Pitrat _2011_ Evolution du sens de position de cheville en inversion
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Pitrat _2011_ Evolution du sens de position de cheville en inversion
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PARAMEDICAL DE TYPE LONG ET DE NIVEAU UNIVERSITAIRE DEPARTEMENT DE KINESITHERAPIE EVOLUTION DU SENS DE POSITION EN INVERSION DE CHEVILLE CHEZ LES BASKETTEURS Comparaison du travail avec myolux™ et plateau de Freeman™ MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU TITRE DE MASTER EN KINESITHERAPIE Sous la direction de Nicolas FORESTIER Robin PITRAT 10e promotion Jean-Claude VANDERHAEGEN Année académique 2010-2011 1 Sommaire I. Introduction ....................................................... 3 A.Contexte théorique .......................................... 3 B. Le plateau de Freeman™ et le Myolux™ ....... 4 C. Objectifs de l’étude ......................................... 4 D.Hypothèse........................................................ 5 II. Matériel et méthodes ......................................... 6 A.Population ....................................................... 6 B. Matériel ........................................................... 7 C. Méthode........................................................... 8 D.Analyse statistique ........................................ 17 III. Résultats ........................................................ 18 IV. Discussion ..................................................... 26 A.Résultats ........................................................ 26 B. Limites de l’étude.......................................... 30 V.Conclusion....................................................... 31 VI. Bibliographie................................................. 32 2 I. Introduction A. Contexte théorique L’entorse latérale de cheville est la pathologie la plus fréquente en traumatologie sportive. On en dénombre environ 6000 par jour en France (Grathwohl et al 2006). Les sports à sauts sont les sports à plus haut risque d’entorse, et le basket-ball est un sport a haut risque d’entorse. Le risque de récidive d’une entorse de cheville est évalué à 10 à 30% chez les sportifs. La prise en charge kinésithérapique est donc primordiale après un épisode d’entorse de cheville afin d’en diminuer ce risque. Celle-ci comprendra le traitement de la douleur, ainsi que la récupération articulaire et musculaire. Le travail proprioceptif est aussi classiquement intégré à cette prise en charge. Pour cela de nombreux outils sont à disposition du kinésithérapeute (plateau de Freeman™, Propriofoot™, table de Vaast™, escarpolette de Dotte™…). Cependant tous ces outils permettent un travail proprioceptif statique et global uniquement. Le plateau de Freeman™ est le matériel le plus couramment utilisé dans la rééducation d’entorse latérale de cheville et les études s’y rapportant. Le Myolux Médik™ fait également partie de tous ces outils proprioceptifs, mais permets quand à lui un travail dynamique. L’action du Myolux™ à déjà été comparée à celle du plateau de Freeman™ dans diverses études sur l’électromyogramme de cheville (Toschi et al 2005, Coutagne et al 2008). Damien Blanc (2009) à aussi cherché à comparer le Myolux™ avec d’autres méthodes proprioceptives (Propriofoot™, ou travail pliométrique) sur l’évolution de proprioception globale sur Neurocom™. Cependant Viel et Chanussot (2004) ont posé une question qui reste à notre connaissance sans réponse : Peut on améliorer la proprioception consciente ? C’est donc dans ce contexte que nous nous sommes posé la question suivante : Le Myolux™ et le plateau de Freeman™ ont-ils une influence sur la proprioception consciente (sens de la position) de cheville ? Si oui quel outil à l’action la plus rapide? 3 B. Le plateau de Freeman™ et le Myolux™ La rééducation proprioceptive n’a que peu évolué depuis 1965 et l’apparition du plateau de Freeman™. Sous les plateaux circulaires « était fixée une section de sphère qui autorisait des mouvements dans tous les plans » (Rodineau 2004). C’est à ce moment que Freeman à décrit un protocole de rééducation utilisant ces plateaux. Son but est de permettre une récupération de la boucle proprioceptive, par amélioration de la coordination des muscles péri-articulaires de cheville. Cette boucle ne permet pas de répondre à la problématique posée ensuite par Thonnard (1988). Son travail à montré que le mécanisme produisant une lésion ligamentaire est beaucoup plus rapide (49-63ms) que la réponse neuro-musculaire du péroneus longus (80-148ms). L’entorse ne pouvant donc pas être « rattrapée » il faut une activation anticipée des protecteurs de cheville afin de l’éviter. C’est dans ce but que le Myolux™ à été conçu au début des années 2000. Il s’agit d’un « appareil breveté qui permet d’engendrer une inversion de l’arrière-pied lors de la mise en charge. […] Il se compose d’une tige qui englobe l’arrière-pied et la cheville qui repose sur un mécanisme articulé […] reproduisant en l’exagérant la direction de l’axe de Henke.» (Toschi et al 2005). Le port du Myolux™ entraine cette anticipation. La contraction des fibulaires intervient dès lors en 77ms avec orthèse contre 144ms en conditions normales (Forestier et Toschi 2005). C. Objectifs de l’étude Nous allons mesurer les effets du Myolux™ et du plateau de Freeman™ sur le sens de la position en inversion de cheville chez des sportifs (basketteurs). Le second objectif de cette étude est de comparer les effets de chacun des deux outils afin de savoir lequel à l’action la plus rapide sur la proprioception consciente. Nous avons pour cela réalisé une étude longitudinale avant et après entrainement sur chacun des trois groupes (Myolux™, Plateau de Freeman™ et contrôle). 