Samedi 23 février, 20h Fiesta criolla F iesta crio lla

Transcription

Samedi 23 février, 20h Fiesta criolla F iesta crio lla
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Dans le cadre du cycle Le nouveau monde Jésuites et Amérindiens
Du Mardi 19 au mardi 26 février 2008
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr
Fiesta criolla | Samedi 23 février, 20h
Samedi 23 février, 20h
Fiesta criolla
Cycle Le nouveau monde Jésuites et Amérindiens
du mardi 19 au mardi 26 février
À l’âge baroque, le Paraguay a connu l’une des plus
intéressantes expériences humaines de toute l’Amérique
latine avec la fameuse république jésuite du Paraguay
qui dura jusqu’à l’expulsion de l’ordre en 1767. Les Indiens
guaranis y étaient regroupés dans des missions ou
« réductions » où les religieux développèrent un type
d’économie très original, l’argent y étant remplacé par
un système de monnaies naturelles (étoffes de coton,
maté).
À cet égard, le syncrétisme religieux fut l’un des traits
dominants de la ferveur populaire dans l’Amérique
coloniale. Ainsi les negrillas et guineos renvoient au
dialecte imaginé à partir de la langue espagnole par
les esclaves noirs et, par extension, désignent un type
de villancico imitatif ou parodique sur des textes inspirés
par Noël : une façon imagée de nous renseigner sur
la manière dont l’événement sacré était perçu par
cette population d’origine africaine. Et plus encore,
il y a le pèlerinage de Santa Maria de Guadalupe au
Mexique qui se développa à partir des visions que Juan
Diego, paysan aztèque, eut en 1531 de la Vierge, apparue
sous les traits d’une jeune Indienne. À la suite de ces
visions, quelque six millions d’Aztèques se convertirent
au catholicisme et la Madone de Guadalupe inspira des
émules jusqu’en Bolivie, où un autre pèlerinage voué
à la même Vierge de Guadalupe, en la ville de La Plata,
rassemble depuis 1602 indigènes, métis, Espagnols
américains (créoles) et Espagnols de la métropole. Célébré
chaque année le 8 septembre et précédé d’une procession
opulente animée par des danseurs et musiciens vêtus
de costumes multicolores, cet événement dure en fait dix
jours et tourne à la fiesta criolla, avec des salve et des
villancicos naïfs, écrits en castillan.
Sans doute paternaliste, la république jésuite du
Paraguay a cependant permis aux populations indigènes
de vivre en semi-autarcie pendant plus d’un siècle
et demi. Aussi bien, théâtre et musique n’y étaient
pas oubliés, comme le prouve le San Ignacio de Loyola
de Domenico Zipoli, s’agissant du seul opéra de l’ère
coloniale portant l’empreinte en profondeur des
cultures originelles. Né en 1688, le Toscan Zipoli fut
notamment l’élève d’Alessandro Scarlatti et de Bernardo
Pasquini. Organiste en l’église des Jésuites à Rome
en 1715, il devient à son tour jésuite en 1716 et part
pour les missions du Paraguay dès 1717 pour se fixer
à Córdoba comme compositeur et professeur auprès
des populations indigènes, avant de mourir en 1726,
seulement âgé de trente-sept ans. Son drame sacré
San Ignacio se distingue des oratorios qu’il écrivit en
Italie par un exotisme expressif dû aux conditions de sa
création. On sait qu’il fut joué et chanté par des artistes
amérindiens et que son succès fut très vif, relayé hors
du Paraguay par le jésuite allemand Martin Schmid.
Telle quelle, l’œuvre est un excellent exemple de
métissage, au baroquisme affirmé.
Au-delà, on remarquera que le style hispano-américain
a été durablement source de rêve pour l’imaginaire
européen. Et cela jusqu’en Angleterre où l’Indian Queen
de Purcell (1695) se fait l’écho d’un songe exotique qui
ne choisit pas vraiment entre Aztèques et Incas. Reste
pour notre bonheur l’invention flamboyante de l’Orphée
britannique qui mourut ici la plume à la main, laissant
à son frère Daniel le soin de mener ce génial semi-opéra
à son terme.
Outre ce répertoire scénique, les jésuites veillaient,
bien sûr, au service liturgique au quotidien, formant
les indigènes à la pratique musicale et utilisant un
instrumentarium local bien antérieur à la conquête.
L’Ensemble Louis Berger, conduit par Ricardo Massun,
réveille la messe anonyme San Ignacio, toute bruissante
des timbres bigarrés des bajunes, ces flûtes de Pan
sud-américaines de très grande taille que les Jésuites
intégrèrent sans réticences au concert occidental.
Roger Tellart
MARDI 19 FÉVRIER - 20H
SAMEDI 23 FÉVRIER - 20H
Negrillas y Guineos
Fiesta criolla
Camerata Renacentista de Caracas
Isabel Palacios, direction
Ensemble Elyma
Schola Cantorum Cantate Domino
Compagnie Ana Yepes
Gabriel Garrido, direction
JEUDI 21 FÉVRIER - 20H
Musique des missions jésuites
MARDI 26 FÉVRIER, 20H
Ensemble Elyma
Gabriel Garrido, direction
Ensemble Louis Berger
Ricardo Massun, direction
The Indian Queen
Version de concert
SAMEDI 23 FÉVRIER - 18H30
Procession
Perú Andino
Ensemble Louis Berger
Schola Cantorum Cantate Domino
Ensemble Elyma
Opéra de Henry Purcell
Livret de John Dryden
et Robert Howard
Reconstitution de Philip Pickett
New London Consort
Philip Pickett, direction
Joanne Lunn, soprano
Julia Gooding, soprano
Tone Braaten, soprano
Mark Chambers, contre-ténor
Christopher Robson, contre-ténor
Andrew King, ténor
Joseph Cornwell, ténor
Michael George, baryton-basse
Simon Grant, baryton-basse
Mark Rowlinson, baryton-basse
SAMEDI 23 FÉVRIER – 20H
Salle des concerts
Fiesta criolla
Ensemble Elyma
Schola Cantorum Cantate Domino, direction Père Michaël Ghijs
Compagnie Ana Yepes, direction Ana Yepes
Gabriel Garrido, direction
Bernardo Illari, transcriptions et réalisation musicale
Jeff Castaing, costumes de la compagnie Ana Yepes
Avec l’aimable autorisation du label K617 ‑ Le Couvent (Centre International des Chemins du Baroque à Sarrebourg).
L’enregistrement de la Fiesta criolla est disponible sous la référence K617139 (distribution Harmonia Mundi).
Fin du concert vers 21h35.
4
Détail du programme :
Première partie
Procession d’entrée à la Cathédrale : les Vêpres
Todo el mundo en general
D’après Francisco Corra de Arauxo (Séville, 1626)
Premier salut : les chœurs angéliques
Ángeles, ¡al facistol!
Anonyme (Sucre, Bolivie)
Paraninfos alados
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Tota pulchra es, Maria
Andrés Flores (1690-1754)
Après-midi de comédies
Morenita con gracia es María
Juan de Araujo ? (1649 ?-1712)
Cachua a dúo y a cuatro con violines y bajo al nacimiento de Christo Nuestro Señor
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785)
Cachua a voz y bajo al Nacimiento de Nuestro Señor
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785)
Second salut : la joie de la fête
Alegría, risa, ¡ha!
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Alégrese la tierra
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Sub tuum præsidium
Blas Tardío de Guzmán (c. 1695-1762)
Cachua serranita
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785)
Intermède
Tonada la lata a voz y bajo, para bailar cantando
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785)
Deuxième partie
L’adoration de la Vierge
María, todo es María – ¡Ay del alma mía!
Andrés Flores – Anonyme, transcrit par Amédée François Frézier (Chili/Pérou, c. 1713)
Troisième Salut : les oiseaux chantent à Marie (l’aube)
Silgueritos risueños
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Pajarillos, ¡madrugad!
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719), arrangé par Manuel de Mesa (c. 1725-1773)
La matutina estrella
Anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado (Moxos, Bolivie, XIXe siècle)
Après-midi de taureaux
Oigan las fiestas de toro
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Danse des petits taureaux
Anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado (Moxos, Bolivie, XIXe siècle)
samedi 23 février
Quatrième salut : le triomphe de la Vierge
Verset du huitième ton pour orgue
Antonio Martin i Coll (Espagne, c. 1660-c. 1740)
Toquen alarma
Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719)
Salve Regina a 8
Anonyme, attribué à Blas Tardio de Guzmán (c. 1750)
Fin de fête
Lanchas pour danser
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785)
Fiesta criolla
Il faut redire en préambule combien le syncrétisme religieux fut l’un des fondements de la foi
populaire dans l’Amérique du Baroque colonial ; un syncrétisme plus que jamais présent, ce soir,
dans cette reconstitution d’une solennité spécifique : la fête de Notre-Dame de Guadalupe.
À l’origine de cette fiesta criolla de l’Altiplano, il y a l’histoire de Juan Diego, paysan
aztèque du Mexique qui, en 1531, vit apparaître la Vierge sous les traits d’une jeune
indienne. Celle-ci lui parla dans sa langue maternelle, lui demandant de faire construire
une église qui serait dédiée à Santa Maria de Guadalupe, pèlerinage très populaire de
l’Espagne métropolitaine. À la suite de ces apparitions, quelque six millions d’indigènes
se convertirent au catholicisme et la Madone de Guadalupe, devenue l’un des lieux de
dévotion les plus fréquentés de toute l’Amérique latine, inspira des émules jusqu’en Bolivie
avec, précisément, le pèlerinage voué à la même Vierge de Guadalupe en l’ancienne ville
de La Plata, également appelée Chuquisaca, aujourd’hui Sucre, en Bolivie. Célébré chaque
année le 8 septembre – fête de la Nativité de la Vierge – depuis 1602, l’événement attire
pèlerins et curieux venus du Pérou et de la Bolivie et, toujours fidèle aux motivations qui
l’ont fait naître, dure en fait dix jours, incluant une suite d’actions rituelles fort anciennes.
Précédée d’une procession opulente et bigarrée, elle est, aujourd’hui encore, la fête latinoaméricaine par excellence, lieu de convergence et de rencontre des cultures hispaniques,
métisses et amérindiennes. Aussi bien rend-elle floues les frontières existant entre le sacré
et le profane, supprimant momentanément les clivages sociaux et moraux et créant un
espace distinct du quotidien où le rêve intemporel devient réalité.
Sans doute, au départ, l’image de Notre-Dame de Guadalupe vient d’Estrémadure
en Espagne, mais elle fut vite naturalisée amérindienne, emblème majeur de la société
et des fêtes andines. Un peintre local, le moine Diego de Ocaña, en réalisa un portrait,
en 1718, qui n’a de commun avec celui de la Vierge mexicaine que la couleur foncée
de son teint, permettant ainsi aux indigènes de se reconnaître sans difficulté dans l’effigie.
Et aujourd’hui comme hier, une population bigarrée accourt à la manifestation, apportant
sa ferveur, son exubérance, bref, une couleur identitaire bienvenue. Ainsi, sans qu’en soient
affadies les connotations proprement hispaniques, Guadalupe s’est élargi, au fil des temps,
en un espace pluriethnique, lieu de confrontation privilégié entre Indiens, métis, Espagnols
américains (les vrais créoles) et ressortissants de l’ancienne métropole, « chaque groupe
revendiquant en la circonstance le contrôle des événements », selon Bernardo Illari.
