Revlonfermel`usine decosmétiquesdeBezons

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Revlonfermel`usine decosmétiquesdeBezons
JE U DI 27 SE P T E MB R E 2 01 2
w w w. l e p a r i s i e n . f r/ 9 5
Revlon ferme l’usine
de cosmétiques de Bezons
À NOTER
Décrochez
un emploi
au job dating
BEZONS
«C
’est une vraie catastrophe ! » s’insurge
la vingtaine de salariés réunie hier
après-midi dans le
local syndical de l’usine du fabricant
américain de cosmétiques Revlon à
Bezons. Le 5 septembre, ils ont appris brusquement la fermeture de
leur usine. Soixante-deux postes vont
être supprimés. Une décision incluse
dans un plan de réduction des coûts
prévoyant au total 94 suppressions
d’emplois en France et la fermeture
d’une deuxième usine aux EtatsUnis. Dans un communiqué, le
groupe EPB (Européenne de produits de Beauté), détenant la marque,
invoque « des difficultés financières
et des pertes nettes depuis plusieurs
années, et ce malgré des investissements significatifs ».
Pour moi, il n’y a
plus rien à faire,
le couperet est tombé
UN EMPLOYÉ DE L’USINE
Des conclusions remises en cause
par les salariés. « Des bruits couraient. Nous nous attendions à une
restructuration, à des changements,
mais certainement pas à une fermeture totale et définitive », soufflent-ils,
dépités. Une décision d’autant plus
difficile à digérer que le travail ne
manque pas. « Nous avons actuellement beaucoup de commandes importantes, souligne Nicolas Le Blanc,
délégué CGT du site. Et une ving-
BEZONS, HIER. Le personnel a appris la mauvaise nouvelle dans un e­mail envoyé par
la direction américaine du groupe. Une décision d’autant plus difficile à digérer que le
travail ne manque pas.
(LP/A.C.)
taine d’intérimaires sont encore employés ici. » A Bezons, les salariés
produisent notamment les produits
de soins de la marque haut de
gamme Jeanne Gatineau. Un savoirfaire français depuis soixante-quinze
ans, même si la marque appartient à
Revlon depuis des décennies. Si aucune date n’a officiellement été annoncée, la fin de l’activité devrait être
effective en janvier 2013. « La direc-
tion avait évoqué dans un premier
temps le 31 décembre, explique l’une
des salariées en colère. Mais on nous
a finalement dit que, entre la dinde et
le foie gras, ça ne se faisait pas. » Un
maigre répit pour ceux dont l’inquiétude grandit au fil des jours. « Pour
moi, il n’y a plus rien à faire, le
couperet est tombé », estime l’un
d’eux. Démoralisées, certaines ouvrières pleurent. Tous espèrent désor-
JACQUES PORET l ancien directeur industriel, recherche et développement du site
C
Il raconte une « catastrophe »
annoncée
Alors, la situation est d’autant plus
insupportable qu’il nous explique avoir
assisté, ces dernières années,
impuissant, « au sabotage » de l’usine
par le groupe américain Revlon,
qui la détient. « Cette fermeture qui se
produit aujourd’hui, elle est prévue de
MAISONS­LAFFITTE (YVELINES),
MARDI. Jacques Poret, ancien directeur
de l’usine de Bezons, vit mal
cette situation.
(LP/L.A.)
très longue date », assure Jacques Poret.
« Mis en retraite forcée » fin 2007,
en procédure avec le groupe depuis,
l’homme raconte avoir déjà fait face à un
projet « sérieux » de fermeture en 2000.
S’il a sauvé in extremis la centaine de
salariés à l’époque, il évoque
« l’engrenage » dans lequel EPB a été
pris depuis. « Les formules, les process,
qui certes appartiennent à Revlon, mais
ANNE COLLIN
Le maire interpelle
Arnaud Montebourg
« C’est un sabotage »
ette fermeture définitive, Jacques
Poret la vit comme l’ultime coup
de poignard. Début 2013,
la soixantaine de salariés de l’usine
Européenne de produits de beauté (EPB)
de Bezons, qu’il a dirigée
par le passé, va rester sur le carreau.
Une situation insupportable
pour l’ancien directeur industriel,
recherche et développement.
