La citoyenneté européenne et la jeunesse: « Encourager les jeunes

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La citoyenneté européenne et la jeunesse: « Encourager les jeunes
La citoyenneté européenne et la jeunesse:
« Encourager les jeunes à participer à la vie démocratique de l'Europe"
En quoi la musique reflète-t-elle une vision aussi bien réaliste qu'utopique de l'idée de
citoyenneté européenne?
Introduction
Depuis la fin des années 1990, la commission européenne s’intéresse à la place des jeunes
quant aux questions politiques et économiques de l'Europe. Après une enquête , le constat des
commissaires européens à été publié dans le « livre blanc de la commission européenne ». Leur
constat est simple et unanime: les jeunes veulent contribuer à la construction européenne. Malgré des
situations diverses, ils veulent être considérés comme des interlocuteurs à part entière, comme une
force et non comme un problème à gérer. La Commission européenne encourage donc les Etats
membres à améliorer leur communication avec la jeunesse, et souligne l'importance d'impliquer les
jeunes dans la vie politique de l'Europe.
Pour cela, les jeunes européens doivent partager un sentiment d'appartenance
commune. Cela ne passe pas seulement par des initiatives politiques, mais aussi par la culture. C'est
pourquoi nous avons choisi d'aborder la question de la citoyenneté européenne à travers la musique.
La musique a-t-elle été un vecteur pour inciter les jeunes à la mobilisation collective autour de la
question de la citoyenneté européenne? Entre idéal, réalités et espoirs, comment la musique traite-telle cette question?
Première partie : la musique comme reflet de la volonté d'unifier les peuples européens.
Tout d'abord, l'idée de l'hymne européen vient des débuts du Conseil de l'Europe. En 1929,
« l'ode à la joie » fait sa première apparition. Cependant à cette époque d'autres projets sont proposés
mais l'Assemblée voulait d'abord choisir le drapeau européen avant l'hymne. En 1955, l’œuvre de
Beethoven est utilisée sans avoir de statut officiel lors des festivités pour la remise du « prix de
l'Europe »et lors des festivités du 10ème anniversaire du Conseil de l'Europe. C'est pour cela qu'en
1963, la section Belge des conseils des communes d'Europe réclame l'adoption de « L'ode à la joie »
comme hymne officiel. Après plusieurs avis divergents, c'est donc après la crise de 1968, qu'une
nouvelle fois la question de l'hymne revient. La commission adopte finalement après plusieurs
propositions, le 8 juillet 1971 « L'ode à la joie », la 9ème symphonie de Beethoven, sans paroles
officielle car il n'y a pas d'accord sur celles-ci de l'Ode de Schiller. En effet, plusieurs personnes,
membres de la Commission pensent que les paroles ne sont pas adaptées aux sensibilités
contemporaines et qu'elles ne suscitent pas la prise de conscience d'une identité européenne.
Cependant, dans le préambule de la résolution qui est votée, l’œuvre de Beethoven est considérée
comme un héritage artistique qui constitue une des bases de l'identité européenne.
En 1980, le Parlement Européen proclame l'année 1985" Année européenne de la Musique".
Le but de cette opération était de créer une unité dans la musique des mouvements européens, des
festivals mais aussi de commémorer le bicentenaire de la naissance de grands compositeurs comme
Bach ou Haendel et de promotionner les jeunes auteurs. Cette initiative à l'échelle européenne a
cependant eu un résultat mitigé. Sous l'impulsion de Jack Lang, alors ministre de la culture française,
la fête de la Musique est créée en 1982. Bien qu'elle ait eu beaucoup de succès en France et qu'elle se
soit diffusée dans le monde entier, elle reste en Europe limitée aux grandes métropoles.
