journal 96.qxp

Transcription

journal 96.qxp
LE JOURNAL DE L’
PÉRIODIQUE DU
SECRÉTARIAT NATIONAL
20, rue de l’Association
1000 BRUXELLES
T: 02/ 219 68 88 - FAX: 02/ 219 39 72
E-mail: [email protected]
Site web: http://www.arc-culture.org
N° d’entreprise : 418.719.207
NE PARAÎT PAS
EN JUILLET-AOUT
BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X
N° d’agrément : P701161
BIMESTRIEL
L’éditorial
N°96
En se penchant sur la
presse quotidienne d’un
pays, on a très vite une
image du développement
démocratique de celui-ci.
Elle peut être engagée, dynamique comme la presse
d’investigation et d’opinion ou alors glamour
voire sucre d’orge comme
la presse people et de marché. Elle peut former et
construire une opinion publique mais aussi détruire
très vite ce qu’elle a fait
adorer. La presse constitue
un véritable quatrième pouvoir. Cependant, sa mission de base rencontre bien
les objectifs et les soucis d’une organisation d’éducation permanente comme
la nôtre : c’est, en effet, à travers son
regard que l’on peut entrer en contact
avec la réalité, l’analyser avec esprit
critique, découvrir la pluralité des appréciations et en débattre. Dans les périodes d’emballement médiatique que
nous connaissons, génératrices de
confusion, elle permet les temps d’arrêt, de réflexion, d’appropriation personnelle. Elle nécessite, cependant,
plus d’investissement personnel : en
effet, lire un journal exige plus de
concentration que suivre une émission
de télévision…
Aujourd’hui, la presse quotidienne doit
faire face à des combats nouveaux. Son
lectorat s’effrite progressivement. Rien
que sur le marché belge francophone,
les extrapolations sur les titres payants
font état d’une perte de plus de 5.000
lecteurs en 9 mois. Les grands quotidiens annoncent une chute de 13 à 15%
de leur volume de ventes publicitaires.
Internet se révèle un adversaire (ou un
partenaire) redoutable et le marché des
quotidiens gratuits est en concurrence
avec les médias payants même si nous
sommes, dans la partie francophone,
encore près de 465.000 à lire un quotidien traditionnel.
Depuis 1974, la Communauté française
répartit des aides à la presse (un peu
plus de 7 millions d’euros) et soutient
l’opération “Ouvrir mon quotidien”
qui touche près de 45.000 élèves du primaire et 230.000 étudiants du secondaire. Mais est-ce suffisant face aux
importants enjeux démocratiques de ce
dossier ? Quel sera le visage de cette
presse demain ? Sera-t-elle toujours
indépendante et interpellante ? Sa défense doit, en tous cas, engager chacun
de nous.
Jean-Michel DEFAWE
Président
Activités de l’ARC
Pour vous tenir informés
de l’ensemble de nos activités,
consultez
notre site Internet :
www.arc-culture.org
Belgique-Belgie
P.P.
Bruxelles X
1/6083
ACTION
ET
RECHERCHE
CULTURELLES
ASBL
MARS - AVRIL 2008
MEDIAS
Futur e-médias
Quelle presse quotidienne pour demain ?
Internet opère des changements majeurs au sein de la presse écrite. Un nouveau paysage de l’information se dessine
et de nouveaux médias numériques apparaissent. La presse quotidienne, en difficulté résurgente, vit ces mutations tantôt avec angoisse, tantôt avec succès. Sur le Web, elle enregistre des chiffres de fréquentation en constante progression
mais sa situation, sur support traditionnel, reste délicate et son avenir incertain.
Le baromètre de la presse quotidienSur la toile
pertexte (l’article dans sa longueur) -,
gratuitement à Bruxelles ! Aujourne indique un temps variable. BourLa refonte la plus significative s’est
suppose de nouveaux apprentissad'hui, devenu le vilain petit canard
rasques et éclaircies se succèdent
effectuée sur le Web. Les plus-values
ges. Le découpage de l'information
de la presse écrite, le gratuit se voit
trop rapidement pour que l’on puisse
y sont réelles : capacité de stocker
et la rupture de la linéarité exigent
accusé, au fur et à mesure de l'augémettre une prévision à long terme.
des quantités d’informations illimiune certaine pratique. Ne plus se
mentation de ses tirages, de tous les
Ce n’est un secret pour personne : la
tées, réactivité à l’information imsouvenir du début et du pourquoi
maux dont souffrent les payants. Acpresse traverse une crise de confimédiate, interactivité, apports multid'une lecture et se perdre dans la
cusations un rien sommaires et cerance. Abandonnée par son jeune lecmédias divers, liens hypertextes et
multiplicité infinie des liens propotainement commodes. Bien que son
torat, elle tente de le regagner via ses
diffusion optimisée. Les défauts de
sés demandent tout autant d'accoutumode de fonctionnement et son proéditions en ligne. S'il semble que ce
ces qualités n’en sont pas moins némance. Sur son blog(2), Jacques Franjet éditorial soient le plus souvent en
soit avec une certaine réussite, le
gligeables : rythme de réactualisaçois, enseignant en communication
opposition avec la culture de la
prix à en payer est celui de la gration intense (assumé ou subi), culture
marketing à l’ULB, rapporte les propresse payante de qualité, le gratuit a
tuité. Le lecteur régulier
pour mérite de (re)poser cervieillit et rares sont ceux qui
taines bonnes questions : à
achètent encore plusieurs
quoi sert la presse ?, à quoi
titres quotidiennement. Pour
sert l'info ?, pour quelle(s)
reconquérir son lectorat, la
raison(s) achète-t-on un quopresse belge quotidienne
tidien d'information ? quelles
aura, ces dernières années,
sont les fonctions (les mismultiplié ses efforts sans
sions ?) d'un journal d'inforcompter. Il n'est pas exagéré
mation ?
