la situation de l`emploi en wallonie

Transcription

la situation de l`emploi en wallonie
LA SITUATION DE L’EMPLOI EN WALLONIE
Christian Delcourt
Chercheur-associé à étopia et conseiller politique à Ecolo
Mars 2005 – Analyse n°7
L’objet de cette note vise à clicher à la situation de l’emploi en Wallonie et à proposer une série de
filières créatrices d’emplois. Paradoxalement, alors que le Gouvernement wallon avance un taux
d’emploi en légère augmentation (mais tout à la fois très éloigné de la moyenne européenne et très
éloigné de l’objectif du Processus de Lisbonne) et fait de l’emploi l’une de ses priorités de législature,
les chiffres du chômage wallon n’ont plus été aussi mauvais depuis 10 ans ! Outre le constat alarmant
(la capacité à s’indigner), n’y a-t-il pas lieu de rappeler/développer une batterie de propositions
créatrices d’emplois, voire d’aller plus loin (mesures dérogatoires ? statut particulier de bassins
d’emplois wallons ? ciblage de la réduction du coût du travail sur les bas salaires ?) tant le retard de la
Wallonie ne semble pas compensable en six ans (2010 = échéance processus de Lisbonne) ?
En s’appuyant sur le programme développement économique et emploi 2004 d’Ecolo, sur le Contrat
pour les générations futures (voir www.etopia.be), en développant l’aspect Maribel
« environnement », les écologistes peuvent présenter une alternative crédible à la gestion « classique »
qui démontre ses limites et son inefficacité dans le temps.
Attention toutefois à avancer des réponses simples à un problème compliqué… La faiblesse de la
demande ne suffit pas à expliquer la persistance du chômage de masse en Europe. Les origines de ce
taux de chômage d’équilibre élevé sont diverses mais nous ne les aborderons pas ici. En outre, nous
nous focalisons sur l’emploi pour les besoins de la cause. Or, une politique de l’emploi résulte d’une
série de variables interdépendantes (croissance, innovation, utilisation des TIC, entreprenariat,
développement du capital humain) et ne peut se concevoir que dans un cadre plus large
(investissements privés et publics, formation, enseignement, recherche, « emboîtements » entre
politique fédérale des grandes villes, aménagement du territoire et urbanisme, programmes
européens, assainissement des friches…). Enfin, ce sont les aspects quantitatifs qui sont envisagés cidessous et non les aspects qualitatifs qui mériteraient – vu les efforts réalisés sur ce plan en Belgique –
une note à part entière.
La structure de la note est relativement classique puisqu’elle envisagera successivement :
- le contexte européen avec la SEE (Stratégie européenne pour l’emploi)
- le contexte national avec le PAN 2004 (Plan d’action national pour l’emploi)
- les spécificités de la Wallonie
- les propositions concrètes pour créer de l’emploi
1
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
Le contexte européen
La politique de l’emploi est cadrée au niveau européen depuis 1997 (sommet de Luxembourg) par la
SEE (stratégie européenne pour l’emploi). Pour résumer très fort, les objectifs quantitatifs globaux à
l’horizon 2010 sont de parvenir à un taux d’emploi global de 70%, un taux d’emploi féminin de 60% et
un taux d’emploi pour les plus de 55 ans de 50%.
Les objectifs généraux de la SEE sont le plein emploi, la qualité et la productivité du travail, et le
renforcement de la cohésion sociale et de l’insertion.