Dans ma deuxième moitié du XXème siècle, certaines chansons, comme "La chanson de
l'Europe" de Jean Jeepy en 1957, traduisent la volonté de célébrer la nouvelle Europe plus ou moins
réunifiée. Après avoir évoqué les guerres européennes, le refrain laisse place a une utopie: l'Europe
constituant un seul et même pays. Le contexte est favorable à la construction de l'Europe économique
puisque l'année 1957 marque le début de la CEE. Cela apparaît dans le ton optimiste, peut-être
utopique, évoquée dans le refrain et le second couplet. Pourtant, au début, le chanteur ne manquait
pas de souligner les douleurs passés et qu'une union politique ainsi qu'une cohésion sociale serait
difficile. Mais, grâce à un air jovial et entraînant, et par des paroles concordant avec l 'opinion
publique de l'époque, Jean Jeepy signe l'un de ses plus grands succès en voulant faire de l'utopie
européenne une réalité.
Song for europe est une chanson de 1973 ecrit par le groupe de rock britannique Roxy. Cette
chanson parle d'une Europe d’après-guerre, une Europe de guerre froide : l'opposition de deux camps
est illustrée par Berlin, dont la partie Ouest et la partie Est sont séparées par un mur. Certains chanteurs
essayent de réunifier cette Europe déchirée. Dans Song for Europe le groupe Roxy chante une Europe
unie par la culture, dans toute sa diversité : les langues, les arts, ...
Wind of Change a été entièrement composée et écrite par le chanteur du groupe Scorpions,
Klaus Meine. Les paroles de la chanson lui ont été inspirées par le Moscow Music Peace Festival de
1989, le premier festival de musique rock occidentale donné dans le bloc soviétique, en 1989, et
auquel Scorpions participa. Elles célèbrent les changements politiques du début des années 1990 en
Europe de l'Est, c’est-à-dire la chute du bloc communiste (ce qui mena par la suite à la disparition de
l'URSS). Cette chanson a été reprise dans plusieurs langues européennes : en allemand ( orchestre
philharmonique de Berlin), en russe (Ветер Перемен, par l'artiste Veter Peremen), et en espagnol
(Vientos de Cambio). Wind of Change est généralement connue comme un des symboles de la
réunification de l'Allemagne et de la fin du rideau de fer. Scorpions a reçu de nombreux honneurs et
distinctions pour cette chanson : les membres du groupe ont été reçus au Kremlin à Moscou par
Gorbatchev en 1991, lors d'une cérémonie au cours de laquelle ils lui ont remis une plaque sur laquelle
étaient inscrites les paroles de la chanson. Ils ont aussi été invités en 1999 à jouer la chanson lors de
la cérémonie qui a eu lieu pour célébrer les dix ans de la chute du mur de Berlin. En 2005, les
spectateurs de la chaîne de télévision allemande ZDF ont choisi cette chanson comme chanson du
siècle. C'est la chanson la plus vendue de tous les temps en Allemagne.
Deuxième partie : la musique traduit aussi les limites de cet idéal confronté à la réalité
La musique européenne traduit aussi toutes les difficultés de cet idéal de citoyenneté
européenne. A partir des années 1990, au moment où la construction européenne se traduit par des
avancées institutionnelles concrètes, les espoirs se mélangent aux doutes.
En 1992, Serge Lama chante l'Europe avec sa chanson « Europe Babel ». Après sa période de
l'Eurovision en 1971, le chanteur français exprime ses sentiments envers l'Europe dans une chanson
dite « ambitieuse ». Dans celle-ci il exprime et aborde de nombreux aspects de l'Europe, plus
particulièrement l'aspect idéal, mais aussi dans sa réalité. Il présente l'Europe comme une union de
pays et non comme un simple continent : « Si Molière, Shakespeare et Goldoni s'embrassent » . Il
exprime l'aspect utopique d'une part dans le titre avec la référence à la « Tour de Babel », le mythe,
mais exprime aussi ses doutes tout au long de sa chanson: « cette Europe nouvelle est une vieille lune,
personne n'y a mis le pied dessus », mais il montre également cette Europe concrète qui se construit
à son époque : « Tables rondes, discours, déclarations communes ». Serge Lama démontre également
qu'il est partisan de cette Europe qui progresse mais qu'il est soucieux de l'idée que nous, citoyens
d'Europe, ne soyons pénalisés de cette situation politiquement changeante : « je suis résolument pour
tout ce qui progresse à condition bien sûr d'en être pas puni ». Il fait de plus référence à l'Europe au
cours du temps, dans son évolution historique, grâce à la comparaison entre une Europe en guerre et
l'Europe de son époque. L'avenir semble incertain- « Mon fils, la verra t-il cette Europe qui chante ? »
[...]», mais plein d'espoirs. L'Europe voyage au cours du temps et des générations « En récitant des
vers de Goethe et de Lorca, une ronde d'enfants ,joyeusement unis."
