"maria nefeli" (marie des - Copyright 2005 Phyz`n Corp.

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"maria nefeli" (marie des - Copyright 2005 Phyz`n Corp.
Angélique
IONATOS
~
Dossier de Presse
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Photo : Arièle Bonzon
Biographie
Née à Athènes, Angélique Ionatos quitte son pays en 1969 pour s'installer en Belgique puis en France. En 1972, elle
enregistre en duo avec son frère Photis son premier 33 tours "Résurrection" qui obtiendra le "Prix de l'Académie Charles Cros"
et marquera le début de sa carrière en France. Suivra un second 33 tours avec son frère avec des chansons en français de
leur composition. En 1976, le duo se sépare et Angélique Ionatos décide de composer uniquement sur des textes de poètes
grecs contemporains. Elle enregistre son 33 tours, "I Palami sou" (voix- guitare) qui obtiendra aussi le "Grand prix du Disque
de l'Académie Charles Cros ", puis deux ans plus tard "La forêt des hommes" où elle met en musique des poèmes du Prix
Nobel grec de littérature Odysseus Elytis. Dans cette même veine d'inspiration, elle réalisera "O Helios o Heliatoras".
En 1984, elle fait la connaissance du baryton grec Spyros Sakkas et inspirée par sa voix et son charisme, se met à la
composition du poème scénique de Odysseus Elytis "Maria Nefeli" (Marie des Brumes). Cette œuvre marquera la fin des
tournées en solo d'Angélique Ionatos. En effet, elle demande à son compatriote et chef d'orchestre d'Amiens Alexandre Myrat
l'orchestration de cette cantate à deux voix. "Marie des Brumes" sera créée au Théâtre de la Ville à Paris et l'album,
enregistré en direct au Théâtre de Sartrouville, obtiendra le "Grand Prix Audiovisuel de l'Europe".
1988 : Suivra la mise en musique par Angélique Ionatos du "Monogramme" ( Sept poèmes d'amour de Osysseus Elytis) pour
petit ensemble et petit chœur masculin . Cette fois-ci, l'orchestration est faite par l'argentin Gustavo Beytelmann. Dans la
même période, Angélique Ionatos devient "Artiste associée" au Théâtre de Sartrouville où elle résidera jusqu'en 2000.
En 1990, elle crée le spectacle "Archipel" avec Jean-François Roger aux percussions et Paul Broutin au violoncelle. C'est
encore Gustavo Beytelmann qui assurera les arrangements musicaux. La mise en scène est de Joël Jouanneau. Puis elle fait
une deuxième rencontre importante avec la chanteuse grecque Nena Venetsanou qui lui donnera envie de composer pour
deux voix de femmes. Encouragée par son poète de prédilection, Odysseus Elytis, elle entreprend la mise en musique des
poèmes de Sappho (7° siècle avant J.C) et crée en 1992 l'œuvre " Sappho de Mytilène " avec les arrangements de Christian
Boissel. Les poèmes sont chantés en grec ancien ainsi que dans la traduction en grec moderne qu'en a fait Odysseus Elytis. Le
spectacle, là encore, sera créé au Théâtre de la Ville à Paris et l'album obtiendra le " Grand prix du Disque de l'Académie
Charles Cros ". Suivra une longue tournée en France et à l'étranger.
En 1993, son nouveau tour de chant, "0 Erotas " marquera le début de la collaboration d'Angélique Ionatos avec des musiciens
qui deviendront de vrais complices pour de nombreuses années : Henri Agnel (cordes et percussions) , Jean-François Roger
(percussions) et Renaud Garcia-Fons (contrebasse). "O Erotas" est joué à l'Olympia pendant une semaine et parallèlement
sort l'album éponyme, son dixième.
En 1994, retour de son autre collaborateur et complice, Christian Boissel. Ensemble, ils enregistrent une œuvre originale de
Mikis Théodorakis, "Mia thalassa" sur des poèmes de Dimitra Manda. Angélique Ionatos est accompagnée au piano par
Christian Boissel, par Hélène Dautry au violoncelle et par Renaud Garcia-Fons à la contrebasse. Ce spectacle tournera
pendant une année et demie et aura un grand succès, en particulier outre-atlantique.
En 1995, deux nouvelles créations : "Chansons nomades" (créé à la salle Stravinsky à Montreux) et "Parole de juillet" ("Iouliou
Logos") sur le poème éponyme d'Odysseus Elytis. Il s'agit d'une élégie pour petit ensemble instrumental et trois solistes. A
cette occasion, elle retrouve la complicité de son ami Spyros Sakkas. Les arrangements sont d'Henri Agnel. L'œuvre est
donnée en première en France au Théâtre de la Ville à Paris ainsi qu'à Thessalonique, au Théâtre de la Grèce du Nord à
l'occasion de l'anniversaire de la mort du poète Odysseus Elytis.
