Gérer son budget - Cresus Île-de
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Gérer son budget - Cresus Île-de
1 Gérer son budget Présentation et commentaires Ce texte décrit le cadre général de la gestion d’un budget individuel ou familial : la définition des termes utilisés ; les trois états d’équilibre d’un budget ; les principales composantes de la gestion d’un budget ; la « discipline de vie » qui s’impose à qui veut gérer son budget ; les principales étapes traversées par celui ou celle qui passerait d’une absence totale de gestion à une gestion complète et rigoureuse de son budget 1 ; les bénéfices d’une gestion « raisonnable » du budget ; une façon simplifiée de gérer son budget sans se mettre en péril. Dans la réalité, chacun gère son budget à sa façon, et il peut exister de multiples manières de bien gérer son budget,. Mais il reste quelques règles incontournables à observer… ! 1. Définition, étymologie (dictionnaire Robert) 1.1. Budget Définition Acte par lequel sont autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l’Etat Etat prévisionnel et limitatif des recettes et dépenses d’une période donnée. Budget familial, domestique. Budget mensuel. Boucler son budget. Par extension : somme dont on peut disposer pour une dépense précise (enveloppe). Le budget d’un voyage, des vacances. Etymologie Le mot anglais budget est issu du latin bulga, sac de cuir, qui a donné les mots d’ancien français bouge et bougette, qui signifient « sac de cuir », « poche », « bourse de cuir » et « sacoche de trésorier » ou encore « escarcelle » dans lequel, au Moyen Âge, on mettait ses pièces de monnaie. 1.2. Gérer Définition Administrer (les affaires d’un autre, ou ses propres affaires) Organiser, utiliser au mieux Etymologie Du mot latin gerere « porter sur soi », « prendre sur soi, se charger volontairement de, administrer », d’où « exécuter, faire », puis « diriger (ses affaires) » et « s’occuper (de quelque chose ou de quelqu’un) de manière suivie ». Commentaires 1 Pour répondre de manière complète à la question : « Dans le détail, comment et avec quels outils gérer son budget ? », on se reportera utilement aux autres documents utilisés par Crésus dans le cadre de ses groupes d’éducation budgétaires et bancaires. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 2 Les définitions et l’étymologie des mots gérer et budget évoquent différentes dimensions de l’expression « gérer son budget » Il s’agit d’argent. Chacun sait combien cet objet est bizarre et difficile à se procurer, et combien il excite les émotions, les sentiments et les actions des humains : ce n’est pas un objet banal C’est de l’argent qui circule, sous la forme de recettes et de dépenses (par opposition par exemple à l’argent d’un patrimoine, qui est plutôt de l’argent épargné, stocké, en attente, de l’argent qui dure) Le budget fait référence à une période donnée, généralement le mois ou l’année, ou encore la semaine Le budget (« bougette ») est à l’origine un contenant, un sac dans lequel on mettait les pièces de monnaie. Quand la « bougette » contenait des pièces, on pouvait payer, quand elle était vide, on ne pouvait plus le faire (pas de carte de crédit ni de crédit renouvelable comme aujourd’hui, ni de chèque qu’on peut émettre sans provision préalable sur le compte bancaire). On peut faire un rapprochement entre cette antique bougette et la technique actuelle de gestion du budget par enveloppes hebdomadaires : celle-ci vise à éviter de dépenser et de payer à crédit, et consiste à calculer le montant de son « reste à vivre » hebdomadaire et à mettre la somme d’argent liquide correspondante dans une enveloppe qui constitue la limite des dépenses à ne pas dépasser pour ses achats courants (nourriture principalement) A l’origine et encore aujourd’hui, le budget est, au sens propre, une « affaire d’Etat », un acte politique essentiel de la gestion des affaires publiques, qui nécessite des études préalables et des débats entre les dirigeants (et aujourd’hui entre ceux-ci et les représentants des citoyens). Appliqué à la gestion du budget familial, ce constat permet de souligner que gérer son budget est un acte central de la vie d’une famille ou d’un individu, et qu’il ne peut être laissé à l’abandon Le budget fait référence à des limites à ne pas dépasser et comporte une dimension d’autorisation que la collectivité se donne à elle-même. Le concept de budget part donc du constat qu’on n’est pas dans un monde de l’infini, du sans limite, dans un monde irréel dans lequel tout serait possible. On est au contraire dans un monde réel dont les ressources sont limitées : concept central de limite, de borne, de frontière, d’enveloppe, qui fait donc référence à ce qui est réalistement