Les créateurs et repreneurs d`entreprises du bâtiment Profils et
Transcription
Les créateurs et repreneurs d`entreprises du bâtiment Profils et
Les créateurs et repreneurs d'entreprises du bâtiment Profils et besoins d’accompagnement SYNTHESE DOCUMENTAIRE 1 PLAN 1. La création et la reprise d'entreprises de construction en perspective : une population d’entreprises profondément renouvelée ces 25 dernières années ♦ Poids et évolution des entreprises de construction ♦ Renouvellement du secteur de la construction : immatriculations et radiations ♦ Faible importance et baisse des créations par reprise ♦ Des mouvements d’entreprises différenciés selon les régions 2. ♦ ♦ ♦ Les jeunes entreprises : caractéristiques et tendances d’évolution Profil des entrepreneurs & motivations Financement et accompagnement du projet Caractéristiques des entreprises 3. ♦ ♦ ♦ Les jeunes entreprises : tentatives de typologie Typologie des entreprises de construction Modes de classification des entreprises créées ex nihilo Modes de classification des entreprises reprises 4. ♦ ♦ ♦ ♦ Le devenir de la jeune entreprise les difficultés les facteurs de survie les déterminants de la croissance le cas de la jeune entreprise artisanale Conclusion : L’accompagnement de la création transmission d’entreprise Bibliographie 2 1 La création et la reprise d’entreprises de construction en perspective 1.1 Evolution générale du stock d’entreprises - Les entreprises de construction : structure par tailles Le secteur de la construction est composé essentiellement d’entreprises de moins de 10 salariés (92,7% au 1er janvier 2004). Les entreprises artisanales sont donc prépondérantes dans le secteur (elles représentent en moyenne 90% du stock d’entreprises de construction). Taille de salariés 0-9 salariés 10-19 salariés 20-49 salariés 50-249 salariés Plus de 250 salariés Total Nombre d’entreprises 304 400 14 100 7 600 2 000 200 328 300 % 92,7 4,3 2,3 0,6 0,1 100 Source : SIRENE - L’artisanat du bâtiment1 : évolutions 1980/2005 du stock d’entreprises Le nombre d’entreprises inscrites à titre principal ou secondaire au répertoire SIRENE des entreprises artisanales (RSA) entre 1980 et 2005 a évolué entre 760 000 et 860 000 entreprises environ. La population d’entreprises de l’artisanat de construction, qui a connu les mêmes variations de cycles, a fluctué durant ces années entre un minimum de 280 000 entreprises et un maximum de 330 000. Au total, durant cette période, le poids relatif de l’artisanat de construction a varié entre 35% et 39% du stock d’entreprises artisanales. On remarque, à la lecture du graphique ci-dessous un parallélisme entre l’évolution générale de l’artisanat et celui du bâtiment. Entre 1989 et 1998, le nombre d’entreprises a diminué de plus de 10% : le secteur a en effet subi un “décrochage ” important et une crise entre 1994 et 1998, années où le bâtiment ne représente plus que 35% du tissu artisanal. L’amélioration conjoncturelle de 1998 se traduit par une reprise générale – y compris dans le bâtiment- dont le nombre d’entreprises est reparti à la hausse dès 1999. 1 Selon les sources disponibles, les données reproduites ci-après porteront soit sur l’ensemble du secteur de construction, soit sur le seul champ de l’artisanat du bâtiment, qui représente environ 90% des entreprises de construction. 3 A partir de 2001, le décrochage est inversé : l’artisanat du bâtiment –grâce à la baisse du taux de TVA notamment- croît plus rapidement que l’artisanat. En 2004, il représente à nouveau 39% du nombre des entreprises artisanales. Evolution du nombre des inscrits à titre principal et secondaire au Répertoire Sirene des Entreprises Artisanales 820000 300000 800000 290000 780000 280000 760000 270000 740000 260000 720000 250000 /0 3 01 /0 1 /0 2 /0 1 01 01 /0 1 /0 /0 0 01 /0 1 /0 9 01 /0 1 /9 8 /0 1 /9 /9 /0 1 01 /0 1 01 01 6 /9 5 /9 /0 1 01 01 01 /0 1 /0 1 /9 /9 4 3 2 /0 1 01 01 /0 1 /9 /9 0 /0 1 01 01 /0 1 /8 /9 9 8 /0 1 01 01 /0 1 /8 /8 6 /0 1 01 01 /0 1 /8 /8 0 /8 /0 1 01 /0 1 01 total Entreprises artisanales 4 310000 1 840000 7 320000 1 860000 7 330000 5 880000 Bâtiment 4.2 Le renouvellement du secteur : immatriculations et radiations L’évolution des “ créations-reprises ” dépend à la fois de la conjoncture générale -plus particulièrement de la consommation et de l’évolution du chômage, des évolutions propres à chaque secteur (dans le bâtiment : le taux de TVA, une année de grosses tempête comme 1999…) et enfin, des mesures prises en faveur de la création (évolution de l’ACCRE…). L’importance des créations et cessations est également d’autant plus forte que les entreprises sont petites. Enfin, on note une surmortalité des jeunes entreprises individuelles qui prédominent dans la construction. L’ensemble de ces facteurs ont contribué à un fort renouvellement du secteur de la construction depuis 20 ans. Les créations d’entreprises enregistrent un net recul au début des années 90 par rapport à la fin des années 80. La hausse enregistrée en 1994-1995 est suivie d’une baisse, qu’expliquent en partie la modification du régime de l’ACCRE à compter de 1996 et la persistance de la crise du bâtiment. 4 Evolution de la création d’entreprises et de ses différentes composantes depuis 1987 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Total 295 415 305 087 307 779 301 627 278 976 274 642 273 462 294 131 284 853 275 586 271 087 266 446 268 919 272 072 270 564 270 206 293 840 304 721 302 164 Créations 194 737 199 402 204 344 195 323 178 767 172 696 170 919 183 764 178 764 171 941 166 850 166 190 169 674 176 754 177 015 178 008 199 399 211 655 213 248 Réactivations 40 599 45 193 48 294 51 383 49 485 51 993 54 505 60 694 59 395 57 604 57 853 55 776 56 085 56 666 51 987 52 065 54 394 51 251 48 502 Reprises 60 079 60 492 55 141 54 921 50 724 49 953 48 138 49 673 46 545 46 041 46 384 44 480 43 160 41 652 41 562 40 133 40 047 41 815 40 414 Source : APCE – Champ France métropolitaine On comptabilise environ 30 000 à 40 000 créations d’entreprises dans le secteur de la construction (plus de 50 000 en 2005). La forte hausse en registrée en 2000 (suites des tempêtes de 1999) a été suivie d’une stabilisation en 2001, puis d’un fort redémarrage à compter de 2003. Construction 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Créations Reprises Réactivations 21 667 3 230 8 372 33 269 23 377 2 885 8 673 34 935 28 115 2 982 8 894 39 991 28 477 3 151 7 813 39 441 27 465 2 994 7 728 38 187 31 010 3 016 8 385 42 411 37 904 3 257 8 717 49 878 39 019 3 148 8 507 50 674 Total Source : Insee (Fichier Sirene) De fait, la création/reprise dans la construction représente désormais plus de 16% des créations totales d’entreprises. 5 4.3 Les créations par reprise sont relativement peu nombreuses dans le bâtiment, mais concernent des entreprises plus grosses. La reprise est relativement faible dans le secteur de la construction : en 2003, seules 7,1 des nouvelles entreprises de construction proviennent d’une reprise, contre 13,6% pour l’ensemble des entreprises (sur les 40 047 reprises réalisées cette année, 3003 ont concerné le secteur de la construction). Plus inquiétant, la création par reprise tend à diminuer dans le temps : le taux de reprise dans la construction est ainsi passé de 1,3 en 1994 à 0,9 en 2003. Si cette baisse est générale, elle est plus importante dans le secteur de la construction. Par contre, le nombre d’emplois par reprise est plus élevé dans la construction (4,1 en 2003 contre 2,4 pour l’ensemble des entreprises). Caractéristiques des créations par reprise de 2003 1994 Répartition des reprises en % Taux de reprise 2003 Construction 9 Ensemble 100 Construction 7,5 Ensemble 100 1,3 2,3 0,9 1,6 (nombre de reprises annuelles rapporté au stock d’entreprises existantes) Sources : Répertoire Sirene, Insee Insee Première, n°975, juillet 2004 – Le rôle économique des repreneurs d’entreprises, Stéphane Counot, Sylvie Mulic : http ://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP975.pdf Insee Première, n°509, février 1997 – Les repreneurs d’entreprises, Jacques Bonneau : http://www.insee.fr/FR/FFC/DOCS_FFC/ip509.pdf 4.4 Un poids et des mouvements différenciés selon les régions La densité d’entreprises artisanales du bâtiment varie de façon importante selon les régions : entre 32% (en région Nord Pas de Calais) et 43% (Aquitaine, Corse) du parc total d’entreprises artisanales. Fait curieux, il n’y a pas une corrélation étroite avec la densité artisanale. La richesse du tissu artisanal du bâtiment doit donc résulter de différentes variables à caractère historique et économique (le bâtiment est ainsi particulièrement développé dans les régions touristiques de l’ouest et du sud de la France). 