Chaque année, des lignes directrices sont définies en se basant sur des objectifs communs mais sans
détailler la voie à suivre. Ces lignes directrices sont au nombre de 10 :
- accompagnement et activation des demandeurs d’emploi,
- climat favorable aux entreprises, recherche et développement et développement du secteur
des services,
- équilibre entre vie professionnelle et vie privée et organisation du travail novatrice,
- enseignement initial, vieillissement actif,
- approches sur la disparité entre les hommes et les femmes,
- promouvoir l’intégration, lutter contre la discrimination,
- rendre l’emploi financièrement plus attrayant,
- du travail non déclaré à l’emploi régulier,
- développement local et régional
Les récentes déclarations du président de la Commission européenne donnent à penser que ce cadre
sera profondément revu. Mais n’anticipons pas…
Le contexte national
Le marché du travail belge reste très sensible à la conjoncture économique. La Belgique a vu son taux
d’emploi diminuer de 0,3% pour arriver à 59,6% en 2003, s’écartant ainsi de la légère tendance à la
croissance de l’ensemble de l’UE (+0,1 à 62,9%). Les faiblesses structurelles du marché du travail belge
sont identifiées, à savoir le groupe d’âge de 18 à 24 ans d’une part, et le groupe d’âge des 55 ans et
plus. Avec 28,1%, ce taux d’emploi est très éloigné de la moyenne européenne qui est de 40,2%, ellemême assez éloignée de l’objectif de 50% d’ici 2010. Les efforts du Gouvernement fédéral portent
essentiellement sur ce groupe d’âge mais se heurtent dans les faits à une sorte de contradiction avec
les plans de prépension, de retraite anticipée ou le système des chômeurs âgés mis en œuvre par
ailleurs.
On connaît aussi les mesures prises pour améliorer la flexibilité, pour diminuer les coûts du travail
(réduction des cotisations sociales, réforme fiscale…), les efforts pour éliminer les « pièges à l’emploi »
(creuser le différentiel entre les allocations sociales et une situation d’emploi).
On ne reviendra pas sur la promesse du Premier ministre de créer 200.000 emplois…
Les tableaux plus bas démontrent hélas que le nombre de demandeurs d’emplois inoccupés et le taux
de chômage sont revenus en 2004 à des niveaux très élevés, avec des disparités fortes entre le nord du
pays qui résiste globalement bien et des situations inquiétantes en Wallonie (et ici encore avec de
fortes disparités intra-wallonnes) et encore plus à Bruxelles. Soulignons aussi l’inégalité persistante
entre hommes et femmes sur le marché du travail (et pas seulement en ce qui concerne l’accès).
Nous ne ferons pas ici mention des mesures en faveur de l’emploi (on en répertorie 220 !! en Belgique,
une quarantaine pour la Wallonie) même si leur évaluation réelle serait très intéressante... « A ce jour,
les exercices d’évaluation de telles mesures sont rares. En leur absence, on peut produire des données sur le
2
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
nombre de bénéficiaires d’une mesure ou le profil de ceux-ci, sans toutefois pouvoir juger de son efficacité. »,
regrette à juste titre Bernard Conter1.
La « photographie » du chômage est édifiante puisque, selon la ministre de l’Emploi Freya Van den
Bossche (SP.a), le taux de chômage a atteint 12,7% (+5,1% en un an) en février 2005, soit 589.379
demandeurs d’emploi inoccupés dont 230.354 en Flandre, 264.765 en Wallonie et 94.260 à Bruxelles. Le
taux de chômage général était en février de 8,4% en Flandre, de 18,3% en Wallonie et de 21,5% à
Bruxelles.
Entre 1997 (année précédant la mise en oeuvre de la Stratégie européenne pour l'emploi) et 2002
(derniers chiffres disponibles pour l'ensemble de l'UE), le différentiel entre le taux d'emploi total
observé en Belgique et celui observé en moyenne dans les pays de l'Europe des quinze (UE-15) s'est
quelque peu amplifié. Bien qu'il ait progressé, entre ces deux dates, de 2,7 points de pourcentage, le
taux d'emploi belge demeure inférieur à celui qui prévaut en moyenne dans l'UE, qui pour sa part a
augmenté de 4 points de pourcentage entre 1997 et 2002. En 1997, 57,0% des personnes en âge de
travailler exerçaient un emploi en Belgique, contre 60,2% en moyenne dans l'Union européenne. En
2002, ces chiffres étaient respectivement de 59,6% pour la Belgique et 64,2% pour l'UE.
Le différentiel de taux d'emploi s'est accru tant pour les hommes que pour les femmes. Atteignant
68,1% en Belgique en 2002, le taux d'emploi masculin a progressé de 1 point de pourcentage seulement
depuis 1997, alors qu'en Europe, il était de 72,9% en 2002 (+2,9 points de pourcentage par rapport à
1997). Le taux d'emploi féminin a, quant à lui, augmenté de 4,4 points entre les deux dates en
Belgique, s'élevant à 51,1% en 2002. En moyenne dans l'UE, il était de 55,5%, en progression de 5,1%.
depuis 1997.