de parler désormais d'une péDemain, on rase gratis
riode de refondation. Ainsi,
Récemment, un quotidien
a-t-on vu les formats des
français lançait une action de
journaux évoluer vers des dicommunication ayant pour
mensions plus réduites, les
slogan “Le 11 avril, Libéramaquettes retravaillées (il
tion est gratuit. Lisez-le,
reste beaucoup à faire) et les
vous comprendrez pourquoi
suppléments démultipliés (ils
il est payant” et son directeur
sont trop souvent consacrés à
général, Denis Pierrard, de
la promotion et à la (sur)conpréciser : “Libération, pour
sommation). D’une certaine
une journée, aura la puismanière, ces évolutions ont
sance d'un gratuit avec sa
eu pour effet une tendance à
la “magazinification” du conqualité habituelle.” La pierre
tenu des quotidiens.
jetée
dans le jardin de la
Un homme se reflète sur une vitre alors qu’il est en train de lire les quotidiens sur un panneau d’affichage
de rue à Pékin, le 11 décembre 2007. Reporters sans Frontières (RSF), l’organisation internationale de dépresse gratuite traduit, au
fense de la liberté de la presse, a annoncé le 10 décembre 2007 qu’elle avait été interdite de séjour en Chine
Aux prises avec la baisse des
delà de l’opération markecontinentale,après avoir déclaré le pays comme étant la plus grande prison de journalistes du monde.
recettes publicitaires, les réting, cette suspicion fréquenSource : Association Mondiale des Journaux - AFP photo / Ten Eng Koon
dactions ont également enrite à son encontre. Le même
chi leurs parutions de proslogan publié dans les pages
duits culturels vendus avec
du journal Métro, n’a pas
pos de Benoît Grévisse, professeur à
un supplément de prix (livres, DVD,
de la vitesse (de la précipitation ?),
manqué de provoquer de vives réacl'école de journalisme de Louvain :
CD, …) Ces “plus-produits” appevérification des contenus avant putions au sein de la rédaction de ce
lés “terza gamba(1)” en Italie - où ils
blication parfois sommaire, écrits
“Internet, c'est le modèle de la boudernier. La formule publicitaire du
pullulent -, ont quant à eux renforcé
plus concis pour s’adapter aux diffiteille sans fond : tu n'as jamais la saquotidien Libération, très mal acceple côté commercial du journal au décultés de lecture sur un écran, multitisfaction de l'avoir bue jusqu'au
tée – faut-il le dire ? - par la rédactriment de son identité... Et quel que
plicité des procédés pour accéder à
bout.” Et Jacques François d’ajouter,
tion de Métro, traduit la fracture
soit le succès économique de la forl’information (liens, chat, blog, podtrès justement : “Il faut être amateur
entre les différents modèles de jourmule, il est peu probable que cela apcast, fils RSS, espace payant et nonde vin pour comprendre : quand on
nalisme actuels.
porte quoi que ce soit de durable au
payant, …) ainsi que d'autres apports
ne boit que du coca, c'est peut-être
regard des difficultés que traversent
multimédias souvent proches de
différent ...!”
D’un côté, une presse toujours plus
les quotidiens. Quant à la valeur
l’amateurisme (images, sons). Cette
confiante dont l’objectif est d’inforajoutée culturelle de ces offres, elle
refonte renouvelle autant le travail
La refonte des médias passe égalemer gratuitement et rapidement ses
varie en fonction du degré d’engagedu rédacteur que le mode de lecture
ment par l'apparition et le succès
nombreux lecteurs et qui, en très peu
ment et de sérieux des rédactions
de l’internaute. La mise en ligne en
grandissant des quotidiens gratuits.
d’années, a chambardé les codes de
(quand elles sont associées aux
“iceberg” des articles, - une partie
Une tendance forte et beaucoup
la presse payante. De l’autre, une
choix de ces produits). Soit à boire et
émergée sur la page d’accueil (un
moins récente qu'il n'y paraît. Le
presse fragilisée depuis un certain
à manger pour un lecteur relégué au
titre et quelques lignes) et une partie
Soir, dès sa parution en 1887, et durang de consommateur lambda !
submergée accessible par un lien hyrant plus de dix années, fut distribué
> Suite page 3
1
MÉDIAS
Être en ligne ou ne pas être
Philippe Laloux est chef d’édition au Soir. Il est important de spécifier au Soir, et non chef de l’édition en ligne du Soir, parce que, bien qu’il s’occupe spécifiquement de l’édition électronique du quotidien, le titre de sa fonction traduit l’organisation et la direction communes des éditions papier et Web. Le site lesoir.be
est le fruit du travail de l'ensemble des journalistes de la rédaction. Rencontre avec l’un des acteurs de la presse en ligne.
Concrètement, comment l'information est-elle traitée pour l'édition
en ligne ?
