J`ai dix ans... - Lycée International Alexandre Dumas

Transcription

J`ai dix ans... - Lycée International Alexandre Dumas
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Le journal du liad
qalàm - u-l- kalàm
Le journal bimestriel du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger
N° 07 / Dé cembre 2012
Editorial
Lycée International Alexandre Dumas
" J’ai dix ans..."
« Assis(e) sur un banc,
vous regardez autour
de vous… »
Bientôt
notre « cher » LIAD
fêtera ses 10 ans.
F
lashback // Lycée International Alexandre Dumas,
il y a dix ans. 7h45.
La première sonnerie retentissait, quelques élèves se
dirigeaient lentement vers
leurs classes respectives.
7h55. Une poignée de retardataires arrivaient tranquillement. 10h00. Les amis se
retrouvaient, grignotant des
biscuits ou du chocolat, se
plaignant des cours ou se
racontant les derniers potins.
12h30. Les élèves criaient
le nom de leur classe en
espérant entrer manger au
réfectoire. 14h30. Heure de
la sieste pour la plupart des
élèves. 17h15. Les élèves se
grouillaient vers l’extérieur ;
devant l’entrée parents et
chauffeurs patientaient en
discutant.//Flashback
Chaque jour dans ce lycée nous réserve son lot quotidien de surprises, chaque
jour est différent.
Et si, comme moi, vous
étiez là lors de chaque grand
événement, de chaque fête,
de chaque rentrée ou de
chaque départ en vacances, si vous avez accueilli
chaque année de nouveaux
élèves pour agrandir notre
immense famille, alors vous
devez comme moi ressentir
cette fierté, cette joie lorsque,
assis(e) sur un banc, vous regardez autour de vous…
Yasmine Ait Selmi., 1è S
D
ix ans, c’est déjà une histoire et
c’est l’occasion d’une première
rétrospection. Ce lycée a vu passer onze
rentrées scolaires, deux proviseurs, et
mille huit cents élèves, dont les plus âgés,
qui n’ont pas encore trente ans, ont été
menés jusqu’en classe de terminale. Avec
l’ouverture du collège en 2008 et de l’école
primaire en 2012, les effectifs sont passés
de cent soixante-quinze élèves en 2002 à
mille cinq cents cette année, c’est enfin cent
quatre-vingt-six personnes qui travaillent
directement pour l’établissement contre
trente-cinq lors de son ouverture.
Depuis 2002, la communauté éducative
s’est trouvée naturellement renouvelée
par le jeu des mutations et des départs en
retraite. Quelques personnels sont pourtant
présents depuis l’ouverture. Je sais leur
engagement et leur attachement pour
ce Lycée et je tiens, à l’occasion de cet
anniversaire à les saluer. Ils constituent le
ciment, la mémoire de cet établissement. Je
n’oublie non plus pas ceux qui ont marqué
leur passage, ni les représentants des
parents qui, depuis l’origine, ont toujours
participé activement aux différentes
instances dans un esprit de concertation et
de dialogue constructif.
Lycée International Alexandre Dumas, rentrée 2012.
Toujours les mêmes scènes, aux mêmes endroits,
aux mêmes heures. A quelques exceptions près ; on ne
voit plus les mêmes visages,
de nouveaux élèves, professeurs, proviseur ou CPE, il
y a un collège déjà occupé
depuis près de 4 années, un
nouveau gymnase, un terrain
de football, des tables de
ping-pong que se disputent
les élèves pendant les pauses et bien sûr un nouveau
moyen de s’exprimer et de
laisser libre cours à ses pensées, ses idées, ses coups
de coeur : un journal.
Notre lycée a maintenant
dix ans
Un grand merci au HIC pour sa gentillesse et sa contribution
amicale.
Le mot du Président de l’APE
U
n anniversaire,
magnifique.
c’est
toujours
Dix ans, c’est peut-être court dans une
vie. Mais c’est important, très important.
Cela prouve que le nouveau-né a pris
racine. Donc il est bien là.
Un anniversaire : cela ne veut pas dire
nostalgie ou « regarder dans le rétroviseur »
si ce n’est pour se féliciter des réalisations et
saluer les efforts méritants de toutes celles
et de tous ceux qui y ont contribué, toutes
catégories professionnelles confondues.
S’il est une réalisation qu’il faut
particulièrement saluer et, bien sûr,
encourager, c’est celle de notre Journal
« Qalàm-u-lKalàm », la Plume à paroles.
C’est non seulement un formidable vecteur
de communication (la preuve, il médiatise
notre anniversaire) mais c’est aussi un très
efficace outil didactique et pédagogique.
La Plume à paroles, quel meilleur titre que
celui-ci, et oh combien évocateur ?!!!
Ces deux mots simples et magiques sont
en effet le symbole des luttes des femmes
et des hommes, de notre planète entière,
pour la liberté et l’émancipation contre les
dictatures, la pauvreté, la stigmatisation,
l’exclusion, les intégrismes et l’ignorance.
Ces deux porte-voix sont plus que jamais
indispensables à tout développement, aussi
bien individuel que social.
Notre lycée en sème les graines. Notre
journal saura, j’en suis sûr, les diffuser et
les vulgariser.
L’association des Parents des élèves
(APE) du lycée que j’ai l’honneur et le
privilège de présider cette année sera le
fidèle accompagnateur du développement
multiforme de notre lycée.
Rachid Ouali
Président de l’Association des parents d’élèves
Dix ans, c’est déjà une histoire, c’est
une communauté scolaire qui est passée
de l’esprit pionnier de 2002 à l’inscription
de son futur dans l’excellence. Le bilan
des examens, la qualité et le nombre des
intervenants extérieurs, les nombreux prix
gagnés par nos élèves, la qualité des projets
mis en œuvre confirment une appétence et
une vitalité qui n’a jamais faibli, malgré
les rythmes engagés.
C’est tant mieux, car d’autres dossiers
nous attendent, l’aménagement du Lycée,
le développement de l’initiative et de
l’engagement de nos élèves, l’amélioration,
encore, de nos enseignements, au plus près
des besoins de nos élèves.
Enfin, nous accueillons cette année
des élèves en moyenne section, si
toute leur scolarité se déroule dans
l’établissement, c’est en 2026 que
nous les présenterons à l’examen
du baccalauréat, à la veille du 25ème
anniversaire !!
Une vraie responsabilité et une
histoire qui reste à façonner.
Mais une décennie à la fois…
Bon anniversaire au
Marc Demeulemeester, Proviseur du lycée
Vie du Lycée
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Vie du Lycée
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Le chantier de l’ouverture en 2002
La Charte des jeunes journalistes
L’équipe du Journal du Liad propose à tous les jeunes journalistes de la rédaction une Charte :
Moi, jeune journaliste :
1 – J’ai le droit à la liberté d’expression garantie par la Déclaration des Droits de l’Homme et la Convention internationale des
Droits de l’enfant (Art.13), mais « ma liberté s’arrête là où commence celle des autres ».
2 – J’ai le droit à la liberté d’expression, j’ai donc le droit de recevoir et de transmettre des informations.
3 – Je prends la responsabilité de mes écrits signés ou autres formes d’expression, qu’elles soient signées ou non.
4 – Je m’engage par soucis de vérité à rectifier toute information erronée.
Q
uelle
journée
mémorable
que ce 17 décembre 2002,
où M. Dominique de Villepin est
venu inaugurer officiellement le
Lycée International Alexandre
Dumas (LIAD). Cette visite nous
avait été annoncée deux jours
auparavant par notre Proviseur,
Mr Patrick Leroyer.
5 – Je dois considérer que la calomnie et le mensonge sont des fautes graves (la diffamation n’est pas autorisée) sans pour autant
renoncer à l’expression satirique ou humoristique.
6 – Je veille à ce que mes écrits et toutes mes autres formes d’expression se fassent dans le respect des différences, de la tolérance
et du vivre ensemble.
7 – Je veille à respecter les règles relatives au droit d’auteur : je n’insère pas dans mon article des textes ou des images sans
l’autorisation de l’auteur ni sans mentionner son nom et sa qualité. Donc, je proscris le copier / coller à partir de sites Internet.
E
Écrire... Quoi ? Pourquoi ?
n cette année marquée pour certains par l’examen, le départ, le
changement d’environnement et pour tous par les 10 ans du lycée
tout de même, je souhaite vous parler, les amis, de ce journal grâce
auquel vous me lisez.
Les amis, les jeunes, les lycé ens, ce journal n’a pas encore acquis l’aura
espé ré e par tous ceux qui croient en lui et qui veulent qu’il devienne avant
tout le journal des lycé ens pour les lycé ens. Moi, je ne veux pas é crire forcé ment à partir de ce que, moi, j’aime, mais de ce qu’on aime tous. Ce journal, c’est avant tout un miroir, qui se veut �idè le, de nous et de notre lycé e.
Et cela ne peut se faire sans tous les lycé ens. Alors E� CRIVEZ. C’est facile
non ? Il nous faut juste de la volonté , la volonté de partager. On a tous à
apprendre de l’autre. E� crivez pour parler de vous, de nous, des lycé ens. On
vit quand mê me une des pé riodes les plus importantes dans la vie de l’humain : l’adolescence. Et vous qui la vivez, vous voulez me faire croire que
vous n’avez rien a é crire, rien à en dire ? Que
nous n’avons tous ensembles rien à dire ?
ALORS, un operatum :
EXE� CUTEZ VOUS, les amis ! Emparezvous de cet espace de liberté qui vous
est offert.
Fouad Boudjedra, TS1
« Profitez-en, comme si demain vous
deviez partir… »
A
rriver devant l’entrée du lycée de bon
matin quelques minutes avant la fermeture des grilles sous les gros yeux de l’administration, préparer son carnet, se faire
fouiller. Retrouver ses camarades, prendre
un café avant le début des cours, discuter
de tout et de rien. La sonnerie retentit - j’ai
toujours pensé que cette sonnerie aurait eu
sa place dans un aéroport ou une gare. A
midi, se plaindre de la lenteur de la cantine,
maudire le chef le dimanche (sincèrement
chef, le poisson surgelé avec du riz…) et le
bénir le jeudi. Transpirer à grosses gouttes
dans les salles de classe jusqu’au mois de
novembre, stresser à cause des devoirs
type bac chaque semaine, râler parce qu’on
a quatre heures de permanence dans la
Confession d’une élève sur le départ
« Des murs, des lumières »
Il est très difficile de parler de son expérience personnelle. S’il y a bien une chose que l’on apprend en philosophie, et
c’est la matière qui peut nous amener à changer notre vision du monde, c’est que l’on a du mal à se connaître soi même.
O
n a souvent tendance à dire que
«la vie des autres ne nous intéresse pas»... Mais c’est pourtant sur
cette voie qu’on en apprend beaucoup
sur nous-mêmes. Trêves de bavarderies philosophiques, il faut en venir
aux choses sérieuses. Maintenant,
tout est fini. Pour moi, du moins...
Souvent, on octroie aux années
lycée le qualificatif des «plus belles»
années. J’estime quant à moi que le
plus beau est à venir.
Travail, voiture, dodo. On a du
mal parfois avec le lycée pendant
ces années-là, surtout quant on veut
se placer constamment en haut de
l’échelle. Pourtant, c’est dans ce lieu
«mystique» que l’on découvre les premières émotions de la vie, l’initiation
au monde adulte, une sorte de transition «magique» qui amène autant de
bonnes choses que de mauvaises.
Amitiés, amours, obligations,
contraintes, c’est une mini-société qui
se crée dans l’enclos des hauts murs
du Liad. C’est un lieu où on apprend
des choses qui nous paraissent inutiles, et qui le sont vraiment parfois,
mais a-t-on vraiment le choix ? Mais
c’est aussi une occasion aussi d’ouvrir
ses horizons : chanceux sont ceux qui
peuvent assister aux conférences
d’artistes, de poètes, d’écrivains, et
parfois mêmes d’hommes politiques
au sein du lycée, souvent au CDI.
Les trois années, de la seconde à
la terminale, forment un ensemble
d’expériences inoubliables, et même
les moments qui nous paraissent les
plus «difficiles» nous font rire quand
on y repense.
On prend trois ans à se connaître
vraiment, à s’apprécier, parfois en
tombant sur des mauvaises surprises,
mais qu’importe, ne plongeons pas
dans le sentimental.
Enfin, au bout de trois ans, le bac
passé, on ne sait plus très bien ce que
l’on ressent, un mélange de liberté
inouïe, avec une parcelle de regrets,
de tristesse relative à ce «monde»
auquel on s’était tant habitué et que
l’on va laisser derrière nous. Enfin,
pour ceux qui quittent l’Algérie, le
jour J arrive à grands pas, l’excitation
due à cette envolée magique, où pour
la première fois, on se sert de ses propres ailes, est tout de suite dissipée,
du moins me concernant, lorsque je
songe à la solitude dans laquelle je serai. Car enfin, habituée à une ribambelle de personnes autour de moi,
une famille large et aimante, on ne
veut surtout pas trouver la froideur
de la vie adulte, de «l’autonomie»
tant évoquée par nos professeurs.
Pourtant, on y est, on y sera. Le
choix d’orientation lui aussi, est un
projet difficile à dix-sept ans, un jour
on veut être «trader», le second on se
voit «architecte», et le lendemain on
veut faire médecine. C’est dur d’établir un choix «décisif». Ce rituel marquera à jamais notre vie, notre avenir,
c’est précisément pour cela qu’il faut
y penser à deux fois, et pas seulement
en Terminale, bien avant.
Enfin, le dernier point que j’aimerais aborder dans cette mini-autobiographie du lycée est le climat extraordinaire d’ouverture et de chaleur que
nous propose notre cher, et parfois
moins cher, liad, notamment grâce à
certaines personnes: le personnel du
CDI, la vie scolaire, et certains professeurs seront à jamais gravés dans ma
mémoire. Une gentillesse inoubliable,
et parfois une présence chaleureuse…
ils sont là pour nous aider, pour nous
«remonter le moral» quelquefois, et
ils font leur boulot merveilleusement.
Il faut que chacun pense à les remercier constamment.
Une ex-élève de TS
journée mais qu’on finit à dix-sept heures…
voilà une routine qui manque déjà aux anciens.
Il n’est pas facile de tourner la page aussi facilement, après quatre années passées
entre ces murs. Quatre années de joie, de
peine, d’amour et de tristesse, d’amitiés
qu’on espère longues, et même pour certains de travail. Tous les anciens vous le
diront, on n’a jamais autant voulu quitter le
lycée que lorsqu’on y était, et on ne l’a jamais autant regretté qu’une fois parti. C’est
quelque chose de tout à fait étrange de devoir laisser sa pièce d’identité pour pouvoir
accéder à ce lieu qui a été notre quotidien.
A vous tous, qui avaient encore la chance d’être au lycée, et spécialement aux élèves de Terminales, un seul mot d’ordre pour
vous : profitez-en. Je ne veux pas avoir à
faire le jeune déjà vieux qui ayant à peine
quitté le lycée fait déjà preuve de nostalgie,
mais profitez-en. Vous êtes dans un microcosme privilégié, avec des amis, une équipe
pédagogique à votre disposition, un lycée
à taille humaine où tout le monde connaît
tout le monde. Profitez-en avant de plonger
dans l’anonymat des études supérieures,
du « vrai » monde. Profitez-en comme si
demain vous deviez partir, quitter le lycée,
et ne plus revenir. Profitez-en sur tous les
plans, investissez-vous dans votre travail et
votre vie (comme disent les anglo-saxons,
Work hard, play hard). Profitez-en pour vous
donner les armes intellectuelles face à un
monde de plus en plus complexe et difficile.
Profitez-en pour faire un maximum d’expériences de vie. Profitez-en pour absorber le
savoir de vos professeurs. Profitez-en pour
vivre chaque minute auprès de ceux que
vous aimez. Dans quelques mois, vous ne
les verrez peut-être plus.
Les années lycée sont les plus belles années de nos vies, de vos vies. Joyeux anniversaire le LIAD.
Aghilès Aït-Larbi
(ex-élève de TES, envoyé spécial du Journal de
l’autre côté de la Méditerranée).
(Les anciens élèves auront toujours une
place dans nos cœurs, ainsi que dans le
Journal, pour donner des nouvelles, tenir
une brève, rédiger une chronique ou un
billet d’humeur. Ndlr)
L’ouverture des portes du Lycée International
Alexandre Dumas en ce mois d’Octobre 2002 restera
inoubliable !
I
noubliable, car grande fû t notre surprise d’arriver sur
un chantier ; les travaux battaient leur plein et les seuls
bâ timents terminé s et fonctionnels é taient la salle des
professeurs, l’intendance, le bureau du proviseur, la vie
scolaire lycé e, la reprographie et le bâ timent« A » où se
trouvaient les salles de classes !
Inoubliable, car nous prenions nos plateaux repas sous
une tente immense, é lè ves et professeurs confondus, mais
tous armé s de bonne humeur et de patience.
Inoubliable, car la plupart d’entre nous ne savait pas
manipuler un ordinateur et introduire des notes ; tous ont
cependant trè s vite appris à le faire
Inoubliable, car nous n’avions ni spé cimens, ni manuels,
seulement des photocopies pour dé marrer cette anné e
scolaire !
Inoubliable, car nous devions tous relever ce dé �i, et
nous l’avons relevé !
Merci à tous ceux qui ont contribué à l’ouverture de
notre lycé e.
Merci à tous nos é lè ves d’avoir donné le meilleur d’eux
mê mes et de nous avoir conforté s dans notre sacerdoce.
L’é quipe des agents techniques en 2002. Reconnaissez-vous Farid et M. Nedjar ?
Karima Griene, Documentaliste
Le jardin d’Epicure du lycée?
Le cdi a 10 ans
J
’ai débuté au CDI en Mars 2003… un somptueux
établissement m’a accueilli d’un bleu méditerranéen
et j’ai été impressionnée par la splendeur du lieu,
malgré les travaux inachevés.
Le CDI m’a toujours paru comme un jardin qu’on
cultive et dont on voit pousser les belles plantes,
j’avais intérêt à avoir la main verte !
Au tout début, le CDI se trouvait dans les locaux de
l’actuel réfectoire. Par la suite nous avons déménagé
vers l’actuel CDI, en même temps que l’ouverture du
collège.
En première étape, en 2002, nous avons commencé
à déballer des centaines de cartons de livres tout
poussiéreux, récupérés auprès des anciens lycées
français qui se trouvaient en Algérie, par la suite nous
les avons enregistrés sur la base de données BCDI3,
après les avoir cotés et, en dernière étape, nous les
avons placés sur les rayonnages.
Nous avons ouvert nos portes aux élèves en
septembre 2004 . Le CDI faisait également fonction
de salle de classe. Nous avions deux salles et deux
professeurs assuraient en même temps leur cours,
c’était assez difficile pour nous, car il fallait supporter
le chahut des élèves .
Le CDI était un lieu très fréquenté par les élèves et
les professeurs, car c’était déjà un espace accueillant
et convivial.
Mon impression après avoir passé dix ans dans cet
établissement : je suis satisfaite d’avoir contribué et
d’avoir été témoin de l’évolution du CDI, et surtout
d’avoir donné le goût de la lecture à nos élèves, c’est
une remarquable mission et un sacré défi pour nous,
les documentalistes!
Faiza Hammaz, Documentaliste
Des tentes servaient de cantine
Ce jour là , qui remonte maintenant
à une dizaine d’anné es, l’ensemble du
personnel ainsi que nos é lè ves s’é taient
mis sur leur 31 !
La plaque en marbre commé morant
cet é vé nement avait é té scellé e la veille
sur le mur, à gauche de l’entré e du lycé e ;
c’est là que nous avions tous pris place
pour attendre l’arrivé e de M. le ministre
des Affaires Etrangè res.
Discrè tement, quelques uns parmi
nous avait apporté leur appareil photo
pour immortaliser cet é vé nement !
En�in il arriva, entouré de journalistes
et de gardes du corps ; mais comme il
dé passait tout le monde d’une tê te par
sa grande taille, nous le distinguions
trè s bien.
Aprè s avoir dé voilé la plaque en
marbre, il se dirigea vers la cantine où
il nous grati�ia d’un trè s beau discours
chargé d’é motion, en é voquant en
particulier l’histoire de nos deux pays et
celle d’Alexandre Dumas.
Aprè s s’ê tre entretenu avec nos
é lè ves, il discuta avec les professeurs de
maniè re trè s amicale.
Ce fut un grand moment de l’histoire
de notre lycé e.
K.G
En 2002, les professeurs expatrié s arrivaient en fourgon blindé
Equipe pé dagogique et administrative en 2002
Echos d’ici et d’ailleurs...
4
Chronique
J’ai vécu à Alger deux années particulièrement enrichissantes. Je suis arrivée au LIAD à un moment où seul le
lycée existait. J’avais face à moi des élèves étonnants: sympathiques mais aussi
curieux, ouverts, ambitieux, exigeants
et critiques. Il fallait être à la hauteur de
leurs attentes et de celles de leurs parents, ce qui fut très stimulant. Je garde
un excellent souvenir de mes élèves qui
m’ont fait confiance et grâce à qui j’ai
beaucoup appris. Ces élèves étaient, me
semble-t-il, heureux de venir dans LEUR
lycée, espace d’échanges, de débats,
......bref plus qu’un lycée, un lieu de vie.
Je faisais alors partie d’une véritable
EQUIPE pédagogique, équipe où professeurs et membres de l’administration se
connaissaient bien et connaissaient bien
les élèves, ce qui nous a permis de faire
un travail efficace. Beaucoup d’entre eux
étaient, et sont encore aujourd’hui, bien
plus que des collègues mais de véritables amis. Nous avons du parfois surmonter, à Alger, des moments difficiles,
mais nous les avons surmontés ensemble. Je garde surtout en mémoire tous
les bons moments partagés. Les repas
et les fêtes furent fréquents, et je ne peux
m’empêcher de sourire en repensant à
ces instants de détente au LIAD.
D’un point de vue plus personnel, ces
deux années en Algérie furent, là aussi,
très enrichissantes. Vivre dans un pays
qui n’est pas le sien et dans une culture qui n’est pas la sienne, ce n’est pas
toujours facile mais c’est une véritable
chance. J’ai appris tellement de choses
en Algérie! J’ai découvert des Algériens
forts, fiers, et surtout particulièrement
accueillants. J’ai aussi appris beaucoup
sur ce grand pays qu’est l’Algérie, j’ai
essayé de comprendre les choses, et
mes collègues, mais aussi mes élèves,
étaient là pour m’y aider. Je les remercie de m’avoir permis de partager avec
eux des moments forts de la vie et de
la culture algérienne. Dans ce pays qui
a une histoire liée à celle de la France,
j’ai aussi beaucoup appris sur l’histoire
de mon propre pays.
Pour résumer, ces années passées
au lycée international d’Alger furent intenses et j’y repense avec beaucoup
d’émotion.
Cela fait maintenant 10 ans que ce
lycée accueille chaque année de nouveaux élèves et personnels d’éducation,
je souhaite aux nouveaux membres du
LIAD que ce lycée leur apporte autant
que ce qu’il m’a apporté.
Isabelle Marion, ancien professeur
d’SVT du LIAD (2006-2008)
Q
Vie du Lycée
« Alexandre Dumas »
uelle aubaine d’écrire quand l’âme peine
à s’élever et freine à mort, quand le temps
s’alourdit et cogne partout de colère !
Taureau furieux, tu craches ta terre et tu fouilles
encore et encore dans les décombres de ceux qui
restent. Alors je me souviens. Va, mon fil........ au
loin et plus loin encore.
Nommé au Lycée Alexandre Dumas, j’étais venu
par le train. Nuit sans sommeil et lecture de polar.
Je tenais par dessus tout à visiter le château d’If
parce que cette île et cette histoire, et ce trésor,
et cet amour, et ces trahisons, c’était ma mère
me lisant la vie dans ses beaux yeux verts, sans
jamais se lasser, recommençant chaque soir sur
la table jaune de la cuisine. Le repas chauffait sur
le fourneau. Dantès! Dantès! Taureau furieux: je
découvrais la critique de la vie pure et,à qui veut
bien entendre, c’est sûr, Kant est bien au-dessus de
l’émotion. Il suffit de sentir alors le futur qui vient.
L’émotion a-t-elle une couleur?
A l’époque (prononcer à l’épôôôque).... Le lycée
ne commençait pas certes, mais c’était encore les
piétinements, les avancées, les retrouvailles. Sur le
blanc des murs, le bleu rythmait les jours de travail.
Un jour, en plein cours, je fus pris d’un désir absolu
de boire, je crus m’évanouir sans la bouteille d’eau
que me tendit spontanément un élève. J’ai fixé le
ciel bleu à travers la vitre pour tenir debout. Un
arbre, comme un doigt, m’indiquait l’horizon.
Je revivais, il m’arrivait de rêver en noir et blanc
mais le plus souvent en couleur. Je méditais le
jour cette phrase sur la vie : « Dois-je la nommer
une vie mortelle ou plutôt une mort vivante ? ».
Je pensais et je m’oubliais (mais, je crois que je
pensais quand même) relisant encore et encore
les Confessions. A l’épôôôque, je faisais un cours
sur la vérité: elle s’enfuyait comme un lapin et je
commençais à sentir que la vérité ne peut être sue.
Souviens-toi dans le silence de ton âme! Un jour,
une élève resta à la fin du cours, droite comme une
tige et le regard fixe. Elle s’approcha doucement.
Amina me dit: -Mais la philosophie ne sert à rien!
Alors pourquoi l’enseigner? N’est-elle pas un nonsavoir ?
Je lui répondis que seul le ciel méritait d’être
questionné pour le bleu qui inonde, alors forcément,
la question qu’elle posait ne se posait pas ou plutôt
se situait autrement. Le bleu était d’ailleurs partout:
LIAD, pépinière de talents récompensés…
as-tu bien vu? Pourquoi veux-tu d’abord savoir?
J’avais un peu honte. Mais peut-on savoir sans
avoir vu et puis voyons-nous ce que nous savons?
Que veux-tu savoir si tu n’as pas senti ce que tu
sais ?
Avec hésitation, je dis: -Mais tu ne pourrais rien
connaître si d’abord il n’y avait des questions dont
la réponse est invisible.
C’était comme un murmure. Alger vibrait comme
une centrale. Pendant ce temps le lycée continuait
sa route, et tous les deux, à la sortie de ce cours,
dans le brouhaha, nous nous disions: mais alors
voyons-nous bien ce que nous voyons? Quel est
donc ce bleu? Qu’est ce que la couleur? Mon coeur
disait merci. Elle dit: -C’est vrai, me dit-elle , le
zéro n’a pas de couleur..... Mais ce monde en a
une, enfin une infinité....