6 Aquitaine Corse Midi-Pyrénées Languedoc Roussillon PACA Poitou-Charentes Bretagne Alsace Pays de la Loire Centre Bourgogne Rhône-Alpes Basse-Normandie Picardie Ile de France Auvergne Lorraine Champagne-Ardenne Haute-Normandie Limousin Franche-Comté Nord Pas de Calais Total entreprises artisanales Entreprises du bâtiment % bâtiment Densité artisanale 48357 6717 46735 44766 82532 25560 41939 19476 42084 32419 22116 93634 20359 19400 129 180 21166 25679 15766 19496 12717 15912 32738 20850 2895 19809 18968 34661 10558 17135 7935 17099 13086 8859 36511 7916 7532 49502 8089 9738 5903 7237 4679 5733 10585 43 43 42 42 42 41 41 41 41 40 40 39 39 39 38 38 38 37 37 37 36 32 167 262 183 195 156 156 144 113 131 133 137 166 143 105 118 162 111 118 110 179 143 82 Source : Répertoire Sirene des entreprises artisanales – données 2004 Les taux de croissance régionaux de création d’entreprise affichent également des différentiels de croissance importants. Sensibilité de la répartition régionale des créations d’entreprises BTP Ensemble Poids dans le total des Ecarts types des taux de créations en 2001 croissance régionaux 14,6% 7,3 100% 4,5 Source : APCE, Rapport annuel 2001 7 En conclusion, si le secteur de la construction a peu évolué dans sa masse entre 1991 et 2005, les disparitions enregistrées durant la crise des années 90 ont profondément contribué à son renouvellement. Ce processus est accru actuellement en raison du nombre très important de créations d’entreprises relevé dans le secteur depuis 2003 (plus de 50000 entreprises nouvelles créées en 2005). Les créations par reprise sont relativement peu nombreuses mais concernent des entreprises plus importantes. Enfin, le tissu des entreprises de construction n’est pas homogène dans sa répartition territoriale. Trois chantiers d’investigation complémentaires sont proposés pour la suite des travaux : - l’analyse des différentiels territoriaux de renouvellement du secteur construction - l’évolution des trois principaux groupes d’activités (gros œuvre, instalaltion, finition) - l’évolution des structures d’emploi. 8 2- Les jeunes entreprises de construction : caractéristiques et tendances d’évolution L’analyse des données des panels 1998 et 2002 du Système d’Information sur les Nouvelles Entreprises2 nous renseigne sur la spécificité du secteur de la construction par rapport à l’ensemble du tissu économique, et sur certaines tendances d’évolution. (sources / panel 1998 : traitement DCASPL ; panel 2002 : traitement APCE et DCASPL). Pour des raisons de commodité, les dirigeants ayant créé ex nihilo seront généralement nommés “ créateurs ” par opposition aux créateurs par reprise désignés comme “ repreneurs ”. 2.1 Le profil des créateurs et repreneurs d’entreprises de construction - Un secteur très masculin : plus de 90% des créateurs d’entreprises sont des hommes. La part des femmes semble même en léger recul entre 1998 et 2002. la part des femmes est un peu plus importante dans le cas des reprises (il doit s’agir probablement en partie de reprises par des conjointes d’entrepreneurs) . la féminisation progressive du secteur construction, parfois annoncée dans les médias, ne se vérifie donc pas dans ces statistiques. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble *Homme *Femme - - 91 9 73 27 93 7 74 26 83 17 61 19 Construction Ensemble 88 12 64 36 L’âge d’installation des dirigeants tend à augmenter. la structure d’âge des créateurs d’entreprises évolue comme l’ensemble de la population des nouveaux entrepreneurs : on constate une diminution de la part des chefs d’entreprise âgés de 25 à 35 ans (de 42% des créateurs en 1998, ils sont passés à 34% en 2002). La création est plus le fait de la tranche d’âge 35/45 ans, passée de 33% à 38% durant cette même période. La part des créateurs de plus de 50 ans augmente également. Au total, en l’espace de 4 ans, l’âge moyen des créateurs de la construction est passé de 35,6 ans à 37,1 ans. L’âge des repreneurs est plus stable, même si la part des repreneurs âgés entre 25 et 35 ans diminue également. 2 Le dispositif SINE est un système permanent d’observation des jeunes entreprises qui a pour objectif de suivre une génération d’entreprises pendant 5 ans. Trois générations d’entreprises ont été étudiées (cohortes 1994, 1998 et 2002). L’ossature de ce système repose sur trois enquêtes directes par voie postale : - la première enquête intervient des les premiers mois de la création d’entreprise ; - la seconde interrogation est réalisée la troisième année d’existence de l’entreprise - la troisième enquête est adressée cinq ans après la naissance. Environ 30 000 à 50 000 entreprises sont interrogées par cohorte, soit une population minimale de 5000 entreprises de construction. 9 CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 Age du dirigeant Moins de 25 ans 25 – 29 ans 30 – 34 ans 35 – 39 ans 40 – 44 ans 45 – 49 ans 50 ans et plus Age moyen du nouveau chef d’entreprise - - REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 8 18 24 21 12 10 7 35,6 8 19 20 17 13 11 12 36,9 7 14 20 22 16 11 10 37,1 6 14 18 18 15 12 16 38,7 7 16 22 15 13 10 17 38,4 7 17 19 16 13 13 15 37,8 Construction Ensemble 7 14 17 21 13 12 16 38,7 6 13 20 19 14 12 16 38,6 Nationalité des dirigeants : le secteur construction reste un secteur d’insertion et d’ascension professionnelle des personnes issues de l’immigration Le secteur de la construction se distingue par une forte proportion de dirigeants créateurs de nationalité étrangère (22% contre 11% pour l’ensemble de la création). Cette proportion est tendanciellement à la hausse entre 1998 et 2002. Le secteur, qui a accueilli de nombreux européens les décennies passées (Italie, Portugal…) continue donc son rôle d’insertion professionnelle pour les nouvelles générations d’immigrants. En revanche, cette spécificité ne se retrouve pas au sein de la population des repreneurs d’entreprises. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Nationalité *Française 80 89 78 89 92 92 91 92 *Etrangère d’un pays de l’Union 10 5 10 5 4 3 4 3 Européenne *Etrangère d’un pays hors de l’Union 10 6 12 6 4 5 4 5 Européenne - - Le niveau de formation professionnelle reste faible : 78% des créateurs ont un niveau inférieur au baccalauréat. La part des diplômés de l’enseignement supérieur n’évolue que très faiblement entre 1998 et 2002, très en deçà des statistiques d’ensemble (9% contre 33%). Les repreneurs du bâtiment ont un niveau un peu plus élevé (61% ont un niveau inférieur au baccalauréat). CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 Niveau de diplôme Pas de diplôme, CEP ou BEPC CAP / BEP Baccalauréat (général, technique ou professionnel) Diplôme supérieur au Baccalauréat REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 36 44 12 26 25 18 36 42 13 25 24 17 28 43 16 31 33 19 25 46 17 29 32 18 8 31 9 33 13 19 12 21 10 - La situation professionnelle : la part des anciens demandeurs d’emploi parmi les créateurs, importante dans la construction, tend à diminuer (38% en 2002 contre 43% en 1998). Parmi les repreneurs, cette part est inférieure dans la construction à celle de l’ensemble des reprises (17% en 2002 dans la construction contre 25% pour l’ensemble des repreneurs). Activité durant la période précédant la création / reprise de l’entreprise En activité Au chômage depuis moins d’un an Au chômage depuis plus d’un an Sans activité professionnelle - REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 48 25 18 9 48 20 17 19 54 23 15 8 51 19 16 14 73 7 9 11 60 15 11 14 Construction Ensemble 76 12 5 7 64 15 10 12 Le statut professionnel des dirigeants du bâtiment : Avant la création de leur entreprise, les dirigeants du secteur construction étaient majoritairement (pour 72% d’entre eux en 2002) des salariés, le plus souvent ouvriers. Cette part tend toutefois à régresser. Statut professionnel du chef d’entreprise avant la création / reprise de l’entreprise Indépendant, à son compte Chef d’entreprise salarié, PDG,… Salarié Etudiant ou scolaire Sans activité professionnelle - CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 11 2 80 2 5 14 5 69 5 7 8 5 72 1 14 10 9 60 4 16 22 4 62 3 9 18 3 66 3 10 Construction Ensemble 21 10 62 3 5 15 9 63 2 12 Le statut professionnel des repreneurs se distingue nettement de celui des créateurs : 31% étaient auparavant dirigeants indépendants ou salariés (contre 24% pour l’ensemble des entreprises reprises). Cet indicateur laisse entendre que le mouvement de reprise d’entreprises du bâtiment par d’autres entrepreneurs est particulièrement important dans le bâtiment. Il faudra s’intéresser dans le cadre des enquêtes qualitatives et quantitatives à ce segment émergent de “ dirigeants bis ” cumulant plusieurs directions d’entreprises, et positionnés dans une logique de développement externe. Niveau de qualification professionnelle des anciens salariés Cadres Agents de maîtrises, contremaîtres Professions intermédiaires Employés Ouvriers CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 