possible. Même si les définitions et l’étymologie n’y font pas référence explicitement, ces limites et ces autorisations ont naturellement pour fonction de créer un équilibre entre les recettes et les dépenses : en principe, les rentrées d’argent doivent être supérieures, ou au moins égales, aux dépenses (cf. le principe de Micawber, qui reformule à sa manière la loi fondamentale de toute économie2) 2 Le mot « économie » vient du grec oikonomos qui signifie « la règle, la loi, l’organisation de la maison ». A l’origine, il signifie « l’art de bien administrer une maison », puis « la bonne gestion des biens d’autrui ». Il réfère donc bien à l’idée moderne de gestion équilibrée de l’argent du budget familial. L’une des composantes de cette « loi de la maison » pourrait bien être celle qui a été formulée par Charles Dickens dans son roman intitulé © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 3 Puisqu’on est dans la durée d’une période comportant un début et une fin, le budget anticipe naturellement la ou les périodes à venir. Gérer son budget ne consiste donc pas uniquement à enregistrer le présent jour après jour, mais à anticiper, pour maîtriser l’avenir. Gérer son budget nécessite de déployer une activité volontariste et durable : c’est un travail qui nécessite d’y consacrer du temps, de la volonté et de la continuité dans l’action. Gérer évoque également l’idée de porter sur soi, et prendre sur soi, que l’on peut rapprocher du constat selon lequel gérer son budget nécessite parfois de prendre des mesures lourdes de conséquences, ou difficiles à assumer, dont le corps porte le poids, comme une sorte de fardeau3. 1.3. Gérer son budget Définition Gérer son budget, c’est : Noter ses ressources et ses dépenses mensuelles dans des tableaux qui permettent de savoir à tout moment où on en est financièrement Faire des prévisions et comparer les réalisations aux prévisions Equilibrer durablement ses ressources et ses dépenses, c'est-à-dire ne pas dépenser plus que ses ressources. Pour être plus précis, il convient de distinguer deux réalités différentes : Au sens strict, la gestion du budget ne concerne que l’enregistrement et le traitement des mouvements d’argent - ressources et dépenses - qui se répètent régulièrement d’un mois sur l’autre. On est ici dans la gestion des flux d’argent répétitifs. Au-delà de la gestion de ce budget au sens strict, et pour désigner le traitement des mouvements d’argent exceptionnels - par exemple le paiement d’une grosse réparation de l’automobile ou de la maison, le fait de contracter un crédit, de constituer et de gérer une épargne, ou encore de recevoir un héritage - il est préférable de parler de gestion du patrimoine. On ne traite plus des flux répétitifs, mais des « stocks » d’argent, puisqu’il s’agit d’un argent en principe plus stable. Parce qu’ils ont un caractère exceptionnel, ces évènements doivent être enregistrés et traités à part, sans quoi ils viendraient perturber le fonctionnement régulier du budget au sens strict. David Copperfield, et qui reste connue sous le nom de « principe de Micawber ». Dickens fait en effet énoncer ce principe comme suit par l’un des personnages de son roman, Wilkins Micawber : « Revenus 20 livres, dépenses 19,99 livres égale bonheur. Revenus 20 livres, dépenses 20,01 livres égale misère » (Ce principe ayant été énoncé avant la décimalisation de la monnaie anglaise, il l’a été en termes de livres anglaises, de shillings et de pences. C’est par souci de clarté pédagogique que nous nous sommes indûment autorisés à « moderniser » l’énoncé du principe de Micawber !). Cette « loi » pourrait se reformuler aujourd’hui comme suit : un ménage, ou un individu, ne peut durablement dépenser plus qu’il ne gagne. S’il enfreint cette loi, il entre dans un système de dépendance et s’expose à de graves difficultés, et notamment à perdre son autonomie en devenant surendetté. 3 Notre expérience en matière d’éducation budgétaire nous montre également, en sens inverse, combien l’absence de gestion lucide de son propre budget peut entrainer des sensations d’angoisse ou de culpabilité pesante (à cause des multiples risques qu’elle comporte), et combien le fait d’entrer dans la compréhension et la maîtrise de son propre budget apporte un sentiment de jubilation et d’allègement. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 4 2. Les trois états du budget. Un budget est : 2.1. Equilibré lorsque les ressources régulières (R) sont égales aux dépenses régulières (D) 2.2. Excédentaire lorsque les ressources R sont supérieures aux dépenses D. Si on le conserve, l’excédent qui reste à la fin du mois permet de constituer une épargne. Si on a des dettes en cours (et notamment un compte bancaire débiteur ou un crédit renouvelable), il est souvent préférable d’utiliser cet excédent pour les rembourser au moins partiellement. 