Deux ans plus tard, Angélique compose " La statue merveilleuse " d'après le conte " Le prince heureux " d'Oscar Wilde. Il s'agit
d'un petit opéra pour enfants commandé par la Délégation départementale ( pour la musique) des Alpes Maritimes . La
création se fait au Palais des Festivals de Cannes puis suivent trois représentations à l'Opéra de Nice avec l'orchestre de
Cannes. L'orchestration est de Christian Boissel. Mise en scène Ezechiel Garcia-Romeu
Puis Angélique Ionatos revient à une forme de récital plus intime. En effet, en 1998, elle joue au Théâtre des Abesses
pendant quinze jours " Chansons nomades " avec pour seul compagnon son complice Henri Agnel aux cordes pincées et aux
percussions. La même année sort l'album du même titre.
En 1999, création au Théâtre de Sartrouville du " Sanglot des anges ", nouvel hommage à Mikis Théodorakis. Cette même
année, création au Festival d'Avignon du spectacle de Wladislaw Zmorko, "Corrida" où, pour la première fois, Angélique
Ionatos rejoint l'univers théâtral.
En 2000, Création au Théâtre de la Ville de "D'un bleu très noir". Angélique est accompagnée par Henri Agnel, Michael Nick,
Cesar Stroscio . Ce spectacle est ensuite repris pendant un mois au Café de la danse ( Paris) en 2001 puis cinq jours au
Bataclan en 2002 avec comme invités : Misia, Lambert Wilson, Sonia Wieder-Atherton, et Juliette.
En 2003, Angélique crée à La Maison de la Poésie "L'Alphabet de la mer" durant un mois. Ce spectacle est un hommage à ses
poètes préférés Odysseus Elytis et Sappho qu'elle a traduit en français. Avec elle sur scène, un seul musicien, Michaël Nick,
violoniste. La mise en scène est de Jean-Claude Feugnet.
En 2003, elle enregistre l'album "Alas pa' volar" où pour la première fois elle délaisse sa langue maternelle pour chanter en
espagnol des textes extraits du journal de la peintre mexicaine Frida Kahlo mis en musiques par Christian Boissel. L'album
sort en octobre 2003 et le spectacle inspiré de l'album est mis en scène par Omar Porras et créé au Théâtre des Abbesses en
octobre 2003. L’adaptatin des textes de Frida Kahlo est de Christine Ferarios.
En 2004, pour la première fois, Angélique Ionatos sort un album regroupant ses plus grands titres : « Anthologia » (2004Naïve).
En 2005, Angélique Ionatos crée « Athènes Paris Via… » au Théâtre du Châtelet à Paris.
Discographie
1972 :
Résurrection
1986 :
Récital
1996 :
Parole de juillet
1975 : Angélique
et Photis Ionatos
1988 :
Le Monogramme
1998 :
Chansons nomades
1978 :
I Palami sou
1989 :
Archipel
2000 :
D’un bleu très noir
1981 :
La Forêt des Hommes
1991 :
Sappho de Mytilène
2003 :
Alas Pa’ volar
1983 :
O Helios O Heliatoras
1992 :
O Erotas
2004 :
Anthologie
1984 :
Marie des Brumes
1994 :
Mia Thalassa
Revue de presse
Angélique Ionatos chante Mikis Theodorakis
Théâtre de Béziers (programme) Dominique Darzacq
Angélique Ionatos chante Mikis Theodorakis
Tous deux sont du pays où s’invente la poésie.
Entre Angélique Ionatos et Mikis Théodorakis, c’est affaire d’identité et de racines
qui colorent pareillement leurs musiques. Ils ont une commune manière d’être dans
le présent du temps sans renier la tradition, d’allier le savant et le populaire. Tous
deux, il est vrai, sont du pays où s’invente la poésie. Depuis l’antique tradition des
aèdes, depuis Homère, le poète et le musicien sont les passeurs d’histoires et de
l’Histoire. Parce que « la poésie grecque porte en filigrane la musique et qu’elle
est une suggestion permanente pour un compositeur » l’un et l’autre puisent à la
source des poètes contemporains leur inspiration.
Le magique écrin.
Les très beaux poèmes de « Mia Thalassa » sont de la poétesse Dimitra Manda.
La voix ample et profonde d’Angélique Ionatos est le magique écrin qui magnifie
les chaleureuses sonorités de Théodorakis. Mia Thalassa c’est l’eau et les rêves, la
mer et les corps désirés, les baisers de la nuit noire et ceux du soleil levant, c’est
une suite aquatique et amoureuse pour voix et instruments. C’est l’envoûtement
d’un spectacle dont la beauté se tisse de l’exceptionnelle virtuosité des musiciens
et de la complicité que la chanteuse entretient avec eux.
Dominique Darzacq
Revue de presse
Sappho de Mytilène. Extraits presse. 1991
[…] L’une et l’autre mêlant leurs voix de beau métal, ou les séparant pour
s’avancer individuellement, en toute noblesse, au cœur nu du verbe chanté, c’est
un enchantement grave dans une langue dont la signification nous fuit mais dont le
sens profond ne nous échappe jamais. […] Joël Jouanneau a conçu un rythme de
halètement souple pour le tout, qui vous transporte littéralement en une contrée
d’idéale beauté. Un objet rare.