Ce jour de mai 2004, je suis parti rue Didouche
Mourad, et dans le bleu de ce jour, dans les couleurs
qui tremblaient, je m’évanouissais, désirant
m’arracher « à la dispersion où je me dissipais »
dans la nuit qui venait.
J’allais dans la chaleur des rues du soir chez mon
oncle, spéculer sur les roses dévastées, sur les
poèmes de Mohand dans les éditions de Minuit
traduits par Mouloud Feraoun. Nous parlerions de
mon père et de ses aventures.
J’ai revu Amina dans la rue Didouche en 2012.
Pur hasard des rencontres, elle était avec sa mère,
le regard toujours aussi vert dans la lumière de
la matinée, comme penchée pour me regarder,
derrière elle cet horizon de l’instant dans la rue,
un trou de bleu devant le marchand de fleurs, avec
cette jambe cassée qui portait le poids du ciel et
l’espérance. J’ai ri et je l’ai embrassée tout en
disant dans un murmure: alors tes couleurs?........
Elle riait et sa mère me souriait. Et puis la question
fatidique: -Que deviens-tu? J’étais bien pauvre.
Midi, plein soleil, s’écrasait.
Amina ramena sa jambe dans une vitesse si
charmante et si vitesse que la vitesse mourrait
de honte. Je peins Monsieur, je peins! Taureau
furieux, souffle encore, tu sais le reste et mieux
encore. Dantès, je me souviens de toi.
Ankara, Dimanche 3O septembre 2012.
Florent Bouzouane,
Professeur de philosophie à Alger en 2004-2007.
I
Bref, on y est ! Frais et dispos, après deux mois
de vacances bien méritées et on sourit. Il faut dire
que l’on ne sait pas encore à quelle sauce on va être
mangé ! D’ailleurs le fameux « souriez vous êtes filmés » a été remplacé par « souriez avant de recevoir
votre emploi du temps ! ». Alors on écoute, on discute, on pense, on prend un café et on se souvient. On
scrute la salle lentement et on réalise que certaines
têtes, celles qu’on affectionnait particulièrement, ne
sont plus là ! Et puis, parce que c’est comme ça, on
en découvre d’autres et on se dit que finalement la
nouveauté ça a toujours du bon !
Des nouvelles des nouveaux !
Les collègues s’expriment :
Nadia RAHMANI
(Secrétariat primaire Ecole Primaire Alexandre DUMAS)
Signe particulier : deux rentrées sur les deux sites !
Une rentrée à Ben-Aknoun, c’est comment ?
Ma rentrée je l’ai faite en janvier, un peu anxieuse au
départ car c’était tout nouveau pour moi n’étant pas du
métier, tout ce que je peux dire c’est que mon démarrage
s’est fait sur les chapeaux de roues (lol).
Une rentrée à Delhy Brahim, c’est comment ?
Voir se concrétiser un projet auquel on a pris part, et
assister à une première rentrée sans couac a été très
gratifiant.
Pourvu que ça dure !
Le Lycée international Alexandre Dumas est un théâtre de talents qui n’attendent qu’à être propulsés
sur le devant de la scène. Que cela relève des chiffres ou des lettres, des arts ou des sciences, de
nombreux élèves se sont vu attribuer de prestigieux prix lors de concours internationaux. De
fait, l’établissement a tenu à mettre en valeur les lauréats des concours « Poésie en Liberté » et
« Paroles de presse », et ce, lors d’une petite cérémonie de remise des prix qui a eu lieu au CDI le
lundi 21 mai, sous un soleil timoré de printemps…
Autoportrait du Hic
E
taient présents pour l’occasion, M. Demeleumeester,
les documentalistes et quelques professeurs. Hichem
Baba Ahmed dit «Monsieur», comme il a du le
préciser à un proviseur qui s’interrogeait sur comment il allait
appeler son invité (hésitant entre son célèbre pseudonyme Le
Hic et son véritable nom), ainsi que M. Lascaux, conseiller
culturel à l’ambassade de France, nous ont honoré de leur
présence.
Face à ce beau monde, les élèves concernés, du lycée
mais également des collégiens de 6ème et de 4ème.
M. Lascaux, en poste à Alger depuis 2009, après une
allocution vantant les mérites du LIAD de par ses excellents
résultats académiques, a tenu à saluer les différentes prix
obtenus lors de compétitions internationales dans lesquelles
ces élèves se sont illustrés.
A cet effet, M. le proviseur remit la cérémonie dans son
contexte et poursuivit dans sa lancée, en félicitant chaque
lauréat personnellement. S’en suivit une remise des prix
accompagnée de photos, et pour faire bonne
mesure, d’applaudissements bien nourris.
Outre ces deux concours littéraires,
M. Demeulemeester promet que dans un
futur proche, un plus grand événement sera
organisé pour fêter les lauréats tous domaines
confondus, en présence de leurs parents.
D’ailleurs, Lydia n’a pas hésité à
mentionner les nombreuses autres distinctions
que la classe de première OIB a remporté haut
la main, et ce, en dépit de la charge de travail
exigée.
A ce propos, M. Lascaux a rebondi
tout sourire en affirmant apprécier tout
particulièrement cette filière qui forme
« les Euro méditerranéens de demain », « les futurs
ambassadeurs » et qui, grâce à son bilinguisme et à son
ouverture au monde, cultive la curiosité intellectuelle et le
goût de l’effort, de même qu’il a déclaré que cela représentait
une richesse tant pour la France, que pour l’Algérie.
Et à lui de conclure, en arabe : Yallah !
Chouette, c’est la rentrée !
ronique ou non, on ne le saura jamais, cette
phrase est prononcée de nombreuses fois
en Septembre, que ce soit au 20H ou dans les
couloirs du lycée …
5
Sofia AMMAR KHODJA
(Professeur de Lettres Lycée International Alexandre
DUMAS)
Alger et alors ?
Je suis d’Alger. Je peux vous dire que c’est un très beau
pays avec un temps à en faire saliver plus d’un. En revanche
pour se distraire le soir, y’a pas photos ; je recommande la
Thaïlande.
Une rentrée à Ben-Aknoun, c’est comment ?
La rentrée à Ben-Aknoun est tout simplement
rafraîchissante. Pour ma part j’ai été accueillie à bras
ouverts par mes collègues de lettres, ce qui m’a vraiment
mis du baume au cœur.
A suivre …
Delphine Maniak, professeur de lettres
La célébration finie, les invités se sont entretenus autour
d’un cocktail, et en ont profité pour faire dédicacer les
ouvrages de Le Hic, auprès du caricaturiste, qui s’est montré
aussi drôle que disponible.
Par Haddag Lydia (ex-1ère ES 2 OIB)
et Chekroune Sérine (ex-2nde 1 OIB)
« Les Olympiades académiques des geosciences sont à l’honneur pour la troisième fois au Lycée
International Alexandre Dumas d’Alger. Yanis MEHIDI, lycéen du Lycée International Alexandre
Dumas, Alger, Algérie, est lauréat national des Olympiades Géosciences 3°prix, Médaille de
bronze.
Avant d’être reçu au ministère de l’Education nationale par Monsieur Vincent PEILLON, ministre
de l’éducation nationale, avec ses camarades du concours national le 29 juin 2012, le jeuneYanis
MEHIDI a été accueilli à l’AEFE par Monsieur Olivier BOASSON, Directeur adjoint de l’Agence, qui
a eu le plaisir de lui remettre un diplôme et un ouvrage de géologie.
L’équipe des professeurs de SVT
Palmarès LIAD 2011/2012
Olympiades Nationales de la chimie, 3ème
prix des projets de communication lors de
la finale à Paris avec :
Hafidi Seyf Eddine 1S1 OIB
Haddag Lydia 1ES 2 OIB
Azirou Kamélia 1S1 OIB
Boudjedra Fouad 1S1 OIB
Alliouche Nacira 1S1 OIB
Olympiades Nationales de Mathématiques,
2ème prix : Mehidi Yanis 1ère S1 OIB
Concours international de scénarii, organisé
par le lycée français de Washington :
« Lecture », texte nominé au prix du
scénario le plus original, lauréats :
Haddag Lydia et Boudjedra Fouad 1ère OIB
Concours de l’ambassade de France relatif à
l’implication des élèves dans la vie du lycée
et aux questions des droits de l’Homme,
lauréats :
Abtout Annia 1ère S1 OIB
Brahimi Inssaf 1ère S1 OIB
Bouabdallah Ambar 1èreS3
Ait Larbi Aghilés Tle ES 2
Concours international « Poésie en liberté »,
sous la tutelle de l’Aefe et du ministère
de l’éducation nationale 1er Prix 2011,
catégorie lycées français de l’étranger et
membre du jury 2012 :
Haddag Lydia 1 ES 2 OIB
Concours international Parole de presse
organisé par l’AEFE et qui avait pour thème
«réaliser le portrait d’une personne œuvrant
au rayonnement culturel du pays d’origine
interview de « Le Hic »,
1er prix :
Chekroud Yousra Serine
Mebarek Amina, 2ne 1 OIB.
6
Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie
Récemment nommé Ambassadeur de France en Algérie,
M. André Parant en visite au LIAD
Interview réalisée par :
Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie
écriture commune de l’Histoire, à ne
pas se lancer dans une « guerre des
mémoires » mais ensemble à écrire la
réalité des faits, loin des récupérations
n mai 2012, le LIAD a eu l’honneur d’accueillir M. André Parant, récemment nommé Ambassadeur
de France en Algérie. C’est dans le cadre de cette visite que nous avons eu l’occasion de le rencontrer
et de lui poser quelques questions. Focus sur son parcours, son métier, sa vision des relations francoalgériennes, et bien évidemment sur le LIAD qui fête ses dix ans cette année. Un établissement tout
jeune mais qui joue déjà un rôle important dans les relations entre les deux pays…
politiciennes, en confiant ce travail
aux historiens pour que cela soit fait
« de la manière la plus juste et la plus
objective possible ». Elu à la veille du
cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, c’est un rôle clé
que jouera M. André Parant dans cette
célébration.
Etre ambassadeur…
Etre ambassadeur, c’est devenir en
quelque sorte la vitrine de son pays
dans le pays d’accueil. M. Parant est
le représentant de la France en Algérie, mais il l’a aussi été dans plusieurs
autres pays. Curieux, nous le questionnons sur son parcours. Nous apprenons ainsi qu’après sa sortie de l’ENA
(Ecole Nationale d’Administration),
il occupe de nombreux postes diplomatiques notamment en Afrique et
dans le monde Arabe. En 2005, il est
Ambassadeur de France au Sénégal.
En 2008, il le devient au Liban. Être
ambassadeur, c’est beaucoup voyager, pour des missions diplomatiques
qui peuvent aller de quelques heures
à plusieurs années. En 2009, il est
rappelé en France et occupe le poste
de Conseiller diplomatique adjoint du
Président de la République. En avril
2012, il est nommé Ambassadeur de
France en Algérie.
Ses premières rencontres avec l’Algérie par le passé avaient été assez
brèves, au cours de courtes missions
diplomatiques n’allant pas au-delà de
quelques heures. Mais une fois installé à Alger, c’est une grande familiarité avec la ville qu’il a immédiatement
Et le LIAD dans tout ça ?
Parmi les rôles majeurs d’un ambassadeur, il a celui d’œuvrer à la promotion de la culture de son pays. Cette diffusion culturelle se fait par différents
moyens mais l’enseignement est celui
qui demeure le plus efficace. Le LIAD
qui fête ses dix ans cette année en est
un bel exemple. Nous rebondissons
sur cette affirmation de M. Parant pour
aborder une question qui nous tient
très à cœur. Une grande
majorité des élèves du
LIAD sont algériens. S’ils
y sont scolarisés, c’est
parce qu’ils ont passé un
concours mais également
parce que leurs parents
peuvent se permettre de
payer des frais de scolarité importants et qui n’ont
cessé d’augmenter ces
dernières années. Nous
insistons sur le paradoxe
entre la volonté de promouvoir l’excellence scolaire, l’ouverture au monde et la francophonie,
et la réalité de ces frais
de scolarité, prohibitifs
pour le plus grand nombre ; et nous proposons
CHEKROUD Yousra Serine (ex-2nde OIB)
AÏT-LARBI Aghilès (ex-T ES)
E
ressentie. Alger, il la connait. Il l’a
connue à travers des films, des images,
des textes, mais aussi à travers cette
proximité de culture très étroite avec
la France. Mais comme il nous le fait
si judicieusement remarquer, l’Algérie
ne se limite pas à Alger, aussi M. Parant se donne pour projet au cours de
son séjour ici de visiter la vraie Algérie, l’Algérie profonde. Nous abordons
la culture algérienne, que ce soit à travers les textes de nos écrivains ou les
mélodies de nos chanteurs, ce à quoi il
répond qu’il n’a que des connaissances
très superficielles de la riche culture algérienne, mais qu’il veillera à y remédier au cours de sa mission. C’est aussi
ça, le métier d’ambassadeur, un enrichissement continu et permanent…
« Les postes à enjeux sont les
plus beaux postes. »
Nous avons tenu à demander à M.
Parant pourquoi avoir accepté cette
mission en Algérie, ce à quoi il répond
que « les postes à enjeux sont les plus
beaux ». Etre ambassadeur, c’est se
charger du maintien des contacts et
échanges permanents entre son pays
et le pays d’accueil. Et du fait de relations franco-algériennes très complexes, c’est comme un défi permanent,
une mission assignée à l’ambassadeur.
Et s’il y a un point sur lequel il aura
longuement insisté au cours de notre
entretien, c’est bien sur la particularité
des relations franco-algériennes.« Des
relations non comparables, étroites,
denses et complexes. Des relations accentuées par une proximité géographique et de culture, des relations étroitement liées dans tous les domaines ».
Sur le plan social à travers l’importante
communauté algérienne présente en
France, à travers le nombre élevé de
binationaux en Algérie, à travers cette
circulation permanente entre les deux
rives. Sur le plan économique car la
France demeure le premier partenaire
économique de l’Algérie, et que des investissements importants ont déjà été
réalisés ici. Des relations qui restent
cependant perturbées par certains facteurs historiques dus à un sombre passé colonial qui laisse encore de profondes séquelles des deux côtés de la rive.
Selon M. Parant, « il faut que les deux
pays s’efforcent de dépasser ensemble ce passé douloureux, et aillent de
l’avant ». Cette longue histoire commune ne doit pas selon lui être un obstacle aux relations entre les deux pays,
mais une véritable richesse. M. Parant
n’aura de cesse que d’en appeler à une
7
l’idée d’un système de bourses pour
aider certains élèves excellents scolairement mais dont les parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité. M.
dans lequel nous évoluons, qu’il a eu
l’occasion de visiter et qu’il a visiblement beaucoup apprécié. Il mentionne l’extrême convivialité des lieux, la
Parant semble dubitatif quand à notre
demande, et finit par nous affirmer
que l’AEFE prend déjà en charge 50%
de ces frais de scolarité, qu’il existe des
bourses pour les élèves de nationalité
française (uniquement ! Nous ne manquons pas de le souligner.) et d’autres
pour les élèves excellents souhaitant
poursuivre leurs études en France.
Mais devant notre insistance, il finit
tout de même par avouer que ce n’est
pas une mauvaise idée, et nous promet
d’examiner notre proposition.
Enfin, M. Parant conclut en faisant l’éloge du superbe cadre scolaire
motivation du personnel (professeurs,
documentalistes, surveillants, CPE,
proviseur adjointe, proviseur, très impliqués dans la vie au LIAD). Et s’il a
bien un message à faire passer aux élèves, c’est de « prendre conscience de
cette chance et d’en profiter ». Profiter
de la chance que l’on a de préparer notre avenir dans les meilleures conditions possibles. Profiter de la chance
que l’on a d’évoluer chaque jour dans
un riche mélange entre deux cultures.
Et ne surtout pas oublier ce rôle qu’il
nous a attribué, « vecteurs d’un rapprochement entre les deux rives ».
8
Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie
Chronologie d’une rencontre
1h40mn avec l’Ambassadeur
Onze heures. Nous nous rendons
au CDI. Robe, talons et costume sont
de rigueur. On nous annonce que
l’Ambassadeur est en train de visiter
le lycée, et qu’il pourra nous voir vers
midi. C’est tant mieux, ça nous laisse
le temps de revoir nos questions.
Onze heures et quart. Comme
le temps d’entretien est limité, nous
devons sélectionner les questions à
poser. Dommage. En même temps,
dix-huit questions, c’était peut-être
un peu trop ! Il faut aussi se les répartir en fonction de ce qui nous tient
chacun le plus à cœur, Aghilès et moi.
Nous nous mettons à la tâche à coups
de surligneur rose fluo.
Onze heures trente. Monsieur
l’Ambassadeur va passer visiter le
CDI. Nous faisons mine de nous replonger dans nos papiers ; il faut
bien avoir l’air d’élèves studieux ! Il
arrive accompagné du proviseur et
de M. Lascaux le Conseiller culturel à
l’ambassade, et de quelques administratifs. Nous nous présentons en lui
serrant la main. Il a l’air assez sérieux
au premier abord, mais il nous dit «
à tout à l’heure ». L’entretien va se
passer sous la kheima qu’ont dressée
les élèves de 1ère OIB pour fêter leur
retour d’Abu-Dhabi.
Midi. Il faut y aller. Monsieur
Bernard nous accompagne jusqu’à la
kheima sous un soleil radieux de mois
de mai. Beaucoup d’élèves prennent
du bon temps, allongés sur les tapis
aux couleurs flamboyantes. L’intérieur est meublé de matelas, de coussins, de petites lampes colorées, de
tables basses en bois… un cadre très
chaleureux et assez particulier pour une interview. Il
faut retirer ses chaussures.
On nous installe des chaises
à l’écart. A l’écart parce que
nous sommes quasiment
seuls avec lui, personne
pour superviser tout ça, ce
que j’ai beaucoup apprécié
car c’était une preuve de
totale confiance de la part
de M. Bernard et de Mme
Benyounès, et aussi de Proviseur.
Midi dix. L’entretien
commence. Il se déroule
parfaitement, avec fluidité, sans le moindre accroc.
Pourtant, j’étais un peu anxieuse à l’idée de discuter
avec l’Ambassadeur, mais
M. Parant s’est prêté au jeu
de l’interview avec une grande facilité, face pourtant à deux élèves qu’il
ne connaissait pas. Etait-ce une question de personnalité, ou bien une volonté de donner un nouveau ton à la
politique de l’ambassade de France
en Algérie, plus direct, plus ouvert ?
Il a en tout cas répondu à toutes nos
questions, parfois avec sérieux, parfois d’un air plus plaisantin ou avec le
sourire. Questions et réponses se sont
enchaînées, nous écoutions attentivement et griffonnions toutes sortes
de notes sur nos papiers. Nous pensions avoir un temps très limité, mais
M. Parant s’est montré très ouvert et
disponible et la durée de l’entretien
s’est étendue de sorte que nous avons
finalement eu le temps de poser toutes les questions qui nous tenaient
L’Ambassadeur avec des élèves, sous la Kheima dressée pour la semaine interculturelle des OIB
Visite du Ministre Conseiller
9
Une pause très conviviale avec
M. Diego Colas,
Ministre Conseiller de l’Ambassade jusqu’à l’été 2012
«On ne sort pas indifférent de l’Algérie»
Notre Lycée International a accueilli une nouvelle personnalité le dimanche 10 juin
dernier : M. Diego Colas, ministre conseiller, ou plus communément « n°2 » à l’ambassade
de France en Algérie, que j’ai pu rencontrer et avec qui j’ai pu m’entretenir au CDI.
Vous arrivez à la fin de votre mission en
Algérie, en tant que « n°2 » de l’Ambassade
de France en Algérie. Pardonnezmoi, mais je n’ai pu recueillir que très
peu d’informations à votre sujet, par
conséquent, pourriez-vous vous présenter
à nos lecteurs ?
à cœur. Posé, choisissant ses mots
avec soin, il s’est beaucoup appliqué
à nous répondre. Je suis encore étonnée aujourd’hui de constater à quel
point il nous a pris très au sérieux,
omettant le fait que nous n’étions
que de simples lycéens, et élevant notre modeste interview au rang d’une
vraie interview journalistique. M. Parant aura passé une bonne partie de
sa visite au lycée avec nous en effet…
Midi quarante. Il est temps de
conclure. Nous remercions chaleureusement monsieur l’Ambassadeur
de s’être prêté au jeu. Thé et gâteaux
orientaux arrivent sur un plateau
porté par deux élèves de première
en tenues traditionnelles. Nous en
profitons pour nous mettre d’accord,
Aghilès et moi, sur la rédaction de
notre article. On lui offre des exemplaires de notre journal en guise de
remerciements, il promet d’y jeter un
coup d’œil.S’impose ensuite une petite séance photo au cours de laquelle
tout le monde se regroupe autour de
M. Parant, des sourires se lisant sur
toutes les lèvres. C’est finalement une
belle rencontre qui aura eu lieu, me
laissant une bonne impression. Elle
m’aura initié au métier de journaliste, et m’aura fait aimer celui d’ambassadeur. Une rencontre très enrichissante, en somme.
CHEKROUD Yousra Serine
(ex-2.1 OIB)
J’exerce le métier de diplomate. Je suis un agent
du ministère français des Affaires Etrangères,
qui occupe des fonctions successives, tantôt
à Paris, tantôt au sein des ambassades. Je suis
entré au ministère des Affaires Etrangères en
1999. J’ai travaillé durant cinq ans à Paris, à
la direction des affaires juridiques, puis en tant
que conseiller technique auprès de la ministre
déléguée aux affaires européennes. En 2004, je
suis allé à Londres, où j’ai exercé durant quatre
ans et demi le poste de conseiller politique.
Enfin, je suis arrivé à Alger en 2008, pour
prendre mes fonctions de ministre conseiller,
qu’on appelle aussi le « n°2 d’ambassade », ou
« premier conseiller ». Ce poste regroupe quatre
missions. En premier lieu, il s’agit de coordonner
la chancellerie diplomatique, c’est à dire la
relation bilatérale entre la France et l’Algérie.
Ma seconde mission consiste à coordonner
les activités des différents services : je joue
le rôle d’une « tour de contrôle », et m’assure
de la cohérence des actions de l’ambassade de
France, qui se matérialisent par exemple lors de
la coordination de communiqués ou de courriers
soumis à la signature de l’ambassadeur. Je suis
également l’officier de sécurité de l’ambassade,
et de toutes les installations françaises en Algérie
– ce lycée par exemple – et suis responsable de la
sécurité passive de ces structures, comme le bon
fonctionnement du matériel, et de l’organisation
de cette sécurité, des gardes etc. Enfin, ma
dernière tâche relève de la gestion, c’est-àdire des grilles salariales, du dialogue avec les
syndicats, de la politique immobilière...
Quel bilan feriez-vous de votre carrière en
Algérie ?
Ce furent trois années d’une grande intensité.
J’ai eu beaucoup de travail, et ce fut pour moi
d’un grand intérêt, d’autant plus que l’Algérie
représente pour moi une sorte de retour aux
sources. En effet, mon arrière grand-père vivait
à Bechar, il avait une compagnie de camions et
commerçait entre Oran et le Mali. J’ai effectué
mon premier voyage en Algérie à l’âge de onze
ans (le monument des martyrs allait alors être
inauguré). C’est indéniablement un pays proche
de mon coeur, mais je me suis rendu compte que
je le connaissais très peu, car en France, on se
fait beaucoup de fausses idées sur l’Algérie. J’ai
donc été très intéressé d’apprendre à connaître
l’Algérie, son système politique, son économie,
son mode de fonctionnement, sa culture.
L’autre aspect passionnant de mon séjour en
Algérie réside dans le travail d’équipe que j’ai
pu y expérimenter. En effet, à mon arrivée en
2008, le prédécesseur de M. Parant, M. Xavier
Driencourt, venait tout juste d’être nommé
ambassadeur. J’ai donc effectué la quasi totalité
de mon travail directement avec lui, et cela grâce
à une très bonne entente entre nous. Nous avons
formé un binôme soudé, bénéfique pour l’action
de l’ambassade, car à notre arrivée, la relation
bilatérale entre la France et l’Algérie n’était
pas au beau fixe, la communication demeurant
difficile. Nous avons donc employé les deux
premières années de notre coopération à renouer
les contacts bilatéraux, en organisant les visites
de grandes personnalités françaises en Algérie,
en lançant une grande exposition culturelle au
Musée d’Art Moderne. Lorsque les liens furent
renoués, et cela dépendait aussi des décisions
politiques algériennes, nous nous sommes
employés à accompagner la montée en puissance
de la relation bilatérale : ainsi les venues de
Jean-Pierre Chevènement en septembre 2010, de
Michèle Alliot-Marie en novembre de la même
année, d’Alain Juppé en juin 2011, et de JeanPierre Raffarin on redonné de l’élan à la relation
bilatérale, en lui apportant de la substance, et
cela fut une mission intéressante. Nous avons
également opéré des changements au niveau de
la gestion et de la sécurité de l’ambassade, restée
sur la logique fermée des années 90, en réalisant
un travail d’ouverture et de modernisation.
Quel visage revêt la politique culturelle
française en Algérie, en termes de
rayonnement ?
L’action diplomatique française s’étend sur le
domaine politique et consulaire, et concerne
aussi la coopération entre les universités ou
les polices, ainsi que la culture, notamment la
question scolaire. On constate en premier lieu
la forte présence culturelle française en Algérie.
