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Un appel à l’aide Mémoire de la Guilde canadienne des médias au Comité permanent du Patrimoine canadien sur le rôle de la SRC/CBC au 21e siècle Le 26 février 2007 www.laguilde.ca Résumé Les employés de première ligne à la SRC/CBC lancent un appel au Parlement canadien en vue de surmonter l’impasse politique qui prévaut à la SRC/CBC et de clore le chapitre d’une période difficile dans l’histoire du diffuseur public canadien. Son mandat de diffuseur public fait en sorte que la SRC/CBC doit jouer un rôle important au 21e siècle. Se voulant un outil de développement culturel canadien par le biais de différents médias (radio, télévision, Internet) et de langues, la SRC/CBC continue d’être le véhicule de choix au pays pour l’échange d’idées, d’information et de création, se voulant à la fois le témoin et le reflet des activités nationales et régionales des Canadiens, et partageant tout autant leurs joies que leurs peines. Nous croyons que la revitalisation de la SRC/CBC exigera que le Parlement tienne compte d’au moins trois facteurs : • Un mandat décennal afin de couvrir les attentes générales en programmation; • Une hausse de l’allocation parlementaire de base annuelle, indexée à l’inflation et maintenue pendant la durée du mandat décennal; • Une nouvelle approche face à la gouvernance de la SRC/CBC, en vue d’assurer tant l’indépendance devant l’ingérence politique que l’obligation de rendre des comptes directement au Parlement canadien et aux Canadiens. Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 2 de 14 Ceci est un appel à l’aide. Les hommes et les femmes qui travaillent à la SRC/CBC à travers le pays ont souvent des opinions partagées envers la société d’État, tout comme l’ensemble des Canadiens. Ils savent qu’en principe, c’est l’une des institutions nationales les plus importantes au pays. Mais les employés connaissent aussi très bien la mesquinerie qui a prévalu depuis deux décennies, largement attribuable à l’avarice et à l’indifférence des détenteurs du pouvoir politique et des cordons de la bourse dans ce pays. Il est temps de surmonter l’impasse politique qui prévaut à la SRC/CBC et de clore le chapitre de cette période difficile dans l’histoire du diffuseur public canadien. La Guide canadienne des médias, qui représente 5 500 employés de la SRC/CBC à l’extérieur du Québec et de Moncton, est très heureuse de participer à ce processus parlementaire en vue d’examiner le rôle du diffuseur au 21e siècle. Nous vous remercions d’avoir accepté ce mandat. Soyez assurés que la SRC/CBC a un rôle important à jouer dans ce nouveau millénaire, tout autant qu’au cours du précédent. Se voulant un outil de développement culturel canadien par le biais de différents médias (radio, télévision, Internet) et de langues, la SRC/CBC continue d’être le véhicule de choix au pays pour l’échange d’idées, d’information et de création, se voulant à la fois le témoin et le reflet des activités nationales et régionales des Canadiens, et partageant tout autant leurs joies que leurs peines. Il n’existe pas de réponse définitive à savoir ce qu’est la culture canadienne. Il n’y a pas d’institution unique, et certainement pas d’entreprise, pouvant symboliser l’identité canadienne en ce sens. Cependant, la SRC/CBC peut et devrait offrir les moyens aux Canadiens de continuellement se définir et se redéfinir eux-mêmes – tant au niveau domestique qu’international. En tant que groupe multipartite de parlementaires ayant à cœur la démocratie et la culture du pays, vous occupez probablement une place de choix pour entreprendre la revitalisation de ce que l’on pourrait appeler le réseau de diffusion publique au Canada. Nous vous demandons avec insistance de nous aider à mettre fin à ce rôle réducteur de la SRC/CBC, qui devient simplement un autre joueur dans la déréglementation de l’industrie de la radiotélévision, une Société visant à monétiser ses immeubles, et un réseau obsédé par la valeur relative des cotes d’écoute. Cette vision réductrice de la SRC/CBC doit changer. Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 3 de 14 Nous vous demandons d’entrevoir un véritable avenir pour la SRC/CBC, et de vous assurer que les décisions requises pour réaliser cet avenir sont prises sur la Colline parlementaire. Voici ce qu’il faudra à notre avis : • Un mandat décennal afin de couvrir les attentes générales en programmation; • Une hausse de l’allocation parlementaire de base annuelle, indexée à l’inflation et maintenue pendant la durée du mandat décennal; • Une nouvelle approche face à la gouvernance de la SRC/CBC, en vue d’assurer tant l’indépendance devant l’ingérence politique que l’obligation de rendre des comptes directement au Parlement canadien et aux Canadiens. *** Les services de la SRC/CBC Depuis 1936, alors que la SRC/CBC a accepté le mandat de relier le pays par la voie des ondes, le diffuseur a permis aux différents groupes culturels canadiens de se découvrir, de se reconnaître et de se motiver mutuellement, et d’évoluer ensemble en tant que Canadiens. De longue date, les employés de la SRC/CBC ont été à l’avant-garde des technologies en radiotélévision et ont répondu à l’arrivée des nouvelles technologies en créant des plateformes Internet conviviales, offrant un accès international à l’information riche et fiable de la SRC et de la CBC et notamment les actualités, les émissions et les archives. Plus récemment, une disjonction est survenue entre les services de radio et de télévision à la SRC/CBC. N’offrant plus de publicité depuis les années 70, les services radio ont développé une voix et un mandat distincts parmi les nombreuses fréquences radio des villes canadiennes, tout en s’avérant souvent l’une des seules radios pouvant être écoutée pour les Canadiens des régions rurales et nordiques du pays. Les services radio de la SRC et de la CBC sont effectivement devenus synonymes de diffusion publique au pays, offrant un juste équilibre entre le contenu national et local. Mais le pays est devenu trop grand pour l’actuel réseau radio : la SRC/CBC a fait remarquer qu’elle n’est pas en mesure de desservir adéquatement les régions urbaines en croissance avec un véritable service local, une réalité qui rend malheureusement la radio moins pertinente dans des régions vitales du pays, y Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 4 de 14 compris Kamloops, Red Deer et Kitchener. La SRC/CBC devrait être tenue de présenter un plan pour accroître la programmation locale et régionale, y compris des services accrus dans le Nord, sur toutes ses plateformes et recevoir un financement parlementaire dédié pour ce plan. La Chaîne culturelle et CBC Radio 2 devraient continuer d’être des réseaux radio nationaux sans publicité consacrés à la programmation artistique et culturelle. Entre-temps, les services de télévision de la SRC/CBC se sont tournés de plus en plus vers les revenus publicitaires pour compenser le manque de financement public. Dans les faits, la haute direction de la CBC a récemment cité non pas la BBC, mais le Channel 4 (avec publicité) au Royaume-Uni, comme étant le modèle de CBC-TV. Dans le contexte de la fragmentation toujours croissante de l’auditoire télévisé, les stratégies de la télévision de la CBC et de la SRC, axées sur les cotes d’écoute, les ont reléguées au rang de stations commerciales de créneau ayant, plus ou moins (dans le cas du principal service anglais), du succès. Dans les deux cas cependant, la qualité de l’information et de la programmation d’affaires publiques continue de permettre à la télévision publique de se distinguer dans ce domaine. La SRC/CBC devrait maintenir et continuer d’améliorer sa programmation locale, nationale et internationale d’information et d’affaires publiques; le mandat de la programmation télévisée devrait porter sur le développement et l’appui à la créativité et au sport amateur canadiens qui ne peuvent, et ne seront pas, appuyés par les diffuseurs privés. Pour leur part, les services Internet novateurs font à l’heure actuelle l’objet de contradictions : ils ne sont pas entièrement commerciaux, ni sans publicité. Au début des années 90, lorsque le mandat de la SRC/CBC fut défini la dernière fois, les services Internet n’étaient pas encore une préoccupation en soi. Ce qui signifie que la SRC/CBC n’a jamais reçu de financement particulier pour offrir des services Internet. Il est temps de définir les services Internet de la SRC/CBC en tant que portails publics pour les actualités, l’analyse, l’échange, les archives historiques et culturelles, de même que la programmation culturelle et de divertissement, et de fournir un financement public à cette fin. Dans la mesure du possible, les Canadiens devraient bénéficier de l’information et de la programmation sans frais et sans publicité. Certains ont suggéré que le temps est venu de commercialiser CBC-TV pour avoir perdu son caractère distinctif, ou être devenue dans une certaine mesure inutile dans l’univers des multicanaux. Nous sommes totalement en désaccord avec ce qui précède. La télévision reste l’outil culturel le plus puissant au Canada. C’est vers la télévision que se tournent