Nymphoplastie, réduction des petites lèvres : une demande
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Nymphoplastie, réduction des petites lèvres : une demande
25-26-prat-Conseil.qxp 28/08/2006 17:56 Page 25 [ conseil ] pratique Nymphoplastie, réduction des petites lèvres : une demande de plus en plus fréquente La chirurgie intime regroupe les interventions ayant pour but d’améliorer la région vulvaire. Il ne s’agit pas d’interventions visant à recréer une virginité mais d’interventions de chirurgie réparatrice ou esthétique des petites et grandes lèvres, du clitoris et parfois du vagin. La réduction des petites lèvres génitales est une demande de plus en plus fréquente dans les consultations de chirurgie plastique et esthétique car, pour la majorité des patientes, la gêne est essentiellement esthétique. ette intervention, fréquente en ExtrêmeOrient, ou de nombreuses techniques sont utilisées, a encore mauvaise réputation en France, elle est même parfois déconseillée par certains médecins, en particulier à cause des suites opératoires parfois difficiles de la technique la plus ancienne. C Quelles est la demande ? Dans le cas de la chirurgie intime, il faut avoir conscience du handicap qui existe chez de nombreuses patientes qui, bien souvent, n’osent pas parler à leur conjoint ou à leur gynécologue. La médiatisation, l’échange d’informations sur des sites internet médicaux autour de ce type de problème a amené de nombreuses patientes à consulter. Ces patientes expriment une gêne d’ordre esthétique accentuée par l’évolution des modes vestimentaires (jeans très serrés...) et des dessous (string) mais aussi par la comparaison avec Rappel anatomique Il n’y a pas de poils sur les petites lèvres, mais beaucoup de follicules sébacés et une grande variété de nerfs très fins et très sensibles. Les petites lèvres (labia minora) changent considérablement dans la taille et la forme. Elles sont habituellement peu visibles chez les femmes qui n’ont jamais accouché, alors que chez les femmes qui ont eu des enfants, il est fréquent que les petites lèvres se projettent au-delà des grandes lèvres. L’extrémité antérieure des petites lèvres se divise en deux replis qui coiffent en avant le clitoris pour former le prépuce clitoridien (ou capuchon du clitoris), et qui se fixent en arrière sur le clitoris pour former le frein du clitoris. Les extrémités postérieures des petites lèvres se réunissent en arrière de l’orifice vaginal pour former la fourchette vaginale. les actrices de film X ayant des vulves « juvéniles ». Ces patientes, de plus en plus jeunes, vivent un véritable complexe, parfois depuis l’adolescence, qui trouble leur vie amoureuse. Anatomo-pathologie L’hypertrophie des petites lèvres est parfois d’origine congénitale (des enfants qui naissent avec des petites lèvres plus grandes), mais, dans la majorité des cas, les petites lèvres se développent excessivement lors de la puberté ou elles sont secondaires ou aggravées par les accouchements. Après la ménopause, elles tendent plutôt à s’atrophier et à se cacher entre les grandes lèvres. La demande actuelle vient de jeunes femmes n’ayant pas encore eu d’enfant et qui sont gênées sur le plan esthétique mais aussi physique avec des difficultés, voire des douleurs, lors des rapports sexuels, lors de la pratique de certains sports (vélo, équitation) ou en raison du port de vêtements trop serrés. Au maximum, une véritable amputation (nymphectomie) est possible. L’inconvénient de cette technique est qu’elle place la cicatrice sur toute la zone de contact avec les sous-vêtements. Le risque de trouble de cicatrisation (désunion, infection, hématome) est plus important, les patientes se plaignent de l’importance des suites opératoires et, surtout, le risque de séquelles à type de dyspareunie est plus fréquent. Des techniques dérivant des techniques de chirurgie plastique avec des résections en « V » 2 permettent dorénavant de diminuer la longueur de la cicatrice afin d’éviter le risque de complication locale. La technique utilise une résection centrale en V limitant la cicatrice à la partie centrale des petites lèvres. Cette technique est bien supérieure à la technique classique car elle limite la cicatrice à la région centrale de la petite lèvre (voir ci-dessous). Elle permet des résec- Comment se déroule ce type d’intervention ? L’objectif essentiel est de réduire les petites lèvres de façon adaptée à la taille de départ. L’intervention fréquente aux USA, est souvent réalisée sous anesthésie locale seule. En France, les patientes préfèrent souvent être endormies mais il n’y a généralement pas d’hospitalisation (hôpital de jour). L’intervention dure 45 minutes et par des techniques de chirurgie réparatrice, on retire l’excès cutanéo-muqueux qui