C’est la version originale de cette fête créole que Gabriel Garrido et les siens réveillent
ce soir. Une version prétexte à tout un déploiement de villancicos et de salves naïfs en
castillan, mêlés à d’autres musiques paraliturgiques et festives, autour de l’enfant du pays,
le très doué Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719), qui connaît ici la plus méritée des
réhabilitations. Né lui-même à Chuquisaca, cet enfant naturel d’une métisse fut recueilli, à
la mort de sa mère en 1695, par une institution charitable qui le fit entrer, étant donné sa
jolie voix, dans la chapelle de la cathédrale de La Plata. Devenu instrumentiste (harpe et
violon) à la mue, il obtint le titre de bachelier ès arts (sa culture générale semble avoir été
samedi 23 février
excellente) et entra dans les ordres tout en parachevant sa formation musicale avec
Juan de Araujo. Au-delà, c’est son très rare talent qui le met au-dessus de la plupart
de ses contemporains hispaniques et amérindiens. Dans la cinquantaine d’œuvres qu’il
a laissées (surtout des villancicos polyphoniques en castillan), il explore et « orchestre »
toutes les ressources du langage polychoral en fresquiste inspiré, parfois s’attachant
à un mot ou à un refrain et le travaillant (à deux, trois, six, douze voix) en un contrepoint
dense et superbement signifiant (et tout aussi éloquents sont les passages traités en solo).
À son amour de la terre natale s’ajoute la composante hispanique de sa personnalité.
Ainsi l’aficionado amoureux de la corrida réagit dans le très imagé Oigan las fiestas de
toros mettant en scène une Vierge qui, sous l’habit du toréador, pare immanquablement
les attaques du Mal, incarné par le taureau, tandis que Toquen alarma prend les armes avec
enthousiasme, célébrant la victoire de Marie, la Vierge souveraine qui a sauvé l’Espagne
du pouvoir des Maures. Sa sympathie pour ses frères indiens s’exprime dans l’usage de
la langue indigène – le quechua –, outre son habileté à mettre en musique des paraphrases
de salve et des litanies à Notre-Dame de Lorette en latin et en espagnol : un genre très
apprécié localement et intégrant des citations de textes latins et de chant grégorien
dans des compositions vernaculaires relevant du style villancico.
Pour le reste, la cérémonie est conçue à la manière d’une « journée », comme dans
le théâtre espagnol du XVIIe siècle (dont deux après-midi de comédies et de taureaux).
Ainsi, une procession d’entrée accompagne le transfert de l’effigie de la Vierge dans
la cathédrale, prélude aux compositions de Chavarría et à un choix de pièces anonymes
ou empruntées à des contemporains de Chavarría, tels Andrés Flores et Blas Tardío de
Guzmán. Le talent de ces derniers est manifeste, mais le plus captivant tient peut-être
dans le ton populaire qui investit peu à peu le décor de la manifestation religieuse et
culmine dans les rythmes de la Cachua serranita, à l’obsédante découpe litanique, réponse
sans apprêts, mais combien fervente, des indiens à la conformité liturgique du motet Sub
tuum præsidium de Tardío de Guzmán qui précédait. Et ici, l’on saluera comme il se doit
les intuitions de Gabriel Garrido, de l’Ensemble Elyma et de leurs alliés qui rendent palpable
une impression, non pas d’authenticité – mot parfaitement vain en la circonstance – mais
de crédibilité, reflet de ce que cette fête créole a pu être dans son exotisme premier,
au XVIIIe siècle, et qui se font les incontournables avocats de la vie au sanctuaire, au fil
d’une démarche qui reste source de joie obstinée pour l’imaginaire.
Roger Tellart
Primera parte
Première partie
Procesión de entrada a la catedral: las vísperas
Procession d’entrée à la Cathédrale : les Vêpres
Todo el mundo en general
Todo el mundo en general
a voces, Reina escogida,
digan que sois concebida
sin pecado original.
Que tout le monde, sans exception
Que tout le monde, sans exception,
À pleine voix, Reine élue,
Dise que vous êtes conçue
Sans le péché originel.
Coplas
Si mandó Dios verdadero
al padre y la madre honrar,
lo que nos mandó guardar
él lo quiso hacer primero,
y así, esta luz celestial
en vos la dejó cumplida,
pues él hizo concebida
sin pecado original.
Couplets
Si le vrai Dieu a commandé
D’honorer ses père et mère,
Le commandement qu’il nous laisse,
Il l’a voulu respecter le premier.
Aussi, de cette lumière céleste,
Vous a-t-il dotée,
Puisque vous fûtes par lui conçue
Sans le péché originel.
Toda vos resplandecéis
con soberano arrebol,
y vuestra casa en el sol
dice David que tenéis ;
de resplandor celestial
os cerró el Rey de la vida,
Tout entière vous resplendissez
D’un rose matinal et souverain,
Et David dit que vous avez,
Dans le soleil, votre maison ;
D’un éclat céleste
Vous a entourée le Roi de la vie,
por haceros concebida
sin pecado original.
Parce qu’il vous a conçue
Sans le péché originel.
Todo el mundo en general
a voces, Reina escogida,
digan que sois concebida
sin pecado original.
Que tout le monde, sans exception,
À pleine voix, Reine élue,
Dise que vous êtes conçue
Sans le péché originel.
D’après Francisco Corra de Arauxo
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samedi 23 février
Primer Salve: Los coros angélicos
Premier salut : les chœurs angéliques
Ángeles, ¡al facistol!
Ángeles, al facistol
Serafines, al papel
Virtudes, a la capilla que canta, que trina
que suena, que suena bien;
y en coros alegres
y en tropa canora
cantad, celebrad
y decid de la Aurora
cuantas gracias atesora
desde que comenzó a ser.
Venid, llegad, honrad esta vez
el facistol
el papel y capilla
que canta
que trina
que suena bien, que suena bien.
Anges, au lutrin !
Anges, à votre lutrin,
Séraphins, à vos partitions,
Vertus1, rejoignez la chapelle qui chante, qui trille,
Qui sonne, qui plaît à l’oreille ;
Et en des chœurs joyeux,
Et en cohorte harmonieuse,
Chantez, célébrez
Et dites de l’Aurore
Toutes les grâces qu’elle engrange,
Depuis qu’elle a commencé à poindre.
Venez, accourez, honorez en ce jour
Le lutrin,
La partition et la chapelle
Qui chante,
Qui trille
Qui sonne bien, qui plaît à l’oreille.
Coplas
Hoy se celebra una Niña,
bella luz, aunque Luzbel
venenosa sierpe, se oponga,
hace chanza a su pie.
Es su belleza tan rara
Couplets
Aujourd’hui l’on fête une Fillette,
Belle lumière, bien que Luzbel2,
Venimeux serpent, s’y oppose,
Se moque de son pied.
Si rare est sa beauté
que al verla el Dragón cruel
más que el abismo la envidia,
su mayor infierno fue,
soberbio quiso atreverse
y la Niña con desdén,
al paso de su humildad
le quebrantó su altivez.
Qu’en la voyant, le cruel Dragon,
Plus que l’abîme, la jalousie
A pris pour son pire enfer.
Dans son orgueil il a voulu se mesurer à elle
Et la Fillette, avec dédain,
Du simple fait de son humilité,
A brisé net son arrogance.
Venid, llegad, honrad esta vez el facistol
el papel y capilla
que canta
que trina
que suena bien, que suena bien.
Venez, accourez, honorez en ce jour le lutrin,
La partition et la chapelle
Qui chante,
Qui trille
Qui sonne bien, qui plaît à l’oreille.
Anonyme
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Paraninfos alados
Paraninfos alados, alados, venid
venid puras inteligencias, llegad,
llegad seráficas escuadras, volad,
volad, querúbicas alturas, bajad,
saludad,
aplaudid,
festejad,
a la estrella,
a la luna,
y al Alba
que entre candores alborea ya,
venid, llegad, volad, bajad.
Rasguen los aires los veloces vuelos
y en métricos coros cantad,
cantad suaves,
atended, mirad,
y escuchad que la Salve Regina
se empieza a cantar,
con tiernos bemoles,
cromáticos, dulces
cláusulas suaves
y glosas extrañas,
se ejecutarán,
atended, escuchad,
porque esparce sus luces el Alba
desviando sombras de la Antigüedad,
Messagers ailés, venez
Messagers ailés, ailés, venez,
Venez pures intelligences, accourez,
Accourez séraphiques escouades, volez,
Volez, chérubiques éminences, descendez,
Saluez,
Applaudissez,
Fêtez
L’étoile,
La lune
Et l’Aube
Qui, parmi les candeurs, paraît déjà
– Que les vols véloces déchirent les airs –3,
Et en des chœurs bien mesurés, chantez,
Chantez doucement,
Prêtez attention,
Regardez,
Et écoutez : le Salve Regina
L’on commence à chanter,
Avec de tendres bémols,
Chromatiques, de douces
Et suaves clausules ;
Et d’extraordinaires variations
Vont être exécutées.
Prêtez l’oreille, écoutez,
Parce que ses lumières l’Aube répand
En détournant des ombres de l’Antiquité,
Et elle décoche, en ses rayons dorés,
La flèche mortelle contre l’Averne4 qu’elle a déjà vaincu.
y dispara en sus rayos dorados,
la muerte al Averno que ha vencido ya,
atended, escuchad,
que la Salve Regina
se empieza a cantar.
Salve Regina,
Salve flor de los campos,
Salve, que por ser singular,
Salve, ha logrado la dicha,
Salve, de ser como deidad,
Salve,
atended, escuchad.
Prêtez l’oreille, écoutez :
Le Salve Regina
L’on commence à chanter :
Salve Regina
Salut fleur des champs,
Salut, car pour être unique,
Salut, elle a obtenu le bonheur,
Salut, d’être l’égale d’une divinité,
Salut,
Prêtez l’oreille, écoutez.
12
samedi 23 février
Coplas
Salve Azucena preciosa de cuya estirpe real
se extendieron tus fragancias
hasta la sacra Deidad
Salve, aurora María,
Salve, Estrella del mar,
Salve, Tierra que, florida,
produces amenidad de los sagrados rocíos
que gracia te hacen brotar,
Salve, Vara y Raíz,
Salve, Arca y Maná.
Salve, castísima Rosa,
cuyos alientos le dan a la Iglesia los olores
de la mayor suavidad.
Salve, Lluvia y Rocío,
Salve, Flor y Panal.
Salve, Paloma amorosa,
en cuyo nido verán de las pajas,
hacer lecho a Dios en la humanidad,
Salve, Oliva y Ciprés,
Salve, Iris y Paz.
Couplets
Salut Lys précieux dont la souche royale
A propagé les parfums
Jusqu’à la Divinité sacrée,
Salut, aurore Marie,
Étoile de la mer,
Toi qui, terre fleurie,
Crées le charme à partir des rosées sacrées
Qui la grâce font sourdre de ton sein,
Salut, Hampe et Racine,
Salut, Coffre et Manne.
Salut, très chaste Rose,
Dont les exhalaisons donnent à l’Église les odeurs
De la plus grande suavité.
