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Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi LE PETIT ILLUSTRÉ « Le pouvoir des innocents : un groupe de jeunes gens N°1/Avril 2005 lepouvoirdesinnocents@voilà.fr se réunissant autour d’une passion commune : le hip-hop. Ce groupe, malgré des motivations individuelles distinctes, se retrouve porteur de messages symbolisant les réflexions d’une génération sur des thèmes contemporains. Fonctionnant sur le modèle du réseau, le groupe est constitué de nombreux membres. » P1 Edito P2 Rubrique J’écris pour vous dire P3 Rubrique J’ai rencontré ce matin P4 Rubrique Collage P5 Rubrique Poétique P6 Rubrique Mythologique P7 Rubrique Un matin ordinaire P8 Rubrique Dessins L’aboutissement d’une société décadente… -0- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi EDITO La tache d’encre s’élargit Le pouvoir des innocents : un groupe de jeunes gens se réunissant autour d’une passion commune : le hip-hop. Ce groupe, malgré des motivations individuelles distinctes, se retrouve porteur de messages symbolisant les réflexions d’une génération sur des thèmes contemporains. Fonctionnant sur le modèle du réseau, le groupe est constitué de nombreux membres. La formation de ce collectif en tant que tel rend compte de la volonté d’expression de jeunes individus touchés par des problématiques communes. Loin d’un isolement et d’un repli sur soi, c’est par des actions menées collectivement que chacun va faire face à ses problèmes personnels. Le collectif va progressivement développer une sorte de « thérapie » basée sur l’écriture et l’oralité. Cette initiative originale a le mérite d’être totalement auto-gerée et de ne reposer que sur la bonne volonté des participants. Une certaine forme de solidarité apparaît. Le collectif s’efforce principalement de proposer une alternative à la culture de consommation imposée par le système actuel. Une association malsaine entre informations et publicité, entre musiques et commerce produit des effets pervers multiples qui s’imposent progressivement au sein de la société. En réaction à ses effets, le collectif amorce une réflexion sur le rôle de médiation inhérent au journal d’information et à la musique et s’interroge sur la phase de réception auprès du public. Les questions de la libre diffusion, de la « gratuité » et d’une instruction publique partagée sont au centre des débats. Une image du mouvement hip-hop basée sur la réflexion et éloignée des clichés commerciaux et de la simple consommation de masse émerge progressivement sur les places publiques de la métropole lilloise. -1- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « J’ecris pour vous dire » « J’écris pour vous dire, le Bien-être passe-t’il par les pensées ? Faut-il que nous y pensions pour le remarquer ? Ne peut-on pas tout simplement le vivre ? Certes le vivre sans s’en rendre compte ne servirait à rien… Soit. Je ne partage pas cela car ça voudrait dire aussi que l’on doit se rendre compte quand tout va mal ! Par conséquent sasser et ressasser sans arrêt que tout est noir, moche, sale… Que vous faut-il comprendre dans le bien ou le mal-être ? Quoi vous y attire ? Demandez vous cela, et dites moi si vous savez, appelez moi ! Une régression peut-être de ne pas se demander à propos du bien-être Redeviendrions-nous des animaux si nous ne vivions que d’instincts ? Tout à fait ! Mais alors comment accepter le fait de suivre une route faite de béton pour mes pieds nus ? Allez savoir, mais la corne -l’expérience- s’épaissira plus vite. Donc ne vaut-il mieux pas vivre ou chercher son bien-être dans un monde qui nous est connu, plutôt que de changer sans arrêt de route, trop douces pour les pieds ? Le bien-être est à creuser, mais n’est ce pas des questions que l’on se pose lorsqu’on est mal ? Car quand tout va bien, rien ne va mal, donc au diable les questions ! » Marc, 16 ans « J’écris pour vous dire qu’il fut un temps … Je rêvais de ce qui aurait pu être vrai. Je rêvais de ce que je souhaitais réel. Je rêvais mais ne vivais pas. Rêver me prenait tout mon temps. Je ne pouvais, ni ne savais rien faire d’autre. Je ne faisais que cela. Ma vie, rêvée, avait connu déjà bien des fins. Plusieurs fins qui ne trouvaient aucun point commun. Alors que la vie dans laquelle je faisais tout ces rêves suivait son cours, je ne m’en rendais pas compte. Seules les vies autour de moi, les êtres vivants qui faisaient ceux pour qui je comptais et qui comptaient pour moi me réveillaient de ces doux songes. Jamais je ne cauchemardais, du moins je leur trouvais une explication plausible et ils devenaient indubitablement des rêves. Les rêves que je faisais étaient tout à fait complémentaires. Ils ne se contredisaient jamais. C’étaient eux qui me dirigeaient. Ils surpassaient mes envies, ils dépassaient mes actions. Je n’aurais jamais pu les manipuler, ils me manipulaient tels des hommes doués de conscience. Aucune schizophrénie n’était capable de devancer