ambassade de france - Französische Botschaft

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05.11.2009
Allocution de S.E. Bernard de Montferrand,
Lors de la remise des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur
à Thomas Diehl
Berlin, le 3 novembre 2009
Sehr geehrte Herren Staatssekretäre,
Monsieur le président, cher monsieur Vigneron,
Mesdames et messieurs, chers amis de la France et de l’Allemagne,
Meine sehr verehrten Damen und Herren, liebe Freunde von Deutschland und Frankreich,
C’est pour moi un plaisir de vous accueillir aujourd’hui à l’ambassade de France. Cette
cérémonie est l’occasion de nous réunir autour du Dr Thomas Diehl pour lui rendre hommage.
Cher Dr Thomas Diehl,
Je suis très honoré de pouvoir vous remettre aujourd’hui les insignes de chevalier dans l’ordre
de la Légion d’honneur. Elle est pour la France une manière de rendre hommage à un industriel
remarquable qui joue un rôle de premier plan dans les relations franco-allemandes.
Votre amour de la France et votre volonté de vous investir dans l’aéronautique remontent à
votre enfance, durant laquelle votre famille avait pour tradition d’aller passer les vacances d’été
en France. C’est d’ailleurs lors d’un de ces départs en vacances vers le sud de la France que le
jeune Thomas Diehl alors âgé de 9 ans voit son avion se poser en catastrophe sur le sol
français en raison d’une panne de moteur. Cela vous a sûrement conduit à penser que la
France était toujours une valeur sûre et que l’aéronautique était fiable si l’on s’en occupait
sérieusement. Ce que vous avez fait.
Comme beaucoup de grands entrepreneurs allemands, vous êtes d’abord un ingénieur. Après
votre baccalauréat, vous étudiez l’ingénierie à l’Université Technique de Berlin, où vous obtenez
votre diplôme d’ingénieur en génie mécanique. Dès 1977, vous entrez dans le groupe familial
où jusqu’en 1980 vous êtes employé par Junghans Uhren GmbH, une des nombreuses filiales
du groupe Diehl. A partir de 1983, vous êtes directeur de la recherche et du développement de
la branche « munitions » du groupe. Cinq ans plus tard, vous devenez directeur technique du
groupe Diehl. Ce métier d’ingénieur restera un des maîtres mots de votre carrière.
Il vous conduira à recevoir deux distinctions, reflets de votre professionnalisme, de votre
engagement dans le domaine des sciences et des techniques et de votre implication pour
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l’industrie allemande. En octobre 1999, vous êtes nommé Docteur honoris causa de la
faculté technique de l’université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg et en juillet 2005
vous êtes décoré de l’ordre du mérite bavarois.
Un autre trait caractéristique de votre carrière, c’est l’importance qu’y tient la dimension
internationale. Votre baccalauréat aussitôt passé, vous effectuez plusieurs stages
d’apprentissage en Argentine auprès de Général Motors et de Siemens Argentina. C’est une
ouverture au monde qui vous marquera. Votre intérêt pour les marchés étrangers se confirme
dans les années 1980, lorsque vous sont confiées la création et la direction des filiales du
groupe Diehl aux Etats-Unis, à Singapour et en Argentine.
Mais la qualité principale d’un chef d’entreprise, c’est de savoir diriger et motiver ses employés.
Vous êtes partout reconnu comme un « manager » de très grande qualité. Vos premiers postes
de directeur de la recherche et du développement et de directeur technique du groupe Diehl
vous initient très tôt à la gestion. En 1993, vous devenez Président Directeur Général du groupe
Diehl et cinq ans plus tard, vous accédez à la charge de Président du directoire de la Fondation
Diehl Stiftung & Co. KG. Dans toutes ces responsabilités, vous avez su définir des stratégies,
faire les bons choix et respecter les hommes et les femmes qui les mettent en œuvre.
