Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier (Fiche de

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Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier (Fiche de
2. ÉTUDE DES PERSONNAGES
Sigognac
C’est un jeune noble ruiné qui survit plus qu’il ne vit, dans son château en ruine. De la splendeur passée de sa famille, il
ne reste rien. Il a vingt-cinq ans, des traits graves et sérieux :
Le sentiment de l’impuissance, qui suit la pauvreté, avait fait fuir la gaieté de ses traits
et tomber cette fleur printanière qui veloute les jeunes visages. Des auréoles de bistre
cerclaient déjà ses yeux meurtris, et ses joues creusées accusaient assez fortement la saillie
des pommettes ; ses moustaches, au lieu de se retrousser gaillardement en crocs, portaient
la pointe basse et semblaient pleurer auprès de sa bouche triste… (p. 29)
C’est un homme de forte constitution, mais qui semble avoir renoncé à vivre. Tout dans son attitude dénonce
l’attentisme : il n’a aucune prise sur sa vie, il se contente de la regarder défiler. L’arrivée des comédiens est un véritable
électrochoc pour lui : il ressent une vive émotion à l’endroit d’Isabelle et décide, peut-être pour la première fois de sa vie,
d’agir, en la suivant.
Dès qu’il commence à vivre avec les comédiens, son attitude se modifie : il devient volontaire, énergique, et montre un
véritable talent à l’épée. Cette aptitude est due à de nombreuses heures passées, l’épée à la main, à écouter les leçons
de Pierre, son domestique. Il devient ainsi « un Sigognac jeune, élégant, superbe […], et sa jeunesse enfouie si longtemps
sous le malheur repar[ait] à la surface de ses traits embellis. » (p. 113)
Ajoutons encore qu’il a un esprit droit, franc et une haute idée du respect : il n’accepte pas l’attitude du duc envers
Isabelle.
Isabelle
Elle joue le rôle de l’ingénue sur scène mais, dans la réalité, c’est une jeune femme honnête et franche : « elle avait le
visage mignon, presque enfantin encore, de beaux cheveux d’un châtain soyeux, l’œil voilé par de longs cils, la bouche
en cœur et petite, et un air de modestie virginale, plus naturel que feint. » (p. 41)
Dès les premiers instants, Sigognac tombe sous son charme. Cette attirance est réciproque et Isabelle, malgré les
avances du duc de Vallombreuse, reste fidèle à son amour pour le baron.
Sa naissance est entourée d’un grand secret qu’elle-même ignore. Sa mère était une comédienne de talent et son père
un noble haut placé, mais elle n’en sait pas plus. Le seul souvenir qui lui reste de son géniteur est une bague d’améthyste
grâce à laquelle le prince de Vallombreuse reconnait en elle sa fille, à la fin du roman.
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Le duc de Vallombreuse
Il a environ vingt-deux ans, « le teint pâle, les yeux et les cheveux fort noirs […] à l’aisance hardie de ses mouvements, à
l’altière sécurité de son maintien, on devinait un grand seigneur, sûr d’être bien reçu partout et devant qui la vie s’ouvrait
sans obstacles » (p. 200).
Il tombe sous le charme d’Isabelle dès qu’il la voit et décide de la séduire, mais moins par amour véritable que par
habitude : il enchaine en effet les conquêtes amoureuses sans leur accorder d’importance. Il n’hésite pas à se servir
d’hommes de main pour exécuter la basse besogne, notamment tuer ses adversaires et enlever Isabelle, puisqu’elle
se refuse à lui. À chaque fois, pourtant, ses projets seront déjoués et il se voit finalement contraint à un changement
d’attitude puisqu’Isabelle se révèle être sa sœur.
La troupe
Elle est composée de plusieurs comédiens qui ont chacun sur scène un rôle précis, toujours le même. Ce sont des rôles-
types des pièces de l’époque classique : on y retrouve l’amoureux, la soubrette ou encore le beau parleur. Mais ces rôles
semblent déteindre sur la véritable personnalité des comédiens. En effet, Léandre, qui joue l’amoureux, ne pense qu’à
ses conquêtes féminines ; Blazius, qui a le rôle du pédant, parle dans la vraie vie comme sur scène.
Pour eux, le théâtre est aussi réel que la vie et inversement. Il n’y a aucune différence, dans leur esprit, entre la réalité et
ce qu’ils montrent sur la scène.
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