PNR et No-flight-list des Etats-Unis: au nom de
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PNR et No-flight-list des Etats-Unis: au nom de
PNR et No-flight-list des Etats-Unis: au nom de la lutte anti-terroriste, l’arbitraire s’étend à tout l’Atlantique Nord Par Paul-Emile Dupret * Le samedi 19 mars dernier, comme conseiller politique du groupe GUE/NGL, j’aurais dû accompagner Lola Sanchez, députée européenne pour PODEMOS, au sein la délégation officielle du Parlement européen (Commission INTA) au Canada pour y traiter des négociations de l’accord commercial CETA, cet accord dévastateur, le grand frère du TTIP. Le début du voyage, en TGV de Bruxelles à Paris, s’est déroulé normalement, mais à l’aéroport Charles de Gaulle, après avoir imprimé le bordereau de mon bagage à la borne d’Air France, je ne suis pas parvenu à imprimer ma carte d’embarquement pour le vol AF 344 Paris-Montréal. Les préposés d’Air France m’ont alors demandé de me soumettre à un interrogatoire d’un agent de sécurité américain qui rôde dans l’aéroport. Je m’y suis opposé, puisque j’allais au Canada, sans survoler les EtatsUnis, comme me l’avait assuré par écrit l’agence de voyage du Parlement européen. Une employée d’Air France a alors affirmé que l’avion allait survoler les Etats-Unis, ce qui s’est avéré faux comme le prouve le parcours de l’avion: d d Finalement après une heure d’attente, puisque le policier n’apparaissait pas, ils l’ont contacté par téléphone, et m’ont signifié qu’ils ne pouvaient pas émettre ma carte d’embarquement, en application de l’accord PNR (Passenger Name Record) parce que j’apparaissais sur la No-Fly-List des EtatsUnis. Mes ennuis avec les autorités américaines ont commencés en Juillet 2004, cinq mois après avoir coordonné à Bruxelles et en séance plénière du Parlement européen à Strasbourg, des actions d’opposition à la présence d’Alvaro Uribe, alors président de Colombie. Aujourd’hui, il est plus que démontré que nous avions raison, puisque plus personne ne conteste que le président Uribe, -alors grand allié des Etats-Unis mais en disgrâce aujourd’hui-, s’est largement appuyé sur les escadrons de la mort pour être élu, puis pour chasser de leurs terres les paysans et indiens colombiens au profit de grands propriétaires et de multinationales. Selon les chiffres officiels, il y a en Colombie, grand allié de l’Union européenne dans la région, plus de 6 millions de personnes chassées de leurs terres, 69.000 personnes victimes de disparitions forcées et plus de 200.000 assassinats. Même si l’impunité est la règle, nombre des ministres et des députés du parti de l’ancien président Uribe ont été poursuivis et emprisonnés pour avoir utilisé les services de ces groupes assassins. Son frère, Santiago Uribe, a finalement été capturé et emprisonné fin février 2016 parce qu’il faisait partie d’un groupe de propriétaires terriens appelé « Les douze apôtres » qui commanditaient les assassinats et les massacres de syndicalistes ou de paysans qui tentaient de défendre leurs droits. Sept personnes qui ont témoigné contre lui ont été assassinées. A son retour de sa tournée politique ratée en Europe, le président Uribe a ordonné à la police politique DAS, -dont on sait aujourd’hui qu’elle hébergeait des policiers américains, de lancer l’opération Europa- qui selon les documents saisis depuis lors, visait (ou vise encore…) à discréditer les défenseurs et les organisations de défense des Droits Humains, y compris la sous-commission des Droits de l’Homme du Parlement européen et le Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies. Cette opération a reçu un commencement d’exécution dans diverses capitales européennes, et notamment à Bruxelles, contre des organisations et des défenseurs des Droits Humains. La presse a révélé il y a quelques mois que le juge d’instruction belge Olivier Leroux, saisi à ce sujet en Octobre 2010 par les victimes et la Ligue Belge des Droits de l’Homme, a établi que deux personnes, Madame Lucia Patricia Betancourt, compagne d’un fonctionnaire espagnol de la Commission européenne, et Monsieur Victor Hugo Torres, fonctionnaire belge, étaient payées par le DAS pour exécuter ces basses besognes à Bruxelles. En juillet 2004 donc, accompagnant une délégation du groupe GUE/NGL à Caracas et à Managua, j’étais arrêté lors d’un transit à Miami, interrogé et placé dans un avion pour l’Europe, menottes aux poings, 24 heures plus tard. Au cours de l’interrogatoire auquel j’ai été soumis, les questions ont porté le nombre de mes déplacements en Amérique latine, en Afrique, en Asie, dont les traces apparaissaient sur mon passeport (la plupart des délégations officielles), les contacts personnels que j’aurais eu ou non avec Hugo Chavez ou Fidel Castro et sur des articles que j’avais écrit, sur l’alignement des politiques européennes sur celles des EtatsUnis. Pas un mot sur d’éventuelles relations avec des groupes armés ou terroristes. En 2007, le consulat américain à Bruxelles a refusé de me donner un visa 2007 malgré une demande verbale (illustration 2) du Parlement européen pour motif d’ « activités terroristes » (illustration ). Répondant à mes questions, la consul m’a précisé que l’administration américaine ne dit pas pourquoi un nom est inclu sur la No-FlyList, qu’aucun recours judiciaire n’est ouvert aux nonaméricains, et qu’il n’y a aucune limite de temps. Peu importe si, comme c’est mon cas, on ne fait l’objet d’aucune condamnation, de poursuite, ou même d’accusation dans quelque pays que ce soit. En 2009, l’Union européenne a approuvé l’accord PNR (Passenger Name Record) proposé par les Etats-Unis. Celui-ci a été violé quelques mois plus tard par ce pays qui a adopté un programme extraterritorial appelé « Secure Flight Programme » qui impose aux compagnies aériennes de signaler le nom des passagers même pour les vols qui n’ont pas pour destination les Etats-Unis, mais ne font que survoler ce pays ou son espace maritime. C’est ainsi que le 19 Août 2009 l’avion dans lequel je m’étais embarqué de Paris à Mexico était dévié durant 3 heures, suite à ma présence à bord, parce qu’il n’était pas autorisé à survoler l’espace maritime américain au large de la Floride. Les Etats-Unis savent parfaitement que je n’ai en rien un profil terroriste. J’ai assisté à des débats en huis-clos à 7 ou 8 personnes avec l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne. En 2013, j’ai été invité par deux fois à déjeuner à l’Ambassade des Etats-Unis avec mes collègues conseillers politique d’autres tendances politiques , -sans obligation de passer le portail de sécurité-, pour un déjeuner cordial pour discuter du lancement du TTIP, et alors même que j’avais informé que j’étais sur leur No-Fly-List. En même temps ils n’ont pas donné suite à ma demande de visa pour accompagner la délégation du Parlement européen à Washington sur le même thème. Face au silence européen, les Etats-Unis ont franchi une nouvelle étape. Ils imposent maintenant aux compagnies aériennes d’envoyer les noms des passagers de vols qui vont au Mexique, au Canada, ou à Cuba, sans même survoler les eaux territoriales des Etats-Unis. Il semble que seule Cubana de Aviación résiste à cette imposition. Face à cela, la Commission européenne, -et son tsar antiterroriste, le belge Gilles de Kerchove-, pourtant interpellés de façon répétée par les parlementaires européens, n’ont même pas exigé dans les négociations continues qu’ils mènent avec l’administration américaine, qu’au moins un recours judiciaire soit ouvert aux victimes de ces inclusions arbitraires sur la No-Fly-List, comme pour les citoyens américains, ou que le programme PNR (Passenger Name Record) ne soit pas violé par l’adoption de programmes unilatéraux et extraterritoriaux. Voici donc le bel espace de libre-échange, d’arbitraire et de soumission, que l’on nous prépare avec les accords de libreéchange TTIP et CETA, sous prétexte que l’Union européenne, les États-Unis et le Canada « partagent les même valeurs ». Le Forum Social Mondial va se tenir du 9 au 14 Août 2016 à Montréal. Si je ne pourrai m’y rendre, qu’en sera-t-il du militant indien qui s’oppose aux cultures transgéniques de la Monsanto en Inde, ou du syndicaliste colombien qui s’oppose aux abus de l’entreprise Coca-Cola en Colombie… Suite à ce laisser-faire, quelle est la prochaine étape ? Après le Canada, les meilleurs alliés des Etats-Unis (Turquie, Israël, l’Arabie Saoudite, l’Ukraine, la Colombie, l’Union européenne, ) vont-ils endosser les uns après les autres, à l’aveugle, la No-Fly-List des Etats-Unis sans savoir pourquoi ces 50.000 noms y figurent, et malgré l’absence de recours ? Ce jeudi 14 Avril le Parlement européen a adopté le PNR européen, la réplique du programme américain. Le groupe GUE/NGL s’y est opposé, parce qu’il s’agit d’une mesure disproportionnée et inefficace pour lutter contre le terrorisme. Sous la houlette des Etats-Unis, -pays érigé de manière absurde en leader de la lutte antiterroriste par nos dirigeants politiques alors que ce pays a appuyé des groupes comme Al Quaeda et l’Etat Islamique, et qu’il continue d’appuyer l’Arabie saoudite et la Turquie, Israël, le gouvernement ukrainien-, on nous enfonce dans une forêt de mesures sécuritaires et liberticides adoptées sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Ces mesures servent avant tout à tenter de paralyser et de museler les personnes et les organisations qui défendent les libertés, les droits sociaux, l’environnement, et à éviter l’adoption de décisions politiques internes et internationales qui pourraient vraiment nous éloigner du danger terroriste de façon durable. * Juriste, conseiller politique du groupe parlementaire GUE/NGL (Gauche Unie Européenne/Nordic Green Left) pour les questions de commerce international. Militant des droits de l’Homme et altermondialiste engagé. Échec à la reine : L’échiquier brésilien en 2016 Une opinion de Thierry Thomas (que vous retrouverez également sur son blog) mise à jour au regard de l’actualité récente. L’actualité brésilienne est terriblement complexe à comprendre, surtout pour qui ne suit les événements que de loin et via les médias traditionnels européens. Il est difficile de vous donner toutes les sources dont je me suis servi pour rédiger les notes qui suivent. Cependant, vous pouvez en retrouver l’essentiel sur les sites repris en note de bas de page, outre, pour ce qui concerne les éléments institutionnels, Wikipedia (qui n’est pas une source en soi, mais une base de faits à vérifier)[1]. Le Brésil est-il au bord d’une dictature du prolétariat ? Non. Je n’irai pas jusqu’à dire « malheureusement, non ». Cela dit, il est bon de renverser un certain nombre de certitudes locales. Certains canards méritent qu’on leur casse quelques pattes. A l’écoute de la RTBF[2], à la lecture de quotidiens belges en ligne, le gouvernement de Dilma Rousseff tendrait dangereusement vers une forme autoritaire et corrompue, alors que des millions de courageux citoyens seraient descendus dans la rue pour défendre l’action d’un juge fédéral, auquel certains vont jusqu’à s’associer sous le slogan « Nous sommes tous Sergio Moro ». Or, si cela ressemble à la réalité, ça n’en a que l’apparence. S’il est vrai que le gouvernement Dilma Rousseff est actuellement secoué par une série de scandales, il faut savoir que la présidente elle-même n’est pas soupçonnée de quoi que ce soit, sinon de chercher à défendre son prédécesseur[3]. Par contre, on ne parle pas beaucoup des membres des différents partis qui composent sa majorité actuelle et qui eux sont pleinement éclaboussés par des accusations de corruption, concernant notamment l’entreprise semi-privée, semi-publique Petrobras ; parmi les personnes concernées, en tête figure l’actuel président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, ennemi intime de la présidente, et qui barre systématiquement toute possibilité de changements de législation vers la gauche. Le plus « cocasse », c’est que nombre de ces personnages, députés, éclaboussés par l’opération judiciaire nommée « LavaJato »[4], se trouvent en première ligne pour demander l’impeachment de la présidente (autrement dit, sa destitution « légale »). Comment cela est-il possible ? Le gouvernement brésilien n’est-il pas de gauche. Non. Il ne l’est pas. Il faut d’abord savoir que la présidente a beau avoir été élue au second tour avec plus de 50 pour-cent des voix exprimées, elle a dû, tout comme lors de son premier mandat, et tout comme son prédécesseur, Luis Inácio Lula da Silva, s’allier avec plusieurs partis de droite dure, le premier desquels étant le parti du vice-président, Michel Temer, mais aussi d’Eduardo Cunha, le PMDB[5]. Sur 23 ministres, le PT et le PMDB en comptent 5 chacun. Mais ils n’auraient pas encore la majorité à eux seuls. A gauche, seul le PCdoB compte un ministre, celui de la défense. Mais plusieurs autres partis sont également représentés dans le gouvernement : le PSD, le PDT, le PTB, le PROS et le PR, chacun comptant un ministre. Tous les autres ministres sont considérés « indépendants »[6]. Cette alliance entre le PT et ces partis qui se considèrent tous au centre, ou peu s’en faut, montre déjà que, tant Lula (qui eut jusqu’à 8 partis alliés dans son gouvernement lors de son premier mandat, le sien propre n’atteignant guère plus de 18 % des députés au parlement), que Dilma Rousseff, ou même leur parti ne peuvent guère être totalement responsabilisés pour la politique dans son ensemble, ni pour ses bons, ni pour ses mauvais côtés. D’autant qu’il faut encore se rappeler deux choses : -D’une part, le Brésil est une fédération de 26 Etats, plus le District Fédéral de Brasilia, la capitale. Les Etats disposent d’une vaste autonomie, d’un pouvoir qui réduit fortement celui de la République Fédérale. Nombre d’entre eux sont éclaboussés de scandales également. Au sein des Etats, les mêmes partis actuellement au pouvoir au niveau fédéral sont parfois alliés, mais aussi souvent adversaires. Et, parmi les alliés du PT, certains d’entre eux sont alliés avec le principal parti de l’opposition : le PSDB. Ainsi, dans l’État d’Espírito Santo, le PMDB et le PSDB se partagent le gouvernement ; au Maranhão, le PCdoB, de gauche, est allié avec le PSDB, de droite ; dans le Mato Grosso, le gouvernement se partage entre le PSDB et le PSD. Toutes ces alliances au sein des Etats créent fatalement des tensions avec le gouvernement fédéral. Mais il est également vrai que l’appartenance à un parti, au Brésil, ne signifie pas que l’on suive une ligne politique déterminée nationalement. Et cela sera éclairé par le point suivant. -Car, d’autre part, les députés et sénateurs, quoique membres de partis, se distinguent surtout par leur appartenance à divers groupes d’intérêts. Outre qu’ils sont en moyenne des hommes blancs d’une cinquantaine d’années et détenteurs d’un patrimoine d’un millions de reais[7], ils se caractérisent avant tout par leurs organes de financement, leur appartenance entrepreneuriale ou même leur religion. Ainsi, les députés représentant le lobby agroalimentaire sont 153, sur 513 ; les entrepreneurs 207. Sachant que seuls 69 députés sont du PT, on peut évaluer les difficultés qu’ils doivent avoir d’imaginer même proposer une réforme agraire ou une meilleure défense de l’environnement -si tant est d’ailleurs qu’ils le désirent, ce qui n’est pas souvent le cas[8]. « Golpe » ? Il ne s’agit pas ici de défendre Dilma Rousseff ou son prédécesseur, mais de se rappeler que la démocratie brésilienne est très jeune[9].Les réflexes autoritaires sont très fréquents dans la société brésilienne. Une certaine nostalgie de l’époque où l’on ne remettait pas en question l’autorité des « colonels » locaux (chefs de réseaux de clientélisme) se reflète dans l’impunité dont jouissent encore les assassins des militants de gauche des régions rurales, par exemple, dans la découverte régulière de situations d’esclavages sur des latifundias ou dans le fait que la Police Militaire, principale force publique de l’État, est la police qui tue le plus au monde. La gauche brésilienne n’est pas satisfaite de l’action des gouvernements Lula et Dilma, mais elle est consciente de la menace qui pèse sur le pays, et c’est elle notamment qui a appelé, le 18 mars, à un ensemble de manifestations, non pas tant pour « défendre le gouvernement Dilma » que pour appeler au respect des formes démocratiques[10]. En effet, lors des manifestations « jaunes et vertes », culminant le 13 mars, les slogans allaient parfois jusqu’à l’appel à l’intervention militaire (notons, par ailleurs, que jusqu’ici les forces militaires sont restées loyales au gouvernement, bien que la Police Militaire ait montré des signes de partialité dans son comportement vis-à-vis des manifestants, agissant aux ordres du Gouverneur de l’État, et à São Paulo il s’agit de Geraldo Alckmin, sur lequel nous reviendrons plus loin ; la Police Civile, elle, répond aux ordre du Gouvernement Fédéral). Mais que se passe-t-il alors ? Depuis que le PT est au gouvernement, plusieurs groupes d’influence ont manifesté leur insatisfaction, voire leur frustration. Les premiers de ces groupes sont les médias traditionnellement de droite, à commencer par la chaîne de télévision Globo, qui participa largement au maintien de la dictature et fut très longtemps l’obstacle principal à l’élection de Lula, contribuant entre deux feuilletons à le ridiculiser au cours des campagnes électorales de 1988 à 2002. Mais la Globo n’est pas seule : les journaux O Globo, A Folha de São Paulo, O Estado de São Paulo, les revues Veja, Época et Istoé se démarquent aussi par leur militantisme anti-PT[11]. Les rares médias « de gauche » ou indépendants sont peu diffusés et sous-financés. Ainsi le CartaCapital de l’éternel opposant démocrate Mino Carta ou le Brasil de Fato, ouvertement marxiste, par exemple. Peu diffusés, ils ne peuvent de toute façon pas lutter contre des chaînes de télévision privées conservatrices. Les chaînes de radio ne sont guère plus diversifiées[12]. S’il n’y avait que les médias… Mais les gros entrepreneurs, quoique choyés sous les gouvernements Lula-Dilma, se sont également ligués contre les « affreux gauchistes » (pour rappel, Lula est un ancien syndicaliste et Dilma une ancienne militante communiste)[13]. Ainsi, en réaction à la nomination, certes discutable, de Lula comme ministre, des fédérations d’entrepreneurs se sont liguées pour lancer un… appel à ne pas payer l’impôt fédéral. Ceci n’est rien d’autre qu’une incitation à commettre un délit grave. Sachant que la justice s’occupe activement du cas de Lula, ces syndicats patronaux tentent d’influer de manière totalement illégale sur la situation politique. Et pourtant, ce n’est pas parce que Lula est devenu ministre qu’il échappera à la justice. Certes, il ne sera plus poursuivi par le même juge fédéral, Sergio Moro, lequel travaille avec la Police Fédérale, mais il existe au Brésil un tribunal spécial autorisé à juger des situations impliquant des ministres en exercice. Et ces juges du Tribunal Suprême Fédéral, bien que parfois nommés par Lula lui-même, ne lui sont pas spécialement favorables, contrairement à une série de rumeurs à ce sujet[14]. Le plus emblématique d’entre eux, Gilmar Mendes, nommé par l’alors président Fernando Henrique Cardoso en 2002, lui-même entaché de nombreuses irrégularités et soupçonné de « gentillesse » à l’égard de personnalités douteuses, a promis un traitement sans concession à Lula. Or il a été chargé de la plupart des dossiers “Lula”. Il n’y a donc aucune raison de penser que Lula échapperait à une éventuelle condamnation s’il devait être reconnu coupable. Les médias, les entrepreneurs… C’est tout ? Non. Au sein du Congrès, de nombreux députés, y compris de sa majorité théorique, menacent la présidente d’une procédure d’impeachment. Ce qui signifie qu’elle risque la destitution si la procédure aboutit. Et pourtant, si l’on considère les causes juridiques de cette procédure, force est de reconnaître que le dossier ne la concerne… jamais[15]. Mais cela ne gène pas ses opposants, dont nous avons déjà parlé, parmi lesquels beaucoup lui reprochent d’avoir empêché la privatisation du Pre-Sal, ces champs pétrolifères récemment découverts et pour lesquels Dilma comptent bien que le Brésil, dans son ensemble, puisse profiter, à l’instar du Vénézuéla ou de la Norvège. L’opposition du PSDB, José Serra[16] en tête, a déposé un contre-projet en 2015 pour renverser cette logique et compte bien l’appliquer si elle revient au pouvoir. On reproche aussi à Dilma dans les milieux financiers d’avoir réduit les possibilités de bénéfices dans les banques en jouant avec les taux d’intérêt jusque là hyper favorables aux « monnayeurs ». Les médias conservateurs, les députés nostalgiques du « colonélisme », les grands entrepreneurs fatigués de devoir négocier leurs marchés privilégiés, et