En termes d'équivalents temps plein (ETP), le taux d'emploi belge atteignait 55,4% en 2002, selon le
rapport conjoint sur l'emploi (JER, 2004), tandis qu'en moyenne dans l'Union européenne, il s'élevait à
58,9%, ce qui représente un écart de 3,5 points de pourcentage, inférieur à celui exprimé en personnes,
qui est de 4,6 points. Ce constat, combiné à un recours au temps partiel plus fréquent en Belgique (il
concernait 19,3% des emplois, contre 17,7% en moyenne dans l'UE), conduit le Conseil supérieur de
l’emploi à conclure que le temps de travail d'un emploi à temps partiel est en moyenne plus long en
Belgique que dans l'UE.
Bien que le taux d'emploi global (hommes et femmes) ait progressé, entre 1997 et 2002, en Belgique,
parmi la population en âge de travailler, pour tous les groupes d'âge et niveaux de qualification, à
l'exception de celui des personnes hautement qualifiées âgées de 55 à 64 ans (en raison d'une
diminution du taux d'emploi chez les hommes de cette catégorie), il demeure inférieur à la moyenne
européenne et le différentiel négatif s'est légèrement accru entre les deux années, ce qui signifie que le
taux d'emploi a davantage augmenté en moyenne en Europe. L'écart est surtout important pour les
15-24 ans et les 55-64 ans, pour lesquels l'analyse permet d'envisager des pistes différentes2.
Les spécificités de la Wallonie
« Les performances globales de la Région wallonne en matière de compétitivité et d’emploi apparaissent
insuffisantes si l’on se réfère aux principaux indicateurs que sont le PIB par habitant, le taux d’emploi et le taux
Les politiques wallonnes de l’emploi et de la formation par Bernard Conter in Annuaire statistique de la Wallonie, module
marché du travail, IWEPS, Namur, 2004
2 pour plus de détails, on se référera au Rapport 2004 du conseil supérieur de l’emploi dont la synthèse est accessible via
http://meta.fgov.be/pdf/pd/frdf34a.pdf
1
3
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
de chômage. Les dynamiques positives restent pour l’instant insuffisantes pour assurer le rattrapage de la
Région par rapport au référentiel européen ». C’est le constat de la direction de la politique économique de
la Région wallonne en juillet 2004 dans un rapport d’évaluation3.
De quoi parle-t-on ?
En 2002, la population active occupée wallonne (1,2 million) représentait un peu plus d’un tiers (35%)
de la population totale (3,4 millions) et un peu plus de la moitié de la population en âge de travailler
(15 à 64 ans). Le taux d’emploi total en Wallonie était en 2002 de 54,8%, soit une croissance de 5% en
dix ans. En 2003, le taux d’emploi total en Wallonie atteignait 55,4%.
Tableau 1 - Taux d’emploi des personnes âgées de 15 à 64 ans en 2002 – comparaison entre régions
et pays limitrophes et UE
Wallonie Flandre Bxl
2002 54,8%
63,5%
54,5%
Source : ONSS – calculs : Iweps
Belgique
59,9%
France
62,9%
Allemagne
65,4%
P-B
74,4%
Lux
63,6%
UE
64,2%
Tableau 2 : demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) Wallonie et Royaume, 1996-2004
Période
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Demandeurs d’emploi inoccupés (DEI)
DEI Wallonie
252.253
251.983
249.605
242.313
234.566
229.374
226.932
246.076
260.658
DEI Royaume
588.251
570.046
541.047
507.632
474.427
469.740
491.481
538.141
576.612
Source : Forem, calculs : Iweps
Les DEI sont les demandeurs d’emploi inoccupés. Cette notion couvre les personnes sans emploi, à la
recherche d’un emploi salarié et immédiatement disponibles pour un emploi (chômeurs complets
indemnisés, jeunes inoccupés en période d’attente, chômeurs exclus temporairement…)
De 1996 à 2003, le nombre de DEI avec au moins cinq années de durée d’inoccupation a augmenté
régulièrement, passant de 48.657 à 55.815 personnes (+14,7%). « Cela indique la persistance de la
croissance du chômage structurel en région wallonne en dépit d’une période de meilleure conjoncture
économique à la fin des années ‘90 », constate le Conseil économique et social de la Région wallonne4
Mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne en Région wallonne, rapport sur le positionnement compétitif de la Wallonie,
ministère de la Région wallonne, direction de la politique économique, Namur, juillet 2004.
