«Sex design», un intime désir de norme
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«Sex design», un intime désir de norme
08/12/11 LeTemps.ch | «Sex design», un intime désir de norme Mœurs Samedi28 novembre 2009 «Sex design», un intime désir de norme Par A n n a L ietti La chirurgie e sthé tique gé nitale fait de plus e n plus d ade pte s. Opé ration ve de tte : la labioplastie , qui poursuit le modè le d un se xe pré pubè re . Le s risque s lié s à ce s opé rations sont souse stimé s, dé nonce nt de s mé de cins Scène de la vie médicale genevoise. Nous sommes dans le cabinet d un chirurgien connu comme spécialiste des organes génitaux féminins. Un couple dans la fleur de l âge est venu soumettre son grand projet à l homme de l art: offrir à madame un design génital. Le médecin fait déshabiller la patiente, observe ses parties intimes, et fait remarquer qu il n y a là aucune malformation ni disgrâce particulière. La femme tire de son sac la page d un magazine de charme, pointe une photo et dit: «Je veux ça.» «C était un sexe irréel, avec des grandes lèvres aérodynamiques et très aplaties, un pur produit de Photoshop», raconte Gabor Varadi. Le chirurgien n a pas manqué de l expliquer au couple avant de l éconduire: «La banalisation de la pornographie a pour effet de donner à voir des modèles impossibles», remarque-t-il. Une vieille histoire, celle du modèle impossible: si les Grecs avaient connu la rhinoplastie… Sauf que cette fois, l histoire se répète sur un territoire du corps qui, contrairement aux seins, aux lèvres, aux fesses, avait jusqu ici échappé au jugement esthétique. Un sexe féminin, c était au-delà du beau et du laid (lire ci-dessous). Ça ne l est plus. Des femmes font aujourd hui appel à la chirurgie génitale pour des raisons purement plastiques. Leur nombre est impossible à chiffrer car ce marché échappe à la statistique, mais tout indique une demande «en pleine effervescence» (Gabor Varadi), voire exponentielle dans les pays à la pointe du phénomène: les Etats-Unis bien sûr, mais aussi la Grande- Bretagne ou la France. Dans le bassin lémanique, plusieurs «sex designers» proposent aujourd hui, plus ou moins discrètement, leurs prestations. Il ne s agit plus seulement de reconstituer un hymen pour préserver l honneur de la famille. Ou même de rétrécir un vagin distendu pour retrouver le plaisir perdu (celui du partenaire, surtout). Le «design sexuel» s intéresse au galbe du mont de Vénus, à la taille et à la tonicité des pétales de chair qui protègent l entrée du vagin. Il privilégie l esthétique, même au risque de la diminution du plaisir et suscite des mises en garde inquiètes de la part du corps médical. L intervention la plus demandée concerne les petites lèvres, appelées aussi nymphes en français et «Schamlippen» en allemand, soit, à choix, «lèvres de la honte» ou «lèvres de la pudeur». Les nymphes grandissent à la puberté et leur taille finale est très variable, dépassant plus ou moins celle des lèvres extérieures. La labioplastie, ou nymphoplastie, consiste à les raccourcir lorsqu elles sont jugées trop grandes. Une gynécologue britannique, Sarah Creighton de l Institute for Women s Health de l University College Hospital de Londres, s intéresse de près à cette opération très en vogue. En 2007, elle cosignait un letemps.ch/Facet/print/Uuid/ /Sex_design_un_intime_désir_de_norme 1/2