cela. Rien ni personne ne pouvait prendre leur place. Jusqu’à… La passion. De qui, de quoi, pourquoi et comment ? Seule moi le sais. Et jamais je ne le dirais. » Maria, 42 ans -2- « J’écris pour vous dire que la vraie connexion est naturelle, loin de l’électronique, beaucoup plus prés de l’herbe que de la prise électrique. Rien ne sert de sentir l’essence la plus rare, si notre horizon est couvert de pierres taillées recouvertes de crasses capitalistique et industrielle ! Le mythe du retour aux sources n’est plus qu’une illusion, et bien comptez sur moi pour faire disparaître le reste… » Myosotis flamboyant, 26 ans Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « J’ai rencontre ce matin » « J’ai rencontré ce matin, juste derrière la place Stalingrad, au bord du canal de l’Ourcq, un baltringue, un vrai baltringue ! Vous ne savez peut être pas, mais ce genre de type, lorsqu’il ne travaille pas, est le parfait compagnon pour passer le temps car il connaît des histoires à n’en plus dormir… Au fait, le baltringue est la personne chargé de monter et démonter les chapiteaux de spectacles itinérants, alors vous comprenez, les voyages, le nomadisme en pratique, les veillées autour du feu, cela permet d’augmenter le potentiel d’anecdotes à raconter ! Bref, le temps passé à ses côtés n’a pas du excéder l’heure et pourtant, j’ai eu l’impression en revenant à ma réalité parisienne, d’avoir effectué un bon petit tour d’Europe bien tranquillement, sans me fatiguer… Mais bon, ce que je n’aurais pas donné pour avoir pu vivre quelques aventures de ce genre ! Si je les avais vraiment vécues, je ne serais pas là à vous parler simplement de cette rencontre mais je vous éblouirais l’esprit, tiens ! Enfin, d’ici à la prochaine fois, on verra « J’ai rencontré ce matin dans le métropolitain, un jeune homme qui devait avoir une quinzaine d’années. Celui-ci racontait une histoire à d’autres jeunes moins âgés que celui-ci son histoire fut brève et stupide Je vous la retranscris telle quelle : « hier j’ai dit à ma mère nique ta race grosse pute » Georgette, 49 ans « J’ai rencontré ce matin Mohamed, qui m’a dit, bien avant que je verse ma première parole : « Plutôt que de se parler pourquoi ne pas s’écrire ? Effectivement comme tu te doutes j’ai un tas de choses à te dire ! Mais tu te dois d’agir le plus discrètement possible. J’allais dire de ne pas laisser le doute planer plus longtemps, en fait je peux ! Etant donné que tes yeux parcourent les mots je ne sais combien de fois plus vite que je ne les écris, je peux patienter encore. Je vais donc aborder des sujets « bateaux », je vais te parler du temps, par exemple. A savoir : le temps qui passe est identique pour tout le monde : le temps est une longiligne, il ne se déforme pas. Par conséquent c’est l’interprétation que nous en faisons qui est changeante. Selon quels critères alors ? Nos envies, nos actions, …?» J’attends toujours sa lettre… » bien ce qu’il m’arrive…qui sait ! » Akira, 34 ans Anselme, 22 ans -3- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi -4- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « Po tique » Drôlerie dramatique Je repars de zéro du plus bas de l’échelle Cela est nécessair’ pour un vie des plus belles J’apprends à me laver (du plus propre au plus sale) J’ai bientôt dix huit ans est ce vraiment normal Chaque jour le décor est toujours monotone Que l’on soit en hiver, en été, en automne Les gens sont tell’ment cons enfermés dans des boites Ou la chaleur est là et rend toutes mains moites Dans ma sall’ l’air est rar’ respirer se fait dur Sommes nous dans une ère ou notre air n’est plus pur? Nous sommes dans l’erreur tous plus ou moins ignares Je suis de ceux qui pleurent en proie au désespoir (Le lendemain matin) Mettez vous à vos aises Respirer lentement ouvrez les parenthèses Monsieur excusez moi je regrette mon acte Cela m’a fait l’effet d’un bon coup de matraque Je n’aurai jamais du fuir ainsi votre cours Mais je suis encor’ jeune au seuil de mon parcours Il y a en ce mond’ des tas de choses à voir Du plus clair d’un matin au plus sombre d’un soir Mais tous mes arguments ne firent pas long feux Face à ce professeur de mes actes furieux Cela n’a pas de sens car je m’autodétruis (Je voulais simplement vivre de poésies) Le train train de ma vie commence avec ce train Qui ne me mèn’ pas loin et cela chaque matin Je retourne en arrière au plus bas de l’échelle Est ce bien nécessair’ pour une vie plus belle? -5- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Gâcher sa vie Non ce n’est pas ma faut’ je ne suis pas coupable C’est la vie qui est dur’ quand ell’ vous prend pour cible Maîtresse de ce jeu d’adresse remarquable Qui fait subir à I’Homm’ ses coups les plus terribles Il me faut donc avouer que la vie ne vaut rien Il faut la contourner ou lui tourner le dos Dans ces cas risqué d’êtr’ traité comme un vaurien Ou comme un fou furieux pour le monde un fardeau Il n’y a pas beaucoup de place pour