En effet des Centres Culturels Français (CCF,
maintenant dénommés IFA : Institut français
d’Algérie) existent dans plusieurs grandes villes
d’Algérie, notamment Alger au centre, Tlemcen
et Oran à l’ouest, Annaba et Constantine à l’est,
sans oublier Tizi Ouzou, où la réouverture
centre culturel est actuellement en cours, ce
qui témoigne de la volonté de l’ambassade
d’être au contact de l’Algérie, et pas seulement
d’Alger, car la réalité hors d’Alger est très
différente de la réalité algéroise. C’est en cela
que l’implantation hors d’Alger est un aspect
important de la politique culturelle, dans une
optique de dialogue avec les populations. La
coopération à travers l’action culturelle est
essentielle pour la France, c’est pourquoi le
ministère des affaires étrangères dégage des
«enveloppes de coopération» avec beaucoup
de pays : l’Algérie et le Maroc en sont les deux
plus importantes. Cette enveloppe est destinée
en Algérie au domaine universitaire à 45%,
afin de développer les échanges, au domaine
linguistique, pour la formation d’enseignants
dans le cadre de la réintroduction du français
dans l’enseignement primaire, au domaine
culturel également, dans le soutien aux CCF,
et aux manifestations. Elle concerne également
le secteur administratif, environnemental
notamment, par exemple en apportant l’expertise
française lorsque les Algériens élaborent leur
schéma national d’aménagement du territoire,
et enfin le domaine audiovisuel, très particulier
en Algérie. En effet, dans la plupart des pays,
la politique audiovisuelle consiste à assurer
l’accès des habitants locaux à des chaînes
publiques telles que France 24 ou TV5, qui
diffusent des programmes français orientés vers
l’international. Mais en Algérie, parce que nous
sommes beaucoup plus proches, la question est
avant tout de veiller à préserver l’accès, pour
tous les Algériens, à des chaînes grand public
comme TF1, Canal+, M6...
Cette politique diffère-t-elle dans les autres
pays du Maghreb ?
Je dirais que la politique culturelle dans les
pays du Maghreb diffère des autres régions du
monde. En Algérie et au Maroc, les populations
connaissent la France par l’histoire qui a créé
des flux humains entre les familles, ce qui
occasionne de nombreux contacts, il n’est
donc pas besoin de les intéresser à la France
contrairement à d’autres pays. Les pays du
Maghreb constituent donc une priorité : ils sont
les plus grosses enveloppes de coopération,
ce qui témoigne d’une action plus intense par
habitant qu’ailleurs dans le monde. Par ailleurs,
on y pratique une approche différente, qui vise
plus à entretenir la relation et l’arrimage de la
France à ces pays, plutôt que d’en construire,
ça révèle l’extrême proximité inhérente au
Maghreb.
10
Les Belles Personnes
Visite du Ministre Conseiller
Pourquoi existe-t-il actuellement un
seul lycée français en Algérie, lorsqu’au
Maroc et en Tunisie les établissements
sont plus nombreux ? La réouverture des
anciens lycées français en Algérie est-elle
envisageable ?
Rouvrir tous les anciens établissements français
en Algérie n’est probablement pas envisageable,
car il existe deux différences entre l’Algérie
et ses voisins maghrébins. Premièrement, le
politique éducative algérienne a fait le choix
de récupérer les anciens lycées français, dans le
cadre de l’arabisation décidée durant les années
1970. Ainsi les autorités permettent un seul
lycée français, et c’est le lycée international
Alexandre Dumas. De plus, durant les années
1990, il était difficilement possible de faire
fonctionner ne serait-ce qu’un seul lycée. Ces
deux paramètres nous ont donc amenés à repartir
de zéro au début des années 2000, en construisant
l’actuel lycée, puis le collège, la petite école et
enfin l’école primaire qui ouvrira ses portes
à la rentrée 2012. Cependant, des projets de
nouveaux établissements à Oran et Annaba, où
j’ai effectué des visites la semaine dernière afin
de proposer des accords de fonctionnement, sont
actuellement étudiés: il s’agit de trouver des
locaux, d’établir un financement, de décider du
fonctionnement de ces lycées, mais en accord
avec les autorités algériennes.
Le centre culturel français de Tizi Ouzou
est actuellement en réhabilitation. Va-t-on
vers la généralisation de cette structure
culturelle, très dynamique à Alger, à
travers tout le territoire ?
L’ouverture du centre culturel de Tizi Ouzou
représente actuellement une priorité : en effet,
sa réouverture a été décidée, mais l’édifice
reste très abîmé, comme j’ai pu le constater
lors de mes deux visites sur les lieux. Fermés
depuis 1994 et gardés depuis par une ou deux
personnes, les locaux de Tizi Ouzou n’ont pas
été entretenus, et nécessitent donc énormément
de travaux. Lorsque ceux-ci seront achevés, les
six CCF qui existaient avant années 1990 auront
rouvert. Il n’est pas à l’ordre du jour d’en ouvrir
plus, sachant qu’il y en a déjà deux au centre,
deux à l’est et eux à l’ouest. En revanche, il
s’agit de travailler sur les contacts de ces centres
avec les autorités algériennes, à l’exemple de
Tizi Ouzou, avec la Maison de la culture, que
j’ai visitée et qui est lieu très dynamique, et
de développer des manifestations à l’extérieur
du centre en partenariat avec les universités de
la ville, et avec d’autres villes. Ainsi, a eu lieu
la mise en place d’une pièce de théâtre à Jijel,
à partir du CCF de Constantine, ce qui devrait
encourager d’autres partenariats avec des
wilayas du sud (Béchar, Adrar) plus éloignées.
Le développement de la présence se ferait donc
plus par le biais du partenariat.
Une question persistante s’impose : la
situation des élèves de ressortissant algérien
au sein de l’établissement. Nous sommes
majoritaires et ne bénéficions d’aucune
aide financière possible, malgré le coût
croissant de 10% chaque année des frais
de scolarité (exorbitants face au niveau de
vie locale), afin de supporter l’expansion
des infrastructures éducatives françaises
à Alger, reflet de l’ancrage important de
la francophonie. Envisageriez-vous de
nous inclure dans le processus de bourse
d’excellence allouée aux plus méritants, à
l’image du système qui, en France, rend
accessibles les meilleures universités aux
élèves les moins favorisés ?
Je suis perplexe, car j’étais persuadé que les
bourses d’excellence étaient accordées aux Algériens également (vérification faite, c’est bien
le cas). Tout ceci reste surtout une « affaire de
sous » : le budget du LIAD est un budget important, entre le lycée, le collège, et les nouveaux
équipements récemment installés. Tout ceci représente un investissement élevé, couvert à 50%
par les frais de scolarité, ce qui nous laisse 50%
couverts par les subventions de l’Etat français.
Il serait difficilement concevable que l’Etat paie
plus que cela, et les parents moins. Il faudrait
peut-être envisager d’équilibrer les charges, de
façon à ce que certains foyers paient plus pour
alléger les frais d’autres foyers moins favorisés,
en s’appuyant sur une échelle des revenus. Ce
serait un système de bourse, mais supporté par
les parents les plus favorisés, et un tel projet
impliquerait de grandes discussions, auxquelles nous ne sommes pas fermés. Par ailleurs, le
LIAD fait partie du peloton de tête quant aux
bourses, ce qui est un vrai critère d’excellence,
au delà des excellents taux de réussite aux bac
et brevet.
Quelle importance accorde l’ambassade
de France au cinquantenaire de
l’Indépendance de l’Algérie, célébré cette
année ?
Le cinquantenaire de l’Indépendance est
un événement extrêmement important.
L’ambassade de France est prête à s’organiser,
mais c’est d’abord aux Algériens de décider des
célébrations, de dire ce qu’ils attendent de la
France, ou si, au contraire, ils préfèrent conserver
une approche algéro-algérienne, ou avec
d’autres pays. C’est aux Algériens d’instiguer
la dynamique. Cependant, l’indépendance de
l’Algérie est une page de l’histoire de France,
ayant mobilisé beaucoup de Français et de
Françaises, dont beaucoup militaient en faveur
de l’indépendance, il y va donc également de
la mémoire française. Les intellectuels ont
d’ailleurs beaucoup célébré cet anniversaire, qui
a suscité un intérêt particulier en France. Ainsi,
l’ambassade se met à la disposition de l’Algérie,
pour accompagner une demande, proposer des
idées, et veiller à ce que la célébration de cet
anniversaire permette de rapprocher les deux
pays plutôt que susciter des tensions. Certaines
manifestations en France peuvent être mal
comprises en Algérie, il s’agit également de
se renseigner sur cela, et d’assurer la bonne
communication ainsi que la compréhension
des diverses manifestations, afin de préserver
la mémoire « en souffrance » de certaines
personnes, sans maladresses. Par exemple,
la manifestation au musée de la guerre avec
Jacques Fernandez présente bien les choses.
Elle est le fruit de beaucoup de travail entre
les gouvernements de nos deux pays, et permet
d’apprendre l’Algérie aux Français à travers
l’histoire.
Avez-vous eu l’occasion d’embrasser la
culture algérienne (littérature, musique,
voyages...) ? Que retenez-vous de cette
expérience ?
On ne sort pas indifférent de l’Algérie. C’est
un pays d’une telle chaleur humaine, auquel je
suis très attaché. J’y ai beaucoup voyagé (j’ai
pu me rendre dans environ trente des quarantehuit wilayas), et j’ai vraiment aimé découvrir
la diversité des paysages. Ma région favorite
reste les Hauts Plateaux, l’Est du pays comme
Djemila, j’étais d’ailleurs à Souk Ahras la
semaine dernière. On comprend la population à
travers les petits villages, autour d’un thé. Cette
chaleur humaine me manquera, et je reviendrai
car j’ai encore une dizaine de voyages que
j’aimerais faire.
J’ai aussi beaucoup aimé les auteurs algériens,
rencontrés au cours de passionnants dîners ou
déjeuners autour des romans policiers algériens,
ou de la littérature sud-américaine par exemple.
Parmi eux je cite Boualem Sansal, Yasmina
Khadra, Yahia Belaskri. La lecture de ces auteurs
permet de bien comprendre les Algériens, ce qui
les touche, les représente, leurs réactions.
Je me suis également intéressé au cinéma et à la
peinture locaux. Je dispose d’une assez grande
résidence en tant que Ministre Conseiller,
où trônent de nombreux tableaux algériens,
notamment les oeuvres de Hamza Bounoua, un
peintre renommé qui expose dans les pays du
Golfe et à New York, et que j’ai eu la chance
de recevoir. Son travail s’apparente à de la
calligraphie moderne, presque au graffiti, et c’est
vraiment très beau. J’ai également pu découvrir
Abdelmalek Medjoubi, qui peint dans des tons
de bleu presque industriel. L’accord de ses toiles
avec l’imprenable vue sur la baie d’Alger offre
un spectacle des plus fascinants.
J’emporte donc avec moi beaucoup d’images et
de souvenirs. Je retiendrai surtout cette chaleur
humaine, cette hospitalité et cette authenticité.
Les Algériens disent ce qu’ils pensent et ce
qu’ils sont de manière assez franche.
Quels conseils donneriez-vous aux élèves
du LIAD?
Je n’ai pas beaucoup de conseils à vous donner,
car je sais que vous travaillez beaucoup. Donnezvous surtout les chances de réaliser votre plein
potentiel. J’ai plusieurs fois rencontré des élèves
du LIAD à l’occasion du forum des métiers,
où je représentais le métier de diplomate, et
de la rencontre avec M. Zimeray couverte
par le Journal du Liad au mois de mai. Les
élèves de ce lycée sont extrêmement vifs et
intelligents, par conséquent mon conseil, qui
n’a jamais trahi, est de travailler, se donner, de
tenir les promesses qu’on se fait à soi-même
pour s’accomplir le mieux possible. Vous êtes
une génération porteuse de promesses, je vous
souhaite de réaliser vos rêves, le plus souvent
c’est en travaillant qu’on y arrive.
Un mot pour nos lecteurs ?
Bon courage au LIAD, et bravo au journal qui a
été primé récemment, je félicite la qualité de ce
journal que je lis toujours avec intérêt.
Nesma MERHOUM (ex-2NDE 4)
11
Rencontre avec Me Lalia KERFA et M. Bernard TRAMIER
Interview de M.
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Culture et francophonie
12
Culture et francophonie
Rencontre avec le nouveau directeur de l’Institut français d’Alger (IFA)
M. Voisin, citoyen du monde,
et bien plus encore…
M. Voisin est un homme ouvert, curieux et passionné. Cela va sans dire. Il nous convie sympathiquement à nous asseoir, en cette soirée algéroise.
De son bureau aéré aux tons clairs, sa nouvelle fonction semble lui aller comme un gant ! Une aura de jovialité et de simplicité émane de lui.
Nous débutons la discussion autour des travaux d’élèves du lycée en rapport avec le devoir de mémoire (les Algériens pendant la Seconde Guerre
mondiale). Nous bavardons un petit moment sur l’organisation du Journal du lycée : pas d’équipe rédactionnelle, mais un journal participatif. Mr
Voisin est germaniste, nous bilingues arabisants. A ce propos, nous lui esquissons une brève présentation de la section OIB qu’il trouve, au passage,
tout bonnement très attrayante...
Interview réalisée à l’IFA en juin 2012 par :
Lydia Haddag (TES-Oib) et Fouad Boudjedra (TS-Oib)
Parcours
JDL : Quel parcours avez vous suivi ?
J’ai eu un parcours assez atypique, une
formation d’historien archéologue ainsi qu’un
doctorat d’histoire. Ensuite, j’ai travaillé en tant
qu’archiviste à Montbéliard, en Franche-Comté, à
la frontière suisse. C’est alors que j’ai été repéré
par le maire de la ville qui m’a proposé de créer
le service de la culture et du patrimoine, auquel
venait se greffer la responsabilité des relations avec
l’Allemagne. J’étais le seul germaniste avec le maire
dans l’administration d’une ville qui compta parmi
les premières villes jumelles avec l’Allemagne
après la Seconde Guerre mondiale. Puis, une série
de rencontres fortuites avec des situations et de
belles opportunités ont fait de moi ce que je suis
aujourd’hui. Je suis originaire d’un petit village du
Jura vous savez… mais je suis un passionné !
Qui aurait pu l’imaginer là ? Sa vie entière a
été une série de rencontre avec des hommes, des
opportunités qu’il n’a pas laissés passer, et qui ont
toujours été extraordinaires, car il a toujours fait
ses choix par passion. Et de son point de vue, la vie
c’est cela ! Prendre les décisions «au feeling»: Saisir
sa chance, ce que lui appelle chance… [Ndlr]
Ce n’était donc pas une vocation ?
À 12 ans, je voulais être professeur d’histoire,
en cela marqué par ma grand mère, une férue dans
le domaine. Sauf que le sort en a décidé autrement.
Mais l’histoire demeure bel et bien une passion !
En quoi consiste votre mission ici à Alger ?
Il nous sourit. Animer l’institut français d’Alger ou
plutôt animer cette « maison».
En premier lieu, je dois gérer (superviser,
dynamiser) le fonctionnement de l’institut, l’un des
deux plus grands au monde avec celui de Rabat. Il
faut également gérer les 72 employés, la trentaine
de professeurs qui y dispensent des cours, ainsi
que les 1000 personnes qui passent par jour. Il faut
également superviser la maintenance (le ménage, le
jardin ...).
Comme un impresario, il doit gérer ce joyeux
orchestre, pour qu’il soit le plus harmonieux
possible…
Deuxièmement, assurer la production d’une
diffusion culturelle, qui est quasi quotidienne à
travers des conférences, du cinéma, des concerts,
des animations destinées aux jeunes, de la danse
et du théâtre. Tout cela assisté d’une équipe
d’Algériens : des jeunes Algériens et Algériennes
très professionnels.
Que retenez-vous de vos postes précédents ?
J’ai passé en France à peu près la moitié de
ma carrière avant de partir en 1995 pour le Liban,
j’ai ensuite travaillé dans ce qui était devenu l’exAllemagne de l’est, puis en Afghanistan sur un
projet franco-allemand, pour finir en Iran.
Ce que je retiens de ces expériences : un apport
humain, une philosophie de la vie et une découverte
de la richesse des pays qui m’ont accueilli.
L’Algérie
JDL : Pourquoi ce pays ? Etait-ce une affectation
ou un choix volontaire ?
Il faut noter que toutes les mutations ont été des
affectations, et non des choix. En fonction de votre
profil et personnalité, l’Ambassade vous affecte à
tel ou tel endroit.
Aviez-vous des appréhensions particulières avant
votre arrivée à Alger ?
Aucune, aucun apriori. Le seul pays que j’aurais
refusé, c’est l’Irak, car je ne vois pas comment je
pourrais y travailler et y animer la vie culturelle.
Viens alors dans la discussion l’Afghanistan où
il a travaillé et qui à nos yeux n’est pas vraiment
différent de l’Irak.
Qu’en est-il alors de votre expérience en
Afghanistan ?
J’étais dans l’Ouest afghan avec une équipe
allemande, j’avais à voyager dans tout l’ouest
afghan et il n’y avait à l’époque pas de soucis, sauf
à Kaboul avec les check point, les barbelés, les
projecteurs le soir avec lesquels on vous aveugle,
mais hormis Kaboul, l’Afghanistan fut une
expérience intéressante...
Pour en revenir à l’Algérie, j’y ai retrouvé un ami de
longue date, donc ça m’a fait plaisir de le retrouver
pour finir ma carrière, car, oui la retraite est proche.
Donc pas d’appréhension ni de déception !
Qu’en a pensé ou qu’en pense votre famille ?
J’étais seul au cours de mes postes précédents,
jusqu’à Alger. Mes enfants sont mariés et
indépendants, moi divorcé, j’ai donc toujours été
seul dans les postes d’expatriés. Mes enfants ont
toujours vu mon expatriation comme une occasion
de découvrir les pays en question.
A mes yeux mon affectation en Algérie ne
pourra être qu’une expérience enrichissante !
Vie culturelle algéroise
francophone et francophile
Comment pouvez-vous décrire la vie culturelle
algéroise actuellement et du peu que vous en
ayez vu ?
M. Voisin annonce d’entrée de jeu qu’il ne sera
pas objectif parce qu’il jugera à partir de son vécu.
Il y a d’abord une différence entre Alger et
hors d’Alger. A Alger il y a encore le poids des
contraintes : on ne sort pas le soir, on ne va pas au
spectacle contrairement à l’Iran où la vie nocturne
est débordante, avec de l’opéra, du théâtre moderne
et contemporain, des galeries d’art foisonnantes.
Oui, les choses ne sont pas toujours comme on
se l’imagine. Dans cette république islamique, la
culture subsiste.
Il y a sans conteste une certaine pauvreté
culturelle ici, alors qu’il y a du potentiel, un
potentiel extraordinaire que je ressens surtout quand
je commence à sortir de la capitale, par exemple à
Bejaia que j’ai visitée il y a peu, qui m’a donné
l’image d’une Algérie bouillonnante, avec des
jeunes dynamiques.
Cette vie culturelle est-elle similaire à tout ce que
vous avez pu voir précédemment ?
Je ne peux pas comparer l’Algérie avec les
autres villes pour deux raisons : d’une part je ne
suis à Alger que depuis trois mois, d’autre part parce
que l’Algérie ce n’est pas qu’Alger, et je ne l’ai pas
encore assez explorée.Je vous donnerai donc mon
analyse dans deux ans, la faire en ce moment serait
vraiment prétentieux.
Parlons donc de la vie culturelle, algéroise !
Alors, ce qui m’a marqué en arrivant, c’est le
manque de programmation culturelle régulière dans
des espaces voués à cela.
Quelle sont les particularités que vous lui
donneriez ? A-t-elle une identité affirmée ?
Je serais incapable de définir les grandes lignes
d’une politique culturelle de diffusion sur la capitale.
On note un manque d’information : il y a des choses
très intéressantes, mais je pense (avec beaucoup
de réserves) que le public algérois ne semble pas
habitué à certaines formes de pratiques culturelles
et j’ai aujourd’hui le sentiment que le public que je
rencontre est un public qui souvent vient par amitié
- ce qui est aussi vrai en occident. Ce qui apparaît
par exemple au niveau de l’art plastique… il n’y a
foule que lors des vernissages, excepté au MAMA.
Pour le moment, le seul événement qui m’est apparu
répondre vraiment à une attente du public, attirant
un public de tout âge et de toute origine sociale,
c’est le FELIV.
Là, j’ai vraiment vu une effervescence, un
public intéressé. La proposition culturelle m’a paru
porter ses fruits parce qu’elle touchait un public, ce
que je n’ai pas pu appréhender ailleurs.
Je fais aussi remarquer le manque d’une culture
de la culture. Comment les gens qui viennent à
des événements culturels peuvent-ils entrer et se
concentrer, être sensible à l’acte culturel alors
qu’ils vérifient leurs textos, se concentrent sur autre
chose. Je me demande ce que ces gens là retirent
de cet événement. La chose aussi qui me surprend
est l’absence de stabilité dans le public. Les gens
rentrent et sortent à tout va. C’est mon constat.
Quel est le public ciblé par l’Institut ?
À quoi sert notre travail, s’il n’accompagne
pas dans son développement le pays qui nous
reçoit. Je suis là pour montrer ce que la France est
aujourd’hui au niveau culturel, mais je suis là aussi
pour participer, par des pratiques culturelles, au
développement de l’épanouissement des individus.
Avec notre culture, nos méthodes de travail, notre
approche culturelle, nous allons essayer d’être en
harmonie avec le pays et avec le
public.
Quand
je
parle
d’épanouissement, évidemment,
le fond du problème ce sont les
jeunes, parce qu’ils sont l’avenir
de chaque pays. Les jeunes sont
réceptifs, ouverts et disponibles,
ils n’ont pas encore les apriori
et les idées reçues qui peuvent
bloquer les adultes. Ils sont l’espoir
pour ce pays de se développer, de
progresser et d’arriver à un stade
de développement intellectuel
supérieur.
Pour nous il apparaît évident
que l’espoir de construire quelque
chose se fait avec les jeunes.
Le CFF est devenu Institut
français
Expliquez-nous pourquoi ce
changement de statut, et quel
impact a-t-il sur le public ?
Pour le lecteur, il n’y a pas
de différence ; j’étais à Téhéran,
l’établissement s’appelait institut français depuis sa
création il y a 30 ans. À Beyrouth, il s’appelait centre
culturel français. Selon les pays, l’appellation variait,
mais c’était la même chose, la même philosophie.
Et à Paris on réfléchissait à donner un même nom
à tous les centre culturels qui diffusaient la culture
française au nom de l’Ambassade de France.
Il a été décidé politiquement que tous les services
allaient dorénavant s’appeler Institut Français.
C’est donc le même produit. Pour plaisanter,
c’est comme La vache Qui rit. En Iran, elle s’appelle
la vache QuiBi, parce que QuiRit, en persan, veut
dire le sexe.
Voilà c’est tout ! C’est comme pour nos collèges
européens : Cervantes, Goethe, British.
Les Instituts français sont tout de même à différencier
des Alliances françaises, qui sont des associations
privées en partenariat avec l’Etat. Ils font le même
travail que nous, ils ont les mêmes missions, mais
ils ne sont pas sous la tutelle de l’ambassade.
JDL : Quels sont les avantages de la fusion de tous
les CCF et IF ? Dans quelle optique s’inscrit-il ?
Cette coordination existait il y a 18 ans au Liban.
Mais c’était un projet pilote. L’intérêt est pour le
public d’avoir la même image et de comprendre
qu’on est dans le même système, la même maison.
Les programmes sont uniformisés, parce qu’ils
dépendent des mêmes services de l’ambassade.
On a aussi pensé que ça allait créer une
dynamique qui n’était pas automatique entre la
programmation qui est faite à Alger et celle des
instituts de province. Ca se faisait avant, mais
aujourd’hui c’est devenu systématique !
Cette volonté de travailler en commun se
retrouve sur le site web par exemple. Un même
site, avec le même moule, parce que c’est la même
maison, il faut prendre par exemple les grandes
maisons françaises, comme Hermès, que ce soit à
Pékin, Los Angles ou Zurich, sur la vitrine vous
aller reconnaître le magasin, avec une même charte
graphique, le même design, la même image.
Deux cultures croisées
L’If peut-il être un lieu d’échange, de partage
et d’enrichissement entre deux cultures ?Y
a-t-il des artistes algériens qui viennent vous
soumettre des projets ? Si oui, les appuyez-vous
? Comment, où, dans quelle optique ?
On retrouve partout, dans tous les pays du
monde, la même volonté, le même intérêt des
artistes à venir en France pour être mis en valeur,
parce que c’est l’image que la France donne : la
défense de la culture, partout où je suis passé, même
en Afghanistan. Pour ma part, j’ai toujours favorisé
la programmation des artistes du pays, par respect
pour le pays qui m’accueille
et parce que je souhaite
faire profiter ces artistes de
notre savoir-faire, de nos
approches, de nos méthodes
de travail. Le premier
exemple, c’est la fête de la
musique qui aura lieu dans
trois jours, j’ai programmé
un groupe algérien de Bab
el Oued « Targhit », qui joue
de la musique Celto-berbère,
avec des sonorités celtiques
et traditionnelles berbères.
Nous allons développer
le concept de la France
découvreuse de talents. Dans
notre politique officielle,
des centaines de groupe de
musique du monde entier,
africains, asiatiques, ont été
aidés dans leur carrière par
la France qui les a soutenus,
notamment en organisant
des tournées mondiales à
travers ses instituts, partout
dans le monde, et en faisant
leur promotion, comme on le voit à Alger lors du
festival européen notamment et, plus généralement,
dans nos instituts.
Donc pourquoi ne pas le faire à Alger ?
C’est mon engagement, pour moi c’est un
devoir que d’aider ces artistes de talent, ce n’est
pas une directive officielle, c’est mon engagement
personnel.
JDL : Quels critères sont pris en compte dans le
choix des artistes ?
Je choisirai les artistes, les groupes qui vont
m’apporter ce que je ne trouverais pas au Liban
ou en Iran, je ne veux pas de rockeur américains.
Automatiquement, ça sera le traditionnel !
Ça peut même être d’ailleurs du traditionnel
pur, qu’il faut absolument soutenir, comme ces
artistes rencontrés il n’y a pas si longtemps à
Guelma. Mais je pense que ceux qui savent lier,
par exemple, identité berbère et modernité sont
encore plus intéressants. Et je ferai tout pour aider
ces gens là, en mettant à leur disposition le plateau,
les moyens techniques, la publicité sans d’ailleurs
obligatoirement de l’argent !
JDL : Serait-il possible de sortir du CCF,
d’organiser des événements en dehors de cette
“maison” ?
Oui, complètement, comme je l’ai fait à Beyrouth.
Sortir du centre, c’est magnifique, oui.
13
JDL : Parlez-vous arabe ? Quel mot d’arabe
préférez-vous ? Ou celui que vous entendez le
plus ?
Non, je ne parle pas l’arabe, mais le farsi et
l’allemand.
Je pensais l’apprendre en Algérie, mais pas
de chance… même mes collaborateurs ne parlent
pas arabe. J’en suis un peu déçu, ça m’aurait plu,
mais même si je voulais apprendre l’arabe, je ne
réussirais pas à le pratiquer ! Ils parlent le berbère
et le dialecte et le français et je ne sais quoi encore !
