dimanche 26 septembre 2004 intervention de frederic bourcier

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dimanche 26 septembre 2004 intervention de frederic bourcier
DIMANCHE 26 SEPTEMBRE 2004
INTERVENTION DE
FREDERIC
BOURCIER Chers amis, chers camarades, Il m’est très agréable de vous accueillir ici, aux Gayeulles, pour notre traditionnelle fête de la Rose. La présence de notre Premier Secrétaire, François Hollande — merci d’avoir accepté notre invitation, François — lui donne un éclat particulier. D’ailleurs votre présence importante ainsi que le nombre de journalistes le démontrent. François Hollande, trop modeste, me suggérait que l’air iodé et européen de la Bretagne y était pour beaucoup. C’est la première fois que nous accueillons le Premier Secrétaire dans cette formule relancée en 1998 par mon prédécesseur, Jean‐Claude du Chalard, que je salue. Bien évidemment, pour que cette fête soit une réussite, il faut une mobilisation importante. Merci à Gaëlle Andro, qui a coordonné la préparation de cette fête. Merci à la cinquantaine de militants qui étaient ici dès 9 heures, au personnel de la Fédération qui a travaillé dans la célérité et dans la sérénité, aux services municipaux de la ville de Rennes, à notre traiteur, à nos animatrices de la halte‐garderie, à toutes les associations et toutes les sections qui animent des stands et à tous les intervenants des tables rondes. Merci également aux artistes de Sambaka qui nous accompagnent tout au long de cette journée. J’ai aussi beaucoup de plaisir à accueillir Edmond Hervé pour son retour d’une rapide convalescence. Le chemin parcouru : des victoires éclatantes Avant de céder la parole à François Hollande, je voudrais que nous mesurions ensemble le chemin parcouru depuis l’an dernier. Nous sortions de notre congrès de Dijon et d’une longue analyse de nos défaites de 2002. La plupart des commentateurs de la vie politique se demandaient à quelle sauce les socialistes allaient être mangés. Les regards se tournaient vers le mouvement alter‐mondialiste et l’extrême gauche qui, c’était sûr, assureraient le renouvellement de la gauche pour un nouveau départ. On moquait l’implosion de la gauche plurielle. La droite, en particulier l’UMP, était, elle, épargnée par l’analyse critique, malgré une politique ultra libérale déjà bien entamée, qui s’attaquait aux Français et surtout aux plus faibles d’entre eux. Nous aurions pu tomber dans le piège de devenir un parti suiviste, reprendre à notre compte le discours de l’autre gauche, entamer notre crédibilité pour assumer les responsabilités, incarner les alternances. Au contraire nous avons tenu la ligne du congrès de Dijon proposée par François Hollande, celle d’un réformisme de gauche avec lequel notre Parti entraîne nos partenaires écologistes, communistes et radicaux — je salue leurs responsables départementaux et régionaux qui nous ont rendu visite aujourd’hui — dans le rassemblement de la gauche. Il y a un an, ici même, Jean‐Yves Le Drian prononçait son premier discours de chef de file des socialistes bretons. Il m’a chargé de vous saluer, car il est l’invité de la fête de la Rose de nos amis costarmoricains. La différence, c’est qu’aujourd’hui, il est le premier Président de gauche de la Région Bretagne ; il vous salue. Cette victoire a été éclatante, mais elle est venue de loin, de la montée en puissance de la gauche depuis une génération, incarnée par les Charles Josselin, les Louis Le Pensec ou les Edmond Hervé. Elle s’est construite sur la crédibilité du travail local de nos élus. Le travail programmatique du Parti a été long, dense, bâti avec les forces vives de la société bretonne. Enfin, la campagne a été menée tambour battant, dans l’unité. Sylvie Robert, chef de file dans notre département, a conduit magnifiquement notre liste et renforcé encore plus, s’il le fallait, la pertinence du concept de parité en politique. Après les interventions d’Isabelle Thomas et de Pierrick Massiot dans les forums de ce matin, vous pourrez constater sur le stand du groupe socialiste du Conseil Régional que la Gauche s’est installée très vite et qu’elle travaille bien. Nous avions également de grandes ambitions pour notre département. Jean‐Louis Tourenne — que je salue — après plus de 30 ans passés dans l’opposition, a donc accédé à la Présidence du Conseil Général. C’est là aussi le symbole de la constance et de la ténacité des socialistes bretons. Cette victoire, large, puisque nous avons aujourd’hui 4 cantons de plus que la droite, a signifié également l’arrivée d’une nouvelle génération avec la victoire de Didier Le Bougeant à Rennes Centre, et de Rozenn Geffroy (25 ans) à Plélan contre le Président sortant du Conseil Général, s’il vous plait. Avec Sylvie Robert, Stéphanie Poppe, Emmanuel Couet, Isabelle Thomas au Conseil Régional, avec les nombreux adjoints à Rennes et dans les villes importantes du département, les vingtas et les trentas sont déjà en responsabilité. C’est un atout essentiel pour les années qui viennent. Le Conseil Général a lui aussi mis le turbo dès son arrivée et le plan Ordi‐35 de Mireille Massot, qui verra tous les élèves de 3e se voir prêter un ordinateur portable, symbolise