La France veut aussi honorer aujourd’hui une personnalité qui a su développer des liens très
étroits avec elle. Ces liens, ce sont ceux que vous avez tissés avec Thales. Le fait que Thales
soit une société d’ingénieurs tournée vers l’international a sans doute contribué à la réussite de
votre coopération. Cette coopération n’est pas bien connue du grand public, mais je la cite
souvent, car elle me paraît un bon exemple de la manière efficace dont on peut combiner le
meilleur de l’industrie française et de l’industrie allemande. Comme aimait à le dire le chancelier
Helmut Kohl, l’association des méthodes allemandes et de la créativité française forme un
couple imbattable !
La coopération entre Thales et Diehl est le résultat d’un long processus historique de
coopérations et de rapprochements entre les constructeurs et les équipementiers
aéronautiques. Les logiques de rationalisation nationales ont peu à peu regroupé ces
coopérations sous la houlette d’une part de Diehl en Allemagne et de Thales en France.
La co-entreprise entre les deux sociétés est née du rachat commun en 1993 par Diehl et Thales
(à l’époque Thomson-CSF) de la branche « instruments aéronautiques » de l’équipementier
automobile allemand VDO. Cette première pierre a été suivie, en 2000, par l’intégration dans la
co-entreprise de l’activité avionique.
L’honneur de cette coopération industrielle fructueuse, de cet acte de confiance entre Diehl et
Thales, vous revient en grande partie, Dr Diehl. Vous avez su dépasser les clivages nationaux
et vous avez eu la chance de trouver chez vos interlocuteurs la même foi dans l’avenir de ce
métier, la même exigence d’engagement à long terme, de perfection technique et d’efficacité
économique. Comment ne pas citer ici tous ceux qui ont joué un rôle moteur dans cette
coopération : Messieurs Jean-Robert Martin et Bernard Retat, François Lureau, ainsi que les
présidents successifs de Thomson-CSF puis de Thales, Messieurs Gomez, Roullet, Ranque et
Vigneron ! Mais c’est à vous, Dr Diehl, que revient le mérite d’avoir, avec la plus grande
constance, soutenu le développement de cette coopération. Avec vos interlocuteurs de Thales,
vous avez établi un dialogue de confiance qui, au fil des années, a permis de réelles avancées
pour vos deux sociétés, pour nos deux nations et pour la base industrielle et technologique
européenne.
Les choses se sont accélérées avec l’intégration en 2004 dans la co-entreprise de l’activité
d’éclairage de cabine de Diehl à Nuremberg. En 2008, dans le cadre d’une stratégie ambitieuse
de développement du domaine des cabines d’avions de transport, Thales et Diehl se sont
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portés candidats, ensemble, pour l’acquisition de l’usine Airbus de Laupheim, spécialisée
dans l’habillage de cabine et les compartiments de repos des équipages.
Cet épisode illustre la valeur de cette coopération. Rappelons-nous que dans son processus de
cession d’usines, Airbus a dû renoncer à céder ses usines françaises et allemandes. La seule
exception est Laupheim. C’est bien parce qu’elles ont trouvé dans le tandem Diehl-Thales un
partenaire solide, uni, efficace, qui a déjà fait ses preuves, qu’Airbus et sa maison-mère, EADS,
ont sélectionné vos deux entreprises pour cette opération. C’est bien parce que les partenaires
sociaux allemands ont trouvé dans ce tandem l’assurance d’un actionnariat exigeant mais
engagé à développer l’entreprise, que l’opération a pu se réaliser dans un climat de consensus.
Là encore, il faut saluer votre engagement, Dr Diehl, car non seulement vous avez su faire
valoir les mérites du groupe Diehl et de ses propres valeurs, mais vous avez su aussi
convaincre toutes les parties prenantes allemandes du bien-fondé et de la pérennité du
partenariat stratégique avec Thales. C’est un choix personnel de votre part, le choix d’une
culture d’entreprise tournée vers l’international et vers la France.