4 D. Hypothèse Le Myolux™ permet un renforcement ainsi qu’une augmentation du recrutement EMG des muscles fibulaires (Fayolle 2004, Forestier et Toschi 2005). Le plateau de Freeman™ n’influe pas sur les muscles fibulaires (Fayolle 2004, Forestier et Toschi 2005) mais uniquement sur le tibialis antérior (Osborne et al 2001). Or le sens de la position fait intervenir principalement les Fuseaux Neuromusculaires des muscles antagonistes au mouvement (Mazevet et al 2004). On suppose donc que le Myolux™ aura un effet plus rapide et plus important sur le sens de la position de cheville en inversion que le plateau de Freeman™. 5 II. Matériel et méthodes A. Population 37 basketteurs amateurs du club du Foyer des Jeunes de Belley Basket ont participé à cette étude. L’échantillon est composé de 29 hommes et 8 femmes âgés de15 à 39 ans. L’âge moyen de cet échantillon est de 21(±7) ans, alors que la taille et le poids moyen sont respectivement de 175(±9) cm et 69(±16) kg. Critère d’inclusion Pour être intégrés à cette étude les sujets doivent prendre part aux deux entrainements hebdomadaires de leur équipe et disputer un match par semaine, ce qui équivaut à une pratique d’environ quatre heures de basket-ball. Critères de non inclusion Pour participer à l’étude les sujets ne devaient pas avoir subi de traumatisme d’un membre inférieur (notamment pas d’entorse de cheville) au moins au cours des six derniers mois, que ce traumatisme ait été rééduqué ou non. Ils ne doivent pas non plus présenter d’instabilité chronique de cheville (entorses à répétition). Les sujets ne doivent également pas être âgés de quarante ans ou plus du fait d’une altération des performances de discrimination proprioceptive consécutive à l’âge (Hurley et al 1998 ; Kreutz et al 2004). Critère d’exclusion Un sujet était exclu de l’étude s’il ne prenait pas part à une des quatre séances de travail par groupe, ainsi 7 sujets ont d’abord été écartés de cette étude avant les tests finaux, puis 3 sujets n’ont pas pris part aux tests finaux pour des raisons personnelles. Au final l’échantillon se compose de 27 sujets ayant entièrement réalisé le protocole. Après les post tests, le groupe myolux comprenait donc 10 sujets, le groupe Freeman 8 et le groupe contrôle 9. La moyenne de taille de poids et d’âge n’est pas modifiée. 6 B. Matériel La cheville gauche de chaque sujet est positionnée sur « un prototype d’orthèse déstabilisante MyoluxTM équipé d’un potentiomètre aligné sur l’axe de Henké. Ce dispositif était relié à un ordinateur portable par USB et à un presse-bouton actionné par les sujets. Les données de position de la cheville ont été échantillonnées à 100 Hz à l’aide d’une carte d’acquisition de données multifonction de la série M 250 kéch./s, 16 bits, alimentée par bus. » (Picot et al. 2010). Les données ont été recueillies au moyen du logiciel labview 8.5 permettant une visualisation instantanée de la position de cheville. Le bouton-poussoir permet aux sujets de marquer le tracé de position de cheville par une chute de tension lors de la pression. Ce marqueur n’est utilisé que pour l’exploitation informatique des données par l’expérimentateur. L’ordinateur d’acquisition et de visualisation des tracés de position de cheville était toujours placé de façon à ce que l’écran ne soit visible que par l’expérimentateur. Figure 1 Illustration du dispositif expérimental (Picot et al 2010) 7 C. Méthode Les sujets étaient assis sur une chaise de façon à obtenir, un angle de flexion de hanche et de genou oscillant autour de 90°, ainsi q u’un positionnement vertical du tibia (cf. figure 2). Cette position permet d’obtenir un relâchement optimal des muscles péri-articulaires de la cheville, sans modification de longueur des fibulaires. Dans cette position standardisée, les sujets devaient prendre part à une série de seize mesures de repositionnement passif et actif en inversion de leur cheville gauche. Les seize mesures comprenaient quatre amplitudes différentes déclinées selon plusieurs modalités, d’abord en passif puis en actif, les yeux ouverts puis fermés. Les quatre amplitudes (positions cibles) ont été choisies arbitrairement au départ pour rester dans une faible amplitude d’inversion pour chaque sujet°, afin de limiter l’action des récepteurs capsulo-ligamentaires qui interviennent dans les amplitudes extrêmes (Mazevet et al 2004). Les amplitudes choisies étaient définies selon les valeurs de 6.5V 6V 5.5V et 5V, ce qui correspond à une inversion comprise entre 10 et 30. Les quatre amplitudes étaient effectuées de manière aléatoire et à différentes vitesses afin de limiter l’habituation du sujet à la méthode de mesure. Pour qu’il n’y ait aucune influence du facteur fatigue sur le sens de la position (Forestier et al 2001 ; Boisgontier et al 2010), les mesures étaient toujours prises avant l’entraînement. 