poésie lyrique séance 3 Aragon C - Collège Aumeunier

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poésie lyrique séance 3 Aragon C - Collège Aumeunier
© Edouard, collège Aumeunier-Michot
H3 Lecture analytique d’un poème (Aragon, C)
Introduction
- Contexte historique précis : débâcle de 1940. L’armée française fuit vers le
sud et passe la Loire au Pont de Cé, près d’Angers.
- Plan : ouverture sous forme de récit (1-2) ; évocation d’une chanson ancienne
(3-10) ; comparaison avec la situation présente (11-18)
Titre : lettre « C » : importance des sonorités dans la langue poétique. Le mot n’a
pas qu’une seule valeur référentielle.
1-2
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-
Sonorités : jeu phonétique sur des homophones (Cé /c’est) + rimes en [se]
tout au long du poème. Obsession sonore. Effet de litanie. Longue plainte
continue.
Annonce d’un récit dramatique, chargé de menaces. Style oral.
Narration à la première personne (« je ») : narrateur-personnage qui évoque
un souvenir récent (passé composé).
3-10
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-
-
Une voix anonyme surgit (absence de narrateur précis) ; sorte de légende,
bribes d’une vieille chanson ; récit que le lecteur doit reconstituer. Effet
mystérieux.
Imagerie médiévale, sorte de conte : histoire d’amour (un « chevalier blessé »
lors d’un tournoi peut-être, a déclaré son amour à sa belle en lui jetant une
« rose sur la chaussée » et l’a séduite (« corsage délassé »), mais le père de
la jeune femme, cruel, « insensé » a puni sa fille en l’enfermant dans le donjon
du « château » entouré de « fossés ».
Symbolisme du « cygne » : rôle magique dans de nombreuses légendes,
associé à la mort, annonce funèbre : peut-être la jeune femme a-t-elle été
punie de mort et son fantôme viendrait « danser » dans une « prairie »
éternellement (« éternelle fiancée »)…
Allitérations en [s], « ch » : cohérence phonétique, fluidité qui évoque un
destin inexorable.
11-12
- Réapparition du narrateur-personnage. Passé et présent se confondent :
valeur du passé composé qui reste proche du présent.
- Référence médiévale ; image méliorative de la France au Moyen-âge :
fraîcheur, naïveté, innocence, simplicité de la littérature médiévale. Le « lai »
est un genre narratif en octosyllabes. Période glorieuse de l’histoire de
France.
- Jeu de mots sur des homophones (« lai » / « lait ») : tradition des poésies du
XVème siècle.
- Mais cette gloire passée est « faussée » car elle contraste avec la Débâcle
présente ; le souvenir est amer, « glacé »…
13
-
Poésie élégiaque. Le fleuve, la « Loire », est le symbole de la mélancolie, du
temps douloureux qui passe. Regrets du poète devant la situation présente.
Voir Apollinaire, Le Pont Mirabeau…
14-16
- Vision chaotique, concrète de la Débâcle : le fleuve charrie des « voitures »
- Les « armes » n’ont pas servi (« désamorcées ».) La fuite honteuse s’oppose
à l’héroïsme des chevaliers du moyen-âge.
- Dissolution du narrateur : coordinations successives. Relation étroite entre la
défaite militaire et le sentiment de désolation (« larmes »)
17-18
- Apostrophe lyrique (« ô ») et rythme binaire : cri longtemps contenu.
- Le poète s’adresse à la France comme à une femme aimée (possessif « ma »,
majuscule à « France ».) Evocation de la gloire du pays au moyen-âge et au
XVIème siècle : importance de la Loire dans l’histoire de la monarchie
(châteaux)
- Lecture possible : la « fiancée » abandonnée serait la France victime d’un
tyran ; « le chevalier blessé » serait l’armée française battue et humiliée par
un « duc insensé », Hitler…
- Le dernier vers est la répétition du premier vers. Structure cyclique : espoir
d’un renouveau après le désastre.
Conclusion : lyrisme sobre pour affirmer son attachement patriotique.