mediamerica decembre 2010
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Newsletter N°77 – Décembre 2010 DOSSIER SPECIAL : Future of Television et Digital Hollywood New York, points forts des deux conférences Date : 7/12/2010 Deux conférences concernant l’avenir de la télévision et réunissant des professionnels de tous les secteurs d’activités de l’audiovisuel (chaînes de télévision, plates-formes de distribution de contenu sur Internet, agences de publicité, cabinets de conseil, etc.) se sont tenues à New York mi-novembre. Depuis 1990, le groupe Digital Hollywood met en place des conférences sur les médias à travers le monde, dont le Digital Hollywood New York, qui s’est tenu cette année du 10 au 12 Novembre. Sur un thème similaire, la conférence Future of Television est organisée chaque année depuis 7 ans par la Stern School of business de New York University (NYU) et Digital Media Wire, publication sur les médias qui prend part à l’organisation de plusieurs événements dans le pays. Ces deux conférences ont donné l’occasion aux professionnels des médias américains d’aborder les thèmes qui font l’actualité de leur domaine d’activités, dont le phénomène du cord cutting, les télévisions connectées et plus généralement tous les services over the top (OTT), c’est-à-dire les services utilisant Internet, structure existante installée par un autre acteur, pour fournir un flux média vidéo et audio (comme YouTube, Netflix, GoogleTV, etc.). - Cord Cutting versus Cord Keeping En ce qui concerne le cord cutting (Voir l’article Cord-Cutting : analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis), phénomène qui désigne l’attitude des clients d’une offre de télévision payante qui résilient leur abonnement en faveur de solutions alternatives sur Internet (comme Netflix), un large consensus régnait parmi les professionnels réunis, venant pourtant de branches très différentes du secteur de l’audiovisuel. Aucun ne croit aux dangers immédiats du cord cutting et la plupart pense que le modèle de distribution tel qu’il existe sera encore valable pendant quelques années. Seul Mark Mackenzie, Head-Telecom/Media/Tech Venture Capital de la société d’investissement AllianceBernstein, a affirmé que le cord cutting (littéralement « couper le cordon ») était un phénomène réel : « Les Américains ont, pour la plupart, « coupé le cordon » de leur ligne de téléphone fixe, pourquoi ne le feraient-ils pas avec le câble ? ». En revanche, pour Matthew Blank, Chairman & CEO de la chaîne premium du câble Showtime Networks, il est trop tôt pour prévoir comment la situation va évoluer : « C’est tout d’abord un problème lié à la situation économique et les chiffres n’ont rien d’affolant », affirme-t-il. Les professionnels sont généralement d’avis que les consommateurs préfèrent payer un abonnement et avoir un contenu édité, plutôt que de se retrouver seul face à l’infinité de choix d’Internet. C’est la position défendue par Simon Calver, CEO de la société britannique Lovefilm, un service de location de DVD et de visionnage en ligne. De la même manière, Paul Kontonis, VP/Group Director, Brand Content, The Third Act chez Digitas, cabinet de conseil dans le secteur des médias, pense que les téléspectateurs ajoutent des écrans : « Ils ne délaissent pas l’un pour l’autre ». C’est ce qu’a souligné une étude réalisée par la Cable & Telecommunications Association for Marketing (CTAM) en collaboration avec Todd Cunningham, SVP, Strategic Insights & Research chez MTV Networks. Cette étude a notamment mis en avant le terme de cord keeper par opposition au cord cutting. Selon ses conclusions, plus de 80% des gens qui regardent des programmes en ligne regardent autant, voir plus, la télévision que les autres téléspectateurs. Et 92% d’entre eux ont un service de télévision payante. Todd Cunningham souligne que, selon cette enquête, « les consommateurs trouvent en ligne ce qu’ils veulent regarder, et après, ils retournent à la télévision pour le regarder ». (Retrouver l’étude payante : www.ctam.com/internetvideo/pages/default.aspx) Certains pensent que le cord cutting est, pour le moment, limité, car les utilisateurs n’ont pas le choix, que ce soit pour conserver leur abonnement au téléphone et à Internet, comme le mentionne Shannon O'Neill, SVP, GM de la chaîne câblée The Golf Channel, ou pour continuer à regarder les programmes de sport, comme l’affirme Jim Funk, VP Development chez Roku, lecteur de vidéo en format numérique. Ce dernier pense également qu’il y a une grande insatisfaction des utilisateurs vis-à-vis des opérateurs du câble et du satellite, dont les offres sont souvent chères et dont le service est peu fiable. D’autre part, les téléspectateurs veulent de plus en plus un service à la demande. Il est donc nécessaire, selon lui, de revoir le mode de fonctionnement de la télévision payante. D’autres encore pensent que le cord cutting n’est pas le vrai problème. La question majeure concerne le choix que feront les jeunes adultes qui pénètrent le marché pour visionner du contenu, étant donné le nombre de possibilités qui sont à leur portée. Matthew Blank de Showtimes et Avner Ronen, fondateur et CEO de Boxee, lecteur de vidéo en format numérique, se retrouvent sur ce point. Ce dernier ajoute que la vraie question qui se pose aux professionnels des médias aujourd’hui est la suivante : « Est-ce que les jeunes qui s’installent aujourd’hui vont vouloir payer pour regarder du contenu ? ». - Over the Top Concernant les télévisions connectées, smart devices et autres appareils over the top (OTT), le débat portait sur la manière d’appréhender ces nouvelles plates-formes. Comment distribuer son contenu sur ces plates-formes et surtout, comment rentabiliser la distribution de ce contenu ? Les intervenants étaient généralement d’accord pour attribuer à Netflix la 1ère place dans le classement des services OTT aux Etats-Unis. C’était notamment le cas de Bruce Eisen, Vice President, Online Content Development & Strategy chez DISH Network, le deuxième opérateur satellite aux Etats-Unis, qui souligne que le succès de Netflix tient surtout à son intégration sur le maximum d’interfaces possibles. A l’inverse, il pense que le problème d’Apple TV est son mode de distribution, c’est-à-dire le boîtier. Pour lui, « Apple doit faire évoluer la technologie afin que l’Apple TV puisse, comme Netflix, être sur d’autres plates-formes ». Pour Mark Garner, Senior Vice President, Digital Distribution, Marketing, and Business Development pour le réseau de chaînes câblées A&E Television Networks (AETN), c’est en effet la mobilité qui a fait le succès des autres produits d’Apple. Or, Apple TV n’est pas mobile et c’est un obstacle à son développement. D’autre part, nombreux sont ceux qui pensent qu’il va y avoir une concentration des technologies. Pour Simon Calver, toutes les technologies vont se concentrer sur un seul appareil. Pour le moment, la plupart des services OTT ont été créés pour une utilisation sur ordinateur. Toutefois, les gens n’iront bientôt plus sur leur ordinateur. Pour lui, l’avenir est dans les smart devices et dans les télévisions connectées (Voir article : Télévisions connectées : Google lance Google TV). Et selon Marc N. DeBevoise, Senior Vice President – Digital Media, Business Development & Strategy de la chaîne premium du câble Starz, « celui qui gagnera sur ce marché sera celui qui aura l’interface la plus simple à utiliser. Ce ne sera pas forcément une question de prix ». Avner Ronen, de Boxee, pense que les technologies vont continuer à évoluer, mais pour lui, aucune innovation majeure ne viendra des sociétés traditionnelles. Les nouveaux modèles viendront, selon lui, d’Internet et des fournisseurs de contenu. Il cite en exemple la TVIP, développée par les sociétés de télécommunications comme Verizon et AT&T. Voilà est une promesse qui ne s’est jamais réalisée. L’attitude des fournisseurs de contenu par rapport aux OTT varie. Matthew Blank de Showtime souligne qu’aucun programme de son groupe n’est sur Netflix : « Nous pensons pouvoir faire payer plus aux consommateurs pour accéder à notre contenu ». Showtime pense en effet que les bénéfices que la chaîne du câble tirerait d’une collaboration avec Netflix seraient moindres que ce qu’elle peut en tirer en distribuant ses programmes elle-même sur Internet. Cela confirme l’idée de Michael Alexander, Strategy & Growth Initiative chez IBM Global Telecommunications Industry selon laquelle les fournisseurs de contenu veulent accéder directement aux consommateurs, en se passant des intermédiaires, avec leurs propres sites Internet. Ainsi, comme le souligne Pam Schechter, Vice President, Business Affairs, Digital and Cable Entertainment du groupe de médias NBC/Universal, les networks tentent de récupérer les droits numériques des programmes pour les diffuser sur Internet, alors que les studios veulent conserver ces droits : « C’est une situation où chacun tente de tirer la couverture à soi », ajoute-telle. Elle souligne que les contrats sont à plus court terme, car personne ne sait comment la situation va évoluer, et pense qu’un changement dans les accords de licence entre les studios et les networks est nécessaire. Dan Suratt, Executive Vice President, Digital Media and Business Development d’A&E Television Networks (AETN), tente d’expliquer la retenue de nombreux fournisseurs de contenu vis-à-vis des opérateurs de télévision connectée et des plates-formes numériques en général : « Il vaut mieux dire non maintenant que plus tard : il est difficile de revenir en arrière une fois qu’on a dit oui. Et une fois qu’on a accepté de proposer son contenu gratuitement sur Internet, on ne peut plus le faire payer ». Tom Gorke, Vice President, Digital Distribution de la chaîne du câble MTV Networks, abonde dans son sens. S’il est d’avis que les télévisions connectées représentent une opportunité d’accroître l’engagement du téléspectateur vis-àvis du programme, il se demande comment pénétrer ce marché, alors que le modèle économique n’est pas encore bien défini et qu’il n’y a pas encore de masse critique de consommateurs. De la même manière, Matthew Blank de Showtime explique que sa société ne veut pas passer à un modèle économique moins rentable : « Il y a de vraies opportunités sur le web, mais elles sont encore difficiles à exploiter ». Certains ont choisi d’exploiter les possibilités qu’offre Internet à travers les réseaux sociaux. Ainsi, si la facilité qu’ont désormais les spectateurs pour exprimer leur opinion fait que certaines séries disparaissent plus rapidement qu’auparavant, les professionnels constatent un véritable engagement des spectateurs sur Internet, même quand les taux d’audience ne sont pas bons. « C’est nouveau et cela compte », note Colin Helms, Vice President of MTV Digital chez MTV Networks. Les réseaux sociaux sont un très bon moyen de toucher le public et tout moyen de toucher le public est bon à prendre, souligne David Puner, Director of Social Media au sein du groupe Havas Digital : « Une chaîne en tant que marque peut attirer le public vers un programme de la même manière qu’un programme peut conduire le public à regarder une chaîne », ajoute-t-il. Beaucoup sont d’accord sur le fait que le système actuel est très efficace pour distribuer le contenu. Mais comme le remarque Paul Glist, Co-Chair, Communication, Media & IT Practice / Partner, du cabinet juridique Davis Wright Tremaine, « si la vidéo bouge du câble à Internet, le contenu va perdre de sa valeur. Les revenus seront trop faibles et le système ne sera pas durable ». Martez Moore, Executive Vice President of Operations, Digital Media de la chaîne du câble BET Networks, partage son opinion. Pour lui, en ayant recours aux nouvelles plates-formes, « il est difficile de ne pas porter préjudice à notre cœur de métier et de revenus qu’est la télévision linéaire ». Ainsi, il affirme que « si les plates-formes OTT sont un succès, cela signifie la fin du modèle économique du câble ». - Vers la fin des « agrégateurs » de contenu ? Avec le développement des services OTT et la volonté des producteurs et des fournisseurs de contenu de toucher directement le public en se passant des intermédiaires, certains se posent la question du rôle des « agrégateurs » de contenu (content aggregator) du type réseaux de chaînes câblées, câblo-opérateurs ou chaînes de télévision. Pour Bruce Eisen de DISH Network, le système ne peut pas se passer d’intermédiaires, car c’est eux qui le font fonctionner, grâce aux milliards de dollars qu’ils engrangent chaque année et qu’ils réinjectent dans ce système. Tim Connolly, VP Mobile and TV Everywhere Programs chez Disney/ESPN/ABC, est également d’avis que le modèle actuel fonctionne bien. Il propose beaucoup de chaînes à un prix raisonnable (comparé à une place de cinéma par exemple) et les services de télévision payante font du bon travail avec les bouquets qu’ils proposent. Selon lui, une formule à la carte, par exemple, ne permettrait pas de toucher le public de la même manière ou en tout cas, elle ne permettrait pas de toucher une