4 Rapport économique et social 2003, CESRW, Liège, janvier 2004.
3
4
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
Graphique 1 : évolution du nombre de DEI Wallonie et Royaume, 1996-2004
600.000
500.000
400.000
300.000
DEIW allonie
DEIRoyaum e
200.000
100.000
0
1996
1998
2000
2002
2004
Tableau 3 : taux de chômage Wallonie et Royaume, 1996-2004
TAUX DE CHOMAGE
Moyennes annuelles
Périodes
Wallonie
Hommes
Femmes
1996
14,5%
22,8%
1997
14,6%
22,5%
1998
14,3%
22,1%
1999
13,9%
21,3%
2000
13,2%
20,9%
2001
12,9%
20,5%
2002
13,1%
19,9%
2003
13,7%
21,3%
2004
14,6%
22,4%
Source : Forem, calculs : Iweps
Wallonie
Total
18,2%
18,1%
17,8%
17,2%
16,7%
16,3%
16,1%
17,0%
18,0%
Royaume
Hommes
10,5%
10,2%
9,7%
9,2%
8,6%
8,6%
9,4%
9,7%
10,4%
Femmes
17,5%
16,7%
15,7%
14,6%
13,7%
13,4%
13,6%
14,1%
15,1%
Royaume
Total
13,6%
13,1%
12,4%
11,6%
10,8%
10,7%
11,2%
11,6%
12,4%
Le taux de chômage rend compte de la proportion des personnes qui, dans la population active, sont
sans emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles pour occuper un emploi. Il mesure le
déséquilibre entre l’offre et la demande de travail. Il est calculé en divisant le nombre de DEI par la
population active au 30 juin.
Une ventilation par direction subrégionale du Forem au 31 janvier 2005 fait apparaître que les régions
les plus touchées sont Mons (24,1%), Charleroi (23,2%), Liège (22,4%), et La Louvière (20,1%). Les
régions les moins touchées sont Saint-Vith (7,5%), Arlon (11,7%) et Nivelles (12,0%).
Dans son dernier bulletin conjoncturel, l’Union Wallonne des Entreprises appelle à des réformes
structurelles importantes. Mais si, comme d’autres acteurs, elle partage le même constat, l’UWE
5
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
avance naturellement des moyens très « libéraux » (et dont plusieurs nous posent manifestement
problème) …
« La Wallonie ne peut donc pas compter sur la force de la reprise conjoncturelle pour augmenter sensiblement
son activité économique et réduire le chômage. Pour améliorer ses performances, l’économie wallonne à besoin de
réformes structurelles importantes, comme par exemple :
•
•
•
•
•
•
une amélioration drastique du marché de l’emploi : une meilleure formation et une plus grande mobilité
des demandeurs d’emploi, une politique d’accompagnement et de placement plus active, de réels incitants
(et sanctions à défaut) à une recherche active d’un emploi etc.
une modération salariale qui puisse restaurer la compétitivité des entreprises, et qui permette d’au
moins freiner la suppression des emplois les moins qualifiés (voire de renverser la tendance)
une augmentation substantielle des budgets publics R&D (60 millions d'euros par an pour toutes les
entités de pouvoir)
une meilleure valorisation de l’enseignement technique et professionnel
une meilleure efficience des pouvoirs publics afin de retrouver des marges pour la politique économique
une politique énergétique qui maintienne les prix de l’énergie (électricité et gaz) au niveau de ceux
pratiqués dans les pays limitrophes »
Que dit le Contrat d’Avenir ?