9 7 3 22 59 25 5 11 37 22 4 11 6 20 59 11 20 9 14 34 23 11 5 5 23 56 13 5 8 53 21 Construction Ensemble 7 9 5 17 62 12 8 9 51 20 - Près de 80% des créateurs et repreneurs de construction ont une expérience préalable de l’activité où ils s’installent, mais cette expérience tend à diminuer. Elle a généralement été acquise dans des entreprises de moins de 10 salariés (59% des créateurs d’entreprises de construction et 72% des repreneurs). La part des repreneurs ayant travaillé dans des entreprises de 10 à 50 salariés est également importante et tend à croître en 1998 et 2002. Taille de l’entreprise dans laquelle CREATIONS PURES REPRISES le créateur / repreneur a acquis son SINE 1998 SINE 2002 SINE 1998 SINE 2002 expérience professionnelle Construction Ensembe Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Moins de 10 salariés De 10 salariés à 49 salariés De 50 salariés à 499 salariés 500 salariés et plus Pratique d’une activité identique à celle de l’entreprise créée ou reprise - 55 25 42 23 59 27 48 25 72 17 58 16 69 22 61 20 10 5 90 14 11 79 6 6 78 11 16 61 4 4 87 8 8 89 7 3 76 8 10 57 Un tiers environ des créateurs et repreneurs avaient déjà créé une entreprise auparavant. Cette proportion est croissante entre 1998 et 2002, ce qui est un indicateur de mouvements croissants dans le secteur du bâtiment. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensembe Construction Ensemble Construction Ensemble Présence de chefs d’entreprise ou de personnes à leur compte dans l’entourage proche du nouveau chef d’entreprise Création d’autres entreprises auparavant - Construction Ensemble 68 70 64 65 67 65 66 64 19 29 30 33 26 24 31 28 Les motivations d’installation sont plutôt le désir d’être indépendant pour les créateurs, et le goût d’entreprendre pour les repreneurs. Ces motivations semblent avoir beaucoup évolué entre 1998 et 2002 si l’on se réfère aux données des panels SINE (la part des opportunités croît notamment de façon importante). Ces motivations devront donc être analysées plus finement dans le cadre de l’enquête qualitative et quantitative. Motivations à la création de l’entreprise CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensembe Construction Ensemble Construction Ensemble *Idée nouvelle de produit ou de marché *Désir d’être indépendant *Goût d’entreprendre *Opportunité de création ou de reprise Construction Ensemble 5 18 12 25 7 7 10 12 62 21 17 54 27 11 79 59 28 69 56 32 42 65 12 54 52 9 60 49 57 67 55 58 12 - Exercice d’une autre activité : Les créateurs d’entreprises de construction sont moins nombreux que l’ensemble des créateurs à exercer une autre activité, à l’inverse des repreneurs (mais cette “multi-activité ” des repreneurs peut s’expliquer par la forte présence de dirigeants repreneurs, constatée plus haut). CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensembe Construction Ensemble Construction Ensemble Exercice d’une autre activité - 10 21 12 22 13 11 Construction Ensemble 20 15 Les choix stratégiques : une proportion croissante d’ ”entreprenants ” La part des dirigeants souhaitant développer leur entreprise est plus faible dans la construction que dans l’ensemble des autres secteurs d’activité. Toutefois, ces derniers sont proportionnellement plus importants en 2002 qu’en 1998, ce qui peut témoigner d’un changement progressif d’état d’esprit et d’une mutation culturelle. Avenir de l’entreprise dans les 6 mois qui suivent l’enquête CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensembe Construction Ensemble Construction Ensemble Développer l’entreprise Maintenir l’équilibre actuel de l’entreprise Ne sait pas Construction Ensemble 39 43 54 25 45 41 53 29 26 64 38 42 35 56 43 42 12 13 14 15 6 10 10 11 En conclusion, les entrepreneurs de la construction installés en 1998 et 2002 se caractérisent par leur identité “ masculine ” et un niveau de formation qui reste majoritairement inférieur au Baccalauréat (l’importance des anciens “ cadres ” reconvertis dans la construction ne semble pas croissante). Le secteur semble néanmoins traversé par plusieurs germes d’évolution : - un vieillissement sensible des créateurs/repreneurs - la présence renforcée de dirigeants d’origine étrangère - la stabilisation, voire la décroissance des anciens demandeurs d’emploi - l’augmentation tendancielle –même s’ils sont minoritaires- de la part des créateurs/repreneurs n’ayant pas d’expérience préalable dans l’activité - la présence, au sein des repreneurs, de dirigeants déjà à la tête d’une entreprise. 13 2.2 Financement et mise en place du projet - - L’analyse des moyens financiers nécessaires au démarrage de l’entreprise montre une baisse des projets “ moyens ” (entre 8000 et 16000 euros) entre 1998 et 2002, au profit principalement de la catégorie des projets ayant dû mobiliser de 2000 à 8000 euros. Ce mouvement –général à l’ensemble des activités- peut être également observé au sein des reprises d’entreprises. Globalement, 68% des projets de création et 48% des projets de reprise ont nécessité moins de 8000 euros (contre respectivement 39% et 30% en 1998). A l’inverse, on note une petite progression des “ gros ” projets de création supposant de draîner16 000 à 40 000 euros. Appauvrissement, évolution de la nature des projets… les raisons de ces évolutions devront être expliquées par l’étude qualitative et quantitative. Moyens financiers nécessaires au démarrage de l’entreprise CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble *Moins de 2 000 € *2 000 € à 7 999 € *8 000 € à 15 999 € *16 000 € à 39 999 € *40 000 € et plus 17 31 40 9 3 17 22 35 14 12 22 43 21 11 3 22 35 18 5 11 10 13 43 18 16 Construction Ensemble 12 18 25 18 27 15 33 22 14 16 10 19 14 18 40 Le recours au financement bancaire croît entre 1998 et 2002 : - Pour les créations, le taux de recours est passé de 32% à 39% ; - Pour les reprises, il évolue de 43% à 50%. De façon générale, le recours à l’emprunt est un peu plus important dans les projets de création en construction que dans l’ensemble des autres secteurs d’activité ; la situation est inverse pour les reprises (mais le rachat de compétences ne suppose pas d’apports spécifiques). Sources de financement du projet CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble *Emprunt bancaire au titre de l’entreprise *Emprunt bancaire en nom propre du chef d’entreprise *Ressources personnelles *Apport en capital d’organismes de fonds propres *Apport en capital d’autres sociétés *Subventions ou primes Construction Ensemble 24 23 27 24 35 50 36 45 8 9 12 13 8 12 14 25 63 1 65 1 73 2 75 2 60 2 57 1 62 4 62 2 4 2 8 2 2 5 3 5 10 2 6 2 3 5 3 4 14 - - Les appuis à la mise en place du projet : 47% des créateurs du bâtiment et 63% des repreneurs du panel 2002 ont bénéficié d’un soutien à la mise en place de leur projet. Cette proportion est tendanciellement à la baisse entre 1998 et 2002 (mais cette tendance est générale à l’ensemble des secteurs d’activité). Les conjoints sont les premiers appuis des créateurs du secteur construction. Le recours à des organismes de soutien spécialisés est sensiblement en baisse pour les créateurs entre 1998 et 2002 ; le phénomène est inverse pour les repreneurs. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Entreprises ayant bénéficié d’un soutien à la mise en place du projet 55 53 47 46 Construction Ensemble 77 69 63 62 Lorsque les entreprises bénéficient d’un soutien, elles ont recours aux soutiens des personnes et des organismes suivants : *Le conjoint *Un autre membre de la famille *Un ancien collègue (y compris l’ancien employeur) *Un organisme de soutien à la création d’entreprise - 45% 38% 13% 38% 43% 13% 48% 33% 10% 40% 37% 10% 44 47 29 54 36 16 46 37 15 57 31 8 18% 17% 16% 19% 5 9 8 8 Suivi de formations spécifiques Les créateurs et repreneurs d’entreprises artisanales du bâtiment doivent suivre une formation préalable obligatoire. En matière d’effort formation, l’indicateur à retenir est donc la proportion d’entreprises ayant suivi une formation à la demande du chef d’entreprise. Ce taux est faible et en baisse chez les créateurs : 19% des créateurs du panel SINE 2002 ont suivi une formation contre 25% en 1998. La proportion de repreneurs dans la construction suivant une formation est équivalente à celle de l’ensemble des secteurs d’activité. Suivi d’une formation particulière 54 31 51 33 44 30 Lorsque les chefs d’entreprise ont suivi une formation particulière, ils ont bénéficié des types de formation suivants : Formation à la demande du chef 38 25 19 d’entreprise Formation obligatoire 63 75 81 38 25 27 24 21 62 60 73 76 79 63 32 En conclusion, les projets de création et reprise d’entreprise de construction se caractérisent par une baisse importante des besoins de financement (une majorité des projets du panel 2002 nécessite moins de 8000 euros), et par un recours croissant au financement bancaire. Le principal appui des créateurs est leur conjoint. Seuls 16% des créateurs et 8% des repreneurs ont bénéficié d’un soutien d’une structure spécialisée. Le suivi de formations spécifiques est également minoritaire : un quart des entreprises ont entrepris cette démarche. 