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Chicane 94-32p210x297.ps, page 1 @ Preflight ( ¥ JOURNAL N 94
CHICANE
journal
le
du
CAUE34
N ° 9 4 • DÉCEMBRE 2012
© Photo. F. Hébraud - CAUE34
conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de l’Hérault
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
SOMMAIRE
Actualités et P. 2
Communes en bref P. 3
«Les itinéraires du CAUE 34» P. 4
Espaces publics en LR
Rencontres P. 6
photographiques d’Arles
«Une rentrée en image 2012»
Elus et professionnels savoyards P. 8
En visite dans l’Hérault
Cazedarnes P. 9
Le groupe scolaire remarqué
EXPOSITIONS P. 10
L’âne musicien
FORMATION P. 12
Etalement urbain
Réinvestir
les centres anciens
actualités
Les particuliers conseillés gratuitement
par les professionnels du CAUE 34
Depuis sa création, le CAUE de l’Hérault conseille gratuitement les maîtres
d’ouvrage privés : particuliers engagés dans un projet de construction ou de
réhabilitation ou qui souhaitent aménager un terrain, mais aussi agriculteurs
et artisans. Ces conseils, qui excluent toute maîtrise d’œuvre, sont largement
appréciés.
Rendez-vous et consultances téléphoniques permettent de répondre aux
préoccupations des uns et des autres :
Comment implanter et orienter une construction neuve dans son contexte
paysager et urbain ? Comment prendre en compte le climat et optimiser
le confort thermique ? Comment utiliser les énergies renouvelables tout en
se protégeant du soleil l’été ? Quel mode de chauffage choisir ? Quels
matériaux privilégier ? Comment utiliser la végétation et quelles essences
planter pour économier l’eau ? Comment assurer une bonne maîtrise du
projet ? Comment interpréter le cadre réglementaire ?
Permanences sur rendez-vous
Montpellier au siège du CAUE de l’Hérault, 19 rue Saint Louis.
Tél. 04 99 133 700
Saint-André-de-Sangonis à la Maison des Entreprises.
Tél. 04 67 570 101
Se munir de documents facilitant la compréhension du projet envisagé
(photographies du terrain, plan cadastral, esquisses, réglementation…).
P. 13
Panorama des problématiques P. 14
Le centre ancien de Lodève P. 18
Objectifs et projets
Espaces publics et habitat ancien P. 20
Au CRDP de Montpellier
Samedi 19 janvier 2013
Communauté de communes
Vallée de l’Hérault
Ganges P. 24
Un programme d’ensemble
Ailleurs P. 28
D’autres exemples
Uzerches et Tulle (Corrèze), Le Muy (Var)
Les outils de la rénovation P. 31
Déballage P. 32
Une journée de rencontres et de débats sur les
nouvelles conditions de la ville contemporaine
Pour la cinquième année consécutive, les étudiants des première et
deuxième année de Master de l’Ecole d’architecture de Montpellier
prennent en charge l’organisation d’une journée d’échanges sur le thème
des «Métropoles du Sud».
Cette année les interrogations porteront sur le développement et l’urbanisation
des métropoles, sur des modèles d’urbanisation alternatifs ou encore sur
l’importance des mobilités évaluées à l’aune du développement durable.
Avec les interventions de :
Xavier Leibar, architecte - Bordeaux, Henri Bava, paysagiste - France,
François Fontes, architecte - France, Andréas Ruby, architecte - Allemagne,
Francisco Mangano, architecte - Espagne, Jean Nouvel, architecte - France,
Laurent Duport, architecte - France.
Entrée libre - Renseignements et inscriptions
[email protected]
2
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
SOMMAIRE
en bref
actualités
communes
• Assas -
Un projet urbain
à l’épreuve du paysage
Les CAUE en formation
«Concevoir et organiser une concertation»
La municipalité d’Assas a progressivement mis en
place une démarche de définition de projet urbain.
Elle a sollicité, pour l’accompagner, le partenariat de
la Région -en répondant à l’appel à projets Nouvelles
Formes Urbaines Durables- et celui du CAUE pour
bâtir une méthode. A la suite d’une consultation,
la municipalité a choisi l’équipe pluridisciplinaire
formée par l’Agence N. Lebunetel, architectesurbanistes et N. Lucas et P. Mercier, paysagistes pour
établir des orientations dans le cadre d’une étude
urbaine préparatoire à une révision du document
d’urbanisme.
L’université d’été des CAUE en juillet 2011, qui portait sur la
concertation, a mis en évidence la professionnalisation croissante
des intervenants dans ce domaine.
C’est pour répondre à cette demande de qualification que la
Fédération Nationale des CAUE a inscrit, dans son programme
annuel de formation, 2 jours pour : «Concevoir et organiser une
concertation». Le CAUE 34, organisateur de ces journées, s’est
adressé à Gilles-Laurent Rayssac, consultant, cofondateur et gérant
de Res Publica, et professeur associé à l’Université de Caen en
ingénierie de concertation.
Insistant sur l’importance du travail de préparation, Gilles-Laurent
Rayssac a pour coutume de dire qu’une réunion de concertation,
c’est avant tout «l’art de faire travailler les autres».
Il ne s’agit pas d’obtenir un consensus mais d’identifier les
divergences et de les expliquer.
Les participants devraient être désormais capables de :
• Formuler les objectifs et les finalités du processus,
• Identifier les acteurs et les mobiliser,
• Choisir les outils de communication pour la mobilisation,
• Phaser et respecter les différentes étapes du processus,
• Décider de ce qui peut être mis au débat et de ce qui ne doit
pas l’être,
• Organiser et animer les différents types de réunions en fonction
des phases où intervient la concertation.
Plus qu’une obligation légale, un projet citoyen
Une concertation transforme le processus de décision sans modifier
la responsabilité décisionnelle du commanditaire. Elle permet de :
• Prendre des décisions plus performantes, plus efficaces et plus
pertinentes,
• Comprendre et s’approprier le projet,
• Associer le citoyen à la vie démocratique.
Les compétences acquises par les participants leur permettront, dès
à présent, de mieux accompagner les communes qui le souhaitent
dans les processus de concertation, qu’ils soient obligatoires
(comme dans le cadre de la révision d’un PLU par exemple) ou
facultatifs, issus d’une volonté politique.
• Valros -
• Mons-la-Trivalle
Restructuration de la base de plein air
La base de plein air, équipement d’accueil pour la
pratique d’activités de pleine nature construit dans les
années 80, nécessite aujourd’hui une remise à niveau
globale. Dans le prolongement de la réflexion sur la
mise en valeur du village, le CAUE accompagne la
commune dans sa démarche de restructuration de cet
équipement situé non loin des gorges d’Héric.
Res Publica a été choisi pour organiser la concertation autour du devenir du site
militaire de l’École d’Application de l’Infanterie (EAI) de Montpellier.
Voyage dans la ville
Rens : Julie Marchand, coordinatrice du projet
Tél : 04 67 73 18 18
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
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© Photo - Centre Pompidou Beaubourg
Une «Œuvre-jeu» du sculpteur Miquel Navarro à destination
des publics scolaires de 5 à 12 ans.
La Maison de l’architecture Languedoc-Roussillon accueille cette
exposition du Centre Pompidou Beaubourg, à l’Hôtel de Ville
de Montpellier du 13 mai au 22 juin 2013. «Sous la lune II
est une ville imaginaire que l’on peut lire de mille façons. C’est
aussi un jeu où les enfants sont invités à remodeler l’espace et à
le transformer selon des règles de jeux que chacun pourra sans
cesse réinventer». Le CAUE 34 s’associe à cette initiative dans le
cadre des ateliers pédagogiques.
Etude urbaine
Préalablement à la révision de son document
d’urbanisme, la commune de Valros a souhaité
travailler à la définition de son projet urbain. Dans
le cadre d’un avis public à la concurrence, elle a
choisi l’Agence d’architecture et d’urbanisme TorresBorredon associée au paysagiste Jérôme Classe Atelier 6.1. Cette étude urbaine, subventionnée par
le Conseil Général de l’Hérault, vise à définir, par
le biais d’un plan d’aménagement d’ensemble, de
nouvelles façons d’habiter le territoire communal pour
les parties restant à urbaniser et à redonner du sens à
ce qui est déjà construit.
Les espaces publics en Languedoc-Roussillon …
Un premier itinéraire pour les élus
et les professionnels dans l’Hérault
Un circuit d’une journée consacré à la visite d’espaces publics, en octobre dernier, a réuni plus
d’une trentaine d’élus. Les questionnements des uns confrontés aux expériences des autres, tel
était le but recherché par le CAUE de l’Hérault. Programmation, consultations de concepteurs,
choix stratégiques d’aménagement, qualité des matériaux et des végétaux, ambiances et aspects
techniques ont alimenté les visites, commentées par les concepteurs des réalisations. Chaque
participant est ainsi reparti avec matière à réflexion et des pistes à explorer pour les espaces
publics de sa propre commune.
Les espaces publics choisis pour ce premier circuit
présentent un éventail de typologies : places,
placettes, traversées urbaines, aires de stationnement,
promenades, esplanades…
Vic la Gardiole
Le boulevard des Aresquiers, ancienne voie départementale, assure
le lien entre le centre ancien et les extensions contemporaines de
la commune. A l’origine, cette portion de voirie se caractérisait par
un ruban bitumé qui faisait office de place publique dans ce village
qui n’en possédait pas. Les principaux équipements, mairie, poste,
écoles, salle polyvalente, Office du Tourisme, s’y rattachent ainsi
que la majorité des commerces. Sur la base d’un projet partagé
avec les élus, le CAUE de l’Hérault a élaboré un programme
d’orientations fixant le cadre du projet. Les concepteurs, choisis
à l’issue d’une consultation, affinent leur parti d’aménagement
en proposant un axe stratégique renforcé, accueillant, sécurisé.
Le boulevard s’enrichit de placettes, chaque fois que l’espace le
permet, pour mieux s’articuler au tissu bâti du village.
Concepteurs : Atelier Sites, paysagistes, architectes
© Photos - CAUE 34
Frontignan-La Peyrade
4
Consciente du rôle majeur de cette ancienne route nationale,
la municipalité a opté pour un projet global phasé sur 10 ans.
L’ancienne «route frontière» est désormais un espace public plus
favorable à la vie collective et à la qualité des déplacements.
Le recalibrage de la chaussée produit un ralentissement de la
circulation et offre des trottoirs généreux. Les concepteurs ont créé
une ligne de mobilier urbain en acier dont la légèreté s’associe à
un encombrement réduit. Le traitement de sol unitaire est en béton
désactivé de couleur claire. Les plantations d’arbres d’alignements
marquent des séquences et contribuent au confort d’usage.
