Classification des Démences
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Classification des Démences
Classification des Démences Dr A.GABELLE Service neurologie Pr Touchon Définition de la Démence • DSM : III-R / IV • CIM 10 • Réduction acquise des capacités cognitives • Déficits cognitifs multiples • Troubles de mémoire • Retentissement sur la vie socio-professionnelle + Critères du DSM IV A_ déficits cognitifs multiples (mémoire+langage ou praxies ou gnosies ou fonctions exécutives) B_ déclin cognitif // fonctionnement antérieur C_ début progressif et déclin continu D_ pas d’atteinte du SNC (AVC, Parkinson, HSB, hydrocéphalie, tumeur…), pas d’affection générale (hypothyroïdie, carence B12 ou folates, hypercalcémie…), pas de toxicité médicamenteuse, d’OH ou de stupéfiant E_ pas de confusion mentale F_ pas de dépression ou de psychose Le concept (DSM) de démence exclut • Débilité mentale • Déficit cognitif limité à une fonction • Syndrome confusionnel • Syndrome dépressif Prévalence de la démence 35 Prevalence (%) Les études clinico-pathologiques estiment que la prévalence totale de la maladie d'Alzheimer avec composante cérébro-vasculaire est 18–60% Tout type de démence 30 MA probable 25 Démence Vasculaire probable 20 15 10 5 Age (années) 0 60–64 65–69 70–74 75–79 80–84 85–89 > 90 Ott A et al. BMJ 1995; 310: 970–3 Nombre de cas de AD en France Thousands 200 235 000 cases in 1990 150 470 000 cases in 2020 PAQUID(1990) PAQUID(2020) 100 50 0 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 >=90 Quel type de classification? BIOLOGIE Acéthylcholine Dopamine ANATOMIQUE temporal, frontal, pariétal, occipital CLINIQUE Tb mémoire, tb comportement, tb praxiques, hallucinations… NEUROPATHOLOGIE plaques séniles, protéines TAU, ubiquitine… MIXTE Répartition des démences en fonction de la localisation anatomo-fonctionnelle Lobe pariétal – MA, DCB, Lobe frontal= Démence frontale DCL Hippocampe -MA Lobe temporal- MA, DFT, DS Classification biologique Protéine Tau (MAPT) Microtubules, 6 isoformes Tauopathies : DFT DFT PK chr17 PSP DCB + amyloide = MA Protéine Amyloïde Responsable des PS=Dg MA Aussi dans démence mixte Protéine alphasynucléine PK démence DCL AMS TAR DNA binding protein 43 (TDP-43) Huntingtin (Huntington) Alpha internexine (neurofilament inclusion body dementia) Protéine Tau Gène localisé sur le chr 17 Code pour microtubule-associated protein tau (MAP-tau) 6 isoformes en fonction du splicing alternatif (+/-E2, E3 et E10). Majorité des mutations de type faux-sens qui affectent la liaison entre Tau / MT Fonction = assemblage et stabilisation des microtubules (MT) modulé par état de phosphorylation P-Tau = DNF Hyperphosphorylation ⇒ up-regulation ou activation anormale des Tau kinases down-regulation des phosphatases ⇒ perte de fonction de Tau ⇒ modification de la dynamique des MT / pb du transport axonal ⇒ augmentation de neurotoxicité Aβ APP localisé sur chr 21 Fonction : modulation des fonctions synaptiques, facilitation de la croissance et de la survie neuronale, protection contre le stress oxidatif, protection contre les toxiques et pathogènes 2 voies cataboliques : non-amyloïdogénique et cascade amyloïdogénique α-synucléine α-syn = groupe de protéines cytosoliques liées aux lipides membranaires qui acquièrent une conformation α helicoidale. Fonction : homéostasie dopa par activation des phosphatases 2A (TH phosphorylation) α-syn = Lewy Body (LB) inclusions La fraction de l’α-syn mono-ubiquitinée est toxique (implication de mécanismes d’autophagie et du système ubiquitine protéasome) Autres facteurs : stress oxidatif, mitochondrie, inflammation, excitotoxicité et apoptose Transactive response TAR DNA binding protein TARDBP gene qui code pour TDP-43, localisé sur chr 1 Protéine ubiquitaire fonction physiologique à l’état normal mais rôle inconnu serait impliquée dans le régulation de la transcription TDP-43 = composant des inclusions ubiquitine-positive DLFT-U avec ou sans mutation de type progranulin progranulin PGRN impliquée dans le trafficking de la TDP-43 entrainant une compartmentalisation anormale de la TDP-43. Gène PGRN localisé sur chr 17p21 = glycoprotéine de 593 AA avec des motifs de 12 cystéines hautement conservées, clivages protéolytiques induisant des peptides de type granulins/epithelins. La