15 2.3 Caractéristiques des entreprises Forme juridique : Les jeunes entreprises de construction se distinguent des autres activités : - pour ce qui concerne la création d’entreprise, la forme individuelle prédomine (62% des créations contre 44%¨en moyenne pour l’ensemble des créations) ; cette persistance (on note même une légère augmentation entre 1998 et 2002) devra être expliquée. - A l’inverse, les entreprises reprises ont majoritairement un statut de société (67% contre 46% en moyenne) ; ce phénomène s’explique par la taille moyenne assez élevée des entreprises reprises dans le secteur de la construction. Si la proportion de filiales est moindre dans la création, elle est élevée dans la reprise. Dans un cas sur six, une entreprise reprise dans le secteur de la construction est une filiale. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Catégorie juridique * entreprise individuelle * société 60 40 51 49 62 38 44 56 CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 40 60 Construction Ensemble 63 37 4 8 12 54 46 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Filiales 33 67 16 Lorsque les entreprises sont des filiales, elles se répartissent selon les parts du capital détenues par d’autres entreprises : Moins de 50 % du capital est détenu 38 40 42 38 par une autre société Construction Ensemble 10 5 16 17 47 47 34 36 Plus de 50 % du capital est détenu par une autre société 62 60 58 62 53 53 66 64 Entreprises artisanales 90 31 86 32 89 32 93 32 - L’emploi La part d’entreprises de construction employeuses est plus forte que dans l’ensemble des secteurs d’activité : 28% des entreprises créées et 67% des entreprises reprises. Toutefois, cette part est en baisse entre 1998 et 2002, de même que le nombre moyen de salariés par entreprise au démarrage. 16 CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Entreprises employant des salariés au démarrage 31 Nombre de salariés au démarrage de l’entreprise *0 salarié 69 *1 à 2 salariés 24 *3 à 5 salariés 5 *6 à 9 salariés 1 *10 salariés et plus 1 Nombre moyen de salariés par 0,68 entreprise au démarrage 23 28 19 67 45 77 17 4 1 1 0,67 72 22 5 1 0 0,57 81 14 3 1 1 0,57 33 35 19 9 4 2,94 55 29 11 4 3 1,93 Construction Ensemble 39 31 18 8 4 2,66 51 29 12 4 3 2,23 Nombre d’emplois occupés (salariés ou non, y compris celui du dirigeant) au démarrage de l’entreprise *1 à 2 emplois occupés *3 à 5 emplois occupés *6 à 9 emplois occupés *10 emplois occupés et plus Nombre moyen d’emplois occupés (salariés ou non, y compris celui du dirigeant) au démarrage de l’entreprise - - 84 12 2 1 1,9 84 13 2 1 1,74 87 10 2 1 1,76 47 33 13 7 4,32 66 24 7 3 3,29 52 31 12 6 4 64 24 7 4 3,55 Les prévisions d’embauche dans les 12 mois qui suivent l’enquête SINE augmentent considérablement d’un panel à l’autre, notamment dans la construction, mais elles peuvent s’expliquer en partie par la reprise conjoncturelle. Prévision d’embauche de salariés supplémentaires (en CDI ou CDD) dans les 12 mois qui suivent l’enquête Embauche prévue Pas d’embauche prévue Ne sait pas - 82 16 2 1 1,9 CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble 8 30 62 7 31 62 34 26 40 27 41 32 15 36 49 7 38 55 Construction Ensemble 32 27 42 22 43 36 La clientèle des nouvelles entreprises Les entreprises de construction se caractérisent par l’importance du marché des particuliers qui est principal type de clientèle pour 65% des entreprises créées et 68% des entreprises reprises. En relation avec cette typologie, le marché est sans surprise local et de proximité. Le nombre de clients est variable. Chez les entreprises créées ex nihilo, 52% des entreprises ont moins de 10 clients (la part des entreprises ayant 1 à 2 clients croît d’ailleurs de 11% en 17 - 1998 à 15% en 2002). Les entreprises créées par reprise ont un marché plus développé (mais cela est en relation avec leur taille : 71% ont un grand nombre de clients). L’activité de sous-traitance est stable : elle concerne 56% des entreprises créées ex nihilo en 2002 et 41% des entreprises reprises. En revanche, la sous-traitance tend à être l’activité principale d’une part croissante de ces entreprises, qu’elles soient créées ou reprises. SINE 1998 Type principal de clientèle SINE 2002 SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble * Entreprises et administrations 38 45 35 40 31 16 32 * Particuliers 62 55 65 60 69 84 68 Localisation géographique de la clientèle *Locale ou de proximité 51 46 54 48 64 73 64 *Régionale 41 31 38 28 30 16 29 *Nationale et Internationale 8 23 8 24 6 11 7 Nombre de clients *1 à 2 clients 11 11 15 13 6 2 8 *3 à 10 clients 36 26 37 29 15 7 20 *Un grand nombre de clients 40 50 32 43 72 55 40 *Un grand nombre de clients + 13 13 16 15 20 24 31 quelques gros Exécution de travaux de sous33 31 12 58 56 40 41 traitance Lorsque les entreprises exécutent des travaux de sous-traitance, elles se répartissent selon les types d’activité suivants : *Activité principale 45 31 30 46 56 28 37 *Activité annexe 55 54 70 54 52 72 63 - 16 84 71 15 14 3 9 63 26 12 30 70 Modes de direction de l’entreprise les entreprises de construction sont beaucoup plus nombreuses que celles de l’ensemble des secteurs d’activité à associer le conjoint à la direction de l’entreprise (52% des entreprises créées ex nihilo et 48% des entreprises reprises). CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Personnes, autres que le chef 32 38 29 d’entreprise, participant à la direction de l’entreprise Lorsque des personnes participent à la direction de l’entreprise, les chefs d’entreprise ont l’appui des personnes suivantes : *Le conjoint 38 55 52 *Un autre membre de la famille 19 21 18 *Un ou plusieurs autres associés 44 26 33 18 Construction Ensemble 27 53 43 46 42 36 17 49 45 38 21 58 23 21 48 32 25 52 19 30 - Utilisation de services extérieurs payants Les nouvelles entreprises de création font abondamment recours à des services extérieurs payants, dans une proportion supérieur à l’ensemble de la population de créateurs/repreneurs. Ce recours a augmenté considérablement entre 1988 et 2002. Il concerne alors 84% des entreprises créées ex nihilo et 94% des entreprises reprises. La gestion reste le principal domaine de prestations externes recherchées (93% des entreprises créées ex nihilo et 95% des entreprises reprises). Le recours à d’autres types de services progresse néanmoins : transport/logistique/stockage, publicité. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Utilisation de services extérieurs 41 75 48 84 payants Lorsque les entreprises utilisent des services extérieurs payants, elles ont recours aux services extérieurs suivants : *Gestion 85 73 93 89 *Transport, stockage, logistique 3 12 12 21 *Nettoyage 10 11 3 2 *Vente 2 6 1 3 *Publicité 17 25 17 20 *Autres services 9 11 5 6 Construction Ensemble 63 52 94 92 89 6 10 1 17 3 84 7 14 2 17 8 95 3 3 1 19 4 95 7 13 2 23 7 Utilisation des technologies de l’information et de la communication - Paradoxalement, le nombre d’entreprises créées ex nihilo utilisant un micro-ordinateur a baissé entre 1998 et 2002. L’utilisation est par contre constante au sein des entreprises reprises (un usage lié à la taille de l’entreprise). - L’accès à internet chute également de façon inexplicable. - En revanche, les entreprises ayant accès à internet sont de plus en plus nombreuses à avoir l’équipement sur le lieu de travail. Les usages d’internet se développement également dans tous les domaines : recherche ou échange d’informations, encoi et consultations de courriers, commandes. CREATIONS PURES SINE 1998 SINE 2002 REPRISES SINE 1998 SINE 2002 Construction Ensemble Construction Ensemble Construction Ensemble Utilisation d’un micro-ordinateur dans l’entreprise Accès à Internet Construction Ensemble 71 71 67 69 73 51 75 52 54 70 34 56 47 50 36 39 34 39 72 63 Lorsque les entreprises ont accès à Internet, elles l’utilisent dans les lieux suivants : Accès sur le lieu de travail 41 28 53 19 67 Accès au domicile du chef 72 59 62 d’entreprise Motivations à l’utilisation d’Internet pour les personnes qui y ont accès 56 66 61 47 55 *Recherche ou échange d’informations *Envoi et consultation de courriers électroniques *Passation de commandes 45 77 72 79 69 71 76 74 55 75 66 78 45 60 66 67 12 23 19 26 21 12 18 22 En conclusion, l’hétérogénéité du secteur construction semble croître. La lecture des enquêtes SINE 1998 et 2002 suggère différents segments de population dont les écarts sont apparemment en train de se creuser : - entreprises individuelles (prédominantes dans la création ex nihilo) / sociétés (majoritaires dans le cas des reprises) - entreprises “ solos ” (part croissante) / entreprises avec salariés - entreprises “ mono-clients ” / entreprises à clientèle nombreuse et diversifiée - entreprises sous-traitantes (dont le degré de dépendance s’accroît). On note toutefois quelques constantes : - la structure moyenne d’emploi est stable ; - la participation du conjoint à la direction de l’entreprise semble se maintenir ; - la gestion reste majoritairement externalisée à des prestataires extérieurs. 