Table-Ronde-Recomposition-du-marché-des-telecom

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Table-Ronde-Recomposition-du-marché-des-telecom
V1. 22 avril 2014
Contact presse LEGOS
Laurent Durgeat / Prformance
Tel : 01 56 03 55 47 / 06 03 00 36 03
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Communiqué de presse
Recomposition du marché des
télécom professionnels : au-delà du
rachat de SFR par ALTICE
Mercredi 16 avril 2014 se tenait à l’initiative de Pascal Prot, fondateur et PDG de l’opérateur
LEGOS une réunion autour d’un thème brulant et polémique. « Rachat de SFR par Altice : ce
qui va changer pour les entreprises ».
Se sont exprimés à cette table ronde :
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Yves LE MOUEL, Directeur Général de la FFT,
Lionnel PIAR, Vice Président Télécommunications, CGI Business Consulting,
Pascal PROT, PDG de Legos,
Antoine FOURNIER, Directeur Adjoint, Stratégie et Economie Affaires
Réglementaires Groupe, Colt.
Table ronde LEGOS
Vous trouverez ci-dessous la retranscription des principaux verbatims
Yves LE MOUEL, Directeur Général de la FFT
Depuis la déréglementation du marché des télécoms, le phénomène de restructuration des acteurs de
ce marché, intervient selon des cycles réguliers : On a connu par exemple le démantèlement d’ATT
aux USA en 1984 en sept Opérateurs Régionaux (baptisés les « Baby Bells ») et qui depuis ont
fusionné pour donner naissance à 2 géants…ATT et Verizon.
En France, le milieu de la décennie 2010 a donné lieu à la disparition le plus souvent par fusion, de
nombreux acteurs de l’internet et des télécommunications (Club internet, AOL, Telecom Italia,
Cegetel, …) Telecom Italia et 9Cegetel étaient d’ailleurs membres fondateurs de la Fédération
Française des Télécoms fin 2007…
La première dynamique de restructuration du marché a été technologique. En particulier aujourd’hui
la convergence entre le fixe et le mobile : les acteurs présents sur un seul de ces marchés ont cherché
et cherchent à être présents sur les deux à l’instar de Vodafone en Europe qui rachète des câbloopérateurs. Le rachat de SFR par Numéricable entre totalement dans cette démarche, parce
qu’aujourd’hui, c’est ce que de plus en plus de clients particuliers et professionnels attendent (prix,
interface unique, simplicité) et pour les opérateurs c’est un outil « anti-churn » qui permet en outre de
stabiliser les revenus .
La seconde dynamique de restructuration est économique : dans un marché comme le marché
français, extrêmement concurrentiel, les prix sont bas ( baisse de - 22% dans les 5 dernières années,
parmi les plus bas des pays de l’OCDE, en fixe comme en mobile), le chiffre d’affaires est en chute
libre (- 16% sur les 3 dernières années pour Orange, SFR et BYT) et les marges s’écroulent (
EBITDA : - 26,8% pour le cumul des 3 opérateurs). La pression économique est donc extrêmement
forte.
Enfin une troisième
dynamique expliquant ces restructurations est la nécessité vitale pour ces
opérateurs d’investir lourdement pour faire face notamment au déploiement des nouvelles
infrastructures (4G mobile et Fibre optique pour le fixe). Un opérateur qui n’investit pas voit sa qualité
de service se dégrader rapidement et on considère qu’il se trouve sorti du marché au bout de 3 ans.
Tous ensemble, les opérateurs investissent chaque année en France environ 7 milliards €, hors achat
des fréquences (3,5 Mds€ pour la 4G). Il est donc vital pour eux qu’ils conservent leurs capacités
d’investissement.
On peut dire à ce stade que le phénomène de restructuration du marché n’est probablement pas
achevé, pas plus en Europe qu’en France. En effet, sur le continent européen les tensions
réglementaires et concurrentielles sont très fortes et vont pousser le marché à évoluer encore, alors
même que, comme dans un vaste mouvement sismique, les acteurs de la plaque nord-américaine
sont prêts à prendre des positions en Europe et que la plaque asiatique est aussi en mouvement.
Table ronde LEGOS
Lionnel PIAR, Vice Président Télécommunications, CGI Business Consulting
Dans ce contexte le marché des services télécoms aux entreprises joue sa propre partition tout en
éveillant les craintes de certains qu’une augmentation des tarifs pourrait résulter des sommes en jeux
dans ces opérations de rachat.
