les implications des organismes génétiquement modifiés (ogm

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les implications des organismes génétiquement modifiés (ogm
Conf. OIE 2005, 121-124
LES IMPLICATIONS DES ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS (OGM)
POUR LE SECTEUR DE L’ÉLEVAGE
Julian Jaftha
Ministère de l’agriculture, Gestion des ressources génétiques
Pretoria 0001, Afrique du Sud
Original : anglais
Résumé : Pour que les pays en développement puissent s’affranchir de leurs problèmes urgents
d’insécurité alimentaire, il faudrait mettre en œuvre des actions de grande envergure visant à améliorer
les performances de l’agriculture. Pour les pauvres, l’élevage représente un moyen de subsistance tant
sur le plan économique que social. Le développement de l’élevage serait une réponse à l’essor
démographique et à la demande qui s’ensuit de produits alimentaires plus sûrs et de meilleure qualité
nutritionnelle.
La contribution potentielle des biotechnologies à l’augmentation de la productivité agricole est reconnue
depuis longtemps. Cela étant, identifier l’application appropriée de cette technologie au sein du système
agricole africain, qui est unique en son genre, représente une difficulté majeure.
Compte tenu de la complexité des questions qui entourent l’application de la biotechnologie, les membres
de la Commission régionale de l’OIE pour l’Afrique ont été interrogés sur plusieurs aspects de la
modification génétique en général et sur son application au secteur de l’élevage en particulier. La
biotechnologie n’étant pas une solution universelle à la demande croissante de produits alimentaires, les
questions ont également été conçues de manière à mieux connaître les autres politiques, stratégies et
programmes qui répondraient à une approche coordonnée et intégrée de l’amélioration de la production
animale. Nombre de pays n’ont pas fourni d’informations très détaillées, mais il n’en demeure pas moins
que des actions, des programmes et des stratégies existent.
La plupart des pays estiment que la biotechnologie trouve son application la plus appropriée dans la
gestion des maladies, suivie par la nutrition animale. Bien que les transferts d’embryons et la fécondation
in vitro soient pratiqués dans de nombreux pays, les possibilités d’application de la modification
génétique des animaux et de sélection assistée par marqueurs ont été jugées comme bien moindres.
Un certain nombre de facteurs limitant l’application des biotechnologies ont été soulignés, notamment les
compétences scientifiques, le commerce, la structure institutionnelle et l’interaction entre les différentes
secteurs.
1. INTRODUCTION
L’accroissement attendu de la population humaine et l’augmentation qui s’ensuit de la demande alimentaire à partir
d’une base de ressources naturelles de plus en plus fragile posent de sérieux problèmes agricoles. Selon la dernière
évaluation de la FAO (L’agriculture mondiale à l’horizon 2015/2030 – Perspectives de la FAO) concernant l’évolution
à long terme de l’approvisionnement alimentaire, de la nutrition et de l’agriculture à l’échelle mondiale, si aucune
mesure correctrice n’est prise, l’objectif fixé par le Sommet mondial sur l’alimentation de 1996 (diminuer de moitié le
nombre de personnes sous-alimentées d’ici 2015) ne sera pas atteint. Un effort massif est nécessaire pour améliorer les
performances globales des pays en développement si l’on veut qu’ils soient affranchis des problèmes d’insécurité
alimentaire les plus urgents. L’expérience passée montre le rôle crucial joué par l’agriculture dans le processus de
développement, en particulier là où la majeure partie de la population dépend toujours de ce secteur en termes d’emploi
et de revenus.
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Le transfert effectif de technologies existantes à des agriculteurs aux ressources limitées et la mise au point de
biotechnologies appropriées peuvent améliorer considérablement et de façon durable les perspectives d’augmentation
de la productivité agricole. Reste à s’atteler au défi suivant : comment exploiter au mieux la biotechnologie pour aider
certains pays en développement à produire des aliments sûrs et plus nourrissants à partir de sols qui s’appauvrissent et à
mettre la nourriture à la portée de populations en constant essor ? Peu de ces technologies trouveront une application
dans le secteur de l’élevage pour des raisons de coût, d’adaptation et d’acceptabilité par le public. Pourtant, elles
pourraient présenter de grands avantages dans les domaines de la santé animale et de l’amélioration de la productivité
(AIEA/FAO, 2003).
L’élevage contribue de diverses manières aux stratégies de subsistance des populations pauvres et exposées à la disette.