les gens pour s’informer en cas de crise ou pour se divertir après une longue journée de travail. Pour le meilleur ou pour le pire, c’est aussi devant la télévision que les enfants passent la majeure partie de leurs temps libres. Les commerciaux qui envahissent l’univers des multicanaux n’éliminent pas pour autant le besoin d’une télévision qui soit d’intérêt public, et notamment : des nouvelles fiables, Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 5 de 14 des affaires publiques passionnantes, de l’humour politique, une programmation artistique novatrice et des émissions pour enfants sans commerciaux. Un contenu innovateur et unique, développé pour les plateformes de la SRC/CBC et spécifique à ce diffuseur public, peut être cédé sous licence à d’autres diffuseurs canadiens et étrangers. Nous suggérons que les autres diffuseurs publics paient moins cher pour utiliser le matériel que les diffuseurs privés. Les revenus des licences pourraient permettre la création d’un fonds d’incitatifs en vue de produire davantage de contenu original et pour la formation des artisans de la SRC/CBC. Sur toutes ses plateformes médiatiques, la SRC/CBC devrait demeurer le distributeur le plus important et accessible de productions et de contenu canadiens. *** Infrastructure de la société d’État Le démantèlement de son infrastructure et de son bassin de connaissances accumulées depuis des décennies représente l’une des conséquences les plus tragiques de la baisse de financement public à la SRC/CBC. Par exemple, on constate l’élimination constante de l’expertise technique à la radio, entraînant une détérioration perceptible dans la qualité de la radiodiffusion sur les réseaux français et anglais. Les services anglais, et notamment la télévision, ont été les plus fortement touchés par la plus récente ronde d’initiatives corporatives visant soi-disant à « économiser de l’argent. » Ce qui suit est en cours, ou déjà victime, de démantèlement : - Les services de communications et des relations publiques sont soustraités depuis 2005, entraînant la perte de décennies d’expérience combinée, et d’un énorme bassin de connaissances sur l’histoire et le travail à la CBC, ainsi que la mise à pied de 34 employés. Des journalistes couvrant la CBC ont indiqué à la GCM que la qualité des relations avec les médias a terriblement diminué sous la nouvelle formule, ce qui a eu un impact négatif sur la couverture médiatique de la programmation à la CBC. - Il est prévu que le service du design de CBC-TV, à Toronto, cessera ses activités le 31 mai cette année. Ce service a créé l’identité visuelle de la CBCTV depuis 54 ans, en préparant les décors de studio, menuiserie, peinture, effets spéciaux, garde-robe, accessoires et maquillage pour la CBC et des productions indépendantes. La disparition de ce service nuira à la capacité de la CBC à produire ses propres émissions télévisées et fait une saignée en plein Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 6 de 14 cœur du Centre de diffusion complet et très moderne de la société d’État, ouvert à Toronto depuis 14 ans seulement. - La SRC/CBC propose d’éliminer la télévision gratuite en mettant hors service son réseau national de transmetteurs en direct d’ici 2012, contraignant les Canadiens vivant à l’extérieur des 36 grands centres urbains au pays à s’abonner à la télévision par câble ou par satellite pour capter la télévision publique. Le diffuseur ne peut se permettre de mettre à niveau son réseau déjà existant pour offrir la technologie numérique la plus récente, ce qui pourrait, grâce au multiplexage, permettre d’améliorer les services de diffusion pour les Canadiens des régions rurales et éloignées au pays. L’Annexe A comporte un article sur l’avenir de la télévision gratuite. La capacité de créer, publiciser et diffuser une programmation directement aux Canadiens continue de faire partie du rôle essentiel de la SRC/CBC au 21e siècle. La SRC/CBC requiert un financement public adéquat pour maintenir au Canada anglais une capacité de production semblable au Centre de production que la SRC a développé et entretenu avec succès à Montréal. De plus, le gouvernement du Canada devrait affecter une somme spécifique à l’infrastructure, pour mettre à niveau le réseau de transmission en direct de la SRC/CBC avec le temps. En tant que syndicat représentant les employés de première ligne à la SRC/CBC, nous serions négligents de ne pas souligner les coûts humains tragiques de maintenir une programmation de haute qualité sans les ressources adéquates. Nos membres ont à coeur le service public qu’ils assurent, et