Un examen couperet pour les étudiants en médecine

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Un examen couperet pour les étudiants en médecine
SAMEDI ET DIMANCHE 7 et 8 novembre 2015 / Edition Bruxelles-Périphérie / Quotidien / No 260 / 2,00 € / 02 225 55 55
ER
1
JOURNAL
À BRUXELLES
MARC GOBLET
BIRMANIE
MÉDECINE
MOTO GP
« Je ne regrette
rien. Mais c’est
très dur pour
ma famille »
L’heure
de gloire
pour Aung
San Suu
Kyi ? P. 16
La peur
du gynécologue
hante certaines
femmes
Rossi-Lorenzo,
un final sous
très haute
tension
P. 13
P. 54 & 55
P. 31 À 33
OSEZ LE TALENT
NOUVELLE SÉRIE
STANDARD-ANDERLECHT
LIVRES
Geneviève
Damas
à la conquête
de la Chine
Les supporters
liégeois
dans le viseur P. 51 À 53
Stephen King
au sommet
de son art
P. 42
P. 35
Crash aérien
en Egypte :
la volte-face
de Moscou
usqu’ici, la Russie avait toujours
refusé de considérer la piste terroriste comme l’hypothèse principale pour expliquer le crash de l’avion de
la compagnie Metrojet samedi passé
dans le Sinaï égyptien. Mais Moscou a
radicalement changé de discours vendredi. Suivant l’avis du FSB, les services
de renseignement, les autorités ont décidé de suspendre tous les vols entre la
Russie et l’Egypte. Reconnaissant donc
implicitement que la piste terroriste est
bien la thèse privilégiée pour expliquer le
crash. Par ailleurs, des sources proches
de l’enquête ont révélé que l’analyse des
boîtes noires permettait de « privilégier
fortement» l’hypothèse d’un attentat à la
bombe. Selon certaines sources, des
photos montrent des débris criblés d’impacts allant de l’intérieur vers l’extérieur,
ce qui accrédite la thèse d’une bombe. ■
J
P. 17 NOTRE DOSSIER
Un examen couperet pour
les étudiants en médecine
Sept matières en une seule journée, c’est ce que devront passer
les étudiants en médecine. Un marathon qu’ils ont rejeté vendredi.
urprise pour les étudiants de première médecine. Depuis septembre, ils pensaient que le
concours, qui s’était ajouté à leurs examens traditionnels pour avoir accès à la
deuxième année, se déroulerait en
même temps que ces autres épreuves.
Mais le nouveau texte, qui a été élaboré
par les universités, validé par l’académie
de l’enseignement supérieur, les recteurs et les doyens de médecine, prévoit
qu’ils devront passer, en moyenne, sept épreuves en un seul jour !
Question de sécurité juridique, argu-
S
mente-t-on du côté des autorités, qui
craignent une pluie d’exceptions et de
recours si les épreuves sont émiettées.
Mais pour les étudiants, cette épreuve
s’apparente à un monstre, une loterie ou
une « boucherie » sans conscience. Vendredi, des étudiants de Mons, Namur et
Liège ont rejeté cette option par des
votes à main levée à plus de 90 %. Pour
Emeline Lezier, présidente du comité
inter-universitaire des étudiants en médecine, « cet examen-rallye en un jour
va simplement doper l’échec. Sept matières en moyenne, alors que les étu-
diants n’en passaient qu’une ou deux
traditionnellement, c’est brandir un
écueil supplémentaire, sans aucune assurance de sélectionner ceux qui deviendront les meilleurs médecins ».
Ce changement de procédure, les autorités jurent l’avoir choisi pour sécuriser le procédé et empêcher que ce
concours exigé par la Flandre ne tourne
au fiasco juridique. Le fédéral, avec le
Nord dans le dos, l’a exigé pour accorder
des centaines de numéros Inami en
souffrance. De Block ne laissera filer les
numéros en octobre 2016 que si le
concours a bien taillé dans le lot de candidats médecins. Il y a 605 attestations
disponibles pour les 5 unifs francophones pour plus de 3.000 candidats
dans les auditoires. Pour devenir médecin, réussir ne suffira donc pas, il faut
aussi que les autres échouent.
