Johfra Astrologie

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Johfra Astrologie
JOHFRA
ASTROLOGIE
Traduction de Maurice ROUCH
Les Signes du Zodiaque
ARISTA
Original 1981
Johfra
Editions Arista 1985
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INTRODUCTION
Lorsqu’en 1973, les Reproductions Verkerke m'ont chargé de dépeindre les douze signes du zodiaque de
manière à en faire des «posters», je me suis rendu compte qu'il ne serait pas très intéressant d'ajou ter une
illustration de plus au grand nombre de figures décoratives de ces signes.
Les signes du zodiaque ont été exécutés à peu près de la même manière pendant des centaines d'années. Seule
une présentation sous forme de tableaux peints pouvait élargir et renouveler le champ des interprétations.
Je décidai donc d'explorer chaque signe jusqu'à son essence et de consacrer une brève méditation à tous les
aspects qu'il me serait possible d'évoquer.
Mon intuition était en effet de combiner plusieurs symboles, tous en rapport avec ce signe particulier, de façon à
donner plus de profondeur à chaque tableau afin d'offrir au spectateur un champ plus étendu au libre jeu des
associations.
C'est ainsi que les douze signes prirent l'aspect d'un cycle de douze méditations dans l'ordre du cours du
zodiaque.
Les nombreuses similitudes entre plusieurs systèmes religieux et leurs représentations symboliques comme la
Kabbale, la magie, l'alchimie, et le Tarot m'ont permis de réaliser l'illustration des multiples aspects de chaque signe
par les symboles correspondants, leur apportant ainsi un meilleur éclairage et un plus grand relief.
Il va sans dire que mon approche, celle d'un artiste, a été entièrement subjective. La documentation elle-même a
été tirée de sources sûres mais son application ainsi que la manière de les réunir relève de mon inter prétation
personnelle : au fur et à mesure que je travaillais, chaque tableau devenait un acte de méditation.
Les «posters» ont été publiés pour la première fois en 1974 et, depuis lors, ils ont été diffusés dans le monde
entier. Ils sont ainsi devenus une sorte de bien commun et un public nouveau a été attiré par le symbolisme
sous-jacent.
Il existe un excellent ouvrage, bien documenté sur le sujet et dont l'auteur est Hein Steehouwer, Johfra en de
Zodiak, publié par Ankh Hermès de Deventer, aux Pays-Bas; malheureusement il n'est disponible qu'en Néerlandais.
C'est la raison pour laquelle les Reproductions Verkerke m'ont demandé d'écrire un bref commentaire à propos de
mes tableaux sur le zodiaque afin que ceux qui, dans d'autres pays, connaissent mon œuvre, soient à même de
mieux en pénétrer le sens.
Je commencerai par dire quelques mots sur les symboles et leur action en général pour donner une idée de ce
que j'avais en tête au moment même où je peignais.
Il est généralement admis que tout ce qui appartient au domaine religieux ou mystique fuit le jugement objectif et
analytique. Non content d'ignorer l'esprit, un tel jugement le tue.
Les vérités les plus profondes ne peuvent être abordées que par l'intermédiaire des mythes et des symboles. Un
traité philosophique, une exégèse ne parviennent pas à les transmettre. La vérité ne peut être identifiée que par ceux
qui la connaissent déjà. Toutefois cette reconnaissance est en sommeil à l'intérieur de chacun de nous. Ce sont les
Mystères qui élèvent cette connaissance inconsciente de la vérité au niveau de la conscience.
Ce résultat n'est pas obtenu par des explications intellectuelles mais grâce à des symboles et à des jeux de
mystères dans lesquels les vérités apparaissent sous une forme dramatisée.
En fait, toutes les religions, toutes les écoles mystiques et toutes les sociétés ésotériques ont utilisé et utilisent
encore des symboles dans leur enseignement, simplement parce que tout ce qui les intéresse ne peut être ni
transmis ni exprimé autrement. Une approche symbolique opère d'une manière entièrement différente d'une
démarche intellectuelle. Cette dernière s'adresse uniquement à l'intelligence, délaissant le reste de l'individu: c'est
encore une construction de la pensée. Un symbole archétypal véritablement universel opère en profondeur; il atteint
l'essence inconsciente de l'individu qui le reconnaît ainsi de l'intérieur. Il l'ébranlé totalement. Il le fortifie, il le change.
Un symbole n'est jamais absolu et objectif. Il est susceptible d'interprétations variées. Il se colore de différentes
nuances selon l'individu. Il est subjectif et s'adapte à une situation particulière. Il est pareil à un miroir qui, sans subir
aucune altération, reflète constamment des images différentes selon la personne qui le regarde. Plus il y aura de
symboles reliés les uns aux autres, plus leur sphère d'opération sera riche et profonde. Ensemble ils se définissent
et s'éclairent l'un par l'autre.