Notre première mission est relative à
notre capacité de réaction par rapport à l’évènement. Les agences de
presse y contribuent mais c’est tout
l’ensemble de la rédaction du Soir
qui a une fonction d’alerte et d’alimentation en première ligne. Ensuite, nous avons une mission de
créativité, c’est la valeur ajoutée
que l’on va apporter à cette information de base. Cette valeur ajoutée est
très importante pour se distinguer
d’autres sites Internet qui se limiterait à cette seule couche de réactivité. Cette créativité va se traduire
par différents apports dont des compléments audio et vidéo. Nous enrichissons aussi le traitement de l'info
par une autre de nos missions majeures : l’interactivité entre nous et
nos lecteurs. De façon plus générale,
une bonne partie de mon travail
consiste à réinventer l’édition papier
en édition destinée au Web.
2
Essentiellement, qu'est-ce qui différencie l'édition papier et Web ?
Ce que nous tentons à mettre en
place, ce sont des flux éditoriaux,
une manière de travailler qui permet
de n’avoir sur le papier que ce qui
peut exister sur ce support et de
n’avoir sur Internet que ce qui peut
également y exister. Nous tenons à
espace sans limite ! Une fois le journal distribué, le lecteur pourra encore obtenir les derniers développements sur notre site. Il pourra aussi
réagir à chaud et proposer son propre
développement, c’est l’étape de l’interactivité qu’offre l’évolution technologique et pratique du Web 2.0.
Quelle que soit l’importance des
verte... Est-ce que c’est le cas ? Je
n’en sais rien !
Quelle est l’importance du nombre de visiteurs quotidiens sur
votre site Web ? Par rapport à la
vente de l'édition papier, qu'est-ce
que cela représente ?
Une des particularités du Web, c’est
Rédaction du Soir - Photo : Le Soir / D. Rodenbach
Hormis le choix rédactionnel du
Soir, la presse papier et la presse
en ligne ne sont-elles pas deux
écoles distinctes de journalisme ?
C’est une très vaste question qui est
au cœur des enjeux actuels. Le défi
qui est le nôtre est de faire en sorte
qu’il n’y ait pas deux écoles différentes. C’est le parti pris qui a été
adopté au Soir. Je ne dis pas qu’il est
partagé par toutes les rédactions. Au
Monde.fr, la rédaction est totalement
distincte de l’édition papier ce qui
n’empêche pas le site d’être une référence… C’est un euphémisme !
Ailleurs, neuf rédactions sur dix ont
choisit l’option de l’intégration. En
ce qui nous concerne, ce choix a été
adopté il y a un an et ce fut un moment très important qui nous a
conduit à nous définir en tant que
“bi-média”. Cela signifie que le Soir
est décliné sur deux supports, un
support papier avec une édition
quotidienne et un support électronique avec des éditions réactualisées
en permanence. L'important est qu'il
s'agisse du même journal, des
mêmes journalistes et que le contenu
reste l’élément dominant. La presse
en ligne n’est pas une révolution
journalistique, c’est une évolution.
Au niveau rédactionnel, tout l’enjeu
est d’être le plus rapide possible sans
jamais tomber dans l’excès de vitesse. Notre métier a besoin de temps
et on lui en enlève de plus en plus
d’où l’importance que j’accorde à
une formation journalistique pointue
et rompue à l'utilisation des outils
multimédias. Le journaliste, plus que
jamais avec Internet, doit revenir à
ses racines et aux principes de base
qui font ses qualités. L'évolution se
fera en préservant les fondamentaux
du métier, voire en les renforçant.
L'attachement à ces principes qui ont
fait la presse de qualité est plus que
jamais indispensable afin de nous
différencier des grands portails, à
l'image de Yahoo et MSN, devenus
aussi fournisseurs d’informations.
éviter au maximum les copier-coller
entre les deux supports afin de réserver à l’un et à l’autre des traitements
spécifiques. L’édition électronique et
l’édition papier sont des services et
non des produits, deux services d’information de qualité à l'attention de
nos lecteurs.
L’édition en ligne du Soir n’est
donc pas une simple excroissance
de l’édition papier…
Surtout pas ! Même si ce fut effectivement le cas par le passé. Aujourd’hui, nous ne raisonnons plus en
terme de support mais en terme d’information. Il était indispensable de
compléments multimédia, il est bon
de rappeler que le Soir en ligne reste
avant tout un média écrit. C’est très
important de le souligner !
Cette édition en ligne a-t-elle une
identité particulière ?
Elle est, ce que nous espérons tous
ici, fidèle à l’identité du journal
c’est-à-dire un pôle de référence et
de qualité. Si on veut défendre sa
peau sur Internet, cette exigence est
vitale. Je suis rassuré sur le sérieux
de notre travail et notre identité
quand, lors de pics d’actualité, les
internautes choisissent plutôt notre
site Web qu’un autre. Circonstancier,
“
Aujourd’hui un journal sans site
Internet est clairement un journal menacé,
entre autres, parce qu'il n’offre pas de services
en rapport avec l’attente de ses lecteurs”
prendre conscience que celle-ci existe avant, pendant et après le travail
des rotatives. Elle nécessite, au long
de son évolution, différentes formes
de traitements. Aujourd'hui, lorsqu'une information tombe, elle est
immédiatement et brièvement traitée
sur le site. Elle est ensuite développée d’une certaine manière pour
l’édition papier du lendemain et durant ce temps, en ligne, nous greffons toute une série d’archives, de
repères et d’éléments multimédia
afin de l’enrichir. Là, l’électronique
nous offre un avantage précieux : un
contextualiser et nuancer l’info est
notre priorité. C’est la manière de
traiter l’information qui est essentielle et qui définit notre identité.
