Les Supplétifs dans l`Armée Française pendant la guerre d`Algérie
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Les Supplétifs dans l`Armée Française pendant la guerre d`Algérie
2/ Les Supplétifs dans l’Armée Française pendant la guerre d’Algérie - Dernier Episode - (Auteur C.R. AGERON) -Episode 1 = Les Mokhaznis, les SAS et les GMS (INFO 481) -Episode 2 = Les Harkis (INFO 482) -Episode 3 = Autres catégories : les UT et les UR, les GAD (INFO 483) -Episode 4 = Quels étaient les effectifs totaux de ces forces supplétives autochtones? (INFO 484) -Episode 5 = Interrogations historiques (INFO 485) -Episode 6 = Suite….(INFO 487) Source : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1995_num_48_1_4419 L’Auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Robert_Ageron EPISODE 7 : Suite et Fin Les soldats français musulmans appelés par le service militaire obligatoire – 116 241 furent incorporés de 1955 à 1961 cependant que la moitié des conscrits (49,7 %) avait réagi par l’insoumission – n’hésitant pas, dès 1959 à « faire des réflexions désagréables à l’endroit des harkis ». Certains condamnaient les supplétifs auxquels ils reprochaient de « faire de la misère à la population » alors qu’eux-mêmes, disaient-ils, « refusaient de tirer sur les moudjahidines ou, s’ils devaient les attaquer, tiraient au-dessus de leurs têtes ». Aux yeux de la population musulmane, les appelés n’étaient pas considérés comme des « traitres », alors que ce qualificatif était communément employé pour désigner les supplétifs. Les élus musulmans eux-mêmes, longtemps silencieux, osèrent à partir de 1961 dénoncer les « exactions, le comportement et la conduite inhumaine des harkis » et demander au gouvernement français leur suppression complète. Pour les civils algériens et les militaires de l’ALN des frontières, les supplétifs les plus détestés étaient « ces goumiers qui paradent en uniforme, vivent en caserne ou baroudent contre leurs frères ». Plus généralement, leur attitude était violemment hostile visà-vis de « ces chacals qui, disaient-ils, prennent l’argent, le bétail et les femmes…interrogent les prisonniers et les abattent ».Pour les nationalistes, goumiers et harkis étaient uniformément « des traîtres au service de l’occupant ». Les fonctionnaires civils et les officiers français étaient divisés dans leurs jugements. Certains chefs de SAS dans leurs rapports écrivaient souvent des phrases assez dures vis-à-vis de leurs mokhaznis, « cette catégorie de travailleurs favorisés, logés, habillés et bénéficiant d’es allocations familiales, qui s’étaient engagés sans motivation patriotique pour gagner leur vie ». Les mokhaznis « s’engraissent et au bout du compte ne se compromettent pas trop ». Quant à leur moral, les mokhaznis « calquent leur attitude sur celle de leurs chefs mais n’ont donné jusqu’ici aucun signe particulier » (4ème trimestre 1961). Pour certains officiers, appelés ou réservistes semblent-ils, les supplétifs étaient dans l’ensemble « de frustes journaliers surtout préoccupés de l’embauche et du repas du lendemain ». Ils continuaient à vivre dans leur famille ou près d’elle, leur service n’était pas excessif, les opérations auxquelles une partie d’entre eux devaient participer ne les occupaient que quelques jours par mois. Des salaires attractifs pour des miséreux, chez beaucoup le goût des armes, chez quelques uns la motivation de vengeances privées expliquaient leur participation toujours révocable. Ils ne manifestaient aucune aspiration politique : « Un grand idéal n’est pas indispensable au bonheur du harki ». Mais d’autres jeunes officiers d’active célébraient volontiers « leurs harkis » comme de courageux soldats volontaires au service de la France. L’étude de quelques rapports et synthèses conservés montre aussi une grande variété dans les jugements portés par les officiers selon l’époque de leur rédaction et la situation très différente des régions. Plusieurs officiers supérieurs s’étonnent pourtant à la fin de 1961 de ce que les harkis, ces hommes menacés, « refusent obstinément, malgré les avances qui leur sont faites, de s’engager dans l’armée et préfèrent garder leur caractère de supplétifs ». De fait, quant on leur offrit de choisir, en mars 1962, entre un engagement militaire