même les banques, cela fait déjà beaucoup… Mais on ne peut s’empêcher de se demander s’il n’y a pas aussi derrière tout ça une petite influence extérieure. Ce ne serait pas la première fois, sans même remonter jusqu’au coup d’État de 1964. Le gouvernement brésilien a déjà été bousculé pour sa « mauvaise gestion » de la forêt amazonienne, mais aussi pour son intrusion dans les dossiers iranien, syrien ou libyen, par exemple. En effet, depuis Lula et notamment son excellent ministre des affaires étrangères, l’indépendant Celso Amorim, le Brésil a cessé de figurer dans le « jardin » des USA. Conscients de la force potentielle du Brésil en Amérique Latine, et de l’importance de l’Amérique Latine dans le monde, Lula et Celso Amorim ont initié une nouvelle manière de considérer la politique internationale, impliquant notamment le pays dans le mouvement des BRICS, avec la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Dilma, bien que plus modérément, a suivi la même ligne. Le PSDB, dans l’opposition depuis 2003, lui, s’était distingué pour son suivisme étatsunien durant la présidence de Fernando Henrique Cardoso. Et ces manifestations, alors ? Le 13 mars, nous avons pu assister à de nombreuses manifestations, impliquant en effet des centaines de milliers de personnes, peut-être trois millions de Brésiliens dans de nombreuses villes du pays[17]. Ces manifestants, généralement, apparaissaient sur les images, bien blancs, équipés de lunettes de soleils et habillés de jaune et de vert. Peu représentative de la société brésilienne, plus métissée dans son ensemble, faut-il le rappeler[18]. Rappelons que deux « manifestants » du 13 mars, Aécio Neves, sénateur du Minas Gerais, et Geraldo Alckmin, gouverneur de l’État de São Paulo, se faisaient l’écho du sentiment de dégoût pour la corruption… Or, l’un comme l’autre sont sujets à scandales. Alckmin est impliqué dans un honteux détournement de repas scolaires dans les écoles publiques, de prévarication dans le cadre du creusement du métro et de rapports peu avouables avec des chefs de gangs. Quant à Aécio Neves, il est soupçonné de détenir des fonds illégaux dans un paradis fiscal, de tremper dans des trafics d’influence à Minas Gerais, sans compter que l’un de ses proches amis se trouve empêtré dans une sombre affaire de drogue retrouvée dans… son hélicoptère personnel. Inutile de dire que de tous ces scandales touchant le PSDB, mais aussi le PMDB, les médias traditionnels parlent peu ces derniers temps[19]. Le héros de cette manifestation, le juge Sergio Moro, connu pour son action de « nettoyage » de corruption dans les entreprises de construction, venait de divulguer par voie de presse des « éléments de preuve » à charge contre Dilma et Lula, principalement un enregistrement de conversation téléphonique qui s’avéra, par lui-même, totalement illégal, car relevé hors de tout mandat. Non seulement il était illégal, mais en plus sa divulgation ne respectait pas le secret de l’instruction. Mais il y a plus : les éléments incriminant Lula et Dilma ne relevaient que de l’interprétation erronée de quelques mots lancés par Dilma. Moro l’a lui-même reconnu : il n’y a pas grand-chose dans ces enregistrements. Autrement dit, le juge fédéral a jeté de l’huile sur le feu de manière illégale et illégitime. Mais, une fois l’huile versée, évidemment, le feu est difficile à éteindre. D’autant que les médias ne contribuent pas à remettre ces éléments dans l’ordre et le contexte adéquats. Alors, pourquoi le juge fédéral a-t-il fait cela ? (23 mars 2016) Note supplémentaire du 11 avril n’a perdu de sa pertinence. Les judiciaire de Sergio Moro sont grands pontes du PMDB négocient 2016: Rien de ce qui précède doutes à l’égard de l’action de plus en plus étayers. Les avec le PSDB la possibilité - et surtout les suites- de l’impeachment possible de Dilma Rousseff, qui n’est pourtant pas plus justifié en faits. Cette procédure suit actuellement son cours, dans un contexte tumultueux, où le Congrès ne parvient pas à redorer son image[20]… Les grands médias traditionnels, de la Globo aux revues nostalgiques de l’époque de l’esclavage, ne parviennent guère à se dépêtrer. Ils se disputent les appuis des figures politiques de l’opposition, accusent à tour de bras au fur et à mesure des rumeurs et des faits plus ou moins avérés, ne s’entendant que sur une chose: la promotion de l’impeachment et le discrédit du mouvement social qui s’y oppose. De leur côté, les mouvements sociaux et les médias “dominés” sont nombreux et vivants au Brésil. Paradoxalement, donc, ce sont ces derniers, déçus par le PT, qui pourraient participer au sauvetage du gouvernement de Dilma Rousseff, même privée (de manière ambiguë) de son principal partenaire, le PMDB. A suivre… de près! Note du 12 avril : la Commission de l’Assemblée a voté la poursuite de la procédure d’Impeachment, dans une ambiance fiévreuse et dramatique. La plupart des députés ayant voté en ce sens sont eux-mêmes visés par la fameuse « Opération LavaJato », dont ils espèrent la fin en cas de destitution de la présidente. [1] –epoca.globo.com –CartaCapital.com.br –le Monde Diplomatique et sa version brésilienne : le Monde Diplomatique Brasil –noticias.uol.com.br –folha.uol.com.br –globo.com -des éléments de sites du parti PcdoB : pcdob.com.br. –vermelho.com.br et opovo.com.br –https://theintercept.com/2016/03/18/o-brasil-esta-sendo-engolido-pela-corrupcao-da-classe-dominante-e-por-uma-perigosa-subversao-da-democracia/ –brasildefato.com.br -plusieurs amis brésiliens, témoins directs, acteurs et observateurs raisonnables et consciencieux, et effrayés de la perspective actuelle -mes propres connaissances du Brésil, où j’ai vécu quatre ans et demi, et mon propre blog thitho.allmansland.net, bien que peu actualisé ces derniers temps. [2] Une petite exception : cette « Opinion » de Laurent Delcourt: https://www.rtbf.be/info/opinions/detail_bresil-les-ressorts-d-une-crise-politico-judiciaire?id=9256565. Mais l’article ne rentre guère dans le détail des circonstances telles que vous les trouverez ici. [3] Or, même cette hypothèse, nous le verrons plus bas, n’est pas nécessairement correcte. Je pense personnellement que l’entrée de Lula dans le gouvernement est plus un coup tactique pour affaiblir le partenaire principal de la coalition, le PMDB, afin de le forcer à rester au gouvernement. Mais cette note en bas de page est l’élément le plus conjecturel de cet article. Note du 11 avril 2016 : le coup tactique a en partie réussi, puisque la plupart des ministres PMDB sont restés au gouvernement jusqu’à ce jour. [4] Note du 11 avril 2016: entre-temps Cunha a été éclaboussé, parmi bien d’autres, dans le scandale des Panama Papers. [5] Il faut savoir qu’au cas où l’impeachment contre Dilma aboutirait, le président en exercice au Brésil serait Michel Temer et son vice-président Eduardo Cunha. Ca fait réfléchir. Note du 11 avril 2016: entre-temps, le PMDB a rompu officiellement avec le gouvernement, mais la plupart des ministres issus de ce parti, eux, par contre, sont restés au gouvernement. Par goût du pouvoir? Difficile à dire, surtout au vu de la position du PMDB devant le vote en commission chargée de lancer ou d’arrêter la procédure d’Impeachment. [6] Quelques indépendants sont considérés plus ou moins proches de certains partis. [7] Cf. L. OUALALOU, Au Brésil, « trois cents voleurs avec des titres de docteurs », Monde Diplomatique, nov. 2015, p. 10-11. Très bon article, mais écrit il y a plus de cinq mois, et donc déjà obsolète face à l’actualité, malheureusement. [8] Ajoutons encore une petite précision : le Congrès est dominé par des personnalités établies depuis des décennies dans la politique brésilienne. Eduardo Cunha était déjà impliqué politiquement en 1982 auprès du PDS ; Renan Calheiros, l’actuel président du sénat, député d’État en 1978, à l’époque de la dictature. Rappelons que la démocratie n’est rétablie au Brésil qu’en 1988. Le PMDB, dont sont membres ces deux personnalités, était le seul parti d’opposition autorisé sous le régime de la dictature, jusqu’en 1985. Il est pratiquement incontournable encore dans la plupart des régions du Brésil. Son clientélisme ferait passer celui des partis socialistes européens pour de l’amateurisme pur. [9] 1988. La constitution la plus récente a été promulguée en [10] Soyons justes: nombre des manifestants, tout de rouge vêtus, appuyaient et appuient toujours le PT, Dilma et Lula. Note du 11 avril 2016: les partis de gauche, y compris ceux qui ne sont pas au pouvoir, continuent, en compagnie de nombreux bloggeurs, activistes, groupes sociaux divers, de participer aux mouvements de refus d’impeachment. Une lecture superficielle de la politique mettrait Marina Silva et son parti Rede dans les exceptions à ce phénomène, mais il faut bien se rendre compte que Marina Silva n’est pas de gauche. “Candidate écologiste”, elle est surtout favorable à un rapprochement avec les USA et se positionne farouchement en évangéliste sur le plan sociétal. Par contre, on trouvera avec un certain étonnement une figure très modérée, Ciro Gomes, parmi les opposants à l’Impeachment. [11] Je ne cache pas qu’une des motivations de l’existence de cet article est de tenter d’enjoindre les médias européens d’utiliser d’autres médias que ceux-ci pour informer leurs auditoires. Note du 11 avril 2016: le mouvement anti-Globo populaire au Brésil atteint actuellement des sommets qui m’impressionnent personnellement. Il a toujours été réel, mais il pourrait pour la première fois remettre en question la prédominance de cette famille médiatique brésilienne. [12] Pour se faire une idée des médias de gauche au Brésil, voir mon article remontant déjà à 2010 : http://thitho.allmansland.net/?p=1440 qui ne recouvre pas les publications récentes ni les blogs militants, dont certains sont de hautes qualités. [13] Je n’insisterai pas ici, quoiqu’il le faudrait, sur le racisme social latent au Brésil, où les classes les plus élevées ne supportent guère l’idée que les classes les plus pauvres puissent imaginer avoir des droits… Je ne dis même pas des droits égaux, mais simplement des droits à l’expression, à des services… [14] Note d’actualisation: entre-temps, Lula a été empêché de devenir ministre sur décision du Tribunal Suprême Fédéral. La situation n’est cependant pas tout à fait clarifiée à son sujet. [15] Note du 11 avril 2016 : les raisons politiques se sont multipliées: on accuse notamment Dilma Rousseff d’avoir manipulé des chiffres pour assurer sa réélection en 2014, mais aussi d’avoir opéré des changements sur le budget de l’État suite à l’aggravation de la crise. Aucune de ces raisons ne semble pourtant justifier, si elles étaient avérées, de procédure d’impeachment. C’est cependant sur celles-ci qu’une Commission du Congrès devait trancher ce 11 avril pour savoir si la procédure va de l’avant ou s’arrête. [16] Qui fut candidat malheureux contre Dilma aux élections présidentielles en 2014. [17] Si l’on en croit le décompte de la Police Militaire, curieusement très généreuse. [18] Les enquêtes ont révélé que les manifestants étaient en moyenne largement plus diplômés que la moyenne des Brésiliens. [19] Il faut aussi reconnaître que l’apparition de Aécio Neves et Geraldo Alckmin ne fut pas accueillie que par des applaudissements : certains manifestants lancèrent des « voleurs » et des « opportunistes » aux deux représentants du parti d’opposition. [20] Ce 11 avril, un vote important va avoir lieu pour déterminer si la procédure se poursuit en assemblée plénière du Congrès… ou non. Même si le vote est en faveur de l’impeachment, la procédure n’en est qu’à son début: elle rejoindra la plénière de l’Assemblée avant, le cas échéant, de se retrouver au sénat. Attentats terroristes : Le gouvernement devant ses choix Entre la solidarité contre le terrorisme et les pactes politico-commerciaux avec les puissances qui l’alimentent, le gouvernement va devoir choisir Les attentats terroristes survenus le 13 novembre placent la France – mais aussi la Belgique – face connue, mais néanmoins nouvelle dans la période fait du caractère indifférencié de ses cibles nombre de ses victimes assassinées ou blessées. 2015 à Paris à une menace récente, du et du grand VEGA s’incline devant ces victimes, parmi lesquelles on compte certainement des citoyens de confession musulmane – à Paris comme dans les autres pays où frappe Daech. La réponse des gouvernements européens ne passe pas, pour VEGA, par des gadgets technologiques du type des alertes par SMS qui ont permis cette semaine à M. JAMBON, ministre de l’Intérieur, de se faire mousser à peu de frais, tout en instillant l’idée qu’au nom de la sécurité, des milliers de personnes puissent être géolocalisées en temps réel par le gouvernement. Ce que les terroristes veulent, c’est notamment créer une fracture entre les citoyens de confession musulmane et les autres. Il faut réaffirmer les valeurs de démocratie et de laïcité et réserver la prévention, la lutte idéologique, voire la répression pénale aux zélateurs des lectures de l’islam ultra-minoritaires, qui prônent la haine et la violence au service d’un projet de société fasciste. Sur France 2, M. Marc TREVIDIC, l’ancien juge antiterroriste français, a souligné avec lucidité (et courage) que « les Américains aiment les fondamentalistes lorsqu’ils sont libéraux sur le plan économique et commercial ». L’aveuglement qu’ils feignent à l’égard d es monarchies du Golfe propagatrices du salafisme cache en effet très mal une forme intégriste du libre-échange. Sous le régime capitalo-productiviste, le profit financier de quelques-uns prime sur l’intérêt démocratique de la majorité, à l’échelle de notre planète comme à l’intérieur de nombreux Etats. C’est là le principal problème qui mine la démocratie et c’est notamment de sa persistance que les terroristes tirent leur capacité de nuisance croissante. Les alliances commerciales (mais aussi, inévitablement, politiques) nouées avec des puissances nourricières du terrorisme sont souvent scellées au nom de l’intérêt pétrolier supérieur : l’intérêt général écologique passe aussi après celui de quelques grands groupes industriels actifs dans le secteur de l’énergie, même si leur activité est la cause principale du basculement climatique en cours. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à pactiser avec les protecteurs et promoteurs du terrorisme. Du pétrole de contrebande acheminé en quantités importantes en Europe par des réseaux opaques provient de puits contrôlés par Daech, qui en tire une importante source de financement. Se fondant notamment sur le site Irak Oil report, Mme Jana Hybaskova, ambassadrice de l’UE en Irak, a tenté de sonner l’alerte à ce sujet en septembre 2014 . L es gouvernements européens et la Commission n’ont pourtant répondu que par des prises de positions relativisant ses déclarations et l’annonce d’une meilleure « coordination » entre eux en ce qui concerne leurs approvisionnements (1). Face au drame de ce vendredi noir, Monsieur REYNDERS, ministre des Affaires étrangères, se souvient-il de ses courbettes lors de missions commerciales récentes en Arabie saoudite – en décembre 2012 (2) et, avec Monsieur MARCOURT, ministre wallon du Commerce extérieur en mars 2014 (3) ? Et Monsieur MICHEL, Premier ministre, se souvient-il d’avoir couvert la participation du roi aux funérailles du roi ABDALLAH de ce pays en janvier 2015 (4) ? Pour VEGA, le terrorisme est effectivement un défi à la démocratie et aux valeurs humanistes, mais des incohérences politiques aussi graves et persistantes les fragilisent tragiquement aussi. (1) Mediapart, 24/9/2014, Du pétrole de l’Etat islamique acheté par des Européens ? Bruxelles sous pression (Ludovic LAMANT) (http://www.mediapart.fr/journal/international/260914/du-petrole-de-letat-islamique-achete-par-des-europeens-bruxelles-sous-pression) (2) Site de M. Reynders, 18/12/2012, Rencontres officielles et visites – Riyadh – Arabie Saoudite (http://www.didierreynders.be/2012/12/18/rencontres-officielles-et-visites-riyadh-arabie-saoudite/) (3) La libre, 16/3/2014, Reynders veut créer un réseau entre femmes d’entreprises d’Arabie et du Benelux (Belga) (http://www.lalibre.be/economie/actualite/reynders-veut-creer-un-reseau-entre-femmes-d-entreprises-d-arabie-etdu-benelux-5325d32b357058dcaadae770) (4) 7 sur 7, 29/1/2015, Entre « Je suis Charlie » et « Je suis Abdallah », il faut choisir (http://www.7sur7.be/7s7/fr/16662/Le-roi-abdique-Vive-le-roi/article/detail/2199205/2015/01/29/Entre-Je-suis-Charlie-et-Je-suis-Abdallah-il-fautchoisir.dhtml) « Bons » réfugiés « mauvais » migrants, distinction mensongère dangereuse… et la et Une opinion de Serge Noël Depuis plus d’un an, les sans-papiers, qui sont plus de 150.000 en Belgique, rassemblés dans différents collectifs et la Coordination des sans-papiers, multiplient les actions de protestation et de pression sur le gouvernement : marches sur Anvers et Wavre, manifestations bihebdomadaires rue de la Loi, et plus récemment manifestations des femmes sur le piétonnier de Bruxelles… Tout ceci en vain, sans le moindre début d’une ouverture ou d’un dialogue avec le gouvernement. Tout ceci dans l’indifférence des médias et de l’opinion, apparemment peu sensibles au drame vécu par ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à qui l’Etat belge a refusé sa protection, les privant des droits les plus élémentaires, le travail, le logement, l’éducation, les soins de santé, les menaçant d’expulsions forcées et d’incarcération dans les centres fermés. Les réduisant à l’état d’esclaves corvéables à merci dans d’importants secteurs économiques, comme l’HORECA, le nettoyage industriel et domestique, le bâtiment, la cueillette des fruits… Il y a quelques semaines, la publication d’une photo, celle d’Aylan, enfant syrien mort noyé au large des côtes méditerranéennes, et l’arrivée de nombreux réfugiés syriens en Belgique, ont déclenché une vague d’émotion et de sympathie dans l’opinion publique. Ainsi, alors que le ministre NVA de la migration entendait continuer à restreindre le dispositif d’accueil (il fermait encore des places d’accueil et parlait d’ « économiser » 20 millions d’euros dans son administration il y a six mois ; il prétend continuer à limiter le traitement des dossiers à 250 par jour), cet afflux a provoqué un engorgement des demandeurs d’asile devant l’Office des étrangers, et, en réponse, l’organisation spontanée d’un camp d’accueil devant l’Office, ainsi que la création d’un mouvement nouveau et puissant : la plate-forme citoyenne. Qu’est-ce qui avait changé ? Sur la question des réfugiés, un basculement de l’opinion : de larges secteurs ont été touchés par l’aspect dramatique et humain de l’exode syrien et irakien, des centaines de citoyens ont vu dans le parc Maximilien une occasion d’enfin exprimer concrètement leur soif d’engagement humanitaire et dans l’urgence. Et la situation belge justifie un tel sursaut: la Commission européenne vient en effet de pointer du doigt, parmi 18 autres pays, la Belgique, parce qu’elle ne respecte pas le droit d’asile. Mais les gouvernements et la droite n’en ont par démordu : il fallait faire la distinction entre ces réfugiés de guerre, les « bons » réfugiés, et les migrants « économiques », les mauvais migrants, qui assiègent selon eux l’Europe depuis des mois, voire des années. La Hongrie construit un mur de barbelés tout autour de ses frontières, arguant de la nécessité de se défendre, et de défendre l’Europe, contre une nouvelle « invasion musulmane », feignant d’ignorer que les réfugiés fuient précisément une guerre et un régime extrémiste islamiste ; elle fait voter des lois permettant à sa police et à son armée de tirer sur les réfugiés ; Bart de Wever nie, contre toute évidence, que ces réfugiés fuient un pays en guerre, et les accuse de vouloir « une vie meilleure » – la belle accusation ! Enfin, l’Allemagne, qui annonçait, pressée par ses patrons sur de bons vieux calculs économiques, son intention d’accueillir plus de réfugiés, décidait d’en loger dans l’ancien camp, de sinistre mémoire, de Dachau ! L’Europe, qui est pour beaucoup à l’origine des guerres et des drames humanitaires frappant le Moyen-Orient et le Sud, ne trouve d’autre réponse que dans son vieux réflexe d’externalisation de ses frontières, décidant ainsi ce 23 septembre, au dernier sommet, de consacrer un milliard d’euros à l’aide aux pays de « première ligne », la Turquie, la Jordanie, le Liban, qui déjà accueillent l’immense majorité des réfugiés des guerres en Syrie et en Irak. Face à la réalité massive de l’accueil des réfugiés du Sud par le Sud, l’Europe propose d’accueillir et de répartir sur l’ensemble de son territoire 120.000 personnes. Chiffre dérisoire, et déjà jugé trop important par les gouvernements de certains Etats, qui entendent se claquemurer dans leurs