C’est une source importante de revenus immédiats, et l’une de leurs rares valeurs disponibles et mobilisables qui offrent
des options de gestion des risques pour diminuer leur vulnérabilité. Il s’agit d’un instrument qui est à la base de réseaux
de socialisation et d’un bien qui garantit à la société une certaine sécurité.
Si l’on veut que la production de bétail suive le rythme de la demande, il est impératif d’accroître la productivité par
animal et de réduire les pertes. En Afrique subsaharienne, la croissance récente de productivité par animal a été très
inférieure aux prévisions en matière de demande, toutes espèces confondues. L’accroissement de la productivité a varié
de –0,5 à 0,6 % par an, alors que, selon les projections, la demande devrait augmenter à raison de 2,6 à 4,2 % par an
(ILRI, 2000). En Asie occidentale et en Afrique du Nord, l’écart de croissance entre la demande et la productivité n’a
pas l’ampleur observée en Afrique subsaharienne.
En décembre 2004, un questionnaire portant sur différents aspects des biotechnologies dans le secteur de l’élevage a été
distribué aux Pays Membres de l’OIE. Des réponses ont été reçues en temps voulu en provenance d’Afrique du sud,
d’Algérie, d’Angola, du Botswana, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, d’Egypte, d’Ethiopie, de Guinée Bissau, du
Mali, de Maurice, de Namibie, d’Ouganda, de la République démocratique du Congo, du Sénégal, du Soudan, du
Swaziland, de Zambie et du Zimbabwe. Quatre dossiers ont été réceptionnés après la date limite (ceux du Bénin, du
Ghana, du Malawi et du Togo) ; les informations qu’ils contiennent seront intégrées dans le texte définitif qui sera
adressé aux Délégués après la Conférence. Il a été demandé aux personnes interrogées de faire état des biotechnologies
et techniques de biologie moléculaire existant dans leur pays ; à défaut, elles devaient indiquer et/ou évaluer les
possibilités d’application des diverses techniques. Si les biotechnologies peuvent contribuer à répondre, au moins en
partie, aux principaux défis agricoles, ce ne sera que par une approche intégrée ; les destinataires devaient donc
mentionner les obstacles susceptibles de s’opposer à leur utilisation, le contexte de l’action et le cadre réglementaire,
ainsi que le statut des services de conseil ou de soutien aux agriculteurs.
2. L’APPLICATION DES BIOTECHNOLOGIES DANS LE SECTEUR DE L’ELEVAGE
2.1.
Biotechnologies de la reproduction
Les biotechnologies de la reproduction comprennent : l’insémination artificielle (IA), le transfert d’embryon
(TE), la fécondation in vitro (FIV), le sexage et le clonage. Ces techniques permettent d’obtenir une amélioration
rapide et efficace du capital génétique des animaux, et contribuent à la gestion de la base de caractères
héréditaires du bétail par la conservation du matériel génétique. Dans les programmes d’élevage où l’on applique
les biotechnologies de la reproduction, on a besoin d’un moins grand nombre d’animaux, et le matériel génétique
peut également être transporté de façon économique.
2.2.
Biotechnologies moléculaires
Diverses biotechnologies moléculaires ou basées sur l’ADN peuvent être appliquées au domaine zoosanitaire et
à la production animale.
a)
Domaine zoosanitaire
Le mauvais état de santé des animaux est un facteur important d’un impact négatif sur la productivité du
bétail dans les pays en développement. Il serait possible d’améliorer le contrôle des maladies animales par
l’application de la biotechnologie de l’ADN au diagnostic et à la mise au point de vaccins. Il existe diverses
trousses de diagnostic expérimentales à base d’ADN, de sensibilité variable, permettant d’identifier
rapidement le microorganisme responsable. Le fait de disposer d’une telle information permet également de
déterminer de façon convenable l’impact des programmes de lutte contre la maladie.
Les vaccins fabriqués par la technique de l’ADN recombinant représentent un progrès significatif par
rapport aux vaccins classiques, y compris en matière de sécurité, de spécificité, de stabilité, etc.