masse critique comme le modèle d’abonnement des câblo-opérateurs le fait. De la même manière, le rôle des chaînes reste primordial pour Bradford C. Auerbach de Hewlett Packard : c’est elles qui trouvent les talents, financent les projets, les distribuent. Toutefois, certains sont d’avis que le modèle n’est pas si parfait qu’il en a l’air. Jim Funk de Roku souligne que les gens regardent en moyenne seulement 6 chaînes du câble de manière régulière. Du coup, il pense qu’on se dirige vers un modèle où les offres, les bouquets, seront agrégés et réduits. - La télévision américaine, aujourd’hui et demain Au cours de la conférence intitulée Future of Television, John Penney, EVP of Strategy & Business Development de la chaîne Starz, a proposé une analyse intéressante de la télévision américaine et de la différence qui existe entre les networks et les chaînes du câble. Il a également mis en avant quelques éléments qui permettent d’envisager ce à quoi ressemblera la télévision américaine dans les années qui viennent. Aujourd’hui, la 1ère saison d’une série télévisée pour un network coûte environ 3 millions de dollars par épisode soit un total de 78 millions de dollars pour 26 épisodes. Or, les networks paient 1.8 million de dollars aux producteurs par épisode, soit 46.8 millions de dollars pour une saison. Les producteurs doivent donc trouver un moyen de récupérer les 32 millions de dollars manquants. Ces moyens sont la syndication aux autres chaînes de télévision américaines, la vente de DVD, etc. Or, avec un marché du DVD en difficultés, le risque pour eux est plus grand aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quelques années. En ce qui concerne les chaînes du câble, la production d’une 1ère saison coûte environ 26 millions de dollars et le montant des risques pris par les producteurs est de 9 millions de dollars. Il est moindre, certes, mais il est quand même nécessaire pour les producteurs de rentabiliser leur investissement. C’est pourquoi l’industrie de la télévision fonctionne aujourd’hui, en partie, comme l’industrie du cinéma : elle a un besoin vital des revenus en provenance du marché international. Il est donc nécessaire pour les séries produites d’avoir un attrait au-delà des frontières américaines. L’une des techniques adoptée par les sociétés de production est de racheter le format d’une série européenne, comme Torchwood, série télévisée britannique de science-fiction, et de la remodeler pour le marché américain et européen. Malgré les différentes recettes qui leur permettent de rentabiliser leurs investissements, John Penney soutient que le câble est mieux disposé que les networks pour continuer à diffuser des séries télévisées, dans la mesure où, grâce à ses différentes sources de revenu, il est moins sujet aux inflexions du marché de la publicité. Et ces séries se multiplient sur les chaînes premium du câble comme Starz. En revanche, les networks semblent se diriger de plus en plus vers les formats de type télé-réalité qui leur coûte 500 000$ par épisode : c’est ce qui explique que 60% du prime time à la télévision américaine est aujourd’hui composé de ce type de programmes. Pour John Penney, bien que le modèle économique de la télévision américaine soit ancien, il est possible de saisir de vraies opportunités quand on considère le marché international. Le marché n’est donc pas forcément en meilleure santé aux Etats-Unis, mais cela permet de continuer à produire du contenu. Selon John Penney, il est nécessaire de développer des partenariats internationaux, de connaître le marché international et de développer des histoires qui franchissent les frontières. Comme il le souligne pour finir, le maître-mot est : « hope! » (Espoir). - Publicité Le développement de l’usage du Digital Video Recorder (DVR) aux Etats-Unis et l’utilisation croissante de nouvellesplates-formes de visionnage du contenu posent des questions du point de vue de l’évolution de la publicité (Voir article : Augmentation du visionnage en décalé aux Etats-Unis). La clé, selon la plupart des intervenants, est une meilleure compréhension des habitudes et du comportement du public. 40% des foyers américains possède aujourd’hui un DVR et, selon Mark Risis, Director of Interactive Advertising Sales chez TiVo, société qui a lancé le DVR aux Etats-Unis, « Plus les programmes sont bons et populaires, plus les publicités sont sautées ». Les principaux utilisateurs du DVR se situent dans la tranche d’âge des 35 – 49 ans, et Mark Risis souligne qu’en moyenne, pour un programme regardé sur DVR, 85% des publicités diffusées sont sautées et seulement 15% sont regardées. Il est donc nécessaire, selon lui, de trouver de nouveaux moyens pour la publicité d’entamer un dialogue avec le spectateur. Selon Mark Altschuler, Vice President of National Advertising Sales chez Comcast Spotlight, le département publicité du 1er câblo-opérateur des Etats-Unis, ceux qui sautent les publicités voient chaque publicité au moins une fois, puisqu’il est impossible de sauter toutes les publicités. Il considère cependant qu’il est nécessaire, à ce stade, de comprendre qui sont les téléspectateurs « car personne ne parviendra à éviter que les téléspectateurs sautent les publicités. » Pour Mark Risis, les habitudes des consommateurs devraient guider le marché de la publicité. Selon lui, « les gens interagissent avec les publicités si celles-ci sont alignées sur leurs habitudes ». Paul Price, CEO de l’agence de publicité Creative Realities ajoute qu’il faut « comprendre les émotions du consommateur ». En effet, celui-ci voyage à présent sur plusieurs écrans et il est influencé par plus de facteurs. Il est devenu nécessaire de développer des projets adaptés afin de suivre et d’atteindre le consommateur. Pour, Tara Maitra, VP & GM of Content Services & Advertising Sales chez TiVo, la publicité marche quand elle n’est pas trop intrusive et quand les consommateurs peuvent en tirer profit. Saul Berman, Global Lead Partner and Executive chez IBM Global Business Services, Media & Entertainment, pense également qu’il faut aider les téléspectateurs à faire ce qu’ils veulent en le monétisant. Le public pourrait effectivement accepter de regarder des publicités à condition d’y gagner quelque chose avec un système de récompenses. A moins que se développent des modèles de type HBO où les gens paieront plus pour ne pas avoir de publicité. - La télévision mobile Avec le développement du contenu disponible sur toutes les plates-formes et notamment les plates-formes mobiles, se pose la question de la disponibilité du contenu linéaire et du visionnage de ce contenu. Les difficultés rencontrées par FLO TV, qui est le principal fournisseur de télévision linéaire mobile aux Etats-Unis, pousse les professionnels à s’interroger. Pour Tim Connolly de Disney/ESPN/ABC, les difficultés de FLO TV viennent tout d’abord de l’appareil vendu par FLO TV : c’est un appareil cher, dont la batterie a une capacité réduite. Elles proviennent également de la faible variété des modèles disponibles, seulement deux ou trois à ce jour : c’est trop peu selon lui, pour attirer le consommateur qui a l’habitude d’avoir le choix avec des modèles comme l’iPhone par exemple. Il critique également la qualité du produit. Selon lui, ce service ne rencontrera les faveurs du public que lorsqu’il parviendra à maintenir un niveau de qualité de manière constante. Il pense, d’autre part qu’avec la télévision mobile, c’est la philosophie du meilleur écran disponible qui s’impose. Selon lui, les tablettes et les téléphones portables peuvent être des appareils qui vous accompagnent quand vous regardez un programme sur votre télévision. Mais vous regarderez le programme, de préférence, sur votre télévision si cela est possible. - 3D La question de la 3D est revenue dans tous les débats, mais a largement été minimisée par tous les intervenants. Si Kelly Day, de Discovery, a affirmé que son groupe croyait à la 3D et travaillait dessus avec IMAX et Sony, elle a avoué qu’il s’agissait là d’un véritable challenge : « On ne peut pas prévoir le comportement des consommateurs ». Tous les autres participants ont exprimé leurs réticences, comme Matthew Blank de Showtime, dont le groupe a pourtant été précurseur en matière de technologie HD et de vidéo à la demande. Il a reconnu que si la demande était là, son groupe investirait. Mais pour le moment, celui-ci se montre prudent : « Il me semble que la 3D est plus une expérience pour les cinémas. Je ne pense pas que cela soit très adapté à une expérience dans son salon ». Géraldine Durand Opération anti-piraterie : le gouvernement américain ferme 82 sites Internet Date : 14/12/2010 Le FBI (Federal Bureau of Investigation) a mené, fin novembre, une opération de grande envergure contre les sites Internet accusés de vendre des contrefaçons et du contenu piraté, dont titres en téléchargement, DVD, CD et logiciel piratés. Lors d’une conférence de presse fin novembre, le procureur général, Eric Holder, a annoncé que des cours fédérales avaient ordonné la fermeture de 82 sites Internet et la saisie de leurs noms de domaines, dans le cadre d’une opération d’envergure menée par le Department of Justice et le Department of Homeland Security’s Immigration and Customs Enforcement (ICE). Baptisé Operations in Our Sites II, l’effort commun aux différents services s’est également attaqué aux articles de contrefaçons de type équipements sportifs, chaussures, sacs à mains, et lunettes de soleil, et a été annoncé publiquement le jour où l’activité est, traditionnellement, la plus importante sur les sites d’achat en ligne, appelé « Cyber Monday » (terme marketing qui désigne le lundi suivant le Black Friday, jour du début des soldes aux Etats-Unis, et qui a pour objectif d’inciter les consommateurs à faire des achats en ligne ce jourlà). Les personnes essayant de visiter les sites concernés sont désormais accueillies par un message les informant que le site a été saisi et fermé par les autorités fédérales. A Los Angeles, les autorités ont saisi les sites torrent-finder.com, RapGodFathers.com, RMX4U.com, dajazl.com et onmash.com. Selon les responsables des douanes américaines, ces sites comptaient 185 000 pages visitées chaque jour et torrent-finder.com, qui proposait l’accès à des films récents comme Wall Street: Money Never Sleeps (Wall Street : l’argent ne dort jamais), Red et The Social Network, était classé parmi les 5000 sites Internet les plus populaires aux Etats-Unis. Dans le cas de RapGodFathers.com, les autorités ont également saisi le serveur du site et l’intégralité de son contenu numérique. Les agents fédéraux ont demandé des mandats à des cours fédérales après avoir fait des achats depuis une variété de sites en ligne, sous couvert de l’anonymat. Cette opération était d’une plus grande envergure que celle menée au mois de juin, baptisée Operations in Our Sites, au cours de laquelle 9 sites de piratage avaient été saisis (Voir le communiqué de presse de l’ICE). Les méthodes employées lors de cette opération sont similaires à celles qui figurent dans le nouveau projet de loi anti-piraterie, Combating Online Infrigement and Counterfeits Act, présenté par le Sénateur démocrate Patrick Leahy au Comité Judiciaire du Sénat à la fin du mois de septembre ( Voir l’article : Le projet de loi contre la piraterie révisé suite à un mouvement de protestation). Il a depuis été approuvé par ce comité, dans une version légèrement modifiée, et doit à présent être voté par le Sénat. Des opposants à ce texte avancent que l’opération récente prouve que le gouvernement a déjà les moyens de faire ce que la loi était censée permettre. En revanche, pour les défenseurs du texte, dont la Motion Picture Association of America (MPAA), le Combating Online Infrigement and Counterfeits Act doterait l’administration d’outils supplémentaires dans sa lutte contre la piraterie et lui permettrait de supprimer les sources de revenus de tels sites, à travers une action sur les systèmes de paiement en ligne et les agences publicitaires. Elle permettrait également d’avoir un mandat d’une cour plus rapidement, en cas de changement du nom d’un site Internet. Feds announce major crackdown on piracy, de Ted Johnson, Daily Variety, 30 novembre 2010 Géraldine Durand Une amende d’1.5 million de dollars dans un cas de piraterie aux Etats-Unis divise le monde de la musique Date : 08/12/2010 Une américaine de 33 ans, Jammie Thomas-Rasset, vient d’être condamnée à payer une amende d’1.5 million de dollars pour avoir piraté 24 chansons. Prononcé par une cour fédérale de Minneapolis, ce jugement, dans ce cas désormais célèbre aux Etats-Unis, fait suite à une série d’appels. Il s’agit du 1er procès de cette ampleur parmi les 20 000 procès intentés depuis 2008. Les principaux acteurs du secteur se demandent si ce verdict, qui évalue chaque chanson à 62 500$, aura un effet dissuasif sur les millions d’internautes qui téléchargent illégalement de la musique tous les jours. L’amende exorbitante va-t-elle influencer le développement de la piraterie aux Etats-Unis de