Musée de la préhistoire, Nemours

Transcription

Musée de la préhistoire, Nemours
Musée Départemental
de la Préhistoire à Nemours
La nature au plus près
Il y a peu de doutes que ce musée conçu par Roland
Simounet reste un témoignage majeur de l’architecture du XX° siècle, d’un de ses courants les plus
innovants, qui a voulu d’abord penser sa relation à
l’environnement, et dont l’architecte Tadao Ando a
parfaitement décrit la philosophie. « Savoir comment
placer une maison sur un terrain c'est avant tout penser
la forme du terrain. Mais ce terrain et chaque partie de la
maison doivent être étudiés dans les détails. Jusqu'à la
position des arbres, dehors, comment on les perçoit de la
fenêtre, à l'intérieur... D'une façon générale, l'architecture ne doit pas trop dire, elle doit rester silencieuse,
laisser parler la nature. Le terrain raconte à l'architecte
ce qu'il faut bâtir. Il faut connaître l'orientation du site,
la position des arbres, la nature du lieu et les divers
éléments naturels. Je crois qu'il faut tenter d'exploiter
dans l'architecture l'expression et la parole de la nature.
Çà ne veut pas dire qu'il faille la copier. Ni l'introduire
en surface, planter simplement trois arbres au hasard.
Accueillir la nature, c'est tenir compte du son de la pluie,
des bruits de la vie... C'est cette respiration qui peut
provoquer celle de l'architecture immobile. Et mes
bâtiments que certains perçoivent comme des boîtes
brutales de béton, vont dans ce sens. Le béton armé se
salit, se délabre avec le temps. Le fer s'oxyde parce qu'il
respire. » (1)
la reconstitution de milieux représentatifs de ceux
évoqués dans la muséographie, assurent la transparence du bâtiment, y font entrer un milieu naturel
qui d’abord intègre, puis finit par habiter le projet.
On est projeté dans un temps où l’idée de jardin ne
pouvait exister comme nous l’entendons, un espace
de cueillette. En même temps cette réalisation
précède les « jardins naturels » d’aujourd’hui,
convocations d’une nature plus proche, si possible
« authentique » bien que pacifiée depuis très
longtemps. Ainsi, le musée de Nemours peut être
considéré comme une étape vers cette idée devenue
courante de jardin naturel. Il fait comprendre qu’un
résultat d’apparence minimaliste ne s’atteint pas
avec peu d’efforts, mais le contraire : c’est en
accumulant les relevés de terrains, les esquisses,
que le projet a une chance d’apparaître un jour
comme allant de soi, immergé dans la nature, la
« laissant parler », « respirant » avec elle. Roland
Simounet, par son talent, nous fait croire que l’on
peut y parvenir sans erreur, sans efforts presque,
par la magie d’un simple tracé au crayon sur une
feuille de calque, d’un suivi de chantier sans failles.
Plus souvent, la durée, les minutieux rattrapages
d’un jardinage quotidien sont inévitables, une leçon
de patience, un apprentissage chaque fois remis à
jour ...
Le lieu était exceptionnel
: rochers, pente,
sous-bois, orientation additionnent les qualités, et le
programme fournissait le prétexte idéal d’une mise
en scène d’un potentiel aussi rare. Implantation,
volumétrie, orientations, ouvertures, matériau,
lumière naturelle, et d’innombrables détails
racontent cette recherche minutieuse, d’un respect,
d’une connivence avec la « parole de la nature »
évoquée par Tadao Ando. Les patios intérieurs, avec
Bertrand Deladerrière, paysagiste
(1) Tadao Ando, revue d'Architecture, mai 1991
CAUE 77 - En 2 mots - Septembre 2003 - n°96
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