l’arrivée, pour la première fois là aussi, de la Gauche à la tête du département. Le stand du Groupe Socialiste vous accueillera lui aussi. Merci à Jean Normand et à Daniel Delaveau pour leur participation aux Forums, merci à tous les élus généraux et régionaux socialistes de leur présence. Elaborer le projet pour l'alternance de 2007 Ce travail électoral, consacré par les victoires du 28 mars, puis par celle des élections européennes où la liste conduite par Bernard Poignant — que je salue et que je remercie de sa participation à notre journée — a remporté 5 sièges, n’a pourtant pas été exclusif. En effet, les commissions thématiques, Agriculture, Culture, Education, Entreprises, Femmes, Santé, sont réactivées. Je prendrai l’exemple de la commission Education, conduite par Roger Masson — François Hollande a indiqué à Dijon qu’un projet socialiste est d’abord éducatif —. Cette commission participe activement au processus des assises de l’Education décidées lors de notre congrès de Dijon. Près d’une centaine de militants et de sympathisants ont consulté nos partenaires, produit textes et contributions, qui sont aujourd’hui discutés dans chaque section avant d’être présentés à la commission nationale du projet. C’est une preuve supplémentaire de la vitalité de notre parti que de conduire un débat qui trouve son expression à tous les échelons de notre parti. Les victoires et le travail de 2004 sont de grands motifs de satisfaction. Ils ne doivent pas nous faire oublier que ce gouvernement a entrepris une entreprise systématique de démolition du modèle social issu de la Résistance — ce qui me permet de saluer la mémoire de Lucien Rose, qui nous a quittés en ce début d’été —, que les plus faibles de nos concitoyens souffrent. Nos politiques dans les collectivités locales constituent un levier important, mais pas suffisant, surtout dans un contexte de " transfert de charges " maquillé dans une phase de décentralisation complètement dénaturée. Il nous faut d’ores et déjà préparer les alternances de 2007. Le tableau de marche a été indiqué par François Hollande lors de notre Université d’Eté à la Rochelle. Il faut d’abord jouer notre rôle de premier opposant car la droite et Jacques Chirac ne tiennent absolument pas compte du verdict des urnes. Après 2002, nous avons analysé, échangé, débattu pendant près d’un an pour définir une nouvelle ligne politique. Depuis juin 2004, la droite s’engage dans un combat des chefs, mais ce gouvernement reste le plus ultra libéral que notre pays ait connu depuis la guerre. Il nous faut ensuite construire notre projet. Une autre France est possible. Des conventions thématiques vont rythmer notre vie militante d’ici 500 jours. 500 jours pour construire un projet en y associant les Français. Dans ce département, nous multiplierons les réunions publiques pour partager un diagnostic de la société française, préciser les attentes, puis viendra le temps des propositions. Les socialistes doivent se préparer à la réforme pour une société plus démocratique, plus juste, plus durable. Je vous engage tous, sympathisants et militants, à participer à l’élaboration de notre projet. La France a besoin de la Gauche, la Gauche a besoin de vous. Le débat sur le traité de Bruxelles J’aurai pu commencer cette dernière phrase par " l’Europe a besoin de la France ". D’ici à la fin de l’année, nous allons donc, dans une sorte d’étape initiale de notre projet, nous prononcer sur le traité de Bruxelles. C’est un événement peu banal. Avant que 300 millions d’Européens ne se prononcent directement ou par leur représentation démocratique nationale, 125 000 d’entre eux, les militants socialistes français, le feront. C’était un engagement de congrès et je me félicite que François Hollande ait tenu cet engagement. C’est le signe d’un parti démocratique qui accomplit pleinement son rôle. La responsabilité des militants est engagée. Il s’agit là de décider ensemble de ce que sera ou de ce que ne sera pas la construction européenne dans les prochaines années. Car c’est bien de la réponse des socialistes français que dépendra l’adoption ou non du futur traité dans notre pays et peut‐être en Europe. Beaucoup pense que les socialistes s’enferment se faisant dans un piège. On craint la démagogie, le simplisme, les falsifications. On sent les arrière‐
pensées. Je propose aujourd’hui aux militants socialistes de ce département de bâtir, par le débat et le vote, la meilleure des garanties. Nous aurons à dire Oui ou Non à ce projet. Nous devons évacuer les questions annexes qui parasitent le débat : faut‐il encore voter Chirac ? Comme beaucoup d’entre vous, j’ai voté contre Le Pen en 2002 et je ne le regrette pas, car en 2004 je constate que Chirac n’a certes aucune politique européenne, que son gouvernement est ultra libéral, mais je suis là, à cette tribune, et je peux vous le dire. Je pense par ailleurs que si Chirac nous avait demandé notre avis par référendum pour envoyer des troupes en Irak, j’aurai eu la même réponse que lui. L’Europe vaut bien mieux qu’une messe anti‐Chirac, d’autant que nous avons la possibilité de faire en sorte qu’il ne soit plus là où il est en 2009 lors de l’application du traité. Pour