2.3. Déficitaire si les dépenses D sont supérieures aux ressources R. Le déficit D - R ne peut être comblé que par une diminution du solde de l’épargne si on dispose d’une épargne, ou par un recours au crédit si on n’a pas d’épargne. Si on a un budget durablement déficitaire, on peut être conduit à recourir au crédit de manière dangereuse, à devenir surendetté et à en subir tous les dangers. 3. Les principales composantes de la gestion d’un budget 3.1. Mettre de l’ordre, ranger Les personnes qui gèrent peu ou mal leur budget ne savent souvent pas où trouver les documents bancaires, comptables ou juridiques qui leur permettraient de faire le point de manière précise sur leurs comptes : les relevés de compte bancaire, les contrats et les tableaux d’amortissement des prêts obtenus, les fiches de retrait d’argent au distributeur de billets, les justificatifs de paiement par carte bancaire sont incomplets, ou manquants, ou non rangés et difficiles à retrouver etc. Pour gérer ses affaires d’argent, il faut d’abord mettre de l’ordre dans ses documents, c’est-à-dire acheter des boites, des classeurs, des registres qui permettront de classer, d’enregistrer, de garder des traces des diverses opérations comptables, financières, juridiques et administratives en relation avec les affaires d’argent. Mettre de l’ordre, ranger, classer peut représenter un assez gros travail au début, mais demande ensuite peu de temps lorsque les habitudes sont prises. 3.2. Faire la lumière sur la situation financière et bancaire Certaines personnes ne tiennent pas leurs comptes par écrit, mais savent assez précisément où elles en sont avec leur budget (ressources et dépenses) et avec leur patrimoine (la valeur de leurs biens, et le montant de leurs dettes). D’autres personnes sont dans une grande confusion à l’égard de ces questions, et semblent ne pas connaître les chiffres essentiels qui les concernent : quel est le montant exact de leurs revenus ? De leurs dépenses (« je ne sais pas où passe mon argent ») ? Quel est le montant de leurs dettes ? De leur solde bancaire ? De leur épargne ? Cette méconnaissance semble plus fréquente lorsque leur situation financière est mauvaise et potentiellement dangereuse pour eux et pour leur famille. C’est comme si ces questions d’argent leur semblaient trop complexes et trop angoissantes et qu’elles préféraient ne pas y penser. Le premier travail à faire est donc de faire la lumière sur sa situation budgétaire (l’équilibre entre les ressources régulières et les dépenses régulières), bancaire (le suivi de ses comptes bancaires), et patrimoniale (l’inventaire de tout ce qu’on possède en propre et de toutes ses dettes). Faire un diagnostic financier aussi complet et précis que © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 5 possible est un préalable indispensable, même s’il représente quelquefois une épreuve angoissante, voire douloureuse. 3.3. Noter les revenus et les dépenses Dans un premier temps, on prendra soin de tout noter, même les rentrées qui semblent peu importantes et exceptionnelles (par exemple les étrennes qu’on reçoit d’une vieille tante), ou les dépenses d’argent de poche. Si on ne note pas tout, on bâtit un budget incomplet, dans lequel la part de l’ombre peut prendre progressivement une place excessive et devenir le lieu de dérapages dangereux. Pour noter toutes ses ressources et toutes ses dépenses, il convient de conserver une trace écrite, qu’on classera, de tous ces mouvements d’argent au quotidien, et notamment les tickets de caisse, factures, facturettes, talons de chèque, tickets de paiement par carte bancaire, ticket de retrait d’argent au distributeur automatique de billets etc. Ultérieurement, ces enregistrements pourront prendre progressivement des formes moins contraignantes : dès lors qu’on dispose d’une épargne de sécurité suffisante et d’une bonne connaissance des grands postes de ses revenus et de ses dépenses, on peut progressivement s’autoriser des marges de liberté plus grandes. Gérer son budget n’est pas une punition, c’est au contraire une démarche de sécurité pour se protéger des graves ennuis qu’on rencontre lorsqu’on a perdu la maîtrise de l’argent au quotidien, et donc une démarche pour vivre mieux. 