En 2001, Noir Désir, célèbre groupe de rock français, sort la chanson "Europe" sur son album
"Des visages des figures". Cette chanson a plusieurs thématiques qui se répète au fur et a mesure de
la chanson. Toutes ces thématiques sont en lien avec L'Europe. Noir Désir rappelle crûment le passé
colonial des pays européens, et ses paradoxes : «Chère vieille Europe [...], putain autoritaire,
aristocrate et libertaire, bourgeoise et ouvrière [...]». Noir Désir rappelle que la construction d'une
Europe uniquement économique ne correspond pas à l'idéal que nous voulions atteindre en créant
l'Europe. Ce texte exprime aussi un message d'espoir, mais espoir fragile, puisque « ses roses sont le
festin de Satan ». Mais cette phrase est la représentation même de l'espoir qu'il a pour l'Europe :
« Nous avons su monter nous avons su descendre, nous pouvons arrêter et nous pouvons
reprendre... ».
Finalement, l'histoire du concours de l'Eurovision traduit bien comment l'idéal européen se
heurte parfois aux réalités. Le Concours de l'Eurovision est un événement annuel organisé par l’Union
européenne de radio-télévision. A sa création en 1956, l'Eurovision est destiné à réunir les membres
de l'Union Européenne dans le cadre d'une compétition musicale. Il trouve ses origines dans le
contexte géopolitique des années 1950 et la volonté des dirigeants politiques de créer des liens
indissolubles entre les pays européens. On remarque de nombreuses similitudes entre l'Eurovision et
l'Union Européenne. En effet tout comme l'UE, l'Eurovision a son logo (soit le drapeau pour l'UE),
son hymne : Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, et son système d'élection pour désigner la
chanson gagnante.
L'élargissement du concours vers les pays de l'Est est aussi à mettre en parallèle avec
l'élargissement de l'UE dans les années 2000. Cependant, les tensions géopolitiques de l'UE et de
l'Europe se répercutent sur le concours. L'Eurovision est sujet aux controverses géographiques, avec
notamment les votes blocs (les votes sont échangés entre pays voisins partageant une frontière, par
exemple entre pays scandinaves). En 2014, dans le contexte de la crise politique ukrainienne, les
candidates russes sont sifflées et huées lors de leur prestation.
Conclusion : Cette même année, en 2014, la gagnante de l'Eurovision montre aussi une réussite de
l'Europe. Conchita Wurst est un personnage créé en 2011 et interprété par Thomas Neuwirth, un
homme traversti qui se sent femme, chanteuse, qui porte la robe et la barbe pour montrer que nous
pouvons tout réussir, peu importe qui nous sommes et ce à quoi nous ressemblons. Le 10 septembre,
elle est choisie pour représenter l'Autriche à l'Eurovision 2014. Elle remporte la finale avec le titre
Rise Like a Phoenix. A partir de ce moment, elle devient connue à travers le monde et assiste à
plusieurs événements où elle fut invitée et présente en tant qu'animatrice de l'Eurovision 2015. Le 8
octobre 2014, elle est invitée par des eurodéputés au Parlement Européen. Elle a chanté l'Europe
devant le Parlement européen, pour la tolérance et le respect des différences sexuelles, elle a défendu
le droit au mariage homosexuel et la lutte contre l’homophobie. Donc, on peut voir qu'elle est devenue
un symbole européen: par son homosexualité décontractée, elle incarne la reconnaissance des libertés
individuelles dans les sociétés européennes.
Cet exemple nous montre que la citoyenneté européenne ne peut pas reposer que sur des
initiatives politiques. Elle passe aussi par la diffusion de valeurs communes, à travers l'art et la culture.
Nous évoquerons durant le colloque quelques propositions pour favoriser la mobilisation des jeunes
européens par l'art et la culture.

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