manière substantielle ? Cela vaut-il la peine d’infliger des peines aussi dures ? Les dirigeants des labels, les artistes et les universitaires ne sont pas d’accord sur la question. Certains se sont tout simplement résignés, comme le chanteur de R&B Keri Hilson : « D’un côté, je suis content que des gens essaient d’écouter mes chansons, mais le compositeur en moi sait que cela porte atteinte à l’industrie du disque et que cela a un effet de ricoché. Je ne pense pas que cette femme devrait payer autant, mais j’espère que cela servira d’exemple ». Ce sentiment est partagé par les responsables des labels et de la Recording Industry Association of America (RIAA), l’organisation qui représente la majorité des entreprises du disque et les soutient dans leur lutte contre la piraterie. « C’est une bataille dure à gagner », reconnaît David Renzer, CEO de Universal Music Publishing Group. « Nous sommes en concurrence avec la gratuité. C’est peut-être un moyen un peu dur d’éduquer les gens, mais il faut que nous envoyions un message clair à une nouvelle génération qui écoute la musique de différentes manières. Les rares fois où ils paient pour écouter de la musique, ils achètent essentiellement des singles, et non plus des albums. C’est une situation regrettable. » Certains trouvent aussi que la lutte contre la piraterie, bien qu’elle soit pleine de bonnes intentions (dédommager justement les artistes pour le travail accompli), se trompe de méthodes. « Si l’objectif est de faire un exemple, ça en est un qu’il vaudrait mieux dissimuler », affirme Jeff Rabhan, responsable du département industrie musicale de Clive Davis à New York University. « Attrapez quelques centaines d’étudiants et faites leur payer 5 000$ chacun ou bien tous les habitants de l’état de l’Ohio et là les gens vont remarquer qu’il se passe quelque chose », souligne-t-il. Les débats, au cours du procès, ont notamment porté sur la définition du terme « partager » (sharing) qui a finalement été défini comme le fait de stocker des chansons sur son disque dur. Mais c’est la valeur d’une chanson qui est véritablement au cœur d’un débat entamé en 2000 avec les procès contre le site de partage de chansons Napster. Bien que les échanges houleux à l’époque entre le groupe de musique Metallica et Sean Parker, co-fondateur de Napster, n’aient plus cours, nombreux sont ceux qui trouvent que l’industrie musicale a mal géré la suite des événements. Pour la chanteuse Carole Bayer Sager, « Les compagnies de disques n’ont pas voulu travailler ensemble à cause de petites jalousies mesquines. Ils auraient pu s’associer et éviter Napster, qui a lancé le phénomène du téléchargement illégal. Au lieu de cela, l’industrie musicale a fait la sourde oreille et ne s’en est toujours pas remise. Au moins, maintenant, il y a une alternative légale avec iTunes », ajoute-t-elle. Certains pensent que la vente de musique légale devrait uniquement servir de mesure d’ajustement et que l’argent se trouve dans le branding, c’est-à-dire dans le fait de créer une marque autour des artistes. C’est notamment l’avis de Scott Braun, agent de Justin Bieber et du rappeur Asher Roth : « Nous sommes encore dans le secteur de la musique, parce que c’est là notre cœur de métier, mais plutôt que de s’inquiéter du nombre de CD qu’on vendra la 1ère semaine, il faut comprendre qu’on peut faire plus de bénéfices en vendant des t-shirts que des albums, qu’on peut vendre des livres, qu’on peut faire des films, qu’on peut démultiplier les produits de la sorte ». Beaucoup pensent que le cas Thomas ne changera rien à la situation globale de la piraterie aux Etats-Unis. « Ce n’est même pas un grain de sel dans l’océan », commente Jeff Rabhan. « C’est tellement dépassé et insensé ; c’est comme se présenter sur le circuit de formule 1 d’Indianapolis avec son cheval et sa carriole et penser gagner », finitil. How this pirate was fined $1.5 mil, de Shirley Halperin, The Hollywood Reporter, 17 Novembre 2010 Géraldine Durand Les craintes de l’industrie des médias face au succès grandissant de Netflix Date : 13/12/2010 Alors que la société était pendant des années un acteur modeste du domaine de l’entertainment, Netflix est désormais respectée, voire crainte par les autres sociétés du secteur. La compagnie aux enveloppes rouges a étendu son service de location de films par DVD, tout comme son offre en streaming. Le développement des télévisions et lecteurs de DVD / Blu-ray connectés signifie que le service en streaming de Netflix est désormais de plus en plus disponible dans les salons, et pas uniquement sur les ordinateurs. Cela représente une vraie menace pour les distributeurs de contenu traditionnels que sont les opérateurs du câble, du satellite et des télécommunications. Alors que Netflix comptait 16.9 millions d’abonnés à la fin du mois de septembre, soit une hausse de 52% en un an, l’industrie du câble a connu, ces deux derniers trimestres, la 1ère baisse dans le nombre de ses abonnés, soit 335 000 foyers sur un total de 100 millions aux Etats-Unis (Voir l’article Baisse sans précédent pour les opérateurs du câble aux Etats-Unis). Time Warner a également annoncé que HBO perdrait certainement 1.5 million d’abonnés cette année (Voir l’article HBO en perte de vitesse), mais a attribué ces mauvais résultats à la situation économique difficile et non au cord cutting (Voir l’article Cord-Cutting : analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis). La croissance de Netflix, alors que les ventes de DVD continuent de baisser et que l’audience à la télévision est de plus en plus fragmentée, inquiète les studios de cinéma et de télévision, ainsi que d’autres sociétés dans le secteur des nouvelles technologies. La crainte principale est celle de voir Netflix dominer le marché de la distribution de films et de programmes télévisés en format numérique, de la même manière que l’iTunes Store d’Apple domine le marché de la musique. Afin d’empêcher cela, les sociétés d’entertainment et de nouvelles technologies cherchent des moyens de dépasser Netflix avec leur propre offre. Hulu vient ainsi de faire passer le prix de son service sur abonnement Hulu Plus de 10$ à 7.99$/mois, soit deux dollars de moins que le prix proposé lors du lancement de l’offre (Voir l’article : Hulu drops price of pay service, Variety,17 novembre 2010), un prix équivalent au service de streaming only que Netflix vient de lancer au Canada (actuellement en test dans plusieurs régions des Etats-Unis). Amazon.com développerait sa propre offre, avec un service d’abonnement similaire à celui qui existe sur Netflix, proposant également des films de cinéma et des séries télévisées. Ce service serait inclus dans l’offre Amazon Prime qui, pour 79$/an, propose des livraisons sur deux jours de manière illimitée. Par comparaison, le coût du service de streaming only de Netflix revient à 96$/an. Les groupes de média ont également entamé des discussions avec des sociétés comme Microsoft et Sony, qui fournissent l’accès à l’offre en streaming de Netflix sur leurs consoles de jeux vidéo, afin de leur vendre directement les droits de diffusion des programmes et que Microsoft et Sony puissent développer leur propre service sur abonnement. De la même manière, le distributeur de télévision, Vizio, a manifesté son intérêt pour un service d’abonnement qui lui serait propre. OnLive Inc., une start up qui distribue des jeux vidéo sur Internet, envisage également de proposer des films à la location, notamment sur abonnement, dès 2011. L’un des principaux investisseurs d’OnLive est le studio Warner Bros. du groupe Time Warner. Ted Sarandos, CEO de Netflix, pense que les sociétés d’entertainment voient avant tout Netflix comme un bon partenaire et ce, à juste titre : Netflix paie cher le contenu qu’elle achète. En août dernier, Netflix a accepté de payer 1 milliard de dollars à Epix, la chaîne de télévision payante de Viacom, Lionsgate et MGM, en échange de l’acquisition de droits Internet pour des films de cinéma et des séries télévisées (Voir l’article La nouvelle stratégie de Netflix : une révolution pour le secteur de la distribution aux Etats-Unis). Toutefois, cela a un coût, et Netflix vient d’annoncer l’augmentation de 1 à 3$ du prix de ses abonnements les plus populaires, ceux comprenant le streaming et la location d’un à trois DVD par mois. Selon M. Sarandos, les sociétés d’entertainment connaissent les risques que revêt la distribution de contenu sur Internet et c’est pourquoi elles avancent prudemment. « Elles essaient de prévoir ce que cela signifie sur le long terme », précise-t-il. « Les changements de comportement des consommateurs posent de nombreuses questions ». Afin de prévenir la défection de leurs abonnés, plusieurs services de télévision payante leur proposent d’accéder à leurs programmes en ligne, à travers des systèmes appelés TV Everywhere. Les chaînes de télévision payante comme HBO, Showtime (groupe CBS) et Starz (groupe Liberty Media Corp.) sont celles qui subissent le plus fortement la concurrence de Netflix. Pour Time Warner, qui possède également quelques chaînes câblées basiques et les studios Warner Bros., un distributeur en ligne comme Netflix est considéré à la fois comme un partenaire et comme un concurrent potentiel. L’approche du groupe est prudente. Au mois de juillet dernier, Warner Bros. a vendu à Netflix un package qui comprenait des émissions télévisées que la société avait des difficultés à vendre sous la forme de syndication. Mais des succès comme Two and a Half Men (Mon Oncle Charlie) n’étaient pas inclus dans ce package. Comme le souligne un porte parole de la société, « Il est important de distribuer le bon contenu, dans la bonne fenêtre, au juste prix ». Pour la chaîne câblée premium Starz, la période qui s’annonce présente des risques. La société a passé un accord avec Netflix il y a quelques années qui permet à la compagnie de diffuser en streaming des films de studios comme Sony et Disney. Cet accord arrive à expiration en 2011. Or, les responsables de Starz admettent que Netflix est un concurrent en termes d’abonnés et qu’il est possible que la société aux enveloppes rouges tente de passer des accords directement avec les studios d’Hollywood, contournant ainsi Starz. Depuis le début de l’année 2009, la valeur des actions de Netflix a été multipliée par 6, et la société est évaluée à 10 milliards de dollars sur le marché. No Longer Tiny, Netflix Gets Respect—and Creates Fear, de Nick Wingfield et Sam Schechner, The Wall Street Journal, 6 décembre 2010 Géraldine Durand Les studios s’associent afin d’éviter une nouvelle guerre des formats Date : 13/12/2010 Les studios d’Hollywood sont en train de s’associer afin de continuer à tirer profit de leur principale source de revenus : le homevideo. De manière paradoxale, leurs efforts tendent vers la disparition de tout support physique, que ce soit les DVD ou les Blu-ray. Bien que, selon leurs dires, leur disparition totale ne soit pas prévue avant une dizaine d’années, Sony et Disney ont pris les devants et sont à la tête de deux expériences dans ce domaine. Leur objectif est de s’assurer que les consommateurs, qui regardent aujourd’hui films et séries télévisées sur DVD, pourront prochainement les regarder sur le support de leur choix, lecteurs de DVD et de Blu-ray, consoles de jeux vidéo, iPhones, iPads et autres tablettes, téléviseurs connectées et ordinateurs. Les titres seront stockés sur un « casier numérique » accessible depuis n’importe quelle plate-forme, en streaming ou en téléchargement. Sony est à la tête d’un consortium de studios, appelé Digital Entertainment Content Ecosystem (DECE), qui lancera son service UltraViolet en 2011 (Voir l’article Un “casier numérique” pour le développement de l’offre à la demande). Aux côtés de Sony figurent, entre autres, Warners Bros., Paramount, NBC Universal, Fox, Lionsgate, Microsoft, Intel, Cisco, Motorola, Comcast, Cox Commuications, Netflix, Best Buy, Panasonic, Samsung et Toshiba. Disney est également sur le point de lancer sa nouvelle technologie en la matière, KeyChest, sous le nom de Disney Studio All Access. Tout semble indiquer qu’une nouvelle guerre des formats, similaire à celle qui a, par le passé, opposé Blu-ray et HD DVD ou encore VHS et Betamax, serait en gestation. Les deux groupes s’en défendent, avançant la compatibilité de leurs systèmes. Ainsi, tous deux seront équipés des technologies anti-piraterie des studios et des fabricants d’appareils électroniques et permettront d’accéder au contenu sur presque toutes les plates-formes. Les catalogues de films seront en ligne, afin que leur format ne devienne pas obsolète suite à l’introduction d’une nouvelle technologie. Les fichiers pourront ainsi être convertis afin d’être accessibles sur un nouvel appareil. A ce jour, l’existence de différents formats et logiciels de management des droits rend cela impossible, et les consommateurs qui achètent un titre sur le service CinemaNow de Best Buy ne peuvent pas le regarder sur leur iPod. Lors de son lancement, UltraViolet ne proposera des