Développement d`une méthode de dosage de la plombémie par
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Développement d`une méthode de dosage de la plombémie par
abc article original Ann Biol Clin 2003, 61 : 667-72 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Développement d’une méthode de dosage de la plombémie par chronopotentiométrie H. F. G. P. E. Mathieu1, 2 Le Moigne2 Panteix3 Derache2 Jouzier2 1 Laboratoire Bioffice, Bordeaux [email protected] 2 Laboratoire de biochimie fondamentale et clinique, UFR de pharmacie, Université Victor Segalen, 146, rue Léo Saignat 33067 Bordeaux cedex 3 Laboratoire Marcel Mérieux, Lyon Résumé. Une méthode de dosage de la plombémie par chronopotentiométrie avec le Tracelab PSU 22 de Radiometer a été étudiée. Une défécation préalable du sang total par un mélange d’acides chlorhydrique et perchlorique permet, en éliminant l’hémoglobine, d’obtenir le même signal pour la même concentration de plomb dans des échantillons différents. L’utilisation d’une gamme étalon est donc possible avec un gain de temps important. La sensibilité et la précision de la méthode ont été améliorées en optimisant le temps d’équilibration. Le temps d’analyse est de 3 minutes. La limite de détection est de 0,006 µM/L. Le coefficient de variation est de 3,6 % pour une concentration de 1,351 µM/L et 6 % pour 0,203 µM/L. Les résultats de 66 dosages effectués par cette méthode ont été comparés à ceux de l’absorption atomique électrothermique (R = 0,991). Plus souple et plus économique, la chronopotentiométrie paraît bien adaptée aux besoins des laboratoires de biologie clinique. Mots clés : plomb, sang, chronopotentiométrie Summary. A potentiometric stripping analysis method for blood lead determination, using Radiometer Tracelab PSU 22, has been investigated. Hemoglobin precipitation by chlorhydric and perchloric acids mixture allows to obtain the same signal for the same lead concentrations in aqueous standards and various blood samples. Thus it is possible to use a time saving calibration procedure. Equilibration time increase improved method sensitivity and precision. The analysis time was 3 minutes per sample. The detection limit was 0,006 µM/L. The relative standard deviation was 3.6% for 1.351 µM/L and 6% for 0.203 µM/L. The results of 66 determinations obtained by this method and by graphite furnace atomic absorption spectrometry were compared (R = 0.991). Potentiometric stripping analysis is less expensive and very convenient for clinical laboratories. Article reçu le 10 mars 2003, accepté le 6 mai 2003 Key words: lead, blood, potentiometric stripping analysis La spectrométrie par absorption atomique généralement employée pour le dosage de la plombémie est une technique lourde, onéreuse en termes de coût d’investissement et de frais de fonctionnement. Au-dessous d’un certain nombre de dosages (environ 200 par mois) l’investissement n’est pas rentable. Or, les laboratoires de biologie médicale sont souvent confrontés à cette demande et amenés à effectuer le prélèvement ; le dosage doit ensuite être rapidement réalisé, dans les 3 ou 4 jours, car, même en conservant le sang à 4 °C, des microcoagulations susceptibles de fausser la mesure peuvent se produire. Le but de ce travail Tirés à part : H. Mathieu Ann Biol Clin, vol. 61, n° 6, novembre-décembre 2003 était le choix et l’étude d’une méthode de dosage de la plombémie, simple et précise, qui, en fonction de son prix de revient, autorise aussi bien la réalisation d’un dosage isolé que celle de séries importantes. À côté des méthodes spectrométriques, une autre famille de méthodes, en plein développement, s’appuie sur des mesures électrochimiques. Dans cette catégorie, le dosage par chronopotentiométrie (potentiometric stripping analysis ou PSA) dont le principe a été précisé par Jagner [1] a paru répondre à notre demande : l’appareillage est trois fois moins onéreux qu’un spectromètre par absorption atomique et les frais de fonctionnement sont minimes. La mise au point d’une telle technique a donc été étudiée avec l’appa667 article original reil de série Tracelab commercialisé par la société Radiometer. Elle nous a permis d’effectuer les dosages du Contrôle national de qualité. est proportionnel à la quantité de plomb fixée sur la cathode et donc à sa concentration dans la solution. Le choix du potentiel d’électrolyse et surtout le fait de mesurer le temps de stripping au niveau du potentiel d’oxydoréduction du plomb assurent la spécificité de la méthode. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Matériel et méthodes Appareillage L’appareil Tracelab 20 formé du Stand de mesure SAM 20 et de l’unité PSU 22 de Radiometer® (Villeurbanne) a été employé, en connection avec un micro-ordinateur PackardBell. Le logiciel TAP 2 permet de commander les différentes étapes de l’analyse. Les mesures sont faites dans des gobelets jetables de 25 mL en polyéthylène (MerckEurolab-Polylabo). Les dosages par spectrométrie par absorption atomique (SAA) ont été effectués en mesure directe sur un appareil Varian 640 Z® qui comporte four graphite et effet Zeeman. Réactifs Acide chlorhydrique 30 % et acide perchlorique 70 % Supra-pur, eau distillée pour analyses, étalon de plomb Titrisol® (Merck-Eurolab, Fontenay-sous-Bois) contenant 1 000 mg de plomb, chlorure mercurique ACS (Sigma, Saint Quentin Fallavier). Échantillons Les prélèvements de sang sont effectués sur héparine de Li ou de Na, conservés à 4 °C, et analysés dans les 3 jours. Méthode La mesure chronopotentiométrique utilise une cellule comportant un agitateur et trois électrodes : cathode de carbone vitreux, électrode de référence au calomel, contreélectrode de platine. La cellule est reliée à un appareil commandé par un ordinateur, le PSU 22, qui permet de mesurer la variation du potentiel en fonction du temps. Dans un premier temps, l’électrolyse à – 900 mV d’une solution de chlorure mercurique permet de déposer sur la cathode une fine couche de mercure. Ensuite la cellule est plongée dans la solution à doser : une électrolyse se produit sous un potentiel de – 900 mV, et les ions Pb2 + vont se décharger sur la cathode ; le plomb Pbo formé s’amalgame au mercure. Quand on coupe le circuit, le potentiel remonte rapidement : lorsqu’il atteint la valeur du potentiel d’oxydoréduction du plomb, – 470 mV, le plomb cathodique est réoxydé par les substances oxydantes de la solution (chlorure mercurique et oxygène dissout) et il revient en solution. Le potentiel reste stable durant le temps que dure cette réoxydation : ce temps de stripping est mesuré avec une grande précision grâce à l’ordinateur ; il 668 Préparation de l’électrode Chaque matin, l’électrode de carbone vitreux est essuyée avec un papier filtre, puis appuyée pendant 30 secondes avec un mouvement oscillant sur un coton imbibé d’eau et de poudre à polir (D709-Radiometer). Elle est ensuite rincée à l’eau distillée. Les électrodes sont alors plongées dans une solution obtenue en ajoutant 2 mL de solution de chlorure mercurique (1,086 g/L de chlorure mercurique dans HCl 1,3 M, ce qui correspond à 800 mg/L de mercure) dans 12 mL d’eau distillée ; cette solution est placée dans un gobelet en polyéthylène de 25 mL que l’on introduit dans le bécher de 25 mL fourni avec l’appareil : elle est ainsi protégée de l’atmosphère ambiante. Un potentiel de – 3 000 mV avec une agitation « stir 5 » est appliqué durant 10 secondes : les bulles d’hydrogène qui se forment à la surface de la cathode complètent son nettoyage. Les électrodes sont ensuite rincées à l’eau distillée et plongées à nouveau dans la solution précédente : le dépôt de mercure sur la cathode est alors réalisé durant 5 min à – 900 mV et « stir 5 ». Après un rinçage à l’eau distillée, l’électrode est conditionnée selon le programme indiqué sur le tableau I, en effectuant 5 mesures consécutives sur la solution suivante : eau distillée 13,19 mL, HCl 0,48 mL, HClO4 0,08 mL, solution de chlorure mercurique 0,25 mL. Le résultat des deux dernières mesures donne le « blanc » de la technique. Gamme étalon La solution mère de plomb est obtenue en diluant à 100 mL l’étalon Titrisol Merck dans une fiole jaugée en polypropylène, avec HCl 2 N. Sa concentration est de 10 mg/mL de plomb. La solution de travail est préparée extemporanément par deux dilutions successives au 1/100e avec HCl 2 N. La concentration finale est de 1 µg/mL. Pour obtenir une gamme étalon, on ajoute successivement à la solution du « blanc » 20, 30, 50 et 100 µL de la dernière dilution, en effectuant les mesures. La réponse est linéaire dans cette plage de concentrations. Dosage de la plombémie Le sang est soumis à une défécation préalable. Dans des tubes à hémolyse en polystyrène de 5 mL, déposer dans l’ordre : 1,4 mL eau distillée, 0,6 mL HCl, 0,1 mL HClO4, 0,4 mL sang total. Boucher, mélanger par 5 retournements, centrifuger 5 min à 3 000 tr/min. Préparer aussitôt la solution de mesure dans un gobelet en polyéthylène : 0,25 mL solution de chlorure mercurique, 2 mL surnaAnn Biol Clin, vol. 61, n° 6, novembre-décembre 2003 Dosage de la plombémie Tableau I. Programmation de la mesure chronopotentiométrique du plomb. Temps en secondes 5 60 90 variable 1 variable geant, 11,75 mL eau distillée. Mesurer. Entre deux mesures les électrodes sont rincées à l’eau distillée et placées durant 30 secondes dans HCl N. L’appareil peut calculer la plombémie à partir des résultats de la gamme étalon, en tenant compte des dilutions effectuées. Les mesures sur sang total ont été effectuées sur la solution suivante : eau distillée 12,95 mL, HCl 0,48 mL, solution de chlorure mercurique 0,25 mL, sang total 0,32 mL. Résultats Stabilité d’une mesure, influence de l’hémoglobine Dix mesures consécutives sur le même gobelet ont été effectuées pour deux solutions ayant reçu 0,10 mL de la solution de travail (100 ng de plomb) et faites à partir du même sang : la première solution a été préparée selon la méthode proposée avec défécation préalable, la seconde à partir de sang total. Les courbes obtenues (figure 1) montrent, pour la solution de sang total, une nette baisse du signal initial (plus de 50 %) et son augmentation progressive. Si on opère en solution purement aqueuse ou en présence de plasma, le signal correspondant à 100 ng de plomb n’est pas abaissé et reste stable lors de mesures successives. La baisse constatée paraît due à l’oxygène apporté par l’hémoglobine qui accélère l’oxydation du plomb lors du stripping. On peut vérifier cela en soumettant à un bullage d’azote pendant 10 minutes, avant la mesure, une solution de la gamme ayant reçu 100 ng de plomb, et une autre, identique, mais contenant, en plus, du sang total. L’azote chasse l’oxygène dissout et le signal correspondant aux 100 ng de plomb devient alors identique dans les deux solutions. Stir Stir Stir Stir Stir Stir Stir Potentiel en mV 5 5 0 0 0 0 1 – 50 – 900 – 900 0 – 900 0 – 50 sans agitation. La solution testée contient 100 ng de plomb (figure 2). Le résultat de la mesure apparaît très dépendant de la durée de cette phase. Limite de détection La valeur moyenne du blanc de la mesure (n = 10) est de 0,021 µmole/L ± 0,002. La limite de détection, calculée à partir de 3 écarts-types, est de 0,006 µM/L ; la limite de quantification qui fait intervenir 10 écarts-types s’élève à 0,02 µM/L. Répétabilité. Reproductibilité Dix dosages ont été effectués sur trois spécimens, dont deux ont été surchargés en plomb, le même jour avec la même cathode et sur plusieurs jours avec une cathode ayant reçu chaque fois un nouveau dépôt de mercure (tableau II). Récupération Douze sangs différents, de plombémie inférieure à 0,5 µmole/L, ont reçu 0,48 µmole/L de plomb. La récupération a été de 99,2 ± 4 %. 140 120 Aire du pic de plomb en ms Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Conditionnement Électrolyse avec agitation Équilibration Stripping Électrolyse pour mesure du bruit de fond Stripping Fin Vitesse de rotation 100 80 60 40 sang traité par la méthode proposée + 100 ng plomb. CV = ± 2 % 20 Temps d’équilibration Le temps d’équilibration correspond à la phase où le potentiel est maintenu mais l’agitation arrêtée pour obtenir un liquide immobile avant le stripping. L’importance de ce temps d’équilibration a été étudiée en l’augmentant de 5 sec à 120 sec après une électrolyse de 1 min avec ou Ann Biol Clin, vol. 61, n° 6, novembre-décembre 2003 même volume de sang total + 100 ng plomb. CV = ± 16,5 % 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Mesures successives Figure 1. Stabilité de la mesure (10 mesures successives sur la même solution). 669 Comparaison avec la spectrométrie par absorption atomique Une comparaison sur 66 dosages de plombémie dont les valeurs vont de 0,06 à 2,5 µmoles/L a été effectuée avec la méthode de spectrométrie par absorption atomique électrothermique. Le coefficient de corrélation est de 0,991. La comparaison graphique a été faite selon la méthode de Bland et Altman [2, 3] (figure 3). Il n’y a pas de différence systématique entre les résultats des deux méthodes puisque la moyenne des différences est proche de 0. L’écart correspondant à la moyenne des différences ± 1,96 SD est de ± 0,147 µM/L pour une moyenne des dosages de 1,022 µM/L. Le même calcul statistique a été effectué pour les 40 dosages présentant des taux faibles, inférieurs à 0,5 µM/L : le coefficient de corrélation R est de 0,85 et l’écart correspondant à la moyenne des différences ± 1,96 SD est égal à ± 0,132 µM/L pour une moyenne des résultats de 0,234 µM/L. Exactitude Les résultats obtenus au Contrôle national de qualité depuis juillet 2000 confirment l’exactitude de la méthode (tableau III). Les résultats de l’année 2000 pour les faibles concentrations indiquaient un surdosage : des modifications de la méthode ont alors été étudiées (augmentation de la prise d’essai et du temps d’électrolyse) ; elles ont permis d’accéder à une bonne concordance en 2001 et 2002. Tableau II. Répétabilité et reproductibilité de la mesure chronopotentiométrique du plomb. Plombémie en µM/L Coefficient de variation Intra-essai Inter-essai 0,203 0,492 1,351 6% 4,9 % 3,6 % 7,6 % 6,3 % 4,5 % Discussion Par rapport aux méthodes déjà publiées, nous avons modifié la préparation de la solution de travail en introduisant une défécation du sang, et précisé le rôle du temps d’équilibration qui a été nettement allongé. Les auteurs qui ont appliqué la chronopotentiométrie au dosage de la plombémie effectuent, en général, un dosage direct sur le sang dilué dans de l’acide chlorhydrique 0,5 N [4, 5] avec parfois une solution modificatrice de matrice [6-8]. Une défécation par HCl 2 N a été proposée pour une méthode voltamétrique [9] ; elle a été reprise ici mais un petit volume d’acide perchlorique a dû être ajouté pour assurer l’élimination de protéines interférentes. Cet acide, en faible concentration, ne perturbe pas la mesure. La défécation permet une récupération quantitative du plomb mais elle a surtout pour but d’éliminer l’hémoglobine et son oxygène. Cet oxygène diminue le signal obtenu et paraît être une source d’instabilité. En fonction des concentrations moyennes de l’hémoglobine sanguine, on peut calculer que la quantité d’oxygène apportée par les 0,32 mL de sang total que nous utilisons est de l’ordre de 10 à 25 µg. Comme le taux d’hémoglobine et son oxygénation 140 0,20 + 1,96 SD 0,15 120 0,140 0,10 100 0,05 80 60 Mean 0,00 plomb 100 ng. Électrolyse de 1 min avec " Stir 5 " et temps d' équilibration variable. plomb 100 ng. Électrolyse de 1 min avec " Stir 0 " et temps d' équilibration variable. SAA-PSA Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. article original - 0,007 - 0,05 - 0,10 40 - 1,96 SD - 0,15 - 0,155 20 - 0,20 - 0,25 0 0 20 40 60 80 100 120 140 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 (PSA+SAA)/2. Concentration en µmoles/L (n = 66) Figure 2. Augmentation du signal en fonction du temps d’équilibration. 670 Figure 3. Comparaison de dosages de plombémie par chronopotentiométrie (PSA) et spectrométrie par absorption atomique (SAA) selon la méthode de Bland et Altman. Ann Biol Clin, vol. 61, n° 6, novembre-décembre 2003 Dosage de la plombémie Tableau III. Résultats obtenus au Contrôle national de qualité depuis juillet 2000 (plombémie en µM/L). Année 2000 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. 2001 2002 Échantillons Chronopotentiométrie Moyenne toutes techniques 00-700-800-900-1000-1100-1201-0101-0201-0301-0401-0501-0602-0102-0202-0302-04- 1,56 0,28 2,02 0,32 0,69 1,26 0,21 1,62 1,1 0,21 2,29 1,54 1,48 2,15 1,63 0,28 1,64 ± 0,18 0,2 ± 0,04 2,11 ± 0,18 0,18 ± 0,04 0,66 ± 0,05 1,15 ± 0,09 0,17 ± 0,03 1,4 ± 0,11 1 ± 0,09 0,17 ± 0,03 2,16 ± 0,18 1,62 ± 0,16 1,59 ± 0,16 2,27 ± 0,28 1,6 ± 0,17 0,31 ± 0,05 varient d’un sujet à l’autre, voire d’un moment à l’autre, l’utilisation d’un témoin interne est nécessaire dans les méthodes directes. Lorsque le sang est préalablement déféqué, le signal n’est pas diminué et reste stable. Une même quantité de plomb donne un pic de même aire dans différents échantillons de sang ainsi qu’en phase purement aqueuse. Cela permet de travailler avec une courbe étalon et apporte un gain de temps appréciable quand les dosages sont nombreux. La linéarité est effective jusqu’à une plombémie de 3 µM/L. Le temps d’équilibration est généralement présenté comme le temps nécessaire à l’obtention d’une solution « tranquille » avant le stripping. Il est en moyenne de 30 secondes dans les méthodes de dosage de divers métaux proposées par Radiometer. Lorsque l’on fait varier ce temps entre 5 et 120 secondes, dans nos conditions opératoires, on obtient un signal progressivement amplifié de façon importante (figure 2) : il est doublé entre 30 et 90 secondes si une électrolyse avec agitation a été réalisée auparavant. Or, on peut estimer que les courants de convection ont disparu après 30 secondes et que les concentrations de l’oxygène dissout et du chlorure mercurique sont constantes autour de la cathode. L’augmentation du signal peut alors s’expliquer ainsi : durant l’électrolyse avec agitation, une certaine quantité de plomb réduit a été formée à la cathode mais les courants liquidiens n’ont pas permis à tous les atomes de s’amalgamer au mercure ; cela devient possible quand l’agitation est arrêtée, le potentiel étant maintenu. Si l’électrolyse préalable est faite sans agitation, le plomb réduit est moins abondant et la fixation beaucoup moins importante dans ce deuxième temps. Il a paru logique de ne pas interrompre cette fixation et de Ann Biol Clin, vol. 61, n° 6, novembre-décembre 2003 prolonger cette étape jusqu’à 90 secondes pour fixer le maximum de plomb réduit. La méthode ainsi établie présente des performances proches de celles qui sont annoncées pour la spectrométrie par absorption atomique électrothermique dans la littérature [10]. La limite de détection est plus basse, la reproductibilité légèrement moins bonne. La comparaison des résultats obtenus par les deux méthodes montre une concordance satisfaisante : celle-ci est cependant moins bonne pour les faibles concentrations. L’écart de ± 0,132 µM/L mesuré dans ces cas doit être confronté à celui des comparaisons intertechniques et interlaboratoires : le Contrôle national de qualité indique des écarts admissibles de ± 0,125 µM/L pour une concentration de 0,179 µM/L et de ± 0,135 µM/L pour 0,313 µM/L, alors que plus de 90 % des participants utilisent la spectrométrie par absorption atomique électrothermique. Ces écarts relativement importants s’expliquent donc simplement par les difficultés techniques des dosages dans cette zone sensible. Ils n’ont pratiquement pas d’incidence sur l’interprétation clinique. La chronopotentiométrie peut donc être utilisée à la place de la spectrométrie par absorption atomique. La sensibilité de la mesure chronopotentiométrique peut encore être améliorée en augmentant le temps d’électrolyse : il faut alors augmenter dans les mêmes proportions le temps d’équilibration. La méthode est manuelle, mais de réalisation facile et rapide. L’utilisation de gobelets et de tubes jetables évite des lavages délicats. La préparation de l’appareil et l’étalonnage demandent 30 minutes ; ensuite 20 dosages peuvent être effectués par heure. La cathode revêtue de mercure présente une bonne stabilité qui peut être contrôlée en mesurant un étalon toutes les 60 minutes. Le coût des réactifs est faible, de l’ordre de 0,5 euro par dosage. Les électrodes ne s’usent guère et ont une longue durée de vie. Le dosage s’effectue à température ordinaire, le matériel ne souffre pas, c’est une méthode « douce » ; les pannes électroniques sont rares, l’entretien réduit. D’autres métaux biologiquement intéressants peuvent être dosés par ce type de méthode, tels que le cuivre, le zinc ou le cadmium. La chronopotentiométrie paraît donc bien adaptée aux besoins des laboratoires de biologie médicale. Références 1. Jagner D. Potentiometric stripping analysis. A review. Analyst 1982 ; 107 : 593-9. 2. Bland JM, Altman DG. Statistical method for assessing agreement between two methods of clinical measurement. Lancet 1986 ; i : 307-10. 3. Bland JM, Altman DG. Measuring agreement in method comparison studies. Stat Methods Med Res 1999 ; 8 : 135-60. 4. Ostapczuk P. Direct determination of cadmium and lead in whole blood by potentiometric stripping analysis. Clin Chem 1992 ; 38 : 19952001. 671 article original 5. Jagner D, Josefson M, Westerlund S, Arén K. Simultaneous determination of cadmium and lead in whole blood and in serum by computerized potentiometric stripping analysis. Anal Chem 1981 ; 53 : 1406-10. 6. Jagner D, Renman L, Wang Y. 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