Concepteurs : Agence Nicolas Lebunetel, architectes - Arcadi
paysagiste
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
Mèze
Lieu historique au coeur de la ville, l’esplanade créée à la fin
du XIXe siècle avait perdu peu à peu ses fonctions urbaines
et commerciales en laissant la voiture prendre le pas sur des
activités propres à la vie de la ville. L’objectif était de retrouver, au
centre-ville, un espace apaisé et convivial. L’enjeu résidait dans
la négociation avec les commerçants focalisés sur la question du
stationnement.
Des alternatives ont été trouvées en combinant des offres diversifiées
de stationnement. Ce vaste espace, redevenu piétonnier, favorise
désormais le développement de commerces et d’activités.
Concepteur : Atelier Sites, paysagistes, architectes
Sète
A l’Ouest de la ville, l’ancienne route nationale de la Corniche,
trop routière et sans qualités, a été requalifiée en 2005 dans une
expression contemporaine.
Chacun y trouve naturellement sa place, le piéton comme le cycliste,
séparés de la voie routière par un épais terre-plein planté. Côté
route, une piste cyclable bidirectionnelle s’étire tout le long du
linéaire de la Corniche. Bancs, corbeilles et luminaires rythment
la promenade tout en séparant les espaces dédiés aux cycles et
aux piétons. Les terrasses maritimes (photo) se caractérisent par
leur revêtement en bois d’Ipé.
Concepteurs : Olivier Kauffmann, architecte, urbaniste
Pézenas
Ce secteur sauvegardé bénéficie d’une forte notoriété et
accueille plus de 600 000 visiteurs en période estivale. La ville
doit réorganiser son fonctionnement urbain pour répondre à
un engorgement du centre par les véhicules, faire face à des
inondations régulières et marquer qualitativement les entrées.
Une étude urbaine, lancée en 2003, a généré plusieurs
aménagements.
La place des «Etats Généraux du Languedoc» (photo) est une
entrée stratégique bordée par le parvis de l’Hôtel Peyrat, l’espace
Molière et l’Office du Tourisme. De grands emmarchements
absorbent la légère déclivité du sol. Un mobilier urbain spécifique,
le végétal et la sobriété du traitement d’ensemble qualifient cet
espace public.
Tout près, le parc de stationnement Voltaire est un autre des points
clés de ce renouveau urbain.
Concepteurs : Gilles Amphoux, Laurent Beauzédat, paysagistes
Cournonterral
La reconquête de deux places emblématiques de ce village est
passée par la création de deux parkings à moins de 100 m de
ces places. Un diagnostic, établi par le CAUE de l’Hérault, a
conduit à une consultation de professionnels. Les concepteurs ont
considéré les deux places comme un ensemble et se sont appuyés
sur l’unité de traitement de sol pour en renforcer la lecture tout en
leur conservant une ambiance propre.
Concepteurs : Atelier Sites, paysagistes, architectes
Michèle Bouis - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
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Rencontres
photographiques d’Arles
Une rentrée en image 2012
« Attention, on rembobine … » !
«Regards sur 30 ans d’architecture», voilà le thème retenu par les CAUE des Bouches-du-Rhône,
du Gard et de l’Hérault, rejoints cette année par celui de l’Aude, pour leur 7ème participation à
une rentrée en image, à l’adresse des scolaires.
temps depuis les années 80 jusqu’à nos jours, évoquant
30 ans de création architecturale française,
• un atelier proposant aux élèves de se projeter en
2042, d’imaginer un projet d’architecture, de l’associer
à une invention technologique, un événement culturel, un
contexte politique ou social particulier... et d’exprimer
leur vision personnelle sous diverses formes : dessins,
collages, expression écrite, réalisation de pop-up, de
pliages ou de modelages plastiques…, toutes à inclure
sur une affiche, support qui leur a été fourni.
660 élèves et 70 enseignants et accompagnateurs
d’écoles élémentaires, collèges, lycées des académies de
Montpellier et d’Aix Marseille ont fréquenté l’atelier !
Le thème s’accordait parfaitement avec celui des
Rencontres qui fêtait les 30 ans de l’Ecole Nationale
Supérieure de la Photographie d’Arles «Une école
française».
30 projets emblématiques -choisis pour incarner un style
architectural ou un architecte, traiter d’un programme
remarquable, évoquer des matériaux et des techniques
de construction spécifiques…, dans les contextes sociaux,
culturels et environnementaux qui ont nourri la production
architecturale de ces 30 dernières années- ont servi de
matière à réflexion à cette animation qui s’est déroulée
en deux temps :
• la projection d’un diaporama, pour remonter le
2042 un futur imaginé par les élèves
L’homme exploite ses capacités cérébrales (télékinésie)
à l’aide des extra-terrestres
Il n’y aura plus de place en ville
et les gens iront vivre au-dessus de l’eau
La téléportation a été inventée
et beaucoup de personnes ont disparu
La planète Mars devient habitable
La modernité est à son apogée, mais quelques
sentimentaux regrettent les anciennes modes
© Photos CAUE 34
Premier robot président de la république
6
Création de la maison mobilier
début de l’époque nomade
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
A la fin de l’atelier les élèves présentent leurs
propositions à l’ensemble de la classe
Auparavant, la fabrication de maquettes bat son plein !
La manipulation de différents matériaux...
... permet une expression libre et créative
«Base sur le territoire
international lunaire autonome»
«Kitch parking pour soucoupes volantes»
«Maison
dans les airs»
Odile Besème - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
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Un voyage d’étude sous le signe de la densité, de l’eau et du vin
Elus et professionnels savoyards
en visite dans l’Hérault
Largement diffusés, les projets du territoire de l’agglomération de Montpellier comme ceux de la
ville-centre attisent les curiosités. Ainsi une délégation composée d’élus de Métropole Savoie et
d’architectes, pilotée par le CAUE 73, a été guidée par le CAUE de l’Hérault à travers le territoire
montpelliérain, mais aussi La Grande-Motte et le Pays de Lunel, les 8 et 9 novembre derniers.
Fraîchement débarquée, la délégation est accueillie par Michel
Guibal, Président du CAUE 34 et Brigitte Mas, Directrice
© Photos CAUE 34
Visite de l’Hôtel de ville de Montpellier. Et clôture du voyage à Boisseron,
au Domaine de Theyron, après une visite de Viavino à Saint-Christol.
8
Le premier jour, en guise d’introduction, une balade
urbaine, depuis le centre de Montpellier jusqu’aux
nouveaux quartiers du bord du Lez, commentée par Patrick
Buffard et Sylvaine Glaizol, architectes-urbanistes au
CAUE 34, a permis aux différents membres du groupe de
s’approprier les grandes étapes du développement urbain
de la ville. Reçus à la Communauté d’Agglomération de
Montpellier par Christophe Moralès, Vice-président en
charge de l’urbanisme, ils ont découvert les différentes
facettes du projet de territoire, le SCOT et ses premières
évaluations, les sites stratégiques d’échelle métropolitaine
avec notamment celui «De Montpellier à la mer» labellisé
Ecocité par le ministère de l’Ecologie, du Développement
durable et de l’Energie.
En fin d’après-midi, Philippe Saurel, maire-adjoint à
la culture et au patrimoine, a proposé une découverte
du nouvel Hôtel de Ville (architectes J. Nouvel et Fr.
Fontès), complétée par une présentation du projet urbainMontpellier horizon 2040 par Nicolas Roubieu, directeur
du projet urbain de la ville.
Le lendemain, sous un ciel menaçant, Fabien Blasco,
directeur adjoint au Foncier et à l’Aménagement, a
accompagné la délégation sur le territoire, en profonde
mutation, du projet «De Montpellier à la mer» avec une
description précise des multiples enjeux. En écho aux
stations de montagne reconnues patrimoine du XXe siècle
en Savoie comme les Arcs, le parcours s’est prolongé
vers le littoral avec une visite, de La Grande Motte,
commentée par Jean-Marc Lopez, chargé de mission à
l’Office de Tourisme de la ville, station balnéaire classée
patrimoine du XXe siècle, confrontée elle aussi à une mutation
progressive.
Changement d’échelle et d’environnement pour la fin
d’après-midi, la délégation découvre le projet de pôle
oenotouristique Viavino de la communauté de communes
du Pays de Lunel, à Saint-Christol (architecte Ph. Madec).
L’enthousiasme communicatif de Jean-Luc Bergeon, maire
et président de l’Office de tourisme intercommunal qui
présente les différents défis du projet -de l’équipement qui
sort de terre au territoire concerné- déjoue la pluie et la
pénombre qui s’installent. Une dégustation au domaine
de Theyron prolonge la présentation et clôture la visite des
savoyards qui projettent déjà de revenir.
Sylvaine Glaizol - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
Face à la mairie,
l’école est le premier
des équipements qui
viendra, à terme, délimiter
la future place.
Le groupe scolaire de Cazedarnes,
finaliste du Prix d’Architecture
du Languedoc Roussillon - Edition 2012
Prix organisé par l’Ordre des Architectes, cette année : «Les lieux d’enseignement et d’éducation»
L’école de Cazedarnes, réalisée par l’agence Passelac &
Roques architectes, s’est distinguée dans l’édition 2012
du Prix d’Architecture Languedoc Roussillon.
En juin 2005, les élus de cette commune de 400
habitants, envisagent de construire une nouvelle école
au vu de l’évolution démographique de la commune et
sollicitent le CAUE pour avis et conseils.
Les premières réflexions font apparaître des enjeux au-delà
de la simple création de cet équipement symbolique. La
construction de l’école est l’occasion de s’interroger sur la
vie du village et sur la nécessité de créer un centre qui lui
fait défaut, en prenant appui sur les équipements existants
comme la mairie. La création d’une place à l’échelle du
village, l’organisation du stationnement et l’anticipation
de l’arrivée des équipements à venir comme la salle
polyvalente ou de nouveaux logements… sont autant
d’éléments structurants à prendre en considération dans
l’approche préalable.
A partir du programme initial pensé par les élus, celui d’une
école bordée par un grand parking, le CAUE propose des
scénarios alternatifs d’aménagement, porteurs de qualités
urbaines, de confort d’usage et moins consommateurs
d’espaces. Le pré-programme de la nouvelle école est mis
au point sur la base du scénario arrêté par les élus. La
mission, confiée à l’agence Passelac & Roques, retenue
après consultation, comprend la réalisation de l’école
mais également l’aménagement de la place du village.
Le dialogue qui s’est instauré entre les élus, les architectes
et le CAUE a permis d’aboutir à ce projet aujourd’hui
remarqué.