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b)
Nutrition et croissance animales
L’amélioration de la disponibilité des substances nutritives à partir du fourrage, la manipulation de la
microflore intestinale pour inhiber les micro-organismes pathogènes, la modification de plantes pour
changer leur valeur nutritionnelle ou pour produire des substances pharmaceutiques sont quelques uns des
domaines où la biotechnologie moléculaire trouve une application (certains d’entre eux font encore l’objet
de recherches).
c)
Génétique animale et élevage
On utilise les technologies de l’ADN comme les microsatellites et la sélection assistée par marqueurs pour
caractériser respectivement la variation génétique des races et pour localiser les traits génétiques auxquels
on s’intéresse.
3. RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE
Les programmes nationaux d’amélioration/sélection des animaux comportent la plupart du temps l’utilisation de sperme
congelé importé ou de sperme frais provenant de races locales. Cependant, on ne sait pas bien si ces races locales sont
des races indigènes localement adaptées. Parmi les destinataires, deux pays seulement ont décrit des programmes
d’élevage dans lesquels des races indigènes ont été utilisées. Moins de la moitié des pays ont fait état de l’application de
méthodes biotechnologiques dans ces programmes d’amélioration.
Il a été procédé à une évaluation de la pertinence des biotechnologies pour le secteur de l’élevage en se référant à :
3.1.
La gestion des maladies
Les biotechnologies sont essentiellement utilisées pour réaliser des tests de diagnostic efficaces et rapides et un
typage moléculaire des agents pathogènes ; elles trouvent nettement moins d’applications dans l’analyse
génétique des agents pathogènes d’animaux et dans l’utilisation de peptides anti-microbiens en tant
qu’antibiotiques de remplacement.
3.2.
La nutrition animale
L’addition d’un inoculant au fourrage ensilé a été cité comme domaine principal d’application de la
biotechnologie, tandis que d’autres pays mentionnent l’utilisation de probiotiques comme domaine additionnel.
3.3.
La reproduction animale
La plupart des pays signalent que les transferts d’embryons ont été appliqués dans une large mesure, tandis que
la fécondation in vitro, le clonage et la détermination du sexe des embryons ont été beaucoup moins pratiqués.
Lorsqu’aucune activité biotechnologique n’est présente, il a été demandé aux destinataires d’évaluer le caractère
approprié des biotechnologies dans les domaines mentionnés, y compris la transformation des produits d’origine
animale. Les opinions concernant l’application des biotechnologies à la gestion des maladies étaient notées
comme positives (évaluées comme étant les plus appropriées), contrairement à leur application dans la
production et la nutrition animales qui n’a pas été plébicitée.
Bien que la plupart des pays n’aient fourni aucun détail, il est clair que la majorité d’entre eux ont mis en place
des politiques, des programmes et/ou des stratégies permettant à une approche intégrée de tirer pleinement parti
des avantages des biotechnologies. Parmi ces politiques, programmes et/ou stratégies, on peut citer les suivants :
programme de développement rural agricole, programme et stratégie de développement de l’élevage des
ruminants, politiques de production et de conservation des pâturages et du fourrage, politique d’insémination
artificielle, programmes d’insémination artificielle à la ferme, systèmes d’enregistrement des performances
nationales pour divers types d’élevage.
Le manque de compétences scientifiques a été massivement désigné comme étant l’un des obstacles qui
empêchent souvent l’application des nouvelles technologies, mais la structure institutionnelle, le contexte
réglementaire et le cadre de l’action politique, les implications commerciales et les préoccupations des
consommateurs sont également apparus comme des questions importantes.
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En ce qui concerne les produits génétiquement modifiés qui peuvent entrer dans la composition des aliments
pour animaux, deux pays signalent que le maïs, le soja et le coton génétiquement modifiés sont autorisés à cet
effet. Un seul pays signale l’emploi de bactercine zinc comme modificateur du métabolisme.
La sécurité alimentaire et environnementale des produits génétiquement modifiés est évaluée en faisant appel à
une combinaison de normes internationales et de réglementations internes prescrites.
Les connaissances sur les OGM sont généralement considérées comme faibles ou moyennes.
Parmi les réponses, seuls quatre pays considèrent l’interaction entre secteurs comme régulière, cinq d’entre eux
évaluant l’interaction entre Etats comme régulière. En moyenne, ces interactions semblent assez peu fréquentes.
Bien que les structures administratives varient d’un pays à l’autre, les organismes ou ministères qui interviennent
dans la réglementation des activités transgéniques comprennent l’agriculture, la santé, l’environnement, la
science et la technologie, le commerce et l’industrie, les services hydrographiques.
BIBLIOGRAPHIE
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