En résumé: un symbole, pour ceux qui méditent sur lui et qui peuvent se perdre en lui, est semblable à une porte
qui s'ouvre sur une nouvelle perspective de conscience. Le symbolisme n'est ni exact ni transmissible comme les
mathématiques. Ce n'est pas une science, il est plutôt créateur d'atmosphère et révélateur, comme la poésie. Un
symboliste est, avant tout, un poète, de la même manière que tous les poètes sont des symbolistes libres. Car, eux
aussi, travaillent à l'aide d'indications et de pressentiments. A la lumière de ce qui précède, vous comprendrez que
vous ne devez pas attendre ici d'explications exactes du genre de « ceci a tel sens et cet autre symbole signifie
cela».J'essaierai toutefois de partager avec vous, aussi clairement que possible, les pensées que j'avais en tête au
moment où je concevais ces tableaux, les chemins qui s'offraient à moi et les significations que j'avais en vue.
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Tout ceci est très personnel et j'en assume l'entière responsabilité. Une autre personne pourrait voir quelque chose
d'entièrement différent dans les symboles utilisés et elle serait en droit d'agir ainsi. Comme je l'ai déjà montré, c'est ce
que les gens éprouvent dans la contemplation d'un symbole qui détermine son degré d'utilité. Ceci est beaucoup plus
important que ce qu'une autre personne, dans ce cas précis le peintre, voit en lui.
De la même manière, avant de commenter les douze signes du zodiaque, je devrai d'abord commenter les
systèmes philosophiques qui constituent les principales sources de mon symbolisme. Ce sont les riches trésors du
passé dans lesquels j'ai puisé très librement.
Trois grandes écoles philosophiques ont exercé une influence dans le domaine de la pensée ésotérique en Europe
et depuis le Moyen Age. Ensemble, elles ont déterminé les sciences secrètes. Ce sont le Néoplato nisme,
l'Hermétisme et la Kabbale juive.
Ces systèmes sont devenus si complexes et si profonds qu'il serait impossible d'aller au-delà d'une simple
esquisse de leurs idées fondamentales déjà explicitées au cours des siècles par les plus brillants esprits. Loin de moi
la prétention de les égaler. Le lecteur intéressé pourra aisément se référer à la littérature actuellement disponible s'il
désire approfondir ce sujet.
Je me limiterai donc, ici, à donner une introduction sommaire aux trois systèmes philosophiques qui ont affecté et
modifié ma façon de penser, comme arrière-plan au symbolisme que je leur ai emprunté.
Le Néoplatonisme affirme essentiellement que tous les êtres font partie de l'Un bien que, à des niveaux inférieurs
leur émanation soit multiple. L’Un a d'abord créé le Logos, la Parole, l'Intelligence ou Esprit. Le monde des idées
divines a été créé dans cette intelligence. C'étaient les idées primordiales parfaites à l'image desquelles la nature
matérielle a été formée.
Les êtres matériels sont donc incomplets et imparfaits. Toutefois, en eux demeure la mémoire en sommeil de
l'archétype, d'après lequel ils ont été formés. La Beauté est donc, dans la mesure où un être reflète l'idée primordiale
de celle-ci, parfaite dans sa propre forme. Les efforts essentiels de la nature humaine consistent à remonter à son être
originel, par-delà le temps et l'espace pour s'unir avec l'Un dont il émane.
Cette doctrine très positive impose toutefois une règle de vie et une éthique rigoureuses ; elle place toute chose
dans son contexte et donne à chaque situation sa perspective propre.
C'est précisément cette vision, la notion d'une évolution continuelle vers une perfection finale, qui a fructueusement
affecté la pensée ésotérique et l'astrologie notamment qui, de la prédiction de l'avenir au départ aboutit à une éthique.
Le second système philosophique est étroitement lié au premier. Tous les deux se sont développés dans le même
milieu c'est-à-dire dans l'Alexandrie du troisième siècle. C'est là que les démarches intellectuelles orientales et
occidentales s'unirent pour former une puissante synthèse: l'Hermétisme. Cette doctrine était, à l'origine, dans les
livres attribués à Toth, le dieu égyptien du Savoir ou, comme il a été connu plus tard, au légendaire Hermès
Trismégiste (Hermès trois fois grand). Il y avait primitivement de nombreux écrits qui sont actuellement représentés
principalement par les dix-huit traités du Corpus Herméticum. Le premier livre, Le Poïmandres, raconte comment
Hermès, en état de transe, se trouve placé en face d'un être élevé qui se présente à lui sous le nom de «divin
Poïmandres», «l'Esprit», «l'être qui est au-delà de lui même». Ce Poïmandres était la Parole, le Logos qui l'habitait, X
aller ego d'Hermès.