8 Figure 2 Illustration de la position de chaque sujet pour la prise de mesure Chaque sujet réalisait donc d’abord les mesures passives les yeux ouverts. Ensuite les mêmes mesures étaient prises en passif mais les yeux fermés. Enfin la deuxième partie des mesures se réalisait en actif. D’abord les yeux ouverts puis les yeux fermés pour terminer la session de mesure. Chaque mesure passive était effectuée de la façon suivante, tout d’abord l’expérimentateur inclinait la cheville en inversion (1) du sujet jusqu'à atteindre une première position en inversion, dite position cible (2), maintenue pendant trois secondes et pour laquelle le sujet devait appuyer une première fois sur le bouton poussoir, afin de pouvoir repérer la position cible sur le tracé. Puis la cheville était ramenée en position neutre par l’expérimentateur (3). Ensuite celui-ci inclinait à nouveau la cheville du sujet en inversion (4), jusqu'à atteindre une inversion maximale en lui demandant d’appuyer de nouveau sur le bouton poussoir lorsqu’il pense avoir atteint la position cible (5), afin que le tracé soit ici aussi marqué informatiquement et que nous puissions mesurer une erreur d’amplitude entre les marqueurs. (cf figure 3) 9 Figure 3 Exemple de tracé obtenu lors d’une prise de mesures de test de repositionnement Ensuite les mesures actives étaient prises. La première partie était identique, l’expérimentateur plaçant la cheville du sujet en position cible pendant une durée de trois secondes (1), le sujet appuyait à ce moment sur le bouton poussoir pour obtenir la première valeur (2), puis remontant la cheville du sujet à la position initiale (3). La seconde partie de la prise de mesure (4 et 5) était différente puisque le sujet devait maintenant remettre sa cheville en position cible de manière active et appuyer sur le bouton poussoir lorsqu’il pense l’avoir atteinte, puis replacer sa cheville en position de départ (cf figure 3). Ces mesures ont été prises avant (pré) et après (post) les quatre séances d’entraînement proprioceptif spécifique à chacun des groupes, Myolux™ ou plateau de Freeman™, et sans entraînement proprioceptif pour le groupe contrôle. Tous les entrainements ont été effectués sur une période de deux semaines. 10 Les plateaux utilisés pour le groupe Freeman™ ont un diamètre de 35 centimètres avec une demi-sphère déstabilisante de 6 centimètres de rayon. Le groupe Myolux™ a quand à lui travaillé avec les dispositifs Myolux Médik™ uniquement. Enfin les individus du groupe contrôle ne réalisaient aucun travail proprioceptif au cours des deux semaines d’expérimentation. Le protocole proposé au groupe travaillant sur plateau de Freeman™ est basé sur un protocole similaire à celui utilisé par McGuine et Keene (2006) composé d’exercices dont l’efficacité à été démontrée et auxquels nous avons rajouté des exercices de projection. En effet nous avons commencé par un maintien statique unipodal sur sol stable, genou tendu d’abord puis genou fléchi a environ trente degrés associé à une légère rotation externe de hanche. Cet exercice a été réalisé d’abord les yeux ouverts puis ensuite les yeux fermés. Cet exercice étant rapidement maîtrisé nous sommes passés à un exercice légèrement plus complexe, nous avons demandé aux sujets de réaliser des activités de double-tâche (maintien statique en réalisant des passes ou dribbles) toujours en maintien statique unipodal pendant une durée de 25 secondes. Une fois ces exercices maîtrisés les sujets pouvaient alors commencer le travail sur plateau de Freeman™. Le premier exercice était un simple maintien bipodal sur plateau les yeux ouverts, permettant une première approche du matériel, avant d’effectuer la même chose mais les yeux fermés. Ensuite nous avons introduit le principe de la double tache en demandant aux joueurs de se faire une série de passes en situation bipodale sur plateau de Freeman™, puis en appui unipodal genou tendu puis genou fléchi à environ trente degrés. Les joueurs devaient réaliser une série de passes sans tomber de la planche pendant une durée de trente secondes pour que l’exercice soit considéré comme réussi. Dans le second exercice multitâche les joueurs devaient dribbler avec un ballon de basket-ball en maintien statique, ici encore d’abord en bipodal puis unipodal sur le plateau. Nous avons également proposé aux sujets de décliner tous les exercices proposés et détaillés ci-dessus en positionnant le pied soit en médial soit en latéral par rapport à l’axe du plateau de Freeman™, cette dernière position augmentant la sollicitation des muscles éverseurs de cheville dans la stabilisation du plateau. 11 Une fois ces exercices maîtrisés nous avons proposé aux joueurs un exercice supplémentaire plus dynamique, dans lequel ils devaient réaliser un exercice de fente avant et un de saut. Les sujets devaient se placer à une distance de cinquante centimètres du plateau de Freeman™, effectuer une chute en avant avec réception sur le plateau de Freeman™, que le sujet devait stabiliser pendant une durée de trois secondes, et se redresser. Les joueurs devaient donc réaliser deux séries de dix répétitions de cet exercice. Les sujets ayant tous maitrisé cet exercice, et étant motivés pour passer à la dernière difficulté proprioceptive sur plateau de Freeman™, les sauts, nous leur avons finalement proposé de réaliser des sauts depuis le sol stable sur le plateau de Freeman™. En effet les sujets devaient se placer à une distance de cinquante centimètres du plateau, et sauter sur le plateau de Freeman™, puis rétablir ce dernier et maintenir l’équilibre pendant une durée de trois secondes avant de descendre du plateau. Aucun sujet ne présentant d’instabilité chronique de cheville, nous leur avons demandé de réaliser cet exercice d’abord en réception bipodale, et les volontaires pouvaient même essayer