Salut, Pluie et Rosée,
Salut, Fleur et Rayon de miel.
Salut, Colombe amoureuse,
Dont on verra le nid fournir les pailles
Qui serviront à faire le lit de Dieu parmi les hommes,
Salut, Olive et Cyprès,
Salut, Iris et Paix.
Roque Jacinto de Chavarría
Tota pulchra es, Maria
Tu es toute belle, Marie
Tota pulchra es, Maria,
Et Macula originalis
Non est in Te.
Tu gloria Jerusalem.
Tu laetitia Israel.
Tu honorificentia populi nostri
O Maria !
Virgo prudentissima,
Mater clementissima.
Ora pro nobis.
Intercede pro nobis
Ad Dominum Jesu Christum.
Tu es toute belle, Marie,
Et le Péché originel
N’est pas en toi.
Toi, la gloire de Jérusalem.
Toi, joie d’Israël.
Toi, honneur de notre peuple.
Ô Marie !
Vierge très prudente,
Mère très clémente.
Prie pour nous.
Intercède pour nous
Auprès du Seigneur Jésus Christ.
Andrés Flores
13
Tarde de comedias
Après-midi de comédies
Morenita con gracia es María
Morenita con gracia es María,
sí, sí, que yo me lo sé, sí, sí,
que no puede ser,
que es mas pura esta Niña que la luna
es, que no puede ser, que no puede ser,
que no, que si puede ser,
que sí puede ser
que si nace en candores de gracia su ser,
(que si nace entre sombras blanco de Dios)
es que sí, sí, que sí puede ser.
Gracieuse brunette que Marie !
« Gracieuse brunette que Marie !
Si, si, moi, je le sais, oui, oui.
– Cela ne peut être,
Car elle est plus pure, cette Enfant, que la lune,
– Elle l’est ! – Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible !
Mais non ! – Mais si, c’est possible,
Mais si, c’est possible,
Car si naît, parmi les candeurs, son être de grâce,
(Car si naît, parmi les ombres, la clarté de Dieu),
C’est que, oui, oui, cela est possible. »
Coplas
Como el Sol la viste a su amanecer
con sus bellos rayos franquea su tez.
Que sí, que no, que sí puede ser,
que de andar por las luces morenita es
que sí puede ser.
Couplets
« Comme le Soleil, tu la vis à son lever ;
Avec ses beaux rayons elle éclaircit son teint.
Mais si. – Mais non. – Mais si, c’est possible,
Car à force de marcher à la lumière, brunette elle devient,
Mais si, c’est possible.
Niña de los ojos del mismo Dios es,
que da vida al cielo en su amanecer
que no, que sí, que no puede ser,
que si es mar de la Gracia, puerto de Dios es,
que no puede ser.
Fillette, elle est prunelle5 des yeux de Dieu lui-même
Qui donne vie au ciel, dans son aube.
Non. – Si. – Non, ce n’est pas possible…
Car si elle est mer de la grâce, port de Dieu elle est…
– Non, ce n’est pas possible.
Anda esta zagala con tanta altivez
Cette gamine marche avec tant de hauteur
Que les hautes collines elle soumet de son pied.
– Si. – Non. – Si, c’est possible,
Car à force de marcher par les monts elle blondit comme
le blé,
Si, c’est possible.
que a los altos montes dome[ñ]a su pie.
Que sí, que no, que sí puede ser,
que de andar por montes trigueñita es
que sí puede ser.
Gran Señora nace de reyes, porque
su real estirpe del Rey David es.
que no, que sí, que no puede ser,
que si es puro espejo, Dios se mira en él,
que no puede ser.
Grande Dame elle naît de rois, parce que
Son royal lignage est celui du Roi David.
– Non. – Si. – Non, ce n’est pas possible…
Car si elle est pur miroir, Dieu se mire en lui…
Ce n’est pas possible… »
Juan de Araujo ?
14
samedi 23 février
Cachua a dúo y a cuatro con violines y bajo al
nacimiento de Christo Nuestro Señor
Niño il mijor que y logrado
alma mía mi songuito
por lo mucho que te quiero
mis amores te y trajido.
Cachua à deux et à quatre, avec violons et basse,
dédiée à la Nativité du Christ Notre Seigneur
Enfant, le meilleur qu’on puisse obtenir,
Mon âme, mon petit cœur6,
Pour te montrer combien je t’aime,
Tout mon amour je t’ai apporté.
Ay Jisos qui lindo
mi niño lo está
ay Jisos mi padre
mi Dios achalay.
Ah ! Jésus, si mignon,
Oui, mon enfant, tu l’es !
Ah ! Jésus, mon Père,
Mon Dieu, achalay7 !
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon
Cachua a voz y bajo al Nacimiento de Nuestro Señor
Dennos licencia señores
supuesto que es nochbuena
para cantar y bailar
al uso de nuestra tierra
quillalla quillalla
Cachua8 pour voix et basse9, pour la Nativité du Christ
Notre Seigneur
Donnez-nous la permission, messieurs dames,
Puisque c’est la nuit de Noël,
De chanter et de danser
A la mode de chez nous.
Quillalla quillalla quillalla…
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon
Segundo Salve: La alegría de la fiesta
Second salut : la joie de la fête
Alegría, risa, ¡ha!
Alegría,
risa, ha, ha, ha,
confúndanse las voces,
los ecos, la armonía,
cantando, repitiendo,
con melodía,
Salve, salve Regina,
que raya, que llega,
que nace pura y limpia
la Aurora peregrina:
Salve Regina.
Madre piadosa,
cándida, nítida,
Vida, dulzura, deífica,
ínclita, contra la Noche,
Joie, rire, ha ! ha !
Joie,
Rire, ha ! ha ! ha !
Que les voix se mêlent,
Les échos, l’harmonie,
En chantant, en répétant
Mélodieusement,
Salve, salve Regina
Car voici que point, car arrive,
Car naît pure et immaculée
L’Aurore merveilleuse :
Salve Regina,
Mère miséricordieuse,
Pure, éclatante,
Vie, douceur, divine,
Illustre, en face de la Nuit,
15
pálida tímida
[vence a la Sierpe]
rápida rígida
porque de astuta,
[mágica], lírica,
quiere quitarnos audaz la vida
oponiéndose altiva,
voraz, soberbia,
a Ti, que eres recién nacida,
Alba Maria,
Virgo divina,
[E]spes et vita
[E]stella pia
Portus et via.
Aurora bella,
cándida, nítida
dame tu Gracia,
para que diga:
« Salve Regina »
Madre sagrada,
deífica, ínclita,
de quien vienen,
ya sin fatiga,
[E]spes et vita.
¿Qué sombra oscura,
Pálida, tímida,
Pâle, timide,
Vainc le Serpent
Rapide, inflexible,
Parce que, par ruse,
Magique, lyrique,
Il nous veut ôter, avec hardiesse, la vie
En s’opposant, hautain,
Vorace, arrogant,
À Toi, qui viens de naître,
Aube Marie10
Vierge divine,
Espérance et vie,
Étoile bienveillante,
Port et chemin.
Aurore belle,
Blanche, éclatante,
Donne ta Grâce
Pour que je puisse dire :
« Salve Regina »
Mère sacrée,
Divine, illustre,
De qui viennent
Désormais sans peine,
Espérance et vie.
Est-il ombre obscure,
Pâle, timide,
habrá que pare cuando perciba,
Virgo divina
La Sierpe Negra,
rápida, rígida,
huye si advierte aun fugitiva
alba María.
Cuando mi alma,
árida, frígida,
vuelve y repite,
por su alegría:
[E]stella pia
[Alba radiante],
[mágica, lírica],
[tú me aseguras,
luz de mi vida,
Portus et via].
Qui pourra demeurer quand elle apercevra,
Vierge divine ?
Le Serpent Noir,
Rapide, inflexible,
Fuit s’il aperçoit, même fugitive,
Aube Marie.
Quand mon âme,
Aride, froide,
Revient et répète,
Pour sa joie :
Étoile bienveillante,
Aube radieuse,
Magique, lyrique,
Toi, tu me rassures,
Lumière de ma vie,
Port et chemin.
Roque Jacinto de Chavarría
16
samedi 23 février
Alégrese la tierra
Alégrese la tierra,
los montes y las selvas,
los riscos y los prados,
las aves y las fieras,
pues se invoca sagrada
la letanía regia
de la hermosa María,
castísima Azucena,
y a grandes voces digan,
Kyrie, Kyrie eleison,
Christe eleison
que a la Deidad sagrada
piden misericordia,
pues se interpone, Reina,
la Hija, la Madre, la Esposa
cuyo sagrario encierra
de Dios todo el tesoro
por ser María de la Gracia llena.
Que la terre se réjouisse
Que la terre se réjouisse,
Les montagnes et les forêts,
Les pics et les prés,
Les oiseaux et les bêtes sauvages,
Car on invoque, sacrée,
La litanie royale
De la belle Marie,
Le très chaste lys,
Et à pleine voix ils disent,
Kyrie, Kyrie eleison,
Christe eleison.11
Que, à la Divinité sacrée,
Ils demandent miséricorde
Puisqu’intercède, Reine,
La Fille, la Mère, l’Épouse
Dont le tabernacle renferme de Dieu
Tout le trésor,
Pour être Marie pleine de Grâce.
Alégrese la tierra,
los montes y las selvas,
pues se invoca sagrada,
la letanía regia.
¡Oigan! ¡Escuchen!
¡Atiendan!
Que la terre se réjouisse,
Les montagnes et les forêts,
Car on invoque, sacrée,
La litanie royale.
Oyez ! Écoutez !
Prêtez l’oreille !
Que con armónicas voces
se comienza, se comienza :
Pater de caelis Deus,
Filius redemptor mundi Deus,
Spiritus, Sancte Deus,
Sancta Trinitas unus Deus,
miserere nobis.
Car avec d’harmonieuses voix
On commence, on commence :
Dieu, le Père des cieux
Dieu, le Fils rédempteur du monde,
Dieu, le Saint-Esprit,
Dieu unique en la Sainte Trinité,
Prends pitié de nous.
Sancta Maria,
Sancta Dei genitrix,
Sancta Virgo Virginum,
ora pro nobis.
Mater Christi,
Mater divinae Gratiae,
ora pro nobis.
Mater purissima,
Mater Castissima,
ora pro nobis, pro nobis.
Sainte Marie,
Sainte Mère de Dieu,
Sainte Vierge parmi les vierges,
Prie pour nous.
Mère du Christ,
Mère de la Divine Grâce,
Prie pour nous,
Mère très pure,
Mère très Chaste,
Prie pour nous, pour nous.
17
Virgo prudentissima,
Virgo veneranda,
Virgo praedicanda,
ora pro nobis.
Regina Angelorum,
Regina Patriarcharum,
Regina prophetarum,
Regina Apostolorum,
Regina Martyrum,
ora pro nobis.
Regina Confessorum,
Regina Virginum,
Virgina sanctorum omnium,
ora pro nobis.
Vierge très prudente
Vierge vénérable,
Vierge célébrée,
Prie pour nous.
Reine des Anges,
Reine des Patriarches,
Reine des prophètes,
Reine des Apôtres,
Reine des Martyrs,
Prie pour nous.
Reine des Confesseurs,
Reine des Vierges,
Vierge de tous les saints,
Prie pour nous.