20 3. Typologie des jeunes entreprises du bâtiment L’objectif de cette partie est de rechercher parmi la littérature scientifique les typologies proposées des jeunes entreprises de construction, afin de rendre compte de l’hétérogéneité des profils d’entreprises suggérée plus haut par les enquêtes SINE 1998 et 2002. La pertinence de ces classifications pourra être utilement évaluée lors de l’analyse des enquêtes qualitative et quantitative. 3.1 Typologie des entreprises de construction Il n’existe pas de typologie des jeunes entreprises du bâtiment. Trois travaux nous proposent néanmoins une caractérisation générale des entreprises du bâtiment. Michel Auvolat, dans “ Artisans chefs d’entreprises du bâtiment de demain : analyse spectrale à travers une formation longue de jeunes successeurs ” (1992) fait état des travaux conduits précédemment dans ce domaine. La première classification répertoriée – celle de P. Casella et P. Tripier (dans “ Qualification sociale et professionnelle dans l’artisanat du bâtiment ”- propose une typologie qui croise la capacité d’accès au marché et la surface sociale de l’entrepreneur. Quatre figures sont définies : Capacité d’accès au marché Les entrepreneurs Les artisans familiaux Les indépendants Les artisans satellites Surface sociale l’entrepreneur Accès à un marché élargi Forte surface sociale Cantonnement au marché local Forte surface sociale Cantonnement au marché local Faible surface sociale Cantonnés à la sous-traitance Faible surface sociale de Une seconde typologie –celle de J. Pillemont (dans Artisanat du bâtiment – traditions et changements, 1987) différencie les artisans en croisant leur visibilité sur le marché et leur capacité d’innovation liée à leur savoir technique et gestionnaire : Les modernistes Les traditionnels Les émergeants Les précaires Visibilité sur le marché Capacité d’innovation Forte visibilité sur un marché Diversification des créneaux étendu Forte visibilité Domaine d’activité clasique (réhabilitation) Jeunes entreprises Spécialistes innovants (travaillent pour des maîtres d’œuvre) Faible notoriété Sous-traitants 21 A ces dernières, Michel Auvolat ajoute une typologie de rupture construite sur des métiers émergeants du bâtiment : - “ le gestionnaire de PMI, entraîné par la logique de mécanisation/capitalisation de l’atelier (ex : activités de fabrication bois et métal) - le technicien (ex : le décorateur, le thermicien) - le poseur polyvalent de chantier, spécialiste de la mise en œuvre des composants et des interfaces du chantier ”. Enfin pour ce qui concerne spécifiquement les anciens salariés installés dans le bâtiment, Michel Auvolat suggère la classification suivante (source : Un métier pour tout recommencer/ HUBERT Thomas in : Monde des artisans (Le), 01/04/2003, n° 33, 4p.). - - - les jeunes de niveau bac+2/3 déçus par les possibilités de l'emploi salarié : “ certains titulaires d’un BTS, d’un DUT ou même diplômé d’une petite école de commerce sont très déçu par les possibilités que leur offre l’emploi salarié. (…) Ils créent alors leur propre affaire ou reviennent vers l’entreprise familiale si elle existe ”. Ce mode d’entrée dans l’artisanat est de plus en plus courant. la dynamique culturelle, c'est-à-dire des personnes en "recherche de personnalité" qui sont attirées vers des métiers "séduisants" comme dans l'artisanat d'art ou encore les métiers à "forte image" tel que la boulangerie. Ce type de reconversion s’accompagne parfois d’un retour à la campagne, très à la mode dans les années 70, mais moins important aujourd’hui. Les managers déçus : la catégorie la plus significative sur le plan économique. “ il s’agit de cadres ou de consultants, souvent dans l’agroalimentaire ou le bâtiment, qui se retrouvent coincés dans des carrières peu rémunérées au regard de leurs compétences (…). La rupture réelle, ne doit pas masquer une relative continuité : le saut d’un statut à l’autre est cohérent ” Une autre typologie des entreprises du bâtiment est proposée dans l’étude que le cabinet Stravia a mené pour la FFB (citée dans “ Les trois visages de l’artisan du bâtiment ”, in Constructif, nov. 2004). Trois visages sont proposés : les deux premiers (l’artisan local et l’artisan spécialiste sont emblématiques de l’artisant du bâtiment) ; le 3ème visage (l’artisan gestionnaire) est apparu il y a une dizaine d’années. L’artisan local L’artisan spécialiste L’artisan gestionnaire - Forte notoriété locale Proximité des clients Relation personnalisée avec la clientèle Souplesse et réactivité Détenteur d’un savoir-faire rare recherché par une cible de clientèle Souvent présent sur les chantiers Transmission du savoir-faire aux compagnons Marché élargi : réseau de clientèle Adaptation du savoir-faire à des niches de marché Organise et pilote l’entreprise à travers des outils de gestion Privilégie maîtrise des coûts et suivi des chantiers Souvent présent dans son bureau Délègue la maîtrise technique du métier à un collaborateur Définit une stratégie de développement en ciblant des clientèles. 22 3.2 Modes de classification des entreprises créées ex nihilo La plupart des typologies proposées pour les jeunes entreprises sont transversales à l’ensemble des secteurs d’activité. En l’absence de travaux centrés sur le secteur construction, nous signalerons ci-dessous quelques modes de classification, dont la pertinence devra être vérifiée ultérieurement pour les entreprises du bâtiment. * Une classification par l’origine sociale des créateurs et leur culture entrepreneuriale. L’enquête nationale “ Les créateurs d’entreprises au cours de la période 1980-1987 ” (ANCE, 1988) tente de caractériser le profil des créateurs en fonction de leur origine sociale, de leur expérience professionnelle et de la taille de l’entreprise, puis en fonction de leurs activités . Deux types de créateurs sont mis en évidence : les explorateurs (qui sont étrangers culturellement et qui découvrent le monde de l’entrepreneuriat) et les reproducteurs (qui ont une culture entrepreneuriale et qui en ont l’acquis social, culturel et professionnel). Parmi les explorateurs, une distinction est faite entre les “ mutants ” (qui ont quitté le salariat contraints et forcés) et les “ individualistes ” (venus à la création car insatisfaits du salariat). Parmi les reproducteurs, une distinction est faite entre les “ entreprenants ” et les “ multiplicateurs ”. Les 4 types de créateurs % entreprises créées % d’emplois créés Explorateur Mutant 20% 12% (6 emplois/entreprises) Individualiste 20% 6% (3 emplois / ent) Multiplicateur 45% 52% (10 emplois / Entreprenant 15% 30% (20 emplois/ ent) Reproducteur ent) * Une classification basée sur les modalités de gestion et les effectifs André Letowski et Philippe Trouvé dans “ L'approche typologique : pertinence et identification de sous groupes au sein des dirigeants de TPE ” (source : Les aides publiques aux TPE.- Paris : CGP, 2004) dresse un état des lieux des différents essais de classification des jeunes entreprises, notamment des modèles pertinents pour les très petites entreprises (cf. tableau récapitulatif ci-dessous). 