films qu’à l’achat, et des locations devraient être proposées ultérieurement. De la musique, des ebooks et autre contenu devraient également être ajoutés au système à l’avenir. Toutefois, il est difficile d’oublier que Disney et Apple ne font pas partie des 60 sociétés qui soutiennent le service, ce qui, pour certains, exprime un manque de confiance des professionnels dans UltraViolet. Cela est d’autant plus gênant que Disney possède une forte identité de marque et qu’Apple domine le marché de l’entertainment numérique. Disney Studio All Access proposera une bibliothèque virtuelle (avec les copies numériques des films achetés en DVD ou Blu-ray, les titres disponibles en vidéo à la demande sur son service Disney Movies Online) et diffusera des films à travers le programme Disney Movie Rewards, un système de points récoltés lors de l’achat de produits Disney et qui donne droit à des cadeaux. La compagnie espère que ce nouveau système dissuadera les utilisateurs d’aller chercher du contenu piraté. Comme le souligne Bob Chapek, président de la distribution chez Walt Disney Studios, « Dans un environnement où il n’y a pas de compatibilité des formats, le consommateur est incité à aller chercher son contenu gratuitement. Si vous avez six appareils de visionnage, vous n’allez pas acheter le contenu six fois. Nous créons donc un écosystème qui encourage les consommateurs à acquérir le contenu de manière légale plutôt que sur un site de piratage ». Selon Bob Iger, Président de Walt Disney Company, « Il y aurait un moyen pour que KeyChest fonctionne avec la plate-forme UltraViolet ». Peut-être, mais pour le moment, il n’y en a pas. Et selon Bob Lambert, président du cabinet Technology and Strategy Associates et ancien responsable chez Disney, « La principale raison pour laquelle les consommateurs adopteraient UltraViolet, ce serait parce que ça marche partout. Or, ce n’est pas le cas pour le moment, puisque le contenu Apple, sur iTunes, n’est pas compatible, tout comme le contenu de Disney. Disney et Sony vont avoir du mal à se positionner vis-à-vis des consommateurs tant qu’ils n’auront pas résolu ce problème ». Disney a développé le système KeyChest en pensant que le fait de ne pas avoir à traiter avec 60 compagnies lui permettrait d’aller plus vite. Toutefois, malgré le nombre de ses associés, le consortium DECE, réuni derrière Sony, a réussi à développer UltraViolet en moins de deux ans. Le système est toujours en test, mais devrait être lancé l’année prochaine. Les membres de DECE ne sont pas préoccupés par le fait qu’Apple et Disney ne travaillent pas encore à leurs côtés. Bien que les produits d’Apple, iTunes, iPods, iPhones, iPads et Apple TV aient fait de la société le numéro un en matière de distribution numérique et de plate-forme mobile, la distribution numérique ne représente que 4% de tout le marché du home entertainment. « Afin de faire progresser ce secteur, il est nécessaire de créer quelque chose de nouveau », avance Mitch Singer, Président d’UltraViolet et chief technology officer de Sony Pictures Entertainment. Il pense également que le jour viendra où il y aura une application UltraViolet sur la plate-forme d’Apple. Et il ajoute : « Ce que Disney a fait avec KeyChest est fantastique. L’idée que les studios prennent tous la même direction pour faciliter l’accès au contenu est quelque chose dont nous devrions être fiers. On ne peut plus dire des studios qu’ils sont frileux vis-à-vis des nouvelles technologies ». Tech Tussle: Storm forms over cloud, de Marc Graser, Variety, 17 novembre 2010 Géraldine Durand L’ascension de Netflix va-t-elle entraîner la chute d’Hulu ? Date : 13/12/2010 Netflix pénètre peu à peu le fond de commerce d’Hulu. D’après certaines sources, les responsables d’Hulu fulminaient au mois d’octobre dernier, suite à la décision de NBCU de proposer des épisodes de Saturday Night Live en streaming, via le site Internet de Netflix, le jour suivant leur diffusion. Il est possible que l’accord récent entre ABC et Netflix, qui va permettre à la société aux enveloppes rouges de diffuser en streaming des centaines d’épisodes de séries du groupe, 15 jours après leur diffusion à la télévision, n’arrange pas la situation (Voir communiqué de presse de Netflix : Press Release). Bien que tous les principaux networks travaillent avec Netflix, ses abonnés n’étaient pas en mesure, jusqu’à présent, de louer ou de regarder en streaming des épisodes de saisons en cours. C’est sur Hulu que les internautes se rendent en général pour regarder les épisodes diffusés la veille au soir et c’était, auparavant, la différence essentielle entre les deux services. Or, l’accord entre Netflix, et, respectivement, NBCU et ABC, pourrait pousser les autres chaînes à suivre ces exemples, ce qui mettrait en péril l’exclusivité d’Hulu. D’autre part, l’accord récent de Netflix avec Epix, le service de télévision payante propriété de Viacom (Paramount), Lionsgate et MGM pour 1 milliard de dollars, fait peser une certaine pression sur Hulu, puisque cela fait croître le prix du contenu (Voir article : La nouvelle stratégie de Netflix : une révolution pour le secteur de la distribution aux EtatsUnis). Comme le souligne Justin Patterson de la société d’analyse Morgan Keegan & Co : « Netflix fait des chèques plus gros que n’importe quelle autre société sur le marché ». Hulu a des revenus importants, puisque la société a annoncé début novembre que ses revenus pour l’année 2010 devraient atteindre 240 millions de dollars. Toutefois, la société doit les partager à 70% avec ses partenaires, ABC, NBC et Fox. Ce qui place, au final, les revenus de la société autour de 80 millions de dollars. Ce serait une des raisons pour lesquelles Hulu et ses partenaires songeraient à introduire la société en bourse. Hulu a également annoncé que son site avait dénombré 30 millions de visiteurs, au mois d’octobre, qui avaient regardé 260 millions de programmes et 800 millions de publicités. La société compte aussi 235 de partenaires fournisseurs de contenu. Malgré ces chiffres impressionnants, beaucoup dans le secteur sont persuadés qu’Hulu va finir par sombrer. « Je pense que les deux vont arriver », souligne Andrea Kerr Rednis de la société d’analyse Moxie Interactive. « Je pense que la société va entrer en bourse et je pense qu’elle va s’effondrer. » Malgré tous les doutes qui pèsent sur l’avenir d’Hulu, la société travaille régulièrement avec près de 352 annonceurs. Selon Donnie Williams, du cabinet d’analyse Horizon Media, les marques sont attirées par Hulu parce qu’elles apprécient l’engagement du public vis-à-vis du site et la visibilité dont elles bénéficient. Toutefois, Hulu souffre de la véritable compétition qui règne entre ses networks partenaires et les départements publicités du site Internet. Certains pensent que ces tensions internes pourraient mener au démantèlement de la société. D’autres sont persuadés qu’une fois que Comcast aura fusionné avec NBCU, le groupe retirera la chaîne d’Hulu. En effet, la nature gratuite d’Hulu s’oppose aux efforts des câblo-opérateurs pour empêcher le cord cutting (Voir l’article Cord-Cutting : analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis). D’autre part, Hulu pourrait tout simplement ne plus être utile aux networks, puisque ces derniers sont de plus en plus en mesure de rentabiliser la diffusion de leurs programmes sur leurs propres sites Internet, en récupérant quelques bénéfices supplémentaires grâce à Netflix. La société aux enveloppes rouges a quelques avantages sur Hulu. Son offre a une meilleure distribution (elle est disponible sur PlayStation, Xbox, Apple TV, Google TV et sur plusieurs lecteurs Blu-ray et DVD) et la compagnie a de meilleures relations avec les partenaires d’Hulu, notamment CBS, Viacom et ABC. Du coup, nombreux sont ceux qui se demandent quand Netflix se lancera à la conquête du marché, en pleine croissance, de la publicité sur Internet, en proposant une offre moins chère, voire gratuite, financée par la publicité. Pour Eric Bader, de la société d’analyse Initiative, « Hulu et Netflix vont tous deux disparaître dans une collision avec les chaînes de télévision et les opérateurs du câble et du satellite, car le scénario tant attendu du contenu à la demande est en train d’arriver. Quand il aura atteint sa maturité, les gens n’iront plus sur YouTube ou autres sites du même genre. Ils récupèreront ce contenu, grâce à des applications sur leur téléphone ou depuis leur boîtier du câble. » Netflix Unbound: Will Its Rise Hasten Hulu's Demise?, de Mike Shields, Adweek, 14 Novembre 2010 Géraldine Durand Les leçons à tirer des content farms Date : 15/12/2010 Au lieu de s’indigner du manque de qualité des contenus produits par Demand Media, les éditeurs en ligne devraient tirer quelques leçons des stratégies et du succès de cette société. A la veille de l'introduction en bourse de Demand Media, rédacteurs et journalistes se demandent si les content farms (littéralement « fermes à contenu », expression qui renvoie à la localisation de ces sociétés, généralement dans des régions agraires, et à la quantité d’articles produits par jour pour Internet, soit des milliers) sonnent le glas des sites de contenu professionnels. Mais ne devraient-ils pas plutôt se demander ce qu’ils ont à apprendre de ce type de sociétés afin de les battre à leur propre jeu ? Demand Media a renversé le modèle du journalisme traditionnel en créant du contenu qui répond à la demande des utilisateurs et en utilisant des algorithmes qui lui permettent d’identifier les contenus les plus rentables sur le web. La stratégie de l'entreprise a, jusqu’à présent, été efficace. Pour des recherches aussi variées que « comment faire cuire tel gâteau ? », vous trouverez le contenu de Demand Media en haut de la page de résultats des moteurs de recherche. Le fait qu'AOL et Yahoo! adoptent aujourd'hui des stratégies similaires confirme que Demand Media est en train de changer la nature du monde de l'édition sur Internet. Certains critiquent ce système, accusant Demand Media de tuer le journalisme en ayant recours à des pigistes sous payés et sans expérience. Pourtant, l'adoption de certaines tactiques employées par Demand Media pourrait être la clé de la survie de nombreux professionnels de contenu sur Internet. Ces derniers devraient notamment : 1) Reconnaître que la plupart du contenu a une durée de vie très importante L'un des éléments clés dans la logique de Demand Media est de considérer que le contenu a une valeur non seulement lorsqu'il est nouveau, mais également sur le long terme. Si la majorité des gens lisent un article dès sa publication, des centaines, voire des milliers de personnes pourraient trouver cet article utile à un moment donné dans l'avenir, notamment lorsqu'ils utilisent des moteurs de recherche en vue de trouver la réponse à une question précise. Bien que cela soit dur à accepter pour les journalistes, les éditeurs doivent reconnaître que certains articles sont plus rentables que d'autres, sur le long terme, en matière de revenus publicitaires. Ces derniers doivent être exploités afin de payer pour les efforts de rédaction de l’ensemble de la société. 2) Identifier le contenu rentable Lorsque les éditeurs commenceront à réfléchir à la monétisation de leurs contenus, ils pourront appliquer un autre aspect de la stratégie de Demand Media, qui consiste à surveiller les sujets et les questions qui intéressent les internautes, afin de leur offrir le contenu correspondant. Bon nombre d'éditeurs pourraient avoir une longueur d'avance sur Demand Media dans ce domaine. Demand Media identifie les termes les plus recherchés sur Google, donc les sujets les plus rentables, et emploie des pigistes peu coûteux pour la rédaction d’un contenu correspondant à ces recherches. De la même manière, la plupart des éditeurs ont accès à leurs propres catalogues de contenu avec des articles susceptibles de répondre aux questions des internautes, même s’ils datent de la semaine ou de l’année précédente. Ils peuvent également, à la manière de Demand Media, demander à leurs équipes, composées de personnel qualifié, d’écrire du contenu sur des sujets affectionnés par le public. 3) S’engager dans la bataille des moteurs de recherche La compagnie Demand Media s'est développée rapidement, car peu d'éditeurs se battent pour récupérer les sujets les plus utilisés sur les moteurs de recherche, ou en tout cas, ceux qui ont une valeur sur le long terme et un potentiel de revenus élevés. La plupart des éditeurs utilisent aujourd’hui des programmes, search engine optimization (SEO), pour optimiser leur référencement. Pourtant, ils ne font pas cela dans le but d’accroître leurs revenus, ce qui fait toute la différence avec Demand Media. Encore une fois, de nombreux éditeurs auraient pu prendre l'avantage sur Demand Media depuis longtemps à ce niveau. En combinant la richesse de leur contenu disponible (autant les archives que les articles récemment rédigés) et un nom connu comme celui du "Los Angeles Times" par exemple, des éditeurs professionnels pourraient évincer les articles de Demand Media dans les recherches en ligne. 