Jean-Pierre Léonardini – L’Humanité – 22 avril 1991
[…] Ce disque, ombre sonore d’un superbe spectacle (co-produit par les Théâtre de
Sartrouville, de la Ville de Paris et par la Maison de la culture de Chambéry), est
d’une universalité et d’une modernité singulière. Angélique Ionatos n’a pas
seulement sa voix de contralto solaire pour donner chair à Sappho, elle a aussi le
« feeling » qui convient pour « actualiser » les poètes, qu’ils s’appellent Cavafis,
Ritsos, Anagostakis ou Elytis. Dans ce disque elle fait appel à une complice Nena
Venetsanou, chanteuse grecque à la délicieuse voix de mezzo. Un duo magique
pour une musique pleine de lumière et de ces paysages égéens.
Franck Tenaille – La Monde de la Musique – novembre 1991
Revue de presse
Le printemps de Bourges – Le Palais des Congrès
L’Humanité / Jean-Pierre Léonardini/ 1987
Angélique Ionatos au Palais des Congrès
Une beauté d’arc tendu
Elle chante dans sa langue les poètes de la Grèce, avec la voix d’Antigone
Loin du fracas des sonos survoltées, le dimanche de Pâques nous a offert au Palais
des Congrès une après-midi de ferveur (on n’ose dire d’intimité, à cause de
l’ampleur du lieu, peuplé d’une foule attentive).
Angélique Ionatos a la passion de l’essentiel. Elle chante les poètes de son pays,
qui en a tant vu naître : Ritsos, Cavafy, Elytis… Elle est assise, simplement, dans
une robe blanche. La voix qui jaillit de cette mince créature brune a des accents
de bronze. C’est la voix même d’Antigone, qui rappelle aux vivants l’existence des
morts de l’Histoire en sonnant le tocsin de la mémoire. Rien d’archaïque, pourtant,
dans la posture. Ses doigts, sur la guitare, n’ignorent pas la virtuosité moderne. Ses
brefs commentaires, avant chaque chant, témoignent d’une bonté noble, d’une
sorte de fierté amicale. C’est qu’elle porte au plus haut la parole d’urgence d’un
peuple aux longues racines, à qui l’humanité est infiniment redevable.
Cette beauté d’arc tendu, cette force du dedans bondissant au dehors dans une
langue à la fois proche et lointaine, médusent le public qui passe en un clin d’œil
de l’écoute recueillie à l’ovation brûlante. L’exigence farouche saisit plus
durablement le cœur que l’exhibition frivole. […]
[…] suite de l’article sur Paolo Conte.
Revue de presse
A l’Olympia (journal de l’Olympia)
Angélique Ionatos O Erotas mars 93
Les chemins du ravissement – Sylvie Coulomb
Il y a quelques années Angélique Ionatos, invitée sur la croisière Télérama en Méditerranée a
chanté seule a capella sur la scène immense du Théâtre d’Epidaure.
Elle était émue dans sa robe bleue et blanche aux couleurs de la Grèce, dans ce lieu mythique, à la
fois incarnée et intemporelle Angélique Ionatos semblait nous attendre depuis quelques milliers
d’années.
Il était évident que je devais la retrouver un jour sur le Mont Olympia mi-prêtresse, mi-déesse,
dans le temple de la chanson.
Bravo à Jean-Michel Boris de l’avoir invitée.
Claude Le Bihan
Directeur de l’Action culturelle de Télérama
Les chemins du ravissement
Il se trouve que la poésie est grecque, comme elle est née au pays du commencement de la parole.
C’est avec la calme exaltation qui est sa signature qu’Angélique en invente la mise en musique
comme on dirait la mise en lumière ou la mise en ferveur. Sûre qu’il faut servir ainsi qu’on le fait
d’une idée précieuse et humblement. Adverbe qui propose la magie, las amants le savent.
Angélique Ionatos est leur complice, comme eux, se tenant posément à l’écart de l’ordinaire
puisqu’il n’apporte que peu de joie. Leur offrant en revanche « O Erotas », de l’amour. Vaste
programme, toujours inédit aux boucles d’Angélique emmêlé.
Oui, il y a ensuite les mots des poètes à porter aussi naturellement qu’un bijou extravagant, mais
reçu en héritage donc jamais déplacé. Ce n’est pas la moindre des audaces d’Angélique que de
n’avoir pas résisté à la tentation de chanter : « je prends le printemps avec précaution et je
l’ouvre », Odysseus Elytis se tient dans la paume ouverte d’Angélique Ionatos. Lui reste alors à
inventer les sortilèges qui le souffleront jusqu’à nous. Une orfèvrerie qui est la sienne : ciseler la
châsse idéale pour que luisent à leur aise ces pépites qui n’attendaient que de nous captiver : « Je
prends le printemps et je l’ouvre ». Elle l’ouvre. Elle nous conduit sans faute sur le chemin du
ravissement, décidément.