Impossible de s’y retrouver !
Un mot que je retiens de l’arabe me vient du
Liban et qui est YALLAH.
JDL : Vous êtes déjà passé au lycée ? Quelles sont
vos impressions ?
J’ai fais une visite au lycée, pour découvrir les
locaux. Ce que j’en ai pensé, c’est que c’est aéré et
à dimension humaine. J’ai trouvé cela très agréable,
et surtout très spacieux.
Ça ne ressemble pas tout à fait aux lycées de
Beyrouth, qui sont immenses, de vraies usines, alors
que là c’est à taille humaine.
Serait-il possible d’envisager des projets
ensemble, le lycée et l’IF ?
Oui, il y a même plusieurs projets en cours. Le
premier c’est pour les 10 ans du lycée : il y aura
une chanteuse de Slam qui va animer des ateliers
de Slam avec, pour finalité, un spectacle avec les
élèves du lycée. Le deuxième, c’est une initiative
qui permettra aux élèves de pouvoir venir assister à
des spectacles à l’Institut. Pour cela, dès l’automne,
nous allons essayer de programmer au maximum
ces spectacles en après midi.
Le troisième et dernier projet : je travaille pour
l’année prochaine à la programmation de théâtre
de poche que je souhaite amener au lycée, avec un
travail qu’on aura fait en amont avec les profs.
Je dois rester encore deux ans, parce que j’aurai
atteint la limite du travail maximum dans la loi
française. Je voudrais bien continuer mais la loi me
l’interdit.
Ambition de l’IF et projets en cours
Y a-t-il une ambition de l’IF d’occuper aussi le
champ médiatique et audiovisuel ?
La colonisation c’est fini ! Notre ambition ce
n’est pas de prendre la place ou de montrer que nous
sommes les meilleurs. Notre ambition est d’être un
acteur parmi les autres de la vie algéroise, chacun de
ces acteurs apportant son savoir-faire, son approche
culturelle. Et c’est en travaillant tous ensemble
qu’on peut créer une vie culturelle. Ça serait idiot
de penser qu’on doit être les premiers, les meilleurs,
les plus beaux, ce serait même suicidaire !
Notre premier objectif c’est d’avoir un public, car
on fait une programmation qui coûte cher ! Quand
on communique, c’est pour informer le public non
pas pour dire « C’est nous, c’est nous »!
Pour attirer ce public, on mise sur les nouvelles
technologies : sites web, réseaux sociaux, abonnés
avec newsletter ciblés en fonction des catégories
socio-professionnelles.
CONCLUSION
Enfin l’if peut-il d’après vous jouer le rôle de lien
entre deux Etats au passé lourd et au présent
tendu ?
Je souhaite qu’il joue ce rôle de lien. Pour moi
ce lien n’est pas tendu, je n’ai pas connu la guerre
d’Algérie, personne dans ma famille n’est venu en
Algérie. Donc je n’ai pas d’apriori, je suis là pour
bâtir quelque chose !
Le mot de la fin ?
El Hamdoulilah !
(Interview réalisé en Juin 2012)
Lylia Haddag (ex-1er ES OIB)
et Fouad Boudjedra (ex-1er S OIB)
14
Rencontre Littéraire
Rencontre avec l’écrivain Jérôme Ferrari
ancien professeur de philosophie au Liad (2002-2007)
Le pays de l’éternel retour
Dernière minute avant bouclage : Jérome FERRARI vient de recevoir le prix Goncourt pour son dernier Roman
J
eudi 03 Février 2011, nous
avons eu le plaisir de recevoir
au Cdi l’écrivain et agrégé de
philosophie Jérôme Ferrari. Auteur
du récent Où j’ai laissé mon âme pour
lequel il a remporté le Prix Littérature
de France Télévisions 2010, Jérôme
Ferrari s’est livré avec beaucoup de
générosité à cette rencontre avec les
élèves de Première L et de Terminale
L, qui a duré près de trois heures
(conférence + entretien, pour lesquels
tous les élèves sont restés, alors
qu’ils étaient libérés), d’un niveau
soutenu. Votre reporter du Journal du
Lycée était présent, convoqué par Me
Benyounès et M. Bernard, pour une
interview tout en légèreté et tout en
« lettres » avec cette brillante plume
qui, il n’y a encore pas si longtemps,
était professeur de Philosophie…
au LIAD, de 2002 à 2007 !
(Article précédemment publié dans le
Journal du Liad n°2, en avril 2011.
Ndlr : Nous republions cet article car
Jérôme Ferrari fait l’actualité en cette
rentrée littéraire 2012, avec son dernier
roman intitulé Le Sermon sur la chute de
Rome. Il a même fait la Une du quotidien
Le Monde, le 24 août dernier, avec une
photo de l’auteur en pleine page, ce qui
est très rare pour un écrivain)
Propos recueillis par :
Amrane Medjani, ex-TS5
Le Journal du Lycée : Monsieur Ferrari
Bonjour !
Jérôme Ferrari : Bonjour
J.L : Alors, tout d’abord, félicitations pour
le Prix France Télévisions que vous avez
gagné cette année !
J.F : Merci !
J.L : Je voulais en fait revenir sur ce prix et
sur la manière dont vous avez vécu cette
récompense. selon les auteurs, elles sont
parfois plus au moins bien acceptées ?
J.F : Je l’accepte bien, car… ça booste les
ventes (Rires) ! Donc c’est … Non, en fait,
j’étais très content car il y a une telle production
éditoriale chaque année, il y a tellement de livres
qui sortent, que l’obtention d’un prix permet de
porter un éclairage particulier sur certains livres
qui seraient restés, sinon, dans l’anonymat et,
quand c’est son livre à soi, on est content.
J .L : J’ai appris que vous aviez été
professeur de Philosophie au LIAD entre
intense et bien parce qu’elle est intense. Ecrire
n’est pas toujours une expérience guillerette ou
simple...
J.L : Ah d’accord ! Donc comme ça, ça ne
vous plait pas d’écrire ?
J.F : (Rires) Si, si, bien sûr que ca me plait …
Ca me plait, mais c’est un plaisir dans lequel il
doit y avoir une part de masochisme (Rires).
J.L : Ah d’accord ! (Rires)
J.F : Attention, ce n’est pas non plus une torture
épouvantable, il y a pire !
2003 et 2007. Alors, comment avez-vous
vécu votre expérience, ici, en Algérie ?
J.F : Ca a été ma plus belle expérience
professionnelle et humaine… Vraiment… Il n’y
a pas de doute. Au moment de la réouverture
du lycée, en 2002, il y avait une grande avidité,
une très grande curiosité intellectuelle de la
part des élèves et, pour le coup, que l’on trouve
plus rarement en France. C’était alors quelque
chose d’assez extraordinaire. Du point du vue
professionnel, donc c’était vraiment bien. Mais
cette expérience ne m’a pas marqué seulement
du point de vue professionnel, car les rapports
humains étaient également excellents. Enfin, ce
fut une grande … (Pensif), une grande chance
que j’ai eue.
J.L : Donc si c’était à refaire, vous le
referiez ?
J.F : (Rires) Ah oui, oui, je le referais.
J.L : Comment vivez-vous ce retour en
Algérie, dans un cadre..., je n’ai pas envie de
dire « promotionnel » mais enfin, il s’agit un
peu de ça car votre roman sort aux Editions
Barzakh cette semaine ?
J.F : Cadre promotionnel ou pas, je serais
tout de même revenu. Je veux dire, je serais
revenu même pour faire une conférence sur
Pepsi Cola. A la moindre occasion de revenir, je
serais revenu. Mais le petit bémol, l’honnêteté
m’oblige à le dire, est que je suis arrivé hier
mais, malheureusement, le soleil ne s’est révélé
qu’aujourd’hui.
J.L : Ah, et bien là, vous êtes servi (le
soleil était en effet rayonnant ce jour-là).
Je voudrais tout d’abord revenir sur votre
carrière d’écrivain... Comment vous est
venue cette fibre de l’écriture et quand s’estelle révélée ?
J.L : Par rapport au processus d’écriture,
avez-vous, comme certains auteurs, un
rituel particulier, un moment précis pour
écrire ? Comment ça se passe en fait ?
J .F : (Rires) Bah… Rituellement, quand je
n’ai pas de travail, quand je n’ai pas de cours
à préparer, de copies à corriger. Donc non, je
n’ai pas de rituel particulier. Et je n’écris que
quand j’ai un roman à écrire, c’est-à-dire que
je ne pratique pas l’écriture comme une activité
constante. Je n’écris que quand j’ai un projet
en tête. Je ne tiens pas de journal, ni de blog.
J’écris que lorsque j’ai des choses à écrire et je
trouve alors toujours le temps de le faire.
J.L : Le projet dont vous parlez, vient-il
spontanément ou est-ce que c’est quelque
chose de plus «construit » ?
J.F : C’est un peu les deux en fait. Evidemment,
l’idée de base vient assez spontanément. Je
ne me dis pas : tiens, qu’est ce que je peux
me trouver à écrire car, en même temps que
l’idée de base, il faut étoffer et étayer pour
voir si elle tient la route, et les deux processus
vont ensembles. Et c’est là où la construction
intervient. Je veux dire, si on avait déjà le roman
en tête et qu’il fallait juste le retranscrire, pour
le coup, ce serait une activité assez pénible. Le
processus d’écriture lui-même fait apparaître
des choses auxquelles on n’avait pas forcément
pensé et c’est ce qui est intéressant.
J.L : Est-ce que vous avez tendance à vous
relire assez souvent en écrivant ou laissezvous votre plume « aller » ?
J.F : (Rires) Ah non, non (Rires). Mieux vaut
quand même se relire.
J.L : Pour en revenir un peu au roman Où j’ai
laissé mon âme. D’où vous est venue cette
idée de titre ?
Rencontre Littéraire
ne peut pas être complètement détaché de
ce qu’on écrit.
J.F : Non, non, on n’est pas détaché… Mais
c’est une question super intime que tu me poses
(Rires), euh… mais oui… oui…
J.L : Outre l’aspect purement historique
des personnages que vous avez cités lors
de la Conférence avec les élèves (Ndlr : La
conférence a eu lieu avant cette entrevue),
est-ce que vous vous êtes inspiré de
personnes de votre entourage ou de vous ?
J.F : Non, non. Parce que je n’aurais pas de
modèle correspondant à ce qu’il y a dans le
roman. Là, vraiment non. Et on ne peut pas
vraiment dire non plus que je me sois inspiré de
personnages historiques. Certes, ils servent de
catalyseur, ils marquent le point de départ, mais
ensuite il faut les construire. J’ai rencontré des
militaires, mais après avoir écrit, pas avant.
J.L : Est-ce que Degorce et son prisonnier
Tahar ne représentent pas un peu l’image
du mythe des Frères ennemis ? En fait,
si Degorce avait été à la place de Tahar,
n’aurait-il pas agi exactement de la même
façon ?
J.F : Je pense que oui et je pense qu’il en a
aussi conscience. Mais le paradigme que j’ai
utilisé c’est surtout celui de Pilate et du Christ
(Ndlr : Ponce Pilate est la personne qui aurait
pu sauver Jésus Christ de l’exécution). Ce qui
m’intéressait, c’était le passé de résistant de
Degorce et la manière dont un retournement de
situation, dans la vie, le confronte aujourd’hui à
Tahar, c’est-à-dire finalement à ce qu’il était luimême quelques années avant.
J.L : Mais ironiquement, est-ce que ce n’est
pas une critique des personnes qui peuvent
se perdre finalement eux-mêmes, c’està-dire leur principes, leurs valeurs, leur
essence, pour des causes dont ils ignorent
quasiment tout ?
J.F : Ce que j’ai essayé de faire pour les
passages de 1957, c’est d’oublier tout ce que
je savais sur la suite. Parce que je crois … Et
d’être au plus près des personnages par rapport
à leur présent et de faire en sorte qu’ils n’aient
pas le recul que nous, on a sur la question. Ce
que je veux dire, c’est que la cause idéologique
de l’époque a une clarté complète. Evidemment,
moi, je sais bien qui a la cause légitime et qui
ne l’a pas, mais je pense que le capitaine
Degorce, lui, ne peut pas le savoir. Ils ont un
déroulé de vie, d’histoire et d’événements qui
fait qu’ils étaient dans le bon camp en 1945, en
Indochine ils pensent encore être dans le bon
camp et même sans doute encore en Algérie
même si, en Algérie, ils commencent à avoir
de sérieux doutes... C’est là qu’ils commencent
vraiment à se demander s’ils sont toujours dans
le bon camp.
J.F : Oh… (Pensif et quelque peu nostalgique).
Je pense que j’ai commencé à écrire des
textes de fiction dès l’adolescence en fait. C’est
quelque chose que j’ai toujours fait. Après,
si ma mémoire est bonne, je n’étais pas très
convaincu par ce que j’écrivais… Et comme je
ne suis pas très fétichiste, tout est passé à la
poubelle, jusqu’au jour où je me suis dit que
j’étais assez content d’un texte pour me dire
que je pouvais le publier.
J.F : C’est assez simple. Dans le documentaire
l’Ennemi Intime, de Patrick Rotman, un ancien
général prononce la phrase : « Je n’ai pas
perdu mon honneur en Algérie, mais je pense y
avoir laissé une partie de mon âme » et c’est de
là qu’est venue l’idée du titre. D’ailleurs, il faut
toujours que j’aie le titre avant d’écrire, parce
qu’il produit quelque chose dans le contenu…
J.L : Est-ce que, finalement, ce n’est pas une
question que vous vous êtes déjà posée ?
J.F : Je ne suis pas sûr que je rajouterais
l’adjectif « moderne »…
J.L : Quel texte avez-vous pris le plus plaisir
à écrire ?
J.F : Quoi donc ?
J.L : De l’homme tout court ?
J.L : Où ai-je laissé mon âme ?
J.F : Ouais, peut-être. Un des thèmes du roman
est sur ce qui peut être dit humain ou pas
humain, « moderne » non, parce que ca évoque
toujours une sorte de nouveauté joyeuse mais
un peu fausse.
J.F : Non… Non … Je ne peux pas… Ca ne
serait pas… Vraiment, je ne peux pas faire
de hiérarchie comme ça. Et ce n’est pas
spécialement un plaisir, c’est une activité
J.F : Moi ?
J.L : Oui. (Rires) Enfin j’imagine qu’en étant
auteur, on met de soi dans son roman, on
J.L : Lorsque vous évoquez ce tiraillement
antérieur de Degorce et que vous parlez
d’ « âmes perdues », est-ce que, en
extrapolant, ce n’est pas ce que vous
pensez de la société moderne, de l’Homme
moderne ?
J.L : Cette perte progressive de sentiments
et de valeurs du personnage, est ce qu’elle ne
va pas de pair avec une perte d’identité ?
J.F : Ah ben non ! Sinon il gagnerait quelque
chose au change et puis je ne sais pas, ce n’est
pas qu’il n’aime plus ses gosses ou ses enfants,
c’est plutôt qu’il ne s’accorde plus le droit de les
aimer. Un des textes qui m’a beaucoup servi
pour écrire ce roman est de Varlam Chalamov
(Ndlr : Ecrivain russe du XXe siècle, survivant
des Goulags) intitulé les Récits de la Kolyma.
Il a passé 18 ans dans ce goulag, et il pose
une question constante : « qu’est-ce que c’est
qu’être humain ? » et il évoque une remarque
que j’ai reprise pour façonner le personnage
de Degorce. En fait, c’est un garde qui violente
les hommes du goulag et il y a un captif qui lui
demande : « Tu lui dis que tu fais quel métier
à ta fiancée ? » et c’est ça la situation dans
laquelle est Degorce, il ne peut pas dire à sa
femme ce qu’il fait comme travail et donc, il ne
lui dit plus rien du tout.
J.L : D’où la récurrence des lettres…
Enfin, j’aimerais savoir quelle est la part
symbolique de ces lettres adressées à sa
femme. En effet, il reçoit à chaque fois des
lettres différentes et lui, renvoie quasiment
toujours la même. Pouvez-vous nous en
dire plus ?
J.F : Non, je voulais que, concrètement, on voit
ce qu’il y a dans les lettres et, pour moi, les lettres
sont adressées à l’Homme qu’il n’est plus, et
ces lettres lui rappellent qui il était. Il serait peut
être mieux s’il n’en recevait pas. Enfin, je ne
sais pas, c’est toujours un peu idiot (Rires) de
parler d’un personnage au conditionnel, parce
qu’il fait tout ce qu’il fait dans le roman mais il y
a pleins de possibilités.
J.L : Est-ce que, en relatant cette guerre
d’Algérie et cette bataille d’Alger, vous
ne voulez pas nous alerter, nous lecteurs,
sur les dommages collatéraux, sur les
militaires...
J.F : Attendez ! Je ne pense pas que les
tourments moraux d’un type qui torture les
autres soit le thème principal du roman. Ce n’est
pas le fait du livre… Je veux hiérarchiser les
choses. Je crois en la pérennité des certaines
choses, de certains sentiments ou valeurs, ce
qu’on pourrait appeler « les invariants » de la
condition humaine. Ce n’est donc pas parce
qu’une chose est terminée qu’on ne devrait plus
en parler, car elles réapparaissent toujours. Il
peut y avoir une touche de nouveauté et de
diversité mais en réalité, c’est toujours la même
chose. Je ne pense pas que le but de mon
roman soit d’alerter. Sinon, si c’était son rôle,
ca serait pas terrible comme efficacité. Le but
n’est pas de prévenir mais de voir.
J.L : Vous qui avez vécu en Algérie et qui
connaissez le pays, pourquoi avoir choisi le
lieu d’El Biar pour votre intrigue. Est-ce que
ça a une signification historique ou parce
que c’est un quartier qui vous a marqué ?
J.F : Non… C’était histoire de mettre quelque
chose que j’ai connu moi, personnellement,
dans le roman. Il y avait une raison pour
Bologhine mais pas pour El Biar. Quoique je
crois que le colonel Bigeard été basé à El Biar,
mais ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai
choisi El Biar…
J.L : Ce tronçon entre Taghit et Béchar, estce qu’on peut le voir comme le parcours de
la damnation pour Degorce ?
J.F : Exactement, exactement. C’est une
15
sorte de route désertique qui représente ma
vision de l’enfer. C’est comme ça que je vois
l’enfer, comme il est décrit dans le livre, une
route désertique, avec toutes les pièces d’un
trousseau de mariée, étalées dans le sable.
Les énormes trousseaux de mariée algériens…
Vraiment étalées partout (Rires)
J.L : En fait, ce chemin c’était le début de la
fin mais aussi la fin en elle-même.
J.F : Ouais, ouais, c’était mon image de l’enfer.
Et puis là encore, c’est une route que je
connais !
J.L : J’ai encore une question, un peu naïve,
mais mes questions sont souvent naïves
(Rires)...
J.F : Vas-y, vas-y sois naïf ! (Rires)
J.L : Il y a le mot « âme » dans le titre, mot
qui revient souvent dans l’oeuvre elle-même
également, ce qui montre que ça a une place
primordiale. Pourquoi avoir choisi ce thème
de l’âme ? Au lieu de ce contexte algérien,
est-ce que vous auriez pu écrire un roman
traitant de l’âme avec une toute autre
histoire ?
J.F : C’est abstrait. Enfin, je ne sais pas, mais
tu ne peux pas te dire : « Tiens, je vais écrire un
roman sur l’âme ». En fait, j’ai d’abord mon idée,
ensuite j’ai mon titre et le titre va influencer le
contenu. Le développement te permet d’utiliser
le mot de manière polysémique dans des
circonstances auxquelles tu n’avais pas pensé.
La première fois où je me suis rendu compte
de ça, c’est en écrivant mon premier roman
paru aux éditions Actes Sud qui s’intitule Dans
le secret. Alors «Dans le secret », c’est une
citation évangélique et le terme revient plein de
fois dans le roman mais avec des sens à chaque
fois différents. Là, ce que j’avais en tête, c’est
une opposition, non pas conceptuelle, mais
une sorte d’opposition entre l’âme et l’esprit
en reliant l’esprit à la logique et puis l’âme à
l’essence de l’individu, à l’affectivité...
J.L : D’ailleurs à la fin, vous opposez
totalement cette âme et toute la morale qui
16
en découle, à la logique que vous jugez, si je
me souviens bien, « exsangue » ?
J.F : Oui, exsangue, vide, sans chair, abstraite,
oui. Parce que justement, le personnage de
Degorce, ce qui le caractérise, c’est ça. En
quelque sorte, il fait ce travail de tortionnaire
parce qu’il le juge logiquement nécessaire pour
obtenir des informations mais il n’adhère pas
affectivement à cet acte qu’il juge logiquement
nécessaire. Il a une adhésion purement
abstraite, logique, formelle à ce qu’il fait sauf
que les réticences profondes qu’il ressent ne le
conduisent pas à se dire « je ne le fais pas ».
Jusqu’au bout, il continue à penser que c’est
une nécessité et il continue à penser qu’on
peut le faire proprement, ou en mettant des
limites, ou en essayant d’utiliser la violence
psychologique au lieu de la violence physique.
J’ai d ‘ailleurs mis deux exemples de violence
psychologique…
J.L : « Votre soeur » et « votre fils » …
J.F : Oui… voilà, il dit à quelqu’un que, si il ne
parle pas, on va violer sa mère et sa soeur.
A un autre, s’il ne parle pas, il le menace de
torturer son petit garçon. Et même si Degorce
ne compte pas réellement le faire, il n’est pas
très à l’aise mais se dit qu’il n’a fait de mal à
personne mais « fait de mal à personne » c’est
… c’est…
J.L : Vite dit ?
J.F : Ouais…
abominables…
Grands personnages
Rencontre Littéraire
ce
sont
des
situations
J.L : Vous qui parlez torture, j’avoue que j’ai
eu beaucoup de mal avec la scène de torture
de ce communiste, à la fin du roman, même
si je la trouve bellement écrite, j’avoue que
j’ai eu du mal. Ca n’a pas été difficile pour
vous de l’écrire ?
J.F : Si, si évidemment. Mais surtout j’avais
un problème précis à régler : il n’y a que deux
scènes de torture dans le roman et elles ont
toutes les deux une connotation sexuelle
très… très affirmée. Parce que je pense, enfin
ce n’est pas que je pense, je sais, que les
séances de torture ont une tendance quasi
inévitable à dériver vers la perversion sexuelle
de manière intrinsèque. Quand vous lisez la
préface que Sartre a fait à La Question (Ndlr :
autobiographie) de Henri Alleg, c’est absolument
clair… En matière de torture, il est tout sauf
question d’obtenir des renseignements, il est
surtout question d’asseoir son pouvoir absolu
sur quelqu’un et c’est étonnant que, à chaque
fois, la déviation se fait sur le plan sexuel. Il doit
y avoir des raisons psychanalytiques profondes.
D’ailleurs, quand vous regardez les photos
d’Abou Ghraib (Ndlr : Prison situé à 32 km de
l’ouest de Bagdad, en Irak) qui ont été prises en
Irak, c’est exactement la même chose, ce sont
des scènes de perversion sadomasochiste,
et même essentiellement sadiques d’ailleurs,
parce que le prévenu, lui, n’est pas bien sûr
dans la peau de masochiste consentant.
La difficulté, c’était d’arriver à décrire ça, à y
mettre cette perversion, cette dimension de
quasi excitation, sans que le texte devienne
lui-même obscène et sans que le lecteur ait
l’impression qu’on le prenne, qu’on le rende
complice de ça, en le forçant lui-même à en
prendre un plaisir louche, c’est-à-dire ce que
font les reportages télé. A la télévision, ce qui
est ignoble, ce qu’on vous montre quelque
chose d’horrible avec un discours qui tend à
le dénoncer alors que, manifestement, ce qui
compte, c’est de le montrer. Ca c’est vraiment
quelque chose qui me fait vomir et que je ne
voulais pas, que je ne voulais vraiment pas
faire.
J.L : Pour revenir à une question purement
stylistique, quand on vous lit, on retrouve
un petit peu, mais vraiment un tout petit peu
de ce qui caractérise la littérature corse, je
pense notamment à Colomba de Prospère
Mérimée. Est-ce que c’était volontaire ?
J.F : A part le nom de
Andreani, il n y a pas
vraiment d’éléments corses
dans le roman… D’ailleurs
mon avis sur Colomba est
très mitigé, c’est le roman
type du romantisme français
dans ce qu’il a de moins
aimable. Sans compter que
la vraie Colomba était de
mon village à moi et que tous
les actes réels étaient tout
sauf romantiques.
pas philosophe et c’est la stricte vérité, dans
un sens précis : je suis incapable de créer des
concepts. Il ne suffit pas d’avoir des opinions
rationnelles sur le monde ou de s’engager pour
être philosophe.
Mon mode d’expression est littéraire : je
pense avec des histoires et des personnages
singuliers. Il me semble qu’on ne peut pas
concevoir un bon roman dans lequel les
personnages ne seraient que le
masque d’un concept ou d’une
conviction idéologique, morale,
etc.
J.L : Dans l’oeuvre, j’ai
retenu une autre citation
« Tu es un Dieu jaloux »
et on remarque aussi
l’importance de la Bible
pour Degorce…
J.F : (Me coupant) ça c’est
une citation de l’Ancien
Testament qui dit : « Car
Yahvé ton Dieu, est un Dieu jaloux, punissant la
faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième
et la quatrième génération ».
J.L : D’accord. Mais justement, ces
références religieuses, ne sont-elles pas
la seule manière de ne pas basculer pour
Degorce ?
J.F : Non, non, au contraire, ces références
ne sont pas très rassurantes. En fait, ce qui
lui apportait avant du réconfort est devenu la
menace d’un châtiment qui le guette et qu’il finit
par souhaiter. Mon idée, c’était que quelqu’un
empreint de religiosité comme ça, la seule
manière qu’il a de répondre aux abominations
qu’il commet, c’est de le punir. Le problème,
c’est que personne ne punit et c’est pour cela
que les derniers mots du roman sont : « Vous
êtes en enfer, vous êtes exaucé », ce qui signifie
qu’on a eu pitié de lui et qu’on l’a finalement
puni comme il le voulait…
J.L : Et donc, finalement, c’est cet enfer que
votre personnage cherchait…
J.F : Bien sûr…
J.L : Il le cherche depuis la connaissance de
Tahar, enfin vous me corrigerez peut-être.
