Catch a fire : la vie de Bob Marley

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Catch a fire : la vie de Bob Marley
Catch a fire : la vie de Bob Marley
GENCOD : 9791092267037
PASSAGE CHOISI
RIDDIM TRACK5, UNE INTRODUCTION
«Des faits ? Au sujet de la Jamaïque ? Ha, ha ! J'adore quand les gens racontent qu'il
n'existe pas de faits établis en Jamaïque. C'est très poétique et un peu effrayant, mais ils ont
absolument raison, bien sûr. Parce qu'il n'y en a pas, si on y réfléchit bien. Pas le moindre.»
Chris Blackwell, 1982
«Des histoires, des faits, des trucs et des machins : tout ça, c'est des conneries. Écoute-moi
bien ! Il n'y a pas d'autre vérité que LA vérité, celle de Jah Rastafari.»
Bob Marley, 1978
«T'en as, c'est l'information. T'en as, c'est la vérité. Et pis, t'en as d'autres, c'est la magie.
L'information, elle passe autour de toi, et la vérité, elle te rentre dedans. Mais la magie, elle te
transperce.»
Nernelly, «guérisseur» jamaïcain, 1982
Il était presque minuit, et les vivats du public élégant qui assistait au concert se mêlaient aux
cris d'une foule déguenillée qui s'était mise à escalader l'enceinte du stade Rufaro à
Salisbury, la capitale du Zimbabwe. Soudain, le vent a tourné, et des nuées de gaz
lacrymogène utilisé par la police pour contenir la foule aux abords du stade ont alors traversé
le terrain, venant brûler les yeux de l'homme qui se produisait sur la petite scène dressée au
milieu du stade. Un instant désorienté, il s'élança d'un côté puis de l'autre avant de trouver
une brèche entre les fumées toxiques où il s'engouffra en titubant. Des soldats armés de
fusils M-16 le guidèrent hors de la scène jusqu'à une caravane, où il s'épongea les yeux à
l'aide d'un linge humide.
Le concert, qui avait débuté vingt minutes auparavant, faisait partie des cérémonies de la
Fête de l'Indépendance du 18 avril 1980 marquant l'avènement du nouvel État-nation du
Zimbabwe. Ceux qui avaient payé leur billet ainsi que les dignitaires (parmi lesquels le
Premier ministre marxiste Robert Mugabe et le prince Charles d'Angleterre), qui s'étaient
réunis pour fêter la fin de la tyrannie coloniale des blancs, assistaient maintenant à une
nouvelle forme de répression : des milliers de paysans et de soldats de l'armée
révolutionnaire s'étaient rassemblés, en transe, aux abords du stade, espérant assister au
concert du prince incontesté du reggae : Bob Marley, le héros des noirs de tous les pays
combattant pour leur liberté et l'émissaire le plus charismatique du panafricanisme moderne.
En entendant retentir les rythmes du reggae, des hordes d'exaltés essayèrent d'enfoncer les
grilles du stade. La police répliqua par des tirs de grenades lacrymogènes et des coups de
fusils tirés en l'air. Mais la foule ne reculait pas et finit par déferler au-dessus des murs
d'enceinte.
Marley dégagea l'épaisse masse de ses dreadlocks de ses yeux rougis par les gaz,
plongeant le regard dans l'obscurité qui s'étendait au-delà du halo de lumière aveuglant qui
enveloppait la scène. On entendait des cris, des hurlements et le bruit sourd des matraques
de la police qui s'abattaient sur les corps, repoussant du haut des parapets ce qui
ressemblait, de loin, à une marée humaine. Conviée à célébrer sa délivrance du joug de
l'oppression blanche, voilà que la population noire de la ville luttait désormais pour le simple
droit d'écouter du reggae.
- Quelle folie... murmura Marley. Il sentit la poigne ferme d'un soldat agripper son bras
gauche et fut escorté en lieu sûr. Quarante-cinq minutes plus tard, l'ordre était rétabli et
Marley revenait sur scène pour y interpréter l'hymne guerrier qu'il avait écrit un an avant que
la révolution n'éclate dans ce pays.
REVUE DE PRESSE
Le Monde du 20 novembre 2014
Trente-trois ans après sa mort, le 11 mai 1981, Marley reste une icône, symbole de la
contestation contre toutes les oppressions, premier artiste issu du tiers-monde à connaître
un succès planétaire. Catch a Fire : la vie de Bob Marley, la biographie que Timothy White lui
a consacré, demeure l'ouvrage de référence sur sa vie, sur son environnement - la Jamaïque
-, mais aussi un éclairage précieux sur son patois et son rastafarisme, si difficiles à
appréhender par les Occidentaux. Il est publié en novembre pour la première fois en français,
enrichi d'une discographie complète...
Dans Catch a Fire, Timothy White a pris le parti de restituer «l'atmosphère des différents
systèmes de croyance qui ont façonné la personnalité de Bob Marley, de considérer que tout
ce qui a pu être déclaré à son sujet par ses proches est vrai, comme s'il s'était contenté
d'enregistrer leurs propos», écrit-il dans sa préface. Cette oeuvre littéraire, qui laisse le
lecteur se forger sa propre opinion, a été traduite en dix langues depuis sa première
publication, en 1983. Elle a été mise à jour quatre fois par son auteur...
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