Une nouvelle centralité s’ébauche autour de la mairie et de la
nouvelle école.
fiche technique
• Maîtrise d’ouvrage : Commune de Cazedarnes • Maîtrise
d’œuvre : Passelac & Roques Architectes - Coursan (11) • Bureaux
d’études techniques : structure : Bet Virelizier, Infrastructure : Bet
Infra étude, fluides : Bet Cité • Programme : 4 salles de classe,
restaurant scolaire, salle polyvalente et locaux annexes •
Réalisation : 2009 • Surface : 840 m2 • Coût : 1 250 000 €
Alain Pérez - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
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30 ans des FRAC
L’Âne musicien
Transmission
et apprentissage,
au cœur de trois
expositions à Montpellier
du 9 novembre au 21 décembre 2012
Design graphique Florence Girard
«Il s’agissait de saisir l’occasion des 30 ans des FRAC pour fédérer des structures qui ont du mal à se
trouver. C’est donc une première qui, je l’espère, sera reconduite. Trois lieux et trois injonctions qui nous
ont tous, un jour ou l’autre, concernés. Les œuvres sont prêtées par le FRAC pour cette occasion». Patrick
Perry*, commissaire général de cette exposition, précise le contexte de l’événement en poursuivant : «Il est
un âne devant une lyre, comme le lecteur qui tient un livre et n’en comprend pas le sens, si ce constat pouvait
encourager certains à voir l’exposition comme une métaphore des rapports entre l’art d’aujourd’hui et le
public, soi-disant distendus, notre propos n’est pas, évidemment, une illustration renouvelée de la fable !»
Photo © P. Buffard - CAUE 34
*Patrick Perry, professeur d’histoire de l’art à l’École Supérieure des Beaux Arts de Montpellier Agglomération. Chargé de cours d’histoire de l’art à l’Université Paul Valéry.
Commissaire général de l’exposition avec Emmanuel Latreille directeur du FRAC LR et Eric Watier architecte et enseignant à l’ENSAM
A l’Ecole d’architecture, une œuvre de Loïc Raguénès
«L'âne, voyant une lyre abandonnée par terre dans une
prairie, s'approcha et essaya les cordes avec son sabot,
elles résonnèrent dès qu'il les toucha : - Joli instrument
parbleu, mais c'est mal tombé dit l'âne, car je ne sais
pas en jouer. Si quelqu'un de plus savant l'avait trouvé, il
eût charmé les oreilles par de divines mélodies » - Extrait
d'une fable antique de Phèdre.
Ce texte connut une diffusion importante au Moyen Âge. Il
fut particulièrement illustré à l'époque romane par le biais
de la sculpture monumentale. Les nombreuses images
d'un âne essayant de caresser de ses sabots le délicat
instrument, très fréquentes dans l'Ouest et le Centre de
la France, évoquent alors, d'abord l'ignorance, celle de
l'homme charnel qui, par paresse spirituelle, ne veut et ne
peut comprendre l'Esprit et les messages divins.
Avant de générer l’image de l’âne qui ne veut pas
apprendre, avec son bonnet, cette fable porte également
en elle toute la méfiance de la culture occidentale envers
les artistes, ceux qui ne sauraient se contenter d’un monde
sur lequel aucune prise n’est possible».
10 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
J’m’énerve pas,
j’explique !
Pierre Joseph, né en 1965, poursuit depuis 1980
un travail sur les questions du savoir et de sa
transmission.
Joseph 01 et 02 - L’Appareil digestif (Atlas image Restaurée),
2005-2007, 16 dessins schématiques de l’appareil digestif
tels que se le représentent des étudiants de l’École Supérieure
des Beaux-Arts de Montpellier Agglomération sous la
conduite de l’artiste, impression numérique sur papier, 105
x 80 chaque dessin
A l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - Le Cube. Les œuvres choisies font référence à
l’aspect collectif, collaboratif, de l’apprentissage. Il n’y a pas de modèle, on apprend ensemble, sans qu’aucun
maître n’impose sa règle.
Artistes présentés : Roderick Buchanan, Adam Chodzko, Éric Duyckaerts, Joseph Grigely, Pierre Joseph, Bill Owens, Loïc
Raguénès, Lawrence Weiner.
Essaye encore une fois ! Tu vas y arriver !
A l’École Supérieure des Beaux Arts de
Montpellier Agglomération - Le Pré carré. A
partir de cette injonction pédagogique, les
œuvres présentées évoquent la question des
modèles, la manière de les interpréter, de
les recopier, ceux que l’on recopie, que l’on
réinterprète, dont on transmet la mémoire.
TTaroop & Gl
Glabel,
b l Le Baiser de
d Picasso (de
d mémoire), 1er et 2e essais, 1998, peinture,
collage, dyptique, adhésif découpé, bois, 2 x (45 x 45 cm). © Frac Languedoc-Roussillon
Artistes présentés : Matthew Antezzo, John Baldessari, Étienne Bossut, Enna Chaton, Bert Duponstoq, Ann-Kathrin Feddersen, Filip Francis,
Man Ray, Taroop & Glabel, Lawrence Weiner
Déchire tout
et recommence !
Toutes images : © Collection Frac Languedoc-Roussillon
(Rip It Up and Start Again!)
Au Fonds Régional d’Art Contemporain LanguedocRoussillon - Le créateur se met en situation de devoir tout
inventer ou réinventer, avec ce dont il dispose, parfois à
partir de rien, faire ce que l’on peut en se débrouillant seul,
ou presque.
Tom Friedman, Baby Demon, 2009, sacs en papier, découpés, froissés,
papier, adhésif, 152,5 x 91,5 x 18 cm. Photo Frac Languedoc-Roussillon. © Tom
Friedman
Michèle Bouis - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 11
Photo © X. Berthaud
L’étalement urbain
mobilise les CAUE
Un engagement inscrit dans la durée
De l’étalement continu, en nappe, dans des territoires sous pression, à l’étalement par petites touches dans des territoires dits ruraux,
l’étalement urbain recouvre des réalités différentes qu’il convient d’identifier et de décrypter pour être en capacité de projeter.
Dans le cadre de l’Université Permanente des CAUE, avec l’appui du réseau des CAUE, le CAUE
du Loir-et-Cher et la Fédération Nationale des CAUE ont initié deux cycles de quatre sessions de
formation sur la problématique de l’étalement urbain.
et envisager l’étalement comme une réalité, support de
véritables projets ?
Les CAUE ont voulu, en organisant ces formations,
nourrir leur réflexion, enrichir leurs références et
confronter leurs pratiques liées à des contextes très
diversifiés.
Les sessions ont été volontairement réparties sur le
territoire national, de Paris à La Rochelle pour l’examen
des mécanismes, à Montpellier pour une approche
prospective, à Arras et Loos-en-Gohelle, à Strasbourg
et sa première couronne, à Valence avec la plaine du
Rovaltin pour des approches contextualisées, à Rodez
avec la ville-territoire, et enfin, en guise de clôture, une
exploration des notions d’espace public à Achères
dans les Yvelines. A chaque session, des ateliers ont
permis diverses expressions mettant à contributions
les participants-stagiaires. Les restitutions, empruntant
des modes de communication variés tels que l’exposédébat, les jeux de rôles, l’expression corporelle et même
le roman-photo, ont souligné l’importance du jeu d’acteurs
dans ce phénomène.
La restitution du 1er cycle a fait l’objet d’une publication :
«Comment questionner l’étalement urbain ?»*, synthèse
des contributions d’intervenants et participants, commentée
par Jean-Louis Violeau, dans le rôle d’un observateur attentif
aux postures des CAUE présents. L’édition de journauxweb** a été choisie pour le second cycle. Aujourd’hui,
les CAUE planchent sur un ouvrage qui permettrait de
diffuser plus largement la richesse des interventions, des
expériences et des références relevées.
Après un premier cycle qui a exploré les mécanismes de
production, la complexité des demandes et des évolutions
sociétales, en 2008 et 2009, un deuxième cycle a été
lancé en 2011et 2012, consacré aux projets territoriaux,
aux stratégies de projets et à l’accompagnement des élus
et décideurs.
Ces cycles ont bénéficié de nombreuses interventions
ciblées de professionnels, universitaires et élus concernés,
et successivement, de l’accompagnement de Jean-Louis
Violeau, sociologue et de Martin Vannier, géographe,
enseignants et chercheurs.
Les professionnels des CAUE, confrontés quotidiennement
au phénomène de l’étalement urbain, notamment dans
le cadre du conseil aux collectivités, peuvent participer
à la définition d’orientations stratégiques à l’échelle d’un
grand territoire, de projets urbains à l’échelle communale
ou intervenir sur des micro-projets.
• Comment accompagner l’évolution du périurbain ou
«des tissus pavillonnaires», espaces qui sont encore ceux
qui bénéficient le moins d’études et de projections ?
• Comment approcher la complexité du sujet afin
d’éviter toute forme de dogmatisme, souvent inapproprié
Photo © S. Glaizol, CAUE34
Des visites d’opérations ont contribué à alimenter le travail de
réflexion. Ici, une partie du groupe à Breda (Pays-Bas) en 2009.
12
*«Comment questionner l’étalement urbain», FNCAUE avec le soutien de
la DGP du ministère de la Culture et de la communication
**Liens vers les journaux web et l’inventaire des publications des CAUE
sur la question de l’étalement urbain, des lotissements, de l’habitat
individuel, de l’urbanisme en milieu rural : http///www.asso.fr
Sylvaine Glaizol - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Réinvestir
les centres anciens
La salle du peuple de la mairie de Lodève accueillait, le 25 octobre dernier,
le 4ème atelier des territoires organisé par le CAUE de l’Hérault
sur la thématique de la reconquête des centres anciens.
Une soixantaine d’élus, techniciens et administratifs de collectivités,
architectes et urbanistes ont partagé leur réflexion, leurs démarches et leurs
expériences en matière de projets, de contenus, de méthodes et d’outils.
La présentation d’exemples de quelques villes et territoires, s’impliquant
pour améliorer les conditions de vie, restructurer les tissus urbains
et réhabiliter logements et espaces publics, ont servi d’illustration aux débats.
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 13
DOSSIER
Constats généraux pour un état
des lieux mitigé et parfois alarmant
D’origine moyenâgeuse, en ce qui concerne la trame
des voies et le parcellaire, les centres anciens de l’Hérault
sont d’une très forte densité bâtie. Rares, en France, sont
les régions où de telles densités existent (50 logements à
l’hectare et un coefficient d’emprise au sol de 90-95%) !
L’espace public y est très réduit et grandement sollicité.
Revendiqué par tous, il est extrêmement précieux! Espace
de la marche à pied, de l’échange et de la parole, c’est
un «espace de contact», par opposition à celui de la
Renaissance ou du Baroque, espace «de représentation
et de spectacle»*.
En fonction des topographies et des contextes, les centres
anciens vont développer des typologies d’une grande
variété. Des trames orthogonales côtoient des trames
Trame orthogonale et trame circulaire dans la vallée de l’Hérault :
Pouzols (à gauche), Paulhan (à droite).
Certains centres sont
abandonnés en raison
de leur inadaptation
aux critères de
confort actuel.
Photo © CAUE 34
Réinvestir les centres anciens
circulaires, dans les mêmes unités paysagères. De part
et d’autre du fleuve Hérault, les villages de Canet (trame
orthogonale) et du Pouget (trame circulaire) en sont
l’illustration.