Enfin, il y a cette voix. Basse et profonde comme le secret dont la grâce est de laisser soupçonner
qu’elle saura s’envoler. Plus que sombre, plus que lente, frissonnante, un foulard de soie, si
tentante. C’est une fièvre contenue dont nous aurions le bref désir d’être contaminés les yeux
fermés, si le spectacle de la gorge frêle qui l’abrite n’ajoutait pas encore du plaisir au chant.
Douloureuse comme les jupons de la poésie, en volutes comme les jupons des danseuses, puissante
et douce, nerveuse aussi, c’est peu dire qu’Angélique donne de la voix. Littéralement comme
chantent les femmes depuis le fond des temps, pour consoler un instant les hommes de l’état du
monde. A sa manière vive, la voix d’Angélique disperse l’inquiétude en délivrant l’incessant
message des chanteurs : il existe de la beauté, il y a de la joie à entendre la parole de ceux qui le
fréquentent. Il y a de l’ardeur à capturer dans la détresse des poètes, dans leur espoir aussi. Ainsi
danse la voix d’Angélique cependant que pareillement dansent ses doigts précis sur sa guitare. La
guitare d’Angélique qui nous fait souvenir que l’arabe l’a inventée, qu’elle loge aussi la flamenco
dans son ventre. Ainsi s’élève la musique amie de la voix d’Angélique.
Le Sud est-il le ciel du lit ? Le poète le prétend. A regarder Angélique rayonner, les lumières de
scène accrochées à ses cheveux noirs, prête au plaisir en cette seconde qui précède le chant, il est
clair qu’elle acquiesce. Et c’est en souriant.
Sylvie Coulomb
Revue de presse
Libération – lundi 2 mai 1983
Patrick Erouart-Siad
UNE VOIX ULTRA MARINE
La chanteuse grecque Angélique Ionatos est au théâtre du Forum des Halles
jusqu’au 7 mai. Avec, en première partie, le jeune Portugais Fernando
Marques.
Une petite gerbe d’harmoniques s’échappe des cordes de la guitare.
Le temps de quelques reflets sur la table de l’Ovation et la voix jusque-là en
sourdine repart sur des modes plus affirmés. Du suave au rude, du vibrato à la
sécheresse la plus desséchante. Angélique Ionatos est bel et bien là, sur cette
scène du théâtre du Forum des Halles, dans cette présence multicolore. Pas une
seconde d’emphase, pas de brio inutile ni de grandiloquence. Le talent de cette
petite grande dame de la chanson est tout pétri de sobriété. Dans la vie, son autre
garde-fou est l’humour. Une rire-regard sur les choses, froid et raffiné, qui étonne
chez cette méridionale née à Athènes.
Grecque, elle l’est, de forme et de cœur, mais se donne le droit de
chanter « sa belle et étrange patrie » sans en être ni porte-voix ni porte-parole.
Elle insiste. Arrivée en Belgique à l’âge de 15 ans, pour y poursuivre des études,
elle n’a jamais mené de carrière dans son pays d’origine. Le duo à succès formé
quatre ans après avec son frère Photis est largement francophone. Depuis leur
séparation en 1977, Angélique, solo, a pris le parti de chanter exclusivement en
grec. Elle fait chanter sa langue maternelle comme un chant d’exil. Tour à tour
rumeur gitane ou blues bengali. Tout à fait universel en tout cas. Son parti-pris
principal depuis : servir ses grands classiques de la poésie. Les Cavafy, Ritsos,
Mortoyas, Elytis qu’elle nous recommande chaudement pendant le spectacle par
des courtes traductions françaises. Les poètes grecs ont bien de la chance d’avoir
une interprète qui partage aussi bien leur douleur, l’univers du Xe exil ! « J’ouvre
la bouche et l’océan se réjouit, j’ouvre les veines et les vagues rougissent ».
Mettant scrupuleusement leur prosodie en musique, elle semble pour cela avoir
l’Ovation* inspirée. Sur ce jeu musical sophistiqué, l’angélique plante sa voix à
reflets, grave et solide. Pour confirmer définitivement qu’elle n’est pas là pour
servir un crin-crin rabâché de folkeux, elle se lance parfois dans l’aventure d’un
« hard Greek rock ». « On n’est pas des sous-développés », avance-t-elle.
Des textes ambitieux de grands classiques, une voix trempée, vraie et
variée, prise dans les arabesques d’une guitare très travaillée, que demander de
plus ? Pas trop rien, on se tient droit, on nage, on se méfie des coquillages comme
dans une de ses chansons, avec un seul regret… que les mystères de l’acoustique
nous laissent entendre dans les silences d’Angélique Ionatos un flux régulier de
marée. Des vagues sonores. Qui ne peuvent pas être celles de la Méditerranée.