cet exercice en réception unipodale. Tous les sujets ont finalement réalisé cet exercice. Enfin chaque séance se terminait par une phase de renforcement des muscles de la cheville (triceps sural et éverseurs) pendant laquelle les sujets devaient réaliser deux séries de trente flexions sur les pointes de pied, et deux séries de trente éversions (freiner l’inversion et réaliser une éversion maximale en charge) en appui unipodal sur plateau de Freeman™ (avec appui de 3 doigts sur le mur autorisé). Le groupe Myolux™ à suivi le protocole décrit par la société Cevres (2010). Les sujets commençaient l’entrainement proprioceptif par une partie d’équilibre statique puis la séance se poursuivait par une séquence dynamique, au cours de laquelle les sujets se déplacent avec les Myolux™ dans la salle. Pendant toute la durée de ces deux premières phases les dispositifs articulés d’arrière pied étaient verrouillés à quinze degrés d’inversion de cheville. Enfin la séance se terminait par une séquence de renforcement des muscles éverseurs de cheville. En effet pour commencer la séance les sujets devaient maintenir l’équilibre statique les yeux ouverts en position unipodale, genou tendu face à un mur avec un appui 12 autorisé jusqu'aux trois premiers doigts de chaque main. La consigne est de ressentir les deux butées verrouillant l’inversion à quinze degrés, et une fois ces deux butées ressenties le sujet doit maintenir la position entre les deux butées sans les toucher. Dans le premier exercice les sujets sont en appui sur le palet (cf figure 4), placé sous l’avant pied complet (articulation métatarso-phalangienne). Une fois que les sujets parvenaient à maintenir cette position pendant une durée de quinze secondes ils pouvaient passer au même exercice mais cette fois ci les yeux fermés. Pour augmenter la difficulté ils devaient ensuite maintenir la même position mais avec le palet uniquement sous la tête du premier métatarsien (cf figure 5), ce qui augmente encore le déséquilibre en inversion, sollicite encore plus les éverseurs et demande un contrôle neuromusculaire de la cheville accru. Ici encore, une fois l’exercice maintenu pendant quinze secondes, les yeux ouverts et les yeux fermés, les sujets pouvaient passer au dernier exercice de proprioception statique. Celui-ci consiste au maintien d’une position statique unipodale genou tendu, mais cette fois ci sans palet sous l’avant pied. Cet exercice sollicite grandement les muscles éverseurs puisque le sujet est en station unipodale sur une surface réduite et déstabilisante en inversion . Figure 4 et 5 Illustrations de la position des sujets lors des deux premiers exercices avec palet en mousse (Protocole Cevres 2010) Une fois cette séquence terminée les sujets prenaient part à la séquence la plus importante et la plus longue de chaque séance. 13 Dans cette partie les sujets étaient équipés des dispositifs myolux et des palettes d’avant pied, placées sous les articulations métatarso-phalangiennes, qui diminuent encore la surface d’appui et déstabilisent elles aussi en inversion par leur forme trapézoïde vers l’extérieur. L’exercice consistait à se déplacer, d’abord en marchant puis en trottinant et enfin en courant, avec pour consigne de rester en appui sur la surface plane de la palette, de ne pas basculer sur la surface extérieure au cours des déplacements, et de maintenir les orteils en extension pendant la phase de propulsion (figure 6). Figure 6 Exercice de marche avec appareillage déstabilisant (Protocole Cevres 2010) Une fois la phase d’adaptation passée les sujets devaient réaliser des exercices plus complexes, de dribbles en marchant et en courant, d’abord en ligne droite puis en slaloms, avec toujours comme consigne de ne pas basculer sur la face externe de la palette d’avant pied, et de garder les orteils en extension. Ils devaient également réaliser des passes par groupes de deux en courant en ligne droite sur la largeur du terrain. Ces exercices duraient environ dix minutes. Enfin la dernière partie de la séance correspondait à un renforcement des éverseurs, phase pour laquelle les dispositifs sont déverrouillés jusqu'à quarante cinq degrés d’inversion. Les sujets étaient placés en station unipodale face à un mur, avec ici aussi un appui léger autorisé (comme pour le premier exercice de la séance) et avaient pour consigne de maintenir ici encore les orteils en extension pendant toute la durée de l’exercice. Ils devaient freiner l’inversion entrainée par le poids du 14 corps et la déstabilisation du myolux, jusqu'à ce que la tête du cinquième métatarsien soit en contact avec le sol, et remonter le bord externe du pied le plus haut possible (donc réaliser une éversion maximale contre résistance importante du poids du corps comme). Chaque sujet devait réaliser deux séries d’au moins quinze répétitions lors de la première séance et devaient augmenter les séries à chaque séance avec pour objectif d’atteindre les trente répétitions lors de la dernière. Cet exercice est relativement complexe puisqu’il demande une contraction excentrique d’abord pour freiner l’inversion puis concentrique ensuite des éverseurs de cheville, pour réaliser l’éversion maximale. Le second exercice de musculation était composé de deux séries de trente flexions sur les pointes de pied équipé des palettes déstabilisantes, en gardant les orteils en extension. Le protocole est résumé dans le Tableau 1 ci-dessous. 