en raison des pénuries fréquentes de personnel, ils travaillent plus que les heures régulières…souvent sans rémunération additionnelle. Les nombreux sondages effectués auprès des employés de la SRC/CBC depuis une décennie soulignent tous le même problème : le stress en milieu de travail a un impact réel sur la santé des travailleurs. En 2005, un sondage effectué par le professeur Jean-Pierre Brun de l’Université Laval auprès de plus de la moitié des employés de la SRC/CBC a révélé que 44 % d’entre eux souffrent de détresse psychologique élevée – un facteur clé dans la dépression et l’épuisement professionnel. Deux des principales raisons invoquées pour justifier cette détresse étaient la surcharge de travail et le manque de sécurité d’emploi. *** La rôle de la SRC/CBC dans le développement économique du pays Même en tant qu’institution nationale, la SRC/CBC constitue néanmoins une force vitale dans l’économie de toutes les villes où l’on retrouve une station. La SRC/CBC est non seulement un employeur d’importance, mais elle se veut aussi l’outil de Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 7 de 14 convergence des activités, de l’expertise et des ressources des secteurs artistique et culturel de son milieu. Malheureusement, les fermetures de stations et les réductions budgétaires ont contribué à réduire son importance dans plusieurs communautés à l’étendue du pays. Par exemple, et tel que décrit dans l’exemple plus haut, la fermeture du service de design de la télévision anglaise à Toronto représente un dur coup pour le secteur des activités culturelles et l’emploi dans la métropole, et l’occasion ratée d’aider à la stabilité d’une industrie cyclique où la production est très mobile. Le gouvernement fédéral devrait reconnaître et soutenir le rôle important que joue la société d’État dans les différentes villes canadiennes, en assurant un financement stable et adéquat à la SRC/CBC. Mandat et financement La SRC/CBC n’est pas en mesure de s’acquitter de son mandat sur la base du financement parlementaire actuel. En dollars indexés, le diffuseur public reçoit du Parlement approximativement le tiers de moins qu’en 1990. Durant la même période, le diffuseur a lancé les services Internet, numérique et satellite afin de rejoindre les Canadiens désireux de s’informer et de se divertir. En raison de ce financement restreint, l’ajout de nouveaux services s’est traduit par un jeu à somme nulle, où chaque nouveau service entraîne la réduction d’un service important déjà existant. Ainsi, la SRC/CBC a réduit en 1999-2000 les bulletins de nouvelles locales télévisées à l’heure du souper, qui sont passés d’une heure à 30 minutes en raison des réductions budgétaires. Les compressions imposées aux services des communications et de design pour la télévision (présentées plus haut) ont été faites pour favoriser l’achat par la CBC-TV d’émissions dramatiques aux heures de grande écoute. Sept ans plus tard, il est à noter que la SRC/CBC ramène les bulletins de nouvelles locales d’une heure au souper, reconnaissant ainsi l’importance de ce service. Malheureusement, cette initiative importante n’est accompagnée d’aucun argent neuf. C’est donc que les nouvelles émissions continueront d’être produites avec des budgets très restreints, que la qualité, le moral et la santé des employés continueront d’en payer le prix, ou que d’autres compressions seront imposées ailleurs pour les financer. Le gouvernement du Canada doit commencer à augmenter l’enveloppe parlementaire de base pour la SRC/CBC, afin de mieux refléter ce que les autres pays industrialisés consacrent à leurs diffuseurs publics. À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada dépense environ 33 dollars par Canadien, par année. Les dépenses moyennes dans les pays industrialisés, y compris les États-Unis, sont de 80 $ par personne. Même une augmentation Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 8 de 14 croissante atteignant 45 $ par Canadien au cours du prochain mandat décennal contribuerait à renverser l’impact des compressions budgétaires précédentes. Cette allocation annuelle devrait être établie en fonction du mandat décennal, et, une fois l’objectif atteint, être indexée à l’inflation par la suite. Gouverner un diffuseur public canadien renouvelé La SRC/CBC est une institution publique, et non pas un diffuseur d’État. Ce qui signifie que son indépendance face à toute ingérence politique est essentielle. Mais cela signifie également l’obligation importante de rendre des comptes au Parlement et à tous les Canadiens. À l’heure actuelle, la formule de financement annuel compromet l’indépendance de la SRC/CBC, en raison de la possibilité pour les gouvernements d’influencer la société d’État en menaçant de réduire ou de retarder le financement parlementaire. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons recommandé un mandat financé sur dix ans (voir plus haut). Par la même occasion, le régime de gouvernance en place à la SRC/CBC nuit à l’obligation de rendre des comptes publiquement et empêche l’institution d’avoir un organisme de gestion entièrement fonctionnel, en mesure d’aider à établir les priorités publiques mensuellement et annuellement, entre les revues de mandats. Le directeur général est nommé par le bureau du premier ministre. Les membres du conseil d’administration de la SRC/CBC sont aussi nommés par le gouvernement en poste. Un tel processus politise la fonction de directeur général et empêche le conseil d’avoir une autorité directe sur la haute direction. Ce processus empêche aussi le Parlement de jouer un rôle de supervision directe. Une telle situation a contribué à créer un fossé entre le public canadien et son diffuseur public, ainsi qu’à un sentiment d’impuissance chez les employés de la SRC/CBC. Les employés de première ligne ressentent une responsabilité quotidienne à l’endroit du public et des visiteurs sur l’Internet; cependant, les cadres supérieurs ne semblent pas ressentir la même obligation de rendre des comptes. Ceci entraîne des situations, comme lors du lock-out de 2005, où la société d’État n’agit pas dans l’intérêt public. Par conséquent, nous recommandons trois changements à la gouvernance de la SRC/CBC : • D’une part, que le conseil d’administration soit nommé par un comité formé de parlementaires de tous les partis, en fonction d’une série de Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 9 de 14 critères approuvés et relatifs aux arts, à la culture, au journalisme et à la radiotélédiffusion. • D’autre part, le conseil d’administration doit comprendre un représentant des employés, afin de s’assurer que les préoccupations et suggestions des employés sont efficacement et rapidement transmises aux décideurs ultimes de l’institution. • Et finalement, que le conseil d’administration obtienne les pouvoirs d’embaucher, de congédier et de superviser le président et le directeur général. *** En conclusion La Guilde canadienne des médias et ses membres à la SRC/CBC, qui démontrent chaque jour leur engagement envers les services publics en radiotélévision, souvent dans des circonstances difficiles, vous incitent à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour revitaliser cette importante institution nationale. Vous pouvez compter sur nous pour faire notre part. C’est avec plaisir que nous vous fournirons toute information additionnelle pouvant être requise ou des détails plus précis dans la mesure du possible. Nous serons également très heureux de rencontrer directement les membres du Comité. Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 10 de 14 L’Annexe A Le glas de la télévision locale gratuite a-t-il finalement sonné? [article publié en décembre 2006 au bulletin électronique de la Guilde canadienne des médias] Laissez-les s’abonner au câble. C’est ce que font valoir les principaux télédiffuseurs canadiens lorsqu’on leur demande s’ils doivent continuer d’envoyer leurs signaux en direct aux antennes en oreilles de lapin à travers le pays. Le CRTC, l’organisme de réglementation de la télévision au Canada, s’est interrogé à savoir si les fonds pouvant servir à améliorer l’équipement de transmission en direct des signaux télévisés sur les ondes publiques seraient mieux utilisés à la programmation. La question mérite d’être soulevée. Mais les plus importants télédiffuseurs, ceux que nous connaissons tous – CBC, Radio-Canada, CTV, CHUM, Global, TVA, TQS – ont profité de l’occasion pour demander la fin de l’accès gratuit à la télévision en direct. Leur argument est le suivant : la plupart des gens sont déjà abonnés à la télévision par câble ou par satellite. Pourquoi ne pas forcer tout le monde à s’abonner? La TVHD comme excuse Le passage à la télévision à haute définition explique tant l’intérêt du CRTC que des télédiffuseurs. La TVHD exige non seulement un nouvel équipement de production et de nouveaux téléviseurs. L’envoi d’un signal HD en direct requiert un système de transmission numérique. À l’heure actuelle, la grande majorité des télédiffuseurs au pays recourent encore à la transmission analogique. À l’opposé, les télédiffuseurs de la plupart des pays industrialisés sont largement en voie de