Patrick EROUART-SIAD
* Marque de guitare
Revue de presse
Le Monde – vendredi 14 janvier 2005
Patrick Labesse
Musique. La chanteuse grecque a présenté à Paris son nouveau tour de chant,
« Athènes-Paris, via… »
Les vagabondages d’Angélique Ionatos
Elle est infidèle. Angélique Ionatos a traversé la place pour aller chez
les voisins d’en face. Si elle a souvent donné sa préférence au Théâtre de la Ville, à
Paris, pour lancer ses précédentes créations, elle choisit cette fois le clinquant
baroque du Théâtre du Châtelet pour présenter son nouveau spectacle.
Sans perdre de vue l’essentiel. Angélique Ionatos est fidèle : à ses
habitudes d’interprète, glissant d’une solennité de tragédienne à des attitudes
franchement espiègles, à ses envies constantes de raconter, avant de les chanter,
les mots de ses poètes préférés.
D’Odysseus Elytis (Prix Nobel de littérature en 1979, décédé en 1996),
elle reprend deux extraits du poème scénique Maria Néféli (Marie des Brumes),
qu’elle avait créé au Théâtre de la Ville, 1984. Habitée, ferme et grave, la voix est
parfaite, enveloppée, transportée par une musique bruissante de délicatesse.
Quatre violoncelles ont été appelés en renfort des musiciens qui accompagnent la
chanteuse. Ramon Lopez (percussions), Michael Nick (violon) Claude Tchamitchian
(contrebasse) et César Stroscio (bandonéon) ont des talents d’aquarellistes, vibrent
en sympathie avec Ionatos qui se laisse pleinement aller au plaisir de la guitare.
Outre Elytis, viennent l’antique poétesse grecque Sappho de Mytilène
(Asteron panton, De tous les astres), Dimitris Mortoyas, poète de la diaspora, mort
à Londres à 43 ans (I palami sou, Ta paume de main), Pablo Neruda (deux textes
extraits des Cien sonetos de amor que l’auteur chilien avait dédiée à sa dernière
femme, Matilde Urrutia)… « des amis très chers qui sont tellement loin ». Dans la
poésie, c’est comme dans les rêves, déclare la chanteuse, « personne ne vieillit ».
Elle-même, avec sa silhouette menue, son ingénu sourire, ses sauts de biche quand
elle rejoint ou surgit des coulisses sous les applaudissements, on lui donnerait à
peine plus qu’à cette jeune fille (Charlotte Terlutte) invitée à chanter à ses côtés
en début de soirée.
LA MEMOIRE ET LA MER
Si l’album récemment paru, Anthologia, résume ses trente ans de
carrière, la nouvelle création, baptisée Athènes-Paris, via…, ressemble davantage à
un carnet de bord. Aussi loin que remonte sa mémoire, dit la chanteuse, il y a la
mer que prenait son père, marin. Angélique Ionatos effeuille les souvenirs d’un
voyage qui l’a menée de sa Grèce natale (« le pays merveilleux que Dieu gardait
pour ses vieux jours mais qu’il a fini par concéder aux grecs ») à Paris. Sa ville
d’adoption, elle la célèbre en reprenant Montparis, un titre de Nougaro, un peu
asséché de sa substance swing, et Siempre Paris, un tango de Virgilio Exposito,
avec un César Stroscio lumineux au bandonéon.
Patrick Labesse
Revue de presse
Les chemins buissonniers d’Angélique Ionatos
Le Monde samedi 21 février 1998 – Patrick Labesse
Angélique Ionatos, Récréation. Théâtre des Abbesses.
Elle entre en scène d’un pas léger, gracieuse et belle dans sa veste
brodée, sa jupe rouge et ample. Effet miroir. Cette tenue est exactement celle
qu’elle porte sur la pochette de son nouvel album, Chansons nomades (Mélodie).
Une manière de prévenir. Ce récital sera le reflet de sa récente création sur
disque. Un vagabondage entre les auteurs qu’elle aime, ceux dont on la savait
particulièrement éprise, les poètes grecs, tel Odysseus Elytis et Sappho, et puis
d’autres, auxquels elle ne nous avait pas habitués, comme Gianni Eposito (Le
Clown) ou Jean-Roger Caussimon (Le Funanbule), « un auteur qui n’a pas la place
qu’il mérite dans votre panthéon », dira-t-elle.
Après Parole de juillet, sa précédente création, une composition
scénique rigoureuse et ambitieuse, la chanteuse et compositrice grecque, qui croit
aussi aux vertus de la légèreté, s’offre une fantaisie. Un parcours singulier,
contrasté, piochant ici un traditionnel judéo-espagnol, là une comptine que lui
chantait sa mère, sans bien sûr oublier ses favoris.
Tout au long de son récital, la chanteuse sème quelques phrases entre
ses chansons, pour aider à la compréhension du sens ou souligner un hommage. Des
interventions qui mettent un brin de solennité dans le spectacle. Dès qu’elle
recommence à chanter, joyeuse ou mélancolique, le charme reprend. Sa voix
vibrante et ample se déploie dans le silence, habillée par la broderie élégante du
musicien Henri Agnel qui alterne guitare, guiterne (instrument à cordes de la
Renaissance) et percussions.