le rêve De temps pour voyager voir de nouvelles rives Le plus souvent déçu l’existence s’achève Et laisse derrière elle un monde à la dérive Non nous devons construire un semblant de concret Une grande famill’ comme des sacrés cons Craindre l’autorité respecter les décrets Ne plus aimer la vie et sauter du balcon Se réveiller la nuit au milieu d’un cauch’mar Paralysé d’avoir entraperçu la mort Attendant vivement qu’un nouveau jour démarre Un nouveau jour encore ou il n’est pas d’accord D’accord avec le mond’ sa façon de tourner Ou de la dure vie et ses nombreux tournants Et le prix du billet de train lille tournai Des désaccords qui sont pour le monde gênants Il n’y a rien à fair’ je dois juste m’enfuir Rassembler mon courage et enlever ces fers Ces chaînes inutiles étaient là pour me nuire Et pour me tenir près des portes de l’enfer Un enfer invisible ou tout est calculé Tout est bien programmé le système est précis Toi tu prends la matraque et toi prends le balai Et vous n’attendez plus votre place est ici Monsieur asseyez vous et faites moi confiance Parlez moi de vos goûts de toutes vos envies Je vous en guérirai et comme récompense Vous serez avec nous pour gâcher votre vie -6- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « Mythologique » Naissance du tabac chez les Tereno, Amazonie brésilienne Il y avait une femme qui était une sorcière. Elle souillait de sang menstruel les plants de caraguata1 qu’elle faisait ensuite manger à son mari. Renseigné par son fils, l’homme annonce qu’il part chercher du miel dans la brousse. Après avoir entrechoqué les semelles de ses sandales de cuir « pour trouver le miel plus facilement », il découvre une ruche au bas d’un arbre et un serpent tout près. Réservant le miel pur pour son fils, il confectionne pour sa femme une mixture faite de miel et de la chair des embryons de serpent, extraits du ventre de celui qu’il a tué. A peine la femme a-t-elle entamé sa portion que le corps lui démange. Tout en se grattant, elle annonce à son mari qu’elle va le dévorer. L’homme s’enfuit, grimpe en haut d’un arbre où nichent des perroquets. Il apaise momentanément l’ogresse en lui lançant l’un après l’autre les trois oisillons qui se trouvaient dans le nid. Pendant qu’elle court après le plus grand qui volette pour lui échapper, son mari se sauve en direction d’une fosse qu’il avait lui-même creusée pour prendre le gibier au piège. Il l’évite, mais la femme y tombe et se tue. L’homme comble la fosse et la surveille. Une végétation inconnue y pousse. Curieux, l’homme fait sécher les feuilles au soleil ; la nuit venue, en grand secret, il fume. Ses compagnons le surprennent et l’interrogent. Ainsi les hommes entrèrent en possession du tabac. 1 Une broméliacée dont les feuilles centrales sont tachées de rouge à la base. -7- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « un matin ordinaire » Jeudi 31 mars Au palais de justice c’est le carnaval pour la majorité des employés Fiers de leurs déguisements, le menton haut la première partie est déguisée en bleu avec comme panoplie une casquette, un bâton et une veste. Le plus souvent gros de ne rien faire qu’attendre La seconde partie elle porte une robe noire assortie d’une hermine et un col blanc Ce sont les beaux parleurs il faut les écouter au risque de les vexer La troisième partie est accompagnée de balais, brosses et autres chiffons elle est là pour assurer l’entretien d’un palais ou les rois sont les juges et magistrats qui peuplent ces lieux Dans ce palais de justice, les peines sont bien présentes mais la justice est elle rendue ? On extrait de la prison de Loos, M, ancien toxicomane, il dormait dans un squatt; depuis il purge une peine de un an de prison. Il ne comprend pas l’accusation : il voulait juste écouter de la musique et a donc emprunté un walkman dans la salle des infirmières. Le présidant emploie des termes juridiques que M ne comprend évidemment pas. Il répète « Je voulais écouter de la musique... ». Vite expédié on lui rajoute trois mois de prison!! Sûr que ça va l’aider. Hélène est grande et costaud. Depuis longtemps elle est soignée en hôpital psychiatrique. Un jour elle a fait le pari d’accomplir le “plus grosse bêtise”: elle poignarde une femme et depuis trois ans lui envoi des menaces de mort. La plaignante ne vit plus, elle a peur. Mr le procureur se lève et entame une plaidoirie virulente contre les psychiatres qui n’enferment plus, les fous lâchés dans la nature ou qui emplissent les prisons. Il hurle à H que celle ci relève de la psychiatrie (c’est assez évident) et essaie de lui faire comprendre la souffrance de sa victime. Les deux frères sont arrivés d’Algérie il y a un an, ils ne parlent ni ne comprennent le français. Mais il fallait le dire, il faut un interprète. Jugement reporté. Ils repartent avec leur père. -0- Journal libre et gratuit à diffuser autour de soi Rubrique « dessins » La guerre est trop sérieuse pour la confier aux militaires ! -1-