l’instant nous n’avons qu’à nous prononcer sur le traité. Y aurait‐il d’autres motifs que la construction européenne dans le choix de certains ? Le fantôme du malheureux Congrès de Rennes ressort. Pour ma part, je pense que toute position est légitime. Que l’expression d’une position soit alambiquée, nette ou tranquille, elle est utile à nos débats. Nous avons un excellent Premier Secrétaire. Nous désignerons notre candidat dans deux ans au plus tôt. Nous avons d’ici là un projet à construire. Encore une fois, prononçons nous sur le traité et rien que sur le traité. Alors commençons par examiner, individuellement et collectivement, ce traité. Puis mesurons les conséquences du Oui et du Non pour la construction européenne, puisque chacun prétend la renforcer et la réorienter par son choix. Je ne vais pas le faire ici dans le détail, nous allons organiser une dizaine de débats dans notre fédération pour ce faire. Je constate, en essayant d’être le plus rigoureux possible intellectuellement, que ce texte ne comporte que des avancées par rapport aux traités préexistants. Lors de notre congrès à Dijon, nous avons fait le choix de l’Europe Fédérale, c’est‐à‐dire de l’Europe Politique. Les progrès institutionnels me semblent indéniables. Sur le plan social, c’est également le cas, ce qui a poussé la conférence européenne des syndicats à se prononcer pour le OUI. Je fais partie des socialistes qui sont fiers des choix européens de François Mitterrand. Je n’ai pas l’impression que nous ayons besoin de faire acte de repentance vis‐à‐vis de notre peuple. Et la Bretagne sait tout ce qu’elle doit à l’Europe, car si ce traité n’est pas bon, les autres étaient alors détestables, moins sociaux, moins démocratiques. Dire Non, c’est renier nos votes antérieurs européens. Je réfute l’idée que les socialistes auraient participé à la construction européenne avec l’intention d’être au service du libéralisme. Dire Non, c’est récuser le travail des conventionnels — 40 % des membres étaient socialistes —. Dire non, ce serait le faire contre l’avis des syndicats, contre l’avis des socialistes européens qui veulent prendre les acquis du traité de Bruxelles pour aller plus loin. Comment avoir une stratégie européenne sans partenaires européens ? C’est impossible. Ne faisons pas croire que dans une Europe plus à droite depuis juin dernier, malgré notre victoire en France, nous pourrions obtenir rapidement une architecture de l’Europe décidée par les socialistes français de manière unilatérale. Ne laissons pas penser que la méthode du compromis n’aurait plus cours en Europe. L’exemple de l’échec en 1954 de la Communauté Européenne de Défense est là pour montrer qu’un traité constitutionnel ne verrait pas nécessairement le jour très rapidement. Alors dans les semaines qui viennent, avant de nous prononcer, étudions dans le détail ce traité, y compris ses manques, et donnons un contenu au Oui de combat proposé par la nouvelle génération de dirigeants socialistes européens, les Rasmussen, Hollande, Zapatero. Ce que nous déciderons à travers cette consultation militante pèsera beaucoup pour l’élaboration de notre propre projet. On ne fait pas le même projet avec une volonté de construire l’Europe qu’avec un doute qui devient un refus de cette même Europe. J’ai confiance dans la maturité politique de nos militants pour maîtriser notre débat, pour que celui‐ci démontre ce que nous sommes, un espace démocratique responsable et actif. Nous avons commencé à le montrer dans l’excellent forum de ce matin consacré à cette question européenne. Nous le ferons en associant nos partenaires socialistes européens dans la cohérence avec notre volonté répétée de congrès en congrès de faire vivre le PSE. Incarner l'opposition d'aujourd'hui et l'alternance de demain Les Français attendent notre position. Ils attendent aussi que les socialistes dénoncent sans relâche cette droite gouvernementale, sourde à la sanction électorale. Les sujets d’inquiétude et de mécontentement ne manquent pas en cette rentrée. La libéralisation postale va bon train, le droit de grève est remis en cause. La loi littoral est insidieusement modifiée. La rentrée scolaire est la pire depuis très longtemps en matière de postes enseignants et d’encadrement et en matière de soutien aux activités pédagogiques. Et l’on pourrait évoquer l’avenir de l’assurance‐
maladie, le chaud et le froid sur les 35 heures. Les Français sont inquiets. Notre devoir est d’incarner l’opposition politique d’aujourd’hui et l’alternance de demain. Cela va nous donner beaucoup de travail pour les mois qui viennent. Pour nous tous, c’est une chance car on ne s’engage pas pour regarder passer les trains, on s’engage pour les conduire. Le Parti Socialiste, sous la conduite de François Hollande, a clarifié sa ligne politique. Il a rassemblé la gauche. Il s’est ancré un peu plus dans nos territoires à l’occasion des victoires de 2004. Il a impulsé une nouvelle dynamique politique au sein du PSE autour de P. Rasmussen. Le cadre est posé pour une reconquête en France. Je suis très heureux d’accueillir à cette tribune celui qui incarne ce renouvellement. 

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