Si certains ont du mal à se laisser aller à une vraie complicité sur
scène, ce n’est pas le cas d’Angélique Ionatos et Henri Agnel. Ils ont en totale
connivence, échangent sourires et regards attendris, dialoguent avec les cordes de
leurs instruments. Angélique Ionatos s’empare souvent de sa guitare. Pendant dix
ans, elle a chanté avec son seul accompagnement, un peu intimidée, pas très sûre
de l’émotion que l’on pouvait faire passer à travers une formule instrumentale
aussi modeste. Puis un jour elle a découvert Atahualpa Yupanqui, capable de
bouleverser, avec juste sa voix et une guitare. L’auteur-compositeur argentin fut
un maître, un modèle pour elle. Avant d’interpréter l’une de ses compositions, elle
lui rend hommage : « il portait le nom de deux rois incas. Il avait raison, un seul
ne suffisait pas pour son immense talent. »
Née d’un père marin, Angélique Ionatos a grandi dans le port du
Pirée. Pour clore sa Récréation, elle s’autorise le luxe d’une dernière friandise, Les
Enfants du Pirée, un succès universel inscrit dans la mémoire populaire grâce à
Mélina Mercouri.
Patrick Labesse
Revue de presse
D’un bleu très noir – 2001
Extraits presse
Angélique Ionatos étrenne les chansons de son disque D’un bleu très noir (chez
Naïve) au Café de la Danse. C’est splendide. Autour d’elle, tout un monde de
gravité, d’absolus : le bandonéon doloriste du tango (César Stroscio), un violon
nourri de toute la tsiganerie du monde (Michael Nick), les soleils des luths et
percussions d’Henri Agnel. Tout ce qui se joue, se chante, se vit après les larmes,
lorsqu’il ne reste de la douleur que la splendeur d’être vivant.
La chanteuse grecque, établie depuis des lustres en France, atteint aujourd’hui des
territoires affranchis de la géographie et des appartenances. Elle chante toujours
ses chers poètes grecs (Elytis, Cavafy, Mortoyas, Varnalis), mais aussi une belle
chanson sud-américaine ou Ma vieille branche de Léo Ferré. Dans cette chanson
française, elle met un lyrisme très circonflexe, sous un ciel plus vaste mais plus
proche que chez son créateur. C’est un chant du destin chez Léo, et chez
Angélique des humeurs de vie rêvée – jusqu’à la douleur qu’on souhaiterait.
Avant chaque chanson, elle en explique le drame dans un français magnifique. Puis
dressée derrière le micro ou assise derrière le grand meuble de sa guitare, elle
élève une voix un peu rêche, avec des angles blancs, des ampleurs de montagne,
une voix patiente comme l’olivier, ombreuse comme une église de village.
Angélique Ionatos n’est pas une chanteuse qui pose ses tripes à l’étal ou tartine sa
voix de larmes. La chanson chez elle n’est pas affaire d’éclatement, de naturel,
mais une parole ciselée, radieuse, et pourtant jaillissante – comme si le minerai
d’or n’apparaissait pas, au fond du tamis, comme pépite, mais déjà comme
médailles, monnaies, bijoux. Son récital est fait de zénith et de nuit, de flot et de
lumière, de diamant et de dune. Oui, il y a dans ses sortilèges quelques chose qui
évoque la magie du flamenco : après le patient raffinage, l’orfèvrerie du
sentiment, un surgissement irrépressible, une fièvre subite et sublime. Un univers
d’une noire gaieté.
Bertrand Dicale – Le Figaro
La majesté de la douleur, la splendeur du deuil, la sérénité du désespoir :
l’expression entière d’Angélique Ionatos semble marquée par l’oxymoron, par le
paradoxe, par cette sagesse presque sacrée de l’alliance des contraires. Il y a
quelque chose de vertueux chez elle, dans le port altier du chant et de la roideur
du timbre, qui exprime peut-être autant la soie que l’acier, la douceur que le
tranchant – aimer cette femme ce doit être un peu la craindre. Dès ses premières
notes, ce disque s’admire, comme on s’extasie devant la forme et le grain parfait
du grès d’une tasse japonaise, devant l’or et la piété d’une toute simple peinture
d’autel siennoise, devant la splendeur du dessin que fait dans l’air le main d’une
danseuse balinaise –oui, cela n’est presque rien et c’est déjà la beauté.
Bertrand Dicale – Le Monde de la Musique
Revue de presse
D’un bleu très noir - Février 2000
Journal Théâtre de la Ville - Franck Tenaille
D’un bleu très noir
Nouveau récital
Sa passion pour un verbe qui transcende les époques
En 1972, en duo avec son frère Photis, une certaine Angélique Ionatos enregistre un premier trente-trois tours,
Résurrection. Coup d’essai, coupe de maître, le disque est primé par l’académie Charles-Cros. Puis, naviguant
en solo à partir de 1976, elle va mettre en musique des poètes grecs contemporains (Mortoyas, Anagnostalis,
Cavafy, Ritsos…), démarche qu’atteste l’album I palami Sou récompensé lui aussi par l’académie Charles-Cros.