Mais s’ils diffèrent dans la forme de leurs espaces publics,
ils ont en commun le modèle d’habitat : la maison de
village, une maison individuelle verticale, haute de
plusieurs étages, un modèle d’habitat écologique, car
très économe en foncier, mais peut-être un peu trop et
c’est bien là que le bât blesse, justement !
Jugés étriqués, inconfortables et sans espaces privatifs
extérieurs, les centres anciens seront abandonnés, à partir
des années 70, au profit de sites vierges «sans lieux, ni
bornes»**, les quartiers d’extension périphériques.
Aujourd’hui, ce patrimoine ordinaire, témoignage
remarquable de notre histoire architecturale et urbaine,
porte les stigmates, parfois dramatiques, de cet abandon :
des bâtiments dégradés, aux logements indignes, encadrent
des espaces publics en mauvais état, sans vie ni activités.
L’image des centres anciens ne fait pas toujours rêver !
Panorama des problématiques
posées par les centres anciens dans les communes de l’Hérault,
l’expérience du CAUE
Toute question d’aménagement posée dans le cadre du conseil aux communes soulève,
tôt ou tard, une réflexion autour du centre historique, de son rôle et de son avenir
dans le fonctionnement général de la ville ou du village.
Les centres anciens face au développement urbain
Lorsque l’on observe le développement urbain des villes
et villages de l’Hérault, le caractère «anecdotique» des
centres-anciens s’impose. Ils sont d’une taille minuscule
dans la tâche urbaine qui, elle, atteint dix à vingt fois leur
emprise.
Mal reliés aux quartiers périphériques au tissu lâche, il existe
comme une relation de «désamour» entre deux mondes qui
se côtoient sans se comprendre, une dichotomie physique
dont pâtissent non seulement le fonctionnement urbain
mais aussi l’ensemble de l’équilibre social de la ville. Très
dense d’un côté et très lâche de l’autre, en quoi les centres
anciens seraient-ils «complices», voire responsables de
l’évolution urbaine des quarante dernières années ?
Des centres-anciens mieux aménagés, avec des espaces
publics plus aérés et fonctionnels, avec un habitat plus
confortable et proche des attentes contemporaines,
auraient-ils pu contenir l’étalement urbain ?
Des politiques de renouvellement urbain plus volontaristes,
visant à «faire la ville sur la ville» par un travail de
recomposition d’îlots, de création de logements et
d’espaces publics nouveaux, pourraient-elles ralentir
l’actuelle consommation frénétique d’espaces périphériques ?
L’avenir des centres anciens dans l’Hérault passerait-il
par des opérations de «dé-densification» ?
14 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Si les centralités se déplacent dans le temps, jusqu’où peuton envisager de délocaliser équipements, commerces et
activités sans dévitaliser les centres anciens ?
La création de nouveaux équipements dans les communes
nous met souvent face à cette question qui, hélas, n’est
pas nouvelle, car le transfert d’équipements à l’extérieur
des centres historiques est un phénomène récurrent. La
construction, durant la deuxième partie du XIXe siècle,
de nouvelles mairies–écoles, la refondation du réseau
départemental et l’aménagement d’esplanades ont eu
de lourdes conséquences sur les centres anciens. Si
de telles créations ont permis aux villes et aux villages
d’une certaine importance d’asseoir leur développement
à travers un réseau d’espaces et de bâtiments publics
nouveaux, plus confortables, accessibles et fonctionnels,
elles ont aussi contribué au déplacement des anciennes
centralités dont elles ont modifié sans retour caractère,
ambiance et vocation.
Lorsque les villes s’en sont donné les moyens, ces nouvelles
centralités XIXe, bien conçues et reliées au centre historique,
forment, avec celui-ci, une unité, le centre-ville. Mais dans de
nombreux villages de l’Hérault, ces ébauches urbaines du
XIXe restent, encore aujourd’hui, des espaces mal définis !
Porteuses d’un potentiel précieux, elles peuvent faire l’objet
d’une restructuration urbaine, accueillir de nouveaux
équipements et activités, et révéler ainsi une centralité
communale, jusque là mal identifiée ou tout simplement
inexistante. Le CAUE, dans ses missions de conseil, se trouve
souvent confronté à la restructuration de ces espaces.
La nécessaire réhabilitation de l’espace public et la
préalable gestion de la circulation et du stationnement
Lorsque toute activité a déserté les centres, la fonction
résidentielle demeure.
De nombreux centres historiques sont aujourd’hui de
simples quartiers d’habitation, sans grande qualité, en
raison des handicaps bien connus : difficulté d’accès et
de stationnement, absence d’espaces extérieurs privatifs,
logements inconfortables.
C’est alors que le ré-investissement de l’espace public
par la collectivité devient incontournable et doit même
s’imposer pour garantir l’intégrité physique des centres
anciens.
Entretenir l’espace public, réhabiliter les rues, ruelles,
places, placettes et passages sous porches n’améliore
pas seulement le cadre de vie quotidien des habitants
et des visiteurs. Il a un réel effet de levier sur la
réhabilitation du bâti privé, les maisons de village.
Cependant, réhabiliter l’espace public dans de bonnes
conditions, en l’adaptant à nouveau aux usages de la
marche et de l’échange, ne peut s’envisager sans, au
préalable, le libérer des fonctions de la circulation et
du stationnement automobiles !
L’anticipation communale, par la réalisation d’un plan
de circulation et par l’acquisition foncière de terrains
permettant de créer des petites poches de stationnement
en périphérie immédiate, sont des actions incontournables
pour la mise en valeur de l’espace public et la sauvegarde
des centres anciens.
*Françoise Choay, «La terre qui meurt», Ed. Fayard - 2011
**Melvin M. Webber, «L’urbain sans lieu ni bornes», Ed : Aube - 1998
Photos © CAUE 34
La vitalité des centres-anciens, aussi petits soient-ils, passe par le maintien, en leur sein, d’une activité minimale.
Si certaines municipalités délocalisent, d’autres confortent leur centre historique grâce à de nouveaux équipements :
Saint-Chinian avec l’installation de la nouvelle mairie et la création d’une médiathèque dans l’abbaye (ci-dessous à
gauche) et Castelnau-Montratier, dans le Lot, avec la création d’une maison de retraite (ci-dessous à droite).
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 15
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Comment réhabiliter l’espace public des centres anciens sans les banaliser de manière irréversible ? Comment
remplacer ces belles calades villageoises lorsque l’on sait que la réutilisation des matériaux d’origine est impossible,
dans le cadre courant de la production de l’espace bâti et des budgets qui lui sont affectés ? La commune de SaintGervais-sur-Mare, après un travail remarquable d’une dizaine d’années autour de la traversée, belle artère du XIXe, se
trouve cependant confrontée à la problématique de la ruine dans son centre historique.
Photos © CAUE 34
Calade à Saint-Gervais-sur-Mare (ci-dessus) et un ilôt dégradé (cidessous)
Espace public réhabilité à Colombiers
16 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Les centres anciens se caractérisent par un bâti
ordinaire, mais sensible dont la réhabilitation doit
faire l’objet d’un suivi architectural et de la mise en
œuvre de savoir-faire artisanaux.
Au-delà de l’espace public, la sauvegarde des centres
anciens passe aussi par la réhabilitation du bâti, qui doit
être l’affaire de tous : collectivités, propriétaires occupants
et propriétaires bailleurs. Les procédures existent et leur
mise en œuvre ne peut être que le fruit de concertations et
d’implications mutuelles. (cf page 30).
Si le CAUE est rarement sollicité dans le cadre de ce type
de procédures globales et concertées, il est, au contraire,
régulièrement questionné en matière de réhabilitation de
façades, de choix de matériaux et de couleurs.
Or le constat est alarmant. La tendance à la défiguration de
ce patrimoine fragile est, malheureusement, trop répandue.
L’absence de composition, de savoir faire et l’utilisation de
matériaux préfabriqués, en contradiction avec la nature
des bâtis anciens, tels que le PVC pour les menuiseries
et les chénaux, les enduits plastiques monocouches et le
béton pour les tuiles dénaturent sans retour la cohérence
d’un bâti fragile, dont toute la valeur tient à l’authenticité de
ses matériaux et à la qualité de leur mise en œuvre.
Un retour sur investissement par le biais de retombées
économiques et touristiques
La municipalité qui aura investi le centre ancien de la
commune, en réhabilitant l’espace public et en incitant
à la réhabilitation du bâti, aura contribué à valoriser un
témoignage culturel d’une grande valeur. L’histoire urbaine et
architecturale de la commune, ainsi réhabilitée et revalorisée,
sera ainsi transmise aux habitants, aux scolaires, aux visiteurs
et autres publics amateurs qui, par leurs visites, pourront
justifier et soutenir une économie touristique, commerciale
et artisanale et ainsi garantir, par ce biais, une vitalité des
cœurs historiques de nos villes et de nos villages !
Aspasie Kamberou - CAUE34
Photos © CAUE 34
Salasc (ci-dessous) et Mourèze (ci-contre) dans la Vallée du Salagou
soignent leur image de village par la réhabilitation du bâti et de
l’espace public de leurs centres anciens.
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 17
Réinvestir les centres anciens
Suppression d’enduits, créations d’ouvertures sans lien avec la
logique de composition des façades, installation de ferronneries de
nature pavillonnaire, de volets roulants en PVC, sont quelques-unes
des aberrations quotidiennes que subit le bâti des centres anciens.
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Le centre ancien de Lodève :
objectifs et projets
Lodève, ville d’accueil de ce 4ème atelier, voit les enjeux urbains se condenser au centre. En introduction de son
exposé, Fabien Klingelschmidt, directeur général des services de la ville, résume les atouts d’une cité d’un peu
plus de 7000 habitants, à mi-chemin entre les plateaux du Larzac et le littoral : l’omniprésence de la nature avec
les versants boisés visibles «d’où que l’on soit, y compris des ruelles du centre», et les cours d’eau ; une cohérence
architecturale et une richesse patrimoniale bien conservées, des équipements importants qui confortent le rôle
de sous-préfecture. Mais la ville a souffert des départs successifs des industries du textile et de la Cogéma, son
économie s’est fragilisée, une certaine partie de sa population s’est paupérisée et le bâti s’est dégradé.
Elus et professionnels sont invités à parcourir les différents sites
de projets, commentés par Marie-Christine Bousquet et Fabien
Klingelschimt, sur lesquels la ville et les collectivités partenaires se
sont engagées : l’immeuble Barral qui jouxte la cathédrale SaintFulcran, l’extension de l’hôpital, le chantier du lycée et celui de
la Bouquerie, point de départ d’une requalification des espaces
publics du centre.