Le texte qui établit cet examen à l’allure de marathon sera examiné en
deuxième lecture la semaine prochaine
par le gouvernement de la Communauté Wallonie-Bruxelles. Débat assuré. ■
P. 3 NOS INFORMATIONS
L’ÉDITO
lesoir.be
Frédéric Soumois
MÉDECINE :
UN INSONDABLE
GÂCHIS DE DESTINS
sera-t-on vraiment l’écrire ?
Certes, les étudiants en
O
première médecine expriment
légitimement leur colère devant
ce qu’ils considèrent comme un
coup fourré, transformant d’un
coup une session très lourde en
une falaise insurmontable, compactant une épreuve prévue en
sept demi-journées en un seul
« jour le plus long ». Mais osera-ton dire que le plus heurtant n’est
pas tellement dans la méthode,
que dans l’objectif, bête et
aveugle ? Qui est de stopper net
45
5 413635 008689
des centaines de jeunes qui auraient fait de bons médecins. Nul
ne peut en douter, puisque réussir
la première année de médecine
était la seule barrière jusqu’alors
dressée devant eux. Désormais, il
faudra aussi que quatre ou cinq de
leurs camarades restent en rade.
Certains n’ayant certes pas atteint le niveau, mais d’autres
parfaitement aptes à poursuivre
leurs études et à devenir un de ces
médecins qui, régulièrement,
sauvent des vies. Nos vies.
Bien entendu, tous les futurs
médecins ne sont-ils pas de purs
philanthropes. Mais c’est un
métier qu’on ne peut correctement exercer sans empathie,
qu’on ne peut pratiquer sans être
tourné vers son frère humain. Ces
bons sentiments, une majorité
écrasante des étudiants qui resteront, amers, sur le carreau de la
planification médicale, les verront
battus en brèche.
Ces destins brisés ne seraient
qu’un des multiples avatars de
l’inadéquation entre l’aspiration
des jeunes à un métier et l’ab-
TÉLÉVISION
NÉCROLOGIE
DÉTENTE
47 À 49
57
58
sence de débouchés correspondants, à laquelle l’époque nous
habitue, hélas. Mais le pire est
que l’on écarte ici des professionnels qui auraient comblé un réel
besoin.
Certains assassinent
aujourd’hui
une génération
de futurs médecins
De partout proviennent des signaux majeurs d’alerte : gardes
médicales en pénurie, généralistes qui ne trouvent pas de
successeurs, délais d’attente
scandaleux, déserts médicaux,
médecins en burn-out, importation massive de médecins de l’Est
ou du Sud, moitié des médecins
de plus de 50 ans. Partout cela
clignote. Certains continuent à se
voiler la face, argumentant
qu’augmenter l’offre augmente
les dépenses, ce qui ne fut jamais
prouvé. Qu’un médecin sans
clientèle ne se tournera pas vers
les poches de pénuries. Alors que,
dans tous les autres métiers, on
suit généralement l’appel de la
demande ? Au nom d’une pléthore sur photo jaunie, certains
assassinent aujourd’hui une
génération de futurs médecins.
Qu’on en oriente obligatoirement
sur des spécialités ou des régions
en pénurie serait davantage
acceptable que d’étouffer leur
enthousiasme dans l’œuf. Une
partie de ceux qui doivent aujourd’hui, sous la menace du nord du
pays, procéder à ces coupes
claires, le savent parfaitement. Ils
sauvent le bébé mais tuent la
mère. Ou inversement. N’est pas
Salomon qui veut.
Suivez en direct
commenté dimanche
à 14 h 30
Standard-Anderlecht
an,
Mamaaaaaa
on fait quoi dimanche ?
TOUT EST PLUS
Pssst, une super idée
à la p. 3
MARRANT
EN JOUANT
1

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