résiliable à tout moment, un contrat de six mois pour servir à titre civil en qualité d’adjoints contractuels des armées ou le retour à la vie civile avec prime de recasement, 82,5 % d’entre eux optèrent pour cette dernière formule. Moins de 6 % des harkis acceptèrent de s’engager dans l’armée malgré des conditions exceptionnelles et les encouragements de leurs cadres français. Autant dire que, dans leur grande majorité, ils ne s’étaient jamais considérés comme « des soldats de l’armée française ». Ils furent pourtant tenus pour tels, à partir de 1962, par beaucoup de partisans militaires et civils de l’Algérie française. Plusieurs milliers de supplétifs ayant été massacrés par leurs compatriotes, les harkis devinrent les martyrs arabes de l’Algérie française et furent désormais célébrés comme tels. 3/ Les pieds-noirs, constructions identitaires et réinvention des origines (Auteur Jean Jacques JORDI) 1er Episode = Une histoire singulière (INFO 485), 2e Episode = Des naturalisations automatiques pour rétablir la dualité coloniale (INFO 487), 3ème Episode et dernier épisode : -Une communauté en partie créée par le regard métropolitain, -Identification israélienne puis séfarade -On peut alors comprendre que 1962 est un événement traumatique. La réalité des drames et des misères vécues par les rapatriés vient du fait que la perte de l’Algérie est ressentie comme un profond déracinement. La détresse qui l’accompagne est aussi le fruit d’une très longue période de tensions affectives et passionnelles - sept années de guerre -, et s’amplifie avec la découverte d’un pays dont ils étaient certes nationaux, mais qu’ils ne connaissaient guère. Ce déracinement provoque donc dans l’immédiat une perte des repères matériels et affectifs. La maison, le village, le quartier, la rue, les commerçants ... , tout ce qui contribue à fabriquer l’horizon quotidien n’existe plus. Pis encore, la perte de ces objets d’investissements affectifs est aggravée du fait qu’en France, une grande partie de la population considère que ces biens avaient été acquis sur le dos des "indigènes". Que cela ait été le cas pour certains, nul ne peut en douter, mais la généralisation est souvent excessive : le niveau de vie des Français d’Algérie était inférieur de 15 à 20 % à celui des Français. Quoi qu’il en soit, ces biens souvent modestes et désormais perdus deviennent des objets de honte. Ce sentiment, lié à celui de l’insécurité quant au travail, au logement, aux tracasseries administratives ... marquera sans doute profondément le pied-noir. De fait, le "rapatriement" de 1962 n’est pas une simple migration. Le déracinement, l’exode, l’exil ont provoqué des lésions morales et affectives dont on n’a pas toujours évalué l’ampleur, et qu’on croyait résoudre avec des priorités au logement et à l’emploi. Dans un premier temps, la réponse tant externe qu’interne des pieds-noirs reste le culte du souvenir. Certes, cela ne leur est pas propre : la plupart des communautés professent ce culte. Il a ses références historiques et son cérémonial. La seule différence, chez les pieds-noirs, réside dans le temps extrêmement court qui sépare l’exode de sa reconnaissance. Dès 1965, les rapatriés ont un mémorial national érigé dans le cimetière d’Aix-en-Provence, se retrouvent à Carnoux-en-Provence le 15 août pour honorer Notre Dame d’Afrique, ou à Nîmes-Courbessac pour Santa-Cruz, le jeudi de l’Ascension ! D’autres manifestations, pour la plupart organisées dans le Sud de la France, rassemblent plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de pieds-noirs, et sont ressenties par les métropolitains comme une entrave à leur intégration. Ces rassemblements connaissent un franc succès jusqu’à la fin des années soixante-dix, puis s’affaiblissent considérablement. Seules les deux manifestations de CARNOUX et de NIMES résistent à l’usure du temps et rythment l’exil pied-noir. On a cru, dans les immédiates années d’après 1962, que l’idéalisation de la terre perdue allait être le ciment d’une identité à construire. Dans une certaine mesure, le regard des métropolitains contribue à faire exister une "communauté" qui n’avait pas cours en Algérie. De fait, les pieds-noirs jouent une solidarité excessive et quasi exclusive qui se manifeste au quotidien par la recherche du médecin rapatrié, du boulanger rapatrié, du dentiste, du libraire, du boucher rapatriés, avec lesquels on pourra parler de "là-bas" et évoquer un passé regretté qui ne saurait revivre, certes, mais qui n’appellerait pas en retour des condamnations ou opprobres. Ceux qui se sont engagés dans cette voie définissent leur exil comme destructeur, en ce sens qu’il devient un échec à l’intégration dans une métropole qui, en définitive, n’apporte rien. Ils ont la sensation d’être des étrangers parmi les leurs et se réfugient dans une "nostalgérie" prégnante. Le souvenir est alors un frein à l’intégration et le deuil de l’Algérie inlassablement porté. Ces rapatriés trouvent, dans les associations qui revendiquent l’indemnisation et la réinstallation, des porte-drapeaux efficaces. Identification israélienne puis séfarade En résumé, on peut penser que si la référence à 1962 reste encore forte, d’autres références apparaissent et s’inscrivent soit avant 1830, soit après. Une démarche semblable a été engagée par les juifs pieds-noirs, Français d’Algérie depuis 1870 et “dont le pays de Descartes, Racine et Hugo était devenu en 1962 le refuge qui supplée à l’absence jugée irrémédiable du village perdu d’Algérie”. Dans un premier temps, les juifs pieds-noirs ne constituent pas un groupe distinct à l’intérieur de la population rapatriée. Comme l’a bien noté Chantal BENAYOUN, il y a une sorte de “pied-noirdisation des juifs qui estimaient vivre, non pas le énième avatar de l’exil juif - ce que le départ d’Afrique du Nord ne fut pas -, mais l’exil d’une catégorie de Français ‘étrangers de l’intérieur’”. Puis vint, sans doute au début des années soixante-dix, l’étape de la judéité et un attachement à Israël qui se concrétisent l’un et l’autre par la redécouverte d’une culture juive et par de nombreux voyages vers l’État hébreu, sans que cela signifie un départ définitif, la francité restant, pour les juifs pieds-noirs comme pour les pieds-noirs, un atout maître. Enfin, dans le milieu des années quatre-vingt, le concept de “séfarade” est revendiqué. L’étape qui s’annonce permet alors de faire référence à une histoire bien plus longue, elle aussi d’avant l’épisode (dans ce cas, il s’agit d’un épisode de plusieurs siècles) en terre maghrébine puis algérienne. La blessure originelle n’est plus uniquement celle de 1962, et il faut désormais compter avec 1492 ! Toutes ces démarches et tous ces itinéraires actuels sur l’avant-1830 ne nous donnent en aucun cas une identité aux contours bien définis. Ils expriment la volonté de se voir reconnaître dans une histoire qui n’est plus celle des rapports ambigus entre la France et l’Algérie des 19e et 20e siècles (dont ils seraient des otages), mais d’une histoire plus large, plus riche, davantage proche de celle de Fernand BRAUDEL et de sa Méditerranée. Enfin, ce foisonnement peut inquiéter ou étonner, et cette diversité dérange aussi bien la “ tribu pied-noire” que la communauté nationale. On ne peut plus désormais penser cette “tribu” comme un bloc monolithique, tant les représentations et les regards évoluent eux aussi. Mais il s’agit là d’une autre étude 4/ A Propos du mot ‘’ Rapatrié ’’… (Source : Marcel LIZON) NDLR : Récemment notre compatriote Marcel LIZON, dont nous apprécions son grand dévouement à notre cause commune, nous demande d’occulter un mot de notre vocabulaire associatif, celui de ‘’RAPATRIE’’. Il est vrai que cette appellation nous ramène à notre exode et aux stigmatisations encourues d’alors ! Bien qu’il soit amène, Marcel LIZON a, comme PETER, un Principe. Egalement appelé syndrome de la promotion Focus, ce principe nous incite à réfléchir, avec humour, sans pour autant aboutir à une ‘’lévitation’’ issue d’un sommet volant dont certaines associations ont le secret… Que dit notre ami Marcel : « J'ai gardé et l'en remercie le texte de Monsieur Jean MAZARD. C’est avec beaucoup de regret que je constate que peu, pour ne pas dire aucune (excepté notre d'Amicale), on répondu ou formulé le désir de changer le nom de leur ASSOCIATION OU AMICALE. Un petit rappel " en 14/18 ET 39/45 ’’ nos grands parents et parents n'étaient PAS considérés comme des "RAPATRIES" pour venir défendre le pays et pour nombreux d’entre eux y laissèrent leur VIE. Ne donnons plus l'occasion ni la possibilité à tous ces Elus (es) de nous appeler ou parler de nous comme des "RAPATRIES". Aussi je vous invite, si vous le voulez bien, à voir auprès de vos associations ou amicales d'avoir à supprimer ce mot " de RAPATRIES" ; d'en informer vos journaux pieds-noirs afin que chacun prenne conscience que nous ne sommes plus des "RAPATRIES". «Le terme de rapatrié m’a toujours heurté car il s’agit d’une personne ramenée dans son pays pour des raisons majeures de sécurité (guerre, catastrophes naturelles, etc…). Ce terme est donc inapproprié ; je cite la définition suivante de Marc ESCAYROL » : Pied noir : ‘’Rapatrié qui a dû montrer patte blanche pour rentrer dans son pays’’. Encore n’est-elle pas tout à fait exacte en raison du fait que pour « rentrer dans son pays » il aurait fallu que nous y soyons accueillis en tant que Français, et on sait de quelles manières nous l’avons été. Recueillement devant la stèle érigée au cimetière de Quint avec le président Marcel LIZON à droite Nous serions des « rapatriés » si nous avions été ramenés dans ce pays dont on nous avait laissé croire que nous étions ses enfants, donc par la volonté des dirigeants de l’époque, ce qui n’est pas le cas. Pour se retrouver ici, il nous a fallu payer notre voyage de "retour" définitif. C’est peut être pour éviter d’avoir à nous le rembourser que tous les gouvernements de « droite » et de « gauche » ont fait et font tout ce qu’il faut pour ne pas nous y intégrer. Quel intérêt y aurait-il maintenant à l’être dans ce pays…? "Français d’Algérie" encore faudrait-il que nous ayons été considérés comme tels, sauf lorsqu’il s’est agit de conscriptions (16%) des européens en 1942. J’ai la triste impression que les européens d’Algérie étaient plutôt considérés comme de l’élevage en réserve pour les conflits, pendant lesquels l’amère « patrie » en danger était incapable d’assurer sa défense. A noter qu’après la sanguinaire campagne d’Italie, De Lattre de Tassigny n’a pas pu sur le territoire métropolitain reconstituer les pertes subies à l’aide d'engagements volontaires (excessivement rares). Pour quelle raison allaient-ils s’engager pour terminer le travail déjà accomplis par ces ‘’connards’’ de Pieds Noirs bien conditionnés pour le terminer à leur place et continuer à se faire exterminer? Nous sommes donc des « expatriés » en France, ce qui n’est pas exact non plus puisque cela sous-entendrait que nous soyons algériens, mais plus certainement des exilés sans patrie, puisque le pays de nos racines n’existe plus. Celui qui ne nous a pas accueillis ne nous a pas encore permis d’implanter de nouvelles, profondes et durables racines. Il continue de nous traiter comme des moins que rien, sauf s’il s’agit de soutirer les votes de quelques crétins pour mieux nous humilier par la suite avec en plus la complicité de certains d’entre nous, spécialistes idéologiques autoproclamés d’une histoire de l’Algérie qu’il n’ont pas vraiment connue, durant les quelques dix premières années de leurs vie avant leur départ, mais ça leur rapporte. En tout état de cause, cela fait plus de 50 ans que je sais avec certitude pour qui ne pas voter, car je suis un exilé sans patrie, mais avec droit de vote. Sommes-nous des Européens Apatrides Originaires du Nord de l’Afrique ? Jean MAZARD NDLR : Cela est maintenant soumis à votre sagacité. Si vous souhaitez apporter votre contribution à ce débat, les colonnes vous sont ouvertes dans cette INFO. MERCI. En ce qui me concerne, cher Marcel, franchement et sans arabesque (si chère à PETER), ce sera nenni au mot rapatrié devenu inusité après 52 années de présence en métropole. 5/ L’A.L.N. : une rébellion sans visage -1er Episode - (Auteur Général BEAUFRE) Général André BEAUFRE (1902/1975) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Beaufre L’opération de la Toussaint (Ndlr : INFO 486), montée par le C.R.U.A., avait été conçue par les conjurés comme une manifestation, un énorme scandale destiné à secouer l’assoupissement des masses musulmanes et à éveiller l’attention de l’opinion française sur la nécessité des réformes. En fait, un mois plus tard, il s’avéra que, si le scandale avait été grand, les résultats matériels étaient négligeables. D’autre part les masses musulmanes demeuraient étrangement passives et même, dans la plupart des cas, jugeaient sévèrement les révolutionnaires qui risquaient de les entraîner dans l’escalade de la répression. Bien plus, seule une infime minorité osait espérer que la révolte ne serait pas écrasée. Devant ce bilan peu encourageant, il est assez remarquable que le petit groupe des conjurés de la Toussaint n’ait pas perdu l’espoir et que, placé par les circonstances le dos au mur, il ait eu l’intelligence de relancer son action selon des formules particulièrement bien choisies, qui devaient assurer le succès ultérieur de la révolte. Il est intéressant d’analyser ces formules. Il ne semble pas, d’ailleurs, que l’élaboration du nouveau plan d’action ait résulté de raisonnements théoriques très poussés. En fait, la situation des conjurés était celle d’hommes traqués. Il était pour eux essentiel et urgent de neutraliser les informateurs de la police pour aveugler le système répressif, donc de s’assurer le contrôle de la population musulmane. Pour ce faire, le premier réflexe fut d’instaurer un terrorisme implacable : tout informateur serait exécuté de façon spectaculaire et rituelle, par égorgement, si possible devant la population assemblée. De tels exemples ne tarderaient pas à museler tout le monde. Il serait en outre possible, par ce procédé, d’éliminer progressivement tous les musulmans fidèles à la France. Cette réaction élémentaire, qui avait été celle des révolutionnaires irlandais, devait être appliquée par les Algériens avec des procédés auxiliaires qui devaient se révéler efficaces. NDLR : Attention certaines photos sont difficiles ; personnes sensibles s’abstenir de cliquer : http://www.harkisdordogne.com/pages/Massacres_de_Harkis_de_Juillet_a_Aout_1962Deuxieme_partie-8268894.html http://www.algerie-francaise.org/documents/plainte3.shtml http://www.algerie-francaise.org/plaintes/plainte2/partie11.shtml S’appuyant sur les traditions laissées par le mouvement uléma, d’inspiration religieuse, la prise en main de la population exploita le thème politique d’un retour à l’orthodoxie musulmane : interdiction de boire du vin et de fumer. Par ces méthodes, les révolutionnaires s’identifiaient aux traditions nationalistes les plus caractéristiques. En outre, imposant un comportement visible d’un ascétisme facile à suivre, mais marquant nettement les sympathisants et les adversaires, il permettait une pression généralisée sur l’ensemble de la population masculine. Comme il eût été impossible que cette discipline fût acceptée volontairement, elle fut imposée par un terrorisme mineur : les révolutionnaires coupaient le bout du nez des contrevenants après plusieurs avertissements ou amendes. Ce châtiment marquait définitivement d’opprobre les opposants et avait une portée psychologique considérable. Grâce à ce moyen de pression, l’existence du mouvement fut rapidement connue ainsi que sa présence invisible. De plus le caractère « bon musulman » de la pression ainsi exercée ne pouvait qu’avoir une heureuse influence sur les populations, et notamment sur les femmes. Naturellement, le développement de cette politique supposait la réalisation de véritables réseaux clandestins à base de cellules étroitement cloisonnées, selon les procédés révolutionnaires classiques. Mais grâce à l’action entreprise, l’organisation devait faire rapidement boule de neige, d’abord dans l’Aurès et en Kabylie, plus tard dans le Constantinois et à Alger. Mais ce développement devait également obéir à une logique particulière qui devait assurer son succès. Le mouvement était très faible. Il lui fallait donc agir avec prudence tout en recherchant le maximum de rendement psychologique. Avec un jugement très sûr, les révolutionnaires s’en tinrent à la ligne de conduite suivante : 1/ Continuer à étendre la manifestation scandaleuse de la Toussaint, mais en se limitant à des objectifs non défendus (fermes isolées, écoles rurales, ouvrages d’art non gardés), qui seraient brûlés ou détruits. Ces opérations narguaient l’autorité française et renforçaient le prestige de la révolte ; 2/Lorsque la population serait suffisamment organisée et prise en main, la compromettre en la faisant participer aux destructions. L’opération la plus fréquente a consisté à couper les poteaux télégraphiques. Les révolutionnaires plaçaient ainsi les autorités françaises devant une alternative difficile : soit réprimer à l’aveuglette et jeter la population dans le camp de la rébellion, soit accepter le fait accompli et, en pays d’Islam, perdre tout prestige. En fait cette tactique d’extension en tache d’huile, que les fellaghas venaient d’inventer, répondait parfaitement à la théorie exposée par Lawrence dans son livre les Sept Piliers de la sagesse à propos de sa méditation dans le désert d’Arabie, où il mit au point, en 1916, sa « manœuvre de Médine ». Réfléchissant au problème que la révolte arabe avait posé aux Turcs, Lawrence avait eu la révélation que la seule façon de prendre le meilleur sur les Turcs avec des moyens peu puissants était d’étendre en surface la menace que faisait planer la rébellion, sans jamais forcer les Turcs à se replier ni à se regrouper. A partir d’un certain rapport de surface, la rébellion aurait automatiquement le dessus. Sans le savoir, à la fin de 1954, les fellaghas, en Algérie, élèves de Lawrence d’Arabie, entament une gigantesque « manœuvre de Médine ». Il s’agit de menacer tout ce qui n’est pas gardé afin de forcer les troupes françaises à protéger une infinité de points et, par là, de se diluer de plus en plus. C’est par ce mécanisme que l’on verra, plusieurs années plus tard, 400.000 soldats français pratiquement engagés et tenus en éveil par probablement moins de 20.000 fellaghas. Mais cette « manœuvre de Médine » à l’échelle algérienne allait se développer dans un terrain favorable La sous-administration : meilleure arme du FLN Contrairement à la légende qui s’instaurera après coup, ce n’était pas le terrain politique qui était le plus favorable. Dans leur très grande majorité, les populations musulmanes redoutaient la révolte et faisaient confiance aux Français pour résoudre leurs problèmes tôt ou tard. Mais ce qui agit de façon décisive en faveur de la rébellion, ce fut la sous-administration des départements algériens, ou, quand il y avait des traces d’administration, la mauvaise qualité fréquente de cette administration sur le plan local, souvent discréditée. Dans les communes dites « de plein exercice » parce qu’il y avait une certaine proportion de colons européens, le pouvoir politique était entre les mains des maires élus par le « premier collège », c’est-à-dire par les Européens, grossis des anciens combattants musulmans. Le « deuxième collège » électoral, celui des sujets musulmans, n’avait qu’une influence minime. Dans les « communes mixtes », circonscriptions placées sous l’autorité d’un administrateur, tout le système administratif était entre les mains de fonctionnaires : gardes champêtres, à l’échelon du douar, caïds à l’échelon de la tribu. Toutefois, en pays berbère, il existait des assemblées de notables musulmans à l’échelon des villages. Si l’on ajoute que la densité des brigades de gendarmerie était plus de dix fois moindre qu’en métropole, que les effectifs de la police (renseignements généraux et police criminelle) étaient dérisoires, ainsi d’ailleurs que ceux de la police en uniforme dans les villes, on imaginera facilement que toute cette armature, dont l’efficacité reposait sur le renseignement par des informateurs, devait se montrer complètement impuissante dès que la population aurait été muselée. C’est ainsi que la rébellion s’étendit en surface comme un feu de prairie. A suivre : Comment mater cette rébellion 6/ Assemblée Nationale http://www.lepoint.fr/politique/remi-fraisse-minute-de-silence-des-deputes-ecolos-contre-la-volonte-de-bartolone-04-11-2014-1878687_20.php Madame Cécile DUFLOT, ancienne ministre de l’écologie, avec une émotion particulière a tenté d’obtenir, à l’Assemblée nationale, une minute de silence pour le jeune Rémi FRAISSE, tué au cours d’une manifestation récente. Si l’on peut comprendre cette attitude on peut également s’étonner qu’en 2009, le 16 octobre pour être précis, un conseiller municipal écologique de VANNES, Madame Nadia MOREL ( institutrice ! ) avait refusé de s’associer à un hommage similaire pour nos soldats du 3ème RIMa tués en Afghanistan. Cécile DUFLOT née le 1er avril 1975 : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9cile_Duflot Sans être du même niveau, elle n’a pas été pour autant désavouée par son parti ! Mais force est de constater que les écologistes sont réticents à l’aspect militaire. Souvenez-vous de madame JOLY et sa proposition concernant le 14 juillet… ! A ce stade il est bon de rappeler le nom de nos valeureux soldats ‘’MORT POUR LA FRANCE’’ dont la mémoire avait été alors offensée. -Sergent Johann HIVIN-GERARD (2 enfants), -Caporal-chef Thomas ROUSSELLE (1enfant), -Caporal-chef Thomas ROUSSELLE (1enfant), -Caporal Johan NAGUIN (1 enfant), -Caporal Anthony BODIN (1 enfant), -1ère classe Kévin LEMOINE (20ans), Y aurait-il deux poids, deux mesures Madame la ministre et Mrs. et Mesdames les députés écologistes ? Cliquez SVP sur ce lien : http://www.i-defense.org/Quand-une-elue-municipale-de-Vannes-refuse-d-honorer-des-soldats-du3eme-RIMA-tombes-en-Opex_a314.html 7/ 60 ans après, que reste-t-il de l'histoire des pieds noirs? (Sources Mr R. FONROQUES – Auteur A. VINCENOT) Entretien avec Alain VINCENOT, journaliste et écrivain auteur du livre "Pieds-noirs les bernés de l'histoire". Et Andrée TIBIKABACHOUD, témoin d'Algérie, petite fille d'Isaac TIBIKA, pied noir que l'on retrouve dans le livre. C'était il y a 60 ans... L'Algérie basculait dans la guerre un 1er novembre 1954, jour de la Toussaint. Le Front National de Libération était passé à l'offensive dans la nuit.... Plusieurs attentats sont perpétrés en Algérie et la guerre a commencé. 8 ans plus tard, plus d'un million de pieds noirs traumatisés arrivent en métropole. Les anciens colons français ne sont pas les bienvenus. A travers cet ouvrage sur les pieds noirs, mos grands témoins reviennent sur cette partie de l'histoire, la guerre en Algérie et sur le statut des pieds noirs. A découvrir… Cliquez SVP sur ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=5kypsSBB6Fg&feature=share Présentation du Livre de monsieur Alain VINCENOT : « Pieds-noirs les bernés de l’histoire » « Toussaint 1954: une trentaine d’attentats antieuropéens fait basculer l’Algérie dans la guerre. Huit ans plus tard, plus d’un million de pieds-noirs, spoliés, traumatisés, chassés d’un pays où ils croyaient être chez eux, sont « renvoyés » en catastrophe en métropole, où leur exode est minimisé et leur mémoire piétinée, alors que la plupart ne sont pas de riches colons « à cravache et cigare », comme disait CAMUS, mais des ouvriers et des ingénieurs, des enseignants et des médecins, des commerçants… « Documents à l’appui, Alain VINCENOT retrace l’histoire de la présence française en Algérie, du débarquement de Sidi FERRUCH (1830) aux accords d’Évian (1962). Surtout, il donne la parole aux piedsnoirs de tous milieux: un avocat dont le père était lié à Ferhat Abbas et au général JOUHAUD ; l’épouse d’un homme engagé dans la branche armée de l’OAS ; la fille d’un résistant juif proche des milieux chrétiens anticolonialistes ; une des victimes de l’attentat du Milk Bar, à Alger, en 1956 ; la fille d’un habitant de SIDI BEL ABBES, disparu lors du massacre du 5 juillet 1962 à Oran… Simples et précis, leurs récits sont irremplaçables. Ils témoignent, dit Boualem SANSAL, de « ce que fut au jour le jour, avec ses heurs et ses malheurs, ses espoirs et ses désillusions, la vie de ces migrants venus de toute la Méditerranée, ces Français de la Métropole, ces Juifs, ces Arabes, ces Berbères, qui étaient tous si proches et si lointains ». 19.95 € - EAN : 9782809815511 - septembre 2014 8/ REPERTOIRE alphabétique des villes et villages d’Algérie ayant fait l’objet d’une diffusion : ABBO (364) - ABOUKIR (274) - AFFREVILLE (232) – AFLOU (366) - AÏN ABESSA (310)- AÏN ABID (406)- AÏN ARNAT (421) - AÏN BEÏDA (299) – AIN BESSEM (382) – AÏN BOUCIF (399) - AÏN EL TURCK (372) – AÏN KIAL (419) - AÏN M’LILA (386) - AÏN ROUA (379) - AÏN SEFRA (374) - AÏN TAYA (313) – AÏN TEDELES (381) - AÏN TEMOUCHENT (423) – AIR de France (460) - AKBOU (344) - ALGER 26 mars 1962 (396) - ALMA (255)- AMPERE (282) – ARRIS (451) - ARTHUR (441) - ARZEW (267) – ASSI BEN OKBA (442) - ASSI BOU NIF (322) – ATTATBA (320) - AUMALE (236) - AZAZGA (304) BABA HASSEN (416) - 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EPILOGUE TIPAZA Année 2008 = 25.225 habitants TIPAZA, le détonnant complexe touristique de Pouillon Extrait : […] Pour lire l’intégralité : http://www.telerama.fr/monde/tipaza-le-detonnant-complexe-touristique-de-pouillon,45212.php C'est à cette époque, en mai 1953, qu'il est convoqué par le maire d'Alger, Jacques Chevallier. POUILLON saute dans un avion, est reçu avec les honneurs, emmené illico sur les hauteurs de la ville. Et là, c'est le choc, comme il l'écrit dans ses Mémoires: « Je découvrais au loin la casbah, une vraie ville dans le désordre agressif des architectures européennes. Elle apparaissait comme une onctueuse crème fouettée au milieu de la pagaille d'une table au dessert, blanche avec des ombres douces.» Début d'une histoire d'amour pour ce pays de soleil. Début aussi d'une course en avant qui signera sa perte. En effet, tandis qu'il s'engage à Alger dans la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, il continue ses chantiers dans le sud de la France, et s'attaque bientôt à l'Iran, où il fréquente le shah, épouse une princesse (sa troisième femme, il en aura d'autres) et conçoit une ville militaire à Chahabad (1954-1958) et les gares de Tabriz et de Machad (1954-1964)... Son agence, une des plus grosses de France, compte bientôt plus d'une centaine de collaborateurs. Et lui court d'Alger à Marseille, d'Aix à Téhéran, 10 000 kilomètres en avion par semaine. Il se ruine la santé, mange mal, dort peu, croque du Maxiton comme s'il s'agissait de bonbons et fume cigarette sur cigarette. Avec, au creux du ventre, la frustration du provincial : maintenant, c'est Paris qu'il veut ! Fernand Pouillon (au centre) dans son agence, dans les années 1950. – DR Paris, où il arrive avec une idée en tête : Casser les prix. Pour appuyer sa conquête, il s'acoquine avec une brochette de margoulins (qu'il espère manipuler) et crée le Comptoir national du logement (CNL), une sorte de consortium gigogne qui s'occupe de tout : d'architecture, mais aussi de foncier, d'études techniques, de fournitures des matériaux, de revente. Un mélange des genres interdit par la loi et la déontologie, mais POUILLON n'en a cure. Sauf que là il s'attaque à plus gros et plus méchant. Bien assis sur leur fromage en pleine expansion, affairistes et promoteurs immobiliers de ces premières années du gaullisme voient d'un mauvais œil ce grand maigre aux dents longues qui vient chasser sur leur terre. Au premier faux pas, ce sera la curée. En l'occurrence, POUILLON trébuche sur l'opération du Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt, où il vend des appartements sur plans pour financer la construction. Mais le chantier prend du retard, les acquéreurs portent plainte. La justice s'en mêle et découvre une cascade de malversations. Le 5 mars 1961, Fernand POUILLON et ses quatre acolytes sont arrêtés, accusés de faux bilan, détournement de fonds, abus de biens sociaux. Le soir même, ils dorment à la Santé. A la fin de la semaine, Fernand POUILLON est admis à l'infirmerie de Fresnes pour troubles pulmonaires. En juillet, il est transféré dans une clinique de Ville-d'Avray, d'où il s'évade dans la nuit du 8 au 9 septembre 1962. Pendant trois mois, il vit dans une cabane au fond des bois, dans la Loire, puis passe en Italie, dans une maison pleine de courants d'air sur les hauteurs de Fiesole, près de Florence, où il écrit ses Mémoires et rumine sa défense. Le procès s'ouvre le 2 mai 1963, sans lui. Le 14, il débarque en pleine audience et sort le grand jeu. En vain. Exsangue, ne pesant plus que 46 kilos pour son mètre 90, c'est allongé sur une civière, les yeux clos, la bouche entrouverte, que le 13 juillet il entend le verdict : quatre ans de prison (ramenés à trois en appel). Il profitera de sa détention pour écrire Les Pierres sauvages, un formidable manifeste pour l'architecture vue par les yeux d'un moine bâtisseur du 11e siècle (prix des Deux Magots 1965, sans cesse réédité). Libéré le 22 février 1964, mais radié de l'Ordre, il ne peut, pour continuer à construire, que choisir l'exil. Ce sera donc l'Algérie de Boumediene, avec une mission pour le moins paradoxale : lui, le spécialiste du logement social, ne devra s'occuper que d'infrastructures de tourisme et de loisirs. Certains de ses hôtels, dans le désert, sont magnifiques de force et de pureté. Mais aujourd'hui, hélas, un peu vides et délabrés... BON WEEK-END A TOUS Jean-Claude ROSSO