Parmi ces poètes, l’un, de par son rapport singulier à la langue, au mythe, à l’innocence révolutionnaire de la
poésie, va particulièrement correspondre à ses attentes : Odysseus Elytis. Au fil des années son œuvre
vertébrera ses créations : La Forêt des hommes (1981), O helios o heliatoras (1983), Marie des brumes (1984),
Le Monogramme (1988), Parole de juillet (1996). Ce subtil dialogue avec le prix Nobel de littérature 1979
dessinant à la longue une manière d’autoportrait[1]. L’art d’Angélique Ionatos, broderie de métaphores,
d’évocations, de vagabondages élégiaques, de correspondances entre poème et musique, trahissant autant sa
passion pour un verbe qui transcende les époques que la quête d’une femme taraudée par les contradictions
de son siècle.
Sur le fil d’une inspiration à mi-chemin de la tradition et du contemporain
Ce jeu de miroirs, Angélique Ionatos l’a aussi assumé avec un grand nombre de compositeurs, interprètes,
musiciens. Le chef d’orchestre Alexandre Myrat fut déterminant pour Marie des brumes. De même que le
baryton de renommée internationale Spyros Sakkas que l’on retrouvera dans Parole de juillet aux côtés des
solistes de la maîtrise de Notre-Dame de Paris. Pour le Monogramme c’est le pianiste argentin Gustavo
Beytelmann qui sera sollicité pour les compositions. Pour Sappho de Mytilène (1991), création à partir de
fragments poétiques de la fameuse poétesse du VIIe siècle, c’est la voix soprano de Nena Venetsanou qu’elle
associera à la sienne. O Erotas (1992) et surtout Mia Thalassa (1194) impliquant l’immense Mikis Théodorakis,
celui qu’elle considère comme son « père en musique ». Son travail comptant par ailleurs avec un riche vivier
de musiciens amis, du pianiste Christian Boissel (orchestrateur de Sappho de Mytilène et Mia Thalassa) en
passant par le contrebassiste Jean-François Roger, le clarinettiste Bruno Sansalone, etc. Des affinités électives
qui parlent en faveur de la compositrice souvent occultée par l’interprète. Ses options, qu’elles en réfèrent à
la personnalité des musiciens ou aux couleurs instrumentales, aux choix d’écriture, expriment dans la durée
une ligne esthétique toujours sur le fil d’une inspiration à mi-chemin de la tradition et du contemporain.
Avec le temps, comme si elle avait éprouvé ses aptitudes sur les terrains rigoureux de l’écriture et de
l’instrumentation, la belle voix de contralto a fait sien le plaisir d’être davantage elle-même. Elle est devenue
comptable d’une simplicité scénique que, l’âge aidant, elle s’offre comme une gourmandise. Ce rendez-vous
avec une liberté intérieure c’est à travers le chant et l’échange avec les musiciens qu’il s’exprime depuis
quelques saisons. On se souvient, à cet égard, de Ré/création, duo en compagnie du fidèle multiinstrumentiste Henri Agnel et quelques auteurs aimés, de Sappho à Caussimon, donné il y a deux ans. Un
rendez-vous dans lequel elle témoignait d’un bonheur d’expression marqué au sceau d’hypothèses romantiques
en diverses langues et cultures, d’une douce humanité et d’une contagieuse connivence.
Une sonate crépusculaire, mosaïque de compositions inédites, de morceaux fétiches réorchestrés
Cette règle de free onirique, Angélique Ionatos la pousse plus avant aujourd’hui. Un parti pris qui va de pair
avec un changement de registre atmosphérique. Car si sa précédente création nomade filait l’élégie solaire,
celle-ci cible « un bleu nuit presque noir », un blues lové entre mythes et mélancolies, gravité cosmique et
fatalité animiste. « Une sonate crépusculaire » précise-t-elle, mosaïque de compositions inédites, de
morceaux fétiches réorchestrés (empruntés à Marie des brumes, le Monogramme, Parole de juillet) ; d’escales
chez les témoins de son caravansérail intime. Parmi lesquels le métaphysique Atahualpa Yupanqui (ce sage au
sang indien qui jadis la conforta dans l’idée qu’on pouvait émouvoir un public seulement avec une guitare), la
fulgurante Colette Magny adaptant Rilke, le romantique Léo Férré auquel on doit cette fusée : « le bonheur
c’est du chagrin qui se repose… »
Un trio d’aquarellistes de première grandeur
Pour cette mise en abyme, elle s’est entourée d’un trio d’aquarellistes de première grandeur. L’indispensable
Henri Agnel, avec son arc-en-ciel de timbres, de cordes, de peaux, de climats (guitare, guiterne, zarb, t’bel,
tambourin, oud, kamenja…). Michael Nick, belle pointure du violon et du quinton (qu’on vit aux côtés du
saxophoniste Dave Liebman, du contrebassiste Claude Tchamitchian et son Lousadzak, au sein de l’Orient
Moving Schnorrers…) avec son sens décisif de l’improvisation. Et César Stroscio (ex-fondateur du Cuarteto
Cedron, aujourd’hui leader de La Esquina), fatal bandonéoniste et sa classe borgésienne. Soit pour cette
dérive entre Eros et Thanatos, un équipage redoutablement expert en météos du cœur.