15 Tableau 1 Récapitulatif du protocole réalisé sur chaque groupe Groupes Pré test Myolux™ (10sujets) 4 Séances d’entrainement 4 séances d’entrainement proprioceptif : proprioceptif : Exercices de stabilisation statique unipodal avec palet statique bipodale et rond unipodale Exercices « dynamiques » déplacement avec palettes de chutes et sauts sur d’avant pied plateaux Automatisation multi-tâche Automatisation multi-tâches (passes et dribbles en (passes et dribbles en déplacement) stabilisation) Renforcement musculaire Post test (9sujets) appareil de mesure. Exercices dynamiques de (2 semaines) Contrôle Test de repositionnement actif et passif de la cheville. Chaque sujet réalisant les 16 tests sur Exercices de maintien Traitement Freeman™ (8sujets) Aucun travail proprioceptif Renforcement musculaire pliométrique sur orthèse pliométrique sur plateau de Myolux™ Freeman™ Test de repositionnement actif et passif de la cheville. Chaque sujet réalisant les 16 tests sur appareil de mesure. 16 D. Analyse statistique Les données acquises par le logiciel Labview ont été traitées par Excel 2007 (Windows Seven) et analysées par Sigmalot (version 11). Nous avons utilisés des tests de Shapiro-Wilk pour savoir si les variables de chaque groupe sont réparties selon une loi normale. Pour cela la p-value doit être supérieure à 0.05. Nous avons calculé la moyenne des 16 erreurs de position de chaque individu, relevées au cours des prises de mesures. Nous avons réalisé une ANOVA sur les résultats des pré-tests afin de vérifier l’absence de différences significatives entre les différents groupes. L’étude visant à comparer les résultats des mêmes individus avant et après un entrainement de deux semaines nous avons comparé ces moyennes à l’aide de tests t appariés pour chaque groupe. L’analyse statistique par Box Plot nous permet de comparer également la dispersion des données des tests effectués, au travers des quartiles et médianes. Le seuil de significativité α à été fixé à 0.05, il s’agit du risque que le résultat obtenu soit du aux fluctuations du hasard. 17 III. Résultats Nous avons dans un premier temps cherché à savoir si les variables mesurées suivaient une loi normale. Ainsi nous avons effectué des tests de Shapiro dans chaque groupe sur les erreurs absolues moyennes calculées (moyenne des 16 erreurs absolues). Avec le test de Shapiro si la P valeur est supérieure à 0.05 alors la variable suit une loi normale. Les tests montrent que les valeurs sont réparties selon une loi normale dans tous les groupes (Myolux™ p=0.260 ; Freeman™ p=0.433 ; Contrôle p=0.852). Ainsi nous pouvons appliquer des tests T appariés pour comparer les erreurs mesurés avant et après la phase d’entrainement. Le risque α a été fixé à 0.05, seuil au-delà duquel l’évolution ne sera pas considérée comme significative. Nous avons ensuite réalisé une ANOVA selon les groupes sur les résultats des prétests. Cette ANOVA nous révèle que les trois groupes ne sont pas significativement différents (p=0.309) Le Tableau 2 résume les évolutions de chaque groupe. Tableau 2 Tableau récapitulatif des résultats de tous les groupes. Erreur Moyenne (°) écart type avant 2,629 0,812 après 2,051 0,495 différence 0,578 0,759 avant 2,019 0,303 après 1,912 0,393 différence 0,107 0,376 avant 2,179 0,541 après 2,222 0,709 différence -0,0425 0,631 groupe Myolux™ Freeman™ Contrôle P value 0,039 0,448 0,845 Ce tableau (Tableau 2) nous montre une diminution 0.58 degrés de l’erreur de position mesurée dans le groupe Myolux™ (P=0.039) alors que dans le groupe Freeman™ la différence mesurée est de 0.11 degrés (P=0.448). Dans le groupe 18 contrôle on constate une augmentation de 0.04 degrés de l’erreur (P=0.845). Les différences notées dans le groupe Freeman™ ainsi que dans le groupe contrôle ne semblent donc pas significative (P>0.05). Ainsi la seule différence significative à noter est pour le groupe Myolux™. Figure 7 Graphe récapitulatif des résultats des 3 différents groupes Avec ce graphe (Figure 7) on peut encore constater que la différence la plus importante est observée pour le groupe Myolux™. Il s’agit même de la seule différence significative (P<0.05). Nous allons maintenant détailler les résultats de chacun des groupes. 19 Pour le groupe Myolux™, les mesures sont regroupées dans le Tableau 3. Tableau 3 Résultats des sujets du groupe Myolux Numéro 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Groupe moyenne avant (°) écart type moyenne après (°) écart type Myolux™ 2,14 1,71 1,10 0,98 Myolux™ 2,30 1,73 2,58 1,86 Myolux™ 2,51 1,75 2,36 1,67 Myolux™ 3,88 3,58 2,46 1,69 Myolux™ 3,95 3,14 2,65 1,74 Myolux™ 1,79 1,60 2,09 1,40 Myolux™ 3,31 3,66 1,51 1,12 Myolux™ 1,81 1,27 1,75 1,71 Myolux™ 1,98 1,50 1,95 1,53 Myolux™ 2,62 3,12 2,09 1,40 Le Tableau 3 nous permet de calculer une moyenne de pré tests ainsi qu’une moyenne de post tests et donc une différence reprise dans le Tableau 4. Tableau 4 Récapitulatif du groupe Myolux MOYENNE avant (±SD)(°) MOYENNE après (±SD)(°) Différence(°) P valeur 2,63(±0,81) 2,05(±0,49) 0,58(±0,76) 0,039 On constate une diminution de l’erreur moyenne du groupe de 0.58 degrés, diminution significative puisque p<0.05 (0.039). D’autre part, le tableau général (Tableau 3) permet de mettre en évidence que deux sujets seulement sur les dix 20 n’ont pas progressés, leur erreur étant augmenté de lors des post tests. Cela signifie que 80% des sujets améliorent leur résultat. Erreur de position groupe myolux avant et après entrainement 4,5 erreur de position (degrés) 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 Avant Après Figure 8 Box Plot des résultats du groupe Myolux Le graphe ci-dessus (Figure 8) nous montre que les résultats du groupe sont meilleurs après le travail proprioceptif, puisque les valeurs sont comprises entre 1.1 et 2.65 lors des tests après travail contre 1.79 à 3.95 degrés lors de la première prise de mesures. La médiane passe de 2.41 à 2.09. L’étendue de la série est donc moins grande pour les tests réalisés après entrainement proprioceptif. Le troisième quartile des tests finaux (2.43) correspond presque à la médiane des tests initiaux (2.41). 