3.4. Faire des récapitulations, des calculs, tenir un tableau de bord Ces revenus et ces dépenses, il faut les classer selon un certain ordre et leur faire subir certaines opérations de calcul pour faire apparaître certaines informations utiles. Par exemple : o Quel est le « reste à vivre » dont je dispose pour mes dépenses courantes (nourriture, vêtements, loisirs etc.) lorsque j’ai payé toutes mes dépenses contraintes (loyer, téléphone, électricité etc.) ? o Mes dépenses de nourriture ont-elles augmenté ce mois-ci par rapport aux mois précédents ? De combien ? Pourquoi ? o Comment évolue mon endettement ? Et la part de mes remboursements mensuels par rapport à mes revenus ? Jusqu’où cette part est-elle supportable ? o Comment évolue mon épargne de précaution ? Le tableau de bord est la présentation des chiffres-clés de la situation budgétaire et patrimoniale et de leur évolution mois après mois, année après année. Il permet de saisir d’un seul coup d’œil l’essentiel de l’évolution de la situation financière d’une personne ou d’une famille. Noter ses ressources et ses dépenses,, faire des calculs, des graphiques, des récapitulations, tenir un tableau de bord, constituent l’aspect « mécanique » de la gestion budgétaire. C’est un préalable indispensable. 3.5. Regarder, analyser, nommer les problèmes, faire le diagnostic Lorsque les tableaux de chiffres sont tenus, lorsqu’ils illustrent utilement l’évolution des revenus, des dépenses, et de certains chiffres-clé du budget, il convient de les regarder attentivement et de comprendre ce qu’ils signifient. Par exemple si j’ai recours au crédit au-delà de mes capacités de remboursement, je constaterai une augmentation excessive des mensualités de remboursements par rapport à mes revenus. Si au contraire je constitue une épargne de manière régulière, je © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 6 peux l’évaluer en nombre de semaines ou de mois de mes revenus, ou en pourcentage de mes revenus annuels. Autre exemple : si j’ai fait des prévisions de revenus et de dépenses, et que la réalité est notoirement différente de mes prévisions, je pourrai réfléchir à la question : pourquoi les choses ne se sont-elles pas passées comme je l’avais prévu ? La racine du mot « spéculer » signifie « regarder », réfléchir à la signification de ce que l’on voit. Et quand on a compris un phénomène, on peut le nommer et, s’il correspond à une difficulté, on peut analyser le problème. Par exemple : pourquoi ma situation budgétaire se dégrade-t-elle ? Ou : comment ai-je pu, depuis trois mois, augmenter sensiblement ma capacité à épargner en vue de payer les prochaines vacances ? 3.6. Définir une stratégie : augmenter ses ressources, diminuer ses dépenses Lorsque les difficultés, ou les dangers, ont été clairement énoncés, il convient de rechercher des solutions qui soient si possible durables. Et donc de répondre à la question : quelles orientations permanentes pourrais-je et devrais-je prendre pour équilibrer durablement mon budget ? Cela consiste également à définir une stratégie, c’est-à-dire une suite d’actions concrètes à réaliser au sujet des affaires d’argent en vue d’améliorer sa situation financière. Dans certains cas, il s’agit de regarder s’il est possible, et comment, de diminuer les dépenses (cf. ci-dessous). Et si on choisit cette solution, il convient de s’y tenir. Mais il faut également regarder si l’on peut augmenter les ressources (travailler plus ou autrement si l’on a déjà une activité, créer une activité nouvelle et rémunératrice, vendre plus cher sa production si on est entrepreneur ou fournisseur de service, faire valoir des droits qui ne sont pas activés, vendre des objets qui n’ont plus d’utilité etc.) Si l’on est surendetté, on a souvent intérêt à déposer un dossier de surendettement, via la Banque de France, auprès de la Commission départementale de surendettement. 3.7. Se plier à la loi, faire des choix L’argent est souvent difficile à gagner et facile à dépenser. Pour le dépenser, les possibilités sont quasi infinies : notre désir naturel est d’acheter et de consommer toujours plus, mieux, plus cher, parfois au-delà de nos vrais besoins. Ce désir est exacerbé par la publicité et par la culture de consommation qui nous entoure et nous traverse. Gérer son budget, c’est se confronter à l’obligation de se plier à cette loi fondamentale de l’économie, qui est de chercher à se procurer des ressources supérieures à nos dépenses, ou plus souvent de dépenser moins que ce que l’on gagne. Lorsque nous n’avons d’autre solution que de limiter nos dépenses, nous devons établir des priorités et faire des choix. Choisir, c’est souvent être obligé de renoncer, c’est se plier à cette dure loi de l’équilibre entre les revenus et les dépenses4. 