© Document Atelier des villes et des territoires
Pour Marie-Christine Bousquet, maire, l’urgence était
«de remettre de la vie en ville» en confortant services
et équipements publics, mais aussi en lançant «une
reconquête des espaces publics du centre». Une étude
sur la circulation et le stationnement, menée en 2009,
a été relayée par un schéma global de restructuration
et requalification des espaces publics du centre. Elle
poursuit : «la ville à pied est le point fort de l’étude
urbaine que nous avons lancée en 2009*, nous avons
compris que l’effort devait porter sur cette dimension de
ville humaine, une ville que l’on peut parcourir à pied,
qui contient tout les équipements structurants à conforter
mais aussi de grandes poches foncières à investir et
de grands immeubles mutables, donc un fort potentiel
d’investissement sur le centre ville». La première action
qui est allée dans ce sens, est celle de la Région qui
décide de reconstruire le lycée professionnel sur son site.
De 380 élèves il en accueille aujourd’hui 960, avec une
nouvelle filière d’arts appliqués… «Ces jeunes en ville, ce
n’est que du bonheur, mais la ville doit s’adapter à l’essor
de cette présence. La rénovation de l’hôpital tout proche
est engagée, le projet de l’immeuble Barral permettra de
regrouper les administrations
qui mutualiseront certaines
installations… Les travaux
du plan de la Bouquerie
et l’ouverture sur la rivière
sont la première étape d’un
schéma d’ensemble qui vise
à redonner de la place aux
piétons.»
Photo © M. Bouis - CAUE 34
«Remettre de la vie en ville»
Lodève
«Tout est parti de là !
Un isochrone qui définit un
périmètre de 15 minutes
à pied du centre, périmètre
où l’action publique
doit être privilégiée.»
18 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
«Bâtir une politique
de l’habitat»
«Aujourd’hui, nous engageons une
concertation volontairement déconnectée
du PLU, avec les habitants, pour un vrai
dialogue que nous voulons serein.»
Fabien Klingelschmidt, précise : «Il
faudra retranscrire le projet urbain dans
le document d’urbanisme et engager une
résorption de l’habitat insalubre… Il nous
reste à bâtir une véritable politique de
l’habitat. Et pour cela, les expériences
des uns et des autres nous intéressent…».
L’appel est lancé et la ville a entamé,
en partenariat avec le Conseil Général,
une évaluation foncière afin de se doter
d’outils adaptés.
*se référer au journal du CAUE34, n°92, p 20-25 :
«Lodève, la reconquête d’une ville-paysage»
«La nature est omniprésente, où que l’on
soit». Les collines boisées s’inscrivent dans
les perspectives des rues et ruelles. Mais une
valorisation de l’espace public s’impose et les
nombreux visiteurs du musée Fleury doivent
pouvoir prolonger leur visite.
Photos © S. Glaizol - CAUE 34
A partir d’une double réflexion,
engagée en 2010, sur les circulations
et le stationnement d’une part, l’établissement
d’un schéma directeur des aménagements
des espaces publics d’autre part,
le plan de la Bouquerie jusqu’au quai des
Ormeaux va faire l’objet d’une restructuration
complète qui devrait redonner aux piétons un
véritable confort et valoriser l’ensemble du site.
Sylvaine Glaizol - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 19
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Espaces publics
et habitat ancien
mobilisent la Communauté de
Communes Vallée de l’Hérault
La dégradation des centres anciens serait-elle le résultat, non anticipé, de l’ouverture d’espaces
à urbaniser surdimensionnés ? Si 90% de logements neufs se font encore sous forme d’habitat
pavillonnaire, sur les 28 communes composant la communauté, plus de 2000 logements présumés
indignes ont été recensés. Un Programme d’Intérêt Général (PIG) qui découle du programme
local de l’habitat (PLH) place, aujourd’hui, le réinvestissement des centres comme une priorité.
© Photos F. Hébraud - CAUE34
Albert Sayag, directeur général adjoint de la CCVH
dénonce, dans les premiers POS, la très grande
ouverture des zones à urbaniser : «Elles représentaient
plus de 3 à 5 fois le volume du foncier dont on avait
besoin pour réaliser le PLH. Aujourd’hui, la priorité
est à la densification, en remplissant les dents creuses
et en travaillant dans les secteurs déjà urbanisés. La
diversification des offres de logements est primordiale.
Il faut des petits collectifs, des logements sociaux. Des
opérations d’aménagement d’ensemble, comme des
ZAC, permettent d’explorer d’autres formes d’habiter»,
déclare-t-il. En accompagnement de cette politique
de l’habitat, les élus ont exprimé la très forte volonté
de requalifier les espaces publics. En effet, «comment
motiver les habitants pour rénover leurs logements si la
collectivité ne fait pas d’effort pour requalifier les espaces
publics ? C’est pour cette raison que, parallèlement au
diagnostic du bâti, une partie de la mission, confiée
à un bureau d’étude, fut d’établir un état des lieux des
espaces publics de manière à engager les travaux,
en même temps que la réhabilitation des bâtiments»,
poursuit Albert Sayag.
Jean-Marcel Jover, maire de Gignac, considère que sa
commune est très représentative et illustre tout à fait les
problèmes des villages de la communauté : des centres
où l’on dénombre une forte proportion de logements
vacants dégradés, d’autres occupés par une population
vieillissante à plus de 41%. Il a conscience du véritable
défi que représente cette reconquête des centres où rien
n’a été fait depuis des décennies, mais attire l’attention
sur le risque qu’il y aurait à créer trop de logements dans
des ruelles trop étroites pour ne pas asphyxier le centre,
ce qui irait à l’encontre du but recherché.
«Il va falloir un changement total des mentalités, revoir
le rapport à la voiture. L’ambition est de réhabiliter 250
logements sur 5 ans sur l’ensemble de la communauté.
C’est un objectif qui semble pouvoir être atteint car les
financements sont en place» précise t-il.
Au-delà de ses fonctions d’agrément et de support de la vie
communautaire, les espaces publics donnent aux quartiers anciens
la respiration nécessaire à un habitat plus dense.
20 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
© Photos F. Hébraud - CAUE34
Réinvestir les centres anciens
Des outils sont mobilisés pour résorber durablement les situations d’indignité et de dépréciation du bâti, avec la requalification de l’espace
public comme effet de levier et d’entraînement.
Dégradation de l’habitat et dégradation
de l’espace public, deux phénomènes liés
A Gignac, début de réhabilitation pour cette ruelle du centre
ancien
© Photos F. Hébraud - CAUE34
La feuille de route de l’équipe pluridisciplinaire, qui s’étend
sur une durée de 12 mois, s’appuie sur 3 points forts :
• Associer, dès le départ, la double approche en matière
d’habitat et d’urbanisme.
• Etre précis à l’échelle communale et stratégique à
l’échelle intercommunale.
• Utiliser tous les dispositifs et les outils, sans a priori, et
faire preuve d’inventivité.
Siegfried Dunand, gérant de «L’Atelier des villes» spécialisé
dans la politique du logement, et Clément Bodin, urbaniste,
décrivent les cinq étapes de leur travail :
• Donner une photographie fidèle et précise des
phénomènes de vacance et d’inconfort sur la totalité du
territoire de la CCVH.
• Parallèlement, établir un diagnostic urbain, comprendre
les fonctionnements, les dysfonctionnements, pointer
les espaces dévalorisés ainsi que les opportunités de
restructuration, sur chaque commune.
• Définir des îlots qui cumulaient le plus de problèmes et
les cartographier.
• A partir de ces constats, établir une stratégie communale
et intercommunale à la fois sur l’habitat et sur l’espace
public.
• Evaluer les outils les plus appropriés et préfigurer une
mise en œuvre pré-opérationnelle.
L’exemple de Gignac illustre leur démarche : une
cartographie fait apparaître deux îlots qui conjuguent
les phénomènes de dégradation du parc et des espaces
publics peu valorisants.
A Gignac, deux îlots cumulent les phénomènes de vacance, de
dégradation du bâti et des espaces publics peu investis. Une
intervention lourde est préconisée.
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 21
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
ARBORAS
PUECHABON
MONTPEYROUX
ARGELLIERS
ST-JEAN
DE-FOS
ST-SATURNIN
DE-LUCIAN
ANIANE
ST-GUIRAUD
JONQUIERES
LAGAMAS
ST-ANDRÉ
DE-SANGONIS
BOISSIÈRE (LA )
GIGNAC
MONTARNAUD
POPIAN
ST-PAUL
ET-VALMALLE
POUZOLS
ST-BAUZILLE
DE-LA-SYLVE
POUGET (LE)
VENDEMIAN
TRESSAN
AUMELAS
GROUPE 1
PUILACHER
PLAISSAN
BELARGA
CAMPAGNAN
GROUPE 2
GROUPE 3
ST-PARGOIRE
Depuis l’établissement de cette cartographie en 2010, la
commune de Saint-Jean-de-Fos a intégré le groupe 1
© Photos F. Hébraud - CAUE34
Pour conjuguer lisibilité et efficacité du programme
d’intérêt général (PIG) sur l’ensemble des communes,
les actions ont ciblé plusieurs pistes, en combinant le
contexte urbain et les typologies. Ces études préalables,
qui posent les bases de la phase pré-opérationnelle, sont
réparties en trois groupes :
- Groupe 1 : îlots avec concentration de phénomènes
de vacances, de dépréciation immobilière (habitat et
espaces publics) et d’inconfort dans un environnement
urbain dégradé fonctionnant mal.
- Groupe 2 : existence d’opportunités immobilières ou
foncières intéressantes en raison de leur emplacement,
de leur taille ou de leur intérêt patrimonial.
- Groupe 3 : situations d’inconfort, d’inadaptation ou de
désaffectation du bâti, diffuses et sans réel impact sur le
fonctionnement urbain. Dans les 3 cas, les propriétaires
seront accompagnés et aidés financièrement dans leur
projet de remise aux normes de leur bien.
ST-GUILHEM
LE-DÉSERT
© Document CCVH
Des interventions communales
Une stratégie intercommunale
Site emblématique de la Commune de Gignac : esplanade, espaces publics et bâtiments réhabilités se valorisent réciproquement.
Gignac : Intervention publique sur un bâti communal
Grâce aux dispositifs du PIG, cet immeuble, propriété de la
commune depuis plus de 10 ans, est aujourd’hui en cours de
réhabilitation pour y créer 2 logements locatifs sociaux de
54 m2 chacun.
L’immeuble, dont la façade borde l’esplanade, va contribuer
à valoriser un des espaces majeurs de la commune.
Maître d’ouvrage : commune de Gignac
Maître d’œuvre : Dominique Perrin Architecture
Coût de la réhabilitation : 197 900 €
Financements : CCVH : 16 500 €
Région LR au titre du PAM (prime à l’amélioration) : 4 900 €
Fonds propres communaux : 50 000 €
Subvention d’équilibre CCVH : 21 500 €
Prêt Caisse dépôts et consignation au titre du PAM : 105 000 €
22 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
© Photos B. Labède
A Jonquières, la réhabilitation
de cette ancienne agence postale
a favorisé l’accueil de nouveaux
habitants au cœur du village.
Les 28 communes de la communauté,
bénéficient des aides classiques
en direction de l’habitat diffus à
réhabiliter.