Quel est le profil de votre lectorat
en ligne ?
Comme c’est le cas pour l’édition
papier, je dirais qu'on a le lecteur,
l’internaute, que l’on mérite… Notre
mission de journaliste est de nous
mettre en permanence à sa place, en
l’idéalisant en quelque sorte. Personnellement, je vois cette personne,
c’est une personne cultivée et ou-
que tous les jours, on dispose des
chiffres de la veille concernant le
nombre de visites enregistré sur les
sites d’information. Ces résultats
sont publics et communiqués par le
Centre d’Information sur les Médias,
une association d'études médiamétriques. En terme de visiteurs uniques, le nombre de personnes qui
viennent se connecter une fois sur la
journée, lesoir.be est leader et est en
très forte progression. L’évolution
actuelle du lectorat de la presse en
ligne est très impressionnante. En ce
qui nous concerne, on en était, en
mars 2007, à 45.000 visiteurs uniques en moyenne quotidienne sur
une base mensuelle. Aujourd’hui,
nous en sommes à plus de 75.000 !
Voire 95.000 visiteurs uniques par
jour certains lundi, c’est-à-dire autant que d’acheteurs du journal ! Le
deuxième site qui nous talonne de
près, et qui suit la même courbe de
progression, est celui de La Dernière
Heure, viennent ensuite rtlinfos.be et
lalibre.be.
Comment vous situez-vous par
rapport à la presse en ligne étrangère ?
Par rapport aux Etats-Unis, l’Europe
comble son retard. A l’échelle européenne, la Belgique était, il y a
quelques années encore, en bonne
position sur le plan de son avancée
en matière de conception de sites
d'information. Malheureusement, elle
s’est très vite fait dépasser. Aujourd’hui, des sites comme ceux du
Guardian ou du Monde ont clairement 10 longueurs d’avance par rapport à l’ensemble des sites francophones belges. Nous sommes en
présence de moyens gigantesques en
terme d’investissements technologiques bien que ceux-ci dépassent
très clairement les revenus que l’on
peut en tirer aujourd’hui. La presse
en ligne est un pari sur l’avenir mais
l'évolution actuelle du nombre de visiteurs en ligne tend à prouver que
c'est un pari réfléchi. L’audience explose et les revenus publicitaires suivront cette progression.
Au risque de mettre votre propre
édition papier en danger ? Certains
accusent la presse en ligne d’être,
sur ce plan et sur d’autres, proche
de la presse papier gratuite…
Les difficultés de la presse écrite ne
datent pas de l'arrivée de la presse
sur le Web, cela fait plus de 20 ans
que les journaux connaissent une
érosion tant au niveau de la diffusion
qu’au niveau des revenus publicitaires. Il est vrai qu’un journal est
vendu deux fois, une première fois à
la publicité - grosso modo plus de
50% de ses revenus viennent de ce
secteur - et une seconde fois au lecteur. Sur ces deux plans, les difficultés sont récurrentes. Par rapport au
gratuit, je dirais que oui, clairement,
c’est la tendance adoptée par un très
grand nombre de sites d’information.
La presse en ligne, concernant la diffusion gratuite de l'information, est à
l’image du média radio. Quand à savoir si l’édition en ligne va concurrencer l’édition papier, je dirais
qu’aujourd’hui un journal sans site
Internet est clairement un journal
menacé entre autres parce qu'il
n’offre pas de services en rapport
avec l’attente de ses lecteurs. La formule “bi-média” demande, il est
vrai, des réflexions constantes et approfondies sur son évolution. Internet est une occasion unique de réinventer le papier, il faut que l’on
réfléchisse aux manières actuelles de
traiter l’information sur ce support.
Le papier a des avantages que jamais
Internet ne pourra s’approprier, à
commencer par sa sensualité. Il y a
une façon de mettre en page l’information sur le papier qui ne pourra jamais être copiée par le Web. Il y a
une vision panoramique, un début,
un développement, une fin spécifiques. Sur Internet, il n’y a pas de
développement linéaire, c’est un développement rhizomatique et cela
peut être perturbant si on ne s’adapte
pas à ce type de logique. Quelle que
soit ma passion pour Internet, je
continue à dévorer avec le même
plaisir les journaux.
Dans quelle mesure, l’édition papier du Soir est-elle consultable sur
votre site Web ? Cet accès est-il
payant ou gratuit ?
L’ensemble de l’édition papier est
disponible sur le site Web du Soir,
cependant via des canaux différents.
En ce qui concerne notre page d’accueil, entre cinq et dix articles de
l’actualité “chaude” de l’édition papier sont mis en ligne dès la veille de
> Suite page 4
> Quelle presse quotidienne pour demain ?
A bout de souffle ?
Hors la problématique de la gratuité,
les épines dans le pied de la presse
quotidienne sont multiples. Pour en
citer quelques-unes, pêle-mêle : les
interrogations qui pèsent sur sa dépendance avec les pouvoirs économique et politique, la chute des recettes publicitaires, la baisse du
lectorat, la réduction significative du
nombre de journalistes au sein des
rédactions, la marchandisation de
l’information et l’autocensure. Dès
janvier 2OO5, Ignacio Ramonet,
dans un article paru dans les colonnes du Monde Diplomatique,
déplorait la domination d’un journalisme de bienveillance au détriment
d’un journalisme critique : “On peut
même se demander si, à l’heure de la
globalisation et des mégagroupes
médiatiques, la notion de presse libre
n’est pas en train de se perdre.” Le
quatrième pouvoir serait-il condamné
à une lente et irrémédiable usure ?
