Loisirs et divertissements

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Loisirs et divertissements
LOISIRS ET
DIVERTISSEMENTS
L’AVENIR DU SECTEUR DU TOURISME AU CANADA:
RETOUR DES PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE AVEC
LE RESSERREMENT DES MARCHÉS DU TRAVAIL
Le secteur du tourisme au Canada risque d’être aux prises avec une grave pénurie de main-d’œuvre au
cours des 15 à 20 prochaines années. Tout comme dans d’autres secteurs de l’économie canadienne,
le tourisme a souffert des répercussions d’un resserrement du marché du travail au cours des années
précédant la récession économique de 2008-2009. En 2007, on estimait que les pénuries de main-d’œuvre
dans le secteur du tourisme représentaient 23 700 emplois à l’année. La récession qui a soulagé la pénurie
de main-d’œuvre au Canada pendant un certain temps n’a offert qu’un répit temporaire. La plus récente
mise à jour de cette étude révèle que les pénuries de main-d’œuvre commencent déjà à refaire surface
dans certaines provinces et qu’elles se manifesteront à l’échelle nationale d’ici 2013, pour s’intensifier au
fil du temps. Des pénuries de main-d’œuvre importantes sont anticipées dans le sous-secteur des loisirs
et divertissements où on s’attend à ce qu’elles atteignent plus de 45 700 emplois à l’année d’ici 2030.1
À mesure que croîtra la demande de main-d’œuvre, le bassin de travailleurs disponibles aura de plus en plus de difficulté à suivre la cadence. Les taux de natalité du Canada sont inférieurs aux taux de renouvellement des générations et sa population vieillit, donnant lieu
à une décélération importante de la croissance de la population active à long terme. D’ici 2030, pratiquement un Canadien sur quatre
sera âgé de 65 ans ou plus, comparativement à 14 pour cent en 2010. De plus, les projections de croissance démographique moyenne de
Statistique Canada démontrent qu’une baisse de plus de 315 000 personnes âgées de 15 à 24 ans est à prévoir entre 2010 et 2021. Cette
tendance posera un défi important pour les entreprises œuvrant dans le secteur des loisirs et divertissements. En 2006, presque 30 pour
cent des employés de ce secteur étaient âgés de 15 à 24 ans. Étant donné ce scénario, les entreprises doivent soit prévoir de remplacer
leurs jeunes travailleurs par un autre groupe démographique ou lutter plus efficacement contre la concurrence pour attirer leur part de ce
plus petit nombre de travailleurs.
Le ralentissement économique a diminué la demande de mainPÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE À LONG TERME
OURT TERME (2011-2015)
d’œuvre au Canada, provoquant un surplus de main-d’œuvre. Les
45 743
estimations suggèrent qu’en 2011, il y aurait eu un surplus de main2030
4 433 à juste un peu moins de 5 900 emplois à l’année
d’œuvre équivalant
35 451
2025
dans2le350
sous-secteur des loisirs et divertissements. On anticipe
toutefois un retour des pénuries de main-d’œuvre en 2014. On
20 027
2020
683prévoit également que ces pénuries s’intensifieront à mesure quePÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE À COURT TERME (2011-2015)
4 433
s’amélioreront les conditions du marché au cours des prochaines2015 2015
4 433
années. On estime que les conséquences des pénuries de main-612
2010
2014
d’œuvre, comme les possibilités d’investissement manquées dans
2 350
le secteur et l’incapacité de répondre à la demande potentielle,
%),
atteignant
seulement
299
000
d’ici 2030.
-2 683
risquent de coûter 23 milliards de dollars aux entreprises touris- 2013
à mesure que la demande dépassera l’offre de maintiques canadiennes.
2012 Au fur
-6 et404
d’œuvre disponible, l’écart augmentera, laissant plus de 45
non comblés d’ici 2030. Cette
pénurie
potentielle À LONG
PÉNURIE
DE MAIN-D’ŒUVRE
2011 500 emplois
-5 896
PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE À COURT TERME (2011-2015)
511
représente 13,3 pour cent de la demande totale de main-d’œuvre
2030
au sein de ce sous-secteur.
2015
4 433
726
345 025
N D’ŒUVRE
35
2025
Dans le sous-secteur des loisirs et divertissements,
les plus im2014
208
2 350
portantes pénuries de main-d’œuvre sont anticipées pour les
20 027
2020 de sports, de loisirs
945
animateurs
et responsables de programmes
et
2013
45 743 -2 683
de conditionnement physique. Ce groupe
occupationnel
pourrait
4
433
2015
10 046
2012
-6 404
345 025
299 282
-612
DEMANDE DE
15MAIN
260 D’ŒUVRE 2010
2011
-5 896
Une hausseOFFRE
de 29 DE
pour
cent de la demande de main-d’œuvre est
MAIN-D’ŒUVRE
anticipée dans le sous-secteur des loisirs et divertissements entre
2010 et 2030.
D’ici 2030,
2020
2025
2030la demande en main-d’œuvre pourrait soutenir plus de 345 000 emplois à l’année dans le sous-secteur des
loisirs et divertissements, si suffisamment de travailleurs sont disponibles. Toutefois, la demande dépassera de beaucoup l’offre de
025
main-d’œuvre.
En effet, DE
au niveau
de l’offre de main-d’œuvre, 345
on ne
DEMANDE
MAIN D’ŒUVRE
prévoit qu’une hausse de juste un peu plus de 31 000 emplois (11,7
1 991
45 743
2 054
6 268
7 547
299 282
511
OFFRE DE MAIN-D’ŒUVRE
726
2010
2015
2020 208
2025
2030
1
945un emploi peut représenter 10
Aux fins de cette étude, un emploi est défini comme un travail 45
pour
une période d’un an, quel que soit le nombre d’heures. Ainsi,
743
ou 40 heures de travail par semaine pourvu qu’il. Par contre, si le travail ne dure que trois mois par année, il ne compte que pour le quat d’un emploi.
299 282
OFFRE DE MAIN-D’ŒUVRE
10 046
15 260
1 991
subir des pénuries équivalentes à plus de 5 600 emplois à l’année.
Les manœuvres en aménagement paysager et en entretien des
terrains, les préposés dans les amusements, les sports et les loisirs,
le personnel préposé au jeu dans les casinos et les vendeurs au
détail complètent la liste des cinq postes où les plus fortes pénuries
absolues sont prévues dans ce sous-secteur.
Fonction de travail
Pénurie
Animateurs et responsables de programmes de sports
et de loisirs
5 668
Manœuvres en aménagement paysager et en entretrien
des terrains
3 940
Opérateurs et préposés aux sports, aux loisirs et dans
les parcs d’attractions
2 460
Personnel préposé au jeu dans les casinos
2 329
Vendeurs et commis — commerce de détail
1 872
PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE À COURT TERME (2011-2015)
Lorsque les pénuries de main-d’œuvre sont présentées en tant que
de la demande de main-d’œuvre,
un tableau différent
2015proportion
4 433
émerge2. Le personnel en aménagement paysager et le personnel
2014technique des musées et des galeries
2 350
d’art, un groupe occupationnel qui comprend les interprètes du patrimoine, seront confrontés à
2013des pénuries très aiguës,
-2 683
avec 21,1 pour cent et 14,2 pour cent des
emplois
demeurant
non
comblés, respectivement.
2012
-6 404
2011Fonction
-5 896
de travail
Pénurie
Manœuvres en aménagement paysager et en entretrien
des terrains
21,1 %
Personnel technique des musées et des galeries d’art
14,2 %
Animateurs et responsables de programmes de sports et
de loisirs
13,8 %
Directeurs de programmes et de services de sports et de
loisirsDEMANDE DE MAIN D’ŒUVRE
12,9
%
345 025
Opérateurs et préposés aux sports, aux loisirs et dans les 12,1 %
parcs d’attractions
45 743
299
282
La théorie économique suggère qu’un resserrement des
conditions
du marché du travail mène inévitablement à des hausses salariales.
Cependant, utiliser la hausse des salaires comme unique stratégie
OFFRE DE MAIN-D’ŒUVRE
pour attirer la main-d’œuvre comporte d’importants
désavantages.
La hausse des salaires dans le sous-secteur des loisirs et divertissements donnerait
lieu
à une réduction
de2025
12 pour cent
2010
2015
2020
2030de la pénurie
de main-d’œuvre estimée d’ici 2030, avec le restant de la pénurie
éliminé en raison d’une réduction significative de la demande
touristique. Autrement dit, augmenter les salaires ne suffirait pas
à stimuler une hausse significative de l’apport en main-d’œuvre et
étoufferait la croissance de l’industrie du tourisme.
RISQUES LIÉS AUX PRÉVISIONS
Toute prévision comporte nécessairement un degré d’incertitude,
et cela est particulièrement vrai en vue des turbulences de la conjoncture économique. En conséquence, les prévisions relatives au
moment et à l’intensité des pénuries anticipées pourraient varier
considérablement avec des hypothèses différentes. Dans le cadre
de cette mise à jour, les répercussions potentielles de scénarios
de forte demande et de faible demande sur les besoins en maind’œuvre d’ici 2015 ont été examinées.
Le scénario d’une forte demande était fondé sur l’atteinte de
l’objectif de 100 milliards de dollars en recettes liées au tour-
isme d’ici 2015 proposé dans la Stratégie fédérale en matière de
tourisme (SFT) du Canada. Dans cette étude, les estimations du
scénario de référence pour les recettes liées au tourisme en 2015
sont de 96,3 milliards de dollars.3 Pour atteindre les 3,7 milliards de
dollars additionnels prévus en demande de produits et services
touristiques selon la SFT, le nombre d’emplois à l’année requis par
le sous-secteur des loisirs et divertissements devrait augmenter de
2 551 emplois. En l’absence d’une hausse correspondante de l’offre
de main-d’œuvre, cela ferait grimper la pénurie de main-d’œuvre
estimée dans ce sous-secteur à plus de 6 900 emplois d’ici 2015.
D’autre part, une résolution perturbatrice de la crise de la dette
européenne aurait l’effet opposé sur la demande en main-d’œuvre.
Selon ce scénario, le nombre d’emplois requis dans le sous-secteur
des loisirs et divertissements en 2015 chuterait de 283 000 à 276
000 par rapport au scénario de référence. Avec cette baisse de la
demande, le sous-secteur des loisirs et divertissements observerait
un surplus de main-d’œuvre de 2 900 emplois à l’année.
PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE À LONG TERME
LES PÉNURIES PAR PROVINCE
4
2030 que l’Ontario affichera la
Les projections par province indiquent
plus forte pénurie de main-d’œuvre. D’ici 2030, l’offre de main35 451
2025
d’œuvre dans le sous-secteur des loisirs et divertissements de
l’Ontario pourrait être inférieure2020
à la demande potentielle
de
20 027
main-d’œuvre par plus de 15 000 emplois à l’année. Des régions
4 433subir des pénuries
2015 devraient
de l’Ouest canadien et de l’Atlantique
aiguës en termes de pourcentage
de la demande
-612 potentielle de
2010
main-d’œuvre globale. Les pénuries de main-d’œuvre pourraient
atteindre 18,0 pour cent en Saskatchewan et jusqu’à 26,2 pour cent
à Terre-Neuve-et-Labrador.
POURCENTAGE DE LA
DEMANDE
PÉNURIE ABSOLUE
26,2 %
T.-N.-L.
511
14,5 %
N.-B.
16,2 %
Î.-P.-É
726
208
945
14,9 %
N.-É
14,5 %
QUÉ
11,4 %
ONT.
14,8 %
MAN.
18,0 %
SASK.
2 054
14,8 %
ALB.
12,7 %
C.-B.
6 268
7 547
10 046
15 260
1 991
L’analyse actuelle suggère que les pénuries de main-d’œuvre
touristique s’intensifieront d’ici le milieu de la décennie en cours
et atteindront 228 000 emplois d’ici 2030. Cela laisserait 10,7 pour
cent de la demande potentielle de main-d’œuvre non comblée. Ces
pénuries ne sont pas inévitables. Les changements au statu quo
pourraient permettre au secteur du tourisme d’accroître l’offre de
main-d’œuvre à laquelle il aura accès à long terme. Le gouvernement, les associations du secteur et les entreprises touristiques ont
le pouvoir de réduire considérablement les pénuries prévues. En
trouvant des moyens pour attirer et retenir plus de travailleurs, par
exemple en identifiant les bassins de main-d’œuvre sous-exploités,
en améliorant l’image des emplois en tourisme et en offrant plus
d’avantages hors salaire, il sera possible d’atténuer les pénuries
anticipées, permettant ainsi au secteur du tourisme d’atteindre son
plein potentiel économique.
Par exemple, une fonction de travail avec une demande potentielle de main-d’œuvre de 10 000 emplois, mais seulement assez de main-d’œuvre disponible pour
pourvoir 9 000 emplois, aurait une pénurie de 1 000 emplois, ou 10 % de la demande totale. Par contre, une fonction de travail avec une demande potentielle de
main-d’œuvre de 1 000 emplois et une pénurie de 150 emplois aura une plus faible pénurie en termes de chiffres absolus, mais une pénurie plus aiguë en termes
de pourcentage de demande non satisfaite (15 %).
3
Dans cette étude, les recettes sont indiquées en dollars (2010) constants. La Stratégie fédérale en matière de tourisme indique les recettes en dollars courants,
non indexés. Pour qu’une comparaison soit possible, la demande touristique du scénario de référence a été convertie de 85 milliards de dollars constants ($constants) à 96,3 milliards de dollars courants ($courants). La demande non touristique (résidents) n’est pas touchée dans ce scénario.
2
À PROPOS DE LA PRÉSENTE ÉTUDE
L’étude quantifie les répercussions des tendances démographiques et
économiques à long terme sur l’offre et la demande de main-d’œuvre dans le
secteur du tourisme au Canada et brosse également le tableau des pénuries de
main-d’œuvre possibles par sous-secteur, par fonction de travail, par province et
par région infraprovinciale.
Le rapport complet et les sommaires pour le Canada et chacune des provinces sont
disponibles sur le site Web du CCRHT: www.cthrc.ca
Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer ave: [email protected]
Ceci est une publication du Conseil canadien des ressources humaines en tourisme
Les opinions et les interprétations figurant dans la présente publication sont celles
de l’auteur et ne représentent pas nécessairement.
Ce projet est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise du Programme des conseils sectoriels