Roque Jacinto de Chavarría
Sub tuum præsidium
Sub tuum praesidium confugimus
Sancta Dei Genitrix,
Nostras deprecationes
ne despicias, in necesitatibus,
sed a periculis cunctis
libera nos semper,
Virgo gloriosa et benedicta.
Nous avons recours à ta protection
Nous avons recours à ta protection,
Sainte Mère de Dieu,
Ne rejette pas nos prières,
Adressées dans nos besoins :
Mais délivre-nous toujours
De tous les dangers,
Ô Vierge glorieuse et bénie.
Blas Tardío de Guzmán
12
Cachua serranita
Una sola
No hay entendimiento humano
que diga tus glorias hoy,
y sólo basta decir
que eres la Madre de Dios.
Cachua de nos montagnes
Une seule [femme]
Il n’est point d’entendement humain
Qui puisse, aujourd’hui, proclamer tes gloires ;
Il suffit juste de dire
Que tu es la Mère de Dieu.
Todas
A na na na na…
Toutes [les femmes]
A na na na na…
Una sola
En la mente de Dios Padre
fuiste electa pura Madre
del Verbo que se humanó
tomando en Ti nuestra carne.
Une seule
Dans l’esprit de Dieu le Père
Tu fus choisie pure Mère
Du verbe qui s’est fait homme
En prenant en Toi notre chair.
18
samedi 23 février
Todos
A na na na na…
Tous [les hommes]
A na na na na…
Una
Una eres en la substancia
y en advocaciones varias
pero en (La Plata) refugio
y consuelo de las almas.
Une [femme]
Une, tu es, dans ton essence,
Et plusieurs, à travers les vocables qui te désignent,
Mais, à La Plata, refuge
Et consolation des âmes.
Todas
A na na na na…
Toutes
A na na na na…
Uno
Tu manto con el Purgatorio
Es con que el fuego le aplacas
Al que por Madre te aclama,
Y en sábado lo rescatas.
Un [homme]
Ton manteau, avec le Purgatoire,
Est ce avec quoi le feu tu apaises
Chez celui qui t’acclame pour Mère,
Et le samedi tu le troques.
Todos
A na na na na…
Tous [les hommes]
A na na na na…
Una
No tiene la criatura
como auxilio, si no clama,
pues por tus ruegos se libra
la sentencia más santa.
Une [femme]
La créature d’a point de secours
Si elle ne t’implore pas,
Car, grâce à tes prières, est prononcée
La sentence la plus sainte.
Todas
A na na na na…
Toutes
A na na na na…
Uno
Más y más misericordia
le muestras al que te aclama,
y pues que somos tus hijos,
¡Llévanos a vuestra Patria!
Un [homme]
Chaque fois davantage tu fais preuve de miséricorde
À l’égard de celui qui t’acclame,
Et puisque nous sommes tes enfants,
Conduis-nous dans votre Patrie !
Todos y todas
A na na na na…
Toutes et tous
A na na na na…
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon
19
Entremés
Intermède
Tonada la lata a voz y bajo, para bailar cantando
Oficiales de marina
ya no toman la casaca
porque se salen de noche
a darle sebo a la lata!
Tonada « La Lata », à danser tout en chantant13
Les officiers de marine
Ne portent plus l’uniforme14
Parce qu’ils sortent la nuit
Pour remplir la tirelire !
Toma que toma, toma mulata,
tu que le dabas sevo a la lata;
toma que toma, toma payteña,
tu que le dabas sevo a la leña ;
toma que toma, toma Señora,
tu que le davas a mi amor gloria.
Como eres mi china
como eres mi samba
como eres hechizo
de todas mis ansias.
Tiens, prends, prends mulâtresse,
Toi qui me graissais le manche ;
Tiens, prends, prends fille de Paita15,
Toi qui savais chauffer mon bois16 ;
Tiens, prends, prends ma dame,
Toi qui faisais honneur à mon amour…
Puisque tu es ma china17,
Puisque tu es ma zamba,
Puisque tu es ce sort jeté,
Cause de tous mes tourments.
Aran de que soy soldado
pero no matriculado.
Aran de que soy sargento
pero no de este aposento.
Aran de que soy alferez
pero no de las mujeres.
Aran de que soy teniente
Arande18, je suis soldat…
Mais sans matricule.
Arande, je suis major19…
Mais ne loge pas mes troupes en cette auberge.
Arande je suis porte-étendard…
Mais n’entretiens pas les femmes.
Arande je suis «lieutenant»…
pero no de la de enfrente.
Mais pas de «celles d’en face».
Tina, tina favores,
tina, tina ya nadie?
tina la sota tina,
tina tina el caballo.
corra la espada al oro,
corra la copa al basto.
Tina tina, atouts20,
Tina, tina, plus personne ?
Tina, la sale carte21, tina,
Tina, tina, le cavalier22.
Que l’épée aille droit au denier23,
Que la coupe aille droit au bâton !24
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon
20
samedi 23 février
Segunda parte
Deuxième partie
La adoración de la Virgen
L’adoration de la Vierge
María, todo es María (coplas 1 & 2)
María todo es María
María todo es a Vos :
toda la noche y el día
se me va en pensar en Vos.
Marie, tout est Marie (strophes 1 & 2)
Marie, tout est Marie
Marie tout est à Vous :
Toute la nuit et tout le jour
Je me prends à penser à Vous.
Todos vos resplandecéis
con soberano esplendor,
y vuestra casa en el Sol
dice David que tenéis.
Vous, toute entière, vous resplendissez
De votre souveraine splendeur,
Et David dit que vous avez,
Dans le soleil, votre maison.
¡Ay del alma mía!
¡Ay del Alma mía!
¡Ay linda Señora!
Que cuando Tú naces,
el mundo se alegra.
Hélas ! pauvre âme mienne !
Hélas ! pauvre âme mienne !
Hélas ! belle Dame !
Car quand Toi tu nais,
Le monde se réjouit.
Las aves canoras
cantan a la estrella
que brilla en su cielo
rayos que alborea.
Les oiseaux mélodieux
Chantent l’étoile
Qui brille dans leur ciel,
Qui, de ses rayons, fait poindre le jour.
Las fuentes, con risa,
con cristal y perlas,
saludan la Fuente
más clara y risueña.
Les fontaines, en riant,
Avec perles et cristal,
Saluent la Fontaine
La plus claire et la plus riante.
Saludan las flores
a su primavera,
a la Flor del campo
y blanca Azucena.
Les fleurs saluent
Leur printemps,
La Fleur des champs
Et le Lys blanc.
Andrés Flores
María, todo es María (coplas 3 & 4)
Vuestro calzado es la Luna,
vuestra vestidura el Sol,
manto bordado de estrellas
por corona el mismo Dios.
María, todo es María (strophes 3 & 4)
Votre soulier, c’est la Lune,
Votre vêture, le Soleil,
Manteau brodé d’étoiles avez
Et, pour couronne, Dieu en personne.
21
Aunque le pese al Demonio
y reviente Satanás
alabemos a María
sin pecado original.
Même si cela pèse au Démon
Et fait enrager Satan,
Louons Marie
Conçue sans péché.
Anonyme, transcrit par Amédée François Frézier
Tercer Salve: los pájaros cantan al alba María
Troisième Salut : les oiseaux chantent à Marie (l’aube)
Silgueritos risueños
Silgueritos risueños,
arroyuelos graciosos,
florescitas suaves,
saludad al Ave de las aves,
al Ave de la aves.
Cantad con primores,
¡cantad!
Corred con cristales,
¡corred!
Vertid los olores,
¡vertid!
a la Flor de las flores,
que luce la más dichosa,
la Infanta María,
de Jericó rosa;
Petits chardonnerets pleins de gaîté
Petits chardonnerets pleins de gaîté,
Petits ruisseaux gracieux,
Fleurettes douces,
Saluez l’Oiseau des oiseaux,
L’Ave des « ave »25.
Chantez avec tout votre art,
Chantez !
Coulez, cristallins,
Courez !
Répandez les odeurs,
Répandez !
Sur la Fleur des fleurs,
Qui embellit la plus heureuse,
L’Infante Marie,
Rose de Jéricho ;
Et, avec une douce harmonie,
y, con dulce armonía,
celebrad lo gracioso de este día;
con risas; las aguas, con perlas;
las flores, con ámbar;
¡háganle,
háganle la salva!
Célébrez la beauté de ce jour
Avec des rires ; les eaux, avec des perles ;
Les fleurs, avec de l’ambre ;
Acclamez-la ! Acclamez-la !
Faites-lui honneur !
Coplas
Avecillas que, trinando,
sois de los prados vergeles,
ecos dulces que con ellos
dais al Alba parabienes.
¡háganle la salva!
Arroyuelos cristalinos,
que motiváis los vergeles,
vertid le perlas preciosas al Alba
que os las previ[e]ne.
¡háganle la salva!
Couplets
Petits oiseaux qui, en trillant,
Êtes des prés et des vergers,
Les doux échos car avec eux
Vous savez complimenter l’Aube.
Acclamez-la ! Acclamez-la !
Petits ruisseaux cristallins,
Qui donnez vie aux vergers,
Versez vos perles précieuses à l’Aube
Qui vous les dispense.
Acclamez-la ! Acclamez-la !
22
samedi 23 février
Florecillas que,
en los mayos,
bordáis pulidos tapetes
a la flor que hoy ha nacido
duplicados en septiembre.
¡háganle la salva!
Fleurettes qui,
En mai,
Brodez de délicats tapis
Pour la fleur qui est née en ce jour,
Faites-en le double en septembre.
Acclamez-la ! Acclamez-la !
Roque Jacinto de Chavarría
Pajarillos, ¡madrugad!
Pajarillos, madrugad,
avecillas, gorjead,
que ya el Alba ríe,
alegrando los campos,
con hebras doradas,
esparciendo rayos de fecundidad,
cantad, cantad en el facistol
de esmeraldas
que de laureles formáis,
y a María divina saludad,
cantad pajarillos, cantad,
en el facistol de esmeraldas,
« Salve Regina » entonad.
Que los álamos
prometen con el aura acompañar,
Petits oiseaux, levez-vous tôt
Petits oiseaux, levez-vous tôt,
Petits oiseaux, gazouillez,
Car déjà l’Aube rit,
Rendant les champs joyeux,
Avec leurs cheveux dorés,
Dispersant des rayons de fécondité,
Chantez, chantez au lutrin
D’émeraudes
Que vous créez à partir des lauriers,
Et Marie divine, saluez,
Chantez petits oiseaux, chantez,
Au pupitre d’émeraudes,
Entonnez le « Salve Regina »
Que les peupliers promettent,
Avec la brise, d’accompagner ;
cantad, avecillas, cantad, cantad.
Chantez, petits oiseaux, chantez, chantez.
Dios te Salve, Reina nuestra,
emperatriz soberana,
que la Mancha Original
lavaste por nacer Alba.
Salve, Regina et fulgur, salve.
Que Dieu te sauve, notre Reine,
Impératrice souveraine,
Toi qui la Tache originelle
As lavée pour être née Aube.
Salut, Reine et éclat, salut.
De misericordias, Madre,
en quien nuestra fe ancorada,
logra en el mar de tu Nombre
el puerto de su esperanza.
Salve, mater et Maria, salve.