J.F : Non. C’est exactement ça, c’est son péché
inexpiable. Et puis il en a un deuxième dont il se
rend compte qu’il est inexpiable, c’est la torture
de Clément, le communiste.
de la logique.
Par
contre,
les
thèmes
qui me touchent sont les
mêmes en philosophie et en
littérature. J’aime les romans
métaphysiques
et
c’est
sans doute pourquoi j’adore
Dostoievski et Styron, par
exemple. Oui, il y a un fond
commun, quelque chose comme
la réalité de l’âme humaine et
du monde, et plusieurs chemins
différents qui y mènent. Le
chemin romanesque a, à mes
yeux, un avantage sur le chemin
philosophique. Il rend mieux
compte de la complexité de la
réalité parce qu’il n’a pas besoin
de s’embarrasser des exigences
J.L : Est-ce que vous ne vous seriez pas vu
professeur de Littérature ?
J.F : Non, non.
J.L : Pourquoi ?
J.F : Parce que je serais incapable d’enseigner
la Littérature… Non, non… Ca ne s’est jamais
posé. Je n’aimais pas beaucoup la littérature au
lycée.
J.L : C’est ce que nous disait d’ailleurs Ryad
Girod (Ndlr : auteur du roman Ravissements
et professeur de mathématiques au LIAD,
publié chez Corti l’année dernière), qu’au
lycée il n’aimait pas le Français non plus…
Et qu’il était complètement nul en Lettres.
J.F : (Me coupant) Prof de maths, lui, en plus
(Rires)
J.L : J’aimerais parler d’une citation de je
ne sais plus qui d’ailleurs, Monsieur Perrin
pourra me reprendre…
J.F : (Rires) Je-ne-sais-plus-qui est le
fournisseur officiel en citations de toute sorte !
J.L : Alors, est ce que l’écriture est une
aventure, ou alors, écrit-on une aventure ?
J.F : Le processus d’écriture est intéressant en
lui-même, c’est une expérience, une expérience
dont je ne me priverais pas.
J.L : Je reviens sur quelque chose de
beaucoup plus général. Vous êtes agrégé de
Philosophie et professeur de philosophie,
mais vous écrivez des romans. Pourquoi ce
glissement ?
J.L : Alors moi j’arrive à la fin de mon
questionnaire, s’il y a des idées de question,
Monsieur Perrin, Monsieur Bernard. Non ?
Les Terminale L (Ndlr : Tous présents lors
de l’entrevue) ?
J.F : (en Arabe) Maa’labaliche (Rires)
Merci, justement, à tous ceux qui nous on fait
le plaisir d’assister à cette interview, merci aux
Terminale L pour leur fraîcheur, à Monsieur
Perrin, leur prof de lettres et à Monsieur
Bernard du cdi !
J.L : (Rires) Non, est-ce que vous prenez
plus de plaisir à lire des oeuvres littéraires
ou des oeuvres philosophiques ?
J.F : Ah non ! mon plaisir est le même, mais il
faut trouver un mode d’expression et moi, c’est
celui là que j’ai choisi … Je dis souvent que,
malgré mon amour de la philosophie, je ne suis
17
Alexandre Dumas
Un roman vivant à lui tout seul
La vie d’Alexandre Dumas est un régal (plusieurs biographies sont
au cdi) car l’auteur des Trois mousquetaires eut une vie personnelle
aussi riche, variée, mouvementée et amusante que celle de ses héros.
Des femmes innombrables, des bâtards ici et là, des succès triomphants,
des voyages extraordinaires, des révolutions, des gains fabuleux, des
pertes en affaires non moins monumentales, des réceptions fastueuses,
la construction d’un château qu’il dut revendre tout de suite, nous en
passons et des meilleures. Notre lycée porte le nom d’un homme ayant su
élever sa vie au rang de chef-d’oeuvre. Un modèle à suivre ?
Alexandre DUMAS
A
lexandre Dumas est né le 24
Juillet 1802, fils du général
Dumas, grand gaillard dont on
nous raconte qu’il était capable
de faire rentrer tous ses doigts
dans des canons de fusils et
ainsi de les lever ensemble. Son
grand-père était un marquis
dévoyé, parti s’installer à SaintDomingue (aujourd’hui Haïti). Il
y fit la connaissance d’une femme
répondant au nom de Marie
Cessette, d’origine «indigène»,
ce qui fit du père de Dumas un
métisse. Nombre d’adversaires
attaquèrent Dumas en raison de
cette origine métissée.
Pas fort en thème M. Dumas ?
Sa mère, Élisabeth Labouret, était
issue de la bourgeoisie de VillersCotterets. Elle fit une brillante carrière
dans les armées de la révolution, mais
ne se rallia jamais à l’Empire en raison
de ses opinions républicaines. A trois
ans, Alexandre perd son père, ce qui
le privera de ressources financières.
Néanmoins, cela ne l’empêche pas de
s’instruire, ce qu’il doit souvent seul,
en autodidacte. Il lit ainsi la Bible,
des récits mythologiques, l’Histoire
naturelle de Buffon, Robinson Crusoé
et les Milles et une nuits, œuvres qui
toutes l’emportent vers le merveilleux
et l’imaginaire.
Toutefois, en 1815, après Waterloo et
la chute de Napoléon, quand un officier
anglais s’installe chez lui, ils ne peuvent
communiquer qu’avec quelques mots
et bribes de latin... ce qui montre que le
bagage intellectuel de Dumas est alors
fort simple. A l’école, si son écriture est
assez belle, nourrie par toutes sortes de
lectures, Alexandre est une véritable
catastrophe en latin où il éprouve
les plus grandes difficultés et, en
mathématiques, il est tout simplement
nullissime. En histoire, seuls les mythes
et les légendes l’intéressent.
L’entrée dans la littérature
par la porte du... vaudeville
Pour vivre, il est obligé de travailler
dans une étude notariale. C’est à cette
période qu’il fait la connaissance
d’Adolphe Ridding de Leuven qui sera
un de ses meilleurs amis et le poussera
à écrire des histoires. En effet, vers
1822, Alexandre et Adolphe publient
ensemble un vaudeville, Le major
de Strasbourg, qui sera la première
oeuvre littéraire de Dumas. C’est alors
qu’il se rend pour la première fois à
Paris et le premier endroit auquel il se
rend est la Comédie-Française, où il
assiste à une représentation de Sylla
joué par Talma (un des plus grand
acteurs de théâtre du XIXème siécle).
A la fin de la représentation, il se rend
dans les loges pour voir le grand acteur
à qui il demande une bénédiction.
Sans connaître Dumas, Talma lui
dit alors : « Alexandre Dumas, je te
baptise poète au nom de Shakespeare,
de Corneille et de Schiller... » Dumas
dans ses mémoires déclara plus tard :
« Comment eusses-tu vu en moi,
Talma, puisque je n’y voyais pas moimême ? »
Le romantique
En 1823, il arrive à Paris pour s’y
installer et, grâce au général de Foy,
ancien ami de son père, il accède
au secrétariat du duc d’Orléans. En
1824, il réussit à se faire suffisamment
remarquer pour devenir un des
premiers secrétaires du duc d’Orléans
et peut faire venir sa mère à Paris. En
1824, la mort de Lord Byron, Prince
des poètes en ce début de siècle,
bouleverse le monde littéraire parisien,
en plein mouvement romantique.
Dumas dévore Shakespeare et Walter
Scott, alors très à la mode grâce à ses
romans historiques ; il apprend même
suffisamment d’anglais pour traduire
Ivanhoé. Simultanément, il apprend
l’allemand pour lire et comprendre
Goethe et Schiller. Pendant ce temps,
et notamment grâce aux salons des
peintres, Hugo, Delacroix, Vernet et
d’autres grands noms se retrouvent
dans divers salons. Dumas est pris par
son travail de secrétariat mais, malgré
tout, il commence à être connu dans les
milieux artistiques et littéraires. Engagé
dans le courant romantique, Dumas se
lie d’amitié avec Géricault l’auteur du
Radeau de la Méduse. Il sera auprès
de lui lorsque celui-ci prononcera son
dernier soupir.
Au fil de ses lectures, il découvre Henri
III et écrit un drame historique Henri
III et sa Cour, qui remporte un éclatant
succès... Lors d’une représentation, le
Duc d’Orléans est présent dans la salle
et, à la fin du spectacle, salue devant
tout le monde son secrétaire d’écrivain.
Galvanisé par ce succès, il écrit Antony
et Christine en six semaines et se jette
en même temps à corps perdu dans la
bataille d’Hernani pour soutenir Hugo
et le romantisme.
18
Le Révolutionnaire
En 1830 a lieu le premier grand
événement auquel assiste Dumas :
la Révolution de juillet, qui chasse
Charles X du trône. Ni une ni deux,
Dumas est dans les rues de Paris, avec
les émeutiers. Avec eux il s’empare de
l’Arsenal, afin d’y prendre des armes,
mais le lettré qu’il était a conscience
des richesses historiques conservées
dans ce lieu : pour leur éviter de tomber
entre les mains de pilleur et de voleur,
il prend une série d’armes anciennes
et historiques, telles que le casque,
l’épée et le bouclier de François Ier
ainsi que l’arquebuse de Charles IX.
Dumas dépose tout cela chez lui avant
de retourner prendre la cuirasse de
François Ier. Il l’enfile et traverse ainsi
les rues de Paris, moitié personnage
du XIXè, moitié personnage du XVIè.
Durant cette révolution, il est également
chargé d’amener aux révolutionnaire
parisiens la réserve de poudre de
Soissons et ce, avec un ordre falsifié.
Après de nombreux rebondissements,
très romanesques, Il réussit à arriver au
bout de sa mission. Mais ce travail sera
vain car, arrivé à Paris, la révolution
est d’ores et déjà terminée et ce sont
les bourgeois qui l’ont récupérée, au
détriment du peuple.
Dumas sportif
Le 3 Mai 1831, il connaît un grand
succès, avec sa pièce Anthony,
considéré comme un des plus grands
triomphes du romantisme. En 1832,
Paris est touché par une épidémie de
choléra. Dumas n’est pas épargné et,
suite à un malentendu, boit un verre
d’éther pur pour se soigner. Son état
médical est grave, il part en Suisse pour
convalescence. Il se refait une santé,
par de fréquents exercices physiques,
en faisant des promenades sportives,
gravissant des glaciers et traversant
des lacs en barque ou à la nage. Il
redevient maître de son corps.
Ogre de la littérature, grand
voyageur et bourreau des
coeurs
Il entame ainsi une tradition de
fréquents voyages, qu’il fera au
cours de sa vie. En Août 1835, il est à
Naples. En Septembre, il est à Palerme
où il vivra une romance avec une
cantatrice, une parmi de nombreuses
autres conquêtes. En 1840, il épouse
l’actrice Ida Ferrier dont il divorce en
Grands personnages
1844. C’est à cette même période que
l’écrivain Auguste Maquet entre à son
service, celui que certain considèreront
comme son «nègre» et qui sera, avec
Dumas, l’auteur de bon nombre de ses
œuvres. Ayant déjà fait paraître le récit
de ses voyages dans des journaux, il
signe avec Émile de Girardin, le patron
du journal La Presse, un contrat pour
publier des récits en feuilleton : 1,25
franc la ligne.
En 1839, il est toujours tourné
vers le théâtre et fait représenter
Mademoiselle de Belle-Isle qui
connaîtra un grand succès. En 1840,
il est à Florence pour deux ans. Il en
profite pour visiter la Corse et l’ile
d’Elbe. En 1842, de retour à Paris, il
prépare une série de romans pour
l’année qui va suivre, notamment Le
chevalier d’Harmenthal en 1843.
Et en 1844, il publia 6 romans,
dont Les trois Mousquetaires et le
début du Comte de Monte-Cristo. Le
succès continu, Dumas fait paraître la
suite des Trois mousquetaires avec,
en 1845, Vingt ans après et en 1848
le Vicomte de Bragelonne ; en 1845,
La Reine Margot ; en 1846, La Dame
de Monsoreau et et Joseph Balsamo.
En 1849, Le collier de la reine pour
marquer une pause en 1853 avec Ange
Pitou.
Les revenus de ses productions lui
permettent, en 1843, de s’installer
à Saint-Germain-en-Laye où il fera
construire son château, ce sera le
château de Monte-Cristo. En 1846,
Historique
est de retour à Paris où l’attend… une
nouvelle révolution.
A nouveau emporté dans les
tumultes du siècle
1848, c’est une révolution
changeant vraiment tout qui arrive.
Celle de 1830 avait remplacé une
monarchie par une autre, celle de
1848 instaure la deuxième république
véritablement révolutionnaire. Elle
sera courte car, en 1851, le Président
de la République n’est autre que
Louis-Napoléon Bonaparte, qui fait
un coup d’état et instaure le Second
Empire. Nombre d’opposants au coup
d’état, dont le plus célèbre est Victor
Hugo, doivent s’exiler. Hugo sera
d’abord en Belgique puis dans les îles
anglo-normandes d’où il écrira Les
châtiments.
Les circonstances politiques lui
faisant perdre ses publications dans
des journaux, Dumas crée son journal
en 1853 : Le Mousquetaire. En 1859, il
est en Russie pour toute l’année. Début
1860, il rejoint Garibaldi et ses chemises
rouges pour réaliser l’unification de
l’Italie. Il sera de nouveau à Naples
Avec Balzac, Alexandre Dumas fut le grand
ogre de la littérature française au XIXè.
il arrive à l’apothéose de sa carrière
en fondant le Théâtre-Historique qui
connaît une activité intense mais, en
1850, il est mis en faillite. Et cette
année 1846, il part en voyage en Algérie
à la demande du Gouvernement.
Après un passage par l’Espagne, le
Maroc puis Tunis, il arrive à Alger
le 30 Novembre. Il assiste alors à de
nombreuses fêtes et cérémonies pour
découvrir les mœurs et coutumes de
l’Algérie. Le récit de voyage qu’il en fit
(disponible aux éditionx Palimpseste
sous le titre du Véloce, du nom du
navire qui le transportât) permet de
découvrir un paysage oriental aux
contrastes riches ; le 4 Janvier 1848, il
Visite de la directrice de L’AEFE A ALGER
A
u lendemain de l’inauguration des nouvelles infrastructures sportives et techniques au LIAD, présidée par Mme.
Anne-Marie Descôtes, directrice de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger, mon camarade Amrane Medjani
et moi-même avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Mme. la directrice del’AEFE, dans le cadre de sa visite à Alger.
En
Dumas entame lui aussi une période
difficile, car il a de plus en plus d’ennuis
avec la censure impériale. Sa pièce La
Jeunesse de Louis XIV est interdite en
raison d’allusions voire de critiques
directes au régime en place. Qu’à
cela ne tienne, en trois jours, il écrit
La jeunesse de Louis XV qui sera elle
aussi interdite par la censure.
après la prise de la ville par Garibaldi.
En 1865, il ne supporte plus Paris
et part en voyage en Italie puis en
Allemagne et enfin en Autriche. Il
retourne après en France pour rester
dans un calme relatif en s’occupant
surtout de maintenir son journal.
En 1870, Alexandre Dumas assiste à
l’entrée en guerre de la France et de la
Prusse, cette guerre franco-prusienne
qui sera cause de l’effondrement de
l’Empire. Et c’est dans ce climat lourd
que, fatigué, et avant l’arrivée d’un
hiver très rigoureux, Dumas mourut le
5 Décembre 1870.
Par : Amine Hafidi,
ex-Seconde 3
19
• Non, pas vraiment, ou alors « culture
» au sens le plus large du terme. Dans le
domaine des mathématiques par exemple,
les Français sont particulièrement bons.
Par ailleurs, dans le domaine juridique
également, le français est très demandé. Je
me suis moi-même en tant que diplomate
occupée dans le cadre des négociations
avec les pays d’Europe de l’Est qui
souhaitaient
entrer
dans
l’Union
Européenne. Ils étaient très demandeurs
de formations en français, car les
législations européennes en anglais ne
leur permettaient pas d’en avoir une
compréhension suffisamment précise. Le
français est une langue particulièrement
précise.
• N.M: Quel est l’objet de votre visite à Alger?
• Il existe actuellement 473 établissements (dont le LIAD)
homologués par l’AEFE, c’est-àdire qui proposent des
programmes conformes à l’Éducation nationale française, et à
peu près 200 qui sont gérés par les pays où ils se trouvent grâce
à des accords conclus avec l’AEFE. C’est ma première visite en
Algérie, et en vue de l’inauguration des nouvelles infrastructures
du LIAD, il me semblait opportun de choisir ce moment pour
venir rencontrer les équipes pédagogiques qui s’occupent de ce
lycée. J’ai pu aussi visiter un petit peu la ville, notamment la
Casbah qui est un lieu magnifique, même si je pense que je n’ai
encore rien vu.
• N.M: Précisément, le rôle de l’AEFE consiste-il à promouvoir
la francophonie dans le monde, ou seulement d’assurer la
prise en charge des ressortissants français à l’étranger?
• Un peu des deux à mon avis. Les lycées français à l’étranger
existent depuis bien longtemps, bien avant l’AEFE. Le plus
ancien d’entre eux est celui de Berlin qui a plus de trois-cents
ans, il a été construit en 1689 par de Huguenots(1). L’AEFE, elle,
n’a que 20 ans. Elle a été créée afin d’homogénéiser et de faciliter
la gestion du personnel enseignant, mais au fil des années elle
est devenue un instrument de pilotage qui s’efforce d’impulser
à ces établissements une politique moderne d’ouverture sur
le monde. Selon la loi: l’AEFE a pour mission d’assurer la
continuité scolaire des ressortissants expatriés de la maternelle
à la terminale, mais aussi d’assurer un certain rayonnement, pas
seulement de la francophonie, mais aussi de ce que j’appelle
« l’éducation à la française ». En effet, le système éducatif
français a de nombreuses spécificités comme la maternelle, qui
en France est abordée de manière très académique, ou encore
l’enseignement de la philosophie. Par ailleurs, l’AEFE a aussi
une politique de multilinguisme, en encourageant notamment les
élèves français à apprendre la langue du pays d’accueil, et bien
évidemment à maîtriser l’anglais.
• A.M: Il existe au LIAD une section OIB (option internationale
pour le bac) en lettres arabes dont les résultats sont très bons.
Retrouve-t-on des structures similaires ailleurs?
• Bien sûr, on retrouve l’option internationale dans de nombreux
pays. L’OIB arabe a été mise en place pour la première fois au
Maroc, il y a aussi l’OIB chinois mise en place à Shanghai. Cette
structure vise à apporter une innovation dans l’enseignement des
langues, mais surtout à donner des certifications pour les élèves
qui les choisissent.
• A.M: L’AEFE se définit donc comme une agence
dynamique.
• En effet, l’AEFE est une agence très dynamique. Nous sommes
d’ailleurs reconnus pour cela. Le ministre de l’Education
M. Chatel a dit lorsqu’il a visité les lycées français des pays
nordiques comme le Danemark que « ce qu’il voyait dans les
établissements français à l’étranger, c’est ce qu’il rêverait de
faire en France ».
• N.M: On constate aujourd’hui le monopole de l’anglais dans
les échanges internationaux, tandis que de nouvelles langues
comme le mandarin (qui sera d’ailleurs bientôt enseigné au
LIAD) prennent de plus en plus d’essor. Quelle est la place du
français dans le monde?
• En termes de données statistiques, il y a aujourd’hui environ
220 millions de francophones dans le monde, et 115 millions de
personnes qui apprennent le français. Même si ce n’est pas grand
chose comparativement à l’anglais ou au mandarin, il y a tout
de même une évolution démographique qui nous encourage à
promouvoir le français, car c’est une langue porteuse de valeurs
culturelles.
• N.M: Donc vous verriez plutôt le français comme une
langue de culture?
• N.M: L’actualité internationale est
marquée par les révolutions arabes.
Comment se positionne l’AEFE vis-àvis de cela?
Le « printemps arabe », pour reprendre l’expression en vigueur,
est une grande chance pour les peuples du monde arabe
d’accéder à la démocratie et aux grandes libertés démocratiques.
Il n’y a donc aucune crainte à avoir pour les établissements. Ces
événements devront toutefois nous rendre plus attentifs encore au
monde qui nous entoure. En même temps, il ne faut pas oublier
que, si les établissements français sont présents à l’étranger, c’est
avant tout également grâce à la bonne volonté des pays d’accueil
qui ont bien voulu nous donner l’autorisation d’héberger des
établissements. Il s’agit pour nous d’honorer cette confiance tout
en nous ouvrant sur l’extérieur, notamment par des partenariats
avec les établissements des pays d’accueil et des plateformes de
coopération éducative.
• A.M: Fort à propos, j’ai constaté qu’au lycée français
d’Abu Dhabi, des cours de religion étaient dispensés. Or, l’un
des principes fondamentaux de « l’éducation à la française »
reste la laïcité. Est-ce dû à une certaine « pression » du pays
d’accueil?
• On ne peut pas parler de pression mais de « réalités locales
». Ces cours de religion ne sont en aucun cas obligatoires, ils
résultent d’accords. L’État met à notre disposition des locaux, et
en contrepartie nous autorisons ces cours.
• A.M: Cela constitue un paradoxe étonnant, qui va à
l’encontre de ladite laïcité.
• Effectivement, c’est une situation tout à fait particulière. On
doit cependant composer avec les exigences des pays d’accueil.
Par exemple, en Syrie, le lycée français est dirigé par un
proviseur français et une proviseure syrienne, ce qui occasionne
des discussions délicates sur le contenu de certains livres
scolaires. Je pense qu’il est important de rester, tant qu’il y a des
aménagements où l’essentiel est préservé.
• A.M: Nos voisins le Maroc et la Tunisie comptent beaucoup
plus de lycées français que l’Algérie, qui est pourtant un pays
beaucoup plus grand et plus peuplé. Pourquoi?
• C’est l’une des conséquences de la décision des autorités
algériennes d’arabiser le système scolaire. Nous avons tout de
même fait l’effort colossal de recréer un établissement ici à
Alger.
C’est vrai qu’il y a de la place et de la demande, mais aujourd’hui,
l’AEFE n’a pas les moyens d’entreprendre un tel projet. Nous
nous contentons d’entretenir ce lycée, et de le maintenir à la
pointe des équipements.
• A.M: D’ailleurs, pourquoi avoir qualifié le LIAD «
d’international », alors que l’enseignement y est clairement
français?
en parler. Il y a de la place pour un lycée international algérien, et
ce projet est une bonne idée de la place des autorités algériennes.
Il serait intéressant de mettre au service de cet établissement nos
savoirs-faire et nos méthodes.
• N.M: Le LIAD compte 1066 élèves, dont 742 algériens, ce qui
représente près de 70% de l’effectif total. Est-ce spécifique à
l’Algérie, du fait qu’historiquement ça reste l’un des pays les
plus francophones?
• On retrouve cette configuration dans des autres pays. Elle est
liée à la présence française dans les pays concernés. En Amérique
latine par exemple, on retrouve beaucoup d’établissements à
forte proportions d’élèves locaux. Je pense au Pérou notamment
où ils sont plus de 75%. Il n’y a pas beaucoup de ressortissants
français là bas, et le lycée français y est très apprécié.
• N.M: Faisant partie des 70% d’élèves locaux, je sais que les
frais de scolarité représentent un obstacle conséquent quant
à l’accès aux études. Par exemple, on constate que de moins
en moins d’enfants d’intellectuels algériens sont scolarisés au
LIAD, laissant place à des élèves issus des milieux d’affaires,
plus aisés financièrement. Cela entrave-t-il la devise de
l’AEFE: « Excellence, Partage, Rayonnement » et, en tant que
directrice, envisageriezvous des solutions à ce problème?
• Ça n’est pas exclu, et ça n’est pas impossible. Un système
appelé « bourses d’excellence » est mis en place pour les élèves
locaux dans certains pays d’Afrique notamment. Il est vrai
que le lycée d’Alger se distingue par le niveau élevé de ses
frais de scolarité par rapport aux pays voisins, mais ils restent
proportionnels aux coûts d’entretien de l’établissement. Les
subventions que déboursent l’AEFE reviennent à 3200€ par
élève, alors que la moyenne se situe autour de 2000€ par élève.
Je pense qu’il faut regarder du côté des familles pour envisager
la possibilité de mettre en place un « fonds de solidarité » pour
faciliter l’accès aux études aux élèves les plus méritants. Les
parents savent qu’inscrire leur enfant dans ce lycée représente un
investissement. Il faut rester réaliste, et explorer d’autres pistes.
• N.M: Mais ici, à Alger, le système de bourses n’est disponible
que pour les élèves de nationalité française ou binationaux.
• Je parle d’autre chose. Effectivement, le système de bourses en
vigueur ici est réservé aux élèves de nationalité françaie inscrits
au consulat. Il existe cependant d’autres systèmes, comme la
bourse « excellence major » pour la prise en charge après le bac
des élèves étrangers les plus brillants. J’évoquais quelque chose
de totalement différent. Un projet qui n’est pas réalisable par
l’AEFE, mais par les établissements eux-mêmes en fonction de
leurs moyens.
• A.M: L’année 2011 a été perturbée par une grève assez
importante des professeurs résidents. Quelles étaient leurs
revendications?
• L’AEFE est l’employeur de ces professeurs, titulaires du
ministère de l’Éducation nationale française, détachés auprès de
l’AEFE sur un contrat à durée limitée qui peut être renouvelé. Ils
ont soulevé notamment des revendications financières, ainsi que
les spécificités relatives à la présence de cette communauté ici,
comme les déplacements, etc.
• N.M: L’année 2012 marquera deux dates importantes.
D’abord, le 10ème anniversaire du
LIAD. Quel bilan dressez-vous de l’évolution de cette
structure en perpétuel mouvement,
et quels sont vos projets à l’avenir?
• Je pense que l’on peut dresser un bilan extrêmement positif
de ces dix premières années. En effet, cet établissement n’a pas
cessé d’évoluer, de changer et de s’améliorer. L’événement le
plus important a été la construction du collège, bientôt complétée
par l’école primaire. Mais
• A.M: Une question pour M. le Proviseur: peut-on s’attendre,
dans le cadre de ce dynamisme axé sur les langues vivantes, à
voir de nouvelles langues enseignées au LIAD?
aussi les aménagements nombreux et très développés, tant
au niveau des équipements sportifs que des salles qui sont
formidablement bien équipées. Il faudra à l’avenir considérer le
LIAD comme une entité qui s’étend de la maternelle au lycée.