4) Monétiser des publicités adaptées à chaque contenu Une manière de monétiser le contenu, souvent négligée par les grands éditeurs, mais adoptée par Demand Media, est le modèle de la publicité au cost-per-click (CPC) (le plus souvent via AdSense de Google ou adCenter de Microsoft). Les annonces via le CPC sont plus efficaces pour accrocher les lecteurs redirigés par les moteurs de recherche, car elles sont ciblées sur des sujets pour lesquels ils ont déjà exprimé leur intérêt. Bien que les bandeaux publicitaires sur Internet (display advertising) soient, également, de plus en plus adaptables et suivent l’exemple du modèle CPC, ce dernier est toujours peu utilisé par les éditeurs. Pourtant, ses revenus sont bien plus importants que ceux des bandeaux publicitaires (11 milliards de dollars contre 5,4 milliards de dollars en 2009, selon un rapport de Needham Insights diffusé en avril 2010). 5) Accroître le contenu disponible Le point fort de Demand Media réside dans la quantité du contenu que la société produit. Comme Hobart Byrne l'a rappelé sur le site Business Insider, Demand Media dispose de « 2,2 millions de vidéos et d'articles, un chiffre qui augmente de 5.800 par jour. Cela représente une croissance d'environ 24% par trimestre ». Or, comme cela a déjà été souligné, en exploitant leurs propres catalogues, les éditeurs pourraient facilement augmenter la quantité de contenu disponible. Enfin, les éditeurs pourraient également accroître leurs revenus par article et par vidéo plus rapidement que ne le peuvent les « fermes de contenus », en l’emportant sur la qualité. Les éditeurs de contenu « de qualité », grâce à leur nom et aux journalistes professionnels qu’ils emploient, sont respectés par les lecteurs et disposent donc d’un net avantage sur Demand Media. L’impact de ces « fermes » sur les contenus, et plus généralement sur le net, est indéniable et pourrait bien avoir déclenché un changement d'attitude de l'industrie de l’édition en ligne. Des journaux tels que Hearst Newspaper et USA Today ont déjà commencé à utiliser le contenu de Demand Media sur leur propre site. Mais au lieu de soustraiter cette activité en échange de contenu de qualité médiocre, les éditeurs se rendraient service (ainsi qu’à leur public) en appliquant les tactiques de ces fermes à leur propre contenu, de bien meilleure qualité. Lessons From the Content Farm, de Robertson Barrett, Adweek, 15 novembre 2010 Raphaëlle Greffier Les utilisateurs de Smartphones utilisent leur téléphone portable pour connaître les dernières nouvelles Date : 13/12/2010 Selon une étude récente du développeur d’applications pour téléphone portable, Handmark, les propriétaires de Smartphones aux États-Unis sont de plus en plus nombreux à utiliser leurs téléphones pour regarder les breaking news, les dernières nouvelles, aux dépens des autres médias comme les journaux, la télévision ou même les navigateurs web de leur ordinateur. Sur 300 000 clients interrogés, plus de 30% affirmait que le mobile était "le médium le plus important" pour avoir accès aux dernières informations, étroitement suivi par les navigateurs web des ordinateurs (29%), de la télévision (21%) et des journaux (3%). Un peu plus de la moitié (56%) des personnes interrogées ont indiqué qu'elles prévoyaient d’utiliser plus fréquemment leur mobile pour accéder aux informations l’année prochaine, alors qu’elles étaient 42% à envisager de ne pas l’utiliser davantage. Le CEO de Handmark, Paul Reddick, attribue la hausse du recours au portable pour accéder aux dernières nouvelles à l’habitude qui se crée et se répand parmi les utilisateurs de Smartphones. "Il y a des ‘nouvelles’ tout au long de la journée, et ce que vous avez, avec vous, toute la journée, c’est votre téléphone portable", explique-t-il. "Une fois que vous prenez l'habitude d'utiliser votre mobile... vous pouvez être dans une pièce avec une télévision et ne pas l’allumer, parce que vous lisez les dernières informations sur votre portable à la place". 40% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles utilisaient principalement leurs téléphones portables pour suivre l’actualité, les autres centres d’intérêt étant la météo (27%), les sports (9%), les affaires et la finance (6%), les loisirs (5%) et la politique (3%). L'enquête a également examiné l’utilisation du portable pour effectuer des achats, notant que 69% des personnes interrogées ont utilisé leur téléphone pour faire au moins un achat en 2010, et les spécialistes s'attendent à une augmentation du montant dépensé sur les achats en 2011. Enfin, 14% des sondés possèdent une tablette, et 52% envisagent d'en acheter une au cours des 12 prochains mois. Smartphone Users Prefer Mobile for Breaking News, de Lauren Indvik, Mashable/Mobile, 7 décembre 2010 Nathalie Charles Recul du « live » aux Etats-Unis en 2010 et conséquences pour Live Nation Date : 16/12/2010 Selon Pollstar, comparé au premier semestre 2009, les ventes de billets de concerts du Top 100 ont baissé de 12% en volume et de 17% en valeur (soit 965,5 millions de dollars) au premier semestre 2010. Ces ventes affichent un prix moyen de 60,6 dollars. Le chiffre d’affaires moyen par concert a chuté de 14,4%. Cette tendance à la baisse se confirme également sur les revenus de Live Nation (société d’organisation événementielle) qui ont chuté de 26% (51.4 millions de dollars) entre juillet et septembre 2010. Les revenus combinés de Live Nation et Ticketmaster ont chuté de 14% (2,14 milliards de dollars). En effet, la présence du public aux concerts a également chuté de 16% pour Live Nation. Ces résultats surgissent alors que l’institut Edison Research vient de communiquer une étude affirmant que depuis 2000, le nombre de concerts auxquels se sont rendus les 12-24 ans a baissé de 57,1%. Selon Edison, cette période sombre du « live » se justifierait par les retombées de la grande récession. 12-to-24 Demo Attending 57% Less Concerts Since 2000, de Paul Resnikoff, Digital Music News, 2 novembre 2010 It Gets Worse: Live Nation Summer Income Drops 26%, de Paul Resnikoff, Digital Music News, 5 novembre 2010 Informations récupérées via le Bureau export de la musique française à New York Succès de la mission RFI aux Etats-Unis Date : 13/12/2010 Organisée par les services culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis en collaboration avec RFI, la mission de Lidwien van Dixhoorn, Chef du Service Langue française de RFI, lui a permis de se rendre à Miami, Chicago, Los Angeles, New York et Boston. Dans cette dernière ville, la missionnaire de RFI a participé au salon annuel de l’American Council of the Teaching of Foreign Languages (ACTFL – 18–21 Novembre 2010), le plus important rassemblement de professeurs de langues étrangères, dont le français, aux Etats-Unis. Renforcée par le succès de sa diffusion par téléphone aux Etats-Unis (voir l’article : Des débuts encourageants pour RFI par téléphone aux Etats-Unis), RFI continue de développer sa diffusion sur ce territoire. La mission de RFI aux Etats-Unis avait un double objectif de prospection et de formation. 1. Prospection : La mission a d’abord pris la forme de rendez-vous, organisés par les représentants des services culturels dans les villes concernées, avec des radios américaines, lors des différentes étapes de la mission. Le but était de présenter les programmes d’information ou musicaux de RFI, en français et en anglais, à des radios américaines susceptibles d’être intéressées par la reprise de ces programmes. Lidwien van Dixhoorn a rencontré les représentants de plusieurs radios NPR (National Public Radio) qui constituent un réseau important, à travers tout le pays, de radios noncommerciales, dont le budget est constitué essentiellement de dons et d’une faible subvention des pouvoirs publics (Voir le dossier : Radio Publique). Elle s’est entretenue notamment avec les responsables des principales radios NPR de Miami (WLRN), Chicago (WDCB), New York (WNYC et WFUV) et Boston (WBUR et WGBH). Les radios universitaires sont une autre cible majeure pour RFI, puisqu’elles réunissent un auditoire important et ont une programmation relativement souple. La Chef du Service langue française de RFI a notamment rencontré les représentants des radios des universités de Chicago (WHPK), Loyola (Chicago - WLUW), de Southern California (Los Angeles – KUSC), du City College of the City University of New York (WHRC) et de Harvard (WHRB). Dernier débouché intéressant pour RFI aux Etats-Unis, les radios communautaires, et notamment les radios haïtiennes, qui sont très présentes dans certaines villes. A New York, Lidwien van Dixhoorn a proposé les programmes de RFI aux responsables de la programmation de Radio Optimum et de Radio Soleil. La plupart des radios rencontrées ont montré de l’intérêt pour les programmes de RFI et plus particulièrement pour les émissions d’information en anglais et en français. D’autres se sont montrées plus intéressées par les programmes musicaux, notamment les nouveautés musicales africaines, ou encore par les fictions bilingues de RFI. Toutefois, plusieurs ont mentionné la pertinence d’un point de vue français, mais en anglais, sur l’actualité américaine et ont souligné leur intérêt pour un programme en anglais, de RFI, consacré aux Etats-Unis. RFI a déjà signé un accord avec la plate-forme Content Depot, qui propose des programmes aux radios du réseau NPR, pour la diffusion de ses fictions bilingues auprès de ces radios. Toutefois, la radio pourrait envisager de développer des partenariats avec d’autres réseaux publics proposant des programmes aux radios américaines. 2. Formation : Grâce aux formations mises en place par les représentants des services culturels dans les villes concernées, en relation avec leurs partenaires locaux, la Chef du Service Langue française de RFI a conduit des ateliers visant à former les enseignants de français aux outils d’apprentissage développés par la radio internationale. A Miami, ces formations ont réuni au total une vingtaine de professeurs à la Florida International University (FIU) et à l’Université de Miami (UM). A Chicago, 35 enseignants ou assistants de français ont assisté aux ateliers de l’Université de Chicago, de l’Université DePaul et de l’Université d’Illinois (UIC). Un atelier d’une durée de 6h a réuni, à l’University of South California, une dizaine d’enseignants venus de la région de Los Angeles. La formation à New York s’est adressée à une quinzaine de formateurs des Nations Unies. A Boston, un atelier à l’Alliance française a réuni un public attentif et intéressé, composé d’une soixantaine d’enseignants des collèges et lycées de la région. La mission de Lidwien van Dixhoorn s’est achevée à l’ACTFL où la qualité de son atelier d’1h30, destiné à une trentaine de professeurs de français, a été vivement saluée. Ainsi, les retours sur les ateliers menés au cours de la mission ont été très encourageants avec une véritable découverte par les enseignants du potentiel des ressources de RFI pour un usage dans les salles de classe. Pour la 1ère fois, RFI tenait un stand dans le cadre de l’ACTFL où la chaîne de télévision francophone TV5MONDE était également présente. La possibilité d’organiser des ateliers plus approfondis, sur plusieurs jours, pour présenter en même temps les outils pédagogiques développés par TV5MONDE et par RFI a d’ailleurs été évoquée, notamment pour les enseignants de lycées américains et des Alliances françaises, à la recherche de nouveaux supports d’enseignement. La mission de Lidwien van Dixhoorn aux Etats-Unis a favorisé la formation de près de 180 professeurs de français aux outils pédagogiques développés par RFI et la rencontre avec plus d’une douzaine de radios américaines. Première mission du genre, elle a permis à RFI de dresser un bilan du potentiel de la radio internationale française aux Etats-Unis et de souligner l’intérêt manifeste des interlocuteurs rencontrés pour les programmes et l’offre de RFI. Géraldine Durand Éditions 2010 de l’American Film Market et de l’American Film Institute Festival Date : 13/12/2010 Succès de l’AFI fest qui a réuni 65 000 spectateurs et de nombreuses vedettes hollywoodiennes. Edition très productive de l’AFM avec 8 000 professionnels présents et plus de 700 projections dont 43 Premières mondiales. Partenaires depuis 2004, l’AFM et l’AFI Fest combinent art et business lors du plus grand rassemblement de professionnels du cinéma en Amérique du Nord. 1. L’American Film Market : L’industrie cinématographique connaît son moment le plus fort chaque année à l’AFM. Tous les professionnels (producteurs, distributeurs, acheteurs…) convergent vers Santa Monica pour 10 jours de rencontres professionnels. Les tendances de ce que nous allons voir en salles l’an prochain se jouent en effet ici. Cette 31e édition n’a pas manqué à la tradition. Organisé par l’Independant Film and Television Alliance (IFTA), l’American Film Market a réuni près de 8000 professionnels de l’industrie du cinéma du 3 au 10 novembre 2010. Ce