Moins qu’il n’y paraît, là encore. Si
une certaine presse se meurt, une
autre voit le jour sur Internet. Elle a
la volonté de réincarner ce contre
pouvoir et elle force la presse papier
à se réinventer et à affirmer ses valeurs. En quelques années, outre les
sites dépendants de titres de presse,
de nouveaux sites d’informations et
d'investigations ont vu le jour, en
France notamment. Rue89, MediaPart ou Bakchich(4) ne sont rattachés
à aucun titre papier et se définissent
comme des journaux d'information
numériques, indépendants et participatifs. Ils ont en commun la volonté
de transformer la façon de faire du
journalisme en établissant une relation constante avec l’internaute.
Pour ces pionniers, la toile est un
nouvel eldorado, un territoire qui garantit de nouvelles perspectives d’indépendance.
Preuve qu’il n’existe pas forcément
de fracture entre professionnels de la
presse d’hier et celle d’aujourd’hui,
on trouve au sein de ces rédactions
des journalistes venus de quotidiens
papier. Rue89 a été créé par d'anciens
journalistes de Libération qui souhaitaient inventer un média qui marie journalisme professionnel et culture de l'Internet. Le contenu du site,
à l’image de leur slogan “l'info à
trois voix”, résulte d’un travail commun entre les journalistes de la ré-
critiques à l’encontre des médias traditionnels, fréquemment qualifiés de
consensuels et standardisés. Les
journaux n’ont pas toujours bonne
presse… Mais la Toile ne bénéficie
pas d’un crédit supérieur ! Loin s’en
faut ! Selon un sondage réalisé, à la
mi-janvier 2008, par le quotidien La
Croix, la confiance des citoyens
français vis-à-vis d’Internet, quant à
la manière dont un sujet d’actualité
est relaté, ne dépasse pas 31% des
personnes interrogées. Pour 57% à la
radio, 49% à la presse écrite et 46%
à la télévision.
La coproduction de l’information
Qu'elle soit électronique ou papier,
tions et, en aval, de corrections, de
commentaires et de contextualisations apportées par les journalistes
des rédactions en ligne. On l’aura
compris, ici également, un modèle
reste à inventer et l’anonymat, pratique courante sur le Net, n'y aide
pas. La rédaction de MediaPart,
consciente de ce travers, ne donne
accès aux espaces participatifs
qu’aux seuls abonnés ainsi identifiés
et impliqués dans son projet éditorial. Une manière parmi d’autres de
décourager certains contributeurs inopportuns et/ou sans intérêt et de
hausser la qualité des propos, au détriment, il est vrai, de la parole
libre… C’est là que le bât blesse !
Photo : Marc Thomas
temps, parfois anémique, fustigeant
une réussite commerciale fondée sur
ce qu’elle qualifie de copier-coller
de dépêches d’agence de presse et
d’information au rabais. Deux écoles
irréconciliables ? Deux confrères
ennemis à jamais ? Certainement
moins qu’il n’y paraît ! Ainsi, la
presse payante n’a-t-elle pas, en intensifiant sa présence sur le Web,
adopté en majorité le modèle de la
gratuité de l’information ? La presse
gratuite, jusqu’ici critiquée pour
l’absence de traitement de l’information et la brièveté de ses articles,
n’est-elle pas appelée à évoluer vers
des modèles aussi différents que
ceux que l’on trouve au sein de la
presse payante ? N’y a-t-il pas, aujourd’hui déjà, des synergies entre
presse payante et gratuite qui contribuent à gommer les divergences
entre l’une et l’autre ? A titre d’exemple, on citera le cas du quotidien
Directmatin(3), distribué gratuitement
en île-de-France et dans les pages
duquel on trouve des articles signés
par des journalistes des rédactions
du Monde et du Courrier International. Il y a fort à parier qu’une concurrence plus étoffée entre gratuits
généralistes se produira et qu’elle ne
pourra se faire en l’absence d’une
participation de la presse de référence. Assurément, cette dernière ne
pourra encore longtemps se passer
d’un modèle qui a fait la réussite des
quotidiens gratuits et qui consiste à
aller vers le lecteur au lieu d'attendre
qu'il vienne aux médias.
(suite de la page 1)
L’Histoire de la presse écrite belge débute à Anvers, en 1605, par la publication d’un organe bimensuel intitulé “Nieuwe Tijdinghen.”Au début
du siècle dernier, c’est plus d’une centaine de quotidiens aux tendances idéologiques et politiques très contrastées qui paraissaient chez nous.
Malheureusement, on n’en compte plus, aujourd’hui, qu’un peu plus d’une quinzaine et la disparition de la presse d’opinion est presque totale.
daction, un cercle de spécialistes et
les internautes. MediaPart date de
mars 2008 et a été lancé par Edwy
Plenel, ex-directeur de la rédaction
du Monde. Sa formule va à l'encontre de la culture de la gratuité qui
règne habituellement sur les sites
d’information, l’accès aux articles,
aux sons et aux vidéos est payant et
réservé aux seuls abonnés. Ces derniers sont invités à rédiger des articles et ainsi à agir en faveur “d'une
presse libre et nouvelle, sans lourdeurs ni dépendances, sans corporatisme ni élitisme, sans censure ni autocensure” selon Edwy Plenel. Un
ambitieux programme… dont la viabilité est incertaine tant le choix du
payant sur le Web semble un challenge risqué. Bakchich.info, lui, est
né en mai 2006 et se dit aussi indépendant qu’impertinent. Qualifié par
ses confrères de “Canard déchaîné
du Web”, il use d'un ton à l’image
des propos de son Président du Comité éditorial, Philippe Labarde, ancien patron des rédactions du Monde
et de La Tribune : “Ce que nous aimons, nous autres journalistes, c’est
nous pencher sur un événement, en
nous demandant : c’est quoi au juste
tout ce bordel ?” Si l’accès aux articles du site est gratuit, la version
hebdomadaire du vendredi est, elle,
payante. Enquêtes, informations et
mauvais esprit sont au programme.