« L’emploi constitue une dimension essentielle de la vie des citoyens. Il fournit à chacun une
rémunération dont il a besoin pour assurer son bien-être et celui de ses proches. Il permet aussi à
chacun d’appartenir à une ou plusieurs communautés de travail, d’y valoriser ses qualités humaines
et ses compétences, et de construire un projet professionnel qui contribue à son épanouissement
personnel.
Objectif : faire converger la Wallonie vers un taux d’emploi équivalent aux objectifs européens à
l’échéance 2010 (+1,5%/an et 70% de taux d’emploi avec un taux d’emploi féminin de 60 %).
Les mesures citées par le GW sont :
- Augmenter le nombre d’entreprises en Wallonie ;
- Soutenir les indépendants ;
- Renforcer l’attractivité et la compétitivité de la Wallonie dans le monde ;
- Aider les entreprises à anticiper et à saisir les opportunités de marché ;
- Soutenir une politique de recherche et d’innovation intégrée ;
- Garantir l’avenir de l’agriculture wallonne ;
- La lutte contre le chômage reste donc une des principales priorités régionales.
Et de lire encore dans le Contrat d’Avenir : « La vaste problématique de l’emploi doit être abordée
suivant deux stratégies complémentaires : la création de postes de travail par le soutien au
développement de l’activité économique ; une prise en compte accrue des besoins du marché de
l’emploi dans les actions de formation. Cela implique la poursuite de l’action de simplification et
d’intégration des mécanismes d’aide à l’emploi pour les secteurs marchand et non marchand. »
6
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
Les propositions concrètes des écologistes pour créer de l’emploi
Nous n’aborderons pas ici les mesures structurelles présentes dans les programmes électoraux
successifs même si on rappellera les priorités 2004 (incitants à la RTT, généralisation du plan Tandem,
politique intensive de formation, groupements d’employeurs…). Nous envisageons ci-dessous des
propositions concrètes de filières potentiellement créatrices d’emplois.
Les filières les plus récentes proposées par les écologistes se retrouvent dans le Contrat pour les
générations futures5 et dans le Maribel « environnement »6 qui privilégient une économie de
transformation des processus de production en faveur de l’environnement. Nous y développons le
concept de secteurs éco-industriels « à triple dividende », à savoir créateurs d’activité donc d’emploi,
favorables à l’environnement donc à la santé, permettant des économies pour les consommateurs donc
une augmentation du pouvoir d’achat.
Via des plans d’investissements massifs public/privé (qui restent à chiffrer), les secteurs à développer
sont la construction et le logement durables, la chimie verte, les moteurs propres, les énergies
renouvelables, les transports écologiques et la logistique multimodale, les bâtiments scolaires, les
infrastructures de communication électronique, les services non-marchands.
-
-
-
-
-
-
Construction et logement durable : isolation thermique des logements, construction en bois,
fabrication et poses de nouveaux matériaux naturels à grande échelle, domotique : les écotechnologies créent toujours davantage d’emplois. Sur base d’une rénovation annuelle de
15.000 logements, potentiel de création de 10.000 emplois7.
Biocarburants : biocarburants8, si on porte la part des biocarburants à 6 % de la consommation
locale en 2008, on découvre un potentiel de 3.000 emplois directs en Belgique (il s’agit d’une
estimation maximaliste).
Chimie verte et bioplastiques : l’émergence d’une chimie qui répond aux problèmes de
déchets et d’épuisement des ressources. Les entreprises qui s’y lancent investissent
énormément en R&D. Si on favorise l’émergence des bioplastiques à concurrence de 50 % des
emballages ménagers à l’horizon 2010, l’impact serait de minimum 2.000 emplois9 créés.
Les énergies renouvelables : poursuite et renforcement des outils mis en place en Région
wallonne et décollage à réaliser en Région bruxelloise pour des applications spécifiques. Le
potentiel d’emplois sur base d’un objectif de 10 % de production renouvelable à l’horizon 2010
(actuellement 2 %) est d’environ 7.000 emplois10 directs.