Une dizaine de communes sont
concernées par des aides bonifiées sur
des centres anciens dégradés
Gignac : Intervention publique sur un îlot dégradé
En 2012, la commune fait l’acquisition de trois parcelles
bâties dont les superficies au sol varient entre 15 et
30 m2, sur 3 à 4 niveaux. Les logements, vétustes et
étroits, impossible à réhabiliter individuellement, ont été
regroupés et vont faire l’objet d’une restructuration globale
horizontale. Des surfaces plus généreuses et adaptées au
confort actuel pourront être dégagées.
Le projet architectural n’est pas encore initié, il sera
établi soit par l’intermédiaire d’un opérateur social, soit
par une consultation organisée par le maître d’ouvrage.
Cette opération, située dans la Grand’ Rue, participera à
l’embellissement du centre et s’inscrit dans le programme de
requalification des espaces publics.
Montant de l’acquisition 70 000 €
Financements : 50% CCVH, 50% fonds propre communal
Michèle Bouis - CAUE34
Communes dans lesquelles des îlots
dégradés ou des opportunités foncières
ont été identifiés et qui nécessiteront des
interventions publiques
© Photo F. Hébraud - CAUE34
© Document CCVH
Etude 2010
Trois types de périmètres
Contacts
Programme d’aides à la rénovation de logements - Service gratuit de la Vallée de l’Hérault
Numéro : 04 67 73 61 76 - www.renovissime.aideshabitat.fr
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 23
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Ganges,
le centre moyenâgeux au cœur
d’un programme d’ensemble
Maire de Ganges depuis un an et demi, mais présent au sein du conseil municipal pendant plus de
vingt ans, Michel Fratissier connaît sa ville sur le bout du doigt. Il en présente les diverses facettes
par un constat : «aujourd’hui, la préoccupation est une forte paupérisation de la population et le
risque d’un éclatement urbain, lié à la morphologie de la ville. Le projet urbain que nous avons
initié repose sur l’idée essentielle qu’il est temps de redonner à la ville une mixité sociale qui a
disparu et notamment dans le centre».
La ville de Ganges, cité industrielle spécialisée dans la
bonneterie il y a environ 50 ans, était peuplée de 5000
habitants qui se concentraient au creux du méandre
formé par l’Hérault et le Rieutord. A partir des années
70, le déclin industriel entraîne le déclin démographique.
En 20 ans la ville passe de 5000 à 3000 habitants.
Aujourd’hui elle en compte 4200 et on dénombre 400
logements vides dans le cœur ancien !
Michel Fratissier insiste : «Il y a un vrai enjeu de vitalité
urbaine mais le centre ancien ne doit pas être isolé
d’une problématique plus globale. La structure urbaine
de la ville, héritée de ce passé industriel, est constituée
par une grande densité de l’habitat. Au XIXe siècle, dans
certains appartements, vivaient dix à douze personnes.
Cet héritage est à la fois intéressant au niveau du
patrimoine, mais lourd à traiter aujourd’hui.
Mais si l’on travaille uniquement sur l’habitat, on risque
de s’essouffler, il faut travailler sur l’ensemble du projet
urbain dans toutes ses composantes en utilisant tous les
dispositifs à notre disposition.»
Une ville
à deux visages
Le maire poursuit : «A
Ganges, le centre urbain
est composé de nombreux
logements vétustes, insalubres, occupés par des
populations qui viennent
des
départements
et
des communes alentours. Ces populations s’identifient
très peu à la ville, elles sont là par hasard et souvent
négativement. Elles n’ont pas fait le choix d’habiter
Ganges, elles l’ont fait par exclusion et cela pose un
problème important lorsque l’on veut travailler sur le
centre ancien. Cette partie de la population ne côtoie
pas l’autre, celle qui a les moyens d’habiter, soit à la
périphérie de Ganges, soit dans les communes voisines.
Cette population-là bénéficie de toute l’infrastructure de
Ganges, mais paie des impôts deux fois moins élevés».
24 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Photos © CAUE 34
Réinvestir les centres anciens
La ville de Ganges dans le bras du Rieutord
Ruelle dans le vieux Ganges
«La morphologie de la ville est un facteur ségrégatif, en
effet. Au-delà de la frontière du Rieutord, se trouve le
plateau du Puech qui accueille un autre type d’habitat,
des villas, sous forme de lotissements. A l’évidence, il
y a un risque de dichotomie urbaine avec la présence
de néo-urbains qui viennent d’ici ou d’ailleurs, s’installent
dans des maisons pas trop chères et habitent la ville de
Ganges sans jamais la fréquenter.
Le cœur de la politique qui nous préoccupe aujourd’hui
est vraiment de réinvestir le centre ancien pour répondre
aux enjeux économiques, touristiques, mais aussi de
mixité. Si rien n’est fait, il y aura d’un côté, des personnes
qui vont travailler à Montpellier et, d’un autre, celles qui
n’ont pas de travail et qui habitent le cœur ancien.
L’enjeu du travail qui est mené sur la ville est de faire de
ce centre autre chose qu’un cul de sac et de le positionner
dans une problématique d’ensemble pour qu’il soit investi
par toute la population et accepté par celle-ci».
La municipalité mène de front un certain nombre de
chantiers liés à l’ensemble des problématiques urbaines.
Le plan local d’urbanisme, qui devrait voir le jour au
printemps, est lancé. «Nous avons gelé des terrains à
construire pour éviter la diffusion urbaine. C’est un risque
que je prends en tant qu’élu, parce que je ne fais pas
plaisir aux Gangeois. Mais nous mettons ces terrains en
zone différée pour éviter justement la disparité urbaine et
sociale et inciter les gens à investir dans le centre».
La municipalité a sollicité le CAUE pour travailler à
la définition d’une étude urbaine et à la rédaction de
son cahier des charges. En janvier 2011, contenu et
objectifs sont arrêtés. Le centre ancien sera replacé dans
un territoire plus large pour tenir compte de la réalité
actuelle qui positionne le centre de Ganges au coeur
d’une conurbation comprenant les communes limitrophes
de Laroque, Moules-et-Baucels et Cazillac. C’est pourquoi
l’étude urbaine insiste sur l’objectif d’une requalification
élargie, comprenant la réflexion sur l’habitat, les espaces
publics et les entrées de ville.
Le CAUE a assisté la municipalité dans la recherche de
concepteurs et suivi le déroulement de l’étude jusqu’à
la formulation des scenarii. L’équipe est composée de
Pascal Tattier, compositeur urbain et de Lucien Sambuco,
architecte urbaniste.
L’assistance du CAUE dans la définition
d’une étude urbaine.
Le Conseil Général de l’Hérault, qui développe une
politique d’aide aux études urbaines, a saisi là l’occasion
d’établir un contrat territorial avec la Communauté de
Communes des Cévennes Gangeoises pour le compte
de la ville de Ganges.
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 25
Une équipe pluridisciplinaire au travail
Pour Lucien Sambuco, architecte urbaniste, «Le diagnostic
a permis de redonner les clés de lecture de ce site qui
paraît simple dans sa globalité, mais complexe et confus
dans ses détails. En synthétisant, la problématique
urbaine se posait ainsi :
- un habitat ancien dégradé
- des espaces publics à retrouver et à requalifier,
- les entrées de ville à restructurer.
Nous avons proposé un processus de revitalisation
urbaine en ciblant l’espace public. Il faut une action
qualitative forte autour des équipements et autour des
commerces.
Il faut introduire du confort, des jardins, du végétal, régler
le problème de la sur-occupation par les voitures.»
DOSSIER
Photos © CAUE 34
Réinvestir les centres anciens
L’entrée de Ganges depuis Montpellier, un paysage à requalifier
Les espaces publics du centre-ville, envahis par le stationnement
Ce plan-guide illustre les principales composantes du projet de ville :
• La requalification de l’entrée depuis Montpellier : recomposition du carrefour (remplacement du rondpoint par un carrefour à feux), implantation de nouveaux bâtiments situés aux angles de la rue, création d’un
parc urbain sur les rives du Rieutord, et installation de l’Office de Tourisme
• La rénovation des artères structurantes par un ensemble d’actions mixtes
• Le réaménagement des places du centre ville par la création, entre autres, de squares
Il identifie :
• Deux secteurs de rénovation urbaine : le premier dans le centre historique et le deuxième dans la ville
basse actuellement occupée par une zone d’activités, réelle frontière avec le centre ancien
• Deux secteurs potentiels d’urbanisation future sur les coteaux
26 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Deux projets de renouvellement urbain
ambitieux dans le vieux Ganges
Pascal Tattier, compositeur urbain, s’attache plus
précisément à trouver les meilleurs outils d’intervention
en fonction des cas particuliers. Il commente :
«Le regard que nous avons eu, comme à notre habitude,
a été de déceler ce qui peut être réhabilité.
Il y a des privés qui se débrouillent tout seuls, ceux qu’il
faut inciter avec des aides et, dans ce cas précis, avec
la participation du Conseil Général de l’Hérault, et en
dernier lieu, les actions coercitives.
Sur Ganges, les problèmes se concentrent sur deux
gros îlots de 50 logements chacun, réhabilités dans les
années 80 et qui, depuis 30 ans, ont mal évolué.
Pour ne pas alourdir le dispositif, l’idée est d’utiliser ce
qui est déjà disponible, notamment en s’appuyant sur les
services municipaux, pour recueillir les informations. Avec
ces informations de terrain et l’examen des situations, on
détermine avec quel dispositif intervenir.»
• La réhabilitation de l’habitat indigne : une politique
basée sur l’information, le partenariat et l’animation
Sur deux autres ilôts, comportant un grand nombre
de logements indignes, une démarche, basée sur la
mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés*, est
engagée, qui porte sur :
- des actions de sensibilisation et d’information des
publics concernés
- des actions de veille pour le repérage de l’insalubrité,
de médiation (entre locataires et propriétaires),
d’accompagnement et d’aide au montage des dossiers
des propriétaires occupants les plus fragiles
- un apport de conseil technique
- un apport d’aides financières : Conseil Général
délégataire des aides de l’ANAH, aides complémentaires
du conseil Régional, du FART (fonds d’aides à la
rénovation thermique), etc.
La mairie de Ganges est fortement impliquée dans
l’animation de ce dispositif.
SIG-CG34 - Topogeodis - 2008
• Le projet de réhabilitation-démolition-reconstruction
Le projet porte sur la restructuration de deux îlots, situés
à l’est des halles. Les éléments structurants tels que les
«têtes d’îlots», leur emprise ainsi que leur gabarit sont
conservés. Les bâtiments, situés sur les côtés sud des
ilôts, sont démolis au profit de jardins, tandis qu’une
démolition-reconstruction porte sur les bâtiments nord.
Une nouvelle rue piétonne traverse l’ilôt nord tandis que
les remparts de la ville de Ganges sont mis à jour en limite
sud de l’ilôt. Une opération de dé-densification porte le
nombre de logements à 60 au lieu des 100 initiaux. Le
projet est au stade de sa pré-programmation.