En règle générale, cette nouvelle
presse, s’est créée en réaction aux
la presse quotidienne cherche un
modèle sans le vouloir homogène. Si
économiquement, il reste à inventer,
sa forme sera - elle l’est déjà - profondément influencée par la culture
du Net. La contribution des internautes à la presse en ligne actuelle en
est l’exemple le plus significatif. La
tendance est au participatif et à l’interactif à tous les étages et elle n’est
exempte ni de dérives, ni de bêtises.
Dans un récent article du Journal de
l’ARC(5), Roland Gerlier s’interrogeait
sur la pertinence de la place donnée
à l’auditeur roi, appelé à s’exprimer
sur tout et rien à longueur de certains
programmes radiophoniques. Le doute au sujet de ce manque d'à-propos
est tout aussi fondé lorsque l’on fréquente un bon nombre d’espaces réservés aux internautes sur les sites
d’information, ce compris sur les
meilleurs d’entre eux… L’émergence
de nouveaux citoyens journalistes,
voire citoyens reporters, aussi légitime et démocratique qu’elle soit,
n’en nécessite pas moins une vigilante et permanente modération.
Mais le constat est là : la liberté
d’expression et d’opinion n’est plus
le monopole des journalistes et il
faut s’en réjouir. Sur la toile, le point
de vue, la critique, le jugement sont
à tout le monde, à tout moment, sans
qu’ils soient cependant à la portée de
chacun sur tout sujet. D’où la nécessité, en amont, d’un tri sélectif en
rapport avec la qualité des contribu-
La création et l’animation de communautés de nouveaux acteurs de la
sphère journalistique est l’un des
nombreux défis à relever par les médias en ligne. Entre aire de défoulement et espace de dialogues, des choix
s’imposent tant au bénéfice du lecteur que du rédacteur professionnel.
Le journalisme conçu comme un enseignement a vécu et il est bon de
rappeler que “la liberté de la presse
n’est pas un privilège des journalistes, mais un bien collectif. (…)
l’exercice par les médias d’une fonction critique dans la société ne les
met pas eux-mêmes à l’abri de tout
regard critique.(6) ” Le temps du courrier des lecteurs, sous la forme d’un
espace exigu, et généreusement accordé à la parole d’un petit nombre
d’élus, est révolu. Celui des lettres
de reproches sitôt reçues, sitôt froissées puis jetées avec indifférence,
l’est tout autant. La presse quotidienne papier, à l'image de la presse
en ligne, doit maintenant s’ouvrir davantage et mieux dialoguer avec ses
lecteurs. En quelques années, le statut officiel du journaliste aura
changé, le nouveau média dominant,
Internet, l’aura précipitamment repositionné à hauteur de son lectorat.
Audimat mon amour
Parmi la pluralité des défis qu’elle a
à relever, la presse quotidienne est,
depuis son arrivée sur le Web, sou-
mise au contrainte de l’audimat, à
l’obligation de “faire du chiffre.”
Affre moderne du monde des médias
contemporains, cet impératif d’audiences fortes annonce le plus souvent quelques pratiques de séduction
douteuses voire certains dérapages
fâcheux. La gratuité et la publicité
étant les modèles économiques dominants, la course à l’accroissement
du nombre de visites d’internautes
en est le prix à payer pour assurer sa
survie. Si la richesse et la qualité du
traitement de l’information peut
amener le publicitaire à porter son
choix sur des sites de référence, il y
a fort à craindre que certaines rédactions soient tentées de passer de la
réactivité à l’hyperréactivité, plus ou
moins contrôlée, afin d’accroître leur
audience et par conséquent leurs recettes. La récente publication du
SMS de Nicolas Sarkozy à l’attention de son ex-femme, sur le nouvelobs.com, en est un exemple parmi
d’autres. Les annonceurs étant friands
de ce type d’ “information” - vérifiée
ou non, mais quelle importance ? -,
on peut prévoir une irrésistible montée en puissance du journalisme people dans les années à venir. On peut
aussi craindre de fréquents franchissements des bandes blanches des codes
de déontologie qui régissent la profession. Codes malheureusement “très
généraux, souvent datés et surtout
pluriels : chaque pays, chaque média,
chaque rédaction ayant le sien.(7)”
Un autre enjeu pour la presse en
ligne sera de se différencier des
“pures players(8)” du type MSN,
Google ou encore Yahoo qui tentent
de s’imposer en tant que médias alternatifs en s’accaparant une part
considérable des revenus publicitaires. A l’avenir, qui, des règles du
marché publicitaire ou de celles de
l’éthique de l’information, dominera
l’autre ? L’information-spectacle au
service d'une audience servira-t-elle
de modèle ? Et s’il ne s’agit pas de
remettre en question la diffusion gratuite de l’information, il apparaît cependant nécessaire que les pouvoirs
publics garantissent, et les citoyens
soutiennent et défendent, une presse
payante, ambitieuse, indépendante et
pluraliste. La bonne santé de nos
états et débats démocratiques en dépend. Il est vital de prendre conscience que la production d’une information de qualité a un coût (souvent
élevé), n’en déplaise aux chantres de
la gratuité et de l’open access(9) à
tout crins !