rendez-vous incontournable fut cette année encore le passage obligé de nombreux acheteurs, vendeurs, avocats, agents, réalisateurs, producteurs, ou représentants de la presse, tous venus des quatre coins du monde. Pendant sept jours, 427 films provenant de 36 pays différents ont été présentés, 43 premières mondiales, 306 premières américaines, 21 films en 3D, en plus des nombreux séminaires et ateliers. L’AFM est le premier marché du film aux Etats-Unis, avec en moyenne près de 800 millions de dollars d’accords négociés. Malgré une situation économique toujours délicate, les acheteurs ont été moins frileux que l’an dernier, signe que les banques redeviennent plus accommodantes. Une amélioration donc par rapport à l’année dernière où ces dernières subissaient de plein fouet les conséquences de la crise avec des possibilités d’achat considérablement réduites. Cette année, le nombre de vendeurs a diminué de 8 à 10% par rapport à l’an dernier, évolution positive selon les organisateurs et notamment Jonathan Wolf, directeur de l’AFM et Vice Président de l’IFTA. Selon lui, l’offre paraissait ainsi en adéquation avec la demande et non plus en surplus, comme cela a pu être le cas par le passé. Les professionnels de l’industrie (producteurs, financiers) étaient plus nombreux que l’an dernier, de même que les acheteurs. La participation totale a en effet augmenté de 6% (7 695 personnes). Les pays les plus représentés en termes d’acheteurs étaient l’Italie, la Suède, la Russie, la Chine et Singapour. Les célébrités étaient bien sûr présentes. L’AFM attire chaque année les talents, mais contrairement aux festivals, les vedettes ne sont pas seulement là pour se mélanger aux professionnels de l’industrie lors des cocktails. Cette année, ils ont participé à des réunions de négociation très formelles afin de présenter leurs projets aux investisseurs potentiels. L’acteur-réalisateur-producteur George Clooney a réuni les acheteurs étrangers pour mettre en place la distribution internationale de son prochain projet « The Ides of March ». Harvey Weinstein était également présent et a montré en exclusivité quelques minutes du très attendu « My Week with Marylin » avec Michelle Williams. On a aussi pu croiser Robert Rodriguez, Rachel Weisz, Nicole Kidman, etc. Autre point fort du marché, 300 acheteurs ont pu voir en exclusivité les premières images du prochain hit 3D « Walking with Dinosaurs » (co-production BBC Worldwide et Reliance Big Entertainment). Comme chaque année, la présence française était importante : plus de 20 sociétés françaises de production et de distribution audiovisuelle telles Artédis, Celluloid Dreams, EuropaCorp, Films Distribution, Gaumont, Kinology, Overlook Entertainment, Pathé Distribution, Roissy Films, SDN Groupe M6, StudioCanal, TF1 International, Wild Bunch, dont sept regroupées sous l’égide d’Unifrance (Bac Film, Le Pacte, Memento Film, MK2, Coach 14, Rézo, Other Angle). La France s’est fait particulièrement remarquer cette année avec Tinker, Tailor, Soldier, Spy de Studio Canal, avec Colin Firth et Gary Oldman. Selon Harold Van Lier, responsable des ventes internationales, l’édition 2010 de l’AFM a été la meilleure année, à ce jour, pour le Studio. Les films français ont fait forte impression. A view of Love (Un Balcon sur la Mer) d’EuropaCorp, réalisé par Nicole Garcia, avec Jean Dujardin et Marie-Josée Croze, était très attendu. La presse l’a classé parmi les cinq films susceptibles de générer le bouche-à-oreille le plus positif. L’avant-première mondiale du film sur le marché, organisée par EuropaCorp et le service audiovisuel du Consulat de France à Los Angeles, a attiré un grand nombre de spectateurs. Le service audiovisuel a également été partenaire de la compagnie de Luc Besson pour l’avant-première des très attendus Petits Mouchoirs (Little White Lies). Le réalisateur Guillaume Canet, étoile montante du cinéma français, Gilles Lellouche et Pierre-Ange Le Pogam étaient présents sur le marché pour la projection. Cette année, le déroulement du marché a connu un changement radical de stratégie, avec le départ d’un certain nombre de compagnies des locaux habituels, les suites du Loews. En effet, les vendeurs voulaient un endroit plus personnel et pratique pour organiser leurs réunions et rencontrer les acheteurs, à l’instar de ce que fait Wildbunch depuis déjà quelques années. Film Nation Entertainment et surtout Unifrance se sont installés dans des espaces dédiés à Santa Monica. Le nouveau QG d’Unifrance s’est fait particulièrement remarquer grâce à son emplacement stratégique. Cette visibilité accrue et la salle de projection privée de ce nouveau local ont permis aux compagnies présentes de réaliser un meilleur marché, et Unifrance semble vouloir revenir à Santa Monica l’an prochain dans des conditions similaires. La soirée des vendeurs français a également changé de lieu. Le service audiovisuel de Los Angeles a coordonné l’organisation de ce qui a été considéré par la presse comme « l’une des plus élégantes soirées du marché » et qui a eu lieu dans le décor art-déco du pool bar de l’hôtel Shangri-LA. Cette soirée, qui met à l’honneur les distributeurs internationaux de films français, a réuni près de 400 personnalités clefs de l’industrie du film aux côtés des représentants des sociétés françaises. 2. L’American Film Institute Festival : Pour sa 24e édition, du 4 au 11 Novembre 2010, l’American Film Institute Festival a confirmé la place privilégiée qu’il occupe dans la capitale mondiale du cinéma. Plus long festival du film international à Los Angeles, AFI amène le meilleur du cinéma mondial dans la capitale du film et ouvre la saison des Awards. Il est également le seul festival américain qui bénéficie de l’accréditation FIAPF (Fédération Internationale des Associations de Producteurs de Films). AFI Fest a changé de directeur cette année : ancienne élève de l’AFI Conservatoire, programmatrice de renom et amatrice de cinéma français, Jacqueline Lyanga a pris les reines du Festival. (L’AFI Conservatoire est une université très sélective au sein de l’American Film Institute qui délivre des Masters dans six disciplines audiovisuelles). Cette année, pour la première fois, le Festival a désigné un réalisateur comme Directeur artistique invité, un ancien de l’American Film Institute, et pas des moindres : David Lynch. Il a pour l’occasion réalisé un court-métrage introductif qui a été diffusé avant chaque film du festival. Il a également pu participer à la programmation en sélectionnant cinq films. Les spectateurs ont donc eu la chance de revoir cinq grands classiques du cinéma. Lynch a justifié son choix en déclarant que ces films sont ceux qui ont le plus influencés son travail : « ce que je considère comme le meilleur du cinéma ». Parmi eux, un Kubrick, un Hitchcock et Mon Oncle de Tati. Pour la deuxième année consécutive et grâce au partenariat avec AUDI, le Festival a renouvelé l’incroyable réforme de l’année dernière « See a movie on us ! ». Tous les tickets pour les projections en journée et même un nombre limité des tickets des galas étaient entièrement gratuits. Comme l’explique Jacqueline Lyanga, cette gratuité donne aux organisateurs une extraordinaire liberté dans la programmation et l’opportunité unique de partager avec le public leurs coups de cœur, notamment ceux du Festival de Cannes. Cette année, l’AFI a également renouvelé l’initiative 20/20 (avec le support de diverses agences culturelles et diplomatiques américaines et étrangères dont le National Endowment for the Humanities, le National Endowment for the Arts, ou le President’s Comittee on the Arts and the Humanities). Ce programme, destiné aux professionnels du monde entier, a pour but de favoriser les échanges culturels entre différents pays et de permettre la projection de films étrangers en invitant des réalisateurs de toutes nationalités à venir défendre des films dont les thèmes sont trop souvent ignorés par les Majors. Le Festival a de nouveau remis deux prix à des courts-métrages (« live short action film » et « animated short film »). Il est intéressant de noter que les films primés dans ces catégories se voient d’office qualifiés pour les Oscars. Tout comme l’AFM, l’AFI est le lieu de nombreuses avant-premières au cœur d’Hollywood. Le Festival se tient en effet dans les mythiques salles du Chinese Grauman’s sur Hollywood Boulevard. Cette année, les alumni de l’Institut ont fait l’ouverture et la fermeture avec les très attendus Love and Other Drugs d’Edward Zwick, et Black Swan de Darren Aronofsky. Les festivaliers ont également eu la chance de voir les premières américaines de The King’s Speech de Tom Hooper, Made in Dagenham de Nigel Cole et Rabbit Hole de John Cameron Mitchell. La France a gardé une place privilégiée dans le festival, grâce au soutien du service audiovisuel du Consulat de France à Los Angeles. Le partenariat établi entre les deux institutions incluait notamment la promotion active des productions et coproductions françaises sélectionnées : - La Princesse de Montpensier, France, Bertrand Tavernier Film Socialisme, France/Suisse, Jean-Luc Godard - Free Radicals, France, Pip CHodorov Copie Conforme, France/Italie/Iran, Abbas Kiarostami Un homme qui crie, France/Belgique-/Chad, Mahamat-Saleh Haroun Mon Oncle, France, Jacques Tati Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies Thaïlande/France/Allemagne/Espagne, Apitchong Weerasethakul Pal Adrienn, Hongrie/Pays-Bas/Autriche/France, Istvan Zvanemak Carancho, Argentine/France, Pablo Trapero antérieures), Royaume Uni/ Beaucoup de célébrités ont été présentes sur le tapis rouge cette année. La particularité de cet incroyable festival est que les talents (acteurs, réalisateurs, techniciens…) se mêlent également aux cinéphiles lors des « after parties » qui se déroulent au Roosevelt Hotel. D’Anne Hathaway à Jake Gylenhaal (Love and other Drugs), de Nathalie Portman à Mila Kunis (Black Swan), de Halle Berry (Frankie and Alice) à Ryan Gosling (Blue Valentine), Kevin Spacey (Casino Jack) ou encore Colin Firth (The King’s Speech), etc. Ce festival atypique qui permet de voir tant des sorties très attendues que des films du monde et de jeunes réalisateurs, réussit donc la prouesse de mélanger les célébrités et les spectateurs. Mathieu Fournet et Sophie Degat Ouverture de la compétition des International Emmy Awards 2011 Date : 14/12/2010 The International Academy of Television Arts & Sciences est une organisation qui représente tout l’éventail des métiers liés à la télévision, dont Internet et les technologies mobiles avec des membres répartis dans plus de 50 pays et représentant plus de 500 sociétés. L’Académie organise chaque année un certain nombre d’événements, dont : les International Emmy Awards, au mois de novembre, à New York ; les International Digital Emmy Awards, au MIPTV, en avril ; l’International Emmy World Television Festival, ainsi qu’une série d’événements réservés à ses membres. L’Académie a été fondée en 1969 afin de reconnaitre l’excellence des programmes télévisés produits et originalement diffusés en-dehors des Etats-Unis en présentant l’Emmy Award. Parmi les programmes et comédiens français récompensés ces 5 dernières années figurent Thierry Frémont en 2005, avec la remise du prix Best Performance by an Actor pour son rôle dans Dans La Tête Du Tueur (TF1), Cult, en 2006, dans la catégorie Interactive Program (Streampower), Nuit Noire, 17 Octobre 1961, toujours en 2006, dans la catégorie TV Movie/Mini-Series (Cipango), et enfin Muriel Robin en 2007, avec la remise du prix Best Performance by an Actress pour son rôle dans Marie Besnard, l'empoisonneuse (TF1). Au total, une douzaine de programmes français ont été nominés ou primés, depuis 2005. La compétition des International Emmy Awards compte 15 catégories dont Arts Programming, Best Performance by an Actor, Best Performance by an Actress, Children & Young People, Comedy, Current Affairs, Digital Program: Children & Young People, Digital Program: Fiction, Digital Program: Non-Fiction, Documentary, Drama Series, News, Non-Scripted Entertainment, Telenovela et TV Movie/Mini-Series. Chaque année au mois de novembre, l’Académie organise un festival de télévision durant lequel tous les programmes nominés sont représentés, et qui permet aux producteurs, réalisateurs et acteurs nominés de montrer leur travail. Chaque année, plus de 700 professionnels de la télévision participent au festival. Le gala des International Emmy Awards, au cours duquel les gagnants sont annoncés, a lieu le lendemain de la fermeture du festival. Il réunit plus de 1000 professionnels des médias venus du monde entier. La compétition des International Emmy Awards pour l’année 2011 est maintenant ouverte. La date limite d’entrée est le 20 Février 2011. Afin d’être admissible à la compétition, un programme doit avoir été majoritairement produit hors des Etats-Unis, et diffusé pour la première fois en-dehors du territoire américain en 2010 (entre le 1er janvier et le 31 décembre). Les règles de la compétition sont disponibles en ligne au