Angélique Ionatos a été présentée au Théâtre de la Ville en 1982, 1984, 1987, 1991, 1994, 1996, 1998 (NDLR).
[1] Un parcours qui doit aussi au fait que depuis 1989, Angélique Ionatos est « artiste associée » au Théâtre de
Sartrouville. Une option courageuse, qui au vu de ce parcours, a révélé toute sa pertinence.
Revue de presse
Chants d’amour et d’exil – tournée 1989-1990
Programme théâtre de Sartrouville – Extraits presse
Angélique Ionatos chante la Grèce et ses poètes
Tournée 1989 – 1990
A sa manière ardente, le chant d’Angélique s’élèvera ainsi qu’il est d’usage
soutenu par la ferveur de flamme de sa fragile silhouette. Petite hombre, sombre,
femme grecque entre les femmes, sur les épaules d’Angélique, habite la poésie. »
Le Matin de Paris
Sa guitare contre son corps, elle va petit à petit conjurer la douleur, la sublimer
jusqu’au point d’équilibre, et atteindre une fulgurante beauté d’expression,
instaurant avec son public un véritable rapport amoureux. Pas d’effet à sensations
ici, de la sensibilité nue. Pas d’esthétisme facile ni de communication à l’emporteclip, juste un goût de partage dans un respect jaloux du public.
Révolution
Ceux qui n’avaient pu découvrir cette création au Théâtre de la Ville vont, je le
jure, être éblouis. C’est toute la force d’interprétation de Ionatos, la puissance
d’incantation du poète Elytis qui sont ici réunies. Ordre, beauté, désespoir ailé,
magnifique.
Télérama
Voici donc sept chants d’amour vibrants d’une ferveur qu’elle prolonge de sa voix
intense. Chantée par elle, la langue grecque est si belle qu’il n’est nul besoin de
comprendre. Le bonheur à l’état pur.
Femme actuelle
Revue de presse
Parole de juillet
Tout commence par un appel. Une voix qui appelle : maman!
La voix est celle d’une femme enfantine, perdue dans le chaos du monde.
C’est la voix d’Angélique, c’est la nôtre, c’est la vôtre.
Puis, la réponse, une sorte de cri prolongé, de plainte mystérieuse de
l’enfantement, ou de l’agonie peut-être.
C’est fait, nous sommes au cœur des choses, la vie, la mort, notre destin d’humain
né d’une mère.
Et voilà l’émoi, le léger frisson de beauté qui nous saisit comme à chaque spectacle
où Angélique Ionatos met les mots en musique, se fait elle-même musique.
Cette fois elle n’est pas seule.
Cette fois, ils sont trois, la femme, l’homme, l’enfant
Parmi des draps blancs semblables aux voiles sur la mer de Crète, des draps
immaculés comme des langes, frais comme des linceuls en plein midi, dans le soleil
cru et la stridence des cigales.
Trois à incarner les grands moments de la vie, trois à théâtraliser ces êtres qui se
partagent notre Être.
Tour à tour et ensemble, portés par l’entêtement et la pureté de leur propre
vérité, les trois voix se cherchent, se quittent, puisse retrouvent. Elles se
répondent, s’enlacent, s’entrelacent, en duo, en trio, bientôt en quatuor avec la
musique qui, elle aussi a sa voix, grave de basson, mélancolique de guitare,
plaintive de violon, facétieuse de xylophone, martelante de bouzouki en écho aux
complaintes humaines.
Entre l’homme, la femme et l’enfant, il y a la solennité de l’amour, la puérilité du
jeu, l’impétuosité du désir et surtout une telle soif de fusion que, lorsque les voix
sont à l’unisson, à l’apogée d’elles-mêmes, elles paraissent se confondre et trois
devient un.
Comment dire l’émotion contagieuse de cette élégie, de cet opéra de l’intime, si
fondamentalement risqué, en équilibre sur le fil précieux, tendu de l’harmonie, où
les trois chanteurs funambules dansent dans une même envolée?
D’où vient que, décidément, en écoutant Angélique Ionatos, le grec devient si
familier qu’il nous semble l’avoir babillé enfant.
Certaines musiques sont porteuses d’âme. Parole de juillet plus que toutes, parce
que c’est de l’âme qu’elle vient nous parler et à l’âme qu’elle s’adresse. Dans la
magie du raffinement et de la simplicité mêlés.
N’est-ce pas cela qu’on appelle la grâce?
Noëlle Châtelet
18 février 1997

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