Discours d`ouverture de la journée des maires 2016
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Discours d`ouverture de la journée des maires 2016
ASSOCIATION DES MAIRES DU DEPARTEMENT DU BASRHIN JOURNEE DES MAIRES – SPECIALE 70ème Anniversaire vendredi 9 septembre 2016 Discours d’ouverture Permettez-moi d’ouvrir la séance et de vous remercier tous d’être présents malgré vos agendas déjà chargés dès la rentrée. ⇨Saluer les personnalités présentes (liste récapitulative) Mes chers collègues, Monsieur le Préfet, nous attachons beaucoup d’importance à votre présence, et chaque fois je vois que les Préfets successifs sont présents dès le début de nos assemblées générales, cela marque leur attachement au rôle et à la fonction des maires du Bas-Rhin. Je voudrais souligner la très bonne entente et l’esprit de collaboration entre les services de l’Etat et l’association des maires du Bas-Rhin. J’aurais aimé souhaiter une très cordiale bienvenue au président de l’AMF, François BAROIN. Malheureusement, comme vous pouvez le constater, il n’est pas présent. Non pas parce qu’il ne s’intéresse pas aux maires bas-rhinois, mais par déontologie et respect de l’engagement pris par les membres du bureau exécutif de l’AMF. Je vous donne lecture du communiqué diffusé ce mercredi. Je remercie très sincèrement : - Philippe RICHERT, président du Conseil régional Grand Est, ancien Ministre, pour sa présence à nos côtés - Frédéric BIERRY, président du Conseil Départemental du Bas-Rhin, pour sa participation à cette journée, et pour son soutien constant aux travaux de notre association - ainsi que Roland RIES, maire de Strasbourg et 1er vice-président de notre association, pour son accueil dans cette salle et la traditionnelle invitation au déjeuner. - Je remercie également pour leur présence, les présidents des associations départementales de maires dans le Grand Est, ou leurs représentants, ainsi : Yves DETRAIGNE, sénateur-maire de Witry-lès-Reims, président de l’association des maires de la Marne Jean-Marie BELLIARD, vice-président de l’association des maires du Haut-Rhin, qui représente René DANESI, son président. *** Mes chers Collègues, L’année dernière, dans mes propos d’ouverture, j’évoquais l’accueil des réfugiés de Syrie ou d’Irak, un chômage important et une croissance en berne, le projet de réforme de la DGF en 2016 et l’appel à une journée de mobilisation nationale en septembre contre la chute des dotations de l’Etat (- 28 Mds d’€) et les dégâts consécutifs sur l’investissement public (– 10%). *** Cette année, notre Journée des maires est également une Journée-anniversaire puisque l’association des maires existe depuis 70 ans. Forte de ses membres élus et grâce à leur engagement, elle bénéficie d’une légitimité et d’une capacité d’initiative 2 et d’action, elle agit souvent en partenariat ou en concertation avec les acteurs du département. Cette Journée des maires se veut surtout un hommage tant à nos prédécesseurs qu’aux maires et présidents en fonction. Un bref aperçu historique des préoccupations des maires au sein de notre association est toujours instructif. Je vous propose de remonter le temps un instant, chers collègues. Créée le 10 octobre 1946 à Strasbourg, par une assistance fort nombreuse, notre association fixe son siège à la mairie de Strasbourg. Il sera transféré à la Préfecture en 1959. Le président-fondateur est Désiré BRUMBT, maire de Haguenau et ardent défenseur des libertés communales. Il présidera l’association durant les 13 premières années. Au niveau national, pour peser dans les discussions avec les Ministères, c’est l’AMF qui incite à la création d’associations départementales de maires. Il s’agit d’être associé à ses travaux et de faciliter les contacts avec les maires pour relayer les demandes. En 1949, il y a environ 60 associations départementales de maires, et certaines, il faut le reconnaitre, sont plus anciennes que la nôtre. Durant la décennie 1945-1955, vous pouvez imaginer que les maires sont très préoccupés par les dommages de guerre, les problèmes d’assurances, la reconstruction des habitations, des ponts, des routes, le ravitaillement. Les énormes difficultés des concitoyens ont dominé l’esprit de nos prédécesseurs pour trouver des solutions rapides. Plus que jamais, les maires ont besoin du soutien de l’Etat face à ces défis. 3 A ces nécessités qui touchent tout le pays, et compte tenu du destin singulier et tragique de l’Alsace, s’ajoute pour les maires du Bas-Rhin la question de l’usage du dialecte dans les mairies. Evidemment on parle alsacien des deux côtés du guichet, alors que l’Etat souhaite que la langue française soit rétablie! A cette époque, le moins qu’on puisse dire c’est que l’on est loin du slogan actuel «Elsassischìschbombisch » de l’OLCA... Aux difficultés du « retour à la vie normale », s’ajoutent également les difficultés du retour à une autre législation après une annexion : des questions se multiplient sur le droit des étrangers, du mariage, des successions, et le retour de milliers de « Malgré Nous ». Il faut évoquer également durant ces années, le verdict du procès de Bordeaux en 1953 (condamnant des Malgré Nous) qui révolte les maires. Ils manifesteront d’ailleurs devant le monument aux morts à Strasbourg. Durant cette décennie 1945-1955, au sein de l’association, les maires bas-rhinois se penchent aussi sur les questions de l’exploitation de la forêt, dont les revenus sont importants, ainsi que sur le problème lié à la chasse. Souvent, la question du statut des secrétaires de maires et des agents communaux revient à l’ordre du jour des réunions du Bureau et du Conseil d’administration de l’association, tout comme le droit local et la réforme des taxes locales. Face au gouvernement qui a édicté plusieurs ordonnances, ils réclament le retour effectif des libertés communales, des ressources stables, et le respect de leur rôle de maires. Tiens, tiens, déjà à l’époque … Au cours de la décennie suivante 1956-1965 : les revendications des maires portent toujours et encore sur la fiscalité et les finances locales. 4 De même, le statut des maires et des élus locaux est débattu car le mandat est d’une complexité croissante, mais quasi-gratuit ! Les maires demandent une revalorisation de leurs indemnités, de même la question de la retraite des maires et élus locaux n’est pas réglée. Pour nous défendre, régulièrement notre association rappelle l’importance d’être nombreux à nous rendre au Congrès des maires de l’AMF à Paris. Les résolutions prises à ce moment-là en seront d’autant plus fortes dans la discussion avec le pouvoir central. Petite parenthèse : les maires bas-rhinois figurent depuis longtemps parmi les plus importantes délégations aux Congrès annuels de l’AMF. Cette année, nous étions 257 maires et élus inscrits. Je ne serais pas complet si je n’évoquais pas l’action des maires dans la construction européenne : incitation à la multiplication des jumelages, en particulier avec le voisin allemand, début de la construction européenne avec le marché commun. Les maires ont été les acteurs du rapprochement des peuples, des cultures et des échanges. En 1958, un modèle de délibération de jumelage est transmis à tous les maires pour être le point de départ d’une fraternelle collaboration des villes et villages des deux pays dans l’esprit du Conseil des communes d’Europe. En 1960, le 2èmeprésident de l’association des maires est élu : Pierre PFLIMLIN. Lors de l’AG des maires (de 1960), il illustre dans son discours la réalité du mandat de maire qui garde toute sa force d’actualité lorsqu’il dit : C’est « en regardant par les lunettes des maires, que l’on arrive à mieux connaître la réalité locale. Le maire, vivant au milieu de la population, partageant sa vie et ses 5 soucis, connait évidemment de la manière la plus parfaite les problèmes qui se posent. En même temps, il a le sens des responsabilités, il sait bien que tout ce qui est souhaitable n’est pas possible ». L’intercommunalité devient de nouveau un sujet de discussion : Comme le dit en 1967, le président PFLIMLIN « l’association des maires est le lieu de rencontre ou doivent se discuter les problèmes de la coopération entre les communes entre les communes d’une part et les différentes instances administratives ». De même que l’Etat, le Bureau de l’association des maires du département incite à la création de syndicats intercommunaux dans le domaine de l’eau, l’assainissement, la gestion des forêts, etc... Autre sujet d’actualité de la fin des années 60 : celui des rythmes scolaires, décidément déjà les mêmes préoccupations. Au sein de l’association, les maires discutent de la modification de la semaine scolaire avec la suppression des cours du samedi après-midi. Il y a des équipements sportifs à créer et l’organisation de garderies à prévoir. En 1971, après les élections municipales Pierre PFIMLIN est reconduit à la tête de l’association. La loi Marcellin du 16 juillet 1971 sur les fusions et les regroupements de communes fait réagir. Avec cette loi, les préfets disposaient d’un délai de six mois, pour élaborer un « plan de fusion des communes et d’autres formes de coopération intercommunale », après l’examen de la situation de chaque commune. L’association des maires a été sollicitée pour désigner des délégués dans une Commission, qui est l’ancêtre de la CDCI actuelle. 6 Cette loi a échoué en raison de sa nature autoritaire ! Au contraire, le processus de création d’une « commune nouvelle » issu de la loi Pelissard de mars 2015 respecte d’avantage l’identité de chaque commune et l’élaboration d’un projet territorial « supra-communal ». Comme vous le savez, quatre communes nouvelles ont été créé dans le Bas-Rhin, et une cinquième sera créée en 2017 (la commune nouvelle de Hochfelden). Outre la fiscalité et les finances communales, d’autres sujets préoccupent les maires : la sécurité (risque incendie et ERP), l’urbanisme naissant dans les villes et villages avec l’élargissement des agglomérations et la construction de lotissements, A partir des années 70, il est recommandé aux maires de souscrire une assurance de responsabilité personnelle (ce sujet est souvent évoqué au sein des amicales cantonales). On remarque que les maires s’intéressent de plus en plus à l’environnement : il y a le problème de la pollution du Rhin, des cours d’eau, de l’élimination des déchets. En 1975, le Bureau de l’association se prononce favorablement au projet de 1er code des communes, car les dispositions spécifiques applicables en Alsace et en Moselle y sont respectées. En 1976, à l’occasion de l’Assemblée Générale de fin d’année, le Président PFLIMLIN accueille Alain POHER, président du Sénat et président de l’Association des Maires de France. A cette occasion, notre association adopte une position défavorable concernant le rapport de la « Commission Guichard » publié en septembre, qui veut réorganiser 7 administrativement la France, créer 5000 grosses intercommunalités et signer la fin des petites communes. En 1982, la loi de décentralisation donne lieu à un large débat en Assemblée Générale de notre association : quels moyens par rapport aux responsabilités confiées ? Le statut des maires et l’évolution des possibilités financières ne sont pas à la hauteur des responsabilités. Après 24 années de présidence M. PFLIMLIN ne se représente plus à la mairie de Strasbourg. A l’issue des élections municipales de 1983, cher Daniel HOEFFEL, tu es élu président de l’association des maires, et tu seras élu par la suite président de l’AMF. Merci d’avoir accepté d’évoquer (en trois points, je crois) les 21 années de la vie des communes qui ont marqué les maires durant ta présidence de l’association des maires. Sans tarder, je te donne la parole. (Intervention de M. HOEFFEL) De fin 2004 à 2014, notre collègue, Joseph OSTERMANN, a présidé l’association des maires. Cher Joseph, Je te donne la parole pour évoquer les moments forts de ta présidence. (Intervention de M. OSTERMANN) 8 Cher Daniel, cher Joseph, merci pour vos toujours retentissantes et belles interventions. Pour vous avoir côtoyé au sein du bureau de notre association, je voudrais juste dire que vos présidences se sont déroulées dans l’unité, la confiance et le souci de dégager des positions consensuelles, malgré un contexte difficile de réformes et de crise financière. Je rappelle enfin le soutien du Département envers l’association, elle y a son siège social depuis 1998 ; département sans lequel le fonctionnement de l’association au quotidien ne pourrait être efficace. Il faut citer également le rôle primordial des amicales locales de maires en termes d’échanges et surtout de convivialité entre les maires. Je remercie les présidents des amicales locales pour le travail effectué. Pour l’avenir : Les intercommunalités ont plusieurs défis à relever : des projets de fusions menés « tambour battant », des transferts de compétences décidées par la loi NOTRe. En matière d’intercommunalités, notre association réclame une « pause » dans les réformes. En matière de sécurité : chaque maire, quelle que soit la taille de la commune, doit prendre conscience que les écoles, les manifestations organisées chez lui, peuvent être une cible pour les terroristes. Je sais que sur ce sujet, les maires peuvent compter sur l’Etat et inversement ! J’ai rencontré M. le Préfet, accompagné d’une délégation du Bureau, pour que les stationnements estivaux des gens du voyage soient organisés au mieux et les moins anarchiques possibles. Une rencontre avec le Procureur Général est également prévue à Colmar. Vous serez informés en retour. 9 Le chantier de la simplification des normes « avance péniblement » et l’action du Sénat, et de l’ensemble des parlementaires, vise à accélérer l’aboutissement des préconisations. L’investissement local continue de souffrir de la baisse des dotations, malgré les annonces du Président de la République lors du congrès à Paris, et le FPIC représente une ponction considérable pour certaines intercommunalités. Le report de la réforme de la DGF n’arrange pas la situation, espérons que le système sera plus juste et qu’il y aura moins de disparité de traitement entre les communes. Enfin pour terminer, je vous informe que la rédaction des statuts de notre association sera modernisée. Ils avaient peu évolué depuis 1946, sauf sur un point important en 2000, en ouvrant notre association aux présidents d’intercommunalités. Ces nouveaux statuts seront présentés au Conseil d’administration et soumis à votre approbation lors de notre Assemblée Générale du 2 décembre. En résumé, - la faiblesse des moyens contraste avec l’affirmation des libertés communales et des responsabilités confiées aux maires, - l’attachement des élus, à ce qui fait la spécificité de l’Alsace est toujours aussi grand, - le maintien de la commune comme « socle » de l’action locale au quotidien, et le développement de l’action intercommunale est notre cheval de bataille, - enfin, je ne cesserai de demander au gouvernement un triple choc, un choc de simplification, un choc de lisibilité et un choc de stabilité. 10 Mes chers collègues, vous avez pu vous en rendre compte à travers ces propos, la majorité des problèmes que nous avons l’occasion d’évoquer existe depuis la création de notre association. Certes, 70 années se sont écoulées, et nous devons être de plus en plus vigilants car le poids des responsabilités ne cesse de croître. Merci pour votre attention. L’avenir des communes, le rôle du maire est au centre de notre réunion (voir point N°2) 11