Grâce à la confiance que vous avez placée dans vos interlocuteurs français, grâce à votre
patience dans les moments inévitables d’incompréhension, grâce à votre vision et votre
constance stratégique, grâce à votre amitié profonde pour la France, nous avons devant nous
un exemple réussi de coopération franco-allemande. C’est un projet d’autant plus symbolique
qu’il concerne le domaine exigeant et porteur d’avenir de la haute technologie aéronautique.
Cette coopération réussie doit servir d’exemple pour le domaine de la défense. Des initiatives
ont déjà été couronnées de succès : citons par exemple la création l’année dernière d’une
société dans le domaine des munitions avec Thales. Cette société est aujourd’hui classée au
premier rang mondial dans son créneau, celui des fusées. Mais cette coopération est pour
l’heure limitée à un périmètre d’activité restreint. Ce qui illustre bien le fait que tout le chemin qui
a été parcouru en franco-allemand dans le domaine aéronautique reste encore en partie à
parcourir dans le domaine de la défense.
Cette cérémonie est aussi l’occasion de réfléchir ensemble à ce que nous avons fait pour
l’Europe de la défense et à son avenir.
Ce que nous avons fait ensemble est considérable. L’Europe de la défense s’est développée à
mesure que sa nécessité apparaissait clairement dans le monde de l’après-guerre froide, à tous
les Européens comme à nos partenaires et alliés. En à peine dix ans, elle est devenue une
réalité palpable. Base juridique, stratégie, institutions, forces : rien ne semble manquer à la
PESD aujourd’hui. Surtout, la défense européenne est bien plus qu’un tigre de papier : elle a
déjà mesuré ses griffes à la dure réalité des théâtres de crise que ce soit dans les Balkans, en
Afrique ou dans l’Océan indien.
Les premiers pas sont toujours les plus difficiles, nous les avons fait. Il nous reste beaucoup de
chemin à faire pour augmenter nos capacités qui restent encore faibles. Notre effort de défense
n’est pas à la mesure des moyens de l’Europe. C’est particulièrement vrai dans le domaine
industriel.
Une Europe de la défense à laquelle manquerait durablement une dimension industrielle serait
boiteuse et malheureusement impuissante. L’Europe n’aura réuni les moyens de sa défense
que lorsqu’elle aura compris une chose simple : il n’y a pas de défense sans autonomie et pas
d’autonomie sans une base industrielle capable d’engranger les progrès technologiques, de
partager les coûts et d’ouvrir des marchés.
Il revient à chacun d’en tirer la leçon. D’une part, les Etats devront accommoder le légitime
souci de la souveraineté nationale avec le besoin impérieux d’harmoniser intelligemment leurs
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besoins et développer autant que possible des moyens communs. D’autre part, les industriels
seront contraints à plus de coopération dans un environnement hyperconcurrentiel qui menace
à terme leur survie. Le chemin est long mais j’ai bon espoir que nous progressions. Pour cela, il
faudra construire des relations de confiance en respectant l’identité de chacun. Il faudra
suggérer des pistes de coopération sans jamais les imposer. Ce chantier est ambitieux mais
pas irréaliste : c’est que nous enseigne la « success story » de Diehl et Thales.
Cher Dr Diehl,
Je vais maintenant vous remettre la Légion d’honneur. Vous l’attribuer, c’est pour la France une
manière de vous témoigner sa juste reconnaissance. La France vous est reconnaissante pour
l’énergie que vous avez consacrée à la coopération industrielle entre nos deux pays, pour toute
votre détermination à encourager ce dialogue et à dépasser les intérêts nationaux et pour
l’amitié qui vous lie à la France. Tous ceux qui comme moi connaissent bien la réalité
quotidienne des relations franco-allemandes savent combien la coopération que vous avez
créée est quelque chose de remarquable et d’essentiel pour l’amitié franco-allemande et pour
l’Europe.
Docteur Thomas Diehl,
Au nom du Président de la République,
nous vous remettons les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.