23 Parmi ces dernières, les auteurs retiennent la classification proposée par une équipe du CEREQ (Bentabet, Michun, Trouvé, 1999, p.99-117), basée sur des combinaisons de six variables explicatives : gestion de la main d’œuvre, secteur ou filière, statut juridique et place dans la chaîne de valeur, ancrages territoriaux, degré de structuration des professions exercées, orientations stratégiques, trajectoire et profil des dirigeants. Quatre configurations contrastées de TPE sont identifiées à partir principalement de différenciations fortes en matière de modalités de gestions et d’effectifs : Caractéristiques Les firmes indépendantes traditionnelles : -indépendance : solos, gérants non salariés - difficulté à structurer un rapport salarial avec les éventuels salariés. - gestion paternaliste - clientèle de particuliers - faible embauche - entrepreneurs plus jeunes et Les TPE plus diplômes managériales - clientèle d’entreprises et d’administrations - valorisation plus forte des qualifications professionnelles risque financier élevé des Les TPE de type dirigeants entrepreneurial forme sociétaire clientèle d’entreprises et d’administrations plus utilisatrices d’aides publiques délégation de la production Nbre d’emplois important Professions fermées Le double modèle profesionnel (libéral Transmission Secteurs Stratégie Artisanat traditionnel (construction, commerce de proximité, métiers de bouche, hôtellerie restauration, services aux particuliers) Banalisation des produits services Faible innovation Recherche de réduction des coûts Gestion externalisée TPE sous-traitantes Franchises, réseaux Rationalisation de la gestion Standardisation des produits-services Compétitivité par les coûts Chefs d’entreprises porteurs Mise en valeur d’un savoird’un projet de faire spécifique développement Positionnement dans un marché concurrentiel, par différenciation ou spécialisation Idéologie de développement des affaires Professions libérales, secteurs à haute densité 24 Innovation ou flexible) intergénérationnelle fréquente Valorisation de la formation continue sur le tas intellectuelle, concepteurs… * une classification selon le rôle et la fonction économique des entrepreneurs Sophie BOUTILLIER et Dimitri UZUNIDIS, dans “ L'entrepreneur socialisé : traits actuels du créateur d'une petite entreprise.typologie des entrepreneurs selon technologique (qui opère dans le l'entrepreneur de proximité (qui emblématique). in : Organisations et territoires, 01/08/2002) présentent une leur rôle et leur fonction économique : l'entrepreneur domaine de la valorisation d'un savoir de haut niveau), recrée le lien social), l'entrepreneur traditionnel (figure 25 3.3. Modes de classification des entreprises reprises La reprise d’entreprise par les personnes physiques est peu étudiée par les chercheurs. En particulier, aucun travail de typologie des repreneurs du secteur de construction n’a pu être repéré. Comme pour les créateurs, différents angles d’approche peuvent permettre de rendre compte des spécificités des repreneurs : santé financière de la cible, formation du repreneur, expérience professionnelle, motivations. * Classification en fonction de l’expérience professionnelle et des moyens de financement Le rapport de Jean-Claude BOUSQUET (Avis du Conseil économique et social régional sur le thème : "La transmission-reprise de la petite entreprise : un enjeu pour les années à venir".- CESR Languedoc-Roussillon, 2004.- 52p.) distingue trois grands types de profils à partir des critères d’expérience technique préalable et des disponibilités financières des repreneurs : - le technicien : “ salarié d’entreprise possédant une grande connaissance technique de son métier mais ne disposant pas des moyens financiers suffisants pour s’engager dans la reprise de son entreprise ou d’une autre ” - le gestionnaire : “ cadre d’entreprise,au chômage ou en phase de changement dans son choix de vie, ayant une bonne maîtrise du management et de la gestion de l’entreprise, disposant de moyens financiers mais n’ayant qu’une connaissance technique superficielle du métier qu’il peut pratiquer ” - le demandeur d’emploi : “ Rmiste, allocataire en fin de droit ne possédant ni formation spécifique, ni moyens financiers suffisants, mais ayant une très forte motivation ”. * Classification en fonction des liens préalables unissant le repreneur à l’entreprise Après avoir répertorié dans la presse et les travaux de recherche différents modes de classification des repreneurs (cf. tableau récapitulatif ci-dessous), Bérangère DESCHAMPS, dans “ Proposition d'une typologie des profils de repreneurs d'entreprises ” (in : Site de l'Académie de l'Entrepreneuriat, 01/01/2002,n° 0, 16p. 2002) privilégie les liens unissant le repreneur à la cible car le processus de reprise et les besoins d’accompagnement diffèrent selon la connaissance préalable par le repreneur de l’entreprise à céder . 26 Les différents types de liens repreneur/entreprise pris en compte pour l’analyse sont les suivants : - lien partenarial - lien salarial - ou absence de lien (catégorie la plus fréquente). Ils conduisent à la typologie résumée dans le tableau ci-dessous. 27 28 4. La pérennisation de la jeune entreprise : difficultés, facteurs de survie et déterminants de croissance Quelles sont les clés de la pérennisation d'une jeune entreprise ? Répondre à cette question suppose tout d'abord que l'on établisse un diagnostic clair des difficultés qui parsèment le parcours du créateur et du repreneur d'entreprise durant leurs trois premières années. Or, sur ce sujet, la littérature offre peu d'éclairages. Là encore, la plupart des données portent sur l'instant "t" de la création ou de la reprise. Si l'exploitation des données du Système d'Information des Nouvelles entreprises" nous permet de connaître les caractéristiques des entreprises ayant maintenu leur activité 3 ans après leur création, nous n'avons répertorié aucun travail qui analyse les étapes successives du "primo-développement" de l'entreprise durant ces trois années. A l'instar de la classification de Sophie Mignon (Pérennisation d'une PME : la spécificité du processus stratégique), la pérennité des jeunes entreprises peut être envisagée comme le résultat de trois comportements : • l'abandon d'options stratégiques irréalistes, • l’adaptation, permettant à l'entreprise de ne pas être éliminée par son environnement lorsque ce dernier change • la proaction lui permettant de rebondir vers de nouveaux horizons et de ne pas faire de la pérennité une simple question de survie. Nous distinguons donc dans l'analyse documentaire les facteurs de la pérennisation-survie de l'entreprise, de ceux expliquant la pérennisation par la croissance. 4.1 Les difficultés des jeunes entreprises Il existe peu de travaux et recherches universitaires centrés sur la connaissance des problèmes rencontrés par la jeune entreprise dans sa phase de primo-devéloppement- , et sur les modes de régulation adoptés. Une étude de la Dcaspl "Une nouvelle vision de la pérennité des jeunes entreprises", conduite en 2004 en partenariat avec l'Insee et le cabinet d'études TMO, permet d'identifier et de hiérarchiser les problèmes conduisant à des cessations d'activité avant la cinquième année. Le rapport montre que la cessation est due le plus souvent à la conjonction de plusieurs types de problèmes. Quatre catégories sont répertoriées : • des problèmes financiers : problèmes de charges et impôts, revenus personnels trop faibles, marge et rentabilité insuffisantes, insuffisance de fonds propres, impayés des clients, défaillance de clients, délais de paiement, problèmes de trésorerie • des problèmes de marché/de clientèle : CA insuffisant, difficulté de trouver des clients, concurrence trop forte, mauvaise évaluation de la réalité du marché, conjonture défavorable • des problèmes de gestion : problèmes administratifs et réglementaires, manque de soutien/conseil et sentiment d’isolement, méconnaissance en matière de gestion, problèmes avec tiers, mésentente entre associés • des problèmes liés à la personne : problèmes d’ordre personnel, surcharge de travail et vie familiale gâchée, manque de confiance, problème de santé. 29 Pour une entreprise moyenne ayant cessé son activité avant son 5eme anniversaire, les problèmes financiers ont contribué pour 40% à l'arrêt de l'entreprise, les problèmes de marché et de clientèle pour 27%, les problèmes de gestion pour 18% et les problèmes liés à la personne pour 15%. De fait, la plupart des situations auxquelles font face les entreprises sont complexes. Christophe SCHMITT, Pierre-André JULIEN et Richard LACHANCE soulignent ce fait dans l'article "Pour une lecture des problèmes complexes en PME : approche conceptuelle et expérimentation (in : Revue internationale PME, 01/12/2002,n° 2, 15p.) qui met en avant la spécificité des petites entreprises pour faire face aux problèmes dans le développement d'un nouveau produit, la mise en place des éléments de gestion de production, l'adaptation à leur environnement ou la gestion du personnel. Trois points faibles spécifiques sont mis en relief : - la centralisation de la gestion (le problème n'est envisagé que par le seul dirigeant, ce qui limite le champ des solutions envisagées) ; - la stratégie est trop souvent intuitive ou peu formalisée ; - l’absence d’outils pour aborder la complexité des situations -et d'expérience, pour ce qui concerne le jeune créateur. Or, les problèmes doivent être contextualisés, de façon à poser un bon diagnostic, faute de quoi les solutions choisies et les efforts consentis peuvent engendrer d’autres types de difficultés. Concernant le secteur du bâtiment, nous disposons de peu de travaux portant un diagnostic sur les difficultés rencontrées par les nouvelles entreprises. L’étude “ Les nouveaux entrepreneurs du bâtiment ” (Cabinet Avancées sociales, P. Sibille, pour la MICE Yvelines Val d’Oise) apporte des éléments de réponse à partir d’une enquête conduite auprès d’entreprises du bâtiemnt de moins de 5 ans du Val d’Oise et des Yvelines. Au moment de la