Pascal Tattier présente sa méthode de travail aux participants de ce
4ème Atelier des Territoires.
Le scénario, adopté dans le cadre du projet de réhabilitationdémolition-reconstruction, aujourd’hui au niveau du pré-programme
et du cahier des charges promoteur.
*CCAS, ARS, ADIL, CG, CAF, MSA, etc...
Michèle Bouis et Aspasie Kamberou - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 27
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Ailleurs,
d’autres exemples...
Dévitalisation économique, inadéquation des logements, vacance et insalubrité, à chaque
commune de trouver les bons outils pour répondre aux bonnes questions.
Pascal Tattier, spécialisé dans les approches globales, travaille dans nombre de communes pour
mettre en place des dispositifs, parfois complexes, de reconquête d’un patrimoine difficile à
investir. Il nous livre quelques exemples, chacun marqué par ses particularités.
«Lorsque l’on répond à l’échelle de la parcelle, on peut créer
une maison de ville, comprenant parfois une pièce par niveau.
Le logement est propre, mais il n’est pas adapté aux besoins
actuels et une fois l’opération terminée, on est bloqué pour 30
ans à cet endroit-là. Une suite de petites interventions comme
celle-là risque de créer un mitage de bonne intention, mais
empêche une opération d’ensemble plus ambitieuse qui aurait
pu apporter des changements plus profonds». Ainsi, Pascal
Tattier préconise fortement de penser, non pas à l’échelle du
logement ou même de la parcelle, mais d’avoir une réflexion
globale à l’échelle d’un îlot. C’est, selon lui, le seul moyen
d’avoir un réel impact sur la transformation des habitations.
On peut alors traiter l’insalubrité, le péril et l’intérêt patrimonial,
mais également ouvrir les îlots, aérer le tissu et créer de l’espace
public souvent peu développé en centre dense.
Les solutions passent souvent par des actions incontournables :
• Dédensifier
• Eclairer
• Adapter les logements aux modes de vie actuels
• Trouver des extensions extérieures (jardins, terrasses,
séchoirs)
Pour identifier les poches ou les îlots à traiter, il est nécessaire
de superposer plusieurs niveaux d’études, notamment celles
relatives à la vacance et à l’habitat indigne.
Biens privés vacants
• Uzerche (Corrèze)
L’espace public comme lien et point de départ d’une
reconquête urbaine
Liaisons piétonnes
à favoriser
Malgré la petite taille de cette ville de 3 000 habitants,
l’équipe municipale s’est dotée d’un projet urbain global
en tenant compte de l’intérêt patrimonial que présente «la
perle du Limousin». Il a été décidé, outre un travail sur les
entrées de ville, d’opérer le désenclavement du centre ville
et le réaménagement des espaces publics du centre ancien.
Deux passerelles de franchissement de la rivière la Vézere ont
permis de lier le coeur de ville situé dans la boucle du cours
d’eau avec les extensions sur l’autre rive. Le réaménagement
des berges a achevé de transformer ce qui était une frontière
en espaces qualitatifs rendus aux habitants.
Lorsqu’un projet global est ainsi affiché, dénotant une volonté
politique forte, il est plus facile d’inciter les partenaires
financiers à s’impliquer. En parallèle, la municipalité a montré
l’exemple en réhabilitant les espaces publics, ce qui fut un
élément déclencheur des projets privés. Ainsi, une spirale
vertueuse de transformations s’est mise en place.
Espaces verts
paysagés
Rues et places
Equipements
à programmer
Equipements
existants
© Photo Roby
Porte de ville
L’enchaînement des espaces publics et leur requalification offrent
un cadre adéquat à une politique publique de reconquête du bâti
dégradé.
28 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
© Document P. Tattier
Uzerche, traversé par la Vézere
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
Le Muy (Var)
© Document P. Tattier
Etat des lieux en 1998
Etat des lieux en 2003
• Le Muy (Var)
Au Muy, c’est à l’échelle de l’îlot qu’a pu être conduite la
reconquête d’un patrimoine dégradé. Faisant suite à une
opération de RHI*, les acquisitions ont été facilitées et
l’opération en partie financée (par la DDE puis l’ANAH).
Les clés d’une reconquête :
Dédensifier :
Création de passages piétons permettant une meilleure
circulation dans ce tissu dense du centre ancien.
Création de cours et de placettes pour renforcer la proportion
des espaces publics.
Afin de conserver l’histoire et l’identité du lieu, les rythmes
parcellaires ainsi que les tracés viaires ont été préservés.
Eclairer :
La résorption des logements sombres a été assurée par le
percement de 64 fenêtres, notamment sur les nouvelles places,
réduisant à 13m la profondeur maximale du bâti qui pouvait
précédemment atteindre jusqu’à 25m. (ci-dessous)
Adapter les logements : «Que faire des rez-de-chaussée ?»
Lorsque la rue s’y prête, ils accueillent du commerce ou des
professions libérales.
Souvent faiblement éclairés, les rez-de-chaussée conviennent
difficilement à un usage d’habitation, même s’ils peuvent
présenter un avantage pour les personnes à mobilité réduite
ou les personnes âgées, en évitant des investissements lourds
comme la création d’ascenseurs. Une modification des
typologies peut permettre d’y créer des duplex, les pièces de
vie se situant à l’étage supérieur.
Dans le cas d’une programmation à l’échelle de l’îlot, on peut
également envisager d’y créer de grands halls d’accès et des
locaux de services (vélos, poussettes, poubelles etc…) voire
du stationnement quand les ouvertures s’y prêtent.
Le traitement des rez-de-chaussée est essentiel car ils participent
à la définition de l’espace public, à une nouvelle dynamique
et à l’image d’un renouveau des centres.
RHI* : résorption de l’habitat insalubre
© Document P. Tattier
L’éclairement avant la mise en œuvre opérationnelle
N
L’éclairement après la création des 4 placette,
des cours et des 64 ouvertures
N
Le Muy (Var)
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 29
DOSSIER
Réinvestir les centres anciens
• Tulle, Corrèze
© Photo Site officiel Ville de Tulle
Escaliers et balcons, une identité architecturale
à préserver
A Tulle, l’enjeu historique et patrimonial très fort a nécessité une
collaboration étroite avec l’ABF. Des ouvertures du XVIIe ont
été conservées et restituées, un escalier à vis a été maintenu
dans sa tour reconstituée. Des balcons saillants en bois, ayant
une forte empreinte architecturale pour la ville, ont également
été reconstruits à l’identique.
Malgré ces contraintes architecturales relativement courantes
en centre historique, la procédure a été rapide :
2001 : Expertise urbaine
2002-2003 : Acquisitions et démolitions
2004-2005 : Vente des terrains et début des constructions
Les bailleurs sociaux ont pris la suite dans un contexte
patrimonial désormais encadré.
Tulle : un patrimoine remarquable par son architecture, ses
balcons de bois, ses ruelles.
Restitution des ouvertures du XVIIe
© Photo P. Tattier
Maintien d’un escalier à vis et reconstitution de sa tour
Clara Malaud - CAUE34
Les outils de la rénovation
© Photo F. Hébraud - CAUE34
Les opérations de rénovation urbaine bénéficiant du PNRQAD - Programme national de requalification
des quartiers anciens dégradés - en dehors de leur financement spécifique, s’appuient également sur
d’autres dispositifs : les opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH) éventuellement
déclinées en OPAH – renouvellement urbain (OPAH-RU), les opérations de restauration immobilière
(ORI), la résorption de l’habitat insalubre (RHI) et les programmes d’intérêt général (PIG).
La réhabilitation abordée globalement
Instauré par la loi du 25 mars 2009 de mobilisation pour
le logement et la lutte contre l’exclusion, le programme
national de requalification des quartiers anciens
dégradés vise à engager les actions nécessaires à une
requalification globale de ces quartiers, tout en favorisant
la mixité sociale et en recherchant un meilleur équilibre
entre l’habitat et la présence d’activités de services.
Il concentre des moyens ciblés pour réhabiliter des
logements privés, produire des logements sociaux et des
places d’hébergement, développer des services et des
équipements et aménager les espaces publics.
30 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94
DOSSIER
© Photo P. Buffard - CAUE 34 - St Jean de Fos
Réinvestir les centres anciens
Réinvestir les centres anciens c’est se donner les moyens de contenir l’étalement urbain. C’est aussi offrir aux habitants une
vie communautaire où la solidarité a encore sa place.
Les Opérations Programmées d’Amélioration
de l’Habitat
Elles ont pour objet la réhabilitation des bâtiments
et donnent lieu à une convention entre la collectivité
compétente, l’Agence Nationale de l’Habitat et l’Etat.
Selon la circulaire du 8 novembre 2002, l’OPAH de
renouvellement urbain permet de traiter les territoires
confrontés à de graves dysfonctionnements, nécessitant
en sus des actions faisant notamment appel à des outils
coercitifs.Dans ce type d’OPAH, les subventions sont
majorées pour les études comme pour les travaux.
La résorption de l’habitat insalubre
Cette procédure permet l’acquisition d’immeubles
impropres à l’habitation, à des conditions avantageuses
pour la collectivité. Elle concerne :
- soit des édifices ayant fait l’objet d’un arrêté de péril,
pris par le maire ou à défaut par le représentant de l’Etat
et assorti d’une ordonnance de démolition ou d’une
interdiction définitive d’habiter,
- soit des bâtiments déclarés insalubres par le représentant
de l’Etat, sous réserve que l’insalubrité soit jugée
irrémédiable, c’est-à-dire qu’il n’existe aucun moyen
technique pour y remédier ou que les travaux requis
soient plus onéreux que la reconstruction. La procédure
est simplifiée. Il n’y a pas d’enquête publique et
l’expropriation est décidée par un seul arrêté préfectoral,
lequel vaut déclaration d’utilité publique et arrêté de
cessibilité. L’indemnité d’expropriation est calculée sur la
base de la valeur vénale pour le propriétaire occupant,
et du terrain nu, déduction faite des frais de démolition,
pour le bailleur. Le coût du relogement des locataires est
à la charge du propriétaire. Par ailleurs, le déficit de
l’opération est pris en charge par l’ANAH.
A titre exceptionnel, il en est également ainsi dans le cadre
du dispositif THIRORI (traitement de l’habitat insalubre
remédiable, opération de restauration immobilière)
pour les immeubles en insalubrité irrémédiable que la
collectivité veut conserver, pour ceux couverts par un
arrêté d’insalubrité remédiable et pour ceux acquis dans
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 31
le cadre d’une opération de restauration immobilière en
cas de carence du propriétaire.
Les opérations de restauration immobilière
Elles ont été instituées par la loi Malraux de 1962 sur
les secteurs sauvegardés. Sont concernés tous travaux
ou démolitions, de nature à transformer les conditions
d’habitabilité des immeubles. Deux cas se présentant :
soit les travaux sont prévus par le plan de sauvegarde et
de mise en valeur du secteur, soit ils sont déclarés d’utilité
publique par la collectivité ou l’Etat. Le programme doit
être arrêté pour chaque immeuble à restaurer. Si le
propriétaire n’exécute pas les travaux requis, il peut être
exproprié.