Marc Thomas
(1) troisième jambe
(2) http://jacfran1.skynetblogs.be/tag/1/diffusion
(3) http://directmatin.directmedia.fr/
(4) www.rue89.com, www.mediapart.fr,
www.bakchich.info
(5) “La radio, ici et là-bas”, in Le Journal de l’ARC
n° 95, janvier-février 2008
(6) Cornu Daniel, “Pour un journalisme loyal” in
Le Monde, 23-24 mars 2008
(7) Maurus Véronique, “Pour un journalisme loyal”
in Le Monde, , 23-24 mars 2008
(8) Entreprises exerçant uniquement leurs activités
sur Internet
(9) Concept du libre accès
3
> Être en ligne ou ne pas être
Cette gratuité accrue est à l’image
de l’évolution que l’on observe aux
Etats-Unis…
Tout à fait, le New York Times qui,
jusqu'il y a peu, faisait payer un certain nombre d'accès sur son édition
en ligne a, depuis septembre, très
largement étendu son offre de gratuité. C’est également ce que fait La
Libre et La DH depuis 2000. Certains grands titres font exception à
cette évolution : au Tijd, à L’écho ou
encore au Monde, les espaces abonnés et non-abonnés restent clairement définis. En ce qui concerne Le
Monde, la formule est plus qu’une
réussite puisqu’on compte plusieurs
centaines de milliers d'abonnés à 6
euros/mois pour bénéficier de l’intégralité du journal, de différents services interactifs et de newsletters
quotidiennes.
En observant la nouvelle maquette
du quotidien Libération, on contate que l’édition en ligne commence à influencer l’édition papier
tant sur le fond que sur la forme…
Je pense, qu’actuellement, la presse
en ligne n’influence pas encore suffisamment l’édition papier ! Il n'y a
pas que l’édition Web qui doit se réinventer, il y a aussi et surtout l’édition papier. L’importance éditoriale
accordée aux sujets dans l’édition
papier est l’une de ses forces mais le
traitement - le fond et la forme - doit
évoluer profondément. Libération a
réalisé une forme graphique que je
trouve réussie et qui rappelle effectivement un peu l’univers numérique.
prime son avis, critique le contenu
des articles et hiérarchise lui-même
l'information.
Sur le fond, je pense que la place accordée au factuel doit drastiquement
et vigoureusement diminuer dans les
journaux papier parce que la radio, la
télévision et Internet se sont déjà appropriés ce traitement de l'information. Ce que l’on faisait il y a quelques années dans l’édition papier :
un grand article qui rappelait les faits
puis un reportage et un témoignage
sur place, le tout greffé d'un petit
épinglé est dépassé ! Aujourd’hui, le
petit épinglé doit devenir le résumé
factuel, informant brièvement le lecteur sur des faits, au cas où, la veille,
il n’aurait eu accès ni à Internet, ni à
la radio, ni à la télévision. Par contre
les reportages, les enquêtes, les témoignages et tout ce qui fait la sensualité du papier doivent prendre de
l’ampleur.
qui nous différencie des sites d’informations du type Yahoo, MSN et
aux espaces interactifs qu'ils offrent,
c’est notre responsabilité éditoriale.
Cela dit, concrètement, on accorde
de trois manières différentes des espaces d’interventions aux personnes
extérieures à la rédaction. D’abord,
via notre espace forum où l’internaute peut s’exprimer sur des sujets
initiés par lui-même ou la rédaction
du journal, chacun réagit alors dans
cet espace de rencontre et une modération a lieu avant la publication.
Deuxième possibilité, nous consacrons un espace aux réactions suscitées par la parution des articles de la
Quelle(s) place(s) lui offrez-vous sur
votre site Web ?
Tout d’abord, je dois préciser que ce
rédaction. C’est un registre totalement différent, c’est une forme d’interactivité brève, un genre de partie
de ping-pong. Dès que l’article est
retiré, les réactions le sont aussi.
Troisième possibilité, ce sont les
“chat” ou conversations que nous organisons régulièrement avec un journaliste du Soir ou un invité. Dans le
cas, des réactions aux articles, la modération se fait par l’équipe du
forum du Soir, la rédaction et surtout
par les internautes eux-mêmes. Nous
avons lancé cette formule d’interactivité au mois d’octobre 2007, il faudra compter deux à trois ans pour
qu'elle mûrisse. A l'avenir, toute tentative de prise de pouvoir par le journaliste est condamnée à aller droit
dans le mur. C’est un réflexe papier,
une relation verticale avec le lecteur
qui est désormais obsolète. C’est là
une véritable révolution mentale à la
fois pour le journaliste et pour le lecteur. Mon souhait, pour aller vraiment plus loin en termes d'interactivité, serait de donner plus de pouvoir
à l'internaute, qu'il puisse choisir et
organiser lui-même, en fonction de
ses propres centres d'intérêts, les informations que nous mettons à sa
disposition.
tons désormais la radio : à la carte
et via la baladodiffusion…
Absolument ! Maintenant, ce qui est
intéressant, c’est que la hiérarchisation de l'information par des journalistes professionnels demeure en tant
que référence. L’internaute sera libre
et maître de ses choix, tout en ayant
la possibilité de se dire : “Tiens, au
Soir, au Monde, ils organisent la hiérarchisation de quelle manière ?
