Décryptage : exposition de la chanson francophone à la radio

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Décryptage : exposition de la chanson francophone à la radio
DECRYPTAGE : EXPOSITION DE LA CHANSON FRANCOPHONE A LA RADIO
L’enjeu : restaurer la diversité musicale sur les radios jeunes
Le constat
L’extrême concentration des diffusions de nouveautés francophones sur les réseaux
« jeunes » persiste et s’aggrave
Aujourd’hui 10 titres francophones représentent les deux tiers des
francophones : 64.4% pour Fun Radio, 67.1% pour NRJ et 71.2% pour Skyrock
diffusions
Au cours de ces dernières années, la place des productions francophones en radio n’a cessé
de baisser pour aboutir aujourd’hui à un inquiétant déficit d’artistes francophones en radio.
Pour réaliser leurs obligations légales de diffusion francophone, certaines radios ont
concentré leur programmation sur un nombre de titres de plus en plus réduits.
Les artistes francophones sont donc subi une double peine : moins d’exposition et moins de
diversité
Tous les indicateurs montrent une baisse d’exposition pour le répertoire francophone
 Baisse de 24% du nombre de titres francophones entrés en programmation : 228 titres
de moins qu’en 2007
Les nouveautés francophones ont perdu 31% de leur audience
Seulement une nouveauté sur 10 est francophone, c’était une sur 4 en 2007
Faits et contre-vérités
•
« Les maisons de disques ne produisent plus assez ou produisent en anglais »
FAUX – L’offre n’est pas manquante. Contrairement à ce qu’affirment les radios « jeunes »,
la production francophone reste dynamique et le nombre de titres envoyés chaque année
aux radios leur laisse un choix large et une liberté éditoriale.
Pourquoi réclamer plus de productions quand on diffuse seulement 50 titres différents dans
l’année, dans le « vivier » des 6 700 titres produits annuellement ? Pourquoi ne pas choisir
parmi les 6 650 titres restants ?
•
« Les productions françaises sont majoritairement interprétées en anglais »
FAUX - Dans la quasi-totalité des cas, les productions locales sont interprétées en français. En
2014, parmi les 100 meilleures ventes d’albums, 67 sont des productions locales et 64
d’entre elles sont interprétées en français, soit 96%.
•
L’adoption de l’amendement en faveur de la diversité musicale, qui reprend la
proposition du rapport Bordes, permettra à plus de productions francophones
d’être découvertes par le public.
VRAI – Quand une radio concentre les deux tiers de sa programmation francophone sur 10
titres, la mise en place d’un plafond de 50% génère automatiquement une place de 16% de la
programmation pour d’autres titres francophones.
16% de diffusions supplémentaires représentent chaque mois un volume additionnel de 250
diffusions francophones.
Et ces 250 diffusions supplémentaires représentent l’entrée en playlist de 2 nouveaux
titres francophones par mois, à raison de 30 passages hebdomadaires entre 6h30 et
22h30
• Cet amendement ne vise que quelques radios
VRAI - La disposition n’aura aucun impact sur la programmation d’une majorité de radios et
un impact modéré et proportionné à l’objectif poursuivi, pour les autres.
En effet, le phénomène de concentration des titres francophones se rencontre presque
exclusivement sur les réseaux nationaux qui s’adressent à un public jeune. Ce phénomène
est d’autant plus dommageable à la diversité de la création musicale francophone que les
programmes musicaux constituent une proportion importante de la programmation de ces
réseaux jeunes.
Par ailleurs, la disposition ne concerne pas le service public de la radio. Les obligations de
Radio France en matière d’exposition de la chanson francophone sont fixées par le cahier des
missions et des charges et le contrat d’objectifs et de moyens signé avec l’Etat.
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•
« Les indicateurs relatifs à la concentration des titres diffusés ne doivent pas être
regardés sur une période aussi courte que le mois »
FAUX - La référence mensuelle est celle retenue par la loi et permet d’être au plus proche de
la réalité quotidienne des auditeurs.
Rappelons que la période au cours de laquelle un titre est considéré comme nouveau a été
portée de 6 à 9 mois en 2011, cette mesure ayant élargi le vivier de nouvelles productions
françaises pour les radios.