mettre à niveau les systèmes de transmission en direct, délaissant l’analogique au profit du numérique. Dans les faits, même en Allemagne où seulement 5 % de la population capte des signaux télévisés en direct, les télédiffuseurs publics ont été contraints d’abandonner complètement la transmission analogique pour le numérique, sans perdre un abonné. Le tout était une question de politique publique. Le 27 novembre dernier, le président de la CBC/Radio-Canada, M. Robert Rabinovitch, a déclaré au CRTC : « nous n’avons ni les fonds, ni l’intérêt à ce que la politique publique appropriée revienne au modèle des années 70, où des émetteurs étaient installés dans toutes les communautés de plus de 500 habitants. » Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 11 de 14 Cet argument pourrait sembler acceptable, s’il s’agissait dans les faits de communautés d’environ 500 habitants. Dans les faits, la CBC/Radio-Canada propose de mettre à niveau seulement 44 émetteurs à travers le pays, pour les services français et anglais. Ces émetteurs seraient situés sur les « principaux marchés » où la CBC/Radio-Canada possède déjà une station locale. Les 618 autres sites émetteurs – les réémetteurs – seraient mis à la retraite, dans le cadre de ce que l’on appelle un programme hybride. Et comme il se doit, la CBC/Radio-Canada est déjà à mettre en place un programme hybride, avec l’approbation du CRTC. Plus tôt cette année, la station affiliée à la CBC à Kamloops (population: 82 000) a mis fin à ses rapports avec le télédiffuseur public pour se tourner du côté de CanWest global. La CBC, faisant valoir qu’elle n’avait pas les fonds requis pour installer son propre émetteur à Kamloops et que seulement un petit nombre d’abonnés obtenaient une réception en direct de toute façon, fut autorisée à rester hors des ondes à Kamloops. Une résidente de Kamloops, Pam Astbury, a fait valoir devant le CRTC : « La CBC offre la meilleure programmation au Canada, payée à même les fonds publics canadiens. Il est donc aberrant que le service ne soit plus disponible pour tous. » Elle a ajouté : « nous comprenons que la technologie évolue et que les fonds sont restreints, mais la CBC ne doit pas abandonner les communautés qui lui sont fidèles sous prétexte de décisions à courte vue. » Mme Astbury appartient à un groupe appelé Save our CBC Kamloops, qui a recueilli une pétition de plus de 2 000 signatures pour ramener la CBC sur les ondes publiques. Le groupe rejoint les étudiants et les personnes âgées, de même que tous ceux qui ne désirent pas, ou ne peuvent se permettre, l’abonnement à 200 canaux de télévision. À ce jour, la CBC n’a pas donné suite à leur requête. Le défi de la programmation locale En plus de la perte de l’accès gratuit aux télédiffuseurs publics, le recours à la télévision par câble et par satellite créé d’autres problèmes pour les abonnés des petites communautés canadiennes : comment avoir accès à la programmation locale et régionale? Pour les stations, comment faire face à une perte de contrôle totale tant pour le mode que la période de diffusion? Au Nouveau-Brunswick, par exemple, les abonnés d’ExpressVu doivent attendre à 18 h 30 pour voir le bulletin de nouvelles de la CBC diffusé à 18 heures. Mais c’est encore mieux que les abonnés de StarChoice, qui n’obtiennent aucune nouvelle régionale de la CBC. Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 12 de 14 À Salmon Arm, en Colombie-Britannique (population: 15 210) une résidente a fait part à la Guilde de ses ennuis avec la télévision. « Nous ne pouvons pas capter la télévision de la CBC sans le câble, et nous ne pouvons pas capter l’émission CBC Newsworld AVEC le câble » a écrit avec frustration Maggie Cameron. Elle a ajouté « pendant quatre ou cinq ans, nous avons pu capter CHBC (maintenant une station Global), Family Channel, CNN et Knowledge Network sur le câble pour environ 10 $ par mois. Nous devons maintenant payer 30 $ par mois pour ce service, et pour beaucoup de stations américaines insignifiantes que nous ne voulons pas. Nous avons annulé notre abonnement au câble et tout perdu à la télévision, en plus de CBC Radio 2. » Une autre question laissée sans réponse est la façon dont les résidents du Nord canadien auraient accès à une programmation télévisée locale autochtone, à prix abordable, ainsi qu’à de l’information météo essentielle. Même le réseau Aboriginal Peoples Television Network suggère d’abandonner la transmission en direct dans le Nord, et les intentions de la SRC/CBC, qui diffuse maintenant pour les communautés nordiques éloignées dans huit langues