Tiens, je n’aurais pas pensé à ça, ni à
cette manchette, ni à ce lien ! Finalement, les journalistes de ces rédactions font bien leur boulot…” A
l'avenir, les journalistes devront laisser la possibilité à leurs lecteurs de
personnaliser l’information en ligne,
d'agir sur son contenu. L’internaute
fera sa place, selon son vécu culturel
et social et il sera libre de construire
son Soir en ligne.
Propos recueillis par
Marie-Hélène Boulanger et
Marc Thomas
Un peu à la manière dont nous écou-
L’ARC Général présente
leur parution. Le jour de parution, la
même proportion d’articles plus
“froids”, dans le domaine culturel
par exemple, sont également mis en
ligne. D'autre part, si vous surfez sur
le site via notre moteur de recherche,
vous avez accès aux archives. En tapant un mot, vous accédez ainsi à
tout article du journal en rapport avec
votre recherche, que cet article ait
paru le jour même ou précédemment. Ce service était jusqu'à présent
payant mais, et vous êtes les premiers à qui je le dis (NDLR : l’interview date du 1er avril), il sera gratuit dans le courant du mois de mai.
Toutes les archives, depuis 1989, seront alors accessibles gratuitement.
Enfin, l'internaute peut également
avoir accès aux articles de l’édition
papier via l’édition en format pdf, il
s’agit alors d’un copier-coller du
journal qui respecte sa forme graphique. C’est un service facturé un
euro mais qui est gratuit pour tout
abonné à l'édition papier.
(suite de la page 2)
L’émergence de blogs non-professionnels et l’interactivité engendrent également des changements
importants en rapport avec le statut des journalistes…
Là, il y a une révolution majeure. La
place et le statut occupés jusqu’à
présent par les journalistes est remise en question. Le rapport distant
et plutôt vertical entre celui qui écrit
et celui qui lit a vécu. Les dérives
professorales de journalistes donneurs de leçons aussi. Clairement,
Internet, c’est une perte de pouvoir
pour le journaliste. C'est une nouvelle réalité qu'il doit intégrer quelle
que soit sa génération. Aujourd'hui,
le journaliste ne décide plus seul de
la hiérarchisation de l’info. Avec les
développements de la presse en ligne
et du Web 2.0, on assiste à la naissance d'un nouveau lecteur qui ex-
CINQ LIENS POUR EN SAVOIR PLUS
> International
> Citoyenneté
> Liberté
> Agréation
AgoraVox est un site Web d'actualités
alimenté par des rédacteurs volontaires
et non professionnels. Le site se présente comme représentatif d’un journalisme “citoyen”. La politique éditoriale,
telle qu'elle est définie en ligne, prône la
“publication d'informations thématiques
inédites, détectées par les citoyens.” En
mars 2007, près de 10 000 volontaires
s’y sont inscrits en tant que rédacteurs.
Une version anglophone existe également.
Fondée en 1985, Reporters sans Frontières milite pour la liberté de la presse
dans le monde. Cette association internationale soutient les journalistes emprisonnés, torturés ou persécutés en informant les médias et l’opinion publique
via des campagnes de sensibilisation.
Elle agit également pour améliorer leur
sécurité en zones de conflit. Les recherches sont organisées par zones géographiques et/ou par thèmes.
L’Association Générale des Journalistes
Professionnels de Belgique (AGJPB)
remplit diverses missions légales (dont
la participation à la Commission
d’Agréation officielle au titre de journaliste professionnel), elle défend les intérêts de ses membres et joue un rôle important dans l’autorégulation déontologique de la profession. En Belgique, près
de 5000 journalistes sont agréés au titre
de journaliste professionnel.
Le guide des meilleurs journaux du Net.
En plus des 769 journaux francophones
sélectionnés ! 3 000 références en librairie complémentaires et 10 000 journaux
internationaux ! Giga Presse vous invite
à découvrir toute la presse mondiale. Le
site propose des liens assistés pour obtenir la traduction automatique en français de ces journaux ! Un excellent moyen de découvrir un autre point de vue
sur l'actualité mondiale.
www.wan-press.org
www.agoravox.fr
http://rsf.org
www.agjpb.be
www.giga-presse.com
Editeur responsable : Eric Znamensky : 20, rue de l’Association - 1000 Bruxelles - Tél.: 02/ 219 68 88 - Fax: 02/ 219 39 72 - E mail: [email protected] - Responsable de rédaction : Marc Thomas
Rédacteurs : Jean-Michel Defawe, Marie-Hélène Boulanger - Graphisme : Marc Thomas - L’ARC est soutenu par la Loterie nationale et reconnu par la Communauté française
Tout courrier : [email protected] - Imprimerie : Van Ruys - Membre de l’Association des Journalistes de la Presse Belge et Etrangère et de l’Organisation Mondiale de la Presse Périodique
4
> Grand angle
Fondée en 1948, l’Association Mondiale des Journaux ( World Association
of Newspapers) rassemble 72 associations nationales, les directeurs de journaux de 100 pays, 13 agences de presse
et neuf associations régionales de
presse. C’est une organisation non gouvernementale, sans but lucratif, qui défend de la liberté de la presse. Au total,
l’Association représente plus de 18 000
publications des cinq continents.