70% des sujets des tests finaux ont donc des résultats inférieurs à la médiane des tests initiaux. 21 En ce qui concerne le groupe Freeman™, les mesures sont regroupées dans le tableau suivant (Tableau 5) : Tableau 5 Résultats des sujets du groupe Freeman Numéro 11 12 13 14 15 16 17 18 groupe moyenne avant(°) écart type moyenne après(°) écart type Freeman™ 1,72 1,24 2,29 1,39 Freeman™ 2,05 1,50 1,51 0,9 Freeman™ 2,32 1,79 2,41 2,03 Freeman™ 1,68 1,73 1,73 1,42 Freeman™ 2,40 1,60 2,42 1,06 Freeman™ 1,64 2,17 1,52 2,16 Freeman™ 2,26 1,09 1,73 1,21 Freeman™ 2,09 1,25 1,69 1,46 Nous avons calculé la moyenne d’erreur du groupe avant et après le travail proprioceptif, ce qui nous donne les résultats suivants (Tableau 6): Tableau 6 Récapitulatif du groupe Freeman MOYENNE Avant (±SD)(°) 2,02(±0,30) MOYENNE Après (±SD)(°) 1,91(±0,40) Différence(°) P valeur 0,11(±0,38) 0,448 On constate une légère amélioration globale du sens de la position, mais celle-ci n’est pas significative (p=0.448). Dans ce groupe nous pouvons remarquer que quatre sujets sur huit ont une augmentation de l’erreur mesurée lors des tests post entrainement, soit 50% des sujets qui n’améliorent pas leur résultat. 22 Erreur de position groupe freeman avant et après entrainement 2,6 erreur de position (degrés) 2,4 2,2 2,0 1,8 1,6 1,4 Avant Après Figure 9 Box Plot des résultats du groupe Freeman Ce box plot (Figure 9) nous montre que les résultats des tests avant et après entrainement sont semblables dans ce groupe, les valeurs étant comprises entre 1.64 et 2.40 lors des pré tests et entre 1.51 et 2.42 lors des post tests. Le premier quartile et la médiane diminuent (Q1 de 1.70 à 1.61 et médiane de 2.07 à 1.73) mais le troisième quartile augmente, de 2.29 à 2.35. L’étendue de la série augmente lors des tests finaux par rapport aux tests initiaux, ce qui signifie une plus grande dispersion des valeurs entre les sujets. Maintenant analysons les résultats du groupe contrôle, (Pour rappel : n’ayant pas participé aux entrainements proprioceptifs). Les mesures prises lors de ces tests ont été regroupées dans le Tableau 7 ci-dessous : 23 Tableau 7 Résultats des sujets du groupe contrôle Numéro 19 groupe moyenne avant(°) écart type moyenne après (°) écart type Contrôle 2,06 1,66 1,94 1,31 Contrôle 1,28 2,12 1,64 1,71 Contrôle 2,46 1,57 1,54 1,31 Contrôle 2,20 1,90 2,20 1,87 Contrôle 2,06 1,97 1,85 1,40 Contrôle 2,08 1,38 2,18 1,89 Contrôle 3,27 1,75 3,69 3,13 Contrôle 2,44 1,67 1,90 2,07 Contrôle 1,78 1,48 3,07 1,46 20 21 22 23 24 25 26 27 Le Tableau 7 nous a permis de calculer une moyenne pour chaque test ainsi qu’une différence entre ces moyennes des prés et posts tests, qui sont reprises dans le Tableau 8 : Tableau 8 Récapitulatifs du groupe Contrôle MOYENNE Avant (±SD)(°) MOYENNE Après (±SD)(°) Différence(°) P valeur 2,18(±0,54) 2,22(±0,71) -0,04(±0,63) 0,845 A la lecture des résultats, nous remarquons que pour le groupe contrôle il n’y a pas d’amélioration au niveau des erreurs de position de cheville. En effet la moyenne des mesures passe de 2.18 à 2.22 degrés d’erreurs (0.04° de différence seulement), avec une p value de 0.845, ce qui montre ici aussi qu’aucune différence significative ne peut être relevée. Dans ce groupe cinq sujets sur neuf n’ont pas eu d’améliorations lors des post tests (plus de 50%). 24 Le graphique (Figure 10) suivant représente les séries de mesures prise pour le groupe contrôle. Erreur de position groupe contrôle avant et après entrainement proprioceptif 4,0 erreur de position (degrés) 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 Avant Après Figure 10 Box plot des résultats du groupe Contrôle Ce graphe (Figure 10) nous montre donc que l’étendue de cette série est, comme pour le groupe Freeman™, plus importante lors des tests finaux. En effet l’étendue finale est de 2.15 degrés alors que lors des pré-tests elle était de 1.99 degré. Le premier quartile diminue lors des post tests, mais le troisième augmente, alors que la médiane passe de 2.08 à 1.94 degrés. 25 IV. Discussion A. Résultats Il semblerait que le Myolux™ ait une influence sur le sens de la position en inversion de cheville, alors le plateau de Freeman™ ne semble pas en avoir. Notre hypothèse semble donc valide, le Myolux™ semble avoir un effet plus rapide et important que le plateau de Freeman™ sur la proprioception consciente de cheville. Les tests de repositionnement permettent de mettre en évidence une amélioration significative de 0.58° pour le groupe Myolux™ (p=0. 