L’Utilisation Rationnelle de l’Energie (URE) : poursuite des mesures (primes et déductions
fiscales) mises en place par les ministres écologistes et renforcement des moyens qui y sont
alloués. Le soutien public a permis le décollage d’une série de filières d’URE. On estime que ce
soutien a déjà généré un marché de 50 à 100 millions € dans des secteurs intensifs en main
d’œuvre (l’équivalent de 330 à 660 emplois créés). Le potentiel d’économie d’énergie reste
encore gigantesque.
Transport écologique et logistique multimodale : en Wallonie, une série de décisions ont été
prises pour accroître le transport fluvial et ferroviaire. Ils occupent cependant encore la
Investir dans l’avenir ! Ecolo propose un contrat pour les générations futures, mai 2004
Le Maribel « environnement » & sa logique économique, la destination des emplois, son fonctionnement, son coût budgétaire
et son potentiel d’emplois en Belgique, par Nicolas Bednar et Raphaël Dugailliez, ECOLO, Namur, novembre 2004.
7 Plan « Marshall » an Allemagne : 0,66 emplois crées par logement rénové énergétiquement ; Proposition de Synergie
Construction : 20.000 emplois en Belgique
8 Le 10 mai 2002, Prise de position sur les biocarburants, Valorisation de la Biomasse asbl.
9 si 150.000 T de bioplastiques sur la production totale de plastiques de 4.500.000 T en Belgique - sur base d’une extrapolation à
partir des bio-carburants : 2010
10 Selon l’étude ECOTEC, création de 0,5 emplois par Gwh renouvelable installé, chiffre confirmé par le Plan Energie du
Ministre Daras. Egalement via calculs propres en analysant chaque filière
5
6
7
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
-
-
-
portion congrue du transport. Les emplois susceptibles d’être créés entre 2004-2020, via le
schéma de développement des réseaux de fret en Wallonie et le schéma logistique Hennuyer,
sont estimés à 20.000 emplois11 directs.
Agriculture biologique : seulement 2,8 % des surfaces agricoles wallonnes sont consacrées au
« bio ». Le nouvel arrêté wallon octroyant des primes à l’agriculture biologique permet
d’atteindre 10 % d’agriculture « bio » d’ici 2010. Le potentiel d’emplois équivaut à la création
de 500 postes de travail12 (plus de 70 % du « bio » est importé actuellement).
Infrastructures publiques : programme d’investissement pour la sécurité routière13 et la
diminution des nuisances sonores : approximativement 1.000 emplois potentiels.
Politique de l’eau : épuration individuelle, égouttage et épuration, collecte des eaux de pluie.
Approximativement14 3.000 emplois15 supplémentaires potentiels par an en Wallonie et à
Bruxelles à l’horizon 2010.
Dépollution et réaménagement des friches : approximativement 3.000 emplois16
supplémentaires potentiels pour les 10 prochaines années en Région Wallonne.
Tableau 4 : Création et destruction d’emplois salariés
en Wallonie, secteur privé, 1993-2002
1993
2002
Variation en %
46.216
63.358
14.048
102.549
64.355
80.402
24.711
110.160
39,2
26,9
75,9
7,4
20.756
18.604
3.268
26.240
23.663
4.564
26,4
27,2
39,7
Secteurs en croissance
Immobilier, location et services aux entreprises
Santé et action sociale
Transports, entreposage et communications
Commerce de gros et de détail ; réparation de véhicules
automobiles et d’articles domestiques
Services collectifs, sociaux et personnels
Hôtels et restaurants
Agriculture, chasse et sylviculture
Secteurs en baisse
STRATEC, mars 2003, Etude pour le Schéma de développement intégré des réseaux et terminaux de fret en Région wallonne
Depuis l'entrée en vigueur du nouvel arrêté octroyant les primes en agriculture biologique, le potentiel de création d’emplois
dans le secteur agricole est d’environ 3.000 emplois en tenant compte d'une réforme de la PAC qui favoriserait l'emploi et
l'environnement et en comptant sur un objectif de 15 % de la surface agricole en agriculture biologique en Wallonie en 2010. Ce
ne sont pas des créations nettes d’emplois mais un arrêt de la tendance de la perte annuelle d'exploitations agricoles depuis
quelques décennies. Par ailleurs, le secteur de la transformation n'est pas pris en considération actuellement dans cette
estimation. Nous tablons sur la création de 500 emplois dans les secteurs de l'agroalimentaire, de la transformation et de la
distribution. Ce chiffre est une estimation minimale.
