DM sur « Nuit de décembre » de Musset

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DM sur « Nuit de décembre » de Musset
DM sur « Nuit de décembre » de Musset
Introduction de commentaire
Véritable révolution culturelle européenne du début du XIXème siècle, le romantisme rassemble une
jeunesse victime du « mal du siècle ». En réaction contre l’esprit rationnel des Lumières et contre les règles
du classicisme perçues comme des entraves au génie créateur, ce mouvement est caractérisé par
l’expression sans frein des sentiments de l’écrivain.
En son sein, Musset se distingue par sa vision du monde particulièrement mélancolique. L’écriture du
recueil composé de quatre longs poèmes intitulé Les Nuits, dont chacune correspond à une saison, fait suite
à sa rupture avec la sulfureuse George Sand et se fait l’écho d’une crise morale et sentimentale chez
Musset. L’hiver, avec tout ce que cela peut comporter de symboles, est évoqué dans « Nuit de décembre ».
L’énonciateur s’y présente à différente étapes de sa vie, toujours suivi par un personnage énigmatique.
Nous nous demanderons donc qui est cet être mystérieux, vêtu de noir, qui accompagne le poète.
Nous étudierons tout d’abord ce qui le fait apparaître comme un double ressemblant fort à celui dont il suit
le parcours. Puis nous analyserons les liens ambigus et contradictoires qu’il tisse avec celui qui s’exprime à
la première personne. Enfin, nous essaierons de montrer en quoi il peut être perçu comme l’incarnation des
angoisses et des doutes du poète dans divers domaines.
Plan détaillé
I Un double très ressemblant
1°) Une croissance au même rythme que celle du poète (à chaque étape de la vie)
Complément circonstanciel de temps en tête de chaque strophe impaire , auquel correspond une désignation du double soulignant son
évolution en âge.
Complément circonstanciel de temps
désignation du double
Du temps que j'étais écolier
Un pauvre enfant
Comme j'allais avoir quinze ans
Un jeune homme
A l'âge où l'on croit à l'amour
A l'âge où l'on est libertin
2°) La ressemblance soulignée
Répétition à la fin de chaque strophe impaire de la proposition relative « Qui me ressemblait comme un frère »
3°) Des tête-à-tête privilégiés
Champ lexical de la solitude + répétition de « vint s’asseoir »
II Des liens ambigus et contradictoires avec le poète
1°) Empathie pour le poète
Adjectifs « morne et soucieux » (avec diérèse sur « soucieux ») chez le double qui font écho à « pleurant » chez le poète+ « de ma peine il
semblait souffrir » = antéposition du COI montrant que la souffrance de l’autre prime
2°) Un guide pour le poète, porteur d’un message
Les groupes verbaux ayant pour sujet le double expriment des gestes sans parole donc très symboliques, très signifiants (« il tenait un
luth», « il me fit un salut », « me montra du doigt », « il montrait », etc.) + objets symboliques (livre, luth, colline, cieux, glaive, etc.)
3°) Une présence incertaine, éphémère, fantomatique, qui a tendance à s’éloigner
Evolution dans la désignation du double : « un étranger », « un convive » (parmi d’autres) --> fin de la relation privilégiée
+ la nuance introduite par le connecteur « Mais » en tête de vers et la restriction « ne poussa qu’un soupir », comme pour atténuer la
fiabilité de cet être capable d’empathie pour disparaître à la seconde suivante
III L’incarnation des doutes et des angoisses du poète
1°) L’angoisse de sa finitude (mort)
Allégorie inquiétante du verre qui se brise renforcée par l’adjectif « maigre » (faiblesse physique--> déchéance du corps--> mort)
+ connotation du « glaive » et des « cieux »
2°) Les doutes sur ses succès amoureux
Périphrase « A l’âge où l’on croit à l’amour » supposant implicitement qu’il y a un âge où l’on y croit plus... hypothèse validée par la
périphrase suivante « A l’âge où l’on est libertin »
3°) Les doutes sur sa création poétique
Tous les symboles de la gloire liée à la création poétique et à sa pérennité sont remis en question : « un haillon de pourpre en lambeau »,
« un myrte stérile », « ma main débile » (celle-là même qui sert à écrire)

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