Nous avons pour projet d’améliorer encore le confort des élèves,
en construisant un foyer par exemple. Vous disposez d’un campus
très agréable et fleuri, avec des espaces verts. Il faut préserver cet
espace, mais il y a encore de la place pour aménager de nouvelles
structures propices à l’épanouissement des élèves.
• Nous réfléchissons à l’heure actuelle au nouveau projet
d’établissement. Lapolitique des langues y sera largement
abordée.
• N.M: En second lieu, 2012 sera aussi le cinquantenaire de
l’Indépendance de l’Algérie. L’AEFE a-t-elle des projets
pour commémorer cette grande date?
• N.M: Un lycée international dépendant du gouvernement
algérien est actuellement en
• C’est une question très intéressante. L’AEFE est ouverte à toute
proposition, mais ça ne peut se faire qu’au niveau du lycée. Il
faudra trouver des idées en fonction de ce que l’Algérie a prévu
de faire pour honorer cet événement. C’est à la fois très important
et très sensible. Il faut rester vigilant quant à la façon d’aborder
les choses, mais on ne peut pas faire comme si ça n’avait jamais
existé.
Nesma MERHOUM (ex-3e 3)
Article précédement publié dans le journal du LIAD N°03
• Je pense que cette appellation est due à l’ambition linguistique
sur laquelle nous mettons l’accent. Les familles attendent que
les établissement permettent à leurs enfants de s’ouvrir afin de
devenir des citoyens du monde.
construction ici à Alger, dans le quartier de Kouba. Quelle
sera la place du LIAD vis-à-vis de ce lycée une fois qu’il sera
ouvert?
• Je pense qu’il faut attendre l’ouverture de cet établissement pour
pouvoir répondre à cette question. M. le Proviseur a été d’ailleurs
sollicité par le ministère de l’Éducation nationale algérienne pour
20
Historique
Le Président est déjà passé par là
D
ix-sept mois ont passé depuis la venue de
François Hollande au Lycée International
Alexandre Dumas d’Alger. Dix-sept mois à
l’issue desquels, à travers le chamboulement de
la vie politique hexagonale ces derniers temps,
François Hollande a été porté à la plus haute
responsabilité de l’État français : la Présidence
de la République. L’élection du président «
normal » (mot d’ailleurs prononcé lors de son
déplacement à Alger) apporte une note d’espoir
à beaucoup d’humanistes et de progressistes,
tant en France qu’ici en Algérie. En effet, la
campagne présidentielle française fut suivie
par les élèves du LIAD avec un grand intérêt,
ce qui encourage maintenant à s’interroger sur
la situation et le devenir de notre rapport à la
France et de notre lien avec elle.
Il y a un an et demi, François Hollande
était, déjà!, un homme « normal ». Avec recul
et diplomatie, il s’était alors prêté au jeu d’une
conférence aux élèves du LIAD, au cdi, en
compagnie d’une délégation de journalistes
et d’un député européen. Même s’il fut perçu
par certains élèves comme élusif, il avait animé
avec beaucoup d’indulgence un échange d’une
heure avec les élèves de Terminale, qui l’avaient
interrogé sur des questions économiques ou
politiques relatives à l’actualité de l’époque,
pressentant peut-être le destin présidentiel du
politicien.
Ainsi, à l’issue de ce bref entretien au
contact de celui qui, dix-sept mois plus tard,
deviendra le Chef de l’Etat français, chacun
conserve le souvenir d’une personne à l’aura
positive. Cette positivité, présente également
dans les idées soutenues dans la campagne du président,
nous amènent à espérer beaucoup du mandat à venir.
Le choix de l’optimisme est risqué, mais ceux qui le font
remplissent les attentes inhérentes à la politique d’un pays,
c’est-à-dire son image pour ses citoyens et pour le monde
qui l’entoure. Ainsi, puissent la “justice” et la “jeunesse”
s’accorder dans une optique de “rassemblement”, car “le
changement, c’est maintenant”.
A l’issue de la conférence, j’ai eu la chance de le
rencontrer, en aparté, en tant qu’envoyée spéciale pour le
Journal du Liad. C’est cet article, publié dans le deuxième
numéro du Journal début 2011, que nous republions
aujourd’hui.
Nesma Merhom, Seconde 3
En aparté avec
François Hollande
Le LIAD est témoin d’un événement important
ce jeudi 9 décembre 2010. En effet, le CDI
accueille en fin de matinée une délégation
d’élus français menée par monsieur François
Hollande, maire de Tulle, président du Conseil
Général et député de la Corrèze, ex premier
secrétaire du PS (parti socialiste) français,
dans le cadre d’une rencontre organisée pour
les élèves de Terminale.
L
oin d’une ambiance comateuse dans laquelle on
entendrait les mouches voler, cette rencontre aux
allures de conférence de presse s’étale sur une heure
environ, pendant laquelle le débat suit le cours des
questions posées par les lycéens, tantôt sur l’économie,
tantôt sur la politique ou l’histoire, le tout étant orienté
vers l’actualité mondiale.
Dans l’agitation qui succède à la fin de cet événement,
on m’annonce à M. Hollande. Je me présente et toute
la panique qui depuis 48 heures m’habite s’envole au
contact de ce personnage politique pourtant éminent.
Me tendant la main presque amicalement, il m’invite à
m’asseoir en s’étonnant de mon jeune âge.
Nous nous installons face à face. Jetant un rapide
et dernier coup d’œil à ma feuille j’implore les dieux de
la rhétorique avant de me jeter à l’eau.
J’entame une présentation confuse, alignant
dans un ordre précaire mon nom, ma classe et ma
nationalité, tout en tentant de mesurer mon souffle et la
de seconde à la terminale. Il reconnaît qu’il y a là une
incohérence. Mon instinct journalistique se réveille
alors, et je rebondis sur cette dernière idée. En tant que
Puis vient le moment d’aborder mon sujet et de
futur candidat à la Présidentielle de 2012 (hypothèse
poser mes questions. Par la magie de l’aura apaisante
basée sur une déduction d’une logique approximative),
des hommes politiques, je suis d’un coup bien plus
Monsieur Hollande est-il disposé à considérer ce
sereine, et contre toute attente mes idées sont claires,
paradoxe? Intérieurement je croise les doigts pour
si bien que je ressens un certain enthousiasme quant
que cette demande en porte-à-faux ne s’affaisse pas,
à l’exposé des problèmes que je souhaite soumettre à
et par bonheur elle est accueillie avec un sourire. En
l’avis de M. Hollande. C’est donc dans cette optique de
bonus j’ai même droit à un projet. M. Hollande émet
confiance que je me lance dans un monologue engagé.
l’idée d’attribuer des bourses pour le collège et le
J’explique d’abord qu’étant en classe de 3e je
lycée à l’instar de celles octroyées pour les universités.
n’ose pas m’aventurer dans des sujets économiques
L’occasion se présente alors pour moi de sortir mon idée
ou géopolitiques moyennement maitrisés à mon
relative aux bourses, d’où une seconde problématique
niveau. C’est donc sur un problème qui me concerne
(empreinte d’une certaine subjectivité due à mon choix
et qui concerne les collégiens que je m’apprête à
d’orientation): dans le secteur des sciences humaines
entretenir l’homme politique, à savoir la situation des
par exemple, s’engager dans la francophonie est pour
établissement français à l’étranger.
un élève algérien une voie à sens unique, car les sciences
Une première question est abordée. Une « mise
humaines sont enseignées en arabe en Algérie. Or, il
à plat », comme je l’appelle hardiment. Je demande
n’est pas assuré de trouver une place en école ou en
donc à M. Hollande si selon lui, le rôle d’un lycée
université. Je propose alors d’intensifier le système des
français à l’étranger se borne à recueillir des élèves de
bourses de mérite afin d’assurer un peu plus les élèves
ressortissant français afin qu’ils puissent accéder à un
désireux de poursuivre leurs études dans les sciences
enseignement approprié, ou si parallèlement il sert
humaines. Une fois de plus mon idée est accueillie
aussi à promouvoir
« Nous nous installons face à face. Jetant un rapide avec enthousiasme, et
la
francophonie
et dernier coup d’œil à ma feuille, j’implore les dieux M. Hollande semble
dans le monde. Fort
adhérer à mes propos.
de la rhétorique avant de me jeter à l’eau ».
heureusement pour
Mes quelques minutes
la suite de mon
volées sont un succès,
questionnement, sa réponse penche pour la seconde
et comme je me doute que le temps de mon interlocuteur
proposition. Il affirme qu’en effet, un établissement
est précieux, je conclus sur une note plus décontractée.
d’enseignement français est un rayonnement culturel
La météo le permettant, j’émets l’hypothèse que M.
en lui-même, car l’éducation qu’il offre ne concerne
Hollande a été surpris par la chaleur estivale qui frappe
pas seulement les élèves qu’il accueille, mais toute une
alors le pays (chaleur deux jours plus tard envolée,
tranche de la société.
allez savoir comment), dans un éclat de rire il souligne
Soulagée de cette réponse encourageante,
le contraste avec le froid polaire qui sévit en France et
j’enchaîne avec ma seconde question en exposant
partout en Europe. J’ai à peine le temps de demander
une problématique. Le lycée Alexandre Dumas se
s’il est déjà venu à Alger auparavant. Il répond que oui,
caractérise par la présence à une importante majorité
il y a trente ans. Ça a du changer depuis, lance-je alors
d’élèves de nationalité algérienne (fait qu’apparemment
qu’un agent de la sécurité l’appelle pour le prévenir du
j’apprends à M. Hollande), inscrits là par leurs parents
départ imminent de la délégation.
pour favoriser leur ouverture sur le monde grâce à la
« Pas assez à mon goût! » lance François Hollande
francophonie. Cependant les frais de scolarité sont très
en me serrant la main pour me saluer, (et en passant
élevés, bien trop selon moi par rapport au niveau de vie
me demander mon nom) avant de disparaître parmi
local. Monsieur Hollande approuve ce raisonnement,
les gardes du corps.
en ajoutant qu’il est vrai que des mesures ont été
N.MERHOUM (3.3)
prises pour alléger le paiement des frais scolarité,
Article précédemment publié dans le Journal du Liad n°2
mais seulement pour les élèves français de la classe
I love LIAD
21
Dix VRAIES raisons d’aimer le LIAD
1) Les Clubs et les Activités
Au lycée, on peut trouver des activités sportives comme la gymnastique, le tennis de table, le basket ou le foot qui sont proposées la
mardi après-midi, le plus souvent. Il y a aussi
des clubs par exemple, celui de la chorale où
20 élèves chantent, celui du théâtre : plusieurs
troupes de théâtre ont apparu ces dernières années comme la troupe des Artrooms qui s’est
produite pour la première fois le mercredi 6
juin 2012 ; ou celui de la Main à la patte où des
élèves de 6ème font des cours de physique-chimie pour se préparer au programme de phy-
où les élèves aiment beaucoup aller. Les livres
du CDI sont très variés : albums, romans en
tout genre (policier, fantastique…), contes, fables, poèmes, bandes dessinées, magazines … Il
y en a pour tous les goûts !!! Les trois cents élèves qui arrivent au CDI chaque jour y viennent
pour lire, faire un travail, effectuer une recherche sur les ordinateurs ou tout simplement se
reposer et discuter avec ses copains (même si
cela n’est pas très autorisé!). Cependant, nous
pouvons encore réclamer un plus grand choix
de livres et même, pourquoi pas, des CD et des
DVD.
de sport, les sportifs (attention, gros scoop
de l’année) pour le sport et les autres pour la
bonne ambiance joyeuse du cours d’EPS !!!
Même si on peut se lâcher en cours de sport,
il faut faire attention, sinon gare aux moins un
et aux notes qui chutent ! Les élèves de 6èmes
ont pratiqué cette année de la course d’orientation dans le LIAD et les résidences équipés
d’une boussole et d’une carte. Nous disposons
de beaucoup de matériel : tables de ping-pong,
ballons, barres parallèles … notamment pour
la gymnastique. Les élèves peuvent pratiquer
l’AS le mardi après-midi qui propose un grand
sique-chimie des 5èmes. Un + pour les élèves
et une jolie expérience, mais serait-il possible
d’avoir + de clubs et d’activités ?
5) Les expériences en
technologie et en sciences :
En technologie et en SVT, les élèves peuvent
effectuer diverses expériences ou fabrications.
Par exemple, en sciences, les élèves de 6ème on
planté un arbre (un dracéna ) près du gymnase.
En cours de technologie, les élèves de 5ème ont
entrepris la fabrication de ponts en PVC. Des
machines qui peuvent plier, couper, et coller
le plastique sont mis à notre disposition en
technologie afin d’approfondir nos connaissances en matière de fabrication. Nous disposons
également de beaucoup de matériel en SVT où
microscopes, loupes binoculaires ou encore
scalpels sont nécessaires à la réalisation d’expériences. Cependant, nous pouvons reprocher
à certains professeurs de ne pas faire participer
leurs élèves à toutes les expériences.
choix de sports : basket, volley, badminton …
Le LIAD organise également des tournois de
ping-pong, de football, de volley et un cross.
Cependant nous, élèves de 6ème, aimerions
avoir toujours quatre heures d’EPS par semaine en 5ème.
couleur de mes joues que je sens virer dangereusement
à l’écarlate.
2) Les Langues
Au lycée, des langues sont accessibles à partir de la 6ème. Dès la 6ème, on peut faire arabe
ou arabe débutant pour les non arabophones
(l’arabe n’est pas obligatoire pour les non arabophones) et obligatoirement l’anglais. Puis,
en 5ème, en plus de l’anglais (et de l’arabe), on
peut débuter le latin (Attention, on peut débuter le latin qu’en 5ème et ce n’est pas une langue
vivante), en 4ème s’y ajoute l’espagnol. Ainsi
toutes ces langues sont praticables jusqu’en
Terminale. Enfin, des voyages sont mis en
place par les professeurs de langue comme le
voyage en Angleterre, à Abu-Dhabi ou en Grèce
cette année. Ces voyages sont mis en place pour
développer le niveau de langue des élèves. Le
problème se pose : Pourquoi pas l’allemand ou
le chinois, à apprendre, ça serait bien non ? Et
pourquoi pas des voyages linguistiques pour
les 6èmes ?
3) L’Ambiance
La solidarité et la bonne ambiance sont au
rendez-vous au LIAD. Que ce soit entre des
classes différentes et même entre différents
niveaux. Par exemple, dans ma classe de l’année dernière, la 6ème 3, la bonne ambiance et
même la solidarité règnaient et ça va être encore le cas cette année. On ne les retrouve pas que
dans les classes mais aussi dans la cour, quand
tout le monde se retrouve. C’est le rendez-vous
des collégiens !
6) La permanence :
Je sais que tout le monde n’aime pas cette
salle mais nous pouvons la faire quand même
rentrer dans les raisons d’aimer notre établissement car il y a évidemment des élèves qui se
sentent bien dans la permanence. Nous sommes
censés travailler dans cette salle mais bon, des
élèves préfèrent souvent y aller pour discuter
et faire le chambard, du coup elle est bruyante.
La permanence n’est pas un endroit de calme et
de sérénité. Cette salle est donc devenue le lieu
de discussions préféré du LIAD. Nous avons
donc choisi de mettre la permanence dans les
10 raisons d’aimer le LIAD pour la bonne (ou
moins bonne) ambiance que l’on retrouve dans
ce lieu. 4) Le CDI :
Le CDI du LIAD est un endroit chaleureux
7) Les sports :
Chacun trouve une raison d’aimer le cours
8) Le cosmopolitisme
Après tout, si cela consiste à s’appeler «Sharapova» ou «Dimitri» et être ami(e) avec des
«Maria»ou Sabrina «, on peut dire que ce n’est
pas ce qui manque au LIAD ! C’est sympa de
rencontrer de nouvelles personnes de nationalités différentes, parce que ça permet aussi de
mieux connaître leurs cultures et de partager
nos connaissances. Bien sûr, il arrive que des
clans se forment, ce qui serait préférable d’éviter.
9) Le self
Quelle joie de pouvoir enfin choisir ce que
l’on veut manger (même si ce n’est pas forcément toujours délicieux selon nos goûts) et de
pouvoir manger avec des personnes que l’on
apprécie (ou éviter le premier de la classe qui
ne parle que de maths). En plus, l’ambiance ne
manque pas ! UN plateau tombe, et c’est une
pluie d’applaudissements qui tombe sur toi !
10) Les professeurs
Sadiques ou sympa, un peu dingues ou
trop stricts, cela restera toujours TES profs qui
rentrent TES notes sur TON compte Pronote.
Donc, tu es obligé de les respecter et de travailler toute l’année (sauf à la fin de l’année :
BAZAR POWER garanti ! )
Jeanne Bernard, Maya Mokrani
et Agnès Soulu, 5è3 (ex-6è3)
Dix sur dix
22
Jeunes plumes
Ma première journée au collége !
C’est le jour ‘‘j’’
Q
uand je me suis réveillé et que
mon pied a touché le sol, je me
suis dit : ça y est, c’est le jour J.
Je me suis habillé rapidement avec
une tenue que j’avais préparé et que
j’avais mis de côté. J’ai fait ma petite
toilette, avalé mon petit déjeuner
et j’ai sauté dans la voiture. Plus on
approchait de l’école, et plus mon
coeur battait de plus en plus.
Arrivé à l’école, j’étais partagé par
un sentiment de gaité et de tristesse.
Le stress montait en moi.
Je regardais de tous les côtés
pour voir des visages familiers,
soudainement la cloche sonna. Je me
dirigeai vers la classe de musique où je
fis connaissance avec la maîtresse et
les élèves de ma classe.
Tout au long de la journée, j’ai
admiré ce nouvel environnement que
j’allais côtoyer tous les jours.
Ensuite, est venue l’heure de la
cantine, chouette, j’ai retrouvé mes
camarades de l’année précédente.
C’était l’occasion de se partager
des souvenirs. Par la suite, j’ai pris
connaissances des autres professeurs
et des règles de vie du LIAD.
Et ce fut le moment de quitter
l’école.
Fares Tamridjt, 6.2
‘‘Merveilleux’’
L
e premier jour du collège a été
merveilleux.Après m’être réveillée,
nous sommes allés au collège, M.
Marouani le CPE a cité nos noms pour
aller dans les différentes classes. Notre
professeur principal nous a donné nos
cahiers de correspondance. Elle a dit
qu’il fallait toujours l’avoir sur soi pour
entrer et sortir du collège. Elle nous a
expliqué les règles de vie du collège.
Nous sommes ensuite allés écouter le
discours du Principal. Pour finir, nous
avons fait le tour du collège .En sortant
du collège, j’étais très heureuse de
cette journée.
Yazida-Essia Sghaier – 6ème 2.
Vade-mecum
de Noémie Launay
Le LIAD est si grand...
L
e mecredi 6 septembre en me réveillant, l’excitation s’était emparée
de moi ; je ne pensais plus qu’à une
seule chose : MA PREMIERE JOURNEE AU
COLLEGE ! A peine arrivée à l’école, j’étais
déjà perdue ; l’établissement était si grand
que je ne savais plus où me diriger. Un surveillant m’indiqua le chemin. Après cinq
minutes, j’étais arrivée en classe. Notre
professeur principale faisait l’appel. A ce
moment précis le stress s’évapora, je venais de m’apercevoir qu’il y avait dans cette classe des élèves que je connaissais .Puis
elle nous expliqua le fonctionnement de
cette école et quelles étaient ses missions.
Le lycée est un lieu d’étude et d’apprentissage à la vie commune et au respect
d’autrui.Les trois classes 6eme 5eme et
4eme nous instruisent et nous préparent à
l’examen national : le brevet qui nous permet de passer au lycée .Ensuite elle nous
Que d’émotions
L
e 4 Septembre fut le jour de la rentrée. Arrivée à l’école, j’étais excitée
et émotive. En entrant dans l’établissement, je vis une immense infrastructure,
j’étais éblouie. Je marchais stupéfaite par
ce merveilleux décor. Arrivée dans la cour
du collège, je vis la plupart de mes anciens
amis, j’étais très contente de les revoir.
Puis des surveillants, le conseiller principal d’éducation accompagnés de plusieurs
enseignants vinrent pour nous donner le
numéro de nos classes, la mienne était la
6eme5. Notre professeur principal Mme
Tréjaut, une femme que j’ai beaucoup appréciée, nous a conduit en classe. Elle nous
a expliqué le règlement et les consignes
pour nous informer sur l’organisation du
fit la visite de l’établissement : le réfectoire,
le CDI où Monsieur Bernard nous a montré
comment venir et utiliser la bibliothèque,
le collège et le lycée. Mais avant cela, nous
étions en réunion avec Mr Demeulemeester, le Proviseur suivi de Mr Marouani et
Mme Saint – Martin. Notre carnet de correspondance est obligatoire à la rentrée et
à la sortie du lycée. La cloche sonna, nous
étions enfin libres ! A chaque fin de cours
nous devions changer de classe c’est-à-dire monter ou descendre les escaliers, c’est
extrêmement fatigant ! Un conseil pour
les prochains élèves de 6éme :le cartable
à roulettes n’est pas très conseillé. Tous les
professeurs se présentèrent à nous puis
c’était à notre tour. A 16h20, c’était la fin de
la journée, j’étais heureuse mais épuisée en
rentrant à la maison.
Nouar Ania 6éme 2
collège.Ensuite, nous avons rejoint le réfectoire où le principal avait réunis tous les
6e de l’établissement afin de faire connaissance avec notre proviseur,M.Demeulemeester.Pendant la récréation, mes amis
et moi avons découvert le CDI, un espace
de lecture paisible et sympa.
A la fin de l’heure j’ai croisé dans le hall du
collège , le conseiller principal d’éducation
, M.Marouani qui m’a parut un homme très
agréable.
Ce fut une journée pleine d’émotions. L’accès au collège sera pour moi une nouvelle
étape dans mes études.
AMBRE MEGUELLATI (6eme5)
Ça change du primaire
P
our moi la rentrée au collège avait
une grande différence par rapport
à la rentrée du primaire. J’étais
très contente de rentrer à l’école, déjà la
veille j’avais tout préparé, et j’avais hâte
d’y être. Le lendemain comme prévu : la
rentrée. Déjà arrivée à l’école qui est dix
mille fois plus grande que mon ancien établissement, je découvre petit à petit les
différentes salles. Certains professeurs se
23
sont présentés; j’étais aussi très contente
de retrouver mes anciennes amies et de
m’en faire d’autres. En fait, pour résumer,
toute la première journée dans cette école
que je ne connaissais pas s’est merveilleusement bien passée et je me rends compte
maintenant que le collège, ce n’est pas si
difficile que ça.
Kheireddine Kincy, 6eme 2
C
nalité pétillante et donne
un livre incontournable qui
deviendra bientôt un classique. Hilarante et attachante
(comme Noémie ! ^^) cette
histoire n’est pas la première qu’elle écrit et j’espère
vraiment que ce n’est pas la
dernière !
’est le livre qu’il fallait
lire cet été pour ceux
qui aiment les séries TV et
les livres policiers. Ce livre, qui mélange moments
de suspense et scènes romantiques, vous tient en
haleine jusqu’à la dernière
page. Le scénario est simple, deux équipes de département de police différent
font équipe pour coincer
un tueur en série. C’est en
fait l’équipe du CBI de la
célèbre série Mentalist et
celle de la série Castle qui
joignent leurs forces contre
le tueur au smiley sanglant
« John le Rouge ». Ce mélange détonant, imaginé
par une ex Liadoise de 16
ans, reflète bien sa person-
Noémie Launay est née le
25 juin 1996 à Bastia. Elle a
étudié au LIAD de la 6ème
à la 3ème et est maintenant
en 1ère L au lycée Pascal
Paoli en Corse. Passionnée
de séries, elle nous fait découvrir celles qu’elle préfère dans son livre.
Yasmine Aït Selmi, 1 S2
Mémoires d’hommes
Les deux conflits majeurs du
siècle passé ont nourri l’imaginaire
des écrivains, des cinéastes, des
artistes. Or, nous assistons à un
regain d’intérêt pour l’armée
française formée d’hommes venus
des cinq continents : des Français
musulmans, des troupes noires, des
soldats des Indes françaises…
Les élèves des classes de 3e
du Lycée International Alexandre
Dumas d’Alger se sont mobilisés
pour mettre à l’honneur leurs aïeux
qui ont participé à la grande épopée
de 39-45. Un site (http://www.liadalger.fr/memoiresdhommes/Accueil.
html) et un livre (disponible au cdi)
sont nés de la rencontre entre cette
jeune génération et ces hommes qui
approchent souvent la centaine.
A vocation pédagogique, ces
mémoires ont pour humble objet
la mise en lumière d’histoires et de
destinées individuelles des soldats
algériens dont le rôle semble avoir été
éludé à l’après-guerre. Les lecteurs
y trouveront des motifs de légitime
fierté.
Investis et enthousiastes, les élèves
du Lycée ont conçu ces témoignages
pour saluer la mémoire des combattants
valeureux, disparus ou encore en vie.
Me Auvray, ex-professeur de Lettres
24
Jeunes plumes
Jeunes plumes
Extraits du journal le P’tit Mousquetaire, ancêtre de la Plume à Paroles. Ces
articles ont été publiés suite aux attentats du 11 décembre 2007.
Terreur à Alger
L
e mardi 11 décembre 2007, la
terre bouge. Ce n’est pas un
séisme, mais bien pire : c’est l’œuvre
de l’homme.
Une première explosion retentit
à Ben Aknoun. Une voiture piégée
rentre en collision avec un bus d’étudiants bondé, un « cous », devant le
Conseil constitutionnel et à proximité de la Cour suprême. Selon la presse, cette première détonation cause
de nombreux dégâts matériels, mais
plus grave, elle fait une trentaine de
morts, dont la plupart des étudiants,
et plus d’une centaine de victimes.
La seconde déflagration eut lieu
dans le quartier résidentiel d’Hydra,
qui abrite plusieurs chancelleries et
résidences diplomatiques. C’est également une voiture piégée conduite
par un kamikaze qui a explosé prés
du Haut Commissariat des Nations
unies pour les réfugiés (HCR), occasionnant ainsi autant de victimes que
la précédente, dont certaines, des
employés de l’ONU.
En début de soirée, la branche nord
africaine d’AI-Qaïda a revendiqué ces
actes via un communiqué publié sur
un site internet islamiste.
Un autre 11 a frappé l’Algérie déjà
meurtrie par des attentats incessants,
qui nous ramènent toujours à la réalité. Il est facile de baisser les bras et de
se soumettre, mais le mérite revient à
ceux qui retroussent leurs manches et
reconstruisent ensemble les ruines.