Si l’on veut se montrer provocateur, on pourrait dire que pour plus de 80% du marché rien ne va
changer à court terme puisque une des caractéristiques du marché Entreprise est sa concentration. En
effet, Orange, SFR et Numéricable ont à eux trois plus de 80% des parts du marché Entreprises. Ce
phénomène de concentration devrait d’ailleurs encore s’accentuer puisque l’ambition du nouveau
Groupe SFR-Numéricable est de passer de 20% de parts de marché aujourd’hui à 30% à moyen
terme.
Néanmoins, la question que nous pouvons légitimement nous poser concerne les attentes et besoins
actuels qu’a une entreprise vis-à-vis de son ou ses fournisseurs de télécommunications
Le marché des Entreprises, en plus de sa concentration est également très segmenté. En effet les
besoins sont très différents entre une TPME, une PME ou une multinationale. Une TPME aura des
besoins proches de ceux du particulier, quand une PME recherchera des offres ou des services en lien
direct avec son activité ou avec sa présence géographique. Une multinationale cherchera un opérateur
global, capable de l’accompagner dans son développement international (c’est pour cela notamment
que Téléfonica et Bouygues Télécom ont signé un partenariat : Téléfonica cherchait à enrichir son
offre par une présence en France). Une grande société aura des besoins spécifiques comme la gestion
d’une flotte de plusieurs milliers ou dizaines de milliers d'appareils. Elle voudra sécuriser ses données
de bout en bout depuis l’utilisateur final en mobilité jusqu’aux data center au sein de sa DSI.
Ce marché est également un marché encore très captif, bien plus que le marché des particuliers.
Cela tient à des attentes fortes des entreprises vis-à-vis de leurs fournisseurs télécoms :
De la qualité de service, de la disponibilité, du très haut débit
De la sécurité : une entreprise ne va pas changer de fournisseurs au risque de mettre en péril
son activité, son business
En 2014 les entreprises recherchent des offres télécoms entrant dans leur stratégie de
transformation métier ou qui leur permettent de mettre en œuvre leur stratégie. Une entreprise voit
donc aujourd’hui les services télécom qu’elle achète comme un moyen :
De créer de nouvelles sources de revenus
De développer le télétravail
De simplifier la mobilité ou de sécuriser ses échanges de données
De diminuer ses coûts : par exemple est-ce que l’offre télécom que j’achète me permet de
délocaliser une partie de mon centre d’appel ou bien aurais-je accès à des applications cloud avec un
haut niveau de sécurité et avec de bon temps de réponse
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Une des conséquences possibles de la recomposition actuelle du marché peut être la hausse des prix.
Certains craignent en effet une hausse des prix pour les entreprises du fait de la situation de duopole
créée : nous pensons que non. A niveau de service égal, la hausse des coûts n’est pas d’actualité
D’une part dans les Entreprises, les DSI comme les directions achats se sont professionnalisés dans
l’achat de services Télécoms. Ils se font parfois aidés par des sociétés comme CGI dans la définition et
le déroulement de leurs Appels d’offres.
D’autre part, ce risque semble écarté du fait de la très forte segmentation du marché professionnel en
une multitude de centres de profit qui dépendent du lieu (opérateurs locaux, régionaux ou
internationaux) des usages (outil de conférence, très haut débit…) ou des métiers (banque, finance,
industries médias) concernés par les infrastructures et les services.
Pascal PROT, PDG de Legos
Le secteur des télécoms est celui qui a fait face aux plus nombreux bouleversements et révolutions
tous secteurs confondus depuis le début des années 80. En conséquence, il n’est pas étonnant de voir
se poursuivre de nombreuses mutations, comme l’ouverture du marché des télécommunications fixes
en 1998, marquant la fin du monopole de l’opérateur historique ou plus récemment comme l’arrivée
de Free ou de MVNOs (Mobile Virtual Network Operator) ou enfin comme la course à l’innovation
initiée ces dix dernières années par le jeu concurrentiel des nouveaux opérateurs alternatifs et des
acteurs Over-The-Top (OTT), dont Microsoft, Google ou Facebook.
Cette évolution constante et incessante à laquelle fait face le secteur des télécoms n’en reste pas
moins synonyme d’opportunités, car le marché est profitable malgré la morosité ambiante, et poursuit
son développement, favorisé par des ruptures réglementaires et technologiques.
En France, un marché sur lequel le câble restait étonnament une technologie marginale en terme de part de
marché pour les accès internet Haut Débit et les services triple play (contrairement aux Etats Unis ou dans
d’autres états européens), le rachat de SFR par Altice rétablit le rapport de force entre infrastructures et services
En outre, si la France est à la pointe sur le marché du grand public avec ses offres « triple play »
(internet, téléphonie illimitée et télévision) rendues possibles par un équipement haut débit parmi les
Table ronde LEGOS
meilleurs d’Europe, elle est très en retard sur le marché du BtoB. Celui-ci constitue un gisement
encore inexploité et promis à un bel avenir car les entreprises s’orientent vers une utilisation accrue
des services liés à l’IP, notamment avec l’avènement du Cloud.
