la juxtaposition de plusieurs professions.
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Qui pilote ?
Actuellement, la profession d’enseignants change, on est en train de passer de la
classe à l’établissement. On demande autre chose en terme de compétences. Cela
suppose que les enseignants mettent en place de nouvelles choses, comme de la
régulation plutôt que de l’évaluation.
La hiérarchie évolue aussi vers une fonction de cadre. L’Inspection Pédagogique
est de plus en plus concurrencée par les chefs d’établissement, en revanche,
l’I.P.R. est qualifié par rapport à ce qui peut être qu ressort d’une culture plus
générale.
Si on est dans une logique de pédagogie différenciée interne à la classe, cela
implique un pilotage institutionnel du chef d’établissement qui opère une gestion
centralisée. Le pilotage administratif ne peut se faire sans le consentement de
l’enseignant. Il faut un consensus global dans l’établissement. Avec les modules,
moments forts de la rénovation des lycées, on commence à se rendre compte qu’il
est possible de mettre en place des lieux de négociation partielle. On assiste
alors à la naissance de sortes de minis établissements, de projets particuliers
entre une division et l’établissement. Même si l’on observe une réelle volonté des
enseignants, cela nécessite au moins que le chef d’établissement soit maître des
moyens humains, horaires et des locaux. Les projets viables sont des projets
évolutifs et les moyens l’être également ce qui n’est pas toujours évident.
Des évolutions sont en cours concernant le temps, les espace et les outils
pédagogiques.
•
Le temps : au moins trois types de temps se distinguent :
- celui du cours, relativement court (55 minutes)
- celui du travail personnel, plus long mais pas forcément égal de semaine
en semaine si l’on tient compte des besoins des élèves
- celui de la remédiation, temps moyen. Ce temps doit être géré en
priorité dans l’évaluation, il faut que l’élève puisse investir ce qu’il
apprend.
•
L’espace :
On passe d’un espace constitué de plusieurs alvéoles à des espaces
pluridisciplinaires. La classe n’est plus seulement le lieu du cours magistral
mais aussi celui où l’on vit. Les élèves vivent leur vie dans l’établissement
et la classe. Presque aucun espace ne correspond plus à une seule chose, à
l’image de ce qui se passe dans la vie à l’extérieur de l’établissement.
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•
Les outils pédagogiques :
- l’audiovisuel, n’a pas changé beaucoup de choses
- l’informatique positionne l’enseignant dans une toute autre position, il
n’est plus le seul détenteur de savoirs.
Quelles sont les conséquences ?
Dans les établissements, il faudrait pouvoir identifier les
au point technique, travail en groupe) et les nouvelles
projet) assumées par les enseignants. Il faudrait
l’organigramme des établissements en sortant du face
équipe de direction.
nouvelles tâches (mise
fonctions (porteur de
également repenser
à face enseignants /
Avec les TPE, les PPCP, les travaux croisés, on réintroduit le travail personnel
des élèves à l’intérieur des établissements. Il faudra également repenser
l’organisation de la classe selon une autre voie qu’hétérogénéité ou homogénéité.
Cette nouvelle organisation pourrait contenir les deux formes d’organisation précitées sur des temps de travail différents. En effet, l’hétérogénéité est
particulièrement riche et l’homogénéité est indispensable au travail de groupe.
Au niveau de l’organisation matérielle des établissement, il faudra tenir compte
de nouvelles formes de gestion du temps, des espaces et de nouveaux outils
pédagogiques. Cela nécessitera que le chef d’établissement endosse une réelle
fonction organisationnelle et pédagogique laquelle ne sera vraiment envisageable
que si l’I.P.R. garantit une culture globale.
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