frontières tout en bénéficiant des fonds structurels européens. La vérité, c’est que les gouvernements européens sont traqués et tenaillés par les partis populistes et d’extrême-droite, qui leurs dictent leurs discours et leur politique. Et alors que les besoins réels de l’Europe en termes d’emploi, et démographiques, exigent une vraie ouverture, alors que les migrations rapportent en fait aux Etats plus qu’elles ne leur coûtent, selon diverses études de l’OCDE notamment, l’Europe, pour l’essentiel, veut maintenir à l’extérieur de ses frontières les réfugiés qui s’y pressent. Prolongeant de la sorte une politique qui, au Maroc par exemple, justifie depuis des années des mesures de protection policière, de racisme institutionnel, de répression des migrants présents. Les leaders de la droite le savent : les termes des relations entre le Nord et le Sud sont basés sur l’exploitation et la domination ; ce sont eux qui provoquent et entretiennent les motivations profondes des flux migratoires. Ils savent que ces flux, loin de se tarir, vont s’amplifier dans les années à venir. En effet, la « crise » migratoire vécue aujourd’hui n’est que la continuation des situations vécues ces dernières années, et qui ont culminé cet été avec la noyade de centaines de réfugiés en mer Méditerranée, ce qui nous a valu les « minutes de silence » hypocrites servies par les dirigeants européens. Ce n’est aussi que le prélude d’afflux encore plus importants, notamment provoqués par les dérèglements climatiques largement causés par le mode de production et de consommation imposé par le Nord. Comment y répondre ? En fermant toujours plus les frontières, allant jusqu’à remettre en cause des textes fondateurs tels que la Convention de Genève, comme l’a fait récemment le président de la NVA, talonné dans les sondages par le Vlams Belang. Une telle politique de fermeture et ultra-sécuritaire s’inscrit dans la logique néolibérale d’austérité et de contrôle des sociétés. Les réfugiés, qui aujourd’hui en sont victimes, le sont au même titre que les sans-papiers, les chômeurs, les pensionnés, toutes les personnes affaiblies par les politiques menées depuis des années par les droites et les tenants d’une socialdémocratie pervertie. Il convient aujourd’hui, pour la gauche, de mettre en lumière ces logiques sécuritaires et austéritaires : ce sont elles qui fragilisent des pans entiers de la société, qui rejettent les réfugiés dans les affres de l’attente, qui précipitent depuis des années ces anciens réfugiés que sont les sans-papiers dans les abîmes de la clandestinité… Réfugiés, sans-papiers, sont victimes de la même politique de rejet des plus faibles, de restrictions tous azimuts des moyens de l’Etat, de construction d’une peur et d’une haine de l’autre, de l’étranger. La volonté des associations solidaires des migrants, réfugiés ou sans-papiers, est aujourd’hui de mettre en évidence l’aspect mensonger et dangereux de cette distinction entre bons et mauvais réfugiés, et d’interpeller les nombreux citoyens qui ont apporté leur solidarité aux réfugiés, pour qu’ils étendent cette solidarité aux sans-papiers, victimes de la même politique de fermeture et d’austérité. Nous devons participer à cet effort, et contribuer à la convergence des luttes, réfugiés, sans-papiers, chômeurs, travailleurs, comme la manifestation du 7 octobre prochain le montrera, où travailleurs avec et sans papiers se retrouveront dans le même cortège. Prochains rendez-vous : -le 27 septembre, à la marche citoyenne de solidarité avec les réfugiés, 14h, Gard du Nord, rendez-vous au pied des marches à l’entrée de la gare ; -le 7 octobre, à la manif syndicale, avec les sans-papiers; -le 10 octobre, au premier anniversaire de « Voix des sanspapiers », à partir de 13h, à Toestand, 53 avenue du Port (en face de Tours et Taxis) ; -le 23 octobre, à la fête du 10 è m e anniversaire de « SOS Migrants », à partir de 19h à l’Espace Magh, 17 rue du Poinçon à 1000 Bruxelles ; -le 25 octobre, à la manifestation de la Coordination des sans-papiers. Monsieur Francken, la réalité est de notre côté ! Une opinion de Serge Noël-SOS Migrants D’après les chiffres fournis par Théo Francken, les demandes d’asile explosent depuis janvier. Francken invoque la situation internationale pour l’expliquer, avec près de la moitié des demandes (43%) issues de pays en guerre (Syrie, Irak, Afghanistan, Somalie). Ceci après deux ans d’une politique anti-asile forcenée. On nous rabâche les oreilles avec le fameux « appel d’air » à la moindre évocation d’une politique plus humaine. Nous disons que ce sont les conditions de (sur)vie dans les pays d’origine qui expliquent les tentations migratoires, et rien d’autre. Francken est bien forcé de ne pas dire autre chose. Annonçant aussi que les économies de plus de 20 millions d’euros prévues par le Secrétariat à l’asile et la migration il y a quelques mois ne seront pas possibles! Dans l’univers de Francken, fait de peur, de haine, d’égoïsme, les migrants sont des criminels venus en Belgique pour piller les comptes en banque et prendre les boulots. La seule réaction à leur opposer est de vider le pays de ses migrants, de dégoûter les autres d’y venir. Ces 20 millions d’économie, qui inquiétaient au premier chef les travailleurs de FEDASIL, signifiaient moins de moyens humains et matériels pour écouter, entendre, garantir ce qui reste de droits élémentaires et de procédure équitable aux futurs demandeurs d’asile. Or, après deux années de déclarations hostiles, de chasse aux migrants, de criminalisation de gens venus chercher la sécurité et la paix, de durcissement des conditions d’accès au territoire, l’échec de cette politique est cinglant. Et le ministre, à la fois champion du néolibéralisme et du flamingantisme d’extrême-droite, doit renoncer à « économiser » ces 20 millions sur le dos de l’Etat fédéral et des réfugiés. Les hommes et les femmes qui, depuis des mois, manifestent deux fois par semaine, marchent sur Anvers et Wavre, organisent de grandes démonstrations avec les syndicats, le 6 novembre passé comme le 7 octobre prochain, aux côtés des dizaines de milliers d’autres travailleurs; ou avec leurs seuls moyens, comme le 3 mai passé, appartiennent à cette réalité qui met en échec le ministre et toute son armée de fonctionnaires glacés, de flics et de médias aux ordres. Ces hommes et ces femmes qui sont considérés comme des moins que rien, qui vivent dans des conditions de précarité extrême, logeant dans des gourbis, se nourrissant au petit bonheur, se battent contre des adversaires puissants, qui détiennent le pouvoir politique, policier, médiatique, et défendent les intérêts de gens qui monopolisent les richesses. Ils et elles luttent pourtant, criant leur dégoût de l’injustice et leur foi en eux-mêmes. Depuis des mois de mobilisation, de proposition de dialogue… rien n’a été obtenu. Pourtant ils continuent. D’abord parce qu’ils n’ont pas le choix : c’est la lutte ou le désespoir, et parfois le suicide. Mais surtout, parce qu’ils sont dans le camp de la réalité. Réalité des chiffres : après deux ans de dissuasion et de répression, les chiffres des demandes d’asile démontrent que les vraies motivations des migrants c’est de fuir la guerre, la misère, et non d’être «attirés » par un pays aussi « sexy » que la Belgique made in NVA et MR ! Que le principal représentant de cette politique soit amené à le reconnaître, et à renoncer à ses projets criminels d’affaiblissement des moyens d’accueil, est en soi une victoire pour nous. Une raison majeure de continuer à se battre. Même si les conditions de la lutte doivent nous amener, tous, sans-papiers organisés dans les collectifs et la Coordination, soutiens rassemblés avec eux dans le Front d’actions et la plateforme de concertation, à réévaluer notre action, pour ne pas permettre le découragement. Pour cela, il importe de renforcer parmi nous la conscience que nous sommes du côté de la réalité, du bon sens, en même temps que du bon droit, comme le montrent aussi de nombreuses études sur l’apport y compris économique des migrants. Non, les migrants ne sont pas un fardeau ! Oui, la migration est une chance économique, humaine, culturelle ! Une réflexion s’amorce dans les rangs des migrants et de leurs amis. Après plusieurs mois de mobilisation, qui ont permis le mûrissement des organisations de migrants et de leurs amis, il faut aujourd’hui définir de nouveaux horizons de combat, surmontant les impasses où l’obstination aveugle du pouvoir veut nous enfermer, de manière à remporter des succès accessibles par nous-mêmes et ne dépendant que de nous-mêmes. Et nous permettant d’envisager la lutte à moyen terme : départ de ce gouvernement, aux côtés des millions de travailleurs qui lui sont opposés ; et à court terme : former les militants, à tous les niveaux, aller à la rencontre de l’opinion publique et de ces milliers de sans-papiers qui rasent les murs, et ainsi élargir chaque jour un peu plus la base d’un rapport de forces transformé… Consolider nos liens avec les travailleurs, non comme un « soutien » aux sans-papiers, mais comme une solidarité mutuelle contre un adversaire commun, porter notre discours réaliste et humaniste vers les citoyens, qui ne nous connaissent pas assez, qui sont gavés des mensonges du pouvoir. Il nous faut apprendre à mieux connaître les réalités d’une société travaillée par la question centrale de la migration, apprendre à parler à tous ces gens, jeunes, travailleurs, habitants des quartiers, sans-papiers « invisibles », avec nos arguments, nos valeurs, et les simples faits… La situation des forces écosocialistes en Espagne Une analyse de Pedro González de Molina Soler Pour comprendre la situation de l’écosocialisme dans la politique espagnole, il est nécessaire de faire quelques considérations préalables. En Espagne, l’écologisme se divise en trois facettes : l’écologisme comme mouvement social, l’écologisme comme parti politique strictement écologiste et les forces politiques écosocialistes. L’écologisme comme mouvement social a beaucoup de poids en Espagne non à cause de son nombre d’activistes (qui reste peu important) sinon pour la capacité d’influence qu’il exerce sur la société. Il a été la figure de proue dans la lutte contre le nucléaire comme contre l’activité spéculative centrée sur le secteur de l’immobilier (par exemple dans l’affaire de l’hôtel à El Algarrobico, menacé de destruction), celle contre les activités spéculatives centrées sur les ressources naturelles et leur gestion (ex : la lutte contre la privatisation du Canal Isabel II à Madrid, qui approvisionne la capitale en eau) ou la lutte contre les activités polluantes en général (comme les manifestations de la « bicicritica » ou la lutte contre le projet de mine à ciel ouvert en Galice). Ces luttes diverses ont permis de donner une voix au mouvement écologiste dans les médias, ainsi qu’une capacité de mobilisation et de légitimité au sein de la population. Depuis les années de crise, l’évidence du réchauffement climatique et les diverses actions des mouvements sociaux, une conscience s’est formée progressivement parmi les citoyens concernant la nécessité d’appliquer en Espagne une politique écologique, surtout en matière énergétique ou sur des questions comme le recyclage même si il reste beaucoup de chemin à parcourir. En Espagne, opèrent d’autres mouvements importants comme « Ecologistas en Acción », « Greenpeace », « La Plateforme pour un nouveau modèle énergétique » ceux initiés par quelques membres d’ATTAC, etc ; ils ont développés quelques villages de transition et des groupes de consommation, des potagers urbains et des groupes politiques décroissants revêtant une certaine importance depuis quelques années. Il faut aussi noter la présence en Espagne de chercheurs de renom national et international comme Jorge Reichman, Manuel González de Molina, José Manuel Naredo ou Martínez Alier. L’écologisme comme parti strictement écologiste est passé par de nombreux avatars étant donné son implantation assez inégale au sein du pays, où il a eu peu de succès dans une époque de consumérisme démesuré et de présence d’une bulle immobilière. Le mouvement a dû faire face à un problème de fragmentation très fort après les premières tentatives, ou à des unions difficiles avec d’autres forces qui aboutirent à des ruptures plus au moins traumatisantes (comme avec le PSOE ou IU notamment en Andalousie où ils formèrent un gouvernement qui conserva son nom après la première scission). Le dernier essai de formation d’un parti écologiste pur fut en 2011 quand fut créé EQUO, avec l’appui des verts allemands, qui ne sont pas arrivés à décrocher d’élu(e)s. Les raisons de cet échec sont multiples : le fait que des partis verts ne fusionnèrent pas avec lui, parce qu’il n’a pas réussi à créer un espace dans le pays car « la question sociale » (inégalité, chômage et pauvreté) a empêché la possibilité qu’un parti politique seulement vert arrive à occuper un espace suffisant pour devenir influent. C’est pour cela qu’EQUO fit alliance avec COMPROMÍS (une force nationaliste de gauche avec une composante écosocialiste en son sein). À cela il faut ajouter le fait qu’en Espagne l’écologisme est un phénomène transversal du point de vue programmatique : presque toutes les forces politiques (excepté certaines de droite) reprennent l’écologisme ou des politiques plus ou moins vertes dans leurs programmes (du capitalisme vert jusqu’à la décroissance), ce qui affaiblit la possibilité d’existence d’un parti strictement vert. L’écosocialisme a eu plus de chance. Beaucoup de forces politiques se revendiquant de cette idéologie ont réussi à se consolider en Espagne, en tuant le cliché que l’écologisme n’avait de futur que dans les régions industrielles (le Pays Basque ou la Catalogne surtout), puisqu’il a réussi à s’étendre dans des régions où règne une tradition de lutte paysanne (comme l’Andalousie, Murcie ou la Galice) et où il n’y a presque pas d’industries. L’alliance entre l’écologisme et le socialisme paraît avoir un futur en Espagne grâce à son engagement concernant la résolution de « la question sociale » ou de la transformation du monde en un lieu soutenable. Les forces écologistes et écosocialistes en Espagne et leur situation actuelle EQUO fait partie du parti vert européen, est soutenu par les verts allemands et maintient son alliance avec COMPROMÍS, ce qui lui permettra d’avoir un eurodéputé lors de la seconde moitié de la législature du Parlement Européen (Florent Marcellesi). Il a à peu près 1858 militants, avec une certaine force à Madrid et une implantation inégale en Espagne (sans affiliés en Catalogne à cause d’un accord avec ICV). Actuellement, ils travaillent dans les « GANEMOS » (plateformes citoyennes qui ont comme projet de se présenter aux élections locales avec des partis politiques et mouvements sociaux), même si il est possible qu’ils n’aient pas d’espace politique pour gagner des élu(e)s depuis l’apparition de PODEMOS. Iniciativa Per Cataluña les Verts (ICV), est un parti politique écosocialiste implanté en Catalogne qui est fédéraliste et catalaniste. Il est allié à Izquierda Unida (EUIA en Catalogne) issu du vieux PSUC (Parti Socialiste Unifié de Catalogne, parti frère du PCE), et qui, après une débâcle électorale devint écosocialiste. C’est un parti politique qui dispose d’une large représentation institutionnelle, tant au Parlement espagnol qu’au Parlement Européen, au Parlement catalan, dans les mairies et les conseils provinciaux. Il fait partie du Parti Vert Européen et a des très bonnes relations avec SYRIZA et la GUE. Cependant, il se trouve aujourd’hui dans une situation critique étant donné qu’il s’est vu piégé par la situation créée par le mouvement indépendantiste en Catalogne. Cette situation a relégué la « question sociale » au second plan au profit de la « question nationale ». Sur cette question, ICV a joué un jeu d’équilibriste entre ses postures fédéralistes et la défense du « droit à décider » (qui a été utilisé habilement par les indépendantistes pour faire passer l’idée de l’indépendance). Ceci aura comme conséquence une perte d’influence au niveau électoral, si les enquêtes d’opinion ne se trompent pas et surtout depuis l’apparition de PODEMOS (une force politique qui se dit fédérale). Ils disposent de plus ou moins 8000 militant(e)s, participent au Réseau Écosocialiste Européen et au « GUAYEM » à Barcelone, une plateforme à laquelle appartient Ada Colau, une activiste contre les expulsions locatives. Espazo Ecosocialista est un parti implanté en Galice, il est écosocialiste, féministe, galicien et radicalement démocrate. Il provient d’une scission du PSOE gallois qui constitua le parti avec d’autres forces politiques. Il participe actuellement à la Coalition Alternativa Galega de Esquerdas (AGE), formation comptant 9 députés dans le Parlement galicien et une eurodéputée d’ANOVA (un parti nationaliste de gauche qui participe à la coalition). Espazo est en train de travailler avec les forces politiques constituant l’AGE dans les « GAÑEMOS » (Ganemos en galicien) et dans les « MAREES » (une autre plateforme citoyenne). Il a plus ou moins 300 militant(e)s. Les Ecosocialistes de la Région de Murcie, qui fait partie de la coalition de la Gauche Unie (IU), participe au Réseau Écosocialiste Européen et a quelques conseillers municipaux dans la région. Ils participent au « GANEMOS MURCIA » qui a pour ambition de détruire le poids du PP dans la région avec l’aide d’autres forces de gauche. Ils comptent au sein de leurs membres José Coy, un des fondateurs de la Plateforme des Affectés par l’Hypothèque (PAH), des Marches de la Dignité et du Front Civique de Julio Anguita. Il est également membre du Conseil Fédéral d’ Izquierda Unida et est en train d’initier un projet de récupération de terres pour les chômeurs. Initiativa por Andalucía, parti politique fondé récemment, fédéré avec Izquierda Abierta (qui fait partie d’IU), fédéral, féministe, écosocialiste, andalou, etc… se constitua il y a quelques années à partir de l’alliance de gauche Izquierda Abierta Andalucia et Primavera Andaluza » quelques membres de l’ancienne « Il existe plusieurs petits partis écosocialistes participant à des coalitions ou indépendants, qui se déclarent en grande partie autonomistes ou nationalistes (de la Communauté Autonome à laquelle ils appartiennent) comme « Alternativa Sí se Puede » (Tenerife), Iniciativa del Poble Valenciá (qui participe à la coalition Compromís), Construyendo la Izquierda-Alternativa Socialista (CLI-AS),etc. Il y a aussi d’autres petits partis verts moins importants comme « Gira los Verdes-Madrid », Confederación de los Verdes, Los Verdes de Valencia, etc… avec plus ou moins de force qui sont pour la plupart alliés avec IU. La majorité de ces partis participent à Espacio Plural, une plateforme à laquelle appartiennent aussi des formations politiques qui ne sont pas nécessairement écologistes comme la Chunta Aragonesista, el Partido Andalucista ou Nueva Canarias. Espacio Plural est une initiative d’ICV pour construire un front de gauche fédéraliste et écologiste face à la crise mais ne prétend pas être un projet politique mais un espace de rencontre. La Gauche Unie (IU), coalition de partis de gauche appartient à la GUE et participe au Réseau Écosocialiste Européen. IU a une petite section d’écosocialistes en son sein, sans compter les Ecosocialistes de la Région de Murcia, et quelques groupes programmatiques et de débat en Andalousie et dans d’autres Communautés Autonomes. Cependant le poids important du PCE au sein de la coalition fait que la défense du productivisme y reste prédominante même si leur programme contient quelques éléments écosocialistes. militants. Ils ont plus au moins 30000 PODEMOS, nouvelle formation politique, qui appartient aussi à la GUE et au Réseau Écosocialiste Européen, dit défendre un programme « vert » même si la première version de leur programme économique fut élaborée par deux spécialistes considérés keynésiens : Juan Torres, économiste d’ATTAC et Vincence Navarro, professeur de Politiques Publiques. Izquierda Anticapitalista (IA) participe à PODEMOS qui même si elle compte en son sein plusieurs intellectuels écosocialistes comme Jorge Reichman ou Esther Vivas, entre autres, ne peut avoir une influence réelle à cause du poids du secteur dirigé par Pablo Iglesias. Podemos a plus au moins 318000 inscrits sur sa page web (ils ne payent pas de cotisation et ne sont pas nécessairement actifs et ne se donc pas des militants au sens propre du terme) tandis que IA peut compter sur quelques 800 militants. La survie, disparition ou ascension de ces partis dépendra des résultats des différents scrutins de cette année 2015. Élections au Royaume-Uni: l’arbre des élus cache la forêt des électeurs Une analyse de Thierry Bingen La plupart des commentateurs ont