039). Les écarts types sont aussi plus faibles après entrainement, traduisant une moins grande dispersion des données. Une grande partie des sujets du groupe Myolux™ (80%) à montré une amélioration de performance lors des tests post entrainement. Pour le groupe Freeman™ on peut noter une légère amélioration (0.11°) même si celle-ci n’est pas significative (p=0.448). Les écarts types ont tendance à augmenter après les entrainements dans ce groupe. Seulement la moitié des sujets ont amélioré leur sens de position au cours de cet entrainement sur plateau de Freeman™. Le groupe contrôle, ne montrant aucune modification significative (p=0.845), nous permet « d’objectiver » les améliorations montrées par le Myolux™ dans cette étude. Nos résultats ne sont cependant pas en accord avec ceux de Blanc et al (2009) ne mettant pas en évidence une quelconque amélioration de la proprioception de la cheville sur Neurocom™ grâce au Myolux™. Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que les paramètres mesurés par le Neurocom™ sont différents, et moins spécifiques à la proprioception consciente de la cheville que celui mesuré dans notre cas. Les différences de populations des deux études ont également pu influencer les résultats et entraîner les différences constatées. Contrairement à nos résultats, plusieurs auteurs ont montré une amélioration de proprioception avec travail sur plateau de Freeman™. Hoffman et al (1995) ont montré qu’un protocole de 8 semaines de plateau de Freeman™ permet une amélioration de proprioception générale. Verhagen et al (2004) ont montré que l’entraînement sur plateau de Freeman™ pendant toute une saison diminue le risque de blessure chez les volleyeurs ayant déjà eu une entorse. Leur travail portait sur 1127 sujets de 116 26 équipes. Ce travail montre que les sujets n’ayant pas d’antécédents ont une plus faible diminution du risque d’apparition d’entorse que ceux ayant des antécédents d’entorses après travail proprioceptif sur planche de Freeman™ (Verhaegen et al 2004). McGuine et al (2006) ont également montré une diminution du risque d’entorse chez les basketteurs et les footballeurs grâce au travail proprioceptif sur plateau de Freeman™. Leur étude portait sur 765 sportifs, mais sur une saison complète. Toutes les études ayant trouvé des résultats significatifs avec plateau de Freeman™ ont été réalisées sur une durée relativement importante (au moins 8 semaines pour Hoffman et al (1995), une saison complète pour Verhaegen et al(2004) et McGuine et al (2006)), ou sur une population plus importante. Sefton et al (2011) démontrent qu’un entraînement proprioceptif classique de 6 semaines permet une amélioration du sens de la position en inversion de cheville chez les sujets ayant une instabilité chronique de cheville. Les différences de taille d’échantillon et de durée de l’étude semblent expliquer l’absence de résultats significatifs dans notre étude. L’étude de Fayolle (2004) reprend les résultats trouvés par Forestier et Toschi (2005). Il s’agit d’études comparatives entre Myolux™ et plateau de Freeman™ dont les résultats montrent une meilleure discrimination EMG des muscles de la cheville avec Myolux™. Les résultats indiquent une augmentation significative du recrutement musculaire des éverseurs mesurée par EMG. En effet les peroneus brevis et longus sont recrutés de façon anticipative lors du port du Myolux™. Ils expliquent que cette contraction anticipée de la loge externe permette de verrouiller et donc de protéger l’articulation de cheville lors d’une inversion forcée. Ces études montrent également que le plateau de Freeman™ augmente le recrutement de tous les muscles de la cheville sans différenciation. La contraction simultanée de tous les muscles péri-articulaires de la cheville est donc contraire à celle associée par le port du Myolux™. Selon ces auteurs (Fayolle 2004, Forestier et Toschi 2005) elle ne permet pas une protection optimale de la cheville en cas d’inversion forcée. Osborne et al (2001) ont montré que le plateau de Freeman™ améliore spécifiquement la vitesse de contraction tibialis antérior après 8 semaines de rééducation proprioceptive après entorse externe de cheville. Toutes les autres améliorations notées dans leur étude ne sont pas significatives (notamment au niveau de la loge externe de jambe). 27 Coutagne et al. (2008) ont également montré que le Myolux™ est un appareil très spécifique des éverseurs. Il semble que le Myolux™ est le matériel proprioceptif qui sollicite le plus les muscles fibulaires. Cette forte sollicitation semblerait en accord avec nos résultats, puisque les Fuseaux Neuromusculaires sont les capteurs proprioceptifs les plus utilisés dans la proprioception consciente et donc dans le sens de la position (Mazevet et al, 2004). Cette étude montre également que le plateau de Freeman™ est très peu sollicitant des éverseurs, de l’ordre de deux fois moins que le Myolux™ (Coutagne et al 2008). Pour Forestier et Toschi (2005) le plateau de Freeman™ sollicite de manière égale tous les muscles péri articulaires de cheville. Or Santilli et al (2005) ont réalisé une étude EMG de la cheville à la marche. Ils ont montré que l’activité à la marche du peroneus longus est significativement plus faible en cas d’entorse de cheville. Yuri Suda et al. (2009) ont montré que cette activité EMG est également plus faible à la réception d’un saut chez les volleyeurs. Cette activité plus faible diminue donc la protection de cheville et augmente le risque de récidive. McHugh et al. (2006) ont également montré que les antécédents d’entorses sont un facteur favorisant le risque d’apparition d’entorse grave. Le renforcement musculaire des muscles fibulaires semble donc primordial lors de la rééducation après entorse latérale de cheville, et le Myolux™ semble avoir un effet sur ces muscles. En