fonction de le PRGN est complexe, un taux réduit de PGRN affecte la survie neuronale, les processus inflammatoires, neurodéveloppement 1/ Tauopathie + amyloidopathie avec possible Parkinsonism MA avec syndrome extrapyramidal Syndrome de Down 2/ Tauopathie avec Parkinsonism prédominant Dégénérescence Cortico-Basale Paralysie Supranucléaire Progressive DFT+parkinsonism sur chromosome 17 (FTDP-17) 3/ Synucléinopathies avec démence 4/ The TAR DNA binding protein 43 (TDP-43) DFT avec mutation PROGRANULINE De la plainte mnésique à la maladie d’Alzheimer et autres troubles cognitifs Définition de la Mémoire Définition générale : « tout ce qui peut stocker de l'information Mais définition passive, or la mémoire ne fait pas que stocker ! Définition « psychologique » : ensemble des processus cognitifs qui permettent - d'apprendre et de se souvenir des apprentissages antérieurs - qui permettent : l'enregistrement, la conservation, la restitution de données La mémoire est au cœur de tous les comportements humains - Apprentissages - Langage (ex. vocabulaire, syntaxe) : Écrire Oraliser Entendre et écouter - Résolution de problèmes - S’adapter à son environnement (ex. dangers) - Rêver Rien ne peut se faire sans mémoire ! Les différents types de mémoire Court terme / long terme Faits récents / faits anciens Explicite / Implicite Episodique /Sémantique Continuum de Mémoire Distinction formalisée par Atkinson & Shiffrin (1968) Selon ces auteurs, la mémoire est composée de 3 registres (ou 3 étapes) 1 Mémoire sensorielle 2 Mémoire à court terme 3 Mémoire à long terme Une information passe successivement par ces 3 étapes modèle séquentiel 1 Mémoire sensorielle 2 Mémoire à court terme 3 Mémoire à long terme « Entrée » de toutes les informations par l’un des 5 sens mémoire sensorielle Trace mnésique très courte (300 à 500 ms) L’information entre automatiquement dans ce registre Aussi appelée : « mémoire échoïque » (si info auditive) « mémoire iconique » (si info visuelle) 1 Mémoire sensorielle 2 Mémoire à court terme 3 Mémoire à long terme Rôle de cette mémoire = Stimuler la vigilance Extraire les caractéristiques du stimulus Oubli = effacement de cette trace sensorielle : Rapide Passif (avec le temps) ou actif (si d’autres informations sont traitées) Si l’info est traitée, alors elle passe en mémoire à court terme 1 Mémoire sensorielle 2 Mémoire à court terme 3 Mémoire à long terme Mémoire à court terme = MCT Permet la reproduction immédiate d’une information Capacité limitée : En temps (30 à 90 secondes) En quantité (7 ± 2 items) Cf . Nombre magique de Miller (1956) Capacité limitée de la MCT = empan mnésique Mémoire de travail Est une mémoire à court terme Mémoire qui permet : de réaliser des opérations cognitives sur des informations stockées temporairement impliquée dans le stockage temporaire et le tt des informations Trace mnésique de courte durée (le temps de réaliser les opérations cognitives) Comment mettre en évidence la MdT ? Ex., le comptage à rebours : 1. Apprenez la série suivante : 12 – 11 – 43 – 57 – 04 – 17 – 28 – 67 – 31 2. Redonnez la liste à l’envers Implique 2 choses : - Mémoriser la liste - Réaliser une opération cognitive (inverser la liste mentalement) C-à-d que se souvenir (stoker) la liste n’est pas suffisant pour réaliser l’activité La MdT est composée de 3 modules (ou buffers) La MdT est donc modulaire (1) La boucle phonologique Spécialisée dans le maintien d’un stock limité d’informations verbales … … maintenues par auto-répétition (auto-répétition = langage intérieur) (2) Le calepin visuo-spatial Spécialisé dans le maintien des informations visuelles et spatiales … … et la manipulation des images mentales (3) L’administrateur central - Est le module « gestionnaire » Gère les ressources attentionnelles et leurs allocations aux deux autres modules Est un système de contrôle appelé « système maître » qui gère les deux autres modules appelés « systèmes esclaves » La MdT est donc une mémoire tampon Plusieurs formalismes théoriques existent : Ex., Baddeley, 1992 MdT Administrateur central Boucle phonologique Calepin visuo-spatial Auto-répétition INFORMATIONS Mémoire à Long terme Mémoire déclarative/explicite/ consciente épisodique sémantique Mémoire non déclarative/Implicite inconsciente procédurale Apprentissage