paresseusement qualifié le résultat des dernières élections britanniques de triomphe conservateur et de lourde défaite travailliste. Ce n’est vrai que lorsqu’on traduit la volonté populaire en sièges à la Chambre des Communes. Cependant, en termes démocratiques, le système électoral britannique (uninominal à un tour) est le pire qui soit, à part l’états-unien (qui, lui, a atteint l’objectif final, c’est à dire empêcher qu’il n’y ait pratiquement jamais plus que deux partis ou candidats en lice); ce système crée une distorsion énorme entre l’expression de la volonté des électeurs et leur représentation. Intéressons-nous donc au vote populaire, le seul qui vaille la peine pour les petites formations; d’abord une vue globale: En termes absolus, mais surtout en termes d’évolution, on voit que, hormis les falots Lib Dems qui se sont pris une casquette après leur lamentable collaboration au gouvernement Cameron, les mouvements de voix sont fort différents des rodomontades des Conservateurs. La « victoire » à droite va clairement à la droite la plus rétrograde (UKIP). Les conservateurs ne progressent que de 0,8%, MOINS BIEN que les travaillistes (+1,4). Les verts, qui font mieux avec +2,8%, ne sont devancés que par les nationalistes écossais (+3,1%). Ceux-ci ont clairement profité de l’attitude déplorable des travaillistes lors du référendum d’indépendance mais de nouveau durant cette campagne-ci (notamment à propos du caractère inaliénable de la base de missiles balistiques du programme Triton, comme si les chômeurs de Leeds ou Sheffield en avaient à cirer de la puissance nucléaire militaire de la Grande-Bretagne); les travaillistes ont perdu de nombreuses voix et la quasitotalité de leurs sièges en Écosse (ce qui explique leur -48 en sièges); ils mettront du temps avant de pouvoir refaire surface à Glasgow et Edimbourg, probablement pas avant l’indépendance de l’Écosse (qui, sauf deus ex machina, est inéluctable; juste une question de temps…) On voit aussi que la débâcle travailliste en Écosse masque leurs petits progrès en Angleterre. Est-ce que l’autre fils Milliband aura plus de sens politique? Voyons les détails, classés par vote populaire décroissant: On voit clairement la montée inquiétante des proto-fascistes UKIP. On voit aussi que les Greens (dont pas mal de membres se sentiraient bien chez VEGA…) sont le sixième (et dernier…) parti à récolter des voix qui se comptent en million(s). Après, on tombe dans le folklore… Si l’on regarde les mouvements massifs de voix, on n’en voit donc que depuis les Lib Dems et vers l’UKIP; il est cependant peu vraisemblable que ce transfert soit direct, notamment vu leurs divergences irréconciliables quant à l’Europe. Une analyse plus fine permettra sans doute de mieux mesurer ces transferts via les conservateurs et les travaillistes. Un glissement, puisqu’il n’y a pas d’accroissement significatif des voix pour les conservateurs, du centre-droit Lib Dem vers la droite conservatrice puis de celle-ci vers la droite xénophobe est « normal ». Un glissement semblable du centredroit vers le centre travailliste compensé par un transfert de ce centre vers l’UKIP est vraisemblable et inquiétant; c’est une situation semblable à la désertion des électeurs ouvriers et chômeurs depuis le PS et le PCF vers le FN en France. Pour être complet, il faut ajouter que, vu ce système électoral inique, nombre d’électeurs se sentent obligés de voter « utile » dès le premier et seul tour: espérant bloquer les conservateurs, ils votent Labour, alors qu’ils voudraient vraiment voter Green. Il faut être courageux pour se rendre au bureau de vote en étant absolument certain que son bulletin terminera sa carrière dans les poubelles de l’Histoire. f Déclaration d’Alexis Tsipras suite aux événements tragiques survenus hier en Méditerranée La dernière tragédie humanitaire qui compte des centaines de victimes au large des côtes de Lampedusa nous remplit de tristesse et d’inquiétude. Aucun de nous ne peut rester impassible lorsque des centaines d’âmes se perdent dans la Méditerranée, dans leurs efforts pour échapper à la guerre et à la pauvreté. L’Europe ne peut invoquer la valeur suprême de la vie humaine si elle ne se mobilise pas pour arrêter la tragédie en cours. La Méditerranée doit cesser d’être une mer cimetière et les pays européens du sud de la Méditerranée doivent cesser d’être des zones de stockage des âmes humaines. La Méditerranée a été et doit redevenir le berceau de la civilisation, de la communication, du commerce et de l’humanité. Je lance un appel pressant aux gouvernements des Etats membres de l’UE pour la formulation immédiate d’un plan cohérent pour faire face à la crise humanitaire à laquelle nous sommes confrontés. Un plan en trois volets doit être mis en place qui comprendrait: a) La mise à niveau des mécanismes de gestion de la migration et de recherche et de sauvetage en Méditerranée, b) Le soutien des pays méditerranéens européens qui reçoivent un plus grand nombre de migrants et de réfugiés que leur capacité permet, avec une juste répartition de l’aide pour les charges financières et d’accueil, c) Le développement d’initiatives diplomatiques de résolution pacifique des conflits en Syrie, en Irak et également en Libye afin de lutter efficacement contre le djihadisme. J’ai eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre italien, M. Renzi, afin d’exprimer mes condoléances pour les victimes de ce tragique incident et mon soutien à sa proposition de convocation immédiate d’une réunion extraordinaire du Conseil européen sur la gestion de la question des migrations en Méditerranée. En outre, je lui ai rappelé la proposition que j’avais présenté concernant l’organisation d’une Conférence des dirigeants des pays méditerranéens de l’UE qui permettrait aux pays les plus directement touchés par ce phénomène de mieux se coordonner et de porter cette question importante à l’avantgarde de la politique européenne. Il n’y a pas de temps à perdre. Plus on attend, plus il y aura de morts. Allocution d’Alexis Tsipras suite à la dernière réunion de l’Eurogroupe La Grèce a obtenu hier dans le cadre de ses négociations un succès considérable en Europe. Au cours d’une négociation dure et difficile, – et peut-être première véritable négociation – nous avons fixé des objectifs, nous avons tenu un discours cohérent, nous avons fait preuve de détermination mais aussi de flexibilité, pour atteindre enfin notre objectif principal. Je souhaite tout d’abord remercier de tout mon cœur chacun d’entre vous, grecques et grecs, pour votre grand soutien au gouvernement. Ce [soutien] était l’aide la plus décisive, la plus puissante arme de négociation. Avec cet appui inégalable, nous avons remporté hier une bataille, mais pas la guerre. Les difficultés, les vraies difficultés, et non seulement celles qui s’attachent à la négociation et aux relations avec nos partenaires, se trouvent devant nous. Il y a une vingtaine de jours, nous avons reçu un pays au bord du gouffre, avec des caisses vides et une pénurie de liquidités. Avec en outre, le piège d’un calendrier serré tendu par certains milieux, qui planifiaient une parenthèse anti-mémorandaire en méprisant l’impact de leurs plans sur l’économie réelle déjà en difficulté, et sur notre pays exsangue par les mémorandums. Hier, nous avons annulé leurs plans. Nous avons évité l’asphyxie économique de la Grèce planifiée pour le 28 Février par les forces conservatrices et myopes de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Nous avons maintenu la Grèce débout et digne. Et nous avons prouvé que l’Europe constitue un lieu de négociations et de compromis réciproques possibles et non pas un espace d’écrasement, de soumission et de répression aveugle. Et dans ce sens, peut-être la journée d’ hier est plus importante pour l’Europe que pour la Grèce elle-même. La déclaration commune de l’Eurogroupe d’hier, est essentiellement un accord-cadre qui crée un pont entre la période mémorandaire et notre propre plan de croissance. C’est un accord qui annule en fait les engagements du gouvernement précédent concernant la baisse des salaires et des pensions, les licenciements dans le public, l’augmentation de la TVA sur les produits alimentaires, les produits pharmaceutiques et les infrastructures touristiques. Il annule dans la pratique l’austérité et les mécanismes de son application, tels que les excédents primaires irréalistes et déflationnistes. Il crée le cadre institutionnel pour la mise en œuvre des réformes progressistes nécessaires concernant la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, la réforme de l’État, mais aussi la fin de la crise humanitaire, qui est notre devoir primordial. Grecques et Grecs, En si peu de temps, nous avons réalisé beaucoup de choses. Mais nous avons encore un chemin long et difficile à parcourir. Le peuple grec le sait. Il a, par ailleurs, un gouvernement qui lui dira toujours la vérité. Parce que notre seule force est son soutien et sa confiance. Hier donc, nous avons franchi une étape décisive, laissant derrière nous l’austérité, les mémorandums et la troïka. Une étape décisive pour changer l’orientation de l’euro zone. La négociation, cependant, ne s’est pas terminée hier. La négociation entre maintenant dans une nouvelle phase, plus essentielle, qui va durer jusqu’à l’accord définitif de passage de la politique désastreuse des mémorandums à celle de la politique de la croissance, de l’emploi et la cohésion sociale. Dans cette bataille longue et difficile, dans cette négociation cruciale qui va durer jusqu’au mois de Juin, le gouvernement grec ira de l’avant toujours plus déterminé, ayant comme objectif la restauration de la souveraineté nationale et populaire. Et avec le peuple grec allié et soutien unique mais aussi juge exigeant et strict. Avec le peuple protagoniste dans le grand effort pour le changement politique et le salut social. Notre lutte commune continue. Source: syriza-fr.org Low cost: la fin des haricots , la fin d’un monde ? par Marie-Claire Hames d Casser les prix à n’importe quel prix ! d Le pouvoir d’achat: sempiternelle incantation entendue autour de nous. Maintenir à tout prix une consommation exponentielle de biens jetables, consommables, polluants. Continuer, avec obstination, un schéma obsolète et dépassé, tel est le credo entretenu par un système capitaliste classique. La crise bancaire de 2008-2009 n’a fait que dualiser davantage la société: beaucoup plus de pauvres, de moins en moins de classe moyenne au profit de la haute finance et de ses bénéficiaires. Une précarité que l’on pensait reléguée aux oubliettes a modifié les modes de consommation, encouragés par des entrepreneurs à la recherche de nouveaux créneaux porteurs et rentables, en se tournant vers les produits dits low-cost. Ces produits sont partout, de la maison aux voyages en passant par l’alimentation, encore. l’habillement et bien d’autres domaines De nouveaux types de commerces sont sortis de la boîte de pandore: casser les prix à n’importe quel prix. Le véritable prix à payer est une baisse de qualité, de sécurité, de protection sociale des travailleurs et une pollution accrue des écosystèmes. Un prix bas à la consommation implique toujours une pression maximale sur le système de production, de distribution et d’utilisation. d Quelques exemples d Les trajets en avion : les compagnies ‘low-cost’ exercent une pression très forte sur tous les maillons de la chaîne ce qui se traduit par un stress du personnel et peut être aussi un manque de sécurité. Et finit par des grèves… L’habillement : un jean pour 10 euros, une robe ou un pull pour 20 euros : à prix constant jamais les vêtements n’ont été aussi bon marché mais à quel prix humain ! Des ouvriers et ouvrières morts dans des usines totalement insalubres et insécurisées comme au Bengladesh pour ne citer que cet exemple. L’alimentation: les discounters alimentaires sont de plus en plus nombreux, en sites propres ou dans les grandes surfaces classiques en alignant des produits d’entrée de gamme. Souvenez-vous de la viande de cheval dans des lasagnes, de viandes avariées ou réemballées, le lait produit dans des usines à vaches, les poulets en élevages intensifs, les tomates hors sol, les fraises chimiques et bien d’autres horreurs. Ce type de consommation est préjudiciable pour tous, sauf pour les entrepreneurs qui s’enrichissent sur le dos travailleurs, tant à la production qu’à la consommation. des d Nous avons le pouvoir de changer et de réinventer s Bien triste constat, mais la situation n’est pas irréversible. Nous pouvons changer l’ordre des choses par le super pouvoir que nous avons de ne plus accepter de consommer ces produits et surtout la volonté de combattre ces systèmes iniques qui ne font qu’entraîner un appauvrissement de tous, une tragique précarité et un recul social. Vous penserez certainement que le changement s’avèrera complexe et ardu. Oui chaque changement demande une modification en profondeur de nos modes de vie voire de survie. Mais le jeu en vaut la chandelle. Réinventons nos modes de vie par une simplification de nos achats, de notre style de vie en agissant de manière positive et responsable. Tournons-nous vers un avenir plus juste, plus simple, plus humain pour tous et sur la planète entière. A voir : http://www.aftenposten.no/webtv/serier-og-programmer/sweatshopenglish/SWEATSHOP-ep-5—What-kind-of-life-is-this-7800875.html?paging=§ion=webtv_serierogprogrammer_sweatshop_sweatshopenglish Coup de gueule : le calvaire des personnes internées Par Dan Lelarge d d La Belgique a déjà été condamnée 14 fois par la cour européenne des droits de l’homme pour le traitement des internés. d Quelques points qu’il faut inhumaines de l’internement savoir sur les conditions d – Un internement fait toujours suite à un Jugement suite à la non-responsabilité des actes de l’auteur. – Un internement n’a JAMAIS de limite dans le temps, contrairement à une détention « classique », la personne internée ne saura jamais la durée qu’il passera entre les murs de ces prisons, puisqu’il dépendra toujours des décisions des commissions de défense sociale travaillant sur base des dossiers du centre concerné, et cela sans possibilité pour la famille d’avoir accès à ce dit-dossier. – Un interné est privé de ses droits civils et politiques et ne peux percevoir aucune indemnité (ni pension, ni allocation d’ handicap, ni indemnité de maladie, ni chômage). Certains « chanceux » se voient attribuer une aide mensuelle d’un CPAS d’une moyenne de 50€ pour cantiner un paquet de tabac, un savon, et peut-être une canette de soda. – Le manque d’effectivité du système de plainte en centre fermé prive les détenus de la possibilité de se plaindre de leurs conditions de détention. d Ceux qui dérangent d Ils sont des centaines qui « dérangent » notre belle société par des faits et comportements relevant de la psychiatrie. Aussi préfère-t-on les laisser croupir des années dans ces véritables asiles dignes du 19e siècle que sont les établissements de défense sociale. Le mal-être de ces personnes fragilisées est immense, ils sont les oubliés de notre belle société, les pestiférés, les moins que rien. La grande majorité n’ont commis aucun crime, parmi ceux-ci se trouvent aussi des personnes qui sont enfermées pour les protéger d’elles-mêmes (tentatives de suicide à répétition, …) A tire d’exemple : au Centre de Paifve, pour +/- 220 internés, il n’y a qu’une psychiatre à temps plein et un autre à mitemps. Un seul psychologue. Une infirmerie fermée à 16 h. Mais il y a là-bas plus de gardiens de prison que de personnes enfermées ! Une nuit de janvier 2012 un jeune autiste d’à peine 18 ans y est mort de froid dans un cachot non-chauffé, où il se trouvait nu et sans couverture. Ses parents ont porté plainte, et l’enquête « interne » n’a rien trouvé d’anormal. Maintenant ils attendent toujours la suite donnée à leur plainte. En septembre 2014 une personne s’est pendue dans sa cellule après l’heure de fermeture de l’infirmerie, et les gardiens n’ont rien pu faire pour le sauver, n’ayant pas une formation médicale. Un membre du personnel confiait au journal La Meuse ;« L’ensemble du personnel tourne en système de pauses. Tout le monde, sauf les infirmières qui travaillent de 8h à 16h. Après 16h, il n’y a plus de personnel médical sur place, ni infirmière, ni médecin. d Une vie en marge de tout d Qu’est-ce que cette vie qu’ils mènent aujourd’hui ? Ont-ils seulement une espérance de sortir un jour ? Notre « bonne » Société voudra-t-elle tenter de les réinsérer ? Certains ne connaissent ni l’usage d’un GSM, ni même l’Euro. Ils ne savent pas utiliser un ordinateur ni un distributeur de billets de banque. Ne savent ni cuisiner, ni lessiver du linge. Ils n’ont même plus l’odeur d’une fleur ou du foin coupé en mémoire. La promiscuité des lieux, aucune aide dans la réhabilitation des internés font qu’il s’agit d’une chaîne sans fin. Et lorsque des êtres innocents sont pris dans cette spirale, et subissent humiliations, injures et quelquefois sévices, comment voudriez-vous qu’ils ne se révoltent pas parfois ? Avec comme seule perspective de commettre des « conneries » entre ces murs pisseux d’institutions parfois (souvent !) délabrées, en tentant de mettre fin à leurs jours, et certains allant même jusqu’à demander une euthanasie. Clip de campagne de Syriza La Grèce à l’aube tournant historique d’un Alexis Tsipras explique ici que la victoire de son parti Syriza aux élections du 25 janvier amorcerait un grand changement en Grèce, mais également dans le reste de l’Europe. d d La Grèce est à un tournant de son histoire. Plus qu’un simple espoir pour les Grecs et leur pays, Syriza symbolise aussi la volonté de changement de cap de l’Europe entière. Parce que celle-ci ne sortira de la crise qu’au prix d’une autre politique. Parce que la victoire de Syriza aux élections du 25 janvier contribuera à alimenter les forces du changement. Parce que l’impasse dans laquelle se trouve la Grèce est aussi celle de l’Europe d’aujourd’hui. Le 25 janvier, les Grecs marqueront l’Histoire. En condamnant la politique d’austérité, ils ouvriront un espace d’espoir et de changement pour tous les peuples européens, démontrant qu’il est possible de faire bouger les choses à condition de le vouloir, de surmonter ses peurs et d’oser. La seule probabilité d’un changement politique en Grèce a déjà entraîné des changements en Europe. 