3.8. Anticiper, prévoir, se « projeter » Gérer son budget, c’est sortir du quotidien, de l’instant présent, pour réfléchir à des questions du type : que va-t-il se passer demain ? Mes rentrées d’argent vont-elles augmenter ? Diminuer ? De combien ? Et comment vont évoluer mes dépenses ? Quel type d’évènement pourrait mettre ma situation financière en déséquilibre, et moi ou 4 Ces remarques valent pour les personnes qui disposent d’une certaine marge de manœuvre budgétaire, mais non pour celles qui ne disposent pas des ressources minimales qui leur permettre de vivre dignement, et qui sont obligées de faire appel à l’aide sociale d’urgence. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 7 ma famille en danger (maladie ou accident d’un enfant, remplacement d’un appareil électroménager, perte d’emploi, séparation ou divorce) ? Si je veux acheter une automobile ou un appartement, ou faire construire une maison, ou encore financer les études de mes enfants, de quelle somme d’argent aurai-je besoin ? Pendant combien de temps ? Gérer son budget, c’est anticiper, c’est se projeter dans un avenir à construire. C’est être capable de faire des projets, et d’en regarder les incidences financières. On a tendance à penser qu’on ne peut faire des projets que si l’on a de l’argent. Mais l’inverse peut être vrai également : si je fais des projets, si j’ai vraiment le désir de les réaliser, cela me motive à réfléchir dès aujourd’hui à la façon de les financer, et à m’en donner les moyens. Première façon d’anticiper : noter dans un tableau mensuel les prévisions de ressources et de dépenses pour le mois ou le trimestre à venir puis, progressivement pour l’ensemble de l’année à venir. 3.9. Contrôler, corriger, piloter On ne fait pas des calculs, on ne tient pas des graphiques pour le plaisir, mais pour en tirer des informations en vue d’agir. Si ma situation budgétaire se dégrade, si j’en ai compris la cause et imaginé une parade efficace, je vais mettre en œuvre les mesures à prendre. Une fois qu’on a fait des prévisions budgétaires et qu’on a vu les écarts entre les prévisions et les réalisations (c’est ce qu’on appelle le contrôle budgétaire), il faut, en permanence, apporter de nouvelles corrections, trouver des aménagements, inventer de nouvelles solutions. Quand nous gérons notre budget, nous sommes comme le commandant d’un navire qui possède les bons instruments pour savoir où il est (cartes marines, système de localisation par GPS, sonde pour mesurer la profondeur de l’eau), pour connaître les prévisions météorologiques et combien il lui reste de carburant dans les réservoirs pour naviguer etc. Au lieu de subir les évènements, nous sommes capables de les anticiper, nous sommes plus vigilants, plus « manœuvrants » dans la conduite de notre vie. 3.10. Connaître l’état de ses comptes bancaires et de son patrimoine La règle la plus importante consiste à suivre attentivement le montant du solde de son compte bancaire, afin de pouvoir bloquer ou reporter à une date ultérieure toute dépense qui viendrait rendre le compte débiteur en l’absence de découvert autorisé, ou débiteur au-delà du découvert autorisé s’il en existe un. D’une façon plus générale, la personne qui gère son budget doit évaluer de façon régulière les différentes composantes de son patrimoine (la valeur des différents biens qu’elle possède, y compris son épargne stable, et le capital restant dû sur l’ensemble de ses dettes en cours). Si la gestion du budget au sens strict porte essentiellement sur les ressources et les dépenses récurrentes, la connaissance des données du patrimoine (biens possédés et dettes) en constitue néanmoins le contrepoint indispensable. 3.11. Connaître et défendre ses intérêts Les transactions impliquant un transfert d’argent sont multiples : encaissement des ressources régulières (salaire, retraite etc.), paiement des charges de la vie courante, achat ou vente d’un objet ou d’un service, placement d’une épargne, obtention d’un © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 8 crédit, relations entre associés dans une entreprise, négociation d’un salaire ou d’honoraires, activation d’un droit, partage d’un héritage, entraide financière au sein de la famille etc. Ces transactions entre particuliers, commerçants, entreprises, administrations, et organisations diverses sont assez souvent l’objet de calculs, de non-dits, de rapports de force, voire d’affrontements : chacun essaie de retirer le profit le plus grand possible de cette transaction. Dans certains cas, l’absence d’éthique de l’un des partenaires (ou parfois des deux… !) est réelle et on peut parler d’abus de pouvoir, de manœuvres frauduleuses, de mensonge et/ou de conduites de prédation. Face à de tels comportements, chacun doit être vigilant et, si nécessaire, défendre ses intérêts en négociant et en s’appuyant sur le droit et la justice, en s’alliant avec d’autres personnes en danger d’être spoliées de la même manière, en demandant de l’aide mais également en étant combatif pour ne pas se laisser tromper et finalement déposséder. Dans une transaction d’argent, les plus forts abusent d’autant plus facilement de leur pouvoir que leur vis-à-vis leur semble faible, passif ou incompétent. 