Présentation du film

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Présentation du film
PRESENTATION DU FILM KING KONG :
CONTEXTE :
1. Effets de la refondation sur la nouvelle organisation : horaires (retard !),
communication (/exploitant, attention démarrage obligatoire 10 minutes maxi
après l’heure)
2. La circulation des documents
3. La circulation des informations (le site / les productions des classes, les DVD
pédagogiques)
4. Les productions annuelles
5. La formation LE CINEMA A L’ECOLE
AVANT LE FILM :
Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack
États-Unis, 1933, 95 mn, noir et blanc, version originale, sous-titres français.
Production : RKO.
Producteur délégué : David O’Selznick.
Production exécutive : Merian C. Cooper et Ernest B.Schoedsack.
Scénario : James Creelman, Ruth Rose (Mme Schoedsack) d’après une histoire de Merian C.
Cooper et Edgar Wallace.
Effets spéciaux : Willis Harold O’Brien (conception), E. B.Gibson (assistant), Marcel Delgado
(créatures), Mario Larri-naga et Byron L. Crabbe (peintures, décors).
Photo : Eddie Linden.
Effets sonores : Murray Spivack.
Montage : Ted Cheesman.
Musique : Max Steiner.
Interprétation : Fay Wray (Ann Darrow), Robert Armstrong (Carl Denham), Bruce Cabot (Jack
Driscoll), Franck Reicher (Capitaine Anglehorn), Sam Hardy (Weston, l’imprésario), Noble
Johnson (le chef indigène), Steve Clemento (le sorcier) et King Kong, la huitième merveille du
monde.
Distribution : Théâtre du Temple
DES CARTONS ONT ETE REALISES POUR PASSER AVANT LE FILM EXPLIQUER
L’ENJEU
(document)
Tous les élèves découvriront à leur arrivée, pour chacune des séances, deux cartons qui se
succèderont :
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Le carton de présentation des affiches du dispositif pour l’année en cours (carton en haut de
la page précédente)
Le carton de présentation du film qu’ils vont voir immédiatement après.
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Il serait souhaitable qu’un adulte (l’exploitant ou un enseignant) prenne la parole pour accueillir les
élèves, leur demande de regarder les cartons et de mémoriser la question qui leur est posée. Quel
est l’objet de cette nouvelle proposition ?
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Accueillir les élèves et rappeler le contexte : le dispositif Ecole au cinéma permet aux élèves
des classes participantes de regarder trois films reconnus comme des œuvres
cinématographiques de qualité, souvent connues dans le monde entier.
Montrer les films qui les concernent (trois sur les quatre, selon le cycle) à partir du premier
carton
Rendre actif les élèves face au film qu’ils vont voir à partir d’une question lue oralement,
qu’ils devront mémoriser pour se la poser au cours du film et pouvoir y répondre ensuite, de
retour en classe.
APRES LE FILM
Les mots clés : (à faire trouver)
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peur
trucage
bruitages
mur
désir
Belle/Bête
Monstre / fantastique
animal fabuleux
sauvage/apprivoisé
forains
New-York
indigènes
civilisé / barbare
grand / petit
cinéma / argent / célébrité ///// vie humaine
exotisme
science et cinéma
L’histoire de la création du film :
Dans les années 20, de nombreuses expéditions plus aventurières que scientifiques font
état de créatures mystérieuses et terrifiantes découvertes dans les îles de Sumatra. Il n'en
faut pas plus pour exacerber l'imagination des scénaristes hollywoodiens. Cooper se pencha
sur l'idée de ce qui pourrait arriver à un animal préhistorique immergé dans une ville
contemporaine. Idée déjà utilisée dans la transposition cinématographique du roman de
Conan Doyle "Le Monde Perdu", réalisé en 1925 par Harry D.Hoyt, avec des trucages de
Willis O'Brien.
Ernest Beaumont Schoedsack et Merian Coldwell Cooper, les réalisateurs, étaient deux
aventuriers notoires, pilotes d'avion (qui apparaissent dans le film l’un en tant que pilote
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l’autre en tant que mitrailleur de King Kong dans la dernière scène). La Dépression sévissait
et les financiers des studios opéraient des restrictions draconiennes sur chaque tournage.
Lorsqu'un film était terminé, cela relevait du miracle!
Merian C.Cooper conclut que s'il fallait réaliser un film comme King-Kong, un budget
conséquent était nécessaire. Pour convaincre immédiatement les investisseurs, Cooper
réalisa un film de dix minutes présentant King-Kong dans plusieurs scènes chocs qui
seraient incluses, par la suite, au long métrage, demande à deux artistes, Larrinaga et
Crabbe, de réaliser une série de grands croquis. Le premier représente King Kong sur le
sommet de l'Empire State Building mitraillé par des avions et tenant une femme dans sa
main. Le deuxième illustre la scène pendant laquelle Kong secoue l'arbre sur lequel sont
accrochés les marins. Il y en eu douze (montrer les quatre croquis que nous avons),
pendant le tournage, tous furent " reproduits méticuleusement en séquences réelles " (MidiMinuit Fantastique, N°6, Juin 1963).
La production 601
La Production 601, tel était le nom de code du tournage de King Kong dans la production de
la RKO. Le film a entièrement été tourné dans le studio RKO-Pathé à Culver City. Il
comprenait onze plateaux. L'un des décors les plus impressionnants était celui de Skull
Island. Il s'agissait en fait d'un décor déjà utilisé dans " Le roi des rois " et représentant la
ville de Jérusalem! Le mur d'enceinte fut recouvert de sculptures indigènes et appareillé
d'une végétation. Au centre, une lourde porte en bois de deux battants fut installés et les
piliers du temple de Jérusalem furent recouverts de mousse et de lierre puis transformés
en ruines...
De même pour le village, qui avait déjà été utilisé pour " L'oiseau de paradis " de King Vidor.
Les seuls éléments de Kong construits à leur taille réelle étaient un bras géant articulé avec
une main, ainsi qu'une jambe et un pied. Pour le buste, il fallut quarante peaux d'ours et
trois hommes pilotaient cet ensemble articulé. O’Brien a l’idée de filmer l’acteur en train de
courir, puis de projeter la scène sur l’arrière d’un écran translucide. Il place la marionnette
de la mère tricératops devant l’écran et la fait animer image par image, tandis que les
images en prises de vues réelles sont projetées elles aussi une par une, sur l’écran. Grâce à
ce subterfuge inédit, la scène est criante de réalisme
Des trucages optiques inédits
Fidèle allié de Willis O’Brien pendant toute la production de Création, puis de King Kong,
Linwood G. Dunn, le responsable des trucages optiques, est lui aussi un innovateur. Il est le
co-inventeur, avec Vernon L. Walker, d’une tireuse optique révolutionnaire achevée en
1932, et qui est abondamment utilisée pour réaliser les effets visuels de King Kong. Dunn est
un expert en la matière depuis plusieurs années. Il a déjà construit la première tireuse
optique de la RKO. Ce type d’appareil est constitué d’un projecteur sophistiqué, lié par une
série d’objectifs à une caméra qui lui fait face. On place dans le projecteur les éléments de
films que l’on veut recopier à tour de rôle sur la pellicule vierge qui se trouve dans la
caméra. Ces manipulations sont effectuées avec une grande précision, car tous les
minuscules morceaux d’images sont recopiés un à un pour obtenir le puzzle visuel qu’est
l’image composite finale. Le produit de ce travail minutieux sera ensuite scruté par des
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millions de spectateurs, sur les écrans géants du monde entier ! En plus des effets
traditionnels de caches et de contre-caches, la réalisation de Kong implique aussi
d’incruster des acteurs réels au premier plan, devant les scènes tournées image par images
avec les marionnettes. Pour ce faire, Linwood G. Dunn fait appel à deux techniques
d'incrustations différentes développées au cours des années précédentes. La première
d'entre elles a été mise au point par C. Doge Dunning, alors qu'il n'avait que 17 ans. A partir
du négatif du fond d'image (un décor, par exemple), on crée un positif de la même image,
teinté en orange. Dans un magasin de caméra spécialement conçu pour cela, on dispose le
tirage coloré devant une bande de pellicule vierge, en contact avec elle. Si un cyclorama bleu
fortement éclairé (le bleu étant la couleur complémentaire de l’orange) est photographié sur
la pellicule vierge au travers du positif orange, on obtient à partir du film positif orange, un
duplicata négatif noir et blanc de la scène, le positif orange ayant été exposé à la lumière du
cyclorama bleu. Selon le même procédé, si l'on place des acteurs entre la caméra et le
cyclorama bleu, et qu'on les éclaire avec des projecteurs munis de gélatines oranges, ces
éléments se trouvent alors intégrés à l'action de l'arrière-plan sur le négatif. L'arrière-plan ne
s'imprime pas sur les images des acteurs, car, éclairés par la lumière orange, ils masquent la
lumière de tirage bleu par leurs silhouettes. Ils deviennent ainsi leurs propres caches. Le film
vierge enregistre alors directement une image composite sur laquelle les acteurs semblent
être intégrés devant l'environnement photographié auparavant. Cette méthode, bien
qu'extrêmement astucieuse, a ses limites : le contour des personnages se brouille
quelquefois, et le système ne peut fonctionner qu'en noir et blanc. Le second procédé, plus
fiable, est issu de l'invention de Frank D. Williams, brevetée en 1916 sous le nom de «
travelling matte » (littéralement : cache en mouvement). Si l'on veut incruster un marin dans
un décor de jungle miniature de Skull Island, on le filme d’abord devant un fond bleu, puis on
fait une copie de cette image sur une pellicule haut contraste. Cette pellicule ne restitue que
du noir et du blanc, sans nuance intermédiaire. Filtrée pour ne réagir qu’au bleu, elle permet
d’obtenir l’image d’une silhouette blanche (l’acteur) sur un fond noir. Cet élément va servir
de cache au décor. Le négatif de cette image, une silhouette noire sur un fond blanc, va
servir de cache à la silhouette. Grâce à sa tireuse optique, Linwood G. Dunn imprime
d’abord l’image du fond (le paysage de jungle) en créant une réserve grâce à la silhouette
A la sortie du film, les plus folles rumeurs coururent : King-Kong n'était qu'un humain sous
une peau de singe, ou King-Kong est un singe réel de 3 mètres de haut! D'autres critiques se
lancèrent dans des hypothèses sur les effets spéciaux : on parla de découpage de la pellicule.
(Montrer les images des techniques de trucage.)
Lors de la sortie du film, les producteurs et les distributeurs trouvant l'arrivée de Kong
longue à venir amputèrent le film de la première bobine.
Le film sortit simultanément et en exclusivité dans deux des plus grands cinémas du monde
(en 1933), le Radio City Music Hall et le New Roxy, à raison de 10 000 places par séances et
10 séances par jour! Les recettes s'élevèrent à 89 931 000 dollars pour seulement les 2, 3, 4
et 5 Mars 1933...
Le cri de Kong
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Le cri de King-Kong est l'œuvre de Murray Spivack, le directeur du son de la RKO âgé de 31
ans. Il n'existait pas de son authentique dans la sonothèque de la RKO pour représenter la
force d'un singe géant. Il fut donc décider d'en composer un à partir du rugissement d'un
tigre passé à l'envers, au ralenti et réenregistré. Mais le son était trop court, il fallait trouver
un cri pouvant durer plus de trente secondes. On ajouta alors le feulement d'un tigre, et un
morceau d'aboiement de chien, suivant la même technique.
L’APPARTENANCE A UN GENRE ?
Du fantastique (film de référence) au film de monstre (et ses nanars…)
1 Le point de vue narratif : La structure très linéaire
Une histoire tirée d’un roman divisée en trois parties distinctes :
Partie 1 : Manhattan et la justification du voyage vers Skull Island
Partie 2 : la rencontre avec les indigènes et la capture de King Kong
Partie 3 : le retour à New York et la mort de l’animal
A noter que présentée comme cela, on a la sensation que le ressenti est très décalé du
narratif tant l’angoisse est forte, pour qui accepte le genre et ses invraisemblances : la
séquence dans la jungle correspond à un premier climax et cette séquence, divisée en
plusieurs parties bien menées, est longue, mais surtout avant cette séquence, la préparation
du spectateur à l’arrivée du monstre dure 40 minutes ! Le spectateur est amené à fantasmer
ce monstre et les plans très près, ou dans l’ombre, ou en partie cachés, nous font imaginer le
pire ! Si bien qu’ensuite, King Kong capturé, le suspense et la peur ne retombent pas
vraiment, chacun pressent que la force de King Kong dépasse ce que les hommes en
imaginent : le monstre est par définition hors norme.
2 Espace-temps pour la définition d’un genre
 Noter l’idée de danger qui entoure l’expédition. À la fois voyage dans l’espace et
dans le temps, la traversée conduit les personnages du monde moderne et civilisé à
un lieu archaïque et hostile (situé à l’ouest de Sumatra). Décrire sa géographie avec
précision.
 Établir la symbolique de l’espace insulaire
L'île représente depuis la nuit des temps, un microcosme isolé, monde clos qui est tantôt
attractif et volontaire, (îles de lumière, bienheureuses), tantôt répulsif et contraint. (îles de
brume, funestes). Fantasme hédoniste de l'oisiveté lié à la civilisation occidentale des loisirs,
ce lieu a toujours constitué dans la littérature, une chimère du rêve, des idéaux, des voyages
ou de l'évasion dans laquelle se projette l'Occident, des mythologies fondatrices du monde
grec aux espaces expérimentaux des XIX° et XX° siècles (l'île-laboratoire et l'île-prison) en
passant par les utopies insulaires du XVI° et du XVIII° siècles. Depuis le mythe de l'Atlantide
et les îles Fortunées dans la mythologie gréco-latine, l'île symbolise un paradis enchanteur
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dans lequel l'homme trouve la félicité. (Îles d'amour, Cythère, Lesbos) Homère développe
dans l'Odyssée, les mythes fondateurs du récit fantastique au long des escales insulaires et
des épreuves subies par son héros : vaisseaux-fantômes, monstres, fruits enchantés,
breuvages magiques et métamorphoses Ithaque constitue l'île du foyer, le but espéré du
retour sans cesse reculé auprès des siens, le point ultime de nostalgie pour Ulysse, après
avoir reçu l'hospitalité de la pure Nausicaa sur l'île de Phéacie (Corfou).
En 1719, Daniel Defoe initie l'archétype de l'île sauvage et bienfaitrice avec son récit de
Robinson Crusoé, naufragé solitaire, apprenant à survivre dans une nature généreuse. Le
roman diffuse le topos du monde insulaire, bucolique et accueillant grâce au bon sauvage.
En 1967, Michel Tournier ré enchantera le mythe en inversant la relation d'apprentissage
entre Robinson et Vendredi dans Vendredi ou les limbes du Pacifique.
Souligner que l’endroit peuplé d’animaux préhistoriques (stégosaures, brontosaures,
tyrannosaures, ptérodactyles et élasmosaures) correspond à la définition spatiotemporelle
d’un milieu clos sur lui-même.
Démontrer que l’île est l’espace d’un âge primitif avec ses lois, ses figures et ses motifs
particuliers qui sont aussi ceux du cinéma fantastique et dont le moteur dramatique est le
mystère. Un monde où les hommes regroupés en société tribale vivent dans la terreur d’un
animal monstrueux. Comme un dieu tout-puissant, Kong, séparé des hommes par une haute
muraille, règne en maître absolu sur le reste de la jungle et reçoit en offrande quelques
jeunes victimes expiatoires au terme d’une cérémonie spectaculaire. Dresser le portrait des
indigènes et faire état de leur comportement à l’égard de King Kong et des hommes civilisés.
 Décrire les caractéristiques physiques et psychologiques de King Kong :
Taille gigantesque, force extraordinaire et invincibilité dans les combats (revendiquées par
de vigoureux coups de poings sur le torse), bête cruelle dévoreuse d’hommes,
paradoxalement douce avec sa captive bien-aimée (deux faces opposées de son caractère).
Indiquer que King Kong est un animal symbolique qui incarne les peurs de l’Occident :
forces naturelles et hostiles que l’homme cherche sans cesse à dominer, hantise ancestrale
de la bête originelle (le Léviathan par exemple), barbarie menaçant de destruction l’édifice
de la civilisation moderne dont l’Empire State Building, construit en 1931, représente
l’orgueilleux symbole. Relever l’exploitation du mythe du monstre menaçant la vierge
blanche comme le suggèrent les allusions sexuelles : déshabillage d’Ann, reniflement de ses
odeurs, ascension d’un gratte-ciel à forme phallique comme revendication de sa virilité. De
la mythologie grecque à L’Homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957) en passant par les
géants de Rabelais et Swift, comparer le mythe de King Kong à d’autres mythes de la
monstruosité du gigantisme. Dégager leur symbolique et leur rôle dans l’imaginaire
collectif.
 La barbarie à visage humain
Analyser la symétrie (antagonismes et parallélismes) entre les lois du monde moderne et
urbain et celles de la société archaïque.
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Comparer la violence des combats entre King Kong et les monstres de la Préhistoire à
l’exécution de celui-ci par les moyens techniques modernes (avions, projecteurs et bombes
à gaz pour son enlèvement).
Étudier la fin mystificatrice et hypocrite du film (renvoyant d’ailleurs au proverbe arabe
placé en exergue) selon laquelle la Belle aurait tué la Bête. Dire que le personnage cinéaste
cherche à cacher sa culpabilité et la responsabilité des hommes dits « civilisés ».
Invincible dans son milieu, King Kong est tué par la civilisation. À l’image de la jeune femme
livrée en pâture à King Kong, l’animal est exposé à la curiosité des spectateurs new-yorkais.
Relever la similitude christique des deux victimes attachées les bras en croix à des sortes
de totems et insister sur le glissement de sens des deux scènes. Dès lors que King Kong est
extrait de son territoire pour devenir une attraction lucrative (10 000 dollars le soir de
l’inauguration, déclare Carl Denham), il passe du sacré (valeur éthique, religieuse et
philosophique) au profane (valeur amorale de l’argent).
 Rapporter King Kong à son contexte historique et économique
Inscrire le film dans son contexte économique et social. Signaler qu’il a été fabriqué en
1932, période de dépression aux États-Unis discrètement soulignée au début : file
d’attente pour la soupe populaire (les breadlines) et vol d’un fruit par Ann Darrow qui, sousalimentée, finit par s’évanouir. Rappeler qu’à cette époque, le pays compte 15 millions de
chômeurs (24,9 % en 1932 pour 4,2 % en 1928) et un taux de suicide en hausse de 30 %.
Ajouter qu’en 1932, Roosevelt confie durant son discours d’investiture sa crainte « de la
crainte elle-même, la terreur sans nom, irraisonnée, injustifiée ». « Crainte irraisonnée » que
le monstrueux King Kong fixe un an plus tard, heure à laquelle une autre bête immonde est
en train de voir le jour de l’autre côté de l’Atlantique. Souligner qu’en latin, monstrum,
dérivé de monere, signifie « faire penser », « avertir ».
Film exutoire destiné à apaiser les angoisses et les souffrances d’un peuple, King Kong met
également en scène avec malice sa propre histoire. En effet, comme le metteur en scène du
film (Carl Denham), les réalisateurs de King Kong (Merian Cooper et Ernest Schoedsack) sont
à la fois des hommes de cinéma et des aventuriers, le premier étant même un aviateur
émérite : on les aperçoit tous deux dans un plan du film, Cooper aux commandes d’un des
avions de la séquence finale et Schoedsack au poste de mitrailleur.
Film dans le film, King Kong est un récit d’aventures où le héros, documentariste cupide,
prend d’énormes risques pour gagner de l’argent sur le dos de la bête King Kong. Comme
lui, les deux réalisateurs du film ont pris de gros risques financiers pour permettre à la RKO
mal en point (société de production) d’éviter la banqueroute grâce à leur film (coût
important pour l’époque : 672 000 dollars pour une recette de 1 761 000 dollars). Le film,
présenté en exclusivité dans les deux plus grandes salles de cinéma du monde (le Music-Hall
au Radio City du Rockfeller Center et le Roxy de la RKO, totalisant à elles deux 10 000 places),
a bénéficié d’une publicité au vocabulaire cultivant l’hyperbole (« qualité d’unicité »,
« quantité technique maximale », « trucages exceptionnels »...). Souligner le parallélisme de
l’exploitation commerciale du film et de la bête elle-même (« huitième merveille du
monde »).
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Les notions en jeu (cf. fiche notions)
Comment montrer le monstre ?
Comment faire apparaître un monstre ? La séquence durant laquelle King Kong (dans la
version filmée de 1933) apparaît pour la première fois permet de mettre en lumière les
procédés couramment utilisés par le cinéma, d’une part pour provoquer l’attente et la
frayeur du spectateur, d’autre part pour suggérer la monstruosité de la créature
fantastique.
L’attente et la frayeur
Cette version originale de King Kong, qui date de 1933, laisse déjà voir le grand principe
qui s’applique au film de monstres : ne jamais faire apparaître le monstre de manière
immédiate, mais « maximiser » les effets de cette apparition sur le spectateur en la
préparant soigneusement. Le monstre apparaît ici après une quarantaine de minutes de film,
et au sein d’une séquence qui fait tout pour porter à son comble l’attente du spectateur.
Cette attente résulte d’abord de la construction dramatique et scénographique. Le
sentiment du danger encouru par l’héroïne s’affirme d’abord tout au long de la cérémonie
païenne qui ouvre la séquence et joue sur le fantasme du primitif et de ses rites sacrificiels.
Les mises en réseau :
HDA :
Le monstre au cinéma, en peinture, en sculpture, en littérature
La ville moderne / L’île
La préhistoire : un levier pour l’imaginaire
Grand / Petit en photographie : créer l’illusion de la disproportion
Le brouillard et la brume
Le mouvement autour d’une figure fixe
Faire surgir la peur, le suspens, en quelques images
Activités possibles (extraites du document du Calvados, excellent)
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Le film de 1933 a donné lieu à une suite très médiocre “Le fils de King-Kong” puis à
de nouvelles versions. Dans une optique comparatiste, il serait intéressant de
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montrer aux élèves quelques passages emblématiques (notamment les finals) de
ces différents films.
 En vue de la constitution d’un «musée de classe», on fera rechercher et apporter
par les élèves des documents (livres, affiches, bandes dessinées, peintures,
illustrations, miniatures, figurines, objets dérivés…) se rapportant à ce héros.
 Après le visionnage, on peut effectuer une mise en réseau des différentes
adaptations de King-Kong!(films et albums) :
- Etablir des parallèles entre les «!différents!» King-Kong.
- Mettre en relation les images! du film et les illustrations des albums de Browne et
Piquemal, pour analyser les mécanismes de l’adaptation sur le plan visuel et au niveau du
texte.
 Travail sur différentes affiches d’époque du film. (http://www.affichescinema.com/
) en annexe.
1) On fera rechercher aux élèves à quel type d’affiche appartiennent les affiches proposées.
2) On fera analyser les affiches dans une démarche de comparaison afin de pointer les
intentions des metteurs en scène successifs. (En 1933, les affiches montrent un King- Kong
destructeur, effrayant et emprisonnant Ann dans sa main) ; En 2005, l’affiche donne à voir
un King-Kong dans son milieu naturel et Ann apparaît libre au premier plan)
 Représentations plastiques des différents lieux!:
L’ILE DE SKULL ISLAND
On pourra montrer aux élèves le tableau d’Arnold Böcklin, «!l’île des morts!» et faire
dégager des similitudes avec le plan général montrant l’arrivée sur l’île.
Imaginer l’île de Skull Island et la présenter sous forme de carnet de voyage!:
Carte océanographique pour la situer, en faire une cartographie (dessiner ses éléments
cours d’eau, végétations…village, la barrière, le domaine de Kong et des différentes animaux
peuplant cette île…)
Dessiner les formes de végétation et de vie animale à la manière des botanistes et des
zoologues et autres explorateurs du 18ème siècle.
Dresser un inventaire d’objets trouvés sur l’île appartenant aux indigènes
(outils, objets rituels, colliers, masques…). Certains de ces objets pourront être réalisés en
volume. Références culturelles!: Musée des Arts Premiers, Quai Branly, Paris.
LE MONDE DES INDIGENES: LE VILLAGE (HABITAT),! L’ESPACE DU RITUEL, TRIBUS…
- Réalisation en volume!: Construire l’habitat des habitants de Skull Island
Collecter différents matériaux tels que!: bois, feuillage, bois, paille, textiles…
Des branchages pourront constituer l’armature des constructions et l’habillage pourra être
composé de textiles trempés dans de la barbotine, de la paille, du feuillage…
- Imager la topographie des lieux!: Dessin et/ou maquette
Distinguer le village et le lieu du rituel en n’omettant pas les symboles forts (la porte, la
barrière, le gong, l’autel du sacrifice
LE MONDE DE KONG : LA JUNGLE
- Réalisation en volume!: Vitrine! (cf. «!vitrines!» en annexe)
Mettre en scène!pour raconter un lieu, pour raconter une histoire
Organiser des objets en fonction d’une thématique, en fonction d’une ambiance,
l’atmosphère!: narrative, fantastique…
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Raconter avec des objets!:
Raconter une histoire dont les objets sont les personnages ou les témoins
Evoquer un personnage à travers les objets ou attributs symboliques
Exprimer une idée à partir d’objets emblématiques ou symboliques
Evoquer un lieu, une époque, un événement dont les objets sont les traces.
Pour la mise en place des différents éléments, jouer sur les paramètres suivants!:
Les plans!: différents plans renforcent l’idée de profondeur
Les lignes!: les horizontales et les verticales structurent, les obliques permettent au regard
d’enter dans la boîte
Les formes elles peuvent se répéter se répondre en changeant d’échelle
-Références culturelles!: Joseph Cornell, qui assemble dans des boîtes peintes des objets
composant des images narratives, Christian Boltanski «!vitrine référence!», 1970
- Travail en aplat!: Dessin ou collage
Dessiner une jungle!après avoir analysé les tableaux du Douanier Rousseau (cf annexe)
Représenter une jungle à partir d’images découpées et/ou dessins
LE MONDE DE ANN : LA VILLE, UN MONDE DANS LEQUEL KING-KONG APPARAIT DANS
TOUT SON GIGANTISME.
A partir de l’analyse de quelques séquences, on pourra engager un travail plastique sur la
notion d’échelle et de proportions!:
- Séquence 24!: King-Kong grimpe jusqu’au sommet du building, visage collé contre les
vitres, il observe les intérieurs.
Proposer aux enfants d’imiter un des plans de la séquence 24 (cf annexe) en
détournant des œuvres d’art dans lesquelles figurent des fenêtres. Dans ces fenêtres qu’on
évidera, les enfants «!incrusteront!» (dessin ou collage) le visage de King-Kong.
Références culturelles!: des tableaux avec des fenêtres!
Salvador Dali, Jeune fille debout à la fenêtre, 1925!; Henri Matisse, Le rideau égyptien, grand
intérieur rouge, desserte rouge, 1908, Fenêtre ouverte, Collioure, Intérieur au
phonographe!; Pierre Bonnard, l’atelier au mimosa, Marcel Duchamp, Fresh Widow, 1920,
Matisse, la fenêtre, 1905!; Porte-fenêtre à Collioure, 1914
- Photocopier King-Kong, demander aux élèves de dessiner une scène se déroulant dans la
ville en respectant des proportions pour mettre en évidence
LA DEMESURE DU MONSTRE.
- DETOURNEMENT : Etude de l’affiche publicitaire de « Wolkswagen» (cf annexe) A partir de
photocopies présentant dans des attitudes différentes en choisir une et inventer le contexte
afin de créer une image parodique ou surréaliste (exemple: king- Kong avec un bras levé
(scène sur l’Empire State Builiding), on lui dessine un mouchoir dans la main et on le place
sur un quai de gare…
C LES PERSONNAGES:
Consigne!: A l’oral, lister les personnages et en dresser le portrait psychologique.
Organiser ensuite ces renseignements dans un tableau et proposer une recherche sur les
références auxquelles il est fait allusion dans cette histoire.
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