existe. Un examen anato-pathologique est demandé dans la majorité des cas pour rechercher une néoplasie débutante 1. Technique avec résection centrale en V. Technique chirurgicale La technique la plus ancienne consiste à retirer l’excès cutanéo-muqueux suivant un croissant qui touche la surface de la peau. tions d’importance faible à moyenne mais est parfois insuffisante pour les grandes hypertrophies. Elle présente comme inconvé- [ N° 505-506 - Août-Septembre 2006 – Gyn.Obs. — 25 ] 25-26-prat-Conseil.qxp 28/08/2006 17:56 Page 26 pratique [ conseil ] Quel type d’anesthésie ? • Anesthésie locale possible mais déconseillée car zone sensible et position gynécologique de la patiente. • Anesthésie locale potentialisée (Neuroleptanalgésie). • Anesthésie générale courte : le plus souvent utilisée pour le confort des patientes. nient de placer les cicatrices dans la partie centrale de la petite lèvre, ce qui peut être source de problème de cicatrisation à type de désunion partielle. C’est pourquoi nous avons tenté de déplacer le siège de la cicatrice aux extrémités des petites lèvres, zones moins exposée à ce type de complications comme dans la technique du Pr Paniel 3. En revanche, il est souvent nécessaire de pratiquer une double résection en V, d’où l’intitulé de la technique dite « V-V ». Nous pratiquons une résection cutanéo-muqueuse avec deux « V » latéraux aux extrémités supérieures et inférieures des petites lèvres (voir ci-dessous). Par conséquent, la partie Résection cutanéo-muqueuse en V central. Aspect final après sutures. tants : la suture doit être rigoureuse en trois plans (muqueux, dermique et cutané) et la résection adaptée mais à minima car une trop grande résection peut se traduire par un échec total avec des problèmes de cicatrisation (nécrose) et inverser le problème. – infection locale, – hématome, – dyspareunies généralement transitoires, – une nécrose cutanée est parfois observée, en général limitée et localisée. Les nécroses importantes sont en fait exceptionnelles liées à un excès de résection, – altérations de la sensibilité, notamment diminution de la sensibilité : la sensibilité normale réapparaît le plus souvent dans un délai de trois à six mois. Quelles sont les suites opératoires ? Les suites sont simples si les conseils élémentaires d’hygiène et de prudence sont respectés. Pendant les jours qui suivent l’intervention, les douleurs sont possibles à type de légères brûlures calmées par des antalgiques simples (paracétamol). Des soins locaux sont à faire chaque jour à type de désinfection locale jusqu’à la chute des fils résorbables. Les douches sont autorisées à partir du 3e jour mais pas les bains (à partir de trois semaines). Enfin, élément important à préciser, les rapports sexuels sont interdits ainsi que l’usage de tampons périodiques pendant les quatre à six semaines suivant la cicatrisation. Quelles sont les complications possibles ? Technique avec résections latérales dites « V-V ». centrale reste indemne de toute cicatrice, les suites sont rapides et permettent une reprise des rapports intimes plus précoce. Enfin, deux points techniques sont impor- Les complications peuvent être les suivantes : – lâchage des sutures partiel ou total, surtout en cas de traumatisme, – retard de cicatrisation qui allonge les suites opératoires, Bibliographie Honore LH, O’Hara KE. Benign enlargement of the labia minora: report of two cases. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 1978 Apr; 8(2): 61-4. Alter GJ. A new technique for aesthetic labia minora reduction. Ann Plast Surg. 1998 Dec; 41 (6): 685-6. Rouzier R, Louis-Sylvestre C, Paniel BJ, Haddad B. Hypertrophy of labia minora: experience with 163 reductions. Am J Obstet Gynecol. 2000 Jan; 182 (1 Pt 1): 35-40. [ 26 — Gyn.Obs. – Août-Septembre 2006 - N° 505-506] Conclusion La nymphoplastie ou la réduction des petites lèvres n’est plus un tabou dans notre société. Cette chirurgie intime est simple techniquement et présente d’excellents résultats, apportant aux patientes un véritable soulagement physique et psychologique. En revanche, il est important que cette intervention, qui présente des risques, soit réalisée par des praticiens habitués dans un milieu chirurgical (bloc opératoire) d’autant qu’une prise en charge partielle de l’Assurance maladie est possible. ◗ Dr Laurent Benabida Chirurgien plasticien, 26, rue de la Tremoille, 75008 Paris Choi HY, Kim KT. A new method for aesthetic reduction of labia minora (the deepithelialized reduction of labioplasty). Plast Reconstr Surg. 2000 Jan; 105 (1): 419-22; discussion 423-4. Giraldo F, Gonzalez C, de Haro F. Central wedge nymphectomy with a 90degree Z-plasty for aesthetic reduction of the labia minora. Plast Reconstr Surg. 2004 May; 113 (6): 1820-5; discussion 1826-7.