Mère de miséricorde,
Toi en qui notre foi est ancrée,
Atteins dans la mer de ton Nom
Le port de son espérance.
Salut, mère et Marie, salut.
Como en venenoso tósigo
se esconde mejor la Atriaca,
asi la vida y dulzura,
por Ti en nuestra muerte amarga.
Comme dans le poison qui tue
Se cache mieux le Remède,
Ainsi en est-il de la vie et de la douceur
Pour Toi, dans notre mort amère.
23
Salve, antidoto et vita, salve.
Pues desterrados divisan
en tu invocación sagrada
que son iniciales letras
las mismas que a la manzana.
Salve, fructum et planta, salve.
Salut, antidote et vie, salut.
Puisque, même exilés, ils perçoivent
Dans ton invocation sacrée,
Que les lettres qui commencent ton nom
Sont les mêmes que pour le mot pomme,
Salut, fruit et plante, salut.
De aquesta valle de lagrimas,
gota agota nuestras ansias
dan el tributo aunque son
inagotables tus arcas.
Salve, Gaudium et Gratia, salve.
De cette vallée de larmes,
Goutte à goutte nos souffrances
Paient le tribut bien que soient
Inépuisables tes coffres.
Salut, Joie et Grâce, salut.
Hijos de Eva con suspiros,
a vuestra clemencia llaman,
mirad si podrás negarte
cuando el aliento os consagran.
Salve, Radix et Vara, salve.
Les fils d’Ève, avec des soupirs,
Ta clémence sollicitent,
Vois si tu pourras refuser
Quand leur souffle ils te dédieront.
Salut, Racine et Bâton, salut.
Ea, pues Señora en el Juicio,
cual tutelar abogada
de ese reino de Zafir,
la posesión nos alcanza.
Salve, Spes quae nos parca, salve.
Allons, puisque Dame dans le Jugement,
Comme avocate tutélaire,
De ce royaume de Saphir,
La possession nous obtient.
Salut, Espérance qui nous préserve, salut.
Y después de este destierro
Et après cet exil
Et cet assujettissement préordonné26,
y sujección praeordinada,
a Jesús bendito muéstranos
como fruto de tu Aljaba.
Salve, Amor et Gloria, salve.
Jésus béni montre-nous
Comme le fruit de ton Carquois.
Salut, Amour et Gloire, salut.
Clemente, Piadosa y Dulce,
intercede, ruega, y clama,
mirad que nombres tiernos
no esperan promesas vanas.
Salve, Regina et Alba, salve.
Clémente, Pieuse et Douce,
Intercède, prie et invoque,
Sache bien que de tendres noms
N’attendent point promesses vaines.
Salut, Reine et Aube, salut.
Que al militar tu estandarte
si por Vuestro triunfo se alza,
las que hoy clamorosas Salves
serán en tu obsequio salvas.
Salve, Aurora et [E]scala, salve.
Car, en te servant, si ton étendard
Pour ton triomphe est hissé,
Ce qui n’est aujourd’hui que bruyants Salvés
Sera, dans le respect qui t’est dû, des salves27.
Salut, Aurore et Échelle, salut.
Roque Jacinto de Chavarría (arrangement de Manuel de Mesa)
24
samedi 23 février
La matutina estrella
La matutina estrella
ya viene precursora,
de la luciente Aurora
que abre las puertas
a la luz del sol.
L’étoile du matin
L’étoile du matin
Déjà vient, messagère
De la brillante Aurore
Qui ouvre les portes
À la lumière du Soleil.
Ya aparece el día
y ya todo se humilla,
doblando la rodilla
para dar alabanzas
al Creador.
Déjà point le jour
Et déjà tout s’incline
En fléchissant le genou
Pour adresser des louanges
Au Créateur.
Postrados y sumisos
rogamos al Señor
nos libre del dolor,
nos guarde de los daños
y del mal.
Courbés et soumis,
Nous prions le Seigneur :
Qu’il nous délivre de la douleur,
Qu’il nous préserve des périls
Et du mal.
Anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado
Tarde de toros
Après-midi de taureaux
Oigan las fiestas de toro
Oigan las fiestas de toros
que se juegan a una Infanta
Oyez donc les fêtes taurines
Oyez donc les fêtes taurines
Qui se donnent en l’honneur d’une Infante
Récemment née en Judée
Et applaudie à Chuquisaca.
recién nacida en Judea
y aplaudida en Chuquisaca.
¡Vaya de fiesta, vaya!
Quelle fête, vraiment !
Con fervor sus ciudadanos
procuran el festejarla
y, católicos, le rinden
lo más serio de La Plata.
¡Vaya de fiesta, vaya!
Avec ferveur ses habitants
S’emploient à la célébrer,
Et, catholiques, lui rendent
Le plus bel hommage de La Plata.
Quelle fête, vraiment !
A las fiestas, !plaza!
¡Vaya de silbos! ¡Vaya!
que entra el ganado diciendo:
¡aparta, aparta!
Y en caballitos ligeros de garbo,
entran saltando y limpiando la plaza,
con cascabeles, plumajes y cintas,
A la fête ! Faites place !
Quels sifflets, vraiment !
Voici qu’entrent les bêtes, et l’on dit :
Écartez-vous ! Écartez-vous !
Et, sur de petits chevaux légers à fière allure,
On entre en sautant et en nettoyant la place.
Avec grelots, plumages et rubans,
25
son de la fiesta
la gloria y la gala.
Guachi, (guachi), guachi toro ¡hao!
Sont aussi de la fête,
La gloire et l’élégance !
Guachi28, (guachi), guachi taureau, ohé !
¡Aparta, (aparta)!
¡fuera! ¡aparta!
Que entra el ganado
rompiendo a carreras la florida plaza.
Guachi, (guachi), guachi toro ¡hao!
Écartez-vous ! (Écartez-vous !)
Hors d’ici ! Écartez-vous !
Car voici qu’entrent les bêtes
Détruisant par leurs courses la place fleurie.
Guachi, (guachi), guachi taureau, ohé !
¡Aparta, (aparta)!
¡fuera! ¡aparta!
Que entra el ganado brotando rabia.
Una fiera es el Barroso,
El Colorado hace raya,
¡fuego, (fuego), (fuego)!
¡huyan (huyan)
de aquese Pintado!,
guachi, (guachi), guachi toro ¡hao!
Écartez-vous ! (Écartez-vous !)
Hors d’ici ! Écartez-vous !
Car entrent les bêtes écumant de rage.
C’est un fauve que ce Barroso29 !
El Colorado se fait remarquer.
Feu ! (feu !) feu !
Fuyez ! Fuyez
Ce Pintado !
Guachi, (guachi), guachi taureau !
Un rayo es aquel Corneta,
Y no es menos el Bragado,
Guachi toro ¡hao!
Encierren presto, presto,
Que han de ser fiestas de garbo ¡Toquen!
Un éclair, ce Corneta !
El Bragado le vaut bien !
Guachi taureau, ohé !
Qu’on les enferme vite, vite !
Car les fêtes doivent être réussies. Jouez !
¡Toquen clarines!
¡Toquen clarines, toquen!
Jouez clairons30 !
Jouez clairons, jouez !
¡Vaya de fiesta y de canto!
¡Viva la Infanta Maria!
¡Viva!
A quien damos la gloria
y el aplauso.
Quelle fête et que de chansons !
Vive l’Infante Marie !
Vivat !
À laquelle nous rendons gloire
Et que nous applaudissons.
Coplas
¡Toro fuera! iba el Barroso
y sale desatinado
embistiendo antes del fiat
porque le picó el faciamus
guachi toro ¡hao!
Tiro fuerte al Damasceno,
y ese polvo le ha cegado.
La tierna Infanta in mente estando
Couplets
Lâchez le taureau ! El Barroso s’en allait
Et il entre tout affolé
En chargeant avant le fiat31
Parce que l’a piqué au vif le faciamus32.
Guachi taureau, ohé !
Un puissant coup donné à El Damasceno
Et cette poussière l’a aveuglé !
La tendre Infante in mente33 se trouvant,
26
samedi 23 février
sin saber como muerte le ha dado.
Guachi toro ¡hao!
Sans savoir comment, la mort lui a donné.
Guachi taureau, ohé !
Colorado ardiente
y de su sombra espantado,
al tulit da embestida,
ya et hominem ha tocado.
Guachi toro ¡hao!
Entre El Colorado, ardent,
Et par son ombre épouvanté,
Au tulit34 attaque impétueusement,
Déjà et hominem, elle l’a touché.
Guachi taureau, ohé !
Salió herido de su astucia
pues embistió, nolo grando.
La tierna Infanta, in mente estando,
su cerviz fiera le ha domeñado.
Guachi toro ¡hao!
Il est sorti blessé par sa ruse
Car il a chargé nolo grando.
La tendre Infante, in mente se trouvant,
Sa farouche nuque a dompté.
Guachi Taureau, ohé !
Negro sale, valiente,
desde el principio bramando,
y al praecepit que le embiste,
ne comedas encontrando
Guachi toro ¡hao!
Déboule El Negro, courageux,
Depuis le début mugissant,
Et au praecepit qui le heurte,
Et ne comedas35 rencontrant.
Guachi taureau, ohé !…
De su embestida furiosa,
no tuvo mas que el amago.
La tierna Infanta, in mente estando,
a su osadía de pie le ha dado.
Guachi toro ¡hao!
… En fait d’attaque furieuse,
On en reste à la menace.
La tendre Infante, in mente se trouvant,
Met fin à son audace au bon moment.
Guachi taureau, ohé !
El Pintado sale a la plaza
El Pintado entre dans l’arène
Et en la voyant, hébété,
Indifférent ad soporem,
y de verla, atolondrado,
indiferente ad soporem,
ad Virago se ha llegado.
Guachi toro ¡hao!
Ad Virago s’en est allé.
Guachi taureau, ohé !
Ardiendo el Pintado astuto,
la embestida asegurando.
La tierna Infanta, in mente estando,
a su embestida le dará el pago.
Guachi toro ¡hao!
Brûlant, El Pintado rusé
Assure son attaque.
La tendre Infante, in mente se trouvant,
Saura lui rendre la monnaie de sa pièce.
Guachi taureau, ohé !
Echando fuego el Corneta,
sale hecho una furia, un rayo,
y al praecepit vobis Deus,
con Sicut Dei le dio el salto.
Guachi toro ¡hao!
Crachant du feu, El Corneta
Sort tel un éclair, fou furieux,
Et au praecepit vobis Deus36,
Avec Sicut Dei elle a donné l’assaut.
Guachi taureau, ohé !
27
Logró la fiera engañosa
verter al género humano.
La tierna Infanta, in mente estando,
salió al empeño con Dios humano.
Guachi toro ¡hao!
Elle est parvenue, la bête fourbe,
À renverser le genre humain.
La tendre Infante, in mente se trouvant,
A fait face37, avec Dieu fait homme.
Guachi Taureau, ohé !
El bragado sale a la plaza,
chispas de sí disparando,
y Aurora, quasi con si agens,
dio el rejón in verbum caro.
Guachi toro ¡hao!
El Bragado entre dans l’arène,
Des étincelles jaillissant de lui,
Et Aurore, quasi con si agens,
A donné de la demi-lance in verbum caro.
Guachi taureau, ohé !