4. La discipline de vie qui s’impose à celui ou celle qui gère son budget Gérer son budget suppose de s’appliquer un certain nombre de procédures ou de règles de vie, dont certaines peuvent être agréables, et d’autres plus difficiles à tenir5 : Clarifier, autant qu’il est possible de le faire, le montant réalistement souhaitable des ressources d’argent nécessaires pour pouvoir mener une vie qui nous convienne Chercher activement comment se procurer ces ressources, soit par son travail, soit en actionnant ses droits ou par d’autres moyens (de préférence licites… !) Choisir un mode de vie et de consommation réalistement durable et raisonnable en tenant compte de sa personnalité et de ses besoins spécifiques6 Vérifier, avant d’engager une dépense qui n’est pas indispensable (ex. une sortie au cinéma ou l’achat d’un vêtement), qu’on a bien l’argent disponible pour la payer sans mettre son budget en déséquilibre Utiliser des « astuces », en tant qu’acheteur, pour pouvoir bénéficier des prix les plus bas sans acheter des objets de qualité insuffisante Conserver, classer, comptabiliser les différentes traces de rentrées d’argent et de dépenses 5 Ce point et les suivants s’appliquent à une seule personne lorsque le budget est celui d’un individu unique. Lorsqu’il concerne l’ensemble d’une famille (en général les parents et les enfants), il s’applique à chacun de ses membres, ce qui nécessite de mettre en œuvre des processus parfois complexes de négociation, d’information, de centralisation, d’organisation entre les différents membres de la famille. 6 Les trois points ci-dessus correspondent certes à une approche assez théorique : le plus souvent, chacun est enfermé dans des déterminismes puissants (et en particulier dans une limitation apparemment insoluble de ses ressources) qui ne lui permettent pas de suivre ce processus. Mais la démarche consistant à gérer son budget implique, en soi, de remettre en cause certaines évidences les mieux établies : concernant nos revenus et nos dépenses, elle nous invite à questionner de manière plus ou moins radicale, au moins en pensée, nos modes de vie, nos priorités, nos croyances, les opportunités qui s’offrent à nous et nos capacités à les saisir. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 9 Conserver, classer, apporter des réponses pertinentes aux documents qui nous sont adressés par les diverses administrations et institutions qui sont les partenaires actifs de la gestion de notre argent : o Nos différents pourvoyeurs d’argent : employeur, Caisse d’allocation familiale, Caisse d’assurance maladie, institutions de retraites etc. o Les fournisseurs des services ou les bénéficiaires d’obligations que nous devons payer : bailleur du logement, service des impôts, assurances, mutuelles de santé, fournisseurs d’électricité, d’eau, de gaz, d’accès au téléphone et à internet, cantine scolaire, pension alimentaire etc. o Le gestionnaire de notre argent : notre banque et nos différents prêteurs de crédits. Avoir en tête o Les principaux chiffres qui caractérisent notre situation financière (montant mensuel des ressources et des dépenses, nombre de crédits en cours et montant total du capital restant dû, montant total des mensualités, montant de l’épargne de précaution, valeur de son patrimoine etc.) o La « situation de trésorerie » du moment, c’est-à-dire la connaissance plus ou moins précise du solde du compte bancaire et des prévisions de rentrées et de dépenses d’argent jusqu’à la fin du mois. On ne peut pas gérer son budget sans appliquer, plus ou moins rigoureusement et régulièrement, les principes ou règles ci-dessus, dont beaucoup sont de simple bon sens. Le fait de parler de « discipline de vie » n’implique pas que toute personne qui gère son budget sera obligée de mener une vie de contraintes, de souffrances, d’obligations, de privations et de calcul permanent à propos de tout : on voit même de nouveaux « convertis » à la gestion du budget qui trouvent une vraie satisfaction dans la pratique de la discipline budgétaire, parce qu’ils ont plaisir à en découvrir les modalités concrètes, mais aussi parce que cette pratique budgétaire leur apporte la maîtrise d’un domaine essentiel de leur vie, et un grand sentiment de sécurité. Dans la réalité, chacun respectera ces règles plus ou moins rigoureusement, en fonction de sa volonté, de son « moral » du moment, de ses impulsions, des encouragements ou de l’accompagnement qu’il reçoit de l’extérieur, des vicissitudes de sa vie familiale, mais également en fonction des évènements extérieurs