autochtones, ne sont pas claires. Et que dire de l’accès à la programmation en français à l’extérieur du Québec? La CBC et les autres stations conventionnelles font valoir que les entreprises de télévision par câble et par satellite devraient avoir accès à toutes les stations locales, et les fournir à leurs clients fidèles. Ces entreprises ne se plaignent pas vraiment, bien qu’elles font valoir qu’il leur faudrait élargir leur infrastructure en vue de traiter tous ces nouveaux signaux, surtout lorsque la majeure partie de la programmation sera convertie à la bande passante HD. Au début des audiences, une étude soumise au CRTC conclut que StarChoice et ExpressVu devront toutes deux lancer deux nouveaux satellites dans l’espace d’ici 2020, pour permettre tant la HD que l’accès à toutes les stations locales. Le rapport ne porte pas sur les compagnies de câble, mais il est évident qu’elles devront aussi améliorer leur bande passante. Le rapport suggère d’offrir des « incitatifs ou des subventions » pour inciter les entreprises de télévision par câble et par satellite à offrir les stations locales. Mais le rapport ne mentionne rien sur les coûts de mise à niveau de cette infrastructure énorme et les incitatifs/subventions, ni sur les bailleurs de fonds. Plus de clarté requise sur les coûts En bout de compte, il peut sembler plus logique de simplement subventionner la mise à niveau du système en direct, qui offrira probablement une plus grande flexibilité de diffusion locale et régionale, surtout dans l’éventualité d’une catastrophe locale. À tout le moins, il serait pertinent que le CRTC et le fédéral examinent tous les différents coûts impliqués, avant de simplement autoriser les télédiffuseurs à quitter Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 13 de 14 les ondes dans les communautés jugées peu pratiques ou peu profitables, et avant de mettre à la retraite des infrastructures publiques mises en place par la CBC/ RadioCanada au cours des décennies. À l’heure actuelle, on sait que les estimations de la CBC/Radio-Canada pour la mise à niveau numérique coûteraient 278 millions $. C’est une somme importante, qui pourrait être financée par une subvention fédérale spéciale et amortie sur plusieurs années. De même, ces coûts pourraient possiblement être partagés avec d’autres, notamment les télédiffuseurs provinciaux, communautaires et à but non lucratif. Mis à part la HD, une autre caractéristique d’un système de transmission numérique en direct est la capacité à diffuser plus d’une station à l’aide d’une seule fréquence. Ce que signifie que dans les communautés plus petites, un seul émetteur pourrait desservir jusqu’à six stations en direct avec une définition standard. C’est une possibilité qui plairait certainement aux résidents de Kamloops et de Salmon Arm. Au Royaume-Uni et en Allemagne, les diffuseurs se sont regroupés afin d’offrir plusieurs stations en direct à leur auditoire, à l’aide d’une seule fréquence. Dans certaines régions, les résidents de ces pays ont gratuitement accès jusqu’à 30 canaux avec la définition standard. C’est certes une formule qui pourrait compliquer la vie des entreprises de télévision par câble et par satellite. Est-ce la raison pour laquelle cette approche n’a jamais été envisagée sérieusement au Canada? Plutôt que de parler de livraison hybride, comme l’a proposé la SRC/CBC, pourquoi ne pas envisager plutôt la « réception hybride »? Dans les foyers nord-américains qui sont abonnés à la télévision par satellite, il est fréquent de retrouver un deuxième, voire un troisième téléviseur relié à une antenne, justement pour capter les émissions locales. « Les télédiffuseurs traditionnels ont empoché de jolis profits en se servant des ondes publiques » a fait valoir Barbara Byers du Congrès du travail du Canada devant le CRTC le 1er décembre dernier. Mme Byers parlait alors pour plus de trois millions de travailleurs et leurs familles. « La Loi sur la radiodiffusion stipule qu’ils continuent d’avoir l’obligation de servir l’intérêt public » a ajouté Mme Byers. « On doit se demander pourquoi ils devraient soudain faire à leur guise quant au maintien de leur infrastructure de transmission. Leurs raisons peuvent sembler valables et une nouvelle approche peut s’avérer intéressante, mais nous croyons que le débat est loin d’être terminé. » La Guilde a fortement recommandé au CRTC d’élargir le débat public sur la question, avant d’autoriser les télédiffuseurs à progressivement mettre leurs émetteurs à la retraite. Guide canadienne des médias Examen du mandat 2007 de la SRC/CBC Page 14 de 14