2015 n’est pas 2012. Syriza n’est pas un ogre, ou une menace sérieuse pour l’Europe, mais la voix de la raison. C’est le reveil-matin qui tirera l’Europe de sa léthargie et de son somnambulisme. Ceci explique pourquoi notre parti n’est plus considéré comme une grave menace, comme il l’était en 2012, mais comme un appel à changer de politique. Certains refusent cependant d’évoluer. Une petite minorité impliquée dans la politique conservatrice du gouvernement allemand et une partie de la presse populiste s’entêtent à agiter le spectre d’une sortie de la Grèce de l’euro. Et, tout comme notre Premier ministre, M. Samaras, ils ne convainquent plus personne. A présent que les Grecs ont fait l’expérience de son gouvernement, ils savent distinguer le vrai du faux. M. Samaras n’a rien d’autre à proposer que son programme d’austérité raté. Il s’est engagé, au nom de tous les Grecs, à de nouvelles baisses de salaire et de retraite, et à lever de nouveaux impôts, après six années de baisse des revenus et de hausse de la fiscalité. Il demande aux Grecs de voter pour lui afin de mettre en place son nouveau programme. C’est précisément parce qu’il s’est engagé sur la voie de l’austérité qu’il interprète le rejet de cette politique destructrice comme un geste soi-disant unilatéral. Ce qu’il ne dit pas, c’est que la Grèce, en tant que membre de l’Eurozone, est attachée à des objectifs et non aux moyens politiques permettant de les atteindre. Pour cette raison, et à l’inverse de ce que fait Nea Dimokratia, Syriza s’est engagé auprès du peuple grec à mettre en place, dès son arrivée au pouvoir, un programme spécifique, économiquement équilibré, indépendamment de ce que nous aurons négocié avec les bailleurs de fonds. Le programme de Thessalonique comprendra des actions ciblées pour endiguer la crise humanitaire. Il sera le garant d’une justice fiscale, afin de faire payer l’oligarchie financière qui échappe depuis quatre ans aux conséquences de la crise. Il proposera un plan de relance de l’économie, de lutte contre le taux de chômage sans précédent et de retour à la croissance. Mais aussi une réforme de fond du secteur public et du secteur privé, notre but n’étant pas de revenir à la situation de 2009 mais bien de changer tout ce qui a amené le pays au bord de la faillite économique et morale. Le clientélisme, l’Etat hostile à ses citoyens, la fraude et l’évasion fiscales, le travail « au black », la contrebande d’essence et de cigarettes ne sont que quelques-unes des manifestations du système qui a dirigé la nation pendant des années. Ce système, qui a mené la Grèce au désespoir, continue à nous gouverner au nom de l’urgence nationale et de la peur de la crise. Mais c’est surtout une peur du changement. La peur et la culpabilité d’un ordre établi qui ont conduit le peuple grec vers une tragédie sans précédent. Les responsables de tout ceci ont raison d’avoir peur. S’ils connaissent un peu leurs classiques, ils savent qu’après l’orgueil surviennent la némésis et la catharsis ! Mais le peuple grec et les Européens n’ont rien à craindre. Car Syriza ne souhaite pas l’effondrement mais le sauvetage de l’euro. Ce que les Etats membres ne peuvent entreprendre quand la dette publique est incontrôlable. Le problème de la dette n’est pas seulement grec mais européen. Et l’Europe dans son ensemble doit des explications à ses citoyens. Il lui faut aussi trouver une solution durable. Syriza et la gauche européenne pensent que, dans le cadre d’un accord européen, il est nécessaire de faire une croix sur la plus grosse part de la valeur nominale de la dette publique, d’imposer un moratoire sur le remboursement de cette dette, et d’introduire une clause de croissance pour le reste de la dette, afin d’utiliser les ressources limitées à notre disposition pour stimuler la croissance. Nous demandons des conditions de remboursement qui ne conduisent pas le pays vers une récession étouffante et ne poussent pas les gens au désespoir et la précarité. En affirmant que la dette de la Grèce est durable, M. Samaras nuit aux intérêts du pays. Loin de se contenter d’affaiblir notre pouvoir de négociation, il refuse toute négociation ! Quand on admet que la dette est durable et que le programme économique du pays est « un succès », que reste-t-il à négocier ? Nous voyons aujourd’hui se dessiner deux stratégies diamétralement opposées sur l’avenir de l’Europe. D’un côté, nous avons un point de vue emmené par M. Schauble qui veut que nous continuions à appliquer des lois et des principes sans nous soucier de leur efficacité. De l’autre, la stratégie du « quoi qu’il en coûte » – évoquée à l’origine par le président de la BCE – pour sauver l’euro. En réalité, les prochaines élections grecques n’offrent le choix qu’entre ces deux stratégies. Je crois que la seconde l’emportera pour une autre raison. Parce que la Grèce est la patrie de Sophocle, qui nous a appris dans Antigone qu’il existe des moments ou la seule loi qui compte est celle de la justice. Source: HuffingtonPost Crédit photo: Ververidis Vassilis/ Shutterstock.com Fraternité anonyme Par Thierry Bingen d Quelles étaient vraiment les motivations des millions de gens défilant dans les rues, émus par les affreux événements qui leur ont fait dire « Je suis Charlie »? Et surtout, qu’espèrent-ils comme mesures afin que de telles tragédies ne se reproduisent plus ? Même si beaucoup d’entre nous doutent, nos gouvernants ont eux immédiatement trouvé la réponse : la Belgique s’est dotée d’un plan « Vigipirate ». Déjà mis en place en France il y a 20 ans, on a pu mesurer toute l’efficacité préventive de cette approche à l’occasion des derniers attentats. Si cela peut rassurer certains, on peut surtout craindre que l’exhibition d’armes de guerre dans nos rues inspirera d’autres faibles d’esprit. d Et si, au lieu de prendre des mesures aussi rapides qu’inefficaces, on essayait autre chose ? Si au lieu de ne s’attaquer qu’aux conséquences, on pensait un instant aux causes ? On a déjà évoqué souvent, et avec raison, le rôle des prisons dans le dérèglement des esprits. Il faudrait peut–être aussi s’interroger sur les causes de l’enfermement des futurs desperados. L’exclusion de la sphère économique des jeunes vivant dans les ghettos de la pauvreté n’est pas sans lien avec leurs malheureux choix de carrière : petit malfrat, dealer ou guerrier contre cet « Occident » qui ne les accepte pas, l’un n’excluant pas l’autre comme on a vu. d L’école est évidemment un tremplin majeur pour les défavorisés de la société. Mais si elle est une condition nécessaire à l’intégration dans cette société, elle n’est malheureusement pas suffisante. Il y a un projet de société à penser. Blâmer certains groupes de population au prétexte qu’ils n’assimilent pas les valeurs de notre société, tout en ne faisant rien pour les y intégrer, ne peut déboucher sur rien, sinon encore plus d’incompréhension. d Il a été beaucoup question de laïcité ces derniers jours, et parfois même dans la bouche de certains qui n’y voyaient naguère rien de positif. Bernard Maris, l’une des victimes des trois assassins, la définissait comme la « fraternité anonyme ». Quelle belle manière d’approcher l’autre! Si nous nous en inspirions pour donner un autre sens à l’avenir des futurs exclus ? Et pourquoi certains se braquent-ils sur une religion en particulier ? La fréquentation assidue de lieux de culte par nos aïeux n’a pas empêché notre pays de finalement se libérer de contraintes quant à nos vies privées, que ce soit dans le domaine de la sexualité ou du droit à quitter dignement la vie par exemple. Pourquoi devrait-on croire que telle religion est plus un obstacle au progrès qu’une autre ? Il nous a fallu des siècles pour séparer le temporel du spirituel; pourquoi faut-il exiger des autres qu’ils le fassent du jour au lendemain? d Dans la lutte contre l’injustice sociale qui gangrène notre société, n’oublions pas les plus exposés. Le danger principal qui guette notre société ne réside pas dans les folles actions de quelques désaxés ; il se trouve dans le développement de l’inégalité, l’arrogance des riches, les idées malsaines inculquées aux victimes de la crise quant à ses vrais responsables, dans « l’effondrement du social ». d On ne peut revenir aux tueries de ces derniers jours sans évoquer la question de l’antisémitisme, mal absolu qui a ème défiguré le XX siècle. Il serait naïf d’ignorer qu’il en est une résurgence chez certains musulmans. Mais il serait aussi vain de s’en cacher la cause principale. L’humiliation ressentie par les peuples arabes, et par extension les musulmans, depuis la création de l’État israélien en Palestine est immense; l’impunité dont jouissent les colons israéliens entretient tous les jours le souvenir de la nakba. La confusion faite entre Israéliens et juifs ne vient pas seulement des antisémites. Nos gouvernants ont le devoir d’être fermes dans leur condamnation de politiques inadmissibles, surtout depuis l’abolition de l’apartheid sudafricain en 1991. Si l’on a la volonté de faire baisser la tension entre Israël et ses voisins arabes, et par ricochet entre musulmans et juifs, il faut arrêter la course mortelle des actuels dirigeants israéliens. Comment le peuple est-il en train de reprendre le pouvoir en Grèce? Source: L’Humanité Défaire la campagne de terreur dirigée contre les peuples européens par Yiannis Burnous, membre du comité exécutif du Parti de la gauche européenne d d Il reste peu de jours de vie à la coalition désastreuse de la droite et de la social-démocratie qui gouverne la Grèce. Le 25 janvier, le peuple grec est appelé à faire un pas historique décisif : mener à bout la « révolution démocratique » de juin 2012 et donner à Syriza et ses alliés les moyens politiques pour gouverner le pays. Les peuples d’Europe, les forces politiques de la gauche européenne et tous les mouvements démocratiques et progressistes en Europe dirigent leur attention vers la Grèce. La victoire décisive de Syriza aux élections grecques peut mettre un terme aux politiques des mémorandums et à la stratégie de l’austérité, et déclencher des évolutions progressistes dans l’ensemble de l’Europe. Le 25 janvier, la peur changera enfin de camp : elle sera dans le camp de l’adversaire, des néolibéraux fondamentalistes, qui ont transformé la Grèce et les autres pays dits PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) en laboratoires d’une expérimentation absurde et barbare. Le moment de la défaite est arrivé pour les épigones de Friedman. C’est bien pour cela que les médias internationaux du système dominant se sont adonnés ces derniers jours à une campagne de peur et de mensonge sans précédent à l’encontre de Syriza et de la volonté du peuple grec. Ils pressentent que le consensus silencieux – silence de cimetière – dans l’Union européenne et dans l’eurozone approche vers sa fin. Ils s’aperçoivent que la rupture en Grèce avec l’austérité et l’énonciation d’une contre-proposition élaborée pour la gestion des dettes publiques de la Grèce et de l’eurozone vont introduire un immense changement au rapport des forces sociales et politiques en Europe et vont élever le moral, l’espoir et les attentes des peuples européens en opposition aux choix de leurs gouvernements néolibéraux, de la direction de l’Union européenne et de la troïka. L’objectif de Syriza et de la gauche européenne est la récompense de l’espoir naissant des peuples de notre continent. Notre objectif est que la victoire de Syriza en Grèce se mue en une vague déferlante qui, en passant par la suite par l’Espagne et l’Irlande, remettra en question « l’hégémonie inébranlable » de Mme Merkel, des banquiers, des marchés et de leurs alliés politiques, droitistes, sociauxdémocrates et libéraux. Depuis le moment où en Grèce des élections anticipées ont été proclamées, nous sommes les destinataires de milliers de messages de solidarité, individuels ou collectifs, en provenance de chaque coin d’Europe et du monde. Des dizaines de camarades européens nous informent qu’ils se rendront les jours des élections à Athènes pour renforcer notre combat préélectoral et partager avec nous la victoire historique de la gauche. Nous n’avons qu’un seul message à adresser à chacun de nos alliés européens, citoyen ou collectif de la gauche, de la démocratie, des mouvements sociaux : il faut porter la vérité sur le programme de gouvernance de Syriza à chaque coin d’Europe, pour défaire avec votre aide la campagne de terreur dirigée contre les peuples européens. L’heure est là pour l’espoir de l’emporter sur la peur ! d d Une majorité, un gouvernement et un plan d’action immédiat par Dimitris Stratoulis, syndicaliste, député national de Syriza, responsable de la commission Emploi d d La coalition gouvernementale de Samaras-Venizelos, qui, après avoir pillé la société pendant deux ans et demi, a consenti récemment à des nouveaux engagements envers la troïka des créanciers pour l’imposition de mesures antisociales supplémentaires, appartient désormais au passé. Syriza a atteint l’objectif de son renversement. Le peuple grec a maintenant la parole. C’est lui qui imposera son choix avec son vote le 25 janvier 2015. Devant les urnes, deux options s’ouvrent à lui. La première est celle de la continuation des politiques désastreuses de l’austérité. La seconde est leur renversement et leur remplacement par un plan de développement qui vise le redressement productif et social effectif du pays. Le gouvernement et ses amis en Grèce et à l’étranger tentent, avec la diffusion de la peur et d’un discours alarmiste autour de Syriza et de la perspective d’un gouvernement de gauche, d’intimider un peuple exsangue après cinq ans d’application des mémorandums antisociaux. Des mesures qui ont ruiné ses salaires, ses retraites, ses droits acquis et ont propulsé la récession, le chômage et la pauvreté à des niveaux stratosphériques. L’alarmisme du gouvernement grec, des cercles dirigeants du FMI, de la zone euro et de l’Allemagne avec le chantage des hypothétiques attaques des marchés ne fait pas peur à Syriza. Au contraire, cela renforce notre détermination en tant que futur gouvernement de gauche soutenu par les combats et le vote du peuple grec à promouvoir et à appliquer à la lettre les dispositions de notre programme, sans succomber ni aux menaces, ni aux chantages, ni aux pressions de l’establishment national et international relayées à profusion par les médias dévoués à leur cause. Les critères de nos décisions, en tant que gouvernement progressiste de la gauche, ne seront pas les exigences brutales et humiliantes des créanciers et des fonds spéculatifs, mais la survie du peuple, la dignité de notre pays, l’avenir de la jeune génération et aussi le besoin de frayer des nouvelles voies prometteuses pour tous les peuples de l’Europe, en renversant les politiques destructrices d’une austérité sans fin. L’objectif de Syriza est d’obtenir une majorité parlementaire aux élections et la formation d’une alliance – indépendamment du résultat électoral – avec d’autres forces de la gauche et de l’écologie radicale pour former un gouvernement. Ce gouvernement de gauche aura comme priorités essentielles l’annulation des mémorandums de rigueur et leur remplacement par un plan de développement qui favorisera la restructuration productive. Il s’attaquera immédiatement aux problèmes urgents du chômage, du rétablissement des revenus de la classe ouvrière, des droits sociaux, de la protection législative du travail et de tous les droits démocratiques qui ont été abrogés les dernières années. Dans ce but, la renégociation des accords de prêt avec les créanciers afin d’annuler les clauses abusives, les clauses « coloniales » qui étranglent la population et d’effacer une grande partie de la dette publique, est nécessaire et primordiale. Pour faire face aux problèmes sociaux immédiats des victimes de la crise économique et pour relancer l’économie, un plan d’action sera présenté immédiatement au Parlement. Les projets de loi qui seront soumis en priorité au vote des députés concernent : – le rétablissement du salaire minimum à 751 euros (celui-ci ayant été réduit à 586 par les lois mémorandaires) et du treizième mois pour les retraites inférieures à 700 euros ; – la suppression des mesures législatives qui ont permis les licenciements abusifs dans la fonction publique et la réembauche des victimes concernés ; – le rétablissement des lois de travail qui protègent les salariés du privé contre les licenciements abusifs et la suppression des mesures antidémocratiques qui permettent au gouvernement de réquisitionner abusivement et autoritairement les grévistes ; – la mise en œuvre des mesures qui facilitent le remboursement des dettes des personnes physiques et des PME envers les caisses de l’État ou des assurances, des dettes des foyers surendettés envers les banques, en prévoyant même la possibilité de l’effacement d’une partie de leur dette égale à la perte des revenus liée à l’application des mesures mémorandaires. En même temps, le gouvernement prendra une série des mesures pour remédier aux problèmes liés à la crise humanitaire : accès au courant électrique pour les ménages pauvres, des coupons alimentaires pour les personnes démunies, la mise à disposition des logements pour les sans-abri, l’accès aux services de santé pour les personnes sans couverture sociale, l’accès gratuit aux moyens de transport publics pour les chômeurs et les pauvres et la réduction de la taxe appliquée sur le fioul de chauffage. Ces mesures constitueront le premier pas de l’application de notre plan de développement antimémorandaire. Son application présuppose la mobilisation et le soutien du peuple grec, la solidarité des peuples européens, l’alliance avec toutes les forces syndicales progressistes de la gauche européenne et aussi avec les gouvernements du Sud frappés par la pauvreté. La coalition gouvernementale de Samaras-Venizelos et l’élite politique et économique qui dirige actuellement l’Europe utilisent la peur comme arme. Syriza et le Parti de la gauche européenne représentent l’espoir de notre peuple et de tous les peuples européens pour un meilleur avenir. Optimistes, nous croyons que nous pouvons changer la situation en Grèce et en Europe. L’avenir est en marche. Un avenir commun contre l’austérité et la déflation par Theano Fotiou, députée nationale de Syriza d d d La Grèce a été le pays d’Europe où les classes populaires ont subi la plus violente politique néolibérale d’austérité décidée par la troïka, par le biais des mémorandums. Les objectifs étaient évidents : suppression des conventions collectives et des droits acquis, abandon de l’État social (éducation, santé, sécurité) au privé, privatisations et liquidation du patrimoine public grec et des richesses naturelles du pays, confiscation des patrimoines privés grecs par la surimposition au profit des vautours étrangers des marchés. Dans un laps de temps de cinq ans, l’économie a été détruite, le chômage a atteint 27 % et 62 % pour les jeunes, les revenus ont été réduits de 50 %, les retraités ont été anéantis, 3,5 millions de citoyens se sont retrouvés en dessous du seuil de pauvreté. Les jeunes émigrent massivement et la dette publique est passée de 120 % en 2009 à 175 % du PIB. Et naturellement, elle ne peut pas être remboursée. Le peuple grec devait être puni de façon exemplaire, à titre d’avertissement pour le reste des peuples européens. L’économie et la société ont subi des dommages d’une guerre non déclarée. Le peuple souffre. La Grèce, un pays de l’UE en temps de paix, se trouve face à une crise humanitaire : suicides, enfants qui s’évanouissent de faim à l’école, propagation des maladies infantiles puisque les enfants ne sont plus vaccinés et 35 % des familles se trouvent en dessous du seuil de pauvreté. Le peuple grec n’a pas plié. Des vagues de grèves et des manifestations massives ont mobilisé le pays, tandis que les citoyens se sont retournés pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale vers la gauche radicale, vers Syriza. En même temps le peuple grec a commencé à s’auto-organiser en créant des structures de solidarité sociale sur tout le pays afin de survivre et de résister. Personne ne reste seul face à la crise. Solidarité et résistance ont été les mots d’ordre. Des centres de santé et des pharmacies solidaires, des cantines sociales, des distributions de colis alimentaires, des nouveaux marchés sans intermédiaires de distribution, des écoles solidaires pour les Grecs et les étrangers, et tous les jours nous voyons apparaître de nouvelles formes de collaboration sociale. Suivant les règles de la démocratie participative, les décisions sont prises en assemblées générales ouvertes garantissant la participation égalitaire de tous, solidaires et bénéficiaires, Grecs et étrangers. Par leur action, ces cellules d’autogestion renversent le modèle idéologique du néolibéralisme (concurrence, personnalisation et privatisation). La crise transforme les identités. Les structures de solidarité sociale accélèrent les transmutations identitaires et politiques. Les structures de la solidarité révèlent le caractère politique de la crise. Parallèlement, le besoin de survie devient créateur des nouveaux savoir-faire de la pauvreté. Il démontre l’effet multiplicateur de la participation citoyenne. Les structures alimentaires qui se développent sur l’étendue du territoire grec se sont très rapidement intéressées aux surplus, au gaspillage, aux produits terrés par les producteurs ou détruits par les usines, aux aliments jetés par les restaurants et les magasins, aux médicaments et aux habits dont les familles ne se servent plus. Des produits qui sauvent des vies alors que le capitalisme préfère détruire pour accroître la valeur ajoutée du capital. Cette Europe-là doit changer. Un cordon ombilical lie les structures de solidarité avec la gauche radicale. Leurs pratiques journalières ont enrichi le discours et le programme de Syriza. La lutte contre la crise humanitaire constitue un des grands axes du programme politique de Syriza et englobe les mesures immédiates qui vont être prises afin que personne ne se trouve plus sans toit, sans médicaments, sans chauffage, sans courant électrique. Syriza désire devenir le porte-parole de tous ceux qui ont nourri sa réflexion, qui ont amplifié sa force et sa voix pour revendiquer aujourd’hui la gouvernance du pays, pour supprimer les mémorandums et l’austérité, pour négocier l’effacement de la plus grande partie de la dette, non seulement pour le peuple grec mais pour le bien de toute l’Europe. Pour devenir l’initiateur d’un changement historique qui aura comme devise : « Cette Europe-là, elle se change ou elle s’autodétruit. » C’est pour cela que nous demandons aujourd’hui la solidarité de tous les peuples de l’Europe pour un avenir commun contre l’austérité et la déflation, contre l’expansion du fascisme et du racisme. Pour l’Europe de la cohésion sociale et de la solidarité. « Pour l’humain avant le gain et pour un autre monde (qui) est possible », deux devises qui revendiquent les valeurs du socialisme comme des valeurs intemporelles de la gauche. d Le poker grec Lors des élections grecques de 2012, la guerre psychologique du gouvernement allemand contre le peuple grec atteignait son apogée. On