Les symptômes de reflux gastro-œsophagien re´sistants aux
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Les symptômes de reflux gastro-œsophagien re´sistants aux
M ini-revue Reflux symptoms refractory to proton pump inhibitors Frank Zerbib, Mireille Simon CHU de Bordeaux, ^pital Saint-Andr Ho e, service d’h epato-gastroenterologie et oncologie digestive, 1, rue Jean Burguet, 33075 Bordeaux, France ; Universit e Bordeaux Segalen, Bordeaux, France e-mail : <frank.zerbib@chu-bordeaux. fr> sume Re ^mes de reflux gastro-œsophagien (RGO) sont mal contro ^ l Les sympto es par les IPP chez 30 a 40 % des patients. On parle de reflux r efractaire (pyrosis/ r egurgitations) en cas d’ echec d’un traitement par IPP a double dose pendant 12 semaines. L’absence de reflux sous-jacent, un reflux acide ou non acide persistant et une hypersensibilit e œsophagienne sont les principales causes de r esistance aux IPP. Les troubles fonctionnels digestifs ont aussi un impact n egatif majeur sur l’efficacit e des IPP. Une optimisation du traitement par IPP permet un ^le des sympto ^mes de reflux dans 20-25 % des cas. La strat meilleur contro egie d’investigation est fond ee sur la pr esence d’un RGO document e ou non par une endoscopie et/ou une pH-m etrie sans traitement. La pH-imp edancem etrie sous ^mes persistants traitement est indiqu ee en deuxi eme intention en cas de sympto chez des patients ayant un RGO document e. Les nouvelles classes therapeutiques antireflux ont une efficacit e et un profil de tol erance ne permettant pas actuellement la poursuite de leur d eveloppement. Les indications chirurgicales doivent ^etre soigneusement s electionn ees sur la base de donn ees objectives issues des explorations fonctionnelles œsophagiennes. s : reflux gastro-œsophagien, inhibiteurs de la pompe a protons, pH-metrie n Mots cle œsophagienne, pH-impedancemetrie œsophagienne, hypersensibilite viscerale Abstract Gastro-esophageal reflux (GERD) symptoms are refractory to proton pump inhibitors (PPIs) in 30-40% of patients. Refractory reflux symptoms are defined by symptoms (heartburn and/or regurgitation) not responding to a double dose of a PPI during a treatment period of at least 12 weeks. Absence of underlying GERD, persisting acid or nonacid reflux, and hypersensitive esophagus represent the main factors associated with refractoriness. Functional digestive disorders have a major impact on reflux therapy outcome. Optimization of PPI use may improve reflux symptoms control in 20-25% of patients. The algorithm of investigations is based on the presence or not of documented pathological reflux by endoscopy and/or 24-hour pH-monitoring off PPIs. 24-hour pH-impedance monitoring is a second intention investigation that should be performed in patients with previously documented GERD. The new anti-reflux compounds have yet a limited efficacy and side effects that currently limit their development. Surgery should be proposed in patients carefully selected on the basis of objective data provided by functional investigations. n Key words: gastro-esophageal reflux disease, proton pump inhibitors, esophageal pH monitoring, esophageal pH-impedance monitoring, visceral hypersensitivity HEPATO GASTRO et Oncologie digestive y doi: 10.1684/hpg.2012.0788 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Les symptômes de reflux gastro-œsophagien résistants aux inhibiteurs de la pompe à protons Tir es a part : F. Zerbib ^mes de reflux gastro-œsophagien Pour citer cet article : Zerbib F, Simon M. Les sympto resistants aux inhibiteurs de la pompe a protons. Hepato Gastro 2012 ; 19 : 737-743. doi : 10.1684/hpg.2012.0788 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 737 e syndrome de reflux gastro-œsophagien (RGO) designe l’ensemble des manifestations cliniques et endoscopiques li ees a la remont ee du contenu gastrique ^le majeur de la composante acide dans l’œsophage. Le ro du materiel de reflux a et e d emontr e par de nombreuses etudes utilisant la pH-metrie œsophagienne et par l’efficacite remarquable des traitements antis ecr etoires gastriques, principalement les inhibiteurs de la pompe a protons (IPP), sur la cicatrisation muqueuse et le soulagement symptomatique. Cependant, si les IPP sont devenus incontournables dans la prise en charge du RGO, 30 a ^mes de reflux ont 40 % des patients avec des sympto ^mes une resistance partielle ou totale des sympto a un traitement par IPP [1]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. L ‘‘ ’’ La principale cause de r esistance au traitement des ^mes de reflux est l’absence de RGO. En effet, la sympto majorite de ces patients sont trait es sur la base de ^mes attribu sympto es de mani ere empirique a un RGO. Si la specificite du pyrosis et des r egurgitations est elev ee pour le diagnostic de RGO, elle n’est pas de 100 % ; elle est ^mes atypiques beaucoup plus faible pour les sympto « supra-œsophagiens » comme les manifestations ORL ou respiratoires. L’erreur diagnostique est donc la premi ere cause d’echec du traitement, c’est la raison pour laquelle ^mes de reflux gastro-œsophanous parlons de « sympto gien » et non de RGO r esistant (ce qui suppose que le diagnostic de RGO est av er e). Cette mini-revue se focalisera uniquement sur la r esistance aux IPP des ^mes typiques de RGO. sympto La principale cause de résistance aux IPP est l’absence de RGO ’’ Définition de la résistance aux IPP finition consensuelle de la resistance Il n’existe pas de de aux IPP concernant la dose et la dur ee de traitement. Si l’on se place du point de vue des agences et autorit es sanitaires de la majorite des pays, seules les simples doses d’IPP sont approuvees mais en pratique, la plupart des patients ^mes r consultant pour sympto efractaires sont dej a sous double dose. De plus, la plupart des etudes ont et e r ealis ees chez des patients sous double dose depuis au moins 738 ‘‘ Définition du RGO résistant : symptômes de reflux (pyrosis et/ou régurgitations) ne répondant pas de manière adéquate à une double dose d’IPP pendant une période d’au moins 12 semaines ’’ Physiopathologie Trente à 40 % des patients avec des symptômes de reflux ont une résistance partielle ou totale des symptômes à un traitement par IPP ‘‘ te re cemment propos 8 semaines. Il a donc e e la d efini^mes de reflux (pyrosis et/ou tion suivante : sympto r egurgitations) ne r epondant pas de mani ere ad equate a une double dose d’IPP pendant une p eriode d’au moins 12 semaines [2]. Outre l’absence de reflux, de nombreux facteurs, non exclusifs, interviennent dans la r esistance au traitement ^mes li m edical. La persistance de sympto es a un reflux acide ^ l mal contro e par les IPP est rare, repr esentant environ 10 % des patients test es en pH-imp edancem etrie. En revanche, ^mes persistants peuvent gr^ ace a cet examen, les sympto ^ etre associ es a un reflux non ou peu acide dans environ un tiers des cas. Il faut souligner qu’un pyrosis peut ^ etre associ e a un reflux peu acide [3]. Un reflux biliaire est diff erent d’un reflux non acide. C’est un reflux duod enogastro-œsophagien, le plus souvent acide, d etect e par ^le est av bilim etrie, dont le ro er e dans la physiopathologie ^le modeste de l’œsophage de Barrett, mais qui joue un ro ^mes persistants [2]. dans la gen ese de sympto ‘‘ Grâce à la pH-impédancemétrie, ^ tre les symptômes persistants peuvent e associés à un reflux non ou peu acide dans environ un tiers des cas ’’ ^le majeur L’hypersensibilit e œsophagienne joue un ro dans le reflux r efractaire. Elle a et e clairement d emontr ee chez les patients sans œsophagite, tr es fr equemment r efractaires aux IPP, qu’il y ait une exposition acide totale elev ee (non erosive reflux disease ou NERD) ou normale. En cas d’exposition acide œsophagienne normale, on distingue les patients avec œsophage acido-sensible (concor^mes reflux) et ceux qui ont un pyrosis dance positive sympto ^mes-reflux) fonctionnel (absence de corr elation sympto (figure 1) [4]. L’origine de cette hypersensibilit e œsophagienne n’est pas clairement elucid ee mais fait probablement intervenir des anomalies de l’int egrit e muqueuse (DIS ou dilatation des espaces intercellulaires au niveau de l’ epith elium œsophagien) favorisant la sensibilisation des terminaisons nerveuses p eriph eriques, voire une HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 Reflux réfractaire aux IPP Pyrosis Absence d’œsophagite pHmétrie œsophagienne sans traitement Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Exposition acide œsophagienne élevée Exposition acide œsophagienne normale Non erosive reflux disease (NERD) Association symptômes-reflux positive Association symptômes-reflux négative Œsophage acido-sensible Bonne réponse aux IPP Échec des IPP Pyrosis fonctionnel Figure 1. D efinitions des differentes formes de reflux en fonction des resultats de la pH-metrie œsophagienne effectuee sans traitement (modifie d’apr es [4]). l’image de ce qui est de crit sensibilisation centrale [5]. A dans d’autres maladies faisant intervenir une hypersensibilite viscerale comme le syndrome de l’intestin irritable, les facteurs psychologiques tels que le stress ou l’anxiete semblent egalement impliqu es. ‘‘ L’hypersensibilité œsophagienne joue un rôle majeur dans le reflux réfractaire ’’ manifestations typiques de reflux ont compl etement disparu. La pr esence de r egurgitations doit ^ etre evalu ee, ^me ce sympto etant moins bien soulag e que le pyrosis. Enfin, il est important de prendre en compte la coexistence de troubles fonctionnels digestifs, tr es fr equemment ^mes de reflux, et repr associ es aux sympto esentant un facteur majeur d’ echec du traitement par IPP [6]. Le lien entre troubles fonctionnels digestifs et le caract ere ^mes de reflux est probablement r efractaire des sympto une hypersensibilit e visc erale sous-jacente. ‘‘ ’’ Les troubles fonctionnels digestifs ont un impact négatif majeur sur l’efficacité Évaluation clinique Elle est essentielle, permettant de pr eciser la nature exacte ^mes dont se plaint le patient. Il est tr des sympto es frequent de rencontrer des patients pour « pyrosis » r efractaire qui ^lures n’ont en fait que des bru epigastriques ou cervicales et ^lures. La chez qui manque le caract ere r etrosternal des bru probabilite d’un RGO est dans ces cas beaucoup plus faible. ^mes qui Il faut surtout evaluer la nature des sympto ^mes de persistent, qui sont fr equemment des sympto nature dyspeptique ou de la sph ere ORL, alors que les des IPP Prise en charge initiale : optimiser le traitement antisécrétoire Avant d’envisager des investigations compl ementaires et une eventuelle escalade th erapeutique, il est essentiel HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 739 d’evaluer l’observance et les modalit es de prise du traitement. En effet, respectivement 55 et 30 % des patients respectent la prescription initiale a 1 et 6 mois [7]. Il est egalement important de s’assurer que les traitements sont pris a jeun, 15 a 20 minutes avant un repas, puisqu’il a ete demontre par des etudes pharmacologiques que l’efficacite antisecr etoire des IPP est sup erieure dans ces conditions. ^tre a la demande peut egalement e alginates (Gaviscon1) propos ee. En revanche, l’association des IPP a des prokin etiques n’a jamais fait la preuve de son efficacit e. Si ces adaptations th erapeutiques n’ont pas apport e de b en efice significatif, des investigations compl ementaires peuvent ^ etre propos ees. L’endoscopie digestive haute ‘‘ ’’ Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Il est important de s’assurer que les IPP sont pris à jeun, 15 à 20 minutes avant un repas Plusieurs solutions peuvent ^ etre ensuite propos ees : diviser la simple dose en 2 prises quotidiennes (une demi-dose matin et soir), changer d’IPP, augmenter la dose (dose simple matin et soir). Doubler la dose permet d’obtenir un soulagement symptomatique chez 20 a 25 % de patients supplementaires, mais il faut souligner que cette prescription ne dispose d’aucune AMM. L’association des IPP a des ^mes de reflux re fractaires doit Tout patient avec sympto avoir (ou avoir eu) une endoscopie dont le principal objectif est de documenter un RGO (figure 2). De nos jours, la plupart des endoscopies sont effectu ees chez des patients sous IPP et donc le rendement diagnostique est en g en eral faible. La r ealisation de biopsies a la recherche d’une œsophagite a eosinophiles est recommand ee bien que la rentabilit e de ces biopsies soit faible, n’exc edant pas 5 % [2]. Enfin l’endoscopie peut r ev eler des arguments en faveur d’un trouble moteur de l’œsophage (stase, ressaut cardial) voire d’une œsophagite m edicamenteuse. Échec des IPP double dose 3 mois Échec de l’optimisation du traitement RGO jamais démontré Endoscopie pH-métrie sans traitement impédance ou capsule Bravo® Pyrosis fonctionnel Pas de RGO Œsophage acido-sensible Antidépresseurs (citalopram) Chirurgie Antidépresseurs tricycliques Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine RGO préalablement démontré Œsophagite NERD pH-impédancemétrie sous IPP Analyse concordance symptomatique (SI/PAS) Négative Positive Inhibiteurs de RTSIO (baclofène) Chirurgie Antidépresseurs tricycliques Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine cisionnel – Proposition de prise en charge de sympto ^ mes de reflux resistant aux IPP (d’apres [2]). Abbreviations : NERD : non Figure 2. Arbre de erosive reflux disease ; SI : symptom index ; PAS : probabilite d’association symptomatique ; RTSIO : relaxations transitoires du sphincter inferieur de l’œsophage. 740 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 Reflux réfractaire aux IPP ‘‘ De nos jours, la plupart des endoscopies sont effectuées chez des patients sous IPP et donc le rendement diagnostique est en général faible ’’ Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. La manométrie œsophagienne Son inter^et reside dans le diagnostic d’un eventuel trouble moteur de l’œsophage. En cas d’achalasie, la pr evalence du pyrosis est de 25 %. Un patient avec pyrosis et r egurgitations peut avoir une dysphagie minime voire absente et une authentique achalasie. La manom etrie peut aussi ^etre utile pour positionner les cath eters de pH-m etrie/ impedancemetrie chez les patients sous IPP. Les explorations ambulatoires du reflux gastro-œsophagien : avec ou sans IPP ? (ant ec edent d’œsophagite peptique ou pH-m etrie pathologique). En effet, la pH-imp edancem etrie permet de d etecter tous les types de reflux, acides, peu acides ^mes du ou non acides et de les corr eler aux sympto patient comme en pH-m etrie. Plusieurs etudes ont montr e que la majorit e des patients explor es sous IPP ^mes associ a un reflux (50-60 %) n’ont pas de sympto es gastro-œsophagien, quelle qu’en soit la nature, ce qui explique probablement l’ echec des IPP. Un reflux acide persistant sera incrimin e dans 10 % des cas alors qu’un ^mes reflux peu ou non acide peut ^ etre associ e aux sympto dans 30 a 40 % des cas [3, 10]. ‘‘ ’’ La stratégie d’investigations est fondée sur la présence ou non d’un RGO documenté Prise en charge thérapeutique (figure 2) Il est difficile de trouver un consensus dans la litt erature sur la necessite d’interrompre ou non les IPP pour r ealiser des examens ambulatoires du reflux. Nous avons r ecemment propose une attitude qui d epend de la pr esence d’un reflux pathologique document e ou non (figure 2) [2]. Chez un ^mes persistants dont le reflux n’a patient avec sympto jamais ete document e et chez qui l’endoscopie est – ou a toujours ete – normale, il est propos e de r ealiser une pHm etrie de 24 h sans traitement. Dans cette situation, l’apport diagnostique de l’imp edancem etrie est limit e, et compte tenu de la diffusion encore faible de cette technique, le recours a une pH-m etrie semble largement suffisant. Si l’endoscopie et la pH-m etrie doivent ^ etre effectuees, il est possible de pr evoir la pose d’une capsule ecours de l’endoscopie, cette de pH-metrie Bravo1 au d technique permettant un examen de 48 h et une meilleure rentabilite diagnostique que la pH-m etrie filaire classique [8]. La pH-metrie permet de montrer une exposition acide pathologique (NERD). Si l’exposition acide œsophagienne est normale, l’hypoth ese d’un reflux sera ecart ee en ^mes l’absence d’association temporelle entre les sympto ^me est un pyrosis, et les reflux enregistr es ; si le sympto et qu’il n’est pas corr el e a la survenue d’un reflux, on parle de « pyrosis fonctionnel ». Une association temporelle ^mes/reflux, fond sympto ee sur l’analyse des index de concordance a savoir le « symptom index » (SI) et/ou la « probabilite d’association symptomatique » (PAS), confirme le diagnostic d’œsophage acido-sensible [9]. Compte tenu du tr es faible rendement diagnostique de la pH-metrie sous traitement, la pH-imp edancem etrie de 24 h sous double dose d’IPP trouve son indication en cas de reflux pathologique pr ealablement d emontr e Traitement médical Les traitements « antireflux » La plupart des reflux sont li es a des relaxations transitoires ^t qu’ du sphincter inf erieur de l’œsophage (RTSIO) pluto a une hypotonie permanente du SIO. Ces RTSIO sont associ ees a un r eflexe vago-vagal dans lequel interviennent des neurom ediateurs comme le GABA et le glutamate. Des agonistes/antagonistes des r ecepteurs de ces neurom ediateurs ont et e d evelopp es au cours des derni eres ann ees. Les agonistes des récepteurs GABAB En association aux IPP, le baclof ene (Lioresal1) permet une r eduction du nombre de reflux faiblement acides et biliaires et une am elioration symptomatique [11, 12]. Cependant, les effets secondaires, en particulier les effets neurologiques centraux, constituent une limite majeure de ce traitement. D’autres agonistes GABAB avec un meilleur profil de tol erance ont fait la preuve d’une certaine efficacit e clinique mais probablement jug ee insuffisante puisque leur d eveloppement a et e interrompu (Arbaclofen, Lesogaberan) [13, 14]. Les antagonistes des récepteurs mGluR5 Les antagonistes des r ecepteurs mGluR5, comme le compos e ADX10059, ont montr e leur capacit e a diminuer ^ler les sympto ^mes, mais le nombre de reflux et a contro pour le moment aucune mol ecule d evelopp ee ne pr esente un profil de tol erance acceptable [15]. HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 741 contrôlé par le traitement médical chez des patients « dépendants » des IPP. En cas de résistance aux IPP, l’indication chirurgicale est plus difficile à porter car les résultats fonctionnels sont nettement inférieurs Au total, pour l’instant, aucun traitement « antireflux » n’est disponible a l’exception du baclof ene dont la tolerance est mediocre. Les r esultats des essais cliniques ont ete alteres par l’inclusion des patients sur la base de ^mes resistants aux IPP dont on a rappel sympto e qu’ils etaient sans rapport avec un reflux dans plus de la moiti e des cas. Il serait souhaitable qu’ a l’avenir ces mol ecules soient reservees aux patients chez qui un reflux persistant a pu ^etre document e. Il est peu probable qu’elles soient prescrites en monoth erapie, elles devront probablement ^ etre associees aux IPP. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Les modulateurs de la viscéro-perception Conclusion ^le majeur de l’hypersensibilit Compte tenu du ro e visc erale dans la physiopathologie du reflux r esistant aux IPP, il est logique d’utiliser des modulateurs de la douleur. Bien que peu evalues dans le RGO r efractaire, il est probable que les antidepresseurs tricycliques et les inhibiteurs s electifs de la recapture de la serotonine (ISRS) ( a des doses inf erieures a celles modifiant l’humeur) aient une place dans la strat egie therapeutique compte tenu de leurs effets analg esiques ^ l centraux ou periph eriques. Une etude contro ee recente a montre l’efficacit e du citalopram dans l’œsophage acidosensible [16]. Les antid epresseurs peuvent ^ etre aussi proposes en cas de pyrosis fonctionnel bien qu’aucune ^lee ne valide cette pratique [17]. etude contro Le traitement chirurgical e largement r Contrairement a une ide epandue, la fundoplicature cœlioscopique n’est pas r eserv ee aux echecs du traitement m edical. En effet, cette technique donne ses meilleurs r esultats en cas de reflux bien ^le par le traitement m contro edical chez des patients « dependants » des IPP [18]. En cas de r esistance aux IPP, l’indication chirurgicale est plus difficile a porter car les resultats fonctionnels sont nettement inf erieurs. Neanmoins, des etudes r ecentes montrent qu’en cas de RGO refractaire aux IPP, la chirurgie peut donner des bons resultats en cas de pH-m etrie positive (exposition acide ^mes reflux positive) elevee et/ou association sympto [19, 20]. La chirurgie peut egalement ^ etre propos ee en cas de reflux document e lors de la persistance d’un syndrome postural avec r egurgitations, sous r eserve qu’une manometrie œsophagienne ait elimin e un trouble moteur œsophagien s ev ere. Pour l’instant, il n’y a pas de donnees convaincantes permettant d’affirmer que l’indication operatoire pourrait reposer sur les donn ees de la pHimpedancemetrie œsophagienne sous traitement. Les etudes d’impact sont en cours. ‘‘ 742 La fundoplicature cœlioscopique donne ses meilleurs résultats en cas de reflux bien ‘‘ ’’ ’’ ^ tre Les candidats à la chirurgie doivent e soigneusement sélectionnés ^mes de reflux aux IPP est un La r esistance des sympto probl eme fr equent qui justifie une evaluation clinique rigoureuse et des explorations compl ementaires coh erentes. Apr es optimisation du traitement m edical, la pr esence d’un RGO persistant n ecessite d’^ etre document ee car ^mes la majorit e de ces patients n’ont pas de sympto directement en rapport avec un RGO. L’hypersensibilit e ^le essentiel en cas de RGO œsophagienne joue un ro r esistant, et peut justifier l’utilisation d’antid epresseurs a faible dose compte tenu de leurs propri et es analg esiques. Les candidats a la chirurgie doivent ^ etre prudemment selectionnes, sous peine d’un r esultat fonctionnel m ediocre. Les options th erapeutiques m edicales sont encore limit ees puisque les inhibiteurs de RTSIO sur lesquels beaucoup d’espoirs ont et e fond es ont vu leur d eveloppement interrompu. T ake home messages Le reflux r efractaire (pyrosis/r egurgitations) est d efini par l’echec d’un traitement par IPP a double dose pendant 12 semaines. & & L’absence de reflux gastro-œsophagien est la principale cause d’ echec des IPP. & La strat egie d’investigations est bas ee sur la presence ou non d’un reflux pathologique document e par une endoscopie et/ou une pH-m etrie œsophagienne sans traitement. La pH-imp edancem etrie est un examen de 2e intention r eserv e aux patients chez qui un RGO pathologique a pr ealablement et e d emontr e. & & Les candidats a la chirurgie doivent ^ etre tr es soigneusement s electionn es. HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 9, novembre 2012 Reflux réfractaire aux IPP re ^ts : FZ : participation Conflits d’inte a des essais cliniques en tant qu’investigateur principal pour Shire-Movetis, Addex Pharma, Reckitt Benckiser. Interventions ponctuelles pour Given Imaging, AstraZeneca, Janssen-Cilag. MS : aucun. & Références 12. Koek GH, Sifrim D, Lerut T, et al. Effect of the GABA(B) agonist baclofen in patients with symptoms and duodeno-gastro-oesophageal reflux refractory to proton pump inhibitors. Gut 2003 ; 52 : 1397-402. 13. Boeckxstaens GE, Beaumont H, Mertens V, et al. Effects of lesogaberan on reflux and lower esophageal sphincter function in patients with gastroesophageal reflux disease. Gastroenterology 2010 ; 139 : 409-17. Les r ef erences impportantes apparaissent en gras 1. Organization TG. The 2000 Gallup Study of Consumers’. Use of Stomach Relief Products. Gallup Organization. 2000. 14. Gerson LB, Huff FJ, Hila A, et al. 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