A l’origine de nombreuses formules
de cosmétiques mises au point pour
la marque, créée par la Française Jeanne
Gatineau, Jacques Poret a consacré
vingt ans de sa carrière à maintenir
le savoir-faire français
avec ses équipes.
mais bénéficier d’indemnités de licenciement à la hauteur de leur sacrifice. « On veut partir avec dignité et
pas avec des clopinettes », argue l’un
de ses collègues. D’autant qu’avec
une moyenne d’âge de 50 ans, beaucoup de salariés ne croient pas au
reclassement. « Notre doyenne a
quarante ans de site », ajoute Nicolas
Le Blanc. Si, pour l’instant, l’heure est
à la négociation, les salariés n’excluent pas le recours à des actions
coup de poing. « Nous avons le soutien de la municipalité, mais aussi de
nombreux consommateurs, explique une jeune femme. Certaines
clientes m’ont affirmé qu’elles
n’achèteraient plus les produits
d’une marque qui licencie pour faire
plaisir à ses actionnaires. » La direction est, elle, peu loquace. « Notre
groupe a soumis en comité central
d’entreprise (CCE) un projet de réorganisation comprenant la fermeture
de Bezons », confirme simplement
Anne-Sophie Barraux, DRH d’EPB.
Nous travaillons avec nos partenaires
pour trouver des solutions idéales et
adaptées à chacun de nos collaborateurs. »
Au-delà du fond, les salariés dénoncent la forme. « Nous avons appris la
mauvaise nouvelle par un e-mail envoyé par la direction américaine
quelques heures avant le comité central d’entreprise qui devait acter la
décision. C’est un manque de respect », affirment-ils en chœur, ajoutant surtout : « Pour un groupe partenaire des ateliers conseils en image
Pôle emploi pour les femmes au
chômage... »
qui ont été développés ici à Bezons, sont
partis petit à petit vers les Etats-Unis.
Cela a été le premier coup dur porté. ».
Jacques Poret a aussi déploré
« le manque de réinvestissement »
dans l’usine : « L’outil industriel était
de valeur, l’atelier de fabrication un
bijou. Mais au fil du temps il n’a plus été
entretenu, l’état du bâtiment s’est
dégradé. Quant au personnel, il n’était
plus remplacé lors des départs en
retraite. » Cinq ans après son départ,
l’homme vit très mal cette fermeture,
qu’il a apprise dans la presse début
septembre. « C’est une catastrophe
humaine, sociale et financière. Un crime
de dire que l’usine coûtait trop cher. En
annonçant cette décision quatre mois
avant la fermeture du site, c’est interdire
toute possibilité de reclassement.
Aujourd’hui, le personnel, pour la plupart
des gens en difficultés, perd tout.
Je pense aussi aux deux travailleurs
handicapés qui avaient rejoint l’équipe
depuis plusieurs années. Ceux-là,
on va les tuer. »
LAURENCE ALLEZY
A
près avoir rencontré les salariés
et la direction de l’usine, Dominique Lesparre, le maire communiste de Bezons, a écrit au ministre
socialiste du Redressement productif,
Arnaud Montebourg, afin de l’alerter
sur la fermeture du site de Revlon et les
62 emplois supprimés. « Une nouvelle
fois les salariés, qui pour la plupart ont
de nombreuses années d’ancienneté,
vont faire les frais de ces décisions. Un
nouveau site de production est appelé
à disparaître », peut-on lire dans le
courrier adressé par l’élu, dans lequel il
enjoint le ministre à intervenir. Et
Dominique Lesparre va plus loin, remettant en cause « les choix de gestion
du groupe Revlon » qui, selon lui, « ont
placé l’entreprise bezonnaise en difficultés : abandon de marques importantes, absence d’investissements
dans l’usine et désorganisation sur les
produits ». « C’est une politique qui ne
tient pas compte de l’humain, c’est
purement comptable, affirme Patrick
Noël, son directeur de cabinet. Ce qui
nous préoccupe, c’est l’avenir de ces
salariés dont certains travaillent sur le
site depuis les années 1960 et l’ancienne usine Jacquet. »
A.C.
(LP/PHILIPPE LAVIEILLE.)
Les salariés ont du mal à réaliser. L’usine de production EPB de Bezons, appartenant
à l’américain Revlon, fermera à la fin de l’année. Les 62 emplois doivent être supprimés.
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C
HIFFRE
60480
CHÔMEURS
fin août
dans le département
Le Val-d’Oise comptait
60 480 demandeurs d’emploi
de catégorie A (c’est-à-dire
n’ayant pas du tout travaillé
dans le mois), selon les derniers
chiffres publiés par Pôle emploi.
Un chiffre en hausse de 0,3 %
par rapport à juillet 2012
avec 130 chômeurs de plus.
Sur un an, l’augmentation est de
7,2 %. Elle touche en particulier
les plus de 50 ans avec une
hausse de 14,8 % en un an.
En Ile-de-France, le chômage a
augmenté de 0,5 % sur la même
période par rapport à août 2011.
C’EST NOUVEAU
Une salle
de spectacle
à la fac de Cergy
L’université de Cergy-Pontoise
inaugure aujourd’hui, à
18 heures, sa nouvelle salle de
spectacle, nommée 33 Tours,
sur le site des Chênes.
La salle en question est un lieu
ouvert toute la journée aux
étudiants, qui a été aménagé
avec une scène et un bar.
Des concerts et des spectacles
y seront bientôt organisés.