Encore récemment, de nouveaux services ont encore accentué cette segmentation des usages : voix
administrative, voix mobile, audioconférence, Visio conférence, communication unifiée ( service Lync de
Microsoft, ou Jabber de Cisco), géo localisation de flottes. Les clients entreprise ignorent souvent la
complexité des opérateurs qui se nichent derrière ces applications.
Actuellement les marques étudient les stratégies adéquates pour devenir les opérateurs de demain
grâce aux services en marque blanche (NRJ, Crédit Mutuel ou Darty ont joué le rôle de pionnier) et les
premier clients de MVNO tels que Legos démontrent l’appétence du marché pour de telles offres Les
experts peuvent néanmoins s’accorder sur le fait que le mouvement va se poursuivre et s’amplifier ;
Cette coopétition entre les acteurs du marché, tour à tour partenaires, fournisseurs clients et
concurrents est aujourd’hui la meilleure garantie d’une stabilité des prix et des services proposés aux
entreprises.
Antoine FOURNIER, Directeur Adjoint, Stratégie et Economie Affaires Réglementaires
Groupe, Colt.
Dans ce contexte de coopétition, l’élément fédérateur et intangible pour assurer l’avenir du secteur
des Télécoms restera l’innovation.
En effet le marché entreprise va connaître une concentration inédite sur le fixe avec le rapprochement
du troisième acteur avec le second. Car au delà des chiffres Ce rapprochement s’accompagne par
ailleurs d’une intégration totale avec une activité résidentielle et une activité mobile : les deux
premiers acteurs du marché entreprise seront donc totalement intégrés verticalement, des
infrastructures fixes et mobiles aux services en mutualisation activité résidentielle et activité
entreprise.
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Depuis quelques années, plusieurs « Full MVNO 1 » sont apparus sur le marché français avec des
propositions de prestations de plus en plus flexibles et complémentaires des opérateurs de réseau. En
parallèle le dégroupage de la fibre pour les entreprises, en préparation depuis la fin de l’année 2012,
va enfin s’ouvrir cette année. Cette nouvelle étape dans le dégroupage va permettre de répondre aux
besoins spécifiques des entreprises ; sécurité et qualité de service. Le Très Haut Débit va également
devenir une réalité pour les entreprises.
L’enjeu à l’échelle du marché entreprise tient en trois chiffres : 400 000, moins de 500€ et plus de
100 Mbps :

400 000 correspond au nombre d’établissements d’entreprises encore raccordés via le réseau
cuivre contre seulement 50 000 via un réseau de fibre avec des offres incluant des garanties de
sécurité et de qualité de service.
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Moins de 500€ par mois correspond au budget moyen des 400 000 établissements
d’entreprises raccordés via le réseau de cuivre mais avec une limitation en débit autour de 10 Mbps.
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Plus de 100 Mbps est le débit disponible grâce au dégroupage de la fibre qui va permettre
l’apparition d’offres combinant un réel Très Haut Débit supérieur à 100 Mbps, des garanties de
sécurité et de qualité de service et surtout un budget comparable à celui actuellement pratiqué sur le
réseau cuivre : inférieur à 500€/mois.
Colt a fait le choix d’accompagner l’ouverture du dégroupage de la fibre à travers l’Europe. Les
premiers services seront ainsi disponibles en France d’ici quelques mois.
A propos de LEGOS
Depuis 2007, année de lancement de son service opérateur, Legos a engagé une démarche visionnaire afin
d’offrir à ses clients les meilleures technologies et services de téléphonie. Précurseur dans l’usage de la norme
SIP, devenue le standard universel en matière de communication unifiée, il deviendra en avril 2014 le premier full
MVNO à proposer ses services de téléphonie fixe et mobile en « marque blanche » aux marques professionnelles
et grand public.
La BPI ( Banque Publique d’Investissement) vient de valider l’accompagnement financier de ce projet innovant de
service de téléphonie convergente fixe-mobile. Legos a réalisé pour son exercice 2013 un Chiffre d’affaires de 2,5
millions d’Euros.
Plus d’infos sur le site www.legos.fr
1
Full MVNO signifie « Mobile Virtual Network Operator » ou opérateur mobile virtuel. Lorsqu’un MVNO est
qualifié de « Full », cela signifie qu’il dispose de ses propres équipements réseau et donc qu’il contrôle les
services et les innovations qu’il offre à ses clients.
Table ronde LEGOS