Con el agua de la Gracia,
quedó deshecho el Bragado.
La tierna Infanta, ya alboreando.
dio a su veneno antidotario
Avec l’eau de la Grâce
Est vaincu El Bragado.
La tendre Infante, déjà se levant,
A donné à son venin un antidote.
Segundo estribillo
¡Viva!
¡Viva la Infanta María!
Pues en las fiestas,
triunfa del pecado.
Second refrain
Vivat !
Vive l’Infante Marie !
Car dans les fêtes [taurines]
Elle triomphe du péché.
Roque Jacinto de Chavarría
Baile de toritos
Danse des petits taureaux
Anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado
Cuarto salve: Retorno de la imagen/el Nombre de María
Quatrième salut : le triomphe de la Vierge
Versículo del octavo tono para órgano
Verset du huitième ton pour orgue
Antonio Martin i Coll
Toquen alarma
Toquen, toquen alarma,
guerra, guerra, al arma,
que el valiente español
(que el cristiano campeón)
da la fuerte,
sangrienta y feroz batalla,
guerra, guerra,
Sonnez l’alarme !
Sonnez, sonnez l’alarme
Guerre, guerre, aux armes,
Car le vaillant espagnol
(Car le champion de la Chrétienté)
Livre la difficile,
Sanglante et féroce bataille.
Guerre, guerre,
28
samedi 23 février
y a su valor se oponen de galeras soberbias,
sin número de escuadras.
Resuenen los agudos pífanos
con el rumor de belicosas cajas,
al arma, al arma,
y rompiendo los aires, las trompetas,
se estrecha la sañuda,
espantable refriega,
de fusiles y balas,
que despiden relámpagos de fuego,
fuego, fuego,
de la una y otra banda,
al arma, al arma,
que se estrechan, se embisten,
avanza,
que vencido el Moro y sus secuaces,
van cayendo, cayendo a la fúnebre
y triste cárcel desdichada.
Et à son courage s’opposent, des galères arrogantes,
Les innombrables escadres.
Que retentissent les fifres aigus
Et la rumeur des belliqueux tambours.
Aux armes, aux armes !
Et tandis que cinglent les airs les trompettes,
Elle se rapproche la furieuse,
L’effrayante rencontre
De fusils et de balles,
Qui crachent des éclairs de feu.
Feu, feu !
Depuis l’un et l’autre camp,
Aux armes ! Aux armes !
Car ils ferment leurs rangs, s’affrontent.
Elle avance,
Une fois vaincus, le Maure et ses partisans,
Tombent, tombent dans la funèbre,
La triste et misérable prison.
Victoria, victoria por María,
Victoria, que defendió
cristianas las armadas
(las galeras de España)
y su precioso Nombre
Lleva el triunfo y la palma,
viva, viva María, muera el moro,
y vaya la morisma castigada.
Victoire ! Victoire pour Marie,
Victoire ! Car elle a défendu
(Les armées chrétiennes)
Les galères d’Espagne.
Et son précieux Nom
Porte en lui le triomphe et la palme,
Vive, vive Marie ! Que meure le Maure !
Et que soient châtiés tous les siens.
En la batalla, triunfaste,
valiente español, porque
de María el dulce Nombre
fue de tu gloria laurel.
Dans la bataille, tu as triomphé,
Valeureux espagnol, parce que
De Marie le doux Nom
Fut de ta gloire le laurier.
Es tu soberana espada
la que le ha dado a entender
a las católicas armas,
el fiel escudo de su fe.
Ta souveraine épée est
Celle qui a révélé,
Aux catholiques armes,
La fidèle protection de leur foi.
El impulso soberano
a España con su poder,
dio alientos de fortaleza,
pues valiente león es.
L’impulsion souveraine
Donnée à l’Espagne, en plus de son pouvoir,
Lui insuffla courage et force,
Puisque courageux lion elle est.
29
María princesa ilustre,
España al culto de te
que pide su devoción,
y le ministra su fe.
Marie princesse illustre,
Que l’Espagne te rende le culte
Que réclame sa dévotion,
Et lui dicte sa foi.
Victoria, victoria por María,
Victoria, que defendió
cristianas las armadas
(las galeras de España)
y su precioso Nombre
Lleva el triunfo y la palma,
viva, viva María, muera el moro,
y vaya la morisma castigada.
Victoire ! Victoire pour Marie,
Victoire ! Car elle a défendu
(Les armées chrétiennes)
Les galères d’Espagne.
Et son précieux Nom,
Porte en lui le triomphe et la palme,
Vive, vive Marie ! Que meure le Maure !
Et que soient châtiés tous les siens.
Roque Jacinto de Chavarría
Salve Regina a 8
Salve Regina, Mater misericordiae,
Vita, dulcedo, et spes nostra, salve.
Ad te clamamus exsules, filii Hevae.
Salve Regina à 8 voix
Salut, ô Reine, Mère de miséricorde,
Notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !
Enfants d’Ève, nous crions vers toi du fond de notre exil.
Ad te suspiramus, gementes et flentes
in hac lacrimarum valle,
Eja ergo, advocata nostra,
illos tuos misericordes oculos ad nos converte.
Vers toi nous soupirons, gémissant
Et pleurant dans cette vallée de larmes.
Ô toi, notre avocate, tournes vers nous
Tes yeux compatissants.
Et Jesum, benedictum fructum ventris tui
Et après cet exil montres-nous Jésus,
nobis post hoc exsilium ostende.
O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria.
Le fruit béni de tes entrailles.
Ô clémente, ô bonne, ô douce Vierge Marie !
Anonyme, attribué à Blas T. de Guzmán
Fin de fiesta
Fin de fête
Lanchas para bailar
Lanchas pour danser
Anonyme, transcrit par Martinez Compañon
Les œuvres de Araujo, Chavarría, Flores, Tardío et Mercado
Traduction : Pascal et Grégoire Bergerault
proviennent des manuscrits déposés à l’Archivo de Sucre
(Bibliothèque Nationale de Bolivie).
Avec l’aimable autorisation du label K617 – Le Couvent (Centre International des Chemins du Baroque à Sarrebourg).
L’enregistrement de la Fiesta criolla est disponible sous la référence K617139 (distribution Harmonia Mundi).
30
samedi 23 février
Notes des traducteurs
Théol. : un des ordres de la hiérarchie céleste. Plus précisé­ment : cinquième chœur des anges.
Nous conservons délibérément ici le nom espagnol qui désigne Lucifer afin de préserver le jeu de
mots en chiasme (Bella / luz […] Luz / bel).
3
À défaut de conserver ici l’hyperbate, nous préservons dans notre traduction l’allitération expressive
en [v] : veloces vuelos.
4
Lac d’Italie, près de Naples, sur les rives duquel les Anciens plaçaient une des entrées des Enfers et
l’antre de la Sibylle de Cumes.
5
Il y a là un jeu de mots que nous essayons de restituer : niña en espagnol veut dire à la fois « fillette »
et « prunelle » (ou « pupille »).
6
Martínez Compañón écrit bien « songuito », diminutif de « songuo » (« rusé, fourbe, sot »), ce qui
n’est guère approprié quand il s’agit de l’Enfant Jésus ! Mais la graphie de l’évêque n’est pas toujours
fiable dans le manuscrit. Aussi lui substituons-nous « sonquito » (diminutif de « sonco » : foie).
Littéralement : « mon petit foie », diminutif affectif intraduisible littéralement. Martínez Compañón
donne aussi « sonco » comme l’équivalent quechua de « corazón » (= « cœur ») dans son petit lexique
de 43 mots incontournables, figurant dans le tome II (fol. 4) de son encyclopédie.
7
Mot quechua pour exprimer l’admiration : « qu’il est mignon, qu’il est joli ! »
8
Désigne une danse indienne bien connue au Pérou, mais aussi en Bolivie et en Équateur.
9
Il s’agit, bien entendu, de la basse continue.
10
En latin, dans le texte espagnol.
11
Seigneur, Seigneur prends pitié, Christ, prends pitié.
12
Danse indienne de Bolivie, de l’Équateur et du Pérou.
13
Texte impossible à traduire littéralement car il joue manifestement sur les mots et mélange les
registres, avec une graphie pas très rigoureuse que nous avons retranscrite telle qu’elle est dans
le manuscrit (doit-on comprendre « dar sebo »; ou « dar cebo » ?). On y trouve – outre une allusion
aux militaires et à leurs amours indigènes (« zamba, mulata, china »…), plus ou moins régulières
et, semble-t-il, incognito –, des références aux cartes de jeu espagnoles dont nous ne donnons pas,
délibérément, dans notre traduction, les équivalents français, afin d’en préserver la symbolique
sexuelle. Compte tenu de l’évidente coloration érotique de cette tonada (il en est au moins deux autres
exemples dans le Codex de Trujillo, avec les tonadas « El Congo » et « El Conejo »), et faute de pouvoir
vraiment trancher, nous conservons dans le titre le mot « lata » (« récipient de fer blanc », « bidon »…
à moins qu’il ne s’agisse de « latte, épée » ou « morceau de bois »)… « Dar sebo a la lata », c’est –
peut-être – littéralement : « fournir une bougie… au bidon » (« sebo » étant la substance graisseuse
ou suif dont on faisait des bougies, tout comme « esperma » renvoyant ailleurs au « blanc de baleine »
ou « spermaceti », mais aussi au « sperme »). C’est encore « donner du suif / de la graisse à la latte »
(« graisser le manche » ?). L’expression « dar cebo » (avec un « c », cette fois), quant à elle,
veut dire « donner à manger, alimenter » (« alimenter, nourrir la lampe, le bidon… ou la tirelire » !,
car ces plaisirs se monnaient). Les deux expressions se rejoignent dans le registre grivois.
14
« Casaca » est ici polysémique. Le mot renvoie à une « casaque », voire à la veste de l’uniforme
du militaire mais aussi, familièrement, à « casamiento » (= « mariage »). « Les officiers de marine…
ne songent plus au mariage » (et pour cause !).
15
« Fille » du port de Paita, province ou département de Piura, au Pérou. Une légende ancienne et
tenace soutient qu’à Paita, les clairs de lune sont plus beaux et plus romantiques que partout ailleurs,
1
2
31
d’où la très courante expression péruvienne « estar en la luna de Paita », c’est-à-dire « être dans
la lune » ou encore « être amoureux ».
16
« Leña », tout comme « tronco », « tranca », « basto », sont couramment employés comme
synonymes de « pénis ».
17
« Servante », « maîtresse », « concubine », mais aussi métisse descendante d’un Indien et d’une
blanche ou l’inverse ; descendante d’une Indienne et d’un « zambo » (métis de nègre et d’indien ou
l’inverse) ; descendante d’un Nègre et d’une mulâtresse ou l’inverse ; « Indienne », tout simplement.
Ou encore « gamine », ou terme d’affection… Martínez Compañón donne, dans son Codex, diverses
planches représentant plusieurs types de métis : fol. 41, 42, 45, 46, 47, 48… Le mot « china » renvoie
aussi au « soufflet pour aviver le feu » ou bien encore au « vase de nuit »… au Pérou. Tout un
programme !
18
Mot élégiaque ou d’exhortation qu’on retrouve à plusieurs reprises dans le Codex.
