Darius Milhaud - Le Boeuf sur le Toit
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Darius Milhaud - Le Boeuf sur le Toit
Darius Milhaud (1892-1974) Le Bœuf sur le toit op.58 L'ensemble de la production musicale de Milhaud fut marqué par le voyage que le musicien effectua au Brésil, de février 1917 à décembre 1918. Il se rendit à Rio de Janeiro en tant que secrétaire de Paul Claudel, lui-même Consul de France. Au cours de ce long séjour, Milhaud découvrit la musique populaire brésilienne, les bruits des villes et de la forêt tropicale. Sa fascination pour cette culture qui lui était inconnue allait, dans un premier temps, se traduire par la composition de pièces telles que les Saudades do Brazil. De Retour à Paris, il composa en décembre 1919 ce qu'il nomma un « balletcinéma-fantaisie sur des airs sud-américains ». Milhaud pensait que la pièce pouvait accompagner un film de Charlie Chaplin. A l'origine, il s'agissait d'un morceau pour violon et piano. Jean Cocteau suggéra à Milhaud d'utiliser le matériau pour l'orchestration d'un ballet. Le « ballet-cinéma-fantaisie » devint ainsi Le Bœuf sur le toit. Il emprunte son titre surréaliste à une chanson brésilienne O boi no telhado. C'est avant tout l'exubérance citadine qui est évoquée dans cette pièce dont les couleurs, mélodies et rythmes liés entre eux par un seul thème - il réapparaît à une quinzaine de reprises - composent un kaléidoscope de danses locales. Dans ce feu d'artifice polytonal qui rend hommage à plusieurs danses (rumba, tango, conga…) s'ajoutent les touches du fado portugais. Le spectacle parisien fut créé à la Comédie des Champs-Elysées, le 21 février 1920. Jean Cocteau imagina une farce avec le concours de clowns, les frères Fratellini. Une farce et une provocation dans l'esprit de Parade de Satie qui avait provoqué un beau scandale ! L'action du Bœuf sur le toit se déroule dans un bar américain dans lequel des personnages aussi délirants qu'improbables se croisent : un boxeur, un nain, un bookmaker, un policier, etc. Le tout sur des tempi décalés par rapport à la musique. Bien évidemment, aucun des rôles du ballet n'était tenu par des danseurs ! Au cours de la même soirée, on donna le fox-trot Adieu New York d'Auric, Trois Petites pièces montées d'Erik Satie et Cocardes de Poulenc. Vladimir Golschmann assura la direction de l’ensemble, Guy-Pierre Fauconnet, les costumes et Raoul Dufy, les décors. A Lire Darius Milhaud, Ma Vie heureuse (Ed. Zurfluh, 1999).