réalisation de l’enquête : - 78 % des entreprises avaient rencontré des difficultés (pour régler les problèmes financiers, pour assurer le développement commercial, pour recruter, pour former et gérer le personnel, pour maintenir la qualité des travaux) - 75 % avaient rencontré des difficultés personnelles (gestion du temps, rémunération, maintien d’un équilibre avec la vie familiale, maîtrise du métier de chef d’entreprise, se faire seconder, crédibilité auprès des interlocuteurs, santé). Les créateurs d’origine étrangère –nombreux nous l’avons vu dans le secteur constructionrencontrent de plus grandes difficultés (performances globales un peu inférieures, pas de salariés, pas de chantier au moment de la création…) 3.2 Les facteurs de survie des entreprises L'enquête SINE (Système d'information sur les nouvelles entreprises) de l'INSEE, menée tous les quatre ans sur un échantillon de nouvelles entreprises, lequel est interrogé de nouveau au bout de trois et cinq ans pour connaître le devenir des entreprises, est la principale source d'informations sur les facteurs de survie et e croissance des nouvelles entreprises. Concernant la survie, Jean-Christophe TEURLAI, dans Comment modéliser les déterminants de la survie et de la croissance des jeunes entreprises ? met en avant diverses variables explicatives, à partir des résultats de l'enquête SINE 1994 et des interrogations conduites en 1997 et 1999 auprès des entreprises toujours actives : 30 • • • • l’influence du profil du créateur (être âgé de moins de 25 ans est un handicap car il entraîne un manque d’expérience ; il y a en revanche une meilleure pérennité des projets pour la tranche 30-49 ans ; plus le diplôme est élevé, plus les chances de passer le cap du troisième ou cinquième anniversaire est élevé) ; l'importance des caractéristiques de l’entreprise (la taille du capital initial semble également être un facteur clé de survie ; il semble préférable de reprendre une entreprise plutôt que d’en créer une ; enfin, les sociétés résistent mieux que les entreprises individuelles) ; l’impact du positionnement stratégique de l’entreprise : il est préférable de servir un marché national qu’un marché régional ; la pérennité des projets est fortement liée au type et au nombre de clients dont disposent les entreprises ; les entreprises n’envisageant pas de recrutement résistent mieux que les autres. le rôle prépondérant des facteurs financiers : les entrepreneurs ayant bénéficié d’un prêt bancaire sont mieux “ armés ” pour survivre que ceux qui n’en ont pas obtenu ; la pérennité des projets est également positivement influencée par l’obtention d’une aide financière publique (un résultat à prendre avec prudence, car “ l’aide peut avoir permis à des entreprises à faible potentiel de croissance de survivre au-delà de l’espérance de vie moyenne des firmes non aidées présentant le même profil ”). Ces données sont confirmées par les résultats de l'enquête SINE 98 (Source : enquête Sine 98 FABRE Virginie et KERJOSSE Roselyne). Concernant les déterminants liés au profil du créateur/repreneur, les résultats montrent également que l’expérience professionnelle prime sur le diplôme. D’autres facteurs de survie sont liés aux moyens mis en œuvre pour créer l'entreprise et au secteur d’activité : • Que ce soit pour une reprise ou une création ex nihilo, plus l’entrepreneur investit, plus il a des chances de réussite et ce quel que soit le secteur d’activité. • Un entourage entrepreneurial est un atout. • Plus le CA est important au bout de trois ans, plus les chances d’atteindre le cinquième anniversaire sont grandes. Les deux tiers des entreprises pérennes déclarent ne pas avoir de problèmes de trésorerie. • enfin, les entreprises pérennes sont des entreprises qui investissent (investissement consacré en priorité à l’achat de matériel nécessaire à la production, de matériel bureautique et véhicule à usage professionnel. 3.3 Les déterminants de la croissance des entreprises Selon Franck Janssen, professeur d’entrepreneuriat à l’Université catholique de Louvain, les études sur les déterminants de la croissance distinguent deux grandes approches : - le modèle externe (les performances de l’entreprise sont conditionnées par son environnement) , - le modèle interne (les caractéristiques de l'entreprise et la manière dont celle-ci influence son environnement). Pourtant, il n’est pas possible d’approcher la croissance de manière purement interne ou purement externe, il faut tenir compte des adéquations entre variables ; “ la croissance est un 31 phénomène multidimensionnel et complexe, c’est pourquoi il est relativement difficile d’énoncer des politiques publiques qui la favoriseraient ”. Les différents déterminants identifiés se regroupent en cinq blocs de variables : • les déterminants liés aux dirigeants : les caractéristiques psychologiques de l’entrepreneur, son expertise, ses motivations “ positives ” (recherche du profit) ou “ négatives ” (entreprise créée en situation de chômage) ; son âge ; la présence ou non d’une équipe de dirigeants ; • les déterminants liés à l'entreprise : sa taille ; l'âge ; le mode d'organisation ; la forme juridique ; l'indépendance ; le financement • la stratégie : le choix et étendue des marchés, le positionnement sur les marchés, la planification, la croissance interne • l'environnement : concurrence, barrières à l’entrée, fidélisation des consommateurs, croissance de la demande, localisation…, dynamique (environnement changeant ou stable). Il est essentiel de travailler sur les corrélations entre ces variables, sachant que l'on pourra relever plusieurs configurations ayant un impact positif sur la croissance. Jean-Christophe TEURLAI propose quant à lui, comme déterminants de croissance, outre les facteurs individuels (la taille, l’âge de l’entreprise, la qualité du management, les facteurs financiers et d’autres facteurs individuels liés en particulier à la stratégie entrepreneuriale), de s'attacher aux déterminants sectoriels : “ (…) la croissance d’une entreprises dépend également d’éléments structurels liés aux performances du secteur qui l’abrite. La compétitivité d’un secteur est donc, en soit, un facteur qui influe positivement (ou négativement) sur les trajectoirs de croissance individuelle des firmes ". Parmi les variables explicatives de la croissance, on retient donc que la croissance des jeunes entreprises n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une "combinaison de facteurs liés en particulier aux caractéristiques de l'entreprise, à son positionnement stratégique, à sa structure financière, à ses contraintes d'exploitation, sans oublier l'influence macro-sectorielle. Il est important de noter que dans ce cas -plus que dans celui de la survie- l'influence des caractéristiques de l'entreprise l'emporte sur celles de son créateur. 32 Conclusion : Quels appuis à la création-transmission reprise d’entreprise ? L ’accompagnement à la création/reprise d ’entreprise est une pratique récente, qui s ’est développée face à la progression et à la durabilité du chômage. L’objectif était d’encourager la prise d ’initiative individuelle et d’aider les entrepreneurs confrontés à de multiples prises de décision, souvent seuls et disposant généralement de peu de moyens, à faire face aux différentes difficultés rencontrées. L ’accompagnement doit réunir les composantes suivantes : - une relation interpersonnelle entre l ’entrepreneur et un tiers - la durée, - la fréquence des contacts, - l ’unicité de la structure d ’accompagnement, - la prise en compte de la diversité des problèmes qui se posent à l ’entreprise, - l ’adaptation à la culture et à la personnalité du créateur - l’apprentissage - l’accès à des ressources (financières, intellectuelles, relationnelles, informationnelles…). André Létowski (note d ’analyse, APCE, 2001 - L ’accompagnement de la création/reprise d ’entreprise : définition- Appui ou accompagnement ?) note que “ En dépit de sa très large diffusion, la notion d ’accompagnement est souvent employée de façon impropre. Celle-ci doit être entendue comme une pratique fondée sur une relation établie dans la durée avec une personne extérieure, qui doit permettre à l ’entrepreneur de réaliser des apprentissages et d ’accéder à des ressources. Malgré son abondance, l ’offre de services répond très imparfaitement à cette définition et aux besoins des projets ”. Malgré le foisonnement d’organismes d ’accompagnement (la “ nébuleuse ”), la part d’entreprises accompagnées par des structures spécialisées reste faible : moins de 20% des créations ex nihilo et moins de 10% des reprises. En outre, la plupart des organismes d’accompagnement ne couvrent pas la totalité de la chaîne du service d ’accompagnement : ils sont centrés principalement sur la phase antécréation et sur l’accompagnement de l’installation. Les prestations sont souvent homogènes, non segmentées et ne permettent pas de répondre à des besoins différenciés. Phase Amont Aval Prestations - montage et cadrage du projet (information/orientation) - validation du projet (conseil en gestion, info juridique, fiscale et sociale) - concrétisation du projet (formation, appui financier…) - accompagnement du démarrage - suivi du primo-développement (parrainage, garanties, cautionnement, conseil technique, innovation, marché…) 33 Il existe peu de chiffres probants sur les résultats de l ’accompagnement et son impact, hors l ’accompagnement des personnes en difficulté et des entreprises innovantes : - L ’offre d ’accompagnement sur un territoire contribue-t-elle à augmenter le nombre de créateurs ? - L ’accompagnement a-t-il un impact que la qualité des projets et leurs chances de développement ? De même, il n’existe pas de recensement d’actions d’accompagnement conduites spécifiquement dans le secteur de la construction. Cette analyse sera menée à bien dans la prochaine étape des travaux. 