qui impactent sa vie et qu’il subit le plus souvent : crise économique, marché de l’emploi, accidents divers, héritage etc. Gérer son budget n’est pas s’imposer un carcan rigide, c’est acquérir les savoirs et les savoirfaire qui permettent de mieux vivre. Chacun est libre, ensuite, de mettre en œuvre ces connaissances avec la souplesse qui lui convient le mieux à chaque moment de sa vie. 5. La « révolution personnelle » de la gestion du budget Mettre en pratique une bonne gestion de son budget peut nous conduire à mettre en route une transformation plus ou moins profonde de notre mode de vie. Dans un tel parcours, on peut être confronté à des obligations ou à des épreuves parfois difficiles : Acquérir les connaissances et maîtriser les savoir-faire techniques de la gestion budgétaire : pour certains, c’est un jeu d’enfant, pour d’autres, c’est une épreuve © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 10 Inventer des conduites différentes au regard de l’argent, faire des calculs d’opportunité, maîtriser nos désirs7 et nos impulsions, être plus vigilants dans nos dépenses Trouver en dehors de l’acte d’achat et de consommation de nouvelles manières d’exister au regard d’autrui et à notre propre regard : par exemple trouver des façons non marchandes et non consommatoires de manifester notre affection à nos enfants, nous impliquer plus dans la vie de quartier, dans les associations, dans la vie culturelle etc. Chaque personne qui apprend à gérer son budget suit un chemin qui lui est propre, qui est fonction de son point de départ, de sa personnalité, de son environnement, et qui aboutit à un certain point d’arrivée. D’un point de vue un peu théorique, on peut décrire comme suit le cheminement d’une personne : qui, au départ, serait particulièrement peu compétente en matière de gestion de son budget et aurait une très mauvaise situation financière (situation de surendettement par exemple) et qui, à l’arrivée, aurait acquis les compétences essentielles de gestion de son budget, et tiendrait solidement en main sa situation financière8. Etape n° 1 : la fuite en avant dans une certaine forme de déni La personne a des difficultés à regarder en face une situation financière qu’elle sait déséquilibrée, porteuse de dangers et parfois en cours d’aggravation. Dans certains cas, le conjoint n’est pas informé de la situation. La personne a recours à de nouveaux crédits pour rembourser les anciens, dans une démarche classique de fuite en avant. Les créanciers se font de plus en plus pressants. Etape n° 2 : la rupture Sous la pression de plus en plus vive de ses créanciers, la personne comprend que sa situation n’est plus tenable. Elle cherche une solution, elle s’informe. Elle découvre l’existence de la loi sur la protection des surendettés. Parfois elle décide de se faire aider pour sortir d’une situation qui lui apparait dangereuse pour son équilibre personnel et familial, voire pour sa survie sociale. Etape n° 3 : le dépôt d’un dossier de surendettement Elle dépose un dossier de surendettement auprès de la Commission départementale via la Banque de France, et parfois via les services sociaux des collectivités territoriales ou autres, ou encore une association comme Crésus ou une UDAF. Le dossier est accepté. Le plan de désendettement est mis en place. A l’occasion de ces démarches administratives, la personne surendettée : Prend conscience du caractère déséquilibré de sa situation budgétaire et financière En comprend le danger et le caractère non durable Se met sous la protection de la loi et accepte d’en payer le prix Se voit interdire de recourir à de nouveaux crédits 7 Y compris, parfois, les plus légitimes… ! La description qui suit est donc un peu théorique, chacun ayant une sa propre histoire, différente de tous les autres humains. 8 © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 11 Se voit imposer un cadre budgétaire assez rigoureux Etape n° 4 : l’apprentissage des savoir-faire budgétaires et bancaires La personne découvre la gestion budgétaire (concepts, outils, méthodes) en même temps qu’elle commence à les mettre en pratique. Etape n° 5 : la modification des habitudes de consommation Si elle consommait de manière incontrôlée voire compulsive, la personne entre dans un processus de « désintoxication consommatoire ». Elle devient beaucoup plus prudente dans ses différents achats. C’est un apprentissage qui demande un travail psychique parfois long, comparable, évidemment avec des nuances, à celui que doivent faire les personnes sujettes à d’autres formes d’addiction. Dans cette phase, la personne a besoin d’être accompagnée soit individuellement, soit dans le cadre d’un groupe de parole sur l’argent. Elle peut partager avec les autres