Un des avantages du dispositif est son régime fiscal.
Les travaux relatifs aux immeubles situés dans un secteur
sauvegardé, une zone de protection du patrimoine
architectural, urbain, et paysager ou un quartier couvert
par le programme national de rénovation des quartiers
anciens dégradés (article 27 de la loi du 25 mars
2009) instaurant le PNRQAD, ouvrent droit à réduction
d’impôt pour les propriétaires des logements ou des
locaux d’activité, loués pendant neuf ans. Ceux-ci
peuvent déduire le coût des travaux, à hauteur de 22%,
voire 30% dans les secteurs sauvegardés et les quartiers
anciens dégradés. Cette réduction peut être effectuée six
ans durant, dans une limite annuelle de 100 000 €.
Le programme d’intérêt général
Visant à améliorer des immeubles ou des logements, il
est lancé à l’initiative de la collectivité territoriale, sur la
base d’une contractualisation préalable avec l’Etat, ou à
défaut, sur décision propre de l’Etat.
Source documentaire :
DIAGONAL revue des équipes d’urbanisme
Juin 2012 N° 185 - Direction générale de l’aménagement du logement
et de la nature Renseignements : 01 40 81 15 28
Conférences
«Perspectives»
Un nouveau cycle de rencontres mensuelles
autour de l’architecture, de l’urbanisme et de
l’environnement a été mis en place en septembre dernier à PierresVives la Cité des savoirs et
du sport pour tous, à Montpellier.
Prochain rendez-vous :
24 janvier à 19 h : «Diagramme(s) : du dessin
au dessin» par Odile Decq, architecte urbaniste, directrice de l’Ecole Spéciale d’Architecture,
Sony Devabhaktuni, et Jacques Sautereau,
architectes.
Rens : 04 67 67 30 22.
«Cafés patrimoine et architectures»
Ce rendez-vous mensuel, organisé par l’Association Patrimoine et Architectures, en partenariat avec la Maison de l’Architecture LanguedocRoussillon, se tient les mercredis à 19 heures au
Café Riche, Place de la Comédie à Montpellier.
Prochaines dates :
23 janvier 2013 : «Aux premiers temps de
l’urbanisme» avec Corinne Castel-Nogrette,
Archéologue, Chercheur au CNRS, Maison de
l’Orient et de la Méditerranée à Lyon.
6 février 2013 : «D’un extrême à l’autre» avec
Philippe Coignet, Paysagiste, Agence OLM .
Rens : 04 67 69 37 27 - 06 87 85 62 48.
www.patrimoine-architectures.com
«Café Climat»
Organisé par l’Agence Locale de l’Energie, le
prochain rendez-vous est fixé au mardi 13
février à 18h30. Il se tiendra au 2 Place Paul
Bec à Montpellier sous l’intitulé : «Venez vivre un
test d’étanchéité à l’air !»
Rens : ALE. Tél : 04 67 91 96 96.
www.ale-montpellier.org
Ou Nicolas Cattin. Tél : 04 67 91 96 93.
Manifestation
«Biodiversité»
Thème du programme de manifestations organisées en 2013 par la Maison Départementale
de l’Environnement. Expositions, conférences,
sorties, ateliers seront proposés à Prades-le-Lez
ainsi qu’à l’antenne d’Olargues.
Programme complet : MDE. www.herault.fr/
environnement - Tél : 04 99 62 09 40.
Tél Olargues : 04 67 97 88 01.
Salon
«Habitat Sud»
Salon regroupant tous les professionnels des
secteurs de la construction, la rénovation, la
performance énergétique, l’aménagement intérieur et extérieur, la décoration, le bricolage. A
noter la participation du CAUE à ces journées.
Du 4 au 7 avril 2013 au Parc des Expos de
Montpellier.
Tél 04 67 17 67 17.
www.habitat-montpellier.com
Expositions
«Bernard Plossu 8 / Super 8 et quelques photos d’architecture
Trois films Super 8 + 67 photogrammes + 1
livre pour découvrir les derniers travaux du
photographe Bernard Plossu. A voir également
trois séries de photographies autour de l’architecture : «La Villa Noailles», «Impair et passe»
avec des textes de l’architecte Rudy Ricciotti et
«A propos de Rudy Ricciotti».
Jusqu’au 1er février 2013 à la galerie La Fenêtre, 27 rue
Frédéric Peysson à Montpellier. Ouvert : jeudi, vendredi et
samedi, de 15 h à 19 h. Rens : [email protected]
A noter, le 24 janvier, à 18 h, la présence de B. Plossu
pour la signature de son ouvrage. Une projection des films
«Marseille en automne» et «Sur la voie» sont également
programmés.
«Adieu la Suisse ! Construction et déconstruction d’un mythe photographique»
12 photographes et un vidéaste contemporains portent
leur regard sur l’évolution du paysage suisse, sa dégradation, loin de l’image mythique d’une Helvétie tournée vers
la nature vierge et la ruralité tranquille.
Jusqu’au 10 février 2013 au Pavillon Populaire de Montpellier. Tél : 04 67 66 13 46.
Jeu éducatif de la photographie : Pause Photo Prose
Conçu par Les Rencontres d’Arles ce jeu d’équipe propose
de se questionner sur l’origine des photographies, leur
polysémie, leurs usages. Mettre ensemble des mots sur
des photos permet de sortir du simple «J’aime/j’aime
pas» pour tendre vers une autonomie du regard, aiguiser
son œil de citoyen, de consommateur d’image, se forger
un point de vue personnel et le partager avec d’autres.
Animée par un ou plusieurs animateurs, une partie peut
rassembler jusqu‘à 36 participants. Cet outil s’adresse à
un public de tout âge, spécialiste ou néophyte. Aucune
connaissance en photographie n’est requise. Édition
limitée en vente exclusive sur le site des rencontres
d’Arles : [email protected] - au prix de
129 € + 12 € de port
www.rencontres-arles.com
Tel.+33 (0)4 90 96 76 06
Documentation
Dernières acquisitions du CAUE34
• L’architecture au futur depuis 1889
Jean-Louis Cohen, Ed. Phaidon, 2012
• Parcours d’architectes
Jimi Cheynut, Pierre Lefèvre, Ed. Le Cavalier Bleu, 2012
• Green architecture now ! 2
Philip Jodidio, Ed. Taschen , 2012
• Architecture low cost, low tech : inventions et stratégies
Alessandro Rocca, Ed. Actes Sud, 2010
• Petite histoire de l’architecture : Dijon depuis l’an 1000
Collectif, Ed. du CAUE de Côte d’Or, 2011
• Petit guide d’architecture contemporaine : Dijon depuis
1950 - Collectif, Ed. du CAUE de Côte d’Or, 2012
• Estuaire Nantes – Saint-Nazaire
Ariella Masboungi, Ed. Le Moniteur, 2012
• Une autre ville sinon rien
Elisabeth Pélegrin-Genel, Ed. La Découverte, 2012
• Reconquérir les rues : exemples à travers le monde et
pistes d’action pour des villes où l’on aimerait habiter
Nicolas Soulier, Ed. Eugen Ulmer, 2012
• Voir : une visite de 15 opérations de logements denses
remarquables - CAUE des Bouches-du-Rhône, 2012
• Faymoreau : les corons du XXIe siècle
Concours d’idées : 41 projets pour imaginer l’habitat de
demain - CAUE de la Vendée, 2012
• La mise à double sens cyclable : guide pratique et méthodologique - Thomas Jouannot, Ed. du Certu, 2012
• L’agriculture dans les Scot
Terres en Ville, Ed. du Certu, 2012
• Le PLU
Hercé Steve, Ed. Le Moniteur, 4ème édition, 2011
• Plan de Déplacements Urbains 2010-2012
Montpellier Agglomération, 2012
• Montpellier by tram
Marion Le Treut, Ed. Tram d’Histoire, 2012
• Lire le paysage
Les Cahiers de l’Ecole de Blois, n°10, mars 2012
32
• Stratégies végétales : petits arrangements et
grandes manoeuvres
Benoît Garrone, Philippe Martin, Bertrand
Schatz, Ed. Les Ecologistes de l’Euzière, 2012
• Plantes et toxicité
Josette Fabre, Léon Vesper, Ed. Hortimage, 2012
• «L’énergie autrement»
Hors-Série Alternatives Economiques, février 2012
• Les trois petits cochons
Steven Guarnaccia, Ed. Helium, 2010
• Toutes les maisons sont dans la nature
Didier Cornille, Ed. Helium, 2012
• Gaudi en pop-up
Courtney Watson McCarthy, Ed. du Chêne, 2012
Dans la collection Duo / monuments-objets,
réalisée par la Drac Languedoc-Roussillon en
2012 :
• «Armand Pellier, architecte, de la pierre du
Pont du Gard à la modernité»
Anne-Marie Llanta, Josette Clier, Michèle François
• «Le campus de la faculté des lettres et sciences
humaines de Montpellier»
Yvon Comte, Hélène Palouzié, Jean-François Pinchon
• «Les monuments historiques et la pierre»
Henri de La Boisse, Philippe Bromblet, David
Dessandier, Thierry Dubessy, Lise Leroux, Patrick
Palem.
Dans la nouvelle collection Duo / découvertesjeux, réalisée par la DRAC Languedoc-Roussillon en 2012 :
«Objectif Cathédrales : Saint-Nazaire de Carcassonne», Delphine Christophe, Jackie Estimbre, Laurent Barrenechea
«Objectif Cathédrales : Saint-Jean-Baptiste de
Perpignan», Laurent Barrenechea, Delphine
Christophe, Jackie Estimbre
DVD réalisés par l’Unité audiovisuelle du Pôle du
développement humain du Conseil Général de
l’Hérault :
«Pierresvives : l’art des bâtisseurs du XXIe siècle»
Luc Bazin, DVD 60 minutes, juin 2012
«L’Hôtel du Département de l’Hérault, livraison
1987 : entretien avec Pierre Tourre, architecte»
Luc Bazin, DVD 14 minutes, septembre 2012
Marie Twardowski, Documentaliste - CAUE34
Président de la publication
Michel Guibal, président du CAUE de l’Hérault
19 rue Saint Louis - 34000 Montpellier
Tél. 04 99 133 700 • Fax. 04 99 133 710
Mail : [email protected]
http://herault.caue-lr.org/• http://www.caue-lr.org/
Journal téléchargeable sur le site du CAUE34
Document imprimé avec de l’encre végétale sur papier couché moderne
satiné fabriqué à partir de pâte sans chlore - PEFC
Imprimerie Atelier Six 04 67 63 52 00
Tirage 2 000 ex. / N° ISSN 2106 - 8461
Conception graphique Frédéric Hébraud - CAUE34
le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94

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