associatif Mémoire Explicite / Déclarative Mémoire Episodique Mémoire Sémantique Mémoire Explicite : Episodique Mémoire autobiographique Evénements de vie personnelle ou non = épisodique pure Mémoire Explicite : Sémantique Connaissances générales et didactiques Événements publics Sémantique des objets Mémoire Implicite non déclarative Non accessible dans les détails à un phénomène conscient La mémoire procédurale L'amorçage ou priming: phénomène inconscient qui fait qu'on se souvient plus facilement de données qui ont un rapport dans le contexte. Exemple : porte et serrure plutôt que porte et livre. L'apprentissage associatif (pavlovien) L'apprentissage non associatif (voies réflexes) Mémoire Implicite : Procédurale Actes appris et faits de façon automatique sans réflexion Rôle du striatum Permet de réagir et d’interagir avec l’environnement Les théories de la mémoire Basées sur l’anatomie… 3 grands systèmes Le circuit de Papez Le circuit amygdalien Les circuits de la mémoire procédurale CORTICOSTRIATAL Circuit de Papez Apprentissage Consolidation Rappel initial des informations déclaratives/explicites Association cortex para-hippocampique et gyrus cingulaire Le système limbique Intégrer des informations au stock mnésique déjà acquis Renforcement du processus (associations) qui permet la consolidation à long terme Circuit amygdalien Fonctionnement en parallèle du circuit de Papez Indiçage émotionnel et affectif des souvenirs Plainte de mémoire Qui se plaint de la mémoire ? Plainte fréquente à tout âge 22% sujets 18-85 ans (Basset et Folstein, 1993) 40% sujets 24-86 ans (Ponds, 1998) Elévation de la fréquence avec l ’âge 29% (31 ± 4,0) 52% (77 ± 5,2) (Ponds, 1998) 10% (55-59ans) 23% (plus de 85 ans) (Cutler et Grams, 1989) Qui se plaint de la mémoire ? Fréquence de la plainte plus élevée sujets de faible niveau d ’éducation femmes Corrélation avec l ’appréciation subjective de l ’état de santé l ’état psycho-affectif l ’existence de pathologies associées (diabète, HTA, déficit sensoriel, arthrose) Pourquoi évaluer une plainte mnésique ? Savoir différencier Plainte de mémoire et trouble de mémoire Trouble de mémoire organique vs fonctionnel Organique : MCI / démence débutante Fonctionnel : anxiété / dépression Plainte mnésique « bénigne » Trouble du rappel Perturbations concernent informations complexes (noms propres / détails) faits récents et passés Possibilité de récupérer l ’information Conscience du trouble pas de corrélation entre plainte et trouble pas de retentissement vie quotidienne Le patient consulte seul Plainte mnésique « suspecte » Trouble de la mémorisation Perturbations concernent informations récentes entraînent rapidement difficultés d ’orientation temporelle Pas de corrélation plainte / trouble Déni / Minimisation des troubles / anosognosie Consultation souvent à la demande de l ’entourage retentissement sur la vie quotidienne La maladie d’Alzheimer Un peu d’histoire… Alois Alzheimer (1864 – 1915) Né a Marktbreit (Bavière) Diplomé en 1887 Sujet de sa thèse : les glandes productrices de cérumen! Neuropathologiste et psychiatre Décède à Breslau des suites d’une endocardite Un peu d’histoire… Le premier cas Frau Augusta D, 51 ans Examen microscopique du cerveau Découverte des plaques séniles Publication du cas en 1906 Kraepelin propose que le nom d’Alzheimer soit associé à la maladie en 1912 Maladie d’Alzheimer Evolution, Prévention, stratégies thérapeutiques Clinique Normal Presymptomatic AD Mild Cognitive Impairment Stade Extension Pas de maladie Lésions Neuropatho- Pas symptômes Précoces lésions logique Pas symptômes Symptômes précoces Progression de la maladie National Institute on Aging, USA. AD Altération Légère, modérée, sévère Diagnostic de certitude Analyse neuropathologique donc post-mortem Depôts amyloïdes Aβ β42 + Degenerescence neurofibrillaire Tau MALADIE D ALZHEIMER Lésions et clinique Pas de corrélation entre signes cliniques et répartition des PS Corrélation signes cliniques et DNF Cortex entorrhinal hippocampe et amygdale cortex temporal interne cortex temporopariétal cortex frontal Stade 1 Une seule région est touchée Région transentorhinale Stade 2 Deux régions sont touchées cortex transentorhinal et cortex entorhinal affectées systématiquement au cours du vieillissement cérébral Stade 3 