19
« Sargento » renvoie ici à l’officier subalterne qui, dans les anciennes compagnies d’infanterie,
venait en grade après le porte-étendard (« alférez ») et avait en charge l’instruction et le logement
des soldats, tout en veillant à la discipline et à la comptabilité.
20
« Favores » est polysémique. On songe bien sûr aux « faveurs » (au sens érotique du terme de :
« accorder ses faveurs») mais le mot appartient aussi au vocabulaire des cartes à jouer. « Palo de favor »
renvoie, en français, à la « favorite », c’est-à-dire à la « couleur » privilégiée choisie d’avance et qui,
si elle est atout, fait doubler la mise. « Palo de favor », c’est encore, littéralement, « bois, morceau de
bois, ou pieu… dispensateur de faveurs » ! Faut-il faire un dessin ? La connotation érotique est encore
perceptible au niveau des « couleurs » des cartes espagnoles, les unes s’avérant être des symboles
masculins (« espadas », « bastos ») et les autres (« copa », « oro ») plutôt des symboles féminins ;
les uns et les autres étant, on l’aura compris, complémentaires !
21
« Sota », qui renvoie au « valet », signifie aussi en espagnol « femme insolente et dévergondée »,
voire « prostituée » (comme un écho à nos « mulata », « china » et « zamba » !).
22
« Caballo », que nous traduisons ici par « cavalier », correspond à la « dame » dans les jeux utilisés
hors d’Espagne.
L’adjonction du « y » ici, pour des raisons de métrique, sans doute, a un autre intérêt, eu égard
au contexte. Il n’est pas sans rappeler un bien connu cri de bataille espagnol : « Sus y a ellos », c’està-dire « estamos con Jesús, y vamos contra ellos » (« Nous sommes avec Jésus et nous allons contre
eux »). La « patte » d’un militaire est à vrai dire bien visible dans toute la composition qui parle d’un
tout autre assaut ! Une chanson de salle de garde ?
24
Nous conservons donc, dans ces quatre derniers vers, le nom des cartes espagnoles, pour leur
symbolique sexuelle… « Espada » (« épée »), « basto » (« bâton, gourdin »), « copa » (« coupe »), « oro »
(« pièce d’or, denier »)… Ces « couleurs » correspondent respectivement au pique, au trèfle, au cœur
et au carreau de notre jeu traditionnel. Comprendre : « Que le sexe masculin courre / aille droit au
sexe féminin » et vice versa (chiasme).
25
Le poète joue encore sur les mots : le latin « Ave » (salut : cf. Ave Maria) et l’espagnol « ave »
(oiseau). Nous profitons de la répétition pour restituer les deux sens qui se superposent dans le texte.
26
« Prédéfini » (Terme de théologie : détermination des événements futurs)
27
Nous avons ici le souci de préserver le jeu de mots qui réside au niveau de la paronomase salves / salvas.
28
Apostrophe de moquerie à l’égard du taureau.
29
En termes d’élevage et de tauromachie, barroso se rapporte à un taureau au poil fauve. Tous les
taureaux du texte se trou­vent désignés par un surnom pittoresque qui les caractérise.
23
32
samedi 23 février
Il ne peut s’agir, à proprement parler, de « clairons » puisque l’instrument ne fait son apparition
qu’après les guerres napoléoniennes, en France. On songera plutôt au clarino, sorte de trompette
aiguë des XVIIe et XVIIIe siècles.
30
31
On aura reconnu ici le « Fiat lux ». Genèse 1:3 : dixitque Deus fiat lux et facta est lux (Dieu dit : Que la
lumière soit et la lumière fut). À partir de cet endroit, on trouve d’autres expressions ou mots latins qui
viennent ponctuer, souvent à propos, la corrida, tout en faisant référence à la Bible (cf. La Vulgate) et
à des citations-clés, pour la plupart tirées de la Genèse, en rapport, notamment, avec la création d’Ève,
avec le Jardin d’Eden et la tentation, et le péché originel... Le registre profane et le registre religieux
se trouvent donc ici judicieusement mêlés, compte tenu de la thématique. .
32
Genèse 1:26 : et ait faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram et praesit piscibus maris
et volatilibus caeli et bestiis universaeque terrae omnique reptili quod movetur in terra (Puis Dieu dit :
Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur
les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre).
33
Comprendre : « dans ses pensées », « absorbée »…
34
Genèse 2:21 : inmisit ergo Dominus Deus soporem in Adam cumque obdormisset tulit unam de costis
eius et replevit carnem pro ea…(Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui
s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place…)
35
Genèse 2:17 : de ligno autem scientiae boni et mali ne comedas in quocumque enim die comederis ex
eo morte morieris (mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour
où tu en mangeras, tu mourras.)
36
Genèse 3:1 : sed et serpens erat callidior cunctis animantibus terrae quae fecerat Dominus Deus qui
dixit ad mulierem cur prae­cepit vobis Deus ut non comederetis de omni ligno paradisi. (Le serpent était
le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il
réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?)
37
Al empeño, qui est un terme de tauromachie, n’a pas de traduction en français : « obligation pour
le cavalier de combattre à pied, dans certains cas ».
33
Gabriel Garrido
Ses premières études musicales
commencées très tôt dans un
établissement pilote dans sa ville natale
de Buenos Aires, le Colleguim Musicum,
conduisent Gabriel Garrido à faire partie,
à 17 ans, de l’ensemble Pro Arte, premier
quatuor professionnel argentin de flûtes
à bec. Après deux tournées en Europe,
Gabriel Garrido décide d’y parfaire
ses connaissances en musique ancienne
et en direction d’orchestre. Étudiant à
Zurich et à Bâle, il obtient sa « virtuosité
instrumentale » à la Schola Cantorum
Basiliensis, où il travaille également
le luth, la guitare baroque et les
instruments à anche de la Renaissance.
Passionné par cette période, il est appelé
à faire partie successivement des
ensembles Ricercare et Hespèrion XX,
avec lesquels il participe à de nombreux
concerts et enregistrements. En 1980,
Gabriel Garrido co-fonde l’ensemble
Glosas, spécialisé dans la musique de la
Renaissance, et crée, en 1981 à Genève,
l’ensemble Elyma, groupe de recherche
Il recevra la « Médaille Mozart » de
l’Unesco pour son travail accompli
Palais des Beaux-Arts de Mexico dans le
cadre du Festival du centre historique
en faveur du patrimoine baroque
d’Amérique latine. En 2000, la Fondation
Cini (Venise) accorde à Gabriel Garrido
un prix spécial pour le développement
de ses activités artistiques dans
le domaine de la musique italienne.
Durant une dizaine d’années, le Teatro
Massimo de Palerme l’invite chaque
année à présenter une création :
on retiendra notamment le fastueux
Vespro per lo Stellario della Beata
Vergine de Bonaventura Rubino ;
la reconstitution historique de La Dafne
de Marco da Gagliano avec costumes,
décors, gestuelle et « balli » originaux ;
L’Orfeo de Claudio Monteverdi, dont
l’enregistrement recevra, au travers
des nombreux prix décernés, l’accueil
unanime de la critique et restera une
référence ; La Gerusalemne liberata,
d’après le poème de Torquato Tasso et
autour du Combattimento de Tancredi
e Clorinda de Monteverdi ; en 1998,
Il Ritorno d’Ulisse in Patria de
de la ville de Mexico, en 2001. Le Teatro
Colón de Buenos Aires lui fait une place
d’honneur en lui offrant la direction de
L’Orfeo de Monteverdi en juin 2001 et
des Indes galantes de Rameau en 2002.
En juillet 2003, Gabriel Garrido dirige
le premier atelier de musique baroque
latino-américaine dans le cadre du
Festival de Grenade qui se conclura par
un concert et l’enregistrement du disque
Musique à la cathédrale de Oaxaca.
2003 marque également le début de la
résidence de l’ensemble Elyma au Centre
culturel de rencontres d’Ambronay,
avec un programme de stages et de
concerts s’articulant autour de la Selva
morale de Monteverdi. L’enregistrement
de l’intégrale de cette œuvre a paru
en octobre 2005. Invité par le Kunsten
Festival des arts de Bruxelles, il débute,
la même année, un cycle CavalliMonteverdi, avec Gli amori d’Apollo
e Dafne. C’est lors de la résidence
au Festival des Flandres (Anvers), en
en interprétation de musique baroque.
Enseignant depuis 1977 au Centre
de Musique ancienne de Genève, il a
dirigé différents stages d’interprétation
(Erice Sicile, Neubourg sur le Danube,
Bariloche en Argentine). Prenant un
congé sabbatique en 1992, Gabriel
Garrido décide de consacrer ses
connaissances musicologique et son
expérience à la mise en lumière et
à la diffusion d’un répertoire méconnu :
la musique ancienne de l’Amérique
latine. Ainsi, cette même année, débute
un partenariat avec le label K617 pour
l’enregistrement de ces musiques dans la
série « Les Chemins du Baroque », que
viendront récompenser de nombreux
prix de la critique discographique.
Monteverdi, dont le disque, paru en
novembre de la même année, a été
récompensé par de nombreux prix,
tout comme l’enregistrement, en juillet
1999, du Vespro della Beata Vergine du
même compositeur. L’œuvre sera reprise
dans le cadre de l’Académie baroque
européenne d’Ambronay que Gabriel
Garrido dirigera en octobre 2000. Cette
même année verra l’enregistrement
du dernier opéra de la trilogie de
Monteverdi : L’Incoronazione di Poppea.
C’est également en 2000 que Gabriel
Garrido est invité par le Grand Théâtre
de Genève à diriger La Purpura de la
rosa de Tomás de Torrejón y Velasco
en coproduction avec le Théâtre de la
Zarzuela de Madrid et programmé au
août 2006, que l’enregistrement de la
création Corpus Christi à Cusco a été
réalisé. En septembre/octobre, Gabriel
Garrido a dirigé l’Académie baroque
européenne d’Ambronay autour de
l’Ercole Amante de Cavalli incluant
les ballets de Lully. Il a collaboré, en
tant que chef invité, avec l’Orchestre
des Pays de Savoie et l’Orchestre de
la Communauté de Madrid. En 2007,
il a dirigé une production avec mise
en scène, La Barca de Venezia per
Padova de Biancheri, avec le Quintette
Kassiopea et l’ensemble Elyma. Une
importante tournée a été programmée
aux Pays-Bas, en collaboration avec
l’Opéra d’Amsterdam.
34
samedi 23 février
Compagnie Ana Yepes
En 2000, Ana Yepes crée sa compagnie,
afin de présenter des spectacles de
danse dans les différents styles qu’elle
développe, en toute liberté d’expression.
La compagnie comprend des danseurs
contemporains et des danseurs
baroques, selon les créations. Éclats
Baroques, spectacle composé de trois
pièces courtes, morceaux choisis du
répertoire baroque de la compagnie,
pour six danseurs et bande son, fait
partie de ses créations en cours, tout
comme Éclats Contemporains, spectacle
composé de pièces courtes, morceaux
choisis du répertoire contemporain
de la compagnie, pour quatre ou trois
danseurs et bande son. En décembre
2005, la compagnie présente le Trio
Narciso Yepes, récital de musique
et danse anciennes espagnoles, en
Espagne, au Corral de Comedias de
Alcalá de Henares. En octobre 2005,
la compagnie présente Fiesta, danses
baroques sud-américaines pour six
danseurs, dans le cadre du Festival
d’Ambronay, avec l’ensemble Elyma
dirigé par Gabriel Garrido. Elle participe
également à la création de l’opéra
contemporain Sampiero Corso à l’Opéra
de Marseille, dans une mise en scène
de Renée Auphan et Jean-Michel Criqui,
sous la direction de Patrick Davin.