•
« C’est précipité et les radios n’ont pas été entendues »
FAUX – La mesure a été préconisée par Jean-Marc Bordes* dans le rapport sur « l’exposition
de la musique dans les médias » qu’il a rendu en mars 2014 à la ministre de la culture, après
une large concertation de plusieurs mois, impliquant toutes les parties intéressées.
•
« Le CSA peut gérer la question »
NON hélas, car le CSA n’est pas toujours en mesure de faire respecter la loi dans sa rédaction
actuelle.
En dépit d’aménagements visant à mettre à fin à certaines pratiques des radios pour
contourner leurs obligations légales, l’exposition de la musique francophone en radio et la
diversité musicale ne cessent de se dégrader depuis plusieurs années.
Selon les derniers relevés établis par la société Yacast relatifs aux taux de diffusion de titres
francophones, de nouvelles productions et de nouveaux talents en radio, le constat sur les 30
radios du panel pour les mois de juin et juillet est en effet alarmant.
Aucune des 13 radios soumises au quota 35% / 25% (35% chanson française / 25%
nouveaux talents), n’a respecté le quota francophone de 35% au cours de ces 2 derniers
mois, et certaines d’entre elles (3 sur 13 radios en juin et 5 sur 13 radios en juillet) n’ont pas
non plus respecté le quota de 25% de nouveaux talents.
Quant aux 11 radios soumises au quota 40% / 20% (40 % chanson française / 20% nouveaux
talents et/ou nouvelles productions), la moitié d’entre elles ne respecte pas le quota
francophone de 40% (4 sur 11 en juin et 6 sur 11 en juillet).
•
« Justement, il faut d’abord faire respecter les quotas »
OUI, il faut faire respecter les quotas et, en ce sens, l’amendement du rapporteur sera utile à
la représentation nationale pour s’assurer de l’action du CSA.
MAIS le respect des quotas ne doit pas s’effectuer au détriment de la diversité. Aujourd’hui,
pour atteindre leurs objectifs, les radios opèrent un pilonnage de certains titres dont la
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surexposition empêche la mise en avant d’autres nouveautés, et qui n’apporte rien de plus,
que ce soit aux artistes, aux producteurs ou aux auditeurs.
Rappelons qu’un titre francophone peut atteindre 100 diffusions hebdomadaires, soit près
d’une diffusion toutes les heures, entre 6h30 et 22h30 !
•
« Le problème de concentration concerne essentiellement les titres
francophones »
VRAI - Le phénomène de la concentration musicale observé sur les radios « jeunes »
pénalise 2 fois plus le répertoire francophone que le répertoire international
Chiffres du comparatif basés sur les 100 titres les plus diffusés en radios/panel fortes rotations/année 2015 à
fin août /source Yacast.
Le répertoire francophone représente 29,8% des diffusions du TOP 100 à fin août 2015.
Les radios du panel « fortes rotations » ont diffusé trois fois plus de titres internationaux (2,9
millions de diffusions) que de titres francophones (1.1 million de diffusions).
L’audience des 10 titres francophones les plus diffusés est deux fois plus concentrée que
celle des 10 premiers titres internationaux :
Top 10 francophone
= 48% de l’audience francophone
Top 10 international
= 28% de l’audience internationale
Sur la base de l’audience
(Nombre de contacts = nombre de diffusions x l’audience)
•
« Les services de musique en ligne ne sont pas régulés »
FAUX - les webradios sont déjà soumises au respect des quotas .
Les services de radio distribués par les réseaux n'utilisant pas des fréquences assignées par le
Conseil supérieur de l'audiovisuel – qu’ils soient conventionnés ou déclarés – ont des
obligations en matière de diffusion de chanson francophone. Ces obligations sont fixées par
décret.
Par ailleurs, les services à la demande ne peuvent être soumis au même type de contrainte
que les services linéaires de radiodiffusion.
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•
« Cette mesure serait une ingérence éditoriale intolérable »
FAUX- Il est capital de rappeler que les services de radiodiffusion par voie hertzienne
occupent le domaine public des fréquences radioélectriques. Compte tenu de la rareté des
fréquences hertziennes, il est légitime que le législateur impose aux services ayant recours à
ces ressources des contreparties visant à soutenir la création d’œuvres d’expression originale
française.
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