l`enfant qui mord a la creche

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l`enfant qui mord a la creche
L’ENFANT QUI MORD A LA CRECHE
POURQUOI LES PETITS MORDENT-ILS ?
Les bébés peuvent mordre pour plusieurs raisons et, même si cette action est ressentie comme
agressive, il n’est pas évident qu’elle le soit toujours pour le bébé qui vient de mordre. C’est
fréquent avant 3ans. Son cerveau encore immature ne lui permet pas de réaliser toute
l’importance que l’adulte accorde à cet acte.
Il mord parce qu’il a mal aux dents : en période de poussée dentaire, le bébé souffre des
gencives et ne cherche qu’à se soulager, et pour lui, il ne fait pas toujours une grande différence
entre un jouet et la main du petit copain.
Il mord parce qu’il découvre : pendant cette longue période d’oralité, surtout avant un an,
la bouche est le vecteur de sa vie affective et émotionnelle, le monde extérieur s’appréhende par
l’intermédiaire de la bouche et des dents : la découverte peut se vivre par la morsure.
Il mord pace qu’il goûte : on pense aussi que la bouche donne accès aux odeurs et l’odorat
lui permet de découvrir son environnement. Malheureusement, parfois il va beaucoup plus loin
que uniquement sentir.
Il mord parce qu’il aime : je t’aime tellement que je te croque, cet élan affectif se lie à la
morsure. D’ailleurs, beaucoup de parents jouent à ce jeu : « viens que je te mange ». C’est une
fusion « dé-mordante », euh..débordante.
Il mord parce qu’il se défend : quand un bébé veut se saisir d’un objet que l’autre a dans
les mains, ce dernier pour défendre son bien se cramponne, et finit par mordre s’il est trop en
difficultés (pas bête pour faire lâcher prise !).
Il mord parce qu’il veut un jouet : situation inverse, là, c’est pour s’emparer de l’objet que
l’autre ne veut pas céder. Franchement, il y a un âge où ils ne savent pas bien contrôler leurs
émotions ces trésors….Va falloir apprendre les mondanités.
Il mord parce qu’il est submergé par une pulsion agressive, souvent après un an : le bébé
ne contrôle pas ces pulsions et lors de frustration ou de souffrance, une réaction incontrôlable
agressive n’est jamais loin. Ils peuvent même parfois se mordre eux même… On voit des enfants
« récidivistes », vivant dans des familles où les relations sont tendues voir dures, dans ce cas ils
recréent les relations violentes qu’ils vivent au quotidien. Parfois la peur et l’insécurité qu’ils
ressentent d’être séparé de leurs parents qui ne les auraient pas suffisamment préparé à cette
séparation. Tout évènement stressant, le changement de ses routines, de son rythme de vie, un
déménagement, la naissance d’un petit frère, un divorce….sera vécu avec douleur à laquelle il
répond par de la peur et donc de l’agressivité.
Il mord parce que c’est un mode de communication : privé de langage, la bouche qui ne
sait pas encore élaborer des sons, s’exprime de façon primaire pour envoyer un message
d’attention, d’alarme avec celui avec lequel il veut rentrer en communication. Malgré tout, il
souffre de ne pouvoir s’exprimer clairement.
QUE FAIRE LORSQU’IL MORD ?
GARDER SON CALME : l’adulte ne doit pas se laisser contaminer par la violence de l’acte et
devienne lui-même violent. L’enfant serait encore plus déstabilisé. Ne pas dramatiser même dans
des situations de morsure récidivante. De cette manière, l’enfant gardera confiance en l’adulte qui
s’occupe de lui à la crèche et se sentira sécurisé. Une réaction de violence et de peur vous
enfermerait dans un cercle vicieux. Une réaction excessive peut encourager un enfant à mordre
davantage.
UTILISER LA PAROLE : il faut consoler l’enfant mordu. Il faut mettre des mots sur ce qui vient
de se passer. Commenter l’action, les raisons, les conséquences, les émotions que ce geste suscite
pour les uns et les autres. Mais il faut aussi rappeler la loi, l’interdit de faire mal, l’interdit de
mordre un enfant ou un adulte. Il faut le dire avec un ton ferme et assurer, sans crier, sans violence
verbale, ni physique, en étant parfaitement convaincu de son propos, en se mettant à la hauteur
de l’enfant et en requérant son attention. Il a le droit d’être en colère, d’être triste ou fâché, mais il
n’a pas le droit de faire mal, ni de mordre.
OFFRIR D’AUTRES SOLUTIONS A L’ENFANT : il faut lui permettre d’une part d’extérioriser sa
pulsion agressive autrement et d’autre part de l’exprimer dans des jeux.
Pouvoir mordre dans autre chose : doudou, une poupée, un jouet. Certaines équipes de crèches
ont construit des « bêtes à taper », sorte de peluches confectionnées avec des tissus de bric et de
broc et sur lesquelles les enfants peuvent se défouler. On peut demander aux enfants plus grands
de verbaliser, les inciter à exprimer leurs émotions. Parler est toujours mieux que mordre.
Proposer des activités ludiques dans lesquelles les enfants trouvent l’occasion d’exprimer leurs
pulsions agressives : pouvoir détruire des tours, déchirer des feuilles, taper sur des objets…sont
autant de manière de décharger un trop plein de frustrations.
VEILLER A L’INSTALLATION D’ENVIRONNEMENTS LUDIQUES RICHES : il importe que les enfants
aient l’occasion de laisser de côté leur pulsion agressive au profit du jeu. Il faut des espaces
ludiques riches en qualités et en nombre suffisant en rapport avec le nombre d’enfants.
ACCOMPAGNER LES ENFANTS DANS LE JEU : les adultes doivent se rendre disponibles, pour
pouvoir porter un vrai regard sur eux et avoir un langage approprié à propos de ces activités.
L’accompagnement n’est pas de la surveillance, cela va au-delà, c’est pénétrer dans le monde de
l’enfant.
La morsure ne résulte jamais d’un défaut de surveillance, car elle se produit brutalement et il est
pratiquement toujours impossible d’arrêter le geste de l’enfant. Par contre, l’absence d’un réel
accompagnement, de réelle attention à l’enfant, de regard envers l’enfant peut conduire à ne pas
faire cesser les morsures. La morsure ne doit pas être banalisée ni dramatisée, ni faire stigmatiser
l’enfant. Toutefois, si persistante après 3 ans, mieux vaut en parler au pédiatre.