Benoît Virole Sauvons les garçons!
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Benoît Virole Sauvons les garçons!
Sauvons les garçons ! Benoît Virole1 Malgré les modes actuelles postulant la disparition de l’altérité entre les filles et les garçons et les constructions idéologiques niant, jusqu’à l’absurde, la part biologique dans la construction de l’identité sexuelle, les garçons continuent à marquer leurs préférences pour des jeux et des contenus culturels différenciés des filles, et inversement. Interpréter cette différenciation sexuelle, observable dès le plus jeune âge, comme le fruit d’une construction culturelle et de son relais par le marché, est typiquement une construction idéologique privilégiant la réalisation de désir sur la prise en compte de la réalité. Pour autant, cette différenciation n’est pas absolue, il existe des inversions et des mosaïques. Elle n’est pas exempte non plus d’une amplification idéologique par la prévalence inconsciente accordée par la culture à tel ou tel sexe, en fait souvent aux garçons. Pourtant, dans notre culture occidentale, la prévalence donnée aux valeurs dites « féminines », douceur, paix, tolérance, coopération, se heurte aux besoins masculins naturels existant plus chez les garçons, agressivité, intérêt pour la guerre, quête, compétition. La féminisation extrême du milieu éducatif et scolaire, et ceci jusqu’au dernière année de Lycée joue un rôle très important dans la promulgation inconsciente de ces valeurs et à la dévalorisation de l’agressivité, l’instinct de combat, l’affirmation solitaire de soi, la volonté de domination, l’esprit de conquête. La différenciation observable sur ce plan dans les jeux vidéo pour les garçons et les filles est très significative. Ce qui est réprimée dans notre culture réapparait dans les espaces virtuels. Nous interprétons ainsi la puissance attractive des jeux vidéo de guerre chez les garçons comme le retour du refoulé d’une culture qui a réprimé la nécessité du combat pour la construction de soi. Le même phénomène est moins marqué en littérature où la complexité des personnages, voire leur ambivalence sexuelle, peut être plus facilement évoquée. Dans le choix des personnages et des avatars choisis par les garçons, la question du choix de l’arme est centrale et elle recouvre souvent des fixations infantiles à des représentations phalliques. Mais le choix des armes est moins important que l’engagement dans la quête de la réalisation de soi par le combat, thème dont nous persistons à penser, au travers de notre expérience de psychothérapeute d’enfant et d’adolescent, qu’il constitue une dimension essentielle de la construction masculine de soi. Enfin, pour éviter tout malentendu dans un domaine sensible, reconnaître la différence des sexes ne signifie pas la justification de la suprématie de l’un sur l’autre, ni leur inégalité en regard du droit sociétal. C’est donc sur la complémentarité des sexes à notre sens, que doit porter notre effort de transmission pédagogique. 1 Psychologue, psychanalyste Contact : [email protected] www.benoitvirole.com