participants ses propres questionnements, ses difficultés, ses victoires, ses rechutes, ses nouvelles tentatives, ses consolidations etc. Elle y trouve une écoute et des échos qui l’encouragent à poursuivre son cheminement, et la confortent dans sa volonté d’aller jusqu’au bout. 6. Les bénéfices d’une gestion « raisonnable » du budget Ces bénéfices sont divers et importants : Savoir où on en est avec l’argent, avoir un « cadre de vie » financier robuste et clair, auquel on peut se référer9. Mieux dormir, ne plus être perturbé o par l’angoisse plus ou moins permanente qu’un nouvel accident puisse arriver o par les charges de remboursement d’emprunts lourdes ou excessives Eviter de payer des frais bancaires importants, notamment pour cause de compte débiteur ou de recours excessif aux crédits renouvelables Bénéficier de la considération, et au moins de la neutralité, de son banquier Pouvoir faire de temps en temps une « dépense plaisir », un cadeau à un proche où à soi-même, sans mettre le budget en péril Avoir le plaisir et la fierté de comprendre le monde de l’argent, découvrir qu’il n’est pas aussi complexe qu’on le croyait Etre capable de : o défendre ses intérêts s’ils sont mis en péril par un prédateur : ceux-ci sont malheureusement nombreux dans l’environnement actuel o faire des opérations financières intéressantes sans prendre de risques excessifs Acquérir le sentiment de devenir autonome 9 Pour vivre au mieux, chacun a besoin de référents solides : pour l’enfant, ce sont généralement ses parents et parfois un(e) camarade ; pour un jeune ou un adulte, ce peut être un compagnon ou une compagne, une famille, un grand projet, ou encore un ami fiable et sûr ; ce peut être également un emploi stable et plaisant, ou une forte expertise dans sa profession etc. L’argent, et une maîtrise suffisante de l’argent (ce qui ne signifie pas nécessairement beaucoup d’argent, ni une attention maladive aux affaires d’argent) peut constituer ou au moins renforcer un tel cadre de référence rassurant et structurant. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58. 12 Pouvoir épargner, constituer un patrimoine en vue de : o faire face à un accident de la vie o assurer la sécurité de ses vieux jours o aider ses enfants à s’installer (financer leurs études ; les aider quand ils fondent une famille ou cherchent à créer une activité économique etc.). 7. Une gestion simplifiée du budget Les quatre piliers d’une bonne gestion du budget sont les suivants: Maintenir en permanence positif le solde de son compte de dépôt à la banque, sauf accident exceptionnel. Cela suppose de connaître ce solde en permanence dès lors qu’il s’approche de zéro. Ne pas avoir de crédit en cours, ou avoir des crédits pour des montants très modérés, qu’on peut rembourser sans difficulté Garder en permanence une épargne de précaution d’un montant au mois égal à deux mois de ressources Faire des prévisions, anticiper les dépenses importantes ou exceptionnelles à venir, ou encore les diminutions de ressources prévisibles. Si on peut réaliser ces quatre conditions tout au long de l’année sans tenir une comptabilité détaillée, on peut à la rigueur s’en contenter : l’important n’est pas d’avoir une comptabilité complète et parfaite, mais d’avoir une situation budgétaire et financière saine. 8. Quelques remarques en forme de conclusion La gestion du budget de chacun est l’exact reflet du foisonnement de sa vie, avec ses multiples composantes affectives, relationnelles, professionnelles, consommatoires, sociales, sanitaires, conflictuelles, avec ses tensions contradictoires entre équilibre et débordements, entre sagesse et dérèglements. Dans la gestion du budget, on retrouve donc toutes les tensions et les contradictions qui sont celles de la vie. Dans certains cas, modifier la gestion de son budget peut s’accompagner d’une réflexion très approfondie sur soi-même et sur ses propres choix de vie, dans une démarche à la fois psychologique et philosophique Chacun est différent devant l’argent et dans ses pratiques de l’argent. Chacun fait comme il peut, expérimente, tâtonne, progresse dans certains compartiments, de façon plus ou moins spectaculaire et jubilatoire, régresse ou rechute parfois dans d’autres domaines avant de faire de nouvelles avancées etc. La stabilisation des apprentissages et des améliorations qui l’accompagne, ne peut se faire que dans la durée On a plus de chance de réussir dans ce cheminement si on le fait en groupe, et si on bénéficie de l’accompagnement de personnes compétentes et fiables. © Tous droits réservés, Crésus Île-de-France Paris, 2014 Toutes reproductions ou distributions interdites, sauf autorisation expresse de l’auteur : [email protected], tel 01 42 23 18 58.