En mai 2004, la compagnie présente
Donaires, spectacle sur la danse baroque
espagnole de l’époque de Cervantès,
pour six danseurs et six musiciens,
sous la direction musicale d’Ignacio
Yepes. La création a lieu dans le cadre
du Printemps des Arts à Nantes et fait
l’objet d’une tournée à l’Automne Musical
de Versailles, à l’Opéra de Rennes, au
Théâtre de Caen, à l’Opéra de Bordeaux,
au Festival d’Ambronay, au Festival
Segni Barocchi de Foligno (Italie) et au
Festival International Narciso Yepes de
Ordino (Andorre). En octobre 2003, elle
Ensemble Elyma
Composé de chanteurs et
instrumentistes spécialisés dans les
présente, lors d’une tournée au Japon,
musiques latines de la Renaissance
Les Danses du roi, spectacle de danses
et de l’époque baroque, Elyma
baroques réunissant quatre danseurs,
participe depuis plusieurs années à la
sept musiciens et une chanteuse, qui
redécouverte des musiques anciennes
offre des danses de cour et de théâtre
d’Amérique latine, de même qu’à
de l’époque de Louis XIV. Ce spectacle a l’interprétation d’opéras italiens du XVIIe
également fait l’objet d’une tournée en
siècle. Ce beau terme grec « Elyma »
Croatie en juillet 2005. En février 2002, est employé dans un texte de Sophocle
la compagnie présente une création
pour désigner une flûte en buis qu’ornait
de danse contemporaine, Fantaisie pour une embouchure de cuir… Mais le mot,
trois danseurs et une table, pièce en
dans quelques textes grecs anciens,
neuf scènes combinant solos, duos et
signifie plus généralement une sorte de
trios, sur une bande-son comprenant
plante fourragère, proche du maïs, dont
des musiques d’Arvo Pärt, Einojuhani
la tige servait à fabriquer des flûtes,
Rautavaara, Benjamin Britten, James
désignant ensuite par métonymie la flûte
MacMillan et Johann Sebastian Bach.
elle-même. C’est ainsi que H. Cardanus
En septembre 2000, la compagnie
emploie ce terme pour désigner la flûte
participe à la création de l’opéra
à bec au milieu du XVIe siècle. Fondé
contemporain Beatrix Cenci au Grand
à Genève et y résidant depuis 1981,
Théâtre de Genève dans une mise en
l’ensemble Elyma est dirigé depuis lors
scène de Francisco Negrín, sous la
par Gabriel Garrido. L’ensemble s’est
direction de Gisela Ben Dor. La Compagnie d’abord fait connaître comme un groupe
a également au répertoire Résonances,
de recherche d’interprétation sur la
spectacle de danse contemporaine
pour quatre danseurs en hommage à
Narciso Yepes, sur une bande-son de ses
enregistrements, créé en 1999.
Chorégraphe et danseuse
Ana Yepes
Danseuse et assistante chorégraphe
Anna Romaní
Danseurs
Ana Yepes
Anna Romaní
Caroline Ducrest
Jean-Marie Belmont
Olivier Collin
Guillaume Jablonka
35
flûte à bec et son répertoire. Puis, à
la lumière de travaux musicologiques
toujours plus fructueux, la formation
s’est rapidement élargie pour aborder
un répertoire ancien et baroque
étendu. La composition de l’ensemble
varie afin de rendre aux musiques
abordées leur authenticité temporelle
et culturelle. Passionné de la voix, de la
mythologie grecque et des folklores de
la Méditerranée et d’Amérique du Sud,
Gabriel Garrido partage avec l’ensemble
Elyma le même intérêt pour une
interprétation originale des musiques
latines dans laquelle se fondent, avec
un strict souci d’historicité, la ferveur,
la joie et la passion qui leurs sont
propres. À la suite de ses recherches
approfondies, l’ensemble est invité à
donner des concerts partout en Europe
et en Amérique latine. Depuis les débuts
de sa production discographique avec
Tactus, puis Sinfonia et, à partir de
1992, avec K617, l’ensemble Elyma a
remporté de nombreuses récompenses :
Diapason d’or, Diapason d’or de l’année,
10 de Répertoire, Choc du Monde de
la Musique, Grand Prix de l’Académie
du disque, ffff de Télérama, Must du
Compact Disc Magazine, Trimarg 95
(Consejo Argentino de la Música), Prix
International du Disque Antonio-Vivaldi
(Fondation Cini), Timbre de platine
d’Opéra International, Grand Prix de
l’Académie Charles-Cros.
L’ensemble Elyma remercie la fondation
BNP Paribas pour l’aide qu’elle lui a
apportée durant de nombreuses années.
L’ensemble Elyma reçoit le soutien de la
Fondation Orange.
Sopranos
Mercedes Hernandez
Barbara Kusa
Violons
Guadalupe Del Moral
Benjamin Chenier
Jorlen Vega Garcia
Viole de gambe
Andrea De Carlo
Violone
Diana Fazzini
Flûte et traverso
Diana Baroni
Cornet et flûte à bec
Judith Pacquier
Hautbois et chirimias
Nils Ferber
Gilberto Caserio
Bassons
François De Rudder
Pierre Marie Chemla
Guitares, vihuelas, percussion
Quito Gato
Mezzo-sopranos
Alicia Berri
Luciana Cueto
Contre-ténors
Paulin Bündgen
Fabian Schofrin
Ténor
Jaime Caicompai
Baryton
Alejandro Meerapfel
Schola Cantorum Cantate Domino
La Schola Cantorum Cantate Domino a
été fondée en 1960 par le père Michaël
Ghijs avec les anciens élèves de l’Institut
Saint-Martin à Alost en Belgique.
Son répertoire s’étend sur
toute la musique occidentale de
l’époque grégorienne à la musique
contemporaine. Cantate Domino, qui
dispose d’un pupitre remarquable de
sopranos enfants, a collaboré avec
des chefs tels que Seiji Ozawa, Claudio
Abbado, Pierre Cao, Colin Davis et
Philippe Herreweghe, dans le cadre de
tournées dans le monde entier. Il a reçu
les prestigieux titres d’ambassadeur des
Flandres et d’ambassadeur culturel en
Europe.
Sopranos I
Bernard Leyman
Piet De Laender
Alden Dolomingo
Sopranos II
Felix Leyman
Gregory Staelpaert
Simon Bomon
Chitarrones, guitares
Monica Pustilnik
Eduardo Eguez
Harpes
Hannelore Devaere
Manuel Vilas Rodriguez
Clavecin
Norberto Broggini
Orgue
Mathieu Dupouy
36
Altos
Wouter Moors
Eric Buys
Colin De Pelsmaler
Ténor
Luc Claessens
Basse
Tomas Gabriel
Et aussi…
> Concerts
Jeudi 10 avril, 20h
> MÉDIATHÈQUE
Mercredi 12 mars, 20h
Chants de Jérusalem
http://mediatheque.cite-musique.fr
Georg Friedrich Haendel
Concerto grosso op. 3 n° 4
Concerto pour orgue op. 4 n° 1
« Salve Regina », extrait des Vêpres carmélites
Concerto pour orgue op. 4 n° 2
« Saeviat tellus inter rigores », extrait
des Vêpres carmélites
Première partie : Lamentations baroques
Nous vous proposons…
Gaëlle Le Roi, soprano
Adolphe Attia, voix
Ensemble Pulcinella
Ophélie Gaillard, violoncelle, direction
Maude Gratton, orgue
Emmanuel Jacques, violoncelle
David Sinclair, violone, contrebasse
Thomas C. Boysen, théorbe
… d’écouter :
El Siglo de Oro en el nuevo mundo :
villancicos y oraciones del S.XVII en
Latinoamerica par l’Ensemble Elyma
sous la direction de Gabriel Garrido •
Fiesta criolla ou la restitution d’une
grande fête musicale en l’honneur de
la Vierge de Guadalupe à la Cathédrale
de Sucre (1718) de Roque Jacinto de
Chavarría, André Flores et Blas Tardio
de Guzmán par l’Ensemble Elyma, Ars
Longa de La Havane, Cors Vivaldi, Els
Petits Cantors de Catalunya sous la
direction de Gabriel Garrido • Musica de
las fiestas de invierno : Fiestas indigenas
par le Grupo de musica y danza
de la communidad de la Purisima
Conception
Œuvres de François Couperin
et Joseph-Hector Fiocco
Samedi 29 mars, 20h
Johann Sebastian Bach
L’Art de la fugue
Deuxième partie :
La Passion selon les Églises orientales
Pierre-Laurent Aimard, piano
Sœur Marie Keyrouz, chant
Ensemble de la Paix
Mercredi 9 avril, 20h
Samedi 19 avril, 20h
Musiques pour un dieu unique
Dietrich Buxtehude
Le Jugement dernier
Ali Ufki
Trois Psaumes
Claude Goudimel
Trois Psaumes
Salomone Rossi
Hymne « Yimloch adonaï »
Psaume 58 « Mizmo schir leyom schabat »
Marcello Benedetto
Miserere mei Deus
Salmo cinquantesimo
Johann Sebastian Bach
Motet « Lobet den Herrn »
Motet « Singet dem Herrn »
Johann Sebastian Bach
Motet « Singet dem Herrn » à 8 voix
L’Arte del mondo
Vocalconsort Berlin
Pera-Ensemble Istanbul
Werner Ehrhardt, direction
> Citéscopie
Samedi 29 et dimanche 30 mars
Bach et L’Art de la fugue
Conférences, ateliers, concerts…
Les Folies Françoises
Les Pages et les Chantres du Centre
de Musique Baroque de Versailles
Olivier Schneebeli, direction
Patrick Cohën-Akenine, violon solo
Christophe Einhorn, ténor
Edwin Crossley-Mercer, baryton
> Collège
Musiques et rituels, approches
ethnomusicologiques
Cours du soir de 19h30 à 21h30,
du 20 février au 25 juin.
… de lire :
Teocuicatl : chants sacrés des
anciens Mexicains de Patrick Saurin •
Instrumentos musicales precortesianos
de Samuel Marti
> Concert éducatif
Samedi 29 mars, 11h
Pour les enfants à partir de 10 ans
Johann Sebastian Bach
L’Art de la fugue
Pierre-Laurent Aimard, piano
> Musée
> Zoom sur une œuvre
Mardi 29 avril, 18h30
Henry Purcell
Didon et Enée (acte II)
Pascale Saint-André, musicologue
Visites pour adultes : Mythes et musiques Cette visite, menée en compagnie d’une
comédienne, explore les grands mythes ou
légendes qui ont inspiré les compositeurs.
Vendredi 29 février, vendredi 7 mars
et jeudi 24 avril à 15h.
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Stagiaire : Marilène Parrou | Maquette : Elza Gibus
Imprimeur SIC | Imprimeur BAF | Licences no 757541, 757542, 757543 The English Concert
Kenneth Weiss, orgue et direction
Magali Léger, soprano