34 BIBLIOGRAPHIE ACFCI ; CSOEC et APCE Le marché de la transmission : cédants, repreneurs et opérateurs.- Paris : APCE, 2003.20p.().- D220/N°6153.En ligne sur le site de l'APCE : http://www.apce.com/upload/ouvrage/marchetransmission.pdf AFNOR, Norme NFX50-771 : accompagnement de l ’entreprise - activités de services des platesformes d ’initiatives locales. Agence des PME, PME : l ’appui à la création, 2003. ANCE, Bâtiment : les causes du développement et de la mauvaise rentabilité des nouvelles entreprises, source : les nouveaux entrepreneurs du bâtiment, MICE Yvelines Val d’OISE / Cabinet Avancées sociales, août 1995. ANCE Les créateurs d'entreprises : profils, comportements et conditions de création au cours de la période 1980-1987.- Paris : ANCE, 1988.- 66p.APCE, Rapport annuel 2001 : Evolution du profil des créateurs et des entreprises créées, janvier 2002 - http://www.apce.com/upload/fichiers/observatoire/etudes/rapportactivapce2001.pdf APCE, Dix ans de création d’entreprise (1993-2002) pour situer les évolutions marquantes – 2003 : http://www.apce.com/upload/fichiers/observatoire/etudes/evolutionssur10ans.pdf APCE Les entreprises de construction (créations pures), traitement des données INSEE/Panel SINE 2002, juin 2005. APCE L'accompagnement des nouveaux chefs d'entreprise par une structure d'accompagnement à la création (Créations pures et reprises), 01/06/2005, 11p. En ligne sur le site de l'APCE : http://www.apce.com/upload/fichiers/observatoire/etudes/KH01_Structure_d_accompagnement_ CP+R_GP.PDF APCE, L’accompagnement des créateurs d’entreprise : quelles structures d’appui ? quels profils de créateurs accompagnés , 01/06/2005, 14p. En ligne sur le site de l’APCE : http://www.apce.com/upload/fichiers/observatoire/etudes/Analyse_tranversale_des_appuis.pdf 35 Michel AUVOLAT, Hervé TERRASSE Artisans chefs d’entreprises du bâtiment de demain : analyse spectrale à travers une formation longue de jeunes successeurs, Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, 1992. Jacques BONNEAU, Les repreneurs d’entreprises, Insee Première, n°509, février 1997 En ligne sur le site de l’Insee : http://www.insee.fr/FR/FFC/DOCS_FFC/ip509.pdf Jean-Claude BOUSQUET Avis du Conseil économique et social régional sur le thème : "La transmission-reprise de la petite entreprise : un enjeu pour les années à venir".- Montpellier Cedex 2 : CESR LanguedocRoussillon, 2004 Sophie BOUTILLIER Sophie et Dimitri UZUNIDIS L'entrepreneur socialisé : traits actuels du créateur d'une petite entreprise.- in : Organisations et territoires, 01/08/2002,n° 0, 10p. – En ligne sur le site de l'Université du Québec : http://www.entrepreneurship.qc.ca/fichier/pdf_biblio/PrintempsEte2002-11.pdf BRUYAT, Création d ’entreprise, contribution épistémologique et modélisation, thèse de doctorat en sciences de gestion, 1993. CRM NORD-PAS-DE-CALAIS L'artisanat du bâtiment de la région du Nord-Pas de Calais. Un acteur économique majeur.Lille : CRM NORD PAS DE CALAIS, 1999.- 31p.CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Création et pérennisation de l'entreprise de petite taille.- Paris : JOURNAL OFFICIEL, 2001.- 115p.(Avis et rapports du Conseil économique et social).En ligne sur le site du CES : http://www.ces.fr/rapport/doclon/01062613.pdf Christian CORDELLIER, Créations et cessations d'entreprises : sous la stabilité, le renouvellement, Insee Première, n°740, octobre 2000 http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP740.pdf Stéphane COUNOT, Sylvie MULIC, – Le rôle économique des repreneurs d’entreprises, Insee Première, n°975, juillet 2004 http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP975.pdf CUZIN/FAYOLLE , Quel appui à la création d ’entreprise, Expansion Management Review, mars 2006. 36 DECAS, INSEE , TMO CONSULTANTS , TROGAN Philippe, RENNE Catherine et BONNEAU Jacques Une nouvelle vision de la pérennité des jeunes entreprises.- in : Entreprises en bref, 01/01/2005,n°14, 4p. En ligne sur le site de la DEcas : http://www.pme-commerceartisanat.gouv.fr/informations/editions/etudes/bref-ent14.pdf DCASPL, Favoriser la pérennité des entreprises : de la création à la transmission ?.- 03/05/2005,n° 0, 17p - Synthèse du séminaire "Regards croisés sur l'entreprise" En ligne sur le site du Ministère des PME, du commerce, de l'artisanat, et des professions libérales : http://www.pme.gouv.fr/seminaires/03052005.htm Bérangère DESCHAMPS Proposition d'une typologie des profils de repreneurs d'entreprises.- in : Site de l'Académie de l'Entrepreneuriat, 01/01/2002,n° 0, 16p. – En ligne sur le site de l'Académie de l'entrepreneuriat : http://www.entrepreneuriat.com/DESCHAMPS.PDF Virginie FABRE et Roselyne KERJOSSE, Nouvelles entreprises, cinq ans après : l'expérience du créateur prime sur le diplôme.- in : Insee Première, 01/01/2006,n° 1064, 4p. (D2102/N°12850).En ligne sur le site de l' Insee : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1064.pdf Virgine FABRE, La hausse des créations d’entreprises se poursuit en 2004, INSEE Première N°1002, janvier 2005. Dominique FRANCOZ et Jacques BONNEAU, Le devenir des entreprises créées en 1987.- in : Notes bleues de Bercy (Les), n°42, 15/07/1994, 6p.Elise LAMONTAGNE et Bernard THIRION, Création d'entreprises : les facteurs de survie Les qualités du projet priment sur celles du créateur.- in : Insee Première, 01/03/2000,n° 703, 4p. Sophie MIGNON, Pérennisation d'une PME : la spécificité du processus stratégique.- in : Revue internationale PME, 01/12/2002,n° 2, 13p. André MULIEZ Les aides publiques aux TPE.- Paris : CGP, 2004.- 213p.La 2ème partie du rapport rassemble plusieurs analyses, dont : - L'approche typologique : pertinence et identification de sous groupes au sein des dirigeants de TPE / André Letowski et Philippe Trouvé En ligne sur le site du CGP - Commissariat Général du Plan : http://www.plan.gouv.fr OSEO -BDPME La transmission des petites et moyennes entreprises - L'expérience d'Oseo Bdpme., 2005.64p En ligne sur le site d'Oseo : http://www.oseo.fr/IMG/pdf/Oseo_transmission.pdf 37 Christian PICARD et Catherine THEVENARD-PUTHOD, La reprise de l’entreprise artisanale, Revue internationale PME, dans Problèmes Economique du 26 octobre 2005. RICHEZ/BATTESTI, GIANFALDONI, Evaluation socio-économique des dispositifs d ’aide à la création d ’entreprise par des publics en difficulté, XXIIeme Journées de l ’Association d ’Economie Sociale, Caen, septembre 2002. Pierre RIVARD, Les trois visages de l’artisan du bâtiment, En ligne sur le site Constructif (n°9, novembre 2004): http://www.constructif.fr Christophe SCHMITT , Pierre-André JULIEN et Richard LACHANCE, "Pour une lecture des problèmes complexes en PME : approche conceptuelle et expérimentation., in : Revue internationale PME, 01/12/2002,n° 2, 15p. Jean-Christophe TEURLAI, dans Comment modéliser les déterminants de la survie et de la croissance des jeunes entreprises ?.- (Paris : CREDOC, 2004.- 45p.- Cahiers de recherche), Hubert THOMAS, Un métier pour tout recommencer, in : Monde des artisans (Le), 01/04/2003, n° 33, 4p. Philippe TROGAN, Création-reprise d'entreprise : de nouveaux acteurs – Entreprises en bref, n°2, mars 2000 : http://www.pme.gouv.fr/informations/telechar/breves.pdf Françoise VILAIN La transmission des PME artisanales, commerciales, industrielles et de services.- Paris : CES, 2004.- 147p.().- En ligne sur le site du CES : http://www.ces.fr/rapport/doclon/04121528.pdf Dimitri UZUNIDIS, Création d'entreprise et désordre économique / - Université du Littoral - Côte d'Opale / Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation in : Université du Littoral - Côte d'Opale, 01/09/2001 12p. En ligne sur le site de l'Université du Littoral Côte d'Opale l'Intérieur : http://www-heb.univlittoral.fr/rii/doc_travail/pdf/doc45.pdf - D210/N°18059 38