lien ci-dessous : www.iemmys.tv/awards_entry.aspx. Les inscriptions n’étant pas remboursables, il est hautement recommandé de lire les Rules & Regulations dans leur intégralité avant d’envoyer sa candidature. Le coût de l’inscription varie en fonction de la langue du programme. Si celui-ci a été produit dans une langue autre que l’anglais, les frais d’entrée dans la compétition sont de 350$ et le programme doit impérativement être sous-titré ou doublé en anglais. Si le programme a été directement produit en anglais, les frais sont de 400$. Pour toute information supplémentaire, prière de contacter les International Emmy Awards à l’adresse email suivante: [email protected] Géraldine Durand Symposium Ina/UCLA à Los Angeles : Première concrétisation d’un partenariat en construction Date : 13/12/2010 Du 12 au 14 Novembre 2010, l’Institut National Français de l’audiovisuel (Ina) et la prestigieuse université publique de Los Angeles, UCLA, ont co-organisé, avec le soutien de la Library of Congress et du service audiovisuel du Consulat de France à Los Angeles, un symposium sur l’avenir des archives audiovisuelles et leur exploitation commerciale et culturelle. Ces trois jours de réflexion, intitulés « Reimagining the Archive, Remapping and Remixing Traditional Models in the Digital Era » et animés avec le soutien de la Library Of Congress de Washington, ont été l’aboutissement d’une longue collaboration entre les deux institutions et d’un dialogue entretenu depuis 2003. La conférence a été un vrai succès, tant par le nombre de participants (240), que par leur diversité (archivistes, techniciens, juristes, philosophes, etc.), et par l’intérêt des sujets traités et des panels proposés. Elle a permis à l’Ina de se positionner comme un lieu d’excellence en matière de numérisation, d’accès aux archives, de réflexion sur les usages, et de formation. L’Ina, comme UCLA Film & TV Archive possèdent désormais un catalogue de plus en plus important d’images numérisées et les enjeux auxquels ils sont aujourd’hui confrontés sont les mêmes : comment valoriser ce patrimoine ? Comment protéger les droits d’auteur liés à ces contenus ? Comment assurer la diffusion de ces archives ? Pionnier des archives numérisées, l’Ina a pu présenter sa vaste expertise à ses partenaires, notamment lors d’un déjeuner organisé par le service audiovisuel du Consulat à Los Angeles. Cette rencontre en petit comité a permis à la délégation de l’Ina (Mathieu Gallet, Président de l’Ina, Daniel Terrugi, Directeur de la recherche, Amit Roei, Bruno Bachimont, Jean-Marc Bordes, Thomas Drugeon, Valentine Frey et Stéphanie Godbert) de s’entretenir plus en avant avec les principaux organisateurs du symposium, notamment : Jan-Chrisopher Horak, Directeur de UCLA Film & TV Archive, Leah Lievrouw, UCLA Department of Information Studies et Dean Nick Browne, UCLA Cinema & Media Studies (également Directeur du Master Program UCLA Moving Image Archive Studies). UCLA et l’Ina souhaitent poursuivre leur collaboration en organisant un second symposium en France et en menant une réflexion sur la création d’un master commun, master qui pourrait voir le jour dans les prochains mois. Mathieu Fournet La télévision américaine s’intéresse aux baby boomers Date : 8 décembre 2010 Les élections de mi-mandat (midterm elections), qui ont eu lieu aux États-Unis début Novembre, ont mis en avant la puissance des électeurs de plus de 60 ans qui représentaient un tiers des bulletins de vote. Mais il suffit d'allumer sa télévision pour constater qu'à cet endroit, leur influence disparaît. Début novembre, la chaîne de télévision NBC a présenté devant les annonceurs une recherche au sujet de la tranche d'âge des 55-64 ans, aujourd'hui rebaptisée "AlphaBoomers", faisant référence au groupe d’âge principal de la génération du baby boom. En dépit de leur poids dans un certain nombre d'autres domaines, ils n’ont aucune valeur pour les networks, puisque les cibles des publicitaires à la télévision sont les 18-49 ans et les 25-54 ans. Or, selon la recherche de NBC, les AlphaBoomers sont "un segment de la population que les annonceurs, les marketers et les médias ne peuvent plus se permettre d'ignorer". Que la chaîne NBC se positionne en principal défenseur de cette cause suscite quelques sarcasmes. En effet, CBS met depuis longtemps en avant l’importance du public des baby boomers, position que NBC avait toujours critiquée, arguant que CBS cherchait ainsi à justifier son audience vieillissante. La nécessité est réellement mère de l’invention dans ce cas, puisque les networks semblent découvrir l’importance des baby boomers avec le vieillissement de leur audience (voir l’article du 9 septembre 2010 : L'audience à la télévision n'a jamais été aussi âgée). En effet, plus de la moitié de l’audience des chaînes ABC, CBS et NBC ayant 49 ans et plus, la position de CBS semble avoir fait des adeptes. Pourtant, Alan Wurtzel, Président du département recherche de NBC Universal, s’en défend. Il insiste sur le fait que les AlphaBoomers sont un groupe «extraordinaire» qui change la perception qu’on pouvait avoir auparavant du public plus âgé. Ce sont près de 78 millions d’Américains qui ont grandi avec le slogan « Sex, drugs and rock’n roll ». En bref, les AlphaBoomers ne vieillissent pas comme leurs parents, ils constituent "un animal" complètement différent, et ils représentent en cela une bonne cible pour les publicitaires. Alan Wurtzel concède "qu'il est très difficile d'obtenir d'une industrie qu'elle accepte de changer ses règles fondamentales", ajoutant que son objectif était essentiellement d'engager "une conversation sur la valeur marketing de ce groupe" et qu'il avait été encouragé par les premières réactions aux conclusions publiées par NBC. Sans surprise, David Poltrack, homologue d'Alan Wurtzel chez CBS, qui a longtemps été le seul à prôner la prise en compte des baby boomers, s’est montré amusé et satisfait, que NBC reconnaisse, enfin, cette partie plus âgée de la population. En effet, selon David Poltrack, il est dans l'intérêt collectif de l'industrie de la télévision (et notamment pour des programmes tels que les journaux d'information) de concéder une valeur aux personnes de plus de 55 ans. Ce sont souvent d’importants mécènes pour la télévision et cette reconnaissance représente une juste récompense de leur rôle. Il affirme "vous ne voulez pas voir un élément aussi déterminant de l'audience télévisée disparaître de la liste des sponsors potentiels". Il y a, en somme, deux problèmes dans le système actuel : premièrement, la discrimination vis-à-vis des plus de 55 ans est peu judicieuse, en raison notamment de l’arrivée d’un nouveau profil de public âgé et des évolutions dans le domaine de la consommation des médias. Deuxièmement, la représentation des jeunes adultes s'étend sur près de trois décennies et semble désespérément obsolète : qu’y a-t-il de commun aujourd’hui entre les 18-24 ans et les 4549 ans ? Il est intéressant de voir qu'à cet égard, les mesures d’audience des programmes pour enfants sont beaucoup plus précises. Le marché, qui avait d'abord regroupé les enfants de 2 à 11 ans, sépare désormais les filles des garçons, et distingue les enfants d'âge préscolaire des enfants en âge d'aller à l'école. La chaîne Disney Channel a même créé un segment pour les 9-14 ans, appelé «tweens», profitant de l'appétit de ces jeunes adolescents. De la même façon, les groupes d’âge des adultes ciblés par les annonceurs devraient être plus limités, afin de posséder une quelconque pertinence. Les AlphaBoomers pourraient, par exemple, constituer un segment à eux seuls, puisqu’ils regroupent les personnes d'une décennie entière. De même, il serait nécessaire de prendre en compte le niveau de scolarité, le revenu ou les habitudes d'achat du public. "Plus votre capacité à assimiler des données est sophistiquée, plus les nuances au sein des différents groupes démographiques est précieuse", affirme Alan Wurtzel. Certes, cette ouverture de NBC envers les annonceurs ne constitue qu'une faible tentative de rééquilibrage, et personne, à ce jour, n'a proposé d’établir une véritable égalité au profit des personnes âgées. Même David Poltrack ne s'attend pas à plus et énonce, "nous devons nous diriger vers des mécanismes où chaque spectateur a une valeur, plutôt que de regarder des millions de baby boomers fêter leur anniversaire et disparaître dans le paysage". Beaucoup d'éléments énoncés dans la présentation de NBC, tel que l'allongement de la durée de la vie, ne sont pas nouveaux. Mais, si dans les années 50, un américain de 64 ans qui voyait une annonce publicitaire pouvait continuer d'acheter le produit pendant encore 4 ans, cette « espérance d'achat » est aujourd'hui de 17 ans, selon les annonceurs. D'autre part, les AlphaBoomers disposent de leur revenu de façon plus discrétionnaire que tout autre segment de la population, et ils deviennent, à cet égard, plus intéressants que les jeunes adultes qui ont davantage de difficultés financières. Enfin, il est reconnu que ces derniers ont une utilisation de plus en plus accrue des DVRs (Digital Video Recorder) comme TiVo, qui leur permettent de regarder les programmes en décalé et d'éviter les annonces publicitaires qui leur sont pourtant dédiées. Allant plus loin que NBC, la chaîne de télévision Spike TV, dont l’audience en prime time est plus jeune que celle des chaînes concurrentes (environ 36 ans), a clairement exprimé sa volonté de s'adresser à un public plus âgé, ce qui fait référence, ici, aux 25-49 ans. Spike est actuellement en train de développer 7 séries télévisées à destination de ce public. La chaîne est consciente de ne pas aller dans le sens des annonceurs, qui convoitent les hommes jeunes, mais Kevin Kay, le Président de Spike, affirme : "Lorsque nous avons lancé cette chaîne, on nous a dit que nous ne pourrions pas fidéliser un public d’hommes jeunes, ces derniers préférant passer leur temps sur Internet ou à jouer aux jeux vidéo. Nous avons prouvé que cela était faux avec des programmes tels que Deadliest Warrior, Blue Mountain State ou encore The Ultimate Fighter, nous essayons maintenant de trouver quelque chose d'adapté pour un public un peu plus âgé et un peu moins branché". Ces évolutions au sein des chaînes américaines constituent une étape supplémentaire vers la reconnaissance de l’importance des AlphaBoomers, trop longtemps négligés par les médias. Une question subsiste cependant : les autres chaînes sauront-elles s'aligner sur cette position ou continueront-ils à pointer du doigt les baby boomers par simple habitude? Boomers go bust? TV rethinks its demos de Brian Lowry, Variety, 10 novembre 2010 TV comes to grips with aging process, de Brian Lowry, Variety, 20 octobre 2010 Spike slate OK with going gray, de James Hibberd, The Hollywood Reporter, 29 octobre 2010 Raphaëlle Greffier et Géraldine Durand Etude : la télévision payante toujours rentable Date : 8 décembre 2010 L’avenir de l’industrie des médias réside dans le maintien d’un modèle économique bien précis : la perception de frais d'abonnement qui sont ensuite reversés aux producteurs de contenu. Telle est la conclusion de l’étude menée par Nomura Securities sur l'état actuel du marché audiovisuel. Dans ce rapport, intitulé "La seule chose à craindre est... la stupidité elle-même" (The Only Thing to Fear is… Stupidity Itself), l'analyste Michael Nathanson déclare que "les tentatives malheureuses en vue de diffuser "gratuitement" des contenus premium sur Internet n'ont fait qu'endommager cette structure vitale". Une des découvertes surprenantes de ce rapport concerne l'utilisation des DVRs (Digital Video Recorder). Bien que leur usage soit en hausse, les téléspectateurs sautent de moins en moins les publicités. D’autre part, la généralisation de ces dispositifs de visionnage en décalé aurait pour conséquence la croissance des taux d’audience, particulièrement parmi les networks. Aux Etats-Unis, entre 2000 et 2009, les dépenses des consommateurs en matière de médias ont augmenté de seulement 4,6% et représentent aujourd’hui 358 milliards de dollars. Le rapport indique que plus de la moitié de cette croissance peut être attribuée aux abonnements au câble, au satellite, ainsi qu’à Internet. Michael Nathanson ajoute que "l'augmentation des dépenses vers ces services crée un effet d'éviction des autres produits". Ainsi, ce n’est pas la publicité ou les dépenses des consommateurs qui représentent l’essentiel des recettes des groupes de médias, mais les revenus du Business-to-Business (B-to-B, terme qui désigne l'ensemble des relations commerciales entre deux entreprises). Cette année, les sept plus importants groupes médiatiques, parmi lesquels Walt Disney et Scripps Networks Interactive, récolteront environ 40 milliards de dollars, grâce à la vente de contenu à d'autres entreprises de médias. Près de 57% de cette somme proviendra des frais d'affiliation et de retransmission. Le reste représente essentiellement les licences détenues par les studios de films et de télévision. Entre 2005 et 2009, les recettes