effet Daigremont (2009) a montré que le Myolux™ entraîne une amélioration de force des éverseurs, évaluée par tests sur appareil d’isocinétisme Biodex™, en 4 semaines. Les sujets ont réalisé 8 séances durant 4 semaines de traitement. Cette étude démontre que les augmentations de forces associées au travail avec Myolux™ sont plus importantes que lors du renforcement manuel classique en rééducation d’entorse des éverseurs. En travaillant sur une équipe de handballeur au cours d’une saison complète, Grathwohl et al. (2006) ont montré, après que les joueurs aient réalisé 7 séances de 30min sur Myolux™ en un mois, que l’amélioration significative de la force des éverseurs ainsi que du sentiment de sécurité de leur cheville persiste (tests à 3 et 6 mois après entrainement). Néanmoins selon Ferrandez (2006) cette augmentation de force des éverseurs aurait une influence limitée sur la performance posturale globale. 28 Le Myolux™ semble donc proposer une réponse assez intéressante aux problèmes causés par l’entorse de cheville. En effet notre étude montre que le sens de la position en inversion semble amélioré après seulement 4 séances de travail chez les basketteurs. Cette amélioration de proprioception permet de lutter contre la diminution du sens de position notée chez les sujets souffrant d’instabilité de cheville (Jerosch et al 1996 ; Konradsen et al 2000). D’autre part les études EMG réalisées (Fayolle 2004, Forestier et Toschi 2005, Coutagne et al. 2008) montrent que l’activité des muscles fibulaires est améliorée par le port du Myolux™. Cette amélioration répond à la diminution d’activité de ces mêmes muscles relevée après entorse (Santilli et al 2005 ; Suda et al 2009). Enfin les études de force musculaires montrent également une amélioration de force des fibulaires grâce au Myolux™ (Daigremont et al 2009) et que cette amélioration de force persiste et entraine une plus grande confiance des sujets en leur cheville (Grathwohl et al 2006). Cela répond à la diminution de force des fibulaires notée chez les sujets atteints d’entorse latérale de cheville (Ryan 1994 ; Harstell et al 1999 ; Willems et al 2002) Le plateau de Freeman™ serait plutôt associé à une amélioration globale de la proprioception (Verhagen et al 2004 ; McGuine et al 2006). Il semble que cette amélioration soit associée à une diminution de risque de récidive des entorses (Verhagen et al 2004 ; McGuine et al 2006). Notre étude ne permet cependant pas de mettre en évidence une amélioration du sens de la position en inversion grâce au plateau de Freeman™. 29 B. Limites de l’étude Les résultats de l’étude semblent intéressants mais notre étude présente cependant quelques limites. En effet l’échantillon est relativement réduit, puisqu’il s’agit de basketteurs uniquement. De plus la durée de travail de l’étude peut sembler courte. Nous ne disposions que d’un mois de travail pour la prise des mesures, avant et après entrainement. La durée de travail à donc été réduite à deux semaines et chaque individu a pris part à 4 séances. Cette courte durée de travail à tout de même permis de mettre en évidence des différences entre les évaluations. Elle ne permet par contre pas de connaitre les effets de notre protocole à moyen et à long terme. Il aurait été intéressant de réaliser une troisième évaluation des sujets entre 3 et 6 mois après arrêt du travail proprioceptif. Le choix des mesures peut également être une des limites de cette étude, puisque nous avons choisi de travailler à une amplitude comprise entre 10 et 30° d’inversion, et donc de mesurer principalement l’action des Fuseaux Neuromusculaires. Nous avons également choisi de faire varier les critères de mesure puisque nous avons choisi de travailler en actif puis en passif, les yeux ouverts ou fermés. Cette quantité de mesure à néanmoins permis d’obtenir une plus grande précision lors de la réalisation de moyennes. 30 V. Conclusion En conclusion l’étude montre qu’il est possible d’agir sur la proprioception consciente de la cheville, notamment sur le sens de la position, et de l’améliorer grâce à un entrainement proprioceptif. L’expérimentation montre également que le Myolux™ entraine une amélioration plus rapide de cette proprioception consciente que le plateau de Freeman™. Le Myolux™ entraine l’association d’une amélioration proprioceptive, ainsi qu’une amélioration de force et de recrutement EMG des éverseurs, les deux critères affectés par l’entorse de cheville. Les améliorations proprioceptives liées au travail sur Myolux™ apparaissent en 4 séances. Cependant il n’est pas possible de prouver l’action du plateau de Freeman™ sur le sens de la position de la cheville, et son action sur les muscles fibulaires n’a pas pu être démontrée non plus. La réponse du Myolux™ à l’entorse latérale de cheville est donc plus complète et plus rapide que celle proposée par le plateau de Freeman™. A la vue de tous ces résultats et études il semble maintenant intéressant de réaliser une étude sur plus longue période afin de mesurer les effets maximaux de cet entrainement proprioceptif sur Myolux™. Une étude plus longue permettrait d’évaluer l’efficacité de l’entrainement à moyen et long terme. Il serait également intéressant d’évaluer son action préventive sur le risque d’apparition d’entorse latérale de cheville chez des sportifs. 31 VI. Bibliographie 1. Bellaud E, Une façon (re)pensée d’agir, Kinesither Rev 2006; 59 : 33-41. 2. 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