13 Estimations propres
14 Le volume d’investissement nécessaire est estimé à 625 millions € (épuration) et 1840 millions € (égouttage).
15 P.Loosveldt et coll, 1995. Créations d’emplois associées au plan de développement durable de la Région wallonne en matière
de politique de l’eau. IRES, août 1995 et C. Patris, 1998. Recherche socio-économique en matière d’environnement : la politique
de l’eau. Rapport final. Fondation Travail-Université asbl, Namur, juillet 1998.
16 Plan de convergences, Wallonie 2010. 25 millions d’ € dans ce domaine permet, sur la base annuelle, la création de 400 à 450
emplois. L’estimation est basée sur l’étude de Bostonconsultinggroup qui a chiffré pour le Gouvernement wallon
l’investissement nécessaire pour assainir les friches wallonnes (2 milliards d’€).
11
12
8
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
Industries manufacturières
Industries extractives
Production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau
Administration publique17
Source : ONSS, calculs : Iweps
154.234
3.573
5.035
4.856
138.419
2.463
4.194
4.291
- 10,3
- 31,1
- 16,7
- 11,6
Tableau 5 : Création et destruction d’emplois
salariés en Wallonie, secteur public, 1993-2002
1993
2002
Variation en %
86.784
34.021
4.221
1.724
8.135
117.357
41.180
7.055
2.702
8.681
35,2
21
67,1
56,7
6,7
124.582
39.282
2.273
1.230
4.726
116.085
34.388
1.099
414
4 .334
- 6,8
- 12,5
- 51,6
- 66,3
- 8,3
Secteurs en croissance
Administration publique
Santé et action sociale
Immobilier, location et services aux entreprises
Industries manufacturières
Services collectifs, sociaux et personnels
Secteurs en baisse
Education
Transports, entreposage et communications
Activités financières
Organismes extra-territoriaux
Production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau
Source : ONSS, calculs : Iweps
17
principalement des organismes privés s’occupant de la sécurité sociale obligatoire.
9
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique
Bibliographie
-
-
-
-
La nouvelle stratégie européenne pour l’emploi, par Philippe Pochet et Christophe Degryse in
Revue belge de sécurité sociale, 2e trimestre 2003.
Stratégie européenne pour l’emploi, plan d’action national pour l’emploi 2004, Belgique, SPF
Emploi, Travail et concertation sociale, septembre 2004.
Le point conjoncturel, Union Wallonne des Entreprises, novembre 2004.
Marché de l’emploi, chiffres et commentaires sur l’emploi et la formation, Forem Conseil,
mensuel, numéro 7, octobre 2004.
Contrat d’avenir, législature 2004-2009, Gouvernement wallon.
Investir dans l’avenir ! Ecolo propose un contrat pour les générations futures, mai 2004.
Les axes de développement industriel prioritaires prônés par ECOLO et leur potentiel en
emplois pour les régions wallonne et bruxelloise, note de synthèse réalisée par Pierre Mélon,
juin 2004.
Le Maribel « environnement » & sa logique économique, la destination des emplois, son
fonctionnement, son coût budgétaire et son potentiel d’emplois en Belgique, par Nicolas
Bednar et Raphaël Dugailliez, ECOLO, Namur, novembre 2004.
Mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne en Région wallonne, rapport sur le positionnement
compétitif de la Wallonie, ministère de la Région wallonne, direction de la politique
économique, Namur, juillet 2004.
Annuaire statistique de la Wallonie, module marché du travail, IWEPS, Namur, 2004
Rapport 2004 du Conseil Supérieur de l’Emploi, Bruxelles, 2005
Rapport économique et social 2003, CESRW, Liège, janvier 2004.
10
La situation de l’emploi en Wallonie – C. Delcourt - Mars 2005
étopia_ centre d’animation et de recherche en écologie politique