voyait même des articles en grec dans des journaux allemands appelant les Grecs à voter raisonnablement. Les rappels à l’ordre allemands étaient relayés par des médias grecs d’une docilité exemplaire (la Grèce a perdu 64 places dans le classement mondial de la liberté de la presse en 5 ans). En plus les menaces n’étaient pas creuses : en 2011 une main invisible a fait tomber deux premiers ministres, certes impopulaires mais imprévisibles : Berlusconi en Italie et Papandreou en Grèce. Pour les remplacer avec deux hommes de paille, plus proches aux banques. Ceci explique la victoire, en 2012, des partis liés au gouvernement allemand – y compris, et surtout, par des liens sonnants et trébuchants. d En vue des élections législatives anticipées de 25 janvier 2015 les hostilités ont repris de la part du gouvernement allemand, de la presse qui lui est proche et de ses alliés en Europe. (La gauche allemande, par contre, ne cesse de combattre les mensonges du gouvernement de son pays sur la crise grecque). La Grèce est menacée de sortie de l’euro, l’on assure que le nouveau gouvernement ne pourra pas tenir ses promesses, on prend soin de rappeler, instamment, que le gouvernement de gauche doit continuer sur la voie de ses prédécesseurs, on prévient le peuple grec du danger des partie extrémistes. Cette fois, pourtant, la pression est plus subtile : une déclaration sur le Gréxit est suivi, le lendemain, d’un commentaire qui assure qu’il n y a pas de tel danger ; un article qui prétend qu’une sortie grecque de l’euro serait anodine pour l’Europe est contredit par un autre article sur les dangers qu’ un tel acte impliquerait pour la stabilité financière ; ceux qui mettent en garde contre les partis extrémistes, se voient obligées de rectifier et d’assurer que c’est l’extrême droite qui était visée et non pas Syriza. d Il s’agit donc non plus d’une guerre ouverte mais d’une partie de poker. Ou de la preuve des dissensions au sein des élites allemandes. Ou même de l’assurance de ces mêmes élites que Syriza serait facilement manipulable, une fois au pouvoir, ou que couper l’herbe sous les pieds du futur gouvernement serait chose aisée. Dans un pays marqué par une hausse des suicides de 44% et de la mortalité infantile de 42%, dans un état où la police est acquise au parti nazi (selon un ex ministre grec de l’intérieur, le pourcentage des policiers fascistes est seulement 40%) et la justice fait la sourde oreille même pour les cas de corruption qui éclatent au grand jour cette partie de poker peut s’avérer soit fatale soit modérément bénéfique. d Pour le reste du continent aussi : La Grèce, dès le début de la crise, a été un cobaye pour tester les résistances au changement radical de modèle de société. Tout ce qui s’expérimente sur ce cobaye, dans ce petit coin balkanique, ne restera pas là. De te (aussi) fabula narratur. Discours d’Alexis Tsipras à Thessalonique du 13 septembre 2014 Je suis heureux d’être de nouveau, ici, à l’Exposition Internationale de Thessalonique.Si je suis parmi vous aujourd’hui, ce n’est pas pour accomplir une simple formalité.Si je suis ici, c’est pour mettre en lumière quelques vérités et exposer mes engagements vis-à-vis du peuple grec en présentant un projet de sortie de crise fondé sur l’idée de progrès et de justice. Un projet qui définit les axes fondamentaux de la nouvelle orientation «post mémorandaire» de notre pays. Un projet concret, dont les propositions chiffrées démontrent que les principes de la politique gouvernementale de SYRIZA, fondés sur la justice sociale, la solidarité, l’état de droit, la transparence, la méritocratie, la sécurité économique et le respect de la dignité de tout citoyen ne sont pas dépourvus du sens des réalités économiques. Amies et amis, Notre rencontre ne se place pas dans le cadre du calendrier rituel des promesses automnales adressées aux habitants de Thessalonique, à l’occasion de l’exposition, par des premiers ministres toujours frappés d’amnésie sitôt que décolle leur avion vers Athènes. Nous connaissons bien les problèmes de Thessalonique qui illustrent exactement l’hydrocéphalie et le repli d’un état centralisateur et clientéliste. Mais nous connaissons aussi les ressources et les potentialités de Thessalonique qui pourrait jouer un rôle de premier plan dans le cadre d’un projet de coopération et de rapprochement des états balkaniques dans des domaines comme celui de la croissance, de la culture, de l’économie et de l’environnement. Un rôle qui se révèle encore plus précieux dans un contexte d’instabilité internationale comme celui que nous vivons actuellement. En abandonnant les postures nationalistes qui ont tant fait souffrir la région dans le passé, la Grèce du Nord et sa capitale pourraient constituer le pivot d’un nouveau pôle de croissance et d’équilibre. a Car le contexte international assigne et impose à l’état grec une conduite responsable en tant que force européenne, mais aussi un rôle de négociateur international fiable. La Grèce ne peut pas être réduite au rôle de la cinquième roue du carrosse. Elle ne peut pas être une spectatrice passive de l’évolution internationale. Agir dans le périmètre de ses capacités n’exclut pas la force d’âme. Sans complexe d’infériorité, et surtout avec une politique extérieure active et multidimensionnelle, la Grèce pourra protéger ses intérêts. En dépassant le rôle de l’élève obéissant ou celui de commissionnaire des intérêts allemands endossés docilement par M. Samaras et M. Venizelos qui se sont empressés de consentir à l’imposition de sanctions économiques contre la Russie, sans aucune réserve, sans se préoccuper de leurs répercussions sur l’économie grecque et entraînent le pays, malgré la situation dramatique de son économie, dans une guerre économique dangereuse qui ramène toute l’Europe à une guerre froide qu’on avait cru révolue. d Et ce n’est pas tout. M. Samaras et M. Venizelos, font preuve non seulement d’inconscience quant au coût financier de leurs décisions, mais ils font aussi preuve à toute occasion d’un refus ferme et obstiné de soutenir les intérêts nationaux. Leur impudence a atteint un point culminant il y a quelques jours, lorsqu’ils se sont abstenus de voter pour la protection de la souveraineté nationale des états surendettés, à l’Assemblée Générale de l’ONU. Pendant que la position de l’Allemagne de Mme Merkel se voyait bloquée par son isolement, la Grèce surendettée s’est rangée avec les protecteurs des spéculateurs, dévoilant ainsi l’immoralité politique et l’indignité du gouvernement Samaras, d’un gouvernement qui ne se considère pas responsable devant le peuple grec, mais uniquement devant les lobbies financiers des créanciers et des fonds spéculatifs. Mais permettez- moi de revenir sur le sujet principal de mon discours aujourd’hui, qui concerne l’économie de notre pays et plus particulièrement la sortie de cette crise épouvantable que nous traversons depuis quelques années. Une crise qui n’est pas derrière nous, mais qui persiste et récidive tant en Grèce que dans le reste de l’Europe. a Mais si en Europe, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un changement de politique, nos gouvernants continuent de parler de «success story». Pendant que les autres signalent le gouffre, M. Samaras nous y entraîne tête baissée.Tout le monde se rend enfin compte que face à la crise les politiques d’austérité s’avèrent non seulement inappropriées et inefficaces mais aussi dangereuses. Car nous avons été témoins en Europe de la succession de toutes les phases de mutation de la crise. Initiée par une crise financière, elle a évolué ensuite vers une crise sur les dettes des États qui a provoqué la propagation de la déflation que nous observons dernièrement. L’establishment politique européen, face à la menace déflationniste engendrée par son obstination dogmatique dans l’austérité néolibérale, se trouve contraint aujourd’hui de réajuster sa politique. Ces réajustements, qui ne sont ni profonds ni suffisants, sont pour autant visibles. Mais M. Samaras suit à distance non seulement le processus décisionnel européen mais aussi les événements. Uniquement appliqué à suivre à distance respectueuse Mme Merkel, il se range finalement du côté des forces d’hier. SYRIZA ne suit personne. Nous montons un front et luttons pour un changement aussi grand que nécessaire. A coté de nous se rangent toutes les forces de demain, stimulées par la mobilisation des peuples aguerris de l’Europe du Sud. d L’évidence saute aux yeux de l’Europe. Le néolibéralisme a échoué. Le réalisme impose le choix du progrès pour sortir de la crise. Celui de la solidarité et de la justice sociale et non pas celui de l’exténuation des sociétés par les programmes d’austérité. Le danger de récession qui menace l’Europe et par ricochet l’économie mondiale fait de ce changement immédiat de la politique de notre pays par un gouvernement de SYRIZA une nécessité pour le salut social de notre pays et un sujet d’émulation pour l’Europe. Notre voix est entendue. Nous ne sommes plus seuls. Nous ne crions pas dans le désert. Nos propositions pour l’arrêt immédiat de l’austérité, pour l’application d’une politique de la demande, pour la mutualisation de la dette, pour un «paquet d’investissements» destiné à promouvoir la croissance dans les pays périphériques sont écoutées et comprises. d Chers amis et amies, Beaucoup de choses ont changé depuis les dernières élections nationales en 2012. Et non pas seulement en Grèce. Dois- je vous rappeler que : Quand il y a deux ans nous proposions des solutions «européennes» à la crise, ils nous répondaient que nous manquions de réalisme puisque l’ euro-zone ne disposait pas de mécanismes institutionnels communs pour la gestion de la crise. Mais cela a été fait depuis. Malheureusement l’adoption de ces mécanismes a été accompagnée de l’imposition à ses états-membres de Mémorandums de dévaluation interne. Un choix politique qui enfonce l’Europe dans la récession et recycle la crise. Pour y mettre fin, il faut un nouveau rapport de forces au sein de l’Europe. d Ils nous disaient aussi que la Banque Centrale Européenne devait faire preuve de parcimonie dans l’achat des obligations d’État sur le marché secondaire, car ceci équivalait à un financement indirect institutionnellement interdit. Toutefois, en 2012, M. Draghi a annoncé qu’il n’y aurait pas » de limite quantitative » aux interventions de la BCE. Actuellement, même notre revendication du rachat direct des obligations d’État n’est plus un tabou. L’assouplissement des règles de la discipline budgétaire, et l’étendue des projets européens d’investissement sont également de plus en plus évoqués comme des moyens d’éviter la déflation et une nouvelle récession. Et pourtant ! Nos adversaires politiques, aveuglés par leur dogmatisme et leur irréflexion, ironisaient sur notre hardiesse à avancer de pareilles propositions, en nous accusant tantôt d’irréalisme tantôt d’«antieuropéanisme». a Aujourd’hui, nos propositions, formulées dès le début de la crise, se trouvent au centre des débats de la BCE. Mais la pertinence d’un débat n’est pas seulement une question de contenu mais aussi de timing. Et les fissures entreprises actuellement par la BCE sur le mur de Berlin n’auront pas les effets espérés sur la crise car elles n’arrivent que très tardivement. Si l’impasse de l’austérité est principalement visible en Grèce, on l’aperçoit également partout en Europe. Je ne vais pas démontrer encore une fois l’échec des mémorandums. Nous avons déjà fait une analyse détaillée de cette calamité, ici même, et à deux reprises par le passé. Il faudra cependant souligner l’augmentation du taux d’inflation de 0,99% en 2013 à 1,4% en 2014. La déflation menace de replonger notre pays au fond de la récession avant même qu’il n’ait sorti la tête de l’eau. Le Premier Ministre, M. Samaras, a fourni il y a une semaine, en ce lieu même, une preuve supplémentaire de l’échec de la «dévaluation interne» en Grèce, en confirmant la continuation ou plutôt la pérennisation de la surimposition pour les petits et moyens revenus. L’aberration des taux de la nouvelle taxe foncière (ENFIA) prolongeant sous une autre appellation l’impôt instauré en 2011 et inclus directement sur les factures d’électricité, la continuation de la taxe «exceptionnelle» de solidarité, l’augmentation de la taxe de consommation sur les produits pétroliers illustrent la perpétuation de l’acharnement du Ministère des Finances sur les petits revenus. Toutefois, M. Samaras a promis en même temps un miracle: La croissance dans un contexte défavorable, avec un marché intérieur ruiné et le volume des investissements en chute libre. Regardons de plus près: La formation brute de capital fixe de 26,7% du PIB en 2007 est passée à 13% en 2013. Et sa baisse a continué au deuxième trimestre de 2014 en enregistrant une baisse annuelle de 0,8% du PIB.Ainsi, avec une récession de 0,7% au premier semestre de 2014 pour atteindre l’objectif fixé pour cette année d’une augmentation de 0,6% du PIB il faut enregistrer les deux prochains trimestres un accroissement de 3,8%. C’est infaisable. Mais, même si un tel miracle était réalisé, il n’entraînerait pas une amélioration qualitative de la société ou de l’économie. Il ne mettrait pas fin à l’effondrement de la société et de l’économie. d La déstructuration économique et la désertification sociale ne se corrigent pas par des variations infimes du PIB. Chômage très élevé, bas salaires, emplois précaires, la Grèce est condamnée à vaciller entre récession et stagnation par la politique de M. Samaras et de M. Venizelos. Par ailleurs, M. Samaras ne promet pas seulement une croissance sans investissements mais aussi une sortie de la crise sans diminution de la dette publique. La question d’une négociation sur le problème de la dette ne fait pas partie de ses objectifs. Car d’après lui, et comme il le déclare souvent en chœur avec les créanciers, la dette est viable. Il a même annoncé, il y a quelques jours, qu’il attendait que les créanciers lui livrent un certificat de viabilité de la dette. Qu’est- ce qu’on ne doit pas entendre! Mais pour finir, on déduit que puisque M. Samaras prétend que la dette est viable – avec la garantie des créanciers– toute négociation est superflue et sans objet. Amies et amis, ne nous faisons pas d’illusion. En se riant du peuple grec, M. Samaras se ridiculise lui- même. Une telle situation pourrait prêter à rire si la situation n’était pas aussi grave. Il nous faut dire la vérité au peuple grec, si désagréable soit-elle. Il faut que le peuple grec se rende à l’évidence. Il n’est plus possible que notre pays sorte de la récession, qu’il retrouve une croissance viable, quand tous les indicateurs sont au rouge : Dette publique : deux fois supérieure du PIB. Dette privée sous la forme de dettes à l’État, aux fonds de pensions et aux banques: quasiment équivalente au PIB. Et en plus, une obligation mémorandaire d’un excédent de 10 milliards intérêts. d’euros destinés uniquement au paiement des Dans une telle conjoncture, la viabilité de la dette est aussi illusoire que la quadrature du cercle. Nos partenaires le savent naturellement aussi bien que nous. Et la restructuration de la dette publique de notre pays est inévitable. En fait, la seule vraie question qui se pose est de savoir comment et dans quels termes elle sera concrétisée : Une négociation pour aboutir à une solution plausible et viable ou pour mieux hypothéquer notre pays en cédant totalement son économie aux mains des créanciers ? Une négociation dont les termes favoriseront la croissance ou l’imposition de nouvelles mesures d’austérité qui vont compromettre encore plus les potentialités productives de notre pays? Ce qui importe donc est de savoir les objectifs et le projet politique de la Grèce dans le cadre d’une négociation de la dette. La Grèce sera-t-elle seule face à ses créanciers ou entourée du soutien des alliés qu’elle aura sollicités? Se tiendra-telle comme serre-file de la stratégie allemande ou sera-t-elle le fer de lance des changements nécessaires de l’Europe ? d Depuis le début de la crise, SYRIZA déclare fermement et avertit que la Grèce ne constitue pas un cas à part et que la crise de la dette n’est pas spécifiquement grecque mais européenne. C’est pour cela que nous réclamons la réunion d’une «Conférence Européenne pour la Dette» pour la gestion du surendettement de l’euro-zone et nous avons comme objectif une solution à l’instar de celle adoptée pour l’Allemagne par la Conférence Internationale de Londres. La négociation sur la dette nécessite un projet politique concret et présuppose un débat qui laisse s’exprimer des avis divergents sur l’objet du litige. Des contestations sur la pertinence de la politique appliquée et ses résultats. Mais M. Samaras ne conteste jamais. Il est toujours d’accord sur tout. Bien obéissant, il obtempère toujours aux ordres de Mme Merkel. Il n’est donc pas apte à négocier. Quand on le voit à tout bout de champ vanter les résultats de l’austérité, comment ne pas penser que la poursuite de cette politique d’austérité sera la condition préalable de tout accord avec les créanciers sur la dette publique? Par conséquent, ce gouvernement n’a ni la volonté ni la capacité de négocier et de défendre les intérêts nationaux. Il est inapte à revendiquer une solution viable pour le peuple grec. d Seul un gouvernement investi par un mandat populaire récent pourra organiser une stratégie nationale approuvée et soutenue par le corps social. Pour cela nous demandons des élections sans délai, pour que s’apaise le vent de la catastrophe. Nous ne demandons pas des élections par impatience de gouverner. Nous demandons des élections immédiates parce que le pays ne peut plus attendre. Parce que le peuple ne peut plus patienter.Nous demandons des élections parce que l’intérêt du peuple l’exige. Nous demandons un mandat fort, soutenu par une large majorité parlementaire et un encore plus large consensus social, pour mener une négociation qui protège au mieux les intérêts de notre peuple en Europe. Nous demandons le recours immédiat au verdict populaire et un mandat de négociation qui vise à l’effacement de la plus grande partie de la dette nominale pour assurer sa viabilité. Ce qui a été fait pour l’Allemagne en 1953 doit se faire pour la Grèce en 2014. Nous revendiquons: Une «clause de croissance» pour le remboursement de la dette. Un moratoire – suspension des paiements – afin de préserver la croissance. L’indépendance des programmes d’investissements publics vis-àvis des limitations qu’impose le Pacte de Stabilité et de Croissance Un «New Deal»: projet européen d’investissements pour la croissance, financé par la Banque européenne d’investissement. Un assouplissement quantitatif, avec le rachat direct des titres de dette publique par la Banque centrale européenne. d Nous déclarons aussi, haut et fort, que nous revendiquons toujours le remboursement du prêt imposé à la Grèce par les forces d’occupation nazies. Notre position sur ce sujet est connue de nos partenaires. D’ailleurs, dès le début de notre charge gouvernementale, cette question fera l’objet d’une demande officielle. d Chères amis et amies, Nous, nous sommes prêts à négocier et nous multiplions les contacts pour l’élaboration de plans communs et d’associations collaboratives au sein de l’Europe, pendant que le gouvernement Samaras se contente de préserver uniquement son alliance avec le gouvernement allemand et de se soumettre aux décisions des créanciers. Voilà donc deux approches différentes qui posent le dilemme suivant: Une négociation européenne avec un gouvernement SYRIZA ou la contresignature de toutes les décisions des concernant la Grèce par le gouvernement Samaras? créanciers Ou, en deux mots: Négociation ou renonciation ? Croissance ou austérité ? SYRIZA ou Nouvelle Démocratie ? Amies et amis, Mesdames et Messieurs, En assurant une solution socialement viable au problème de la dette grecque, notre pays aura la capacité de rembourser le restant de la dette avec les nouvelles disponibilités créées par le retour à la croissance et non pas celles créées par les privations des excédents primaires. Nous mettrons en oeuvre tous les moyens pour assurer la relance économique et industrielle du pays : En augmentant immédiatement le programme des investissements publics de 4 milliards. En réparant progressivement toutes les injustices commises par l’application du mémorandum. En redressant progressivement les salaires et les retraites afin de renforcer la demande et la consommation. En soutenant les petites et moyennes entreprises avec des incitations à l’emploi. L’industrie en subventionnant le coût d’énergie avec des clauses d’emploi et environnementales. En investissant dans le savoir, la recherche, les nouvelles technologies avec également pour objectif le retour au pays des jeunes diplômés qui l’ont quitté pour chercher du travail ailleurs. En reconstruisant l’état social, et du même coup, un état de droit et de méritocratie. Et pendant les négociations, et avant d’aboutir à une solution européenne viable, qu’est ce que vous faites? Avez -vous un plan ? C’est le genre de questions que nous ont posées avec bienveillance plusieurs personnes. Conscients de notre responsabilité et aussi de l’inquiétude accrue pour l’avenir, nous répondons avec la franchise et la clarté requises par les circonstances. d Nous nous engageons, face au peuple grec, à remplacer dès les premiers jours du nouveau gouvernement – et indépendamment des résultats attendus de notre négociation – le mémorandum par un Plan National de Reconstruction, rigoureusement élaboré, et chiffré avec précision. Le Plan National de Reconstruction se constitue d’un ensemble de mesures pour le redressement économique regroupées autour de quatre grands axes : et social, 1. Mesures pour remédier à la crise humanitaire. 