Une plosive, de l’explosif, une déflagration, plus
loin que les mots, plus loin que le langage le
signe nous interpelle. Avec le B que pouvonsnous épeler ? Bonté, bombons, bonheur, barbe
à papa, bises, bijoux, «baba», des mots qui
disent le sourire et la joie d’un enfant innocent,
d’adultes heureux de choyer, qui le 11 décembre
2007 se sont mis à pleurer dans la rue avec
leurs proches ou bien avec des inconnus... à
Alger, à Ben Aknoun, à Hydra et partout dans I’
Algérie et plus loin dans tous les pays.
Si nous faisions une ronde, il faudrait que celleci soit celle de la paix. Nos élèves au LIAD ont
prouvé par leur attitude, leur courage, leur refus
de la violence et leur amour de la PAIX.
DS
Youcef Lebid
Le vécu d’un élève
Les sentiments
d’un lycéen
M
ardi 11 décembre 2007, tout se
passe comme à l’ordinaire.
Les élèves du LIAD se réveillent
péniblement au matin de ce jour. Les
cours se passent comme toujours,
avec un calme commun à toutes les
classes, le calme du matin.
Je regarde l’heure, celle-ci semble
passer lentement. Et puis la récré enfin. Voilà qu’il est presque 9h50 ; plus
que 5 minutes, plus que 4 minutes,
plus que 3 minutes... un bruit déchirant et une secousse brusque se font
ressentir. Ces deux dernières minutes
ne viendront pas.
Panique générale : on s’attend tout
d’abord à un tremblement de terre, et
quelques élèves bien rapides se glissent sous les tables. Mais le sol cesse de bouger, c’est alors que tout le
monde se précipite vers la sortie.
À l’extérieur, c’est une ambiance
pesante qui opère. Les visages expriment une même expression, un mélange de crainte et d’incompréhension.
Les nouvelles arrivent enfin : une
bombe vient d’exploser à quelques
mètres de là. Cette fois ci, c’est près
du Palais de Justice que l’attentat a
eu lieu. C’est alors une affreuse peur
qui se dessine sur les visages de ceux
qui ont de la famille là-bas. On essaye
en vain de joindre nos proches, mais
tous les réseaux sont coupés.
Quelques instants plus tard, on apprend qu’une autre attaque s’est produite au siège de l’ONU à Hydra. Là
encore, l’angoisse afflige.
Peu à peu, tout ou presque tout revient dans l’ordre. Les élèves se tranquillisent ; leurs familles vont bien.
Les professeurs rassurent, certains
n’arrivent pas à exprimer les sentiments qu’ils ressentent - mais quels
mots assez forts peuvent décrire notre peine, notre dégoût ?
Arrivés à la maison, on apprend
que ce double attentat fait état de 72
morts, mais selon les sources officielles algériennes, on ne compte que 26
morts.
On croyait que tout était fini, certains pensent que tout recommence.
Manu
25
Encore
une blessure
pour l’Algérie
C
omme une plaie qui ne cicatrise
pas, comme un cauchemar qui
recommence, comme une impression
de déjà vu ...
Le 11 décembre 2007, Alger revoit
des fantômes qui n’ont eu de cesse de
la hanter...
Alger la Blanche vire au noir quand
à 10 heures une explosion se fait entendre à Ben Aknoun.
Un attentat, encore un, vient marquer du sceau de l’horreur une journée tout juste entamée pour des Algériens qui avaient cru avoir oublié
quelques spectres du passé.
Deux bombes, deux poignards
plantés dans le cœur de la jeune mais
courageuse Algérie, tant blessée ces
dernières décennies.
Une Algérie nommée phénix qui
renaît toujours de ces cendres.
Yousra Miloudi
M
ardi 11 décembre 2007. Il est environ 9h45.
On fait semblant de suivre un cours d’arabe,
de physique ou d’histoire. On compte les secondes qui précèdent la récréation de 9h50. On ne
pense à rien, quand tout à coup, c’est le choc. Un
bruit effarant, une déflagration surpuissante.
Les fenêtres s’ouvrent sous l’onde de choc. Le sol
tremble. Les cases des collégiens accentuent la déflagration. Une bombe. Une bombe tout près du
lycée international Alexandre Dumas. On entend
des «Oh mon Dieu !» ou encore des «Merde qu’est
ce que c’est que ça ?» qui fusent des 4 coins de la
salle de classe. Les profs aussi choqués que nous essayent de nous calmer: «C’est le mur du bâtiment
délabré qui s’est effondré, ce n’est rien» ; «C’est une
conduite de gaz qui a explosé; ne vous inquiétez
pas». Néanmoins, tout le monde sort. Tout le monde sait ce que c’est. Une bombe tout près du lycée
international Alexandre Dumas. On s’agite, on appelle nos parents. Pas de réseau, la sécurité nationale bloque tout pour empêcher un second drame.
On regarde par les fenêtres, on cherche la fumée.
En sortant, on retrouve la masse grouillante de lycéens qui viennent de vivre le même terrible événement que nous. Une bombe, une bombe tout près
du lycée. Le retour de la terreur. Ils ont frappé là où
personne ne les attendait, à un moment où personne n’y pensait. Dans la cour, on se laisse traîner. On
écoute le proviseur qui tente de nous expliquer la
situation, on téléphone à nos parents, même si on
sait pertinemment que le réseau est bloqué. On a
peur. On tente d’obtenir plus d’informations au CDI.
2 bombes, 27 morts aux dernières nouvelles... Ils ont
frappé l’ONU et le Conseil Constitutionnel. Certains
feront comme si rien ne s’était produit, d’autres garderont en mémoire ce qu’ils ont vécu.
Youcef Lebid
A la mémoire
d’Elodie et Mélanie
A tous nos é lè ves, qui se posent des
questions à propos de cette grosse
pierre blanche commé morative,
placé e au milieu de la pelouse à
l’entré e du lycé e et sur laquelle sont
inscrits les noms de Daboval Mé lanie
et Daboval Elodie.
Voici l’histoire bien triste de ces deux sœurs venues
habiter Alger avec leur mè re qui y travaillait.
Mé lanie, l’ainé e travaillait à la cantine du lycé e, trè s
aimé e de tous, car trè s affectueuse, comme le sont les
enfants trisomiques.
Elodie é tait en classe de premiè re S, trè s appré cié e de
ses camarades, studieuse, gentille et trè s jolie.
Triste fû t ce jour de Fé vrier 2005 : elles qui ne
s’absentaient jamais, ne vinrent pas au lycé e ce jour là ,
parce que durant la nuit, elles avaient é té intoxiqué es
au monoxyde de carbone, libé ré par un chauffe bain
dé fectueux. Les secours n’ont rien pu faire pour les
ré animer.
En ce dixiè me anniversaire du Liad, nous nous devions
d’avoir une pensé e pour elles, car elles font partie à
jamais de l’histoire de notre lycé e.
K.G
26
Jeunes plumes
Mémoires
Eclats
27
2002-2012
U
n clin d’oeil aux anciens élèves qui, en 2005, avaient participé au projet d’écriture « Alger de ma fenêtre ». Leurs textes (remarquables !) avaient alors été
publiés dans le recueil Eclats, disponible au Cdi, avec des photographies de Catherine Poncin.
Les professeurs Racha Ferchouche (Arabe), Lalia Kerfa (Lettres) et Karine
Thomas (Histoire Géo), Bernard Tramier (Lettres), Joël Canto (Histoire Géo) et
Jérôme Ferrari (Philosophie) avaient animé les ateliers d’écriture au lycée.
Le Liad d’hier à aujourd’hui
Quel immense privilège d’avoir participé à cette merveilleuse aventure que fut l’ouverture du Lycée Français
d’Alger, le 2 octobre 2002!
Le 17 décembre de la même année, Monsieur Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, célébra
l’événement aux côtés de Monsieur Patrick Leroyer, premier Proviseur du lycée.
« L’écriture n’est ni un mensonge ni un songe, mais la réalité et peut-être, tout ce que nous
ne pourrons jamais connaître du réel. »
Blaise Cendrars
‫كلمات من فؤاد الجزائر‬
Elle m’a dit qu’elle aussi rêvait
La cruche
Hier, j’ai discuté avec une cruche ! Je suis tout à fait sérieuse ; je
passais devant elle, réfléchissant à je ne sais quel problème existentiel, lorsqu’elle m’a hélée...Et ce qui m’a le plus surprise, c’est que je
me suis instanta­nément tournée vers elle, comme si j’avais l’habitude
de parler aux cruches. Je l’ai regardée dans les yeux, elle m’a fixée
un moment... et hop ! me voilà aspirée en elle, en son âme. J’ai vu
son passé tourmenté de cruche algérienne, les gens qui l’ont possédée
avant nous, tout le travail qu’elle a abattu en tant d’années. Car il faut
dire qu’elle n’est plus toute jeune, cette cruche ; elle m’a avoué sans
fausse pudeur être sortie des fours il y a plus de soixante cinq ans.
Elle a tout vécu, tout vu ; Elle a accompagné mon pays dans toutes
ses luttes et ses révoltes, dans toutes ses guerres, toutes ses joies et
toutes ses peines, toutes ses victoires et ses échecs. Elle a vu tout un
peuple souffrir, longtemps, toujours résigné au malheur, à la douleur
mais toujours luttant avec le même acharnement, gar­dant en lui ce
même espoir, ce même désir de justice et de vie, comme un incendie
ravageant son cœur et son âme, legs de tant de générations meurtries.
Elle m’a dit que cet incendie gardait sa force, encore nourri, entretenu par la hogra, les désillusions, les humi­liations, la rage et la
colère d’une Algérie opprimée, étouffée, souffrant en silence, courageusement, et attendant encore et toujours son moment de gloire et
de joie.
Elle m’a dit qu’elle aussi rêvait, qu’elle aussi espérait et croyait en
un avenir meilleur pour l’Algérie. Elle m’a dit que ce beau pays avait
trop souffert, trop pleuré et qu’il avait le droit lui aussi à un peu de
répit, à la justice et à la paix.
Elissa
‫ بفضل تضحيات‬،‫ إنها زهرة تفتحت منذ زمن ليس ببعيد‬،‫ الجزائر‬،‫أعيش في وطني‬
.‫شعبنا‬
‫ أفكر في الحياة التي عشتها والتي ما زلت أحياها في مدينة مرّ ت‬،‫ها أنا بشرفة غرفتي‬
.‫عليها حضارات عديدة تاركة بصماتها وآثارها‬
،‫أتأمل ميناء الجزائر الذي كان في الماضي ذا شهرة في حوض البحر األبيض المتوسط‬
‫ لجأت إليه‬،‫ الميناء الذي كلما أحسست بضيق في نفسي‬...‫شهد حروبا ومعارك عديدة‬
.‫ألتمتع بأمواجه الرّ اقصة وشمسه السّ اطعة‬
،‫ ذاهبين إلى عملهم أو لقضاء حوائجهم‬،‫أتجول في أحياء العاصمة فأرى الناس مسرعين‬
،‫أمشي وأنظر إلى هؤالء المواطنين فأرى على وجوههم ِسمات الخوف والقلق والكآبة‬
‫ هذا الخوف‬،‫ممّا يدل وبدون شك على أن آثار العشرية السوداء ال زالت ساكنة أعماقهم‬
.‫ ألنني عشت هذه األيام السوداء‬،‫عرفته وعائلتي‬
‫ فلقد كانت‬،‫ كانت لوحة سوداء‬،‫ال أقول أن الحياة التي قضيتها في الجزائر العاصمة‬
،‫ نحن نعيش في سالم‬،‫ وإنني اليوم أحمد هللا ألن المحنة زالت‬،‫هناك فترات فرح وسعادة‬
ّ ‫ في‬،‫والوضع في تحسّ ن دائم‬
‫ االقتصادية وحتى‬،‫ السياسية‬،‫كل المجاالت االجتماعية‬
.‫الثقافية‬
‫ حيث‬،‫ الثقافة بدأت تستعيد مكانتها‬،‫الشركات األجنبية بدأت نشاطها في السوق الجزائرية‬
‫ والنشاطات الخارجية توسعت بكثرة واألمثلة‬،‫تزايد عدد المكتبات والمسارح في بالدي‬
.‫ الخ‬...‫ سنة الجزائر في فرنسا‬،‫ مثل الصالون ال ّدولي للكتاب‬،‫كثيرة‬
‫ فقد بدأ التسامح يسود أفراد المجتمع‬،‫أستطيع أن أقول إن مجتمعنا الحالي في تحسّ ن مستمر‬
‫ ومما الحظته أيضا سمة التضامن الكبرى لدى الجزائريين خاصة‬،‫واالحترام يعم األجواء‬
.‫ حتى المرأة بدأت تأخذ مكانتها ولو بطريقة تدريجية بطيئة أحيانا‬،‫أيام المحن والكوارث‬
‫ ودوام الحال‬،‫ إنه مهما طال الليل فال ب ّد من طلوع الفجر وشروق الشمس‬:‫ويمكنني القول‬
،‫ فالجزائر اليوم تزدهر وتتطور شيئا فشيئا لتبلغ مستوى البلدان المتطورة‬،‫من المحال‬
.‫ ألنه يمثل لي ثمار شجرة الجزائر الحبيبة‬،‫وأملي كبير في الجيل الصاعد‬
‫نسرين‬
J’écris pour tout, pour rien.
J
’écris pour ceux que j’aime, ceux que je n’aime
pas. J’écris pour me faire plaisir. J’écris pour
voyager à travers l’imagination des gens.
J’écris pour essayer de les comprendre. J’écris
pour que mes rêves deviennent réalités ou pour
qu’ils ne se réalisent jamais. J’écris pour m’évader.
J’écris pour sourire lorsque je vois le mot « fin ».
J’écris pour ne jamais m’arrêter. J’écris pour ceux
que je ne comprends pas, pour ceux que je connais
par cœur. J’écris par envie, par fierté. J’écris pour
voir la réaction des gens lorsqu’ils lisent ce que
j’ai marqué. J’écris pour les voir touchés par mon
écriture ou ce qu’elle contient. J’écris la vérité.
J’écris pour voir une larme traverser ta joue
lorsque tu me lis, et qui termine son chemin sur
la feuille, effaçant au passage une lettre ou un mot
en formant une légère auréole. J’écris pour ceux
qui aiment lire et ceux qui n’aiment pas. J’écris
par égoïsme. J’écris par espoir. J’écris pour que la
mélodie de mes doigts sur le clavier masque tous
les bruits qui m’entourent. J’écris par curiosité.
J’écris pour que les gens me comprennent. J’écris
pour t’entendre dire « C’était chouette, j’ai bien
aimé ! » ou juste pour voir ton regard lorsque tu
me lis, comme absorbée par mes quelques mots.
J’écris pour m’imaginer ton rire. J’écris parce que
je m’ennuie. J’écris pour qu’on me fiche la paix.
J’écris pour redonner le sourire aux gens qui me
lisent et qui apprécient mon travail. J’écris pour
voir la bouille des gamins s’agrandir et enfin former
un sourire sincère. J’écris tout ce que je vois, ce que
j’entends. J’écris, j’observe. J’écris pour expliquer
mes malheurs même si personne ne me lira. J’écris
pour hurler ma colère, ma haine, pourtant sans son.
Je cris pour montrer ce que je ressens. J’écris pour
vivre. J’écris tout simplement pour mieux respirer
sinon j’étoufferais. J’écris pour toi mais surtout
pour moi. J’écris la vie. J’écris la mort. J’écris
la tristesse. J’écris le désespoir. J’écris l’amour.
J’écris la magie. J’écris la pensée. J’écris parce que
les plus belles choses naissent à travers la pensée
des gens. J’écris pour te créer. J’écris pour mettre
fin à tes malheurs. J’écris ta vie. Je cris la mienne.
J’écris pour que tu sois plus heureuse. J’écris
contre les gens qui te font du mal. J’écris pour me
mettre à ta place. J’écris pour l’imaginaire. J’écris
tout ce que je connais sur toi. J’écris tes pensées
les plus profondes. J’écris tes sentiments. J’écris
par amitié. J’écris pour toi. J’écris ce que je vois
dans ton regard. J’écris pour que tu sois comme
tu voudrais être. J’écris pour rendre le monde
meilleur. J’écris contre tous ces gens qui se fichent
de tout. J’écris ceux qui ne me comprennent pas.
J’écris ceux qui ne m’aiment pas. J’écris ceux que
tu n’aimes pas. J’écris pour être sûr. J’écris contre
le mensonge ou bien je l’écris lui-même. J’écris
mes rêves avant de les oublier. J’écris pour que le
monde des rêves devienne réalité même s’il existe
déjà alors que personne ne le voit.
LAUNAY Noémie, ex-3e2
(Article publié dans le n°1 du Journal, en décembre
2010)
L
’établissement fut baptisé « Lycée International
Alexandre Dumas ».A cette occasion, une plaque
commémorative fut scellée sur le premier bâtiment à
gauche de l’entrée.
Les premiers élèves sont aujourd’hui adultes et certains
d’entre eux ont fait une brillante carrière.
Les personnels, quant à eux, ne sont plus très nombreux
à être encore parmi nous, mais les souvenirs de ceux
qui sont restés sont toujours très vivaces et nous devons
sans doute les mettre à l’honneur en citant le nom de
ces résistants de la première heure.
-Les enseignants : Madame Ania Aichouche, Madame
Nadia Azizi, Monsieur Mohand Bechar,Madame
Hiba Belarbi, Madame Rachida Ferchouche, Madame
Karima Griene, Monsieur Badr Hadjadj, Madame Faiza
Hammaz, Madame Lalia Kerfa, Madame Françoise
Kuster, Madame Salima Laaouad, Madame Saliha
Mellak, Annie Mohamed Oussaïd, Madame Lila
Rahal, Madame Véronique Roballo-Diaz, Madame
Zahra Saidani, Monsieur Zoubir Tahar, Monsieur
Bernard Tramier.
- Les personnels administratifs et de service : Madame
Khemissa Soraya, Monsieur Farid Benhebassa,
Monsieur Ahmed Nedjar, Monsieur Ahmed Cheref,
Monsieur Aber Rezki.
Ainsi donc, en octobre 2002, 175 élèves venus d’Alger
et de ses environs entrèrent en classe de seconde et
de première, encadrés par 23 professeurs, dont 7
expatriés, quelques surveillants et agents de service.
L’équipe de direction se réduisait alors au Proviseur,
Patrick Leroyer et à l’intendant,Yann Maille.
Tout ce monde se mit au travail au milieu des gravats,
à côté des chantiers.
Le personnel enseignant en contrat local fut recruté
dans l’urgence pour faire face aux besoins immédiats.
Les personnels administratifs et de service se trouvaient
déjà sur le site. Ils étaient peu nombreux : un seul
ouvrier, Farid Benhebassa, aujourd’hui Agent-chef,
des agents chargés du ménage, deux surveillants :
Soraya Khemissa, aujourd’hui secrétaire et Mouloud
Oulman, toujours surveillant.
Les conditions matérielles étaient très précaires.
Le lycée disposait d’une seule photocopieuse dont
s’occupait Monsieur Ahmed Nedjar, toujours à ce
poste, enfin une tente plantée dans le décor trônait, en
guise de cantine. Il n’y avait pas encore de CDI.
Les élèves, peu nombreux, n’étaient pas habitués au
fonctionnement d’un lycée français. « C’étaient des
hommes » disent les anciens qui n’étaient pas très
rassurés face à ces jeunes gens peu enclins à la docilité
de mise dans un établissement scolaire.
Dans cette Algérie qui se réveillait de la décennie
noire, les mesures de sécurité atteignirent leur
plus haut niveau. C’est en voiture blindée que les
personnels expatriés arrivaient de l’ambassade où
ils étaient logés. Les résidents, de leur côté, étaient
sommés d’emprunter un minibus et n’avaient pas droit
à un véhicule privé.
Le contexte était donc très sécuritaire et un peu
déprimant pour ceux qui avaient voulu tenter l’aventure
sans avoir vraiment pris la mesure de la situation,
mais leur joie d’être là était grande. L’ambiance devint
très vite familiale, des liens indéfectibles se sont
progressivement créés. Les photos témoignent de ce
temps difficile mais heureux.
Pour faire face à cette situation pour le moins
particulière et certes peu confortable, une grande
solidarité s’installa progressivement. Spontanément,
les enseignants les plus chevronnés se rendirent
disponibles pour aider leurs collègues.
Chacun était conscient de vivre un grand moment
après un épisode sombre de l’histoire algérienne
et d’accomplir un pas décisif sur le chemin de la
réconciliation entre la France et l’Algérie.
Mais personne n’imaginait alors l‘ampleur qu’allait
prendre cette aventure. Même si cette belle réalisation
avait été planifiée par l’AEFE, nul ne pouvait
concevoir un seul instant, que ce petit établissement,
fait de bric et de broc, ouvert avec les moyens du bord,
deviendrait un jour une grosse structure et qu’en dix
petites années, le LIAD passerait de quelques 280 à
1500 élèves :
D’une trentaine de personnel à 178 agents et
enseignants.
Quatre étapes importantes sont à repérer dans cette
extraordinaire évolution :
La première dont nous venons de décrire
les commencements, de 2002 à 2006, celle de la
naissance et de la maturation : la structure
pédagogique du lycée arrive à son terme. A
partir de la rentrée 2004, elle est identique à
celle d’aujourd’hui : 6 classes de seconde, de
première et de terminale. Le lycée a grandi,
mais l’ambiance reste conviviale. La salle
des professeurs située dans l’actuel bureau
de la caisse, grouille de monde installé autour
d’une grande table. Les discussions vont
bon train. Les fumeurs, seulement tolérés,
se cachent derrière une paroi tapissée par
les casiers des enseignants et laissent leur
fumée se diffuser dans toute la pièce.
Très vite, dès la rentrée 2003, le Proviseur, Patrick
Leroyer qui restera sept ans (2002/2009) s’entoure
d’un Conseiller principal d’éducation, Alain Maillet,
qui fait fonction de Proviseur Adjoint dès 2004,
alors que Monsieur Lecavorzin est CPE. Le nombre
des enseignants grossit lentement, les effectifs
d’élèves augmentent, le lycée s’équipe en matériels
pédagogiques, les parents s’investissent dans une
association qui devient de plus en plus active.
A la rentrée 2004, on compte 525 élèves pour 45
professeurs dont 17 titulaires.
A la rentrée 2005, avec l’ajout de 4 classes de
troisième, le LIAD atteint le nombre de 685 élèves,
dont 55 professeurs, avec 23 titulaires.
La deuxième étape, de 2007 à 2008, est celle
de l’aboutissement de la première étape. L’équipe
administrative et de service se développe. Les
surveillants sont plus nombreux et l’équipe de direction
change et s’étoffe.
Le Proviseur est désormais accompagné d’un
proviseur adjoint : Marie-Christine Saint-Martin, d’un
agent comptable : Brigitte Diot et d’une conseillère
principale d’éducation : Pascale Leroy, toutes les trois
arrivées en 2007 (en coulisse, à tort ou à raison, on
parle des trois grâces). Nour-el-Dine Marouani, le
deuxième conseiller principal d’éducation, est nommé
en 2008 pour l’ouverture du collège et complète
l’équipe de direction.
Avec l’aide de tous les personnels, cette équipe « de
choc », va mener tambour battant l’ouverture du collège, l’amélioration des procédures administratives et
de l’organisation pédagogique, la mise en place des
réformes.
La réflexion pédagogique s’étoffe. Un premier projet
d’établissement est rédigé avec l’ensemble de la
communauté éducative dans un enthousiasme peu
commun et une participation très active de tous les
28
- La construction d’un plateau
au-dessus du CDI avec une salle
multimédia, une salle d’arts plastiques,
une salle de réunion
- L’aménagement du coin fumeur
pour les personnels
- L’embellissement des espaces
verts
membres de la communauté éducative.
Certes, l’attentat de décembre 2007 vint troubler
cette douce harmonie, mais, à cette occasion, les
liens se resserrent. La bombe fait revivre de très
mauvais souvenirs aux Algériens et plonge les
personnels français dans un doute sur le choix de
leur expatriation. L’année suivante avec l’ouverture
du collège, toute la communauté est plongée dans
un travail harassant. Le traumatisme s’efface
pour laisser la place à l’euphorie d’une nouvelle
aventure.
La troisième étape, 2008/2011, celle de la
transformation radicale à la rentrée 2008 avec
l’ouverture du collège jusqu’à l’inauguration de
nouveaux espaces en 2011.
Le lycée Alexandre Dumas connaît une nouvelle
mutation avec la mise en place de 4 classes par
niveau de collège. En septembre 2008, le collège
dans sa totalité ouvre ses portes. On compte
désormais 1047 élèves dans 16 classes de collège
et 18 classes de lycée, 75 enseignants, dont 35
Le lycée sort progressivement de sa prudence,
s’ouvre sur l’extérieur et accueille de plus en plus
d’artistes et de personnalités reconnues.
De 2002 à 2010, d’un ministre des Affaires
Etrangères au futur Président de la
République !
Le 9 décembre 2010, le lycée a l’honneur
d’accueillir en ses murs, François Hollande, venu
en mission en Algérie.
L’équipe de direction qui a accompagné la
deuxième étape reste stable et assure la qualité de
la transition.
De
nombreuses
transformations sont
réalisées :
- La construction d’un gymnase
LES ETUDIANTS DE
L’OMBRE…
Toutes ces transformations aboutissent à la visite de la Directrice de
l’AEFE, le 5 mai 2011, pour l’inauguration de ces nouveaux espaces.
La quatrième étape de 2010/2012 : L’équipe
de direction s’enrichit d’un directeur de l’école
primaire, Philipe Porchet, nommé en septembre
2011 pour préparer l’ouverture de l’école primaire,
programmée pour septembre 2012.
Un nouveau projet d’établissement, élaboré
en 2011/2012 voit le jour à la rentrée 2012.
L’accent est mis sur 6 axes :
- Créer les conditions d’une ouverture
réussie et d’un fonctionnement optimal de
l’école primaire.
- Pour suivre l’aménagement du collège et
du lycée.
- Améliorer la qualité pédagogique et
rechercher l’excellence
- Equiper le lycée pour être à la pointe de la
technologie.
- Favoriser
l’ouverture
culturelle/la
personnalité propre au LIAD/donner
à notre établissement une dimension
internationale.
-
Favoriser
la
communication.
A la rentrée 2012, une
partie de l’équipe de direction a changé avec
l’arrivée de Monsieur
Khaled Yaker, directeur
des services administratifs et financiers, de
Monsieur Vianey Tipa,
nouveau directeur de
l’école primaire et de
Madame Séverine Calvez, conseillère principale d’éducation en
charge du lycée.
titulaires français.
Une grande salle des professeurs est créée au
collège. Le CDI est considérablement agrandi.
L’établissement est embelli par la plantation de
fleurs et d’arbres.
En septembre 2009, Patrick Leroyer passe le
relai à Marc Demeulemeester, deuxième Proviseur
du LIAD. Son arrivée marque de nouveaux
changements notables dans ce mouvement continu
d’évolution qui ne cesse de s’opérer au sein de cet
établissement.
J’écris
Mémoires
Avec l’ouverture de
l’école primaire sur le
site de Dély Brahim,
le lycée entre en septembre 2012 dans une
phase de stabilisation
définitive.
Les projets d’amélioration de l’existant
continuent à foisonner.
Ils seront réalisés dans
les années à venir. On
prévoit la création d’une salle de musique, d’une
salle polyvalente, d’un foyer des lycéens, d’espaces
abrités, de nouvelles salles de classe, d’un espace
supplémentaire pour l’administration etc.
Tous ces projets verront le jour avec une équipe de
direction en partie renouvelée à partir de la rentrée
2013, puisque Marc Demeulemester, le Proviseur,
Marie-Christine Saint-Martin, le Proviseur adjoint
et Nour-el-Dine Marouani, le CPE en charge du
collège, nous quittent à la fin de l’année scolaire.
Bonne chance et merci à tous ceux qui continueront
à écrire les pages encore nombreuses de cette très
belle histoire !
Marie-Christine Saint-Martin
Proviseure adjoint du Liad
17H30… tous les élèves du LIAD ont quitté
l’établissement. On pourrait penser que la pénombre,
doucement, endormira le site mais pourtant … Ils sont
au nombre de180 à franchir les grilles du LIAD. Ils ne
pénètrent dans les lieux que s’ils présentent le sésame :
« une petite carte » qui les identifie. Ils l’ont parfois
espérée des mois, et l’ont obtenue après des heures de
patience pour devenir « apprenant en Français Langue
Etrangère ». L’Institut Français d’Alger n’ayant pas assez
de locaux pour satisfaire la demande de formation, le
LIAD se fait annexe pour trois sessions, quatre soirs
par semaines de 17h30 à 20h30.
Ils sont impressionnés ces apprenants lorsqu’ils
entrent dans l’établissement. C’est un lycée qui ne
ressemble pas à ceux que certains connaissent ou ont
connus. La verdure les enchante, la propreté les ravit, le
mobilier est en excellent état, il y fait chaud l’hiver. C’est
un endroit avenant où ils se sentent bien. Les plantes
dégagent le soir des parfums qui les invitent au voyage.
Ils trouvent parfois sur le bureau de l’enseignant un
livre oublié par un collégien qui fait l’objet d’admiration
… « que ce doit être agréable d’étudier ici avec de si
beaux livres ! » lancent-ils. « Ceux qui étudient ici se
rendent-ils compte de la chance qu’ils ont ? » Cette
question est si souvent posée. Le respect des lieux est
le maître-mot et impose des règles. La première est de
laisser les classes dans l’état où nous les avons trouvées
(remise en place du mobilier), la seconde est de fumer
uniquement sur le parking, la troisième est de ne pas se
promener dans le parc lors de la pause.
Ils ont entre 19 et 50 ans, sont de toutes nationalités
mais les plus nombreux sont Algériens. Ils sont
étudiants ou dans la vie active et viennent compléter
ou perfectionner des connaissances linguistiques mais
aussi appréhender la culture française à un rythme
adapté à leur emploi du temps. Etudiants en
médecine, en droit, en commerce ou avocats, artisans,
ingénieurs, commerçants se côtoient dans les cours…
Leur objectif commun : « parler français » afin de
poursuivre leurs études en langue française à la faculté,
passer un diplôme pour un projet de mobilité ou encore
pour trouver ou conserver un emploi où la langue
maternelle alliée à la maîtrise du français multiplie
leurs chances dans la vie professionnelle.
Les apprentissages se font en parfaite adéquation
avec les six niveaux du Cadre Européen Commun de
Référence pour les Langues. Une approche vivante
et communicative, favorise le contact et le dialogue.
Elle s’appuie sur des documents authentiques
écrits et sonores, des mises en situation pour
encourager l’échange et garantir une progression
régulière. Outre les compétences pragmatiques et
linguistiques, le volet socioculturel est largement
développé lors des cours.
Ces enseignements du soir sont proposés depuis
plusieurs années et on ne peut que se réjouir que le
LIAD depuis 2009 contribue à la réussite de cette
priorité de la diplomatie française qui est la diffusion
de la langue française.
20H30, les étudiants de l’ombre quittent
l’établissement et laissent place au silence de la
nuit entrecoupée des chuchotements du personnel
d’entretien et des rondes de la sécurité qui permettront
dès le lendemain aux lycéens d’étudier dans de bonnes
conditions et en toute sécurité.
Patricia HOFFMANN
Enseignante à l’IFA
29
Riad l’ALGEROIS
R
iad est algérois. Plus qu’une
location géographique, c’est pour
lui un art de vivre. C’est d’ailleurs
l’une des dernières caractéristiques à
laquelle il s’identifie.
À vrai dire, Riad ne sait pas si Alger
l’aime autant que lui ne l’aime. Comme
tant d’autres jeunes hommes autour de
lui, sa vie se résume à tenter de séduire
Alger, de se faire aimer d’elle comme on
ferait la cour à une jeune fille torturée.
Car Alger est une femme qui a souffert.
On lui a tant brisé le cœur, tant usé les
larmes qu’à présent elle s’est fermée.
Sans âme, son avenir ne lui appartient
plus, ou plutôt ne lui importe plus.
Quand Riad y réfléchit, il sent en
lui monter une fureur qui le rend
mélancolique. On dit que lorsqu’on aime
profondément quelqu’un, on développe
pour lui une sorte d’empathie presque
mystique. Il en est ainsi pour le jeune
Riad. La fraîcheur de ses vingt ans est
d’ores et déjà alourdie par le poids de
« ONE, TWO, THREE
VIVA L’ALGERIE !!! »
DuYémen à la Tunisie,
de l’Egypte à l’Algérie…
Tout commença pour moi à la fin du mois de
mai 2011. Sana’a, la capitale du Yémen vit alors une
période révolutionnaire, un véritable cri de liberté.
Pour mon cas, tout allait bien... hormis peut-être le
fait que je me retrouvais du jour au lendemain sans
lycée. Mais le bruit des balles s’intensifiait de jour
en jour et les visages de mes proches s’aggravaient
au fur et à mesure. Un jour de juin, l’électricité
fut coupée sur toute la ville. Le « doux » son des
balles fut peu à peu remplacé par de violents tirs
de roquettes et de bazookas. La nuit fut horrible.
Minuit et des poussières, une maison du voisinage
est en feu, elle a été atteinte par une roquette. Là,
tout devenait beaucoup plus sérieux à mes yeux et je
réalisai la gravité de la situation. Nous devions partir
au plus vite ! Nous descendîmes à quatre pattes en
directions des sous-sols dans l’espoir d’y trouver
refuge. Je me souviens avoir pensé à ce moment là,
au fin fond de moi-même : « Et si on mourrait là..? ».
Rester à Sana’a devenait impossible, inenvisageable.
Dès que l’occasion se présenta, nous décollâmes
pour Tunis. Ah... Tunis... Depuis toujours cette ville
est pour moi synonyme de bonheur. Donc inutile de
vous dire que lorsque l’hôtesse de l’air nous annonça
notre arrivée à Tunis, j’étais aux anges ! J’arrivais
enfin dans ce merveilleux pays, mon pays ! Je fus
aussi prise d’un sentiment de soulagement : j’y étais
arrivée en vie. Trois mois sensationnels s’écoulèrent
alors dans une ambiance familiale et festive à l’abri
des tanks et des bombardements. Je voyais une
Tunisie encore plus belle que dans mon souvenir.
Après la Révolution du Jasmin, on y sentait comme
une brise de démocratie, un souffle de liberté.
Nous sommes le vendredi 2 septembre, et
comme toute bonne chose a une fin, je dois quitter à
regret et le coeur gros Tunis. Je pars au Caire. Mais
je dois avouer que j’étais aussi folle d’impatience à
l’idée de voir ce nouveau pays. Pour moi l’Égypte était
comme un vieux mythe... Tout au long de ma vie, j’en
ai entendu parler sans jamais pouvoir y aller. A mon
arrivée au Caire j’étais comme une petite enfant
Chronique
cette passion. Cette passion fusionnelle
qui l’unit à Alger.
Comme tous les Algérois il est victime
de cette Alger qui nous dévore le c?ur,
qui nous torture l’âme et l’esprit. Elle
exerce sur lui une obsession qui au fond
de lui le coupe du reste du monde. Riad
étouffe sous le poids des tourments
qu’Alger lui inflige. Par tous les moyens
il tente de s’en délivrer. Il s’imagine
qu’en la quittant il finira par l’oublier,
mais quand il entrevoit cette possibilité,
Riad fronce les sourcils: c’est plus fort
que lui. Au fond, il est maudit. Il sait
que partout où il ira il sentira pour toute
autre qu’Alger ce dédain d’amoureux
fidèle. Il portera dans son cœur cette
ville fatale, jusqu’à en mourir.
N.MERHOUM, ex-3è3
(Article précédemment publié dans le Journal
n°1 du Lycée international Alexandre Dumas
d’Alger)
qui découvre tout ! Tout me paraissait différent:
les odeurs, les visages et même le dialecte. Le
nombre de monde et de voitures dans cette ville
est effrayant !!! La question la plus fréquente qu’il
m’arrivait de me poser est : «Mais quand est-ce
qu’elles dorment toutes ces personnes ??! ». Car
en effet, au Caire, à n’importe quelle heure de la
journée, les rues grouillent de monde. Il m’est arrivé
d’aller acheter des fruits à trois heures du matin,
sans aucune crainte puisque les rue étaient éclairées
et pratiquement tous les commerces encore ouverts.
Il ne faut pas que j’oublie de préciser que, une fois
de plus, je me retrouvais dans un pays en pleine
reconstruction politique et économique puisque le
printemps arabe était aussi passé par là quelques
mois plutôt... Un mois s’écoula, les événements
au Yémen m’empêchaient d’y retourner. Il fallait
absolument trouver une solution à ce problème. Il se
trouve que mon père résidait à Alger... Vous l’aurez
deviné, encore une fois mon destin pris une tournure
assez inattendue, mon destin me guida vers l’Algérie.
Jeudi 15 septembre, je pose le pied sur le territoire
algérien. Il faut savoir que le peu de choses que je
connaissais de l’Algérie se résumaient au fameux
slogan : « ONE, TWO, THREE VIVA L’ALGERIE!!! »
et à la boisson nationale le « Selecto » (dont je suis
folle sois dit en passant)… Donc j’arrivais sur cette
terre inconnue, avide de curiosité et sans savoir à
quoi m’attendre. Se fut une très belle surprise. J’ai
tout de suite aimé ! Je trouve qu’Alger, ma nouvelle
terre d’accueil, est une ville resplendissante.
J’adore les paysages, les senteurs, la lumière très
particulière qui s’y dégage et bien évidemment
j’adore les Algériens. De plus, je me trouve dans
un pays qui a, lui aussi, un passé chargé d’histoire,
avec ces révoltes, ces conflits et le terrorisme des
années 90... J’ai tout de suite senti que j’allais m’y
plaire et apparemment c’est effectivement le cas!!!
Voilà, cinq mois de ma vie au rythme effréné et
à la saveur de Printemps Arabe. Cinq mois que j’ai du
vivre au jour le jour. Et demain qui sais où j’atterrirai...
De la reine de Sabaa à Nefertiti en passant par
sa majesté la reine Didon et enfin, la Kahina… on en
arrive à moi...
Inès Jendoubi 1° L
Article initialement publié dans le Journal du Liad
n°4, octobre 2011
M
ourir cela n’est rien, mais vieillir... dit
le poète.
Etonnante réflexion dans un journal de
lycéens qui songent qu’à croquer la vie.
Pourtant, sans vous en rendre compte,
vous avez commencé a vieillir .
Mais mon propos ne concerne pas cette
maturité de l’âme et du corps qui peu à
peu vous gagne et qui vous conduira vers
l’âge adulte. Non je pense plutôt à cette
prise de conscience du vieillissement, qui
voit certaines réactions de votre enveloppe
corporelle vous échapper peu à peu et qui
interroge votre esprit quotidiennement.
Quand prend -on conscience que l’on
vieillit ? Je ne crois pas que ce soit les événements de la vie qui soient déterminants :
ni la naissance d’un enfant, ni la perte d’un
être cher. Sans doute nous confrontent-ils
au temps qui passe et parfois à la solitude.
Mais le moment décisif n’est-il pas celui où
chaque partie de notre être est envahie par
la nostalgie ?
Vous pouvez m’objecter que cette
nostalgie est présente dès la naissance.
L’enfant qui hurle lorsqu’il naît est
nostalgique du ventre de sa mère. Sans
doute, mais je songe plutôt à ce sentiment
doux et amer à la fois qui nous fait regretter
ce qui fût et qui nous fait craindre ce qui
sera. Pour l’éprouver il faut avoir aimé la vie.
Et moi qui écris ces lignes, je l’ai aimée.
Je ne crois pas appartenir à la catégorie
de ces raseurs qui pensent que tout était
mieux «avant»... Pourtant... Quand je songe
à mon enfance, à mon adolescence et à ma
vie d’homme, dont le plus gros est derrière
moi, je sais que j’ai été heureux. Je le suis
encore, mais c’est de plus en plus souvent à
travers les souvenirs d’êtres et de moments
qui composent la musique d’une vie.
J’essaie de me défendre... Je fais tout mon
possible pour m’intéresser aux personnes
et aux choses de l’instant. Mais combien ils
me paraissent loin des bonheurs que m’ont
apporté ceux de cet «avant», que je n’ose
glorifier de peur d’être accusé de ... vieillir.
Mais vous êtes là... Chaque jour de
l’année scolaire, je vous retrouve en face
de moi, dans l’éclat de votre jeunesse.
Elle m’enchante parfois, comme elle
m’exaspère souvent. Non que je l’envie.
J’ai eu la mienne, et comme je l’ai dit plus
haut, elle fut heureuse. La vôtre l’est-elle?
Je l’espère dans cet océan d’incertitudes
qu’est le monde d’aujourd’hui. Les jours
fastes, je me répète que mon âge me permet
de vous parler comme d’autres ne peuvent
pas le faire. Les jours tristes je me dis que
je ratiocine et que je dois vous paraître bien
... vieux.
Vous avez de toute façon raison, car vous
avez ce que je n’ai plus.
Oubliez vite ce texte déjà vieilli !
Un professeur
30
Vie du Lycée
Vie-De-Liadois :
Une journée de fête
L’ouragan Liadois
Aujourd’hui, après une nuit blanche à réviser, j’ai mis mon bol de chocolat
à chauffer dans le placard et j’ai attendu qu’il sonne. VDL
A
C’est avec un immense soleil que la
journée sportive a débutée, à la fin de la
dernière année scolaire, en juin. Les équipes
du lycée et de 3èmes disputaient des matchs
de volley et les collégiens de football ; sous
les cris et les applaudissements de la foule,
accompagnés des sons des vuvuzelas et des
derboukas.
Q
uoi de mieux après un bon match qu’une
bonne bataille d’eau !
Trempés et bronzés, la journée s’est poursuivie
en musique avec un DJ, et les élèves de tout âge
et de tout niveau se sont retrouvés sur le « dance
floor » et l’ont enflammé au rythme des classiques
de notre bled et de notre hymne « I’m sexy
and I know it ». Tout le monde même les plus
timides se sont levés, dès les premiers accords
d’ « Ai Se Eu Te Pego » (Sérieux, qui ne connaît
pas la chorégraphie !!!). On n’a même surpris
des profs et des surveillants bouger sur « Allo,
Tricité ». (Pour les incultes : Chanson kabyle sur
l’électricité.) Merci les profs de sport, le concept
de journée sportive était original mais la fiesta qui
a suivi, c’était encore mieux !
Et c’est dans cette ambiance festive que s’est
déroulée la finale du tournoi de football annonçant
comme gagnante l’équipe des 4ème 2.
Désolé pour les techniciens de surface !
J’imagine leurs têtes face au cimetière de
bouteilles que nous avons laissé derrière nous.
J’en pèle encore…
Et ouais ! Vous pensiez terminer l’année
sur « We are the champions » ? Eh, non le
lendemain il y avait… COURS !!!!! Vous nous
imaginez en train de squatter les quelques coins
d’ombre pour dormir, avec des cernes de 4 mètres
de long, le visage et les épaules complètement
cramés, priant de toutes nos forces qu’un prof
soit absent pour une heure de repos en plus et
pour ne pas utiliser les grands classiques (arriver
en retard, pour rater le cours de maths, ou activer
son simulateur d’appel pour être viré de celui de
français… etc.). Il suffit de sourire et de penser…
mathématiques !
Aaaah …vive la fin de l’année !
Yasmine, une rescapée de la journée sportive
31
Délires... Délires... VDL
ujourd’hui, j’étais crevé après
une journée de cours non-stop,
alors j’ai décidé de prendre une
douche. J’ai enlevé mes chaussettes
et, tout naturellement, j’ai ouvert la
cuvette des toilettes, les ai balancées
dedans et j’ai tiré la chasse. J’ai
remarqué en sortant de ma salle de
bain l’ampleur de ma bêtise. VDL
Aujourd’hui, je suis en sortie avec
mes élèves de 3e. Ils ont tous eu la
bonne idée de m’appeler «papa»
durant toute la sortie et devant les
passants choqués. VDL
portail, j’en ai une peur phobique, je
n’ai pas pu sortir.» VDL
Aujourd’hui, au lycée, j’ai répondu
«oui» au conseiller principal
d’éducation. Il a dit : «Oui qui ?» J’ai
répondu «Pédia». Mauvais réflexe.
VDL
Aujourd’hui, je suis nouveau dans
le lycée et tout le monde m’adore
déjà. Pourquoi ? Parce que quand
j’ai voulu entrer dans la salle pour
me présenter, la porte a cédé et s’est
écroulée sur le prof de maths. VDL
Aujourd’hui, ce n’est qu’en arrivant
devant le lycée que je me suis rendu
Aujourd’hui, j’ai fait une crise
compte à quel point les pantoufles
d’asthme au cross de mon lycée. Cela
Simpson s’accordent mal avec mon
aurait pu paraître normal si mon rôle
jean et mon pull. VDL
n’avait pas été de distribuer les verres
Aujourd’hui, je suis si souvent en
d’eau à l’arrivée. VDL
retard au lycée que mon prof de maths
Aujourd’hui, une vidéo de moi
nous a fait calculer la probabilité de
tourne dans tout le lycée. On m’y
ma présence au prochain cours. VDL
voit, lors d’une soirée, jouer à pierreAujourd’hui, j’attends mon père
feuille-ciseaux en face d’un miroir et
devant le lycée. Il m’appelle, énervé
accuser mon reflet de tricherie. VDL
: «T’es où ?» Moi : «Juste devant le
Aujourd’hui, c’est la rentrée et je
lycée.» Il me répond : «Au lycée ? T’es
décide de me faire belle en mettant
plus au collège ?» La rentrée, c’était il
un beau foulard rose. En descendant
y a deux mois. VDL
de la voiture, je le coince dans la
Aujourd’hui, je rentre du lycée.
portière en la refermant et mon père
démarre. J’ai couru cinquante mètres, Sur le palier, j’entends des cris
entraînée par la voiture, devant le étranges venant de chez moi. J’entre
lycée, en hurlant pour que mon père précipitamment. Ma sœur de dix ans
se tient face à la fenêtre ouverte,
s’arrête. VDL
notre jeune chaton dans ses bras
Aujourd’hui, je suis surveillante
tendus, et chante à tue-tête : «C’est
dans un lycée et j’accueille une élève
l’histoiiiiiiiiiiiiire de la viiiie !» VDL
trente minutes après le début des
Aujourd’hui, je me suis fait avoir
cours. En lui demandant la raison de
son retard, je m’attendais à tout sauf par mon prof. Hier, un employé du
à : «Il y avait des pigeons devant mon lycée bricolait au-dessus de la porte
de la salle de classe et, pour rire, j’ai
refusé d’entrer car passer sous une
échelle porte malheur. Aujourd’hui,
mon prof m’a dit : «Ta copie vaut
13, mais je t’ai mis 12 pour ne pas te
porter malheur.» VDL
Aujourd’hui, j’observe Karine qui
refuse de préparer son cartable pour
la rentrée des classes et qui claque les
portes en répétant que non, elle n’ira
plus au lycée, et que les cours sont
nuls. Karine ? Ma mère, 45 ans, prof.
VDL
Aujourd’hui, on m’a acheté un Bled
et un dico de poche pour que je ne
fasse plus de fautes au lycée. On a
écrit mon nom et le nom du lycée
dedans pour que personne ne me les
pique. «On», c’est ma femme et moi.
Je suis un prof d’EPS de trente balais.
VDL
Aujourd’hui, surveillante dans un
lycée et excédée par les mots d’excuse
foireux des élèves qui ont fait le pont,
à une énième élève amenant une
énième «raison familiale», je dis :
«Pas très courageux, les secondes !»
Ce à quoi elle me répond : «Mon père
est mort», avant de s’effondrer en
sanglots. VDL
Aujourd’hui, je suis surveillant au
lycée. Ma CPE a demandé des comptes
à un élève qui devait faire une colle
et qui n’était pas noté sur la fiche de
présence. «Mais j’y étais ! La preuve
!», et il sort son portable avec une
photo de moi endormi sur ma chaise
après trois heures de surveillance.
VDL.
Le lycéen masqué
20 dinars ou le prix du bonheur
On est là, tous ou presque, enfin, pas mal de
monde, autour de LA MACHINE.
On sort une pièce et on s’offre quelques minutes
de répit. On n’oublie pas tout puisqu’on en parle
quand même.
C’est normal, nous sommes tous unis autour des
mêmes choix, des mêmes angoisses, des mêmes
bonheurs, des mêmes doutes. Les questions fusent, les anecdotes aussi.
Parfois, un collègue s’énerve pour des raisons
qui lui sont propres ou pas et on l’écoute ou on
essaie de détendre l’atmosphère. Alors, on lui
propose un café et comme au restaurant chinois,
au lieu de choisir un plat, il donne un numéro :
13 pour « sans sucre – café court », c’est drôle.
On se sent bien.
Quand on met plus que prévu, les pièces tombent en tintant et on se croirait presque au casino, nous sommes riches.
Oui, riches ! Riches de tout cela, de ce partage,
du plaisir d’être ensemble, sur le même bateau
(« Mais que diable allait-il faire dans cette
galère? »).
On serait bien resté au chaud, là, dans cette parenthèse mais la sonnerie retentit et on y retourne, jusqu’à la prochaine pause. On se réconforte
en se disant que de toutes les façons, la frustration crée le désir et on affronte le froid, la pluie
(la neige même, si, si), le bruit, les bousculades.
Bref, la Vie.
C’est bien de prendre un café au distributeur.
Ecrire à la manière de Philippe DELERM, C’est
bien
D. M.
32
Le journal
du liad
Le journal bimestriel du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger
Joyeux
Anniversaire
10 ans ! Les noces
d’étain, les chimistes
reconnaîtront la solidité
du métal, tout un symbole.
10 ans pour installer une formation solide pour nos adolescents, et jeunes adultes
d’aujourd’hui et de demain.
Mon pari en tant que parent
du LIAD ? Encourager la
différence. Mais également
déployer plusieurs cultures pour nos enfants et leur
donner les moyens de la
réussite, pour l’avenir, pour
l’éternité.
Merci, mille fois merci à nos
deux « super rédac-chefs » qui
ont permis que le journal soit.
Cela fait longtemps que
je voulais rendre hommage à la 10aines de parents qui ont financés la
naissance et la publication
de ce petit cœur de l’information de l’établissement,
avec une pensée spéciale
pour Mme Fatima Louar.
Joyeux anniversaire et longue vie.
Solidairement,
Souad FAIDI
ancienne Présidente de l’APE
Qalàm-u-l-kalàm est un journal du
lycée international Alexandre Dumas (Alger)
conçu par les élèves, pour les élèves, avec
l’aide de quelques enseignants. Il est tiré à
300 exemplaires et diffusé gratuitement avant
les vacances scolaires, à raison de 4 ou 5
numéros par an. Une équipe de rédacteurs
fidèles participent régulièrement à Qalàm-u-lkalàm mais toutes les contributions d’élèves ou
d’enseignants sont les bienvenues, sous forme
d’articles, de points de vue, de poèmes ou de
dessins. Pour toute demande d’infos, contacter
le CDI, Me Benyounes ou encore adresser vos
textes à :
[email protected]
Ont collaboré à ce numéro :
Kençy Kheireddine, 6.2, Ania Nouar, 6.2, Fares
Tamridjt, 6.2, Yazida Seghaier, 6.2, Ambre Meguellati,
6.5, Jeanne Bernard, 5.3, Karim Madiou, 5.3, Agnès
Soulu, 5.3, Melissa Chebab, 5.4, Sarah Derouiche,
5.4, Maya Mokrani, 5.2, Nesma Merhom, 1ES, Amine
Hafidi, 1ES, Yasmine Ait Selmi, 1S, Serine Chekroud,
1S1, Lydia Haddag, TES, Fouad Boudjedra, TS1,
Noémie Launay, ex élève de 3è2 (2010-2011), Amina
Bouchafaa, ex élève de TS1 Oib (2011-2012), Aghilès
Ait Larbi, ex élève de TES (2011-2012), Amrane
Medjani, ex élève de TS (2010-2011).
Coordination éditoriale
- Fatema Benyounes
(professeur d’Histoire-Géo),
- Frédéric Bernard (documentaliste)
- Correctrices de choc : Me Maillard, Me
Maniak, Me Robalo et Me Vignon.
Direction de la publication :
M. Demeulemester, proviseur du lycée.
Lycée international Alexandre Dumas
Chemin Areski Mouri / Ben Aknoun
16030 Alger
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Impression : M. Hasnaoui
Tél : 021 74 70 83 - 021 36 73 61
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Mise en page : Samir Hamadache

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