du B-to-B ont augmenté de 10%, soit une hausse supérieure à celle du produit intérieur brut sur la même période, selon Michael Nathanson. En revanche, les dépenses des consommateurs ont progressé de seulement 4,7% et les revenus de la publicité ont chuté de 2,6%. Selon lui, « tant que l’écosystème actuel se maintient, il n’y a pas de raison pour que les propriétaires de contenu n’accroissent pas leurs profits ». Quant à la menace du "cord-cutting" (Voir l’article Cord Cutting : analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis), terme qui désigne l’attitude des clients d’une offre de télévision payante qui résilient leur abonnement en faveur de solutions alternatives sur Internet, Michael Nathanson n’y croit pas. "Les consommateurs auront tendance à renoncer à l'achat de nouvelles chaussures ou d’une nouvelle voiture plutôt que de diminuer leur consommation en matière de médias", écrit-il. "En l'absence d'alternative sérieuse, la télévision payante continuera de gagner des parts". Ce rapport tire d’autres conclusions : • Entre 2000 et 2009, les dépenses des consommateurs sur les films ont augmenté de seulement 2%, et de 0,7% ces 5 dernières années. C'est bien moins que les 6,5% de hausse sur les années 90 et que les 17,6% sur les années 80. Cela ne comprend pas le paiement d’abonnements à des chaînes payantes comme HBO. Selon le rapport, « la tendance actuelle, soit une distribution de films de plus en plus fragmentée et la recherche, par les consommateurs, de la solution la plus économique pour satisfaire leur intérêt, ne peut pas perdurer ». • Les dépenses publicitaires, exprimées en pourcentage du PIB, n'atteignent plus que 0,95% de celui-ci en 2009. Depuis 1935, seules deux périodes ont rencontré un ratio plus faible que celui-ci, pendant et après la Seconde Guerre mondiale et durant la récession de 1973 à 1975. À l'avenir, les chiffres de la publicité devraient augmenter en corrélation avec ceux du PIB. "Comme cela est déjà le cas, cette faiblesse structurelle devrait continuer d’avoir un impact plus important sur les médias locaux, tels que les journaux et la radio, que sur le secteur de la télévision nationale". • Malgré la pénétration grandissante des DVRs sur le marché, au cours des trois dernières années, le pourcentage des publicités sautées a diminué - du moins en ce qui concerne les séries des networks. Si, au cours de la saison 2007-2008, près de 59% des pauses publicitaires étaient ignorées, ce chiffre descend à 53% pour la saison 20082009. Michael Nathanson ne dispose pas d'explications tangibles pour justifier cette tendance. « Il est possible que les premiers utilisateurs de DVRs, forts de cette nouvelle capacité, aient beaucoup utilisé ces appareils en vue d'éviter les messages publicitaires. Cette tendance s’explique peut-être aussi par d'autres facteurs sociodémographiques. Quoi qu’il en soit, c’est un fait, le nombre de publicités sautées lors du visionnage de programmes télévisés par DVR est en baisse". De plus, les chaînes profitent grandement du DVR avec une croissance de leurs audiences de 22%, grâce à des chiffres non pas enregistrés sur une soirée, mais sur 3 jours. Par comparaison, les DVRs ont augmenté l'audience des chaînes câblées de 8%. Selon Michael Nathanson, en dépit du nombre croissant de séries diffusées par les chaînes du câble, les spectateurs trouvent encore sur les networks l’essentiel des programmes qu’ils souhaitent enregistrer. Si les DVRs aident à la diffusion des programmes, ils sont aussi un frein pour les chaînes de télévision locales qui ont pour habitude de faire des profits grâce des programmes proposées à des heures fixes, tels que le journal télévisé de 23 heures. "Etant donné le nombre de spectateurs qui regardent les programmes selon leur propre emploi du temps, les possibilités de tirer profit de cette audience au niveau local sont devenues plus rares". Si les réseaux du câble veulent bénéficier de l’usage du DVR, ils devront investir dans des séries télévisées originales. Toutefois, les programmes du câble sont souvent rediffusés dans les heures ou les jours qui suivent leur première diffusion, ce qui dissuade les téléspectateurs d’avoir recours au DVR. L'analyste ajoute : "Selon nous, les chaînes câblées, dont une partie des grilles de programmation est composée de rediffusion ou de contenu racheté à d’autres chaînes de télévision (syndicated content) n’ont qu’une faible identité de marque. Ces chaînes risquent d’être fortement atteintes par la hausse du visionnage sur DVR et la chute du visionnage en linéaire ». Study: Sub coin fuels biz, de Tom Lowry, Variety, 6 octobre 2010 Raphaëlle Greffier et Géraldine Durand Cord Cutting : analyse du phénomène qui agite l’industrie des médias aux Etats-Unis Date : 8/12/2010 Le secteur de la télévision payante a perdu près de 130 000 abonnés au 3ème trimestre 2010. Ce résultat confirme la tendance amorcée au trimestre précédent, qui marquait la 1ère chute des abonnements pour la télévision payante dans l’histoire de cette industrie aux Etats-Unis (Voir l’article du 19 octobre 2010 : Baisse sans précédent pour les opérateurs du câble aux Etats-Unis). Pour le deuxième trimestre consécutif, la baisse des abonnements dans le secteur de la télévision payante est due aux mauvais résultats des opérateurs du câble. Ces derniers ont perdu 741 000 abonnés au cours de ce trimestre, alors que les entreprises de télécommunications ont enregistré 476 000 abonnements supplémentaires et les opérateurs du satellite 145 000. Ces pertes, encore modestes, pourraient être attribuées à une économie affaiblie et à un marché de l’immobilier ralenti, comme l’affirment les CEO des principaux câblo-opérateurs depuis quelques mois. Toutefois, certains craignent de voir dans ces résultats les premiers signes du cord cutting. Ce phénomène, redouté par les professionnels du câble, désigne l’attitude des clients d’une offre de télévision payante qui résilient leur abonnement en faveur de solutions alternatives sur Internet comme le service de Netflix. Variation des abonnements à la télévision payante aux Etats-Unis - 3ème trimestre 2010 : Abonnements basiques / Câble Comcast Time Warner Cable Cablevision Charter Communications TOTAL Nombre d’abonnements - 275 000 - 155 000 - 24 000 - 64 000 - 518 000 Satellite DirecTV DISH Network TOTAL +174 000 - 29 000 + 145 000 Opérateurs Télécommunications AT&T U-Verse Verizon FiOS TOTAL + 204 000 + 236 000 + 440 000 Source : Company Earnings Reports Comme le souligne Ian Olgeirson de la société d’analyse SNL Kagan : « Cela devient de plus en plus difficile de nier l’impact des services de substitution over-the-top sur les abonnements aux services du câble, d’autant plus que cette baisse intervient durant la période de l’année qui enregistre généralement le plus grand nombre de nouveaux abonnements. Avec le changement de saison, les gens passent d’habitude plus de temps devant leur télévision. » Contrairement à ce que semblent croire les CEO des principaux opérateurs du câble, une situation économique difficile n’exclut pas forcément le cord cutting. Une réduction de leurs revenus peut pousser les consommateurs à opter pour des solutions moins onéreuses et, finalement, à les adopter. Ce phénomène pourrait, au final, peser lourdement sur les sociétés d’entertainment qui éditent des chaînes thématiques distribuées par le câble. Causes du phénomène : Les services de télévision payante ont un intérêt bien moindre que par le passé. Si le nombre de chaînes de télévision disponibles dans les foyers a plus que doublé depuis 2000, en passant de 63 à 128, le nombre de chaînes regardées par semaine par foyer ne dépasse pas 38 contre 28 en 2000. D’autre part, le coût moyen d’un abonnement à une offre de télévision payante a augmenté de 7% sur la même période, hausse largement supérieure à l’inflation. L’écart croissant entre le coût d’un abonnement et l’usage effectif de ce service pourrait pousser une partie de la population à reconsidérer son abonnement. Une offre Internet satisfaisante : L’apparition d’offres en ligne bon marché (comme Netflix) a changé la donne. Elles sont moins chères (le service illimité de Netflix commence à 9$/mois et Hulu a récemment revu ses tarifs à la baisse pour rester compétitif – voir l’article L’ascension de Netflix va-t-elle entraîner la chute d’hulu ?), simples d’utilisation (une interface facile à utiliser et un moteur qui permet de faire des suggestions), et plus pratiques (ils sont accessibles sur plusieurs appareils, la télévision, mais aussi l’ordinateur, l’iPad, etc.). Ces offres vidéo sur Internet n’ont pas besoin d’être des substituts parfaits aux milliers d’heures de contenu que propose la télévision payante : ils ont juste besoin de satisfaire les besoins des consommateurs à un moment donné. Dans l’immédiat, les services de streaming comme Netflix sont surtout attractifs pour les foyers aux revenus modestes ou pour ceux qui ne sont pas des aficionados de la télévision. Mais les retournements de tendance commencent souvent à la marge et les offres sur Internet pourraient gagner en qualité avec le temps. Afin de rester abordable pour les foyers souffrant de la situation économique, les câblo-opérateurs évoquent la possibilité de proposer des packages à tarif réduit. Toutefois, il est difficile de prévoir la réaction des réseaux de chaînes câblées à cette proposition. Il y a quelques années, ils s’étaient violemment opposés à la tentative des opérateurs du câble d’offrir les chaînes à la carte. Le risque caché : Les risques encourus par les opérateurs de télévision payante comme Comcast, DirecTV et leurs concurrents sont faciles à comprendre. Le danger sous-jacent est que ce phénomène porte atteinte également aux chaînes du câble non premium comme MTV de Viacom, TNT de Time Warner et Fox News de News Corp. En effet, moins d’abonnés à la télévision payante signifie moins d’affiliés et de revenus publicitaires pour ces chaînes. Les chaînes qui ont les droits sur les programmes qu’elles diffusent et qui se concentrent sur les séries télévisées, dont la « durée de vie commerciale » est plus longue, sont susceptibles de mieux s’en sortir à long terme. Un avenir incertain : Il ne s’agit pour le moment que des prémices du cord cutting et il est nécessaire d’être attentif à de nombreuses variables. Il est possible que le développement des offres TV Everywhere par les médias réduise le cord cutting. Il est également possible que Netflix ne soit qu’un service complémentaire aux services de télévision payante traditionnels. Auxquels cas, tout cela ne serait que beaucoup de bruit pour rien. Le développement de la tarification par visionnage sur Internet pourrait également limiter l’utilisation de ses plates-formes. Les câblo-opérateurs n’en restent pas moins attentifs au développement du cord cutting. Le COO de Time Warner Cable a notamment confirmé que ses services surveillaient attentivement l’évolution des abonnements dans les villes universitaires comme Austin, au Texas, et Columbus, dans l’Ohio. Les villes à forte population étudiante sont en effet un bon endroit pour surveiller le développement de nouveaux comportements du type cord cutting. Or, pour le moment, les résultats dans ces deux villes sont stables. Un analyste du cabinet Sanford Bernstein, Craig Moffett, a par ailleurs souligné que le nombre d’abonnements à un service Internet non relié à un service de télévision a également baissé. Ce ne serait pas le cas si les consommateurs faisaient le choix des services Internet plutôt que de la télévision payante pour regarder du contenu. Il suggère toutefois que les téléspectateurs pourraient tout simplement choisir de regarder la télévision hertzienne gratuite plutôt que des programmes sur Netflix ou Hulu. L’avenir le dira, mais dans l’immédiat, les actions des groupes de médias, qui dépendent fortement de la valeur des chaînes du câble, risquent d’être à la traîne jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse. Pay TV subscriptions fall in third quarter, de Tom Lowry, Variety, 18 Novembre 2010 The slippery slope of cord-cutting, de Spencer Wang, The Hollywood Reporter, 1er Décembre 2010 Géraldine Durand Un million d’abonnés en plus pour Sirius XM Radio en 2010 soit 20 millions de membres au total Date : 16/12/2010 Malgré un recul de ses abonnés l’an dernier, la radio satellite Sirius XM Radio a gagné plus de 334, 000 abonnés durant le troisième trimestre 2010. Cette hausse provient notamment du taux de clients étant passé de la formule d’essai (fourni notamment lors de l’achat d’un véhicule) à un abonnement fixe : 48,1%. En conséquence, depuis décembre, la radio a atteint la barre des 20 millions d’abonnés. Sirius XM adds over 1 million subscribers in '10, de Don Reisinger, Cnet News, 13 octobre 2010 What Else: Sirius, Stern, Location, Last.fm, KCRW, The Met, de Alexandra Osorio, Digital Music News, 5 novembre 2010 Sirius XM passes 20m subscribers, d’Eamonn Forde, Music Week, 1er décembre 2010 Informations récupérées via le Bureau export de la musique française à New York