Un dialogue s'engage avec Poïmandres qui répond aux questions d'Hermès, et lui montre toutes les «choses
essentielles» dans une série de visions. Ces expositions constituent la cosmologie et la philosophie hermétiques.
L'alchimie est son expression pratique aussi bien que l'esprit de l'astrologie. En vue d'illustrer ceci, je voudrais
attirer l'attention sur la prétendue Tabula Smaragdina, la Table d'Emeraude sur laquelle la synthèse de toute la
philosophie serait gravée. Elle contient la clé de cette doctrine et le guide de l'alchimie, et elle est antérieure au
Corpus Hermeticum. En voici le texte complet (je l'ai donné en entier parce que chaque phrase est importante pour la
compréhension de l'ensemble).
«C'est vrai, c'est certain c'est l'entière vérité que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et que ce qui est
en haut est comme ce qui est en bas afin que les merveilles de l'Un soient réalisées.
Et comme toutes les choses ont été et viennent à l'existence à partir de l'Un par l'intermédiaire d'un médiateur,
ainsi tous sont nés de ce même mariage par adaptation. Son père est le Soleil, sa mère est la Lune.
Le vent l'a transporté dans son sein, la terre est sa nourrice, le père de toute perfection du monde entier est ici.
Sa force est entière si elle est transformée en terre.
Vous devrez délicatement et avec grand discernement séparer la Terre du Feu, le subtil du grossier.
Il s'élève de la Terre au Ciel et, à nouveau il descend sur la Terre, y ramenant la force de ce qui est en haut et celle
de ce qui est en bas. Ainsi la gloire du monde entier vous appartiendra et, de ce fait les ténèbres de vous s'en iront.
Telle est la puissance de la force de toutes les forces, car c'est elle qui vaincra tout ce qui est subtil, et qui
pénétrera tout ce qui est solide. C'est ainsi que le monde a été créé. De ceci et de la même manière de merveilleuses
réalisations seront créées. C'est pourquoi j'ai été appelé le trois fois grand Hermès parce que je possède les trois
aspects de la doctrine de la sagesse du monde entier. Ce que j'ai dit sur la préparation de l'or, l'opération du Soleil
spirituel, est terminé».
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Je veux attirer particulièrement votre attention sur cet important verset : «Ce qui est en bas est comme ce qui est
en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, afin que les merveilles de l'Un soient réalisées».
Telle est la base de toute la magie et de toute l'astrologie. Cela signifie que le macrocosme (le vaste monde des
étoiles) trouve sa parfaite expression dans le microcosme (le petit monde de la Création). Ce dernier est une fidèle
réflexion du premier. Mais ce n'est pas tout. «Afin que les merveilles de l'Un soient réalisées» implique un effet
réciproque entre les deux mondes à l'intérieur de l'Un. Ceci se réfère à la loi fondamentale de résonance qui s'étend
à tous les mondes. Tout ce qui vibre (et la vibration est le fondement de l'être) agit sur tout le reste, soit positivement,
soit négativement en fonction de la vibration de base. Ainsi tout être qui envoie un message dans une certaine
tonalité recevra une réponse de tout autre être accordé sur la même vibration. C'est un processus irrévocable
indépendamment de l'être: minéral, plante, animal, humain, ange ou planète.
Nous sommes tous accordés d'une manière ou d'une autre. Nous sommes tous individuellement déterminés et
nous devons tous réagir quand nous sommes atteints par des vibrations liées à certaines configurations de planètes.
«Tel en haut, ainsi en bas». Notre microcosme est assujetti au macrocosme par des mil liers de fils. Les plus
importants pour nous sont tracés dans l'horoscope. Quand ce qui est au ciel entre en mouvement, ce qui est sur
terre ne peut manquer de l'imiter.
On pourrait objecter que cette vue du monde est fataliste, aussi fataliste que possible. L'homme est suspendu sur
la toile d'araignée cosmique de son sort et il est manipulé comme une marionnette selon la course des étoiles. Que
devient alors le libre-arbitre ou le hasard et son développement? Notre position serait sans espoir si l'on poussait
cette doctrine aussi loin. Il y a quelque chose de plus. Nous aussi avons sans aucun doute la faculté de choisir. Au
fur et à mesure que nous mûrissons à travers des expériences renouvelées et que nous progressons dans l'examen
de nous-mêmes et de notre situation, nous pouvons nous placer dans une relation différente à l'égard d'émotions et
d'événements nouveaux. La nouvelle mise en place est accompagnée d'une nouvelle tonalité. Nous réagissons alors
de plus en plus à d'autres vibrations qui correspondent moins à celles qui nