Berchiche - Université Mouloud Mammeri

3éme Congrès Franco-Maghrébin de Zoologie et d’Ichtyologie
6 -10 novembre 2012 Marrakech, Maroc
Utilisation de lapins de population locale en élevage rationnel : Aperçu des
performances de reproduction et de croissance en Algérie
BERCHICHE M., CHERFAOUI D., LOUNAOUCI G., KADI S.A.
Laboratoire de Biochimie Analytique et Biotechnologies(LABAB)
Faculté des sciences biologiques et sciences agronomiques, Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou,
[email protected]
RESUME
En Algérie, la cuniculture basée sur l’exploitation de lapins de population locale, a entamé sa
rationalisation après une brève introduction de reproducteurs hybrides. Le non-renouvèlement
de l’importation des hybrides a propulsé l’exploitation de reproducteurs de population
locale. Des programmes de recherches scientifiques, appuyant la rationalisation de cet
élevage, ont mis au banc d’essai les reproducteurs utilisés. Cette étude est élaborée sur la
base des résultats de travaux publiés par les différentes équipes de recherches dans ce
domaine de 1990 à 2011. Elle expose une première synthèse des performances de
reproduction et de croissance de trois types de reproducteurs. Les reproducteurs de population
locale s’avèrent les plus exploités depuis 1998 (Tizi-Ouzou et ITELV de Baba Ali). Les
reproducteurs de couleur blanche, descendant d’un d’hybride (Hyplus), importé de France en
1987 sont utilisés surtout à Tizi-Ouzou. Les reproducteurs de souche synthétique initiée à
l’ITELV, à partir de 2003 en collaboration avec l’INRA de Toulouse sont en expérimentation.
Les paramètres de reproduction évalués se caractérisent ainsi : Les lapines sont mises en
reproduction entre 4 à 5 mois d’âge et pèsent entre 2,8 et 3,5 kg. Les taux de réceptivité et de
fertilité sont respectivement: 63 à 77% ; 74 à 87%. Les tailles de portée sont de 7.2 à 8,7 nés
totaux dont 5 à 6,5 sevrés. La mortalité des lapereaux à la naissance et durant la période
naissance-sevrage est élevée: 11 à 16 %, 12 à 16 %. Le poids du lapereau à la naissance (48 à
62g) et au sevrage (450 à 575g) est faible. Les lapins de population locale et de souche
synthétique pèsent 1,5 à 1,9 kg à l’âge d’abattage (77 jours) et leur vitesse de croissance se
situe entre 24 et 30 g/j. Par contre, le lapin de population blanche atteint 2 kg et obtient une
vitesse de croissance de 30 à 37g/j. La consommation alimentaire est modérée pour les 3
types de lapins: 75 à 100g/j, mais l’indice de consommation est satisfaisant : 2 ,9 à 3,6.
Globalement, à l’état actuel de nos connaissances, la cuniculture Algérienne nécessite une
utilisation de reproducteurs améliorés et un aliment granulé de qualité pour être rentable.
Mots clés : lapin, élevage, performances, croissance, reproduction,
INTRODUCTION GENERALE
La cuniculture peut représenter pour l’Algérie une source de protéines non négligeable
compte tenu de l’important déficit en ce nutriment. Le recours à La cuniculture est justifie par
ses nombreux atouts, entre autres, son cycle biologique court, une forte prolificité : 50
lapereaux d’un poids vif de 2,4 kg abattus par an /lapine ce qui représente une importante
quantité de viande (60 à 65 kg par lapine/an), une capacité à valoriser plusieurs ressources
végétales et sous produits des IAA même riche en fibres, sa viande de bonne qualité
organoleptique
En Algérie, la pratique de la cuniculture traditionnelle est ancienne (Berchiche et Lebas, 1994,
par contre, l’introduction de l’élevage rationnel n’est apparu qu’à partir de 1987. La
promotion de cet élevage est initiée sur l’exploitation de reproducteurs hybride (Hyplus),
introduits de France, mais cette opération a rapidement échouée (moins de deux années) en
raison d’une alimentation de mauvaise qualité qui a provoqué une importante mortalité
(Berchiche et Lebas, 1990). Une décennie plus tard, la cuniculture rationnelle est de nouveau
relancée mais avec une stratégie favorisant la valorisation des reproducteurs de population
locale (Berchiche et al, 2000 b). Cette opération disposera d’un aliment industriel de qualité
mais en s’orientant sur le marché de matières premières importées. En ce sens, des élevages
exploitant des reproducteurs de population locale se multiplient avec l’appui de la mise en
œuvre de programmes de recherches universitaires.
Après quelques années d’expérimentation de la cuniculture en condition de production
Algérienne, une mise au point des acquisitions scientifiques est élaborée. Cette étude,
présente un aperçu des performances de reproduction et de croissance obtenues par les
reproducteurs de population locale, majoritaires dans les élevages, et par d’autres
reproducteurs utilisés. Cette première synthèse des résultats de travaux publiés est une
opportunité pour apprécier les aptitudes des différents reproducteurs exploités à un niveau
rationnel.
MATERIEL ET METHODES
Les performances de reproduction et de croissance réalisées par les lapins en élevage
rationnel, sont synthétisées en considérant l’ensemble de résultats de travaux publiés entre
1990 et 2012. Cette étude s’appuie particulièrement sur les résultats d’essais réalisés autour
des travaux de thèses de doctorat dirigées par le Professeur Berchiche M. à l’université de
Tizi-Ouzou et par le Professeur Kaidi R. à l’université de Blida. Deux compilations sont
élaborées. La première comprend les résultats des performances de reproduction et la
deuxième expose les performances de croissance. Les reproducteurs utilisés sont de trois
origines génétiques: les reproducteurs de population locale, exploité à Tizi-ouzou (Berchiche
et al 2000b, Zerrouki et al 2005), à Baba-Ali (Mefti et al 2010) quelques reproducteurs
descendant d’un hybride (Hyplus), appelés souvent population blanche (Zerrouki et al 2008),
exploités particulièrement par les élevages professionnels de la région de Tizi-Ouzou et enfin
les reproducteurs de souche synthétique (Gacem et al 2005, et 2008), exploités au niveau de
l’élevage expérimental de l’institut technique d’élevage de Baba Ali.
Les différents troupeaux sont élevés dans un bâtiment d’élevage standard, équipé de cages
grillagées. La conduite de la reproduction est caractérisée par l’application du rythme de
reproduction semi intensif. Un aliment unique est distribué à volonté au deux catégories de
lapins (reproducteurs et lapereaux). Cet aliment industriel est fabriqué en Algérie à base de
sources disponibles sur le marché comme pour l’aliment de volailles (Berchiche et Lebas,
1990). Il est souvent formulé par l’expérimentateur (Berchiche et al 1999, Berchiche et al
2000a, Lakabi et al 2008, Kadi et al 2011), Lounaouci et Berchiche 2011
Les paramètres de reproduction considérés sont le poids à la première saillie, la réceptivité, la
fertilité, la prolificité. Les résultats exposés sont obtenus au niveau de l’élevage expérimental
de l’université de Tizi-Ouzou, de l’élevage professionnel de la coopérative de Djebla (TiziOuzou) et de l’élevage expérimental de l’institut technique d’élevage de Baba Ali(ITELV).
L’étude des paramètres de croissance des lapereaux a pour base les résultats enregistrés au
niveau de l’élevage expérimental de l’université de Tizi-Ouzou, lieu de plusieurs travaux de
recherche depuis plus d’une décennie et de quelques résultats observés au niveau de l’élevage
de l’institut technique d’élevage de Baba - Ali. Les paramètres considérés sont : le poids au
début de l’engraissement (5éme semaine d’âge), l’âge et le poids à l’abattage, (77 jours ou 84
jours), la vitesse de croissance, la consommation alimentaire et l’indice de consommation.
RESULTATS ET DISCUSSION
1-Performances de reproduction (Tableau 1)
Les lapines des élevages sont mises en reproduction régulièrement à un âge optimum
(80 % du poids adulte). Le troupeau est souvent composé d’un mélange de nullipares,
primipares et multipares ce qui se répercute sur la détermination du taux de réceptivité,
variable d’un élevage à l’autre mais sa valeur est acceptable (65 à 77 %). Le niveau de fertilité
des lapines est acceptable (51 à 87 %), mais cette performance est contrariée par la réalisation
d’un faible nombre de mise bas (4 à 5). Cette réduction peut être attribuée en partie à
l’apparition des grandes chaleurs de mai à septembre, et s’avère un facteur limitant pour la
durée de reproduction. La taille de portée est acceptable (nombre de nées vivants de 7 à 9)
mais cette taille de portée est souvent réduite par la mortalité sous la mère (14 à 37% entre la
naissance et le sevrage). Compte tenu de ces pertes élevées, le nombre de lapereaux sevrés par
lapine est faible (4,5 à 7) ce qui se répercute sur la productivité numérique de la lapine. La
perte de lapereau au nid peut être attribuée en partie à une faible production de lait par la mère
(qualité nutritionnelle de l’aliment) mais également aux insuffisances dans la gestion de
l’atelier de la maternité (manipulations, égalisation des portées, naissances de portée sur le
grillage). Le poids du lapereau au sevrage est modeste : 450 à 550 g)
Tableau 1 Performances de reproduction
1Population
Locale Ummto
2Population
Locale Itelv
3Population
blanche
Djebla
45Population Souche
blanche
synthétique
Djebla
Itelv
Poids de la femelle
à la saillie(g)
Taux de
réceptivité(%)
Taux de fertilité
(%)
Taille et poids de
portée à la
naissance
Nés totaux
2900 +- 341
2737,86
+-404,91
63
3340
+-416
-
3633+-16
87
77
3519
±438
67.57
±47
67.40
±47
6,16+-2,53
7.0
±2.8
6.16
±3.1
Poids moyen du né
vivant(g)
Poids de la
portée(g)
Tailles et poids de
la portée au sevrage
Nombre de sevrés
49,5+- 10
7,14
+-2,42
6,67
+-2,76
62
+-10
439
+-108
9,5+-0,14
Nés vivants
7,17
+-2,09
6,35
+-2,43
48,06
+-11,48
324,16
+-88,27
374
±143
459+-70
7,08+-0,12
450,112
5,75
+-2,42
557
+-141
4.6
±2.9
Poids du sevré(g)
4,24
+-3,0
536,24
+-147,53
Poids de la portée
sevrée(g)
Mortalité des
lapereaux (%)
-à la naissance(%)
2296,800
16,0+-22,8
11,43
7,3
-Naissance sevrage(%)
14,0+-19,2
37,32
15,7
77,0
+-40,1
73,5
+-43,5
7, 20+- 2,43
296,113
5,45+- 2,1
64,5+-1,7
51,0+-1,5
8,74+-0,15
54+-0,7
553+-3
2890
±900
3555+-66
13
±27
33
±38
11,3+-1,4
17+-13
1 Zerrouki et al 2005; 2-Saidj d. 2006 in Mefti- Kortby –Mefti H. 2010 ; 4- Yami- Cherfaoui D.
2010 ; 4- Zerrouki et al 2008 ; 5- Gacem et al 2009 et 2008
2 –Performances de croissance (tableau 2)
Après un sevrage à 30 à 35 jours d’âge, les lapereaux pesant alors entre 450 à 600 g
entament leur engraissement. A l’âge à l’abattage (77 ou 84 jours), le poids vif observé est
léger, les lapins de population locale pèsent entre 1500 et 1970g, ils n’atteignent pas 2 kg
comme souhaité. Cette insuffisance pondérable est peu appréciée par le consommateur, en
référence au poids du lapin hybride plus lourd (2,4 kg), au même âge. La prolongation de la
durée d’engraissement d’une semaine (84 jours), permet une amélioration du poids vif. Le
poids optimum est mis en évidence à 77 jours (55% du poids adulte) pour ce lapin de
population locale peu connu à un niveau rationnel ce qui a incité les expérimentateurs à
multiplier les essais pour déterminer la période favorable pour l’abattage. L’ensemble des
essais réalisés a confirmé la lenteur de la croissance du lapin de population locale qui est d’un
petit format. La vitesse de croissance moyenne se situe entre de 24 à 32g/jour) pour les lapins
de population locale et de souche synthétique. Par contre, les lapins de population blanche,
leur poids vif à l’abattage atteint et parfois il dépasse 2 kg. Leur croissance est améliorée
particulièrement lorsque leur aliment est de bonne qualité nutritionnelle. Le niveau de la
vitesse de croissance observé lors de ces essais se situe entre 35,6 à 38 g/j. L’indice de
consommation est convenable à 77 jours d’âge mais il est détérioré après la prolongation de
l’engraissement.
Tableau 2 Performances de croissance
Poids vif
5 semaines(g)
Poids vif 11
semaines(g)
Poids vif 12
semaines(g)
GMQ 5-11(g)
CMQ 5-11(g)
IC
5-11
1Population
locale
Ummto
2Population
locale
Itelv
453
621
+-208,4
1433
+-277,7
1576
+-311,1
25,33
+-1,9
69,7
3,7
+-3,1
1975,83
2157,39
31,11
120,07
4,29
GMQ 5-12 s
30,49
CMQ 5-12
123,56
IC
4,52
5-12
26,68
+-9,5
77,4
+-4,5
4,38
+-4,3
3Population
blanche
Itmas/
Ummto
564
4Population
blanche
Eleveur/
Ummto
445
5Population
blanche
Djebla/
Ummto
590,86
6Souche
synthétique
Itelv
1909
1997,21
+-245,71
2199,57
1506
+-14
2011
2506,5
-
36,8
38,30
-
107,2
2,92
121,72
3,26
32,05
-
37,56
99,20
-
124,75
3,10
-
3,34
24
+-0,5
1- Berchiche et al 2000 ; 2- Chaou T., 2006 in Mefti- Kortby 2010 ; 3- Lounaouci et 2008; 4Lakabi 2009 ; 5- Kadi et al 2011 ; 6- Gacem et al 2008 et 2009
CONCLUSION
Les essais en élevage rationnel du lapin en Algérie ont contribué à l’acquisition de
connaissances scientifiques, favorable pour l’appui à la mise en place d’une cuniculture
rationnelle en conditions de production locale. Cette pratique se caractérise par, une
exploitation de reproducteurs de population locale caractérisée par, sa rusticité et ses
principales carences, sa faible productivité par lapine et par an, sa croissance lente du
lapereau, son utilisation d’aliments industriels de qualité nutritionnelle à améliorer, par la
formulation de matières premières d’importation d’où dépendance extérieure comme en
aviculture et par l’absence d’informations sur la rentabilité.
Les améliorations souhaitées dans le domaine génétique, conduiraient à l’approvisionnement
des éleveurs en reproducteurs améliorés.
La cuniculture à un niveau rationnel doit compter davantage sur l’appui scientifique des
programmes de recherche universitaire et sur les programmes de développement : acquisition
des connaissances scientifiques et vulgarisation des techniques de la cuniculture rationnelle.
Toutefois, il faut développer la collaboration entre équipes de recherches pour éviter la
dispersion dans le choix des thèmes. Il faut aussi activer dans le domaine de la gestion
technique d’élevage pour déterminer la rentabilité de ce type d’élevage en Algérie et faire
connaître davantage cette production animale.
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