Trois régions sont touchées Région hippocampique région vulnérable affectée au cours du vieillissement Stade 4 Aprés la région hippocampique cortex temporal antérieur Stade 5 cortex temporal inférieur Stade 6 Cortex temporal moyen Stade 7 Simultanément dans toutes les régions corticales associatives (polymodales) frontal antérieur temporal supérieur pariétal inférieur Stade 8 Régions moins associatives (dites "unimodales") Aire de Broca (aire de Brodmann 44) Stade 9 régions corticales primaires Stade 10 Dernier stade d'invasion Toutes régions corticales affectées ainsi que de nombreux noyaux sous-corticaux MA et Acétylcholine Fragilité particulière des systèmes cholinergiques Déficit cholinergique corrélé aux symptômes cognitifs et psycho-comportementaux Déficit cholinergique : apparition relativement tardive ? Applications thérapeutiques Synapse cholinergique Presynaptic neurone Acetyl CoA Glial cell + Choline Choline ChAT BuChE ACh Synaptic cleft ACh AChE Postsynaptic neurone Cholinergic receptor Choline + Acetate BuChE AChE ACh = acetylcholine; AChE = acetylcholinesterase; BuChE = butyrylcholinesterase; ChAT = choline acetyltransferase; CoA = coenzyme A. Adapté de Adem, 1992 Facteurs de risque Age Antécédents familiaux de démence Gènes de vulnérabilité (allèle ε4 de l ’ApoE) Sexe féminin (surtout après 75 ans) Terrain vasculaire (tabac, maladies coronariennes, athérosclérose, diabète traité, HTA systolique, consommation de graisses animales) Rotterdam study Bas niveau socio-culturel ATCD traumatisme crânien ATCD trisomie 21 Petite taille de périmètre crânien Facteurs génétiques et démence Le diagnostic génétique: intérêt dans les formes précoces Apo E4: facteur de risque intérêt dans les MCI Chromosome gène % MA dues à la mutation âge de début Tableau clinique 21 APP 0,4% 45-60ans MA familiale autosomique dominante 14 PS1 5,6% 35-60ans MA familiale autosomique dominante 1 PS2 0,1% 35-60ans MA familiale autosomique dominante 19 ApoE ε4 65% >55ans Risque > de MA 3 nouveaux gènes depuis 09/09 : Clusterine (lien amyloide), Picalm (influx nerveux), 1 Récepteur de l’inflammation Phase d’état : Troubles cognitifs Troubles de la mémoire Oubli des événements récents (mémoire épisodique), informations qui surviennent dans un contexte spatio-temporel donné perte des repères historiques ou socio-culturels, atteinte des capacités d’apprentissage Conservation relative de la mémoire sémantique (mémoire des connaissances) Troubles de l’orientation temporo-spatiale Troubles du langage Discours pauvre, peu informatif, parfois incohérent Phase d’état : Troubles cognitifs Troubles praxiques Apraxie visuo-constructive, réflexive, idéomotrice, idéatoire, de l’habillage Troubles gnosiques Anosognosie, agnosie visuelle, somatognosie Atteinte des fonctions exécutives Raisonnement, capacités d’abstraction, planification, contrôle… Troubles attentionnels Diagnostic précoce de la MA Tests neuropsychologiques Troubles de la mémoire épreuve de rappel de mots (immédiate et différée) / rôle de l ’indiçage / présence d ’intrusions (test des 5 mots) DSM48 reconnaissance visuelle (cortex péri-rhinal) Troubles du langage : set test d ’Isaac Troubles visuo-spatiaux : test de l ’horloge Le MMS : diagnostic de démence / suivi évolutif Troubles psychologiques et comportementaux Conduites agressives apathie repli sur soi perte d’intérêt démotivation dépression déficits cognitifs opposition agressive agression physique agression verbale tristesse pleurs désespoir perte de l’estime de soi anxiété culpabilité agitation psychomotrice déambulation fugues agitation gestes stéréotypés habillage/déshabillage hallucinations idées délirantes troubles de l’identification psychose 17 McShane et al. Int Psychogeriatr. 1998;10(3): 253-260 DTA TDM cérébrale IRM cérébrale SPECT IRM volumétrique Volume du cortex entorhinal et da diminution sont prédictifs de l’évolution vers la DTA IRM 1,5 tesla, 3D, coupe de 1,6 mm Intérêt pour un diagnostic positif Kinase Phosphatase TAU dépolymérisation des microtubules Accumulation des fibrilles = DNF Apoptose neuronale Aβ 40 Aβ42 Plaques séniles Tau Totale ↑ Tau-P ↑ Sp = 85-94% ↓ β-amyloid(1-42) Se= 83-100% LCR en analyse standard ⇒ si cas atypique ou évolution rapide (protéine 14-3-3) Dosage Tau P-Tau et Aβ ⇒ si doute dg ou sujet jeune