2. Mesures prioritaires pour la relance de l’économie. 3. Plan national de lutte contre le chômage et d’amélioration de la situation du marché du travail. 4. Rétablissement institutionnel et démocratique du système politique. A. Mesures pour remédier à la crise humanitaire d Notre programme d’un coût approximatif de 2 milliards d’euros, se constitue d’un ensemble d’interventions d’urgence servant de bouclier de protection pour les couches sociales les plus vulnérables.Il inclut : 1. Emploi de l’énergie électrique à titre gratuit pour 300000 familles qui se trouvent en-dessous du seuil de pauvreté ( 3600 Kwh par an). 2. Programme de subventions alimentaires (coupons-repas pour 300.000 familles). 3. La mise en place de ce programme sera effectuée par un organisme public chargé de coordination avec la collaboration des instances régionales, de l’Église grecque, des mouvements associatifs solidaires, et par le biais d’épiceries sociales subventionnées. 4. Soins médicaux gratuits pour tous / Réduction drastique de la participation des patients aux dépenses pharmaceutiques. 5. Notre projet prévoit l’accès gratuit pour tous (avec ou sans sécurité sociale) aux services publics de santé et la préservation de l’accès aux médicaments nécessaires, en diminuant drastiquement – jusqu’à l’intégralité pour certaines catégories spéciales – la charge des patients à la dépense pharmaceutique. 6. Projet pour l’accès au logement.Le projet prévoit la réhabilitation des anciens logements et hôtels abandonnés, afin d’assurer dans une première phase une disponibilité de 25.000 nouveaux logements avec des loyers subventionnés. 7. Mesures en faveur des petites retraites. Nous nous sommes déjà engagés pour le relèvement progressif des petites retraites. Nous nous engageons aujourd’hui, de surcroît et afin de renforcer la demande, à rétablir la prime du treizième mois pour les 1.262.920 retraités dont la pension ne dépasse pas les 700€. Et cette mesure sera étendue – progressivement et en fonction de la conjoncture économique – à tous les retraités et à tous les salariés 8. Réduction des prix des transports publics. Les chômeurs de longue durée et ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté pourront bénéficier d’une carte spéciale à prix très réduit (voire symbolique) pour tous les transports publics. 9. Différenciation de la taxe spéciale de consommation sur les produits pétroliers, en fonction des usages (en tant que carburant ou combustible de chauffage) afin de réduire le prix du pétrole de chauffage (de 1,20 à 0,9 €/litre). d B. Mesures pour la relance de l’économie d Le deuxième axe réunit les mesures de relance de l’économie, mesures dont la priorité est l’arrêt de la politique d’imposition actuellement menée malgré ses conséquences néfastes pour l’économie réelle, la mise en place d’une nouvelle « seisachtheia « [ndlr. «remise du fardeau»: mesure établie par Solon, pour faire passer l’intérêt de l’État avant celui des grands propriétaires], et le renforcement de la liquidité et de la demande. Car la situation de l’économie réelle est aujourd’hui vraiment désastreuse. Le raid fiscal opéré par le gouvernement sur la classe moyenne et la surimposition de ceux qui ne fraudent pas accablent la plus grande partie de la population, qui voit constamment menacés sa vie professionnelle, les bribes de son patrimoine, et même sa propre existence. De cette angoisse insupportable témoigne le nombre record de suicides. Les classes laborieuses, les agriculteurs, les salariés, les petits et moyens entrepreneurs, le corps de l’économie réelle, en somme doit affronter actuellement une tourmente d’impôts qui dépasse leurs forces de résistance. Et sous peu c’est une nouvelle tourmente qu’ils vont devoir affronter. Celle des saisies de leurs propriétés privées par les banques, puisqu’ils rencontrent des difficultés à rembourser les emprunts qu’ils avaient contractés par le passé, avant la crise, avant leur chômage, avant la mutilation de leurs revenus, avant la fermeture de leurs entreprises. L’obstination du gouvernement à accabler de charges supplémentaires ceux qui sont déjà à terre ne peut mener qu’à une impasse, tout simplement parce qu’on ne peut rien recevoir de quelqu’un qui n’a rien à donner. « Qui n’a rien, ne peut rien donner. » Pour constater l’aberration de leur politique, il suffit de regarder le montant des créances attestées et non perçues par l’État: Il est à ce jour d’environ 68 milliards d’euros.Et chaque mois qui passe, ce chiffre augmente d’un milliard d’euros. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. Pour établir la vérité sur l’économie réelle du pays et exposer les mesures d’urgence qui permettront de la délivrer de la pression qu’elle subit. Nous nous adressons aux millions de victimes de M. Samaras et de la Troïka – salariés, petits et moyens entrepreneurs, agriculteurs, chômeurs – en leur dédiant notre intervention d’aujourd’hui. 1. Mesures pour la levée immédiate de la répression dans l’économie réelle d Création de Comités spéciaux pour le règlement extrajudiciaire des litiges fiscaux dans chaque région afin de procéder aux règlement immédiat des dettes fiscales authentifiées et non acquittées jusqu’au 31 décembre 2014. Le règlement des litiges fiscaux concernant les petites et moyennes entreprises pour des dettes authentifiées, amendes ou tout autre différend les opposant à l’administration fiscale sera prioritaire afin d’être établi équitablement et dans un délai de six mois le montant exact des créances réelles et percevables par l’État. Les montants qui résulteront de l’apurement seront réglés en 84 mensualités et dans tous les cas de façon à ce que le montant total des versements annuels ne dépasse pas le plafond de 20% du revenu annuel du débiteur. Un processus de régularisation similaire des dettes arrivant à échéance sera appliqué aux conflits les opposant aux caisses d’assurances. En cas d’accumulation des dettes et de taxes contributives, le montant total des versements annuels de remboursement sera plafonné au 30% du revenu annuel du débiteur. L’engagement d’un processus de régularisation entraine pour tout redevable l’arrêt immédiat des poursuites pénales et des saisies des comptes bancaires, de la résidence principale, des salaires, etc., ainsi que l’octroi d’une attestation de régularité fiscale. L’engagement du processus de régulation entraine également la suspension de peines et des mesures coercitives pendant douze mois pour les débiteurs dont l’absence de revenu est attestée. Suppression de l’extension de la procédure simplifiée des flagrants délits à l’égard des débiteurs de l’État . Suppression de l’avance de 50% de la dette établie comme condition préalable au recours du contribuable devant les tribunaux, en privant de la protection judiciaire les personnes incapables de payer. L’acompte sera défini par acte judiciaire et sera fixé selon la capacité financière (10% à 20%). Avec ces mesures, nous n’aspirons pas uniquement à soulager les gens qui souffrent et qui forment l’épine dorsale de l’économie, mais aussi relancer l’économie réelle en la libérant de la répression étouffante des taxes et des majorations imposées, totalement improductives car non percevables. Le bénéfice immédiat estimé par la régularisation des dettes et le début des paiements des acomptes nous permettra de financer des actions nécessaires pour l’allègement et la répartition équitable des charges. D’ailleurs dans le cadre des mesures visant à relancer l’économie nous annonçons aujourd’hui l’abrogation immédiate de la nouvelle taxe foncière. 2. Abrogation immédiate de la nouvelle taxe foncière (ENFIA) d Car elle est le symbole de l’injustice sociale qui caractérise l’ensemble de la politique économique du gouvernement Samaras. Au service des grands patrimoines, les dirigeants actuels ont créé une taxe qui méprise les règles les plus élémentaires tant pour fixer sa base que son taux. Sans l’addition globale de la valeur de toutes les propriétés, sans l’établissement d’un barème de taux progressif, ou d’un seuil d’exonération, c’est une taxe prélevée au détriment des personnes pauvres et des couples à faibles revenus avec des enfants qui ont comme patrimoine unique leur résidence principale. L’ ENFIA, par conséquent, ne peut pas être corrigée, elle ne peut pas être améliorée – elle ne peut être qu’abrogée. A sa place: Nous établirons une taxe socialement juste sur la grande propriété (FMAP) et nous ne taxerons personne sur des valeurs fictives.Les valeurs des biens retenues pour la base d’imposition seront réajustées immédiatement de 30% à 35%.Son taux sera progressif et le seuil d’exonération élevé. La résidence principale sera exemptée, à l’exception des propriétés de grand luxe ostentatoire. L’introduction de cette taxe dans le système fiscal grec fait partie de la réforme fiscale qui se mettra en place progressivement afin de rétablir sa conformité au principe constitutionnel de la répartition des charges fiscales selon la capacité contributive des personnes imposables, afin également d’enrayer toute possibilité de contourner la loi et afin de lutter efficacement contre la fraude fiscale. 3. Restauration du seuil de non-imposition à 12000 €/an. d Nous rétablirons la progressivité de l’imposition des personnes physiques en augmentant le nombre de tranches d’imposition et en restaurant le seuil de non imposition de 12 000€/an pour tous afin de redistribuer la charge fiscale au profit des personnes à faible et moyen revenu. Cette mesure est d’autant plus nécessaire qu’après quatre années de frénésie fiscale les «classes populaires» et les «classes moyennes» sont vraiment exténuées financièrement. 4. Nous institutionnaliserons une » nouvelle Seisachtheia» (libération des dettes) d Elle s’appliquera aux créances douteuses, aussi appelées «rouges», car leur effacement partiel est un préalable indispensable tant à l’assainissement des portefeuilles bancaires, qu’à la restauration de la liquidité monétaire et au soutien de la croissance et de la relance de l’économie. La nouvelle «seisachtheia» s’appliquera au cas par cas et consistera à l’effacement partiel des dettes des personnes qui se trouvent sous le seuil de la pauvreté. Elle régira en tant que principe général le rajustement des dettes des particuliers de façon à ce que leur remboursement (à l’état, aux banques, aux caisses d’assurance) ne dépasse pas le tiers du revenu de l’emprunteur. 5. Création d’un organisme public chargé de la gestion de la dette privée. d Son rôle ne sera pas celui d’une «bad bank», mais bien au contraire il interviendra en tant que gestionnaire de toute dette envers une banque arrivée à échéance et sera également chargé du contrôle des moyens de recouvrements accordés par les banques. Il garantira le traitement juste et équitable de tous les emprunteurs, en gérant l’ensemble des dettes exigibles envers les banques, avec la collaboration des Comités Spéciaux d’arbitrage chargés à leur tour des dettes envers l’état et des caisses d’assurances, afin d’avoir une image globale des charges de tout débiteur et faciliter les remboursements. Bien évidemment, il s’agit tout d’abord d’empêcher l’utilisation de la dette privée comme moyen de confisquer la propriété des citoyens, et comme moyen de contrôler le secteur privé de l’économie. Au cours des prochains jours, SYRIZA va déposer au Parlement un amendement législatif pour une prolongation indéfinie de la suspension de la vente aux enchères des résidence principales dont la valeur est inférieure à 300 000 €. Nous déposerons également une proposition d’interdiction législative de vente ou de cession des titres à des institutions bancaires non reconnues ou à des entreprises de gestion de contrats de prêts et de garanties. En deux mots, nous ne permettrons pas aux vautours des «distress funds» internationaux de spéculer en confisquant les maisons des citoyens. Chers amis et amies, Je l’ai dit l’année dernière, ici, à cette tribune – je le répète encore une fois cette année : la clé pour la relance de l’économie est le système financier. Avec SYRIZA au gouvernement, le secteur public reprend le contrôle de la Caisse de Stabilité Financière et exerce tous ses droits sur les banques recapitalisées. Cela signifie qu’il a le premier mot à dire sur leur administration.En même temps, nous mettons en place des opérations ciblées afin d’assurer la liquidité dans l’économie réelle. Parmi ces opérations figure la mise en place d’une banque de développement et de banques spécifiques. 6. Mise en place d’une banque de développement et de banques spécifiques d Pour nous, la nouvelle architecture du système bancaire comprendra, outre les banques recapitalisées systémiques, de nouvelles banques coopératives spécifiques et une banque publique de développement. C’est pourquoi, nous allons créer une Banque de Développement, et des banques à mission spécifique, pour le financement des PME et des agriculteurs. Pour soutenir la liquidité nécessaire au développement d’équipes professionnelles dynamiques qui à leur tour donneront de l’énergie et une nouvelle impulsion à la croissance et au redressement productif. 7. Restauration du salaire minimum à 751€ d Nous augmenterons le salaire minimum à 751€ pour tous les travailleurs indépendamment de toute condition d’âge.Notre modèle économétrique confirme les conclusions du modèle de l’Institut du travail de la GSEE (Confédération Générale des Travailleurs Grecs): la restauration du salaire minimum non seulement n’aggrave pas, par son coût, la croissance mais elle lui est même bénéfique. Selon les estimations, même en ne prenant en compte que la première année de sa mise en place, elle aura comme effet une augmentation de la demande intérieure de 0,75%, et du PIB de 0,5%. En outre, elle permettra de créer 7.500 nouveaux emplois. Chers amis Le troisième axe de notre Plan National de Redressement que nous vous présentons aujourd’hui s’inscrit dans la perspective de notre grand objectif national, celui de rétablir le plein emploi dans notre pays, de redonner de l’espoir et des perspectives d’avenir à nos jeunes qui émigrent massivement alors que leur force vive est nécessaire pour reconstruire notre pays. C-Plan de reprise de l’emploi d 1. Restauration du droit du travail d Les droits des travailleurs supprimés par les lois mémorandaires seront immédiatement rétablis, en même temps que le salaire minimum. Les conventions collectives seront rétablies ainsi que le principe de la prorogation des avantages acquis en vertu d’une ancienne convention collective ou accord.L’OMED (Organisme de Médiation et d’Arbitrage), chargé du soutien des négociations entre employeurs et employés, sera également rétabli dans ses fonctions. Les réformes concernant les licenciements collectifs et abusifs, les contrats précaires de «location des employés» seront abrogées. 2. Plan de création de 300.000 nouveaux emplois dans les secteurs publics et privés et dans ceux de l’économie sociale. d Nous mettons immédiatement en oeuvre un programme spécial d’aide à la reprise d’emploi, qui s’étale sur deux ans, d’un coût total de 5 milliards d’euro dont 3milliards pour la première année. Le programme prévoit une augmentation nette des postes – environ 300 000 – dans tous les secteurs, privé, public, et dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. La mise en place d’un programme de cette ampleur a pour vocation – et je dirais même pour contrainte – l’insertion des chômeurs de longue durée des seniors de plus de 55 ans, et des jeunes. Il concerne en somme tous ces chômeurs qui ne pourront pas trouver un emploi sans incitations spécifiques à l’embauche. En dehors de l’administration locale, leur insertion dans le secteur privé sera accompagnée de subventions ciblées pour la création de nouveaux postes pour les jeunes de 15-24 ans et les chômeurs de longue durée de plus de 35 ans, dans les petites et moyennes entreprises. Notre projet prévoit également de financer des partenariats public-privé en faisant appel à des prestataires privés pour la gestion des équipements et des opérations de service public. Ces contrats de partenariat seront accompagnés de clauses d’embauche de chômeurs de longue durée et de jeunes. Des aides financières sont également prévues pour les chômeurs qui créent de nouvelles entreprises ou leur propre activité. 3. Les catégories des bénéficiaires de l’allocation chômage seront élargies. d Avec la réduction du nombre de chômeurs actuels, par la création de 300.000 nouveaux emplois, nous pourrons faire bénéficier de l’allocation chômage à un nombre équivalent de chômeurs à qui les critères sociaux actuels ne permettent l’accès à aucune autre allocation. Le quatrième axe de notre Plan National concerne les changements institutionnels, des changements majeurs, à savoir les transformations qu’apportera SYRIZA aux institutions et à la fonction publique. d D. Interventions pour la reconstruction institutionnelle et démocratique de l’État. d Dès la première année de la gouvernance de SYRIZA, nous mettons en œuvre le processus de redressement institutionnel et démocratique de l’État.Le redressement de l’État est en effet devenu une nécessité. Cependant, il ne peut être atteint par des cycles successifs de licenciements, qui plus est, de licenciements souvent illégaux, et ce par des illégalités commises pour atteindre des objectifs budgétaires insignifiants et ce aux dépens de services souvent essentiels pour le bon fonctionnement de l’État.Donc, nous procédons directement au renforcement institutionnel et opérationnel des trois cellules de la République: le Parlement, les collectivités locales et le syndicalisme de base. 1. Nous soutenons les structures régionales. d Nous renforçons tout d’abord la participation démocratique et la transparence, l’autonomie économique et le fonctionnement efficace des municipalités et des régions. Nous organisons une transition ordonnée vers un état décentralisé. En parallèle, nous amorçons le dialogue avec la société et les instances régionales pour le remplacement du plan de décentralisation actuel («Kallikratis») par un nouveau cadre institutionnel pour la décentralisation qui sera achevé avant les prochaines élections régionales. Progressivement, nous augmentons les ressources des collectivités régionales pour renforcer leur participation active au redressement productif du pays. Ainsi, elles pourront bénéficier non seulement de prêts à faible taux d’intérêt, mais aussi de l’émission par la future Banque de Développement des obligations destinées au financement de leurs interventions. 2. Nous renforcerons les institutions de la démocratie représentative et introduirons de nouvelles applications institutionnelles de la démocratie directe dans le fonctionnement du système politique, telles que l’initiative législative populaire, le veto populaire, le référendum d’initiative citoyenne. d Nous renforcerons le rôle du Parlement dans sa fonction législative et sa fonction de contrôle de l’exécutif, nous délimiterons sévèrement l’immunité parlementaire et nous supprimerons le statut particulier des ministres en matière de responsabilité pénale qui institutionnalise une «déviation vicieuse des principes d’une société démocratique. » 3. Nous redéfinissons la charte de fonctionnement de l’ensemble des moyens de diffusion de l’information grecs, en redessinant le paysage audiovisuel conformément aux exigences légales et avec une surveillance accrue sur leur transparence. Nous renfonçons les médias régionaux.Nous créons une vraie télévision publique, démocratique, pluraliste et de haute qualité en reconstituant l’ERT à partir de zéro. d Chers amis, Nous, nous ne promettons pas. Nous nous engageons. Et maintenant, ici, dans la 79e exposition de Thessalonique, nous ouvrons un grand débat avec les citoyens pour aboutir à la prise de décisions communes.Ce débat se prolongera avec treize autres conférences régionales programmatiques qui viendront illustrer ce nouveau processus de planification, décentralisé et démocratique, de la politique de notre pays. Chers amis Nous aspirons à un consensus national et social sur le long terme qui engage notre responsabilité commune sur les choix et les décisions qui concernent la reconstruction de notre pays.Il ne s’agit pas là d’un simple effet d’annonce. Il s’agit du seul espoir de notre peuple, de la condition de la survie nationale et sociale.C’est pourquoi aujourd’hui, nous vous avons présenté, non pas ce que nous souhaitons, mais ce que nous pouvons faire. Un plan réaliste et réalisable d’apaisement social et de relance de l’économie. d Notre plan est chiffré. Nous avons calculé le coût total du plan immédiat contre la crise humanitaire et le coût budgétaire de la suppression des mesures fiscales qui ont été imposées arbitrairement par le gouvernement actuel. Il sera entièrement financé par les actions suivantes: Tout d’abord par toutes les mesures et les procédures de régularisation que j’ai déjà présentées. Car nous attendons d’elles un double avantage, aussi bien social qu’économique: d’une part, qu’elles soulagent des citoyens de l’emprise d’une imposition lourde et qu’elles reconstituent de leurs capacités contributives, et d’autre part, qu’elles inversent la récession et relancent l’économie. Sur les 68 milliards de dettes exigibles, les régularisations permettront à l’état d’encaisser au moins 20 milliards sur une durée de sept ans, dont €3 milliards dès la première année. La répression de la fraude et de la contrebande, si elle est menée avec détermination et animée par la volonté politique de faire hardiment face aux grands intérêts privés, sera une autre source de recettes pour l’état. Et ici, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse : La déclaration de Mme Lagarde sur les menaces dont elle aurait fait l’objet (à la suite de ses critiques sur l’attitude des Grecs face aux impôts) est stupéfiante. Mais le silence du gouvernement l’est tout autant. Il est même inacceptable. Et je pose la question: Tous ces gens qui en écoutant nos propositions agitent le doigt en ressassant toujours la même phrase «avec quel argent?» ont-ils entendu cette déclaration? Envisagent-ils de faire quelque chose ? Répondront-ils un jour aux questions qui concernent l’impunité scandaleuse dont bénéficient certaines catégories de personnes ? Nous, nous avons déjà élaboré un plan d’action étalé sur six mois contre cette gangrène, qui prévoit: d Tout d’abord, l’intensification et l’accélération des contrôles des transactions intragroupe, des «listes Lagarde», de Liechtenstein, des transferts de fonds, des sociétés offshore et de l’immobilier à l’étranger. A cet effet, on met en place un service spécial composé d’experts et muni du support technologique approprié après la longue, déplorable et énigmatique inaction du gouvernement actuel. d Deuxièmement, notre plan d’action prévoit l’amélioration et la rapide installation de systèmes d’entrées-sorties et de détecteurs moléculaires dans tous les réservoirs et toutes les stations d’essence afin d’éradiquer la contrebande des carburants. Notre projet prévoit également l’installation accélérée de détecteurs à rayons X, aux entrées douanières du pays, car nous pouvons et nous voulons être efficaces dans la lutte contre la contrebande à la fois des carburants, et des cigarettes et d’autres produits. Les estimations des recettes provenant de la répression de la fraude fiscale et de la contrebande, ont parfois été très ambitieuses. Nous, avec modération, nous estimons que notre plan d’action apportera aux caisses de l’état, la première année, au moins trois milliards d’euros . d En ce qui concerne le coût du capital de départ du secteur public, du vecteur intermédiaire et de banques spécialisées – estimé à 3 milliards d’euros – , il sera financé par le soutien de 11 milliards d’euros prévu pour les banques par le Mécanisme de Stabilité. Quant au coût de notre plan pour la reprise de l’emploi, estimé à 3 milliards d’euros pour la première année de son application (5 milliards d’euros coût global), il sera financé par les fonds structurels (FEDER et FSE) prévus (CRSN 2007-2013:€1milliard + €1,5 milliards dans le cadre de ESPA 2014-2020), et 500 millions d’euros par d’autres fonds européens pour le soutien de l’emploi. Et ici, je voudrais ajouter que dans le cadre des efforts titanesques que nous engageons pour la restauration des retraites, notre gouvernement attribuera aux fonds d’assurance certaines des parties du patrimoine public qui stagnent actuellement dans les tiroirs du TAIPED (Fonds de Privatisation).C’est une mesure nécessaire pour réparer le crime du PSI (« private sector involvement ») qui a dévasté les caisses d’assurance et les détenteurs d’obligations, avant la restauration progressive des retraites. Chers amis et amies, Je viens de répondre de manière claire, au moyen de faits et de chiffres, à l’éternelle question que l’on nous pose depuis trois ans à chaque fois que nous proposons une voie de sortie de la crise: «Avec quel argent?» Mais aujourd’hui, au-delà de l’analyse des coûts et des bénéfices de nos engagements, je veux souligner le besoin de voir la crise et ses impératifs d’un autre oeil que celui du petit comptable qui ne sait qu’aligner des chiffres.Il faut aussi faire preuve d’un regard critique et libéré de tout dogmatisme. d L’économie n’est pas une simple comptabilité. Plusieurs facteurs dynamiques concourent à un résultat et déterminent l’économie. Ce n’est pas un exercice de répartition de ressources limitées. C’est un système ouvert avec des capacités de production. Nous, nous connaissons bien les chiffres néfastes de l’économie que nous allons hériter de nos prédécesseurs. Nous connaissons l’état pitoyable causé par les œillères des gouvernements mémorandaires. Mais nous sommes aussi profondément convaincus qu’il y a une possibilité de sortie du bourbier de la récession. Elle implique la mobilisation de toutes les grecques, de tous les grecs. La mobilisation est le salut du potentiel productif de notre pays. De tous ceux qui restent debout, qui résistent et se battent. Nous, nous croyons que SEUL le désir des classes laborieuses, des créateurs féconds et productifs, et surtout des jeunes, de dépasser la conditions actuelle et de s’ouvrir un nouvel horizon peut remettre debout la Grèce et son économie. C’est une aspiration collective, un projet commun et l’espoir d’un meilleur avenir qui peuvent ramener la croissance à notre pays et non pas l’outillage de l’OCDE et les recettes du FMI. d C’est le patriotisme, la droiture d’esprit, l’ingéniosité et l’étoffe du citoyen grec qui aura le courage et la force de porter sur ses épaules la réussite du Projet de Redressement National, en mettant à profit les potentialités inestimables et les avantages incomparables de notre terre et de ses habitants. D’ailleurs, chers amis, c’est devenu maintenant une prise de conscience collective: La crise que nous vivons n’est pas seulement économique, elle n’est pas seulement une destruction du tissu productif, une récession prolongée et un désinvestissement. La crise est aussi sociale, comme le démontre on ne peut plus clairement le caractère sans précédent en temps de paix du chômage et de la pauvreté. Mais c’est aussi une crise des institutions et des valeurs, une crise de confiance de la société envers la politique, le Parlement, les partis politiques, les syndicats. Une crise de confiance sur notre propre capacité à affronter ensemble, en tant que société, la crise. C’est pour cela que le point de départ de la réflexion de notre projet est cette ultime analyse, cet ultime constat: il est de la première importance de croire à notre force collective, de croire, nous tous, à un avenir meilleur que nous dessinerons et nous matérialiserons ensemble, «Simul et Singulis». Ensemble et aussi individuellement, car notre force est collective mais elle suppose la conscience de notre propre responsabilité en tant qu’individus. Chaque personne a besoin de croire à un état respectueux et bienveillant à l’égard de l’individu et de la société, mais l’état et la société ont également besoin des individus soucieux du bien-être commun. Un état décentralisé et concentré sur ses citoyens, en somme. Nous devons croire à notre capacité, en tant que corps social, à tracer des projets collectifs, mais nous devons aussi nous engager personnellement et consciencieusement à leur matérialisation. d Ce défi ne nous intimide pas. Nous avons prouvé par le passé et à des moments encore plus difficiles de notre histoire que nous en étions capables. C’est pour cela que le premier cycle des mesures de réédification de la société débutera avec la mise en œuvre de deux actions parallèles. La première consiste à affronter les causes endogènes de la crise. La deuxième concerne les causes extérieures, en revendiquant une nouvelle place et un nouveau rôle pour notre pays au sein de l’Europe, des Balkans, de la Méditerranée et dans le monde. Ils se trompent ceux qui croient que la relance de l’économie – si un jour, elle s’amorce – réduira par son simple fait la pauvreté et le chômage ou qu’elle restaurera la confiance dans la politique et les institutions. En revanche, si notre projet est simple, concret et réaliste, c’est parce qu’il se fonde sur un diagnostic pragmatique. Et aussi et surtout parce qu’il est subversif. Le réalisme commande le renversement des choix uniques des néolibéraux, le renversement des enfermements mémorandaires. d Chers amis, Aujourd’hui, SYRIZA a fourni des réponses. Réalistes et subsersives à la fois. Nous n’avons pas formulé des suppositions. Nous avons pris des engagements. Nous n’avons pas partagé des promesses. Nous avons départagé des responsabilités. Car nous nous engageons dans un sentier ardu. Ce n’est pas seulement de la terre brûlée qu’il va trouver le gouvernement de SYRIZA. Mais un pays divisé et dévasté politiquement, socialement et économiquement. Notre responsabilité: De le rassembler et de le ramener à la terre ferme et féconde du redressement, de la démocratie, et de la justice sociale. C’est cette responsabilité que nous avons voulu partagé avec vous aujourd’hui. La responsabilité d’un combat commun pour la Grèce dont nous sommes dignes. Pour une Grèce volontaire et fière, démocratique et juste. C’est cela notre dette. Vis à vis de notre histoire. Vis à vis de nos enfants. Vis à vis de notre avenir. Je vous remercie. d Alexis Tsipras. Leur démocratie encore la nôtre? est-elle Par Vincent Decroly « Le Conseil européen s’est terminé exceptionnellement tôt », se réjouissaient en chœur cette nuit MM. Hollande, Tusk, Juncker et les autres. C’est qu’il n’y avait pas grand-chose à l’ordre du jour. Ou alors des points sans majeure importance, n’appelant aucun débat. Tenez : ce traité commercial transatlantique qui prépare la dégradation, un cran plus bas encore, de nos normes sociales et environnementales tout en poursuivant l’érosion des lois par les pseudo-lois du marché. Nous avions vu cela venir dès le début des années 2000, âge d’or des accords bilatéraux sur l’investissement, promus alors avec une rage ratificatoire inédite par le gouvernement MR-ECOLO-PS. Ce qui se prépare cette fois est toujours bilatéral, instaure toujours des mécanismes de règlement des différends fondés sur des organes de « justice » privée (« tribunaux » arbitraux), confère toujours au marché la suprématie sur le politique, toujours avec la bêlante bénédiction des mêmes (ou quelque opposition de circonstance, là où par hasard ils ne sont pas aux affaires). Rien – bien entendu – qui aurait justifié un débat sur le fond, un rapport plus transparent des discussions des élites européennes… Et puis cette austérité, véritable programme d’ajustement structurel du type de ceux qu’on imposa dans les années 90, sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale, à des PVD qui ne s’en sont généralement pas encore remis… Fallait-il y revenir au sommet de cette fin de semaine ? Bien sûr que non, puisque le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) et sa « règle d’or » budgétaire commencent à présent à se décliner dans chaque Etat membre. Le nôtre n’échappe hélas pas à cette fuite en avant, où c’est aussi sur un mode éminemment contestable sur le plan démocratique que le parlement a accepté de mettre en œuvre le nouveau catéchisme européen. Parodie de démocratie, l’adoption de mesures parmi les plus graves de ces dernières décennies sous la forme d’une loiprogramme. Où l’on voit l’institution politique belge contaminée par la maladie de l’européenne – un déficit démocratique diagnostiqué depuis des années, mais qu’on laisse s’installer, celui-là. Aucune objection à la technique de la loi-programme lorsqu’elle permet de faire entériner, par la Chambre, l’une ou l’autre correction purement technique qui serait apparue après l’adoption d’une loi. On est là dans le registre du toilettage juridique et technique, pas dans celui du choix politique de fond. Snelwet Toutefois, l’inversion des rôles du gouvernement et du parlement aidant (le premier contrôlant désormais le second), la méthode des lois-programmes est devenue progressivement une façon de légiférer à part entière. Le gouvernement obtient invariablement du parlement un examen « en urgence ». Une loiprogramme présente donc l’avantage d’obliger la Chambre à déglutir, en un temps record, un annuaire téléphonique de dispositions touchant l’ensemble des compétences du gouvernement fédéral, de la Sécurité sociale à l’Emploi en passant par la Défense, la Santé, l’Intérieur, les Finances, les Affaires étrangères, la Politique migratoire, la Mobilité et le reste. En son temps, la procédure pénale de comparution immédiate avait été affublée du sobriquet de « snelrecht » (tant l’accent était porté sur la brièveté des délais de jugement, au point de verser dans une justice par trop expéditive). On est ici en plein dans le « snelwet ». Pas étonnant, me direz-vous, sous la houlette de M. Siegfried Bracke, un président de la Chambre qui n’hésita pas à brandir en rue avec quelques militants de son parti, un jour de grève nationale, quelques panneaux aux accents anti-syndicaux bien sentis (http://www.standaard.be/cnt/dmf20141215_01430245). Cette vulgarité n’a pas suscité le même buzz indigné que le comportement criminalisé d’une syndicaliste en action un peu énergique dans un magasin namurois… Mais voyez plutôt la loi programme du 28 novembre, que les députés s’apprêtent à adopter ce vendredi 19 décembre, au terme d’un sprint entamé le 3 : 302 pages à décortiquer, 185 articles : http://www.lachambre.be/FLWB/PDF/54/0672/54K0672001 .pdf) Un premier débat a eu lieu en commissions parlementaires au pas de charge (rythme et délai fixés par le gouvernement, séances nocturnes au finish s’il le faut). Il arrive fréquemment que des élus membres de deux commissions ne puissent physiquement pas assister aux travaux de l’une, requis qu’ils sont par les travaux de l’autre. Le contrôle parlementaire est réduit là à une formalité purement rituelle. La plupart des députés n’ont pas le temps matériel d’examiner avec le soin souhaitable les textes qui leur sont soumis : ventiler et faire circuler l’information dans leurs réseaux, en référer aux experts en qui ils ont confiance, recueillir des analyses et des avis contradictoires, soupeser les arguments pro et contra, auditionner des acteurs de terrain, interroger leurs électeurs et leur parti… tout cela n’est pas possible face au bulldozer de l’exécutif pressé d’en finir. Même si elle n’est pas le fait de tous les élus, la démobilisation avant les vacances d’hiver (ou d’été) fait généralement le reste (car les lois-programmes sont le plus souvent adoptées lors de la dernière séance plénière avant le 25 décembre et avant le 21 juillet). Comment s’étonner dès lors du peu de considération de trop de Belges pour leurs élus ? De la dévalorisation du parlement, du discrédit de la démocratie ? Hier au Conseil européen, aujourd’hui à la Chambre des Représentants, aux deux extrêmes de la rue de la Loi, c’est précisément l’idée même de loi qui a été malmenée. Et, avec elle, le respect dû au désir légitime d’une destinée commune choisie plutôt que subie. VIVA FOR LIFE : Quand la charité solidarité remplace la Par Marie-Claire Hames « 1 bébé sur 4 vit dans la pauvreté ». Les médias de la RTBF nous inondent de ce message depuis des jours. Informer le public du fait que la pauvreté touche un grand nombre de personnes constitue un acte normal d’information de la part de médias de service public. Mais avec VIVA FOR LIFE, il s’agit pour la RTBF de faire autre chose qu’uniquement nous informer, il s’agit de créer un événement médiatique en jouant sur la corde sensible au moment de Noël. Cette situation de précarité, ou d’extrême misère, est un fait politique majeur dans une société qui n’a pourtant jamais créé autant de richesses, un fait qui relève du monde politique, de choix politiques et de leurs conséquences, et en particulier des moyens alloués aux mécanismes de protection sociale. La protection sociale constitue un filet, imparfait encore, afin de lutter contre les inégalités, les injustices ou autres problèmes sociaux. Ce qui est dérangeant dans l’action de VIVA FOR LIFE c’est qu’il y a un déplacement du débat de la protection sociale, outil collectif de SOLIDARITE, vers la CHARITE, et donc vers le bon vouloir des donateurs. La charité est un acte du passé valable avant les acquis sociaux. Elle relevait des institutions religieuses, des bonnes dames qui avaient leurs pauvres. Au XXIe siècle, pouvons-nous accepter une telle régression sociale, accepter de tendre la main pour recevoir la charité? Ce « charity bussiness » est le reflet d’une société où les valeurs de solidarité entre tous n’ont plus cours, où l’individualisme glorifiées. et l’argent sont les seules valeurs Il est plus que temps de réveiller les consciences en déclarant que chaque Belge a droit à un minimum des moyens qui permettent une vie décente….et non de recevoir les quelques miettes d’un plantureux banquet. Indignez-vous a écrit Stéphane Hessel. Oui, tous debout pour demander une justice sociale de l’aube au crépuscule de nos vies ! Un bébé né dans la pauvreté a une famille qui vit aussi dans les mêmes conditions. Choisir de montrer le ventre d’une femme enceinte à 2 semaines de l’accouchement et écrire en dessous qu’il faut agir est intolérable. Oui il faut agir mais pour toutes et tous et via des mécanismes inconditionnels de redistribution des richesses. Un système social, une justice sociale constituent une exigence, une revendication politique. Le POLITIQUE, les décideurs doivent prendre ce problème à bras le corps. Nous ne pouvons accepter qu’un « show » médiatique de fin d’année, se substitue à la défense des droits sociaux, et à la revendication d’un revenu garanti pour chacun. Vega apporte son soutien aux Marchas de la Dignidad Ce samedi 22 mars, des milliers de marcheurs venus de toute l’Espagne vont déferler sur Madrid afin de dénoncer le nonrespect de leurs droits et les politiques d’austérité menées en Espagne depuis 2010. Ce sont les marches de la dignité composées de toutes les personnes les plus affectées par la crise: les chômeurs, les précaires et les exclus du système qui réclament l’amélioration de leurs conditions de travail, de vie, le non-paiement de la dette illégitime mais aussi l’arrêt des politiques d’austérité imposées par la Troika (BCE, Commission Européenne, FMI). Depuis 2010, trois grèves générales , plusieurs marées citoyennes et des manifestations quasi quotidiennes ont été organisées en Espagne sans que les gouvernement de José Luis Zapatero puis de Mariano Rajoy ne daignent réagir et décident de changer de cap. Pourtant, la situation du pays est chaque jour plus critique. Depuis 2011, le chômage et le nombre de personnes en-dessous du seuil de pauvreté n’ont cessé d’augmenter à cause des politiques d’austérité, de flexibilisation du marché du travail et de privatisation des entreprises publiques. Les chiffres actuels sont alarmants: plus de 3 millions de personnes vivent avec moins de 307 euros par mois et plus de 26,03 % de la population est sans emploi. Chaque jour, des droits fondamentaux sont également violés comme le droit au logement ou le droit à l’eau pour seul motif économique. Le Mouvement Vega s’associe au peuple espagnol pour dénoncer les politiques socio-économiques mises en oeuvre par le gouvernement Zapatero puis Rajoy depuis 2010. Il appelle également à soutenir l’initiative espagnole en manifestant conjointement avec la Marea Granate composée des exilés économiques espagnols demain à 12h30 à la Place d’Espagne de Bruxelles.