Alexander Neill et l`école autogérée

Transcription

Alexander Neill et l`école autogérée
On fait comme si …
… nous étions tous ministres de
l’éducation
LES FONDAMENTAUX PEDAGOGIQUES
Aujourd’hui : voyage à Summerhill avec Alexander Neill (1883-1973, psychanalyste et éducateur)
Summerhill est une école autogérée, ouverte en 1921 par A. S. Neill en Angleterre dans la région de Londres.
Elle est le symbole mondial d’une éducation radicalement non autoritaire. Elle accueille en internat une
soixantaine d’enfants du monde entier, âgés de 5 à 16 ans environ.
La caractéristique la plus marquante de l’école est que les cours y sont totalement facultatifs. Les enfants
peuvent, sans le moindre problème, décider de ne pas suivre de cours pendant aussi longtemps qu’ils le
désirent (de trois mois en moyenne à plusieurs années dans quelques cas extrêmes).
L’assemblée générale hebdomadaire touche à tout ce qui a trait à la vie de groupe. Tout le monde peut y
participer et à droit à la parole. Chacun a le même pouvoir de décision puisque la voix d’un enfant de 5 ans a le
même poids que celle de n’importe quel professeur ou même du directeur de l’école. Les lois qui sont
discutées et votées lors de l’AG s’appliquent à tous, enfants et adultes, sans hiérarchie, sans privilèges et sans
bureaucratie. L’AG est également le lieu où se règlent les tensions par la parole et où sont décidées les mesures
contre les offenses faîtes à la communauté. Seuls quelques aspects de la vie quotidienne ne sont pas décidés
par l’AG comme la gestion du personnel et des achats ainsi que les règles minimales de sécurité.
A Summerhill, les adultes et les professeurs ne jouissent pas d’un statut particulier qui leur assurerait une
quelconque reconnaissance ou respect. Au contraire, l’objectif des adultes est d’éliminer toute discipline, toute
supériorité par rapport au statut de l’enfant, jusqu’à refuser le rôle de guide ou de modèle. L’idéal est que
l’adulte réussisse à ‘faire partie de la bande’ et abandonne toute volonté d’être le dépositaire de la moralité.
L’adulte n’est pas seulement aux côtés des enfants mais véritablement du côté des enfants. Il n’est plus celui
qui montre l’exemple mais il se présente tel qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses.
Mais alors, Summerhill, c’est l’anarchie, le chaos !!?? C’est vrai que les enfants se baignent nus dans la
rivière, s’habillent comme ils veulent, disent plus de gros mots qu’ailleurs, flânent et grimpent aux arbres
plutôt que de suivre les cours. Mais pour autant, ce n’est pas l’anarchie : le principe fondateur est de laisser les
enfants vivre leur vie et rechercher leurs véritables intérêts tant que cela n’empiète pas sur la liberté des
autres et de la communauté. Le chaos peut exister à Summerhill, mais il est temporaire. L’autogestion repose
sur le pari que du chaos émerge un ordre social spontané et juste. Le mécanisme à l’œuvre est qu’à travers les
occasions de coopération qui lui sont proposées, l’individu se désengage progressivement de son
égocentrisme, permettant alors au groupe de fonctionner harmonieusement.
L’organisation de Summerhill est basée sur le credo en la bonté naturelle de l’enfant. L’éducation
traditionnelle autoritaire pervertit l’enfant pour en faire un être social névrosé, hypocrite et malheureux.
‘L’autorité fabrique des esclaves’ explique Neill, des êtres dociles et habitués à obéir. L’école et la famille
devraient créer les conditions pour que l’enfant trouve en lui-même ses propres centres d’intérêt et la
possibilité de les explorer. Interdire par la prohibition ou la morale, à un enfant d’explorer un domaine qui
l’intéresse est le meilleur moyen selon Neill pour fixer cet intérêt dans son esprit et l’empêcher de se tourner
vers autre chose de plus constructif pour sa personnalité. La thèse de l’épuisement des intérêts consiste à ne
pas réprimander les conduites indésirables afin de permettre à l’enfant d’épuiser sa curiosité pour des sujets
malsains et immoraux qui l’éloignent de l’apprentissage scolaire. Ce n’est qu’après que l’enfant ait fait le tour
de la question que ces comportements disparaissent spontanément et que le désir d’apprendre peut voir le jour.
A ce moment-là, peu importent les méthodes d’apprentissage. L’enfant qui désire apprendre, apprendra,
quelles que soit la façon dont l’enseignement est dispensé. Neill donne des exemples d’enfants de Summerhill
qui ont rattrapé en quelques mois un retard scolaire de plusieurs années poussés par leur seule motivation
personnelle.
Summerhill défraye régulièrement la chronique. Récemment, l’école a été menacée de fermeture suite à un
rapport d’inspecteur défavorable selon lequel Summerhill incitait les élèves à confondre la paresse avec
l'exercice de leur liberté personnelle. Finalement, un accord signé en mars 2000 entre l'école et le ministère
britannique de l'Education, a reconnu à l'établissement le droit de maintenir ses méthodes d'éducation sans
contrainte. Il s’agit de la première reconnaissance officielle de la pédagogie de Neill.
En savoir plus sur Summerhill :
L’ouvrage de A. S. Neill : Libres enfants de Summerhill La découverte / Poche ()
Le site internet de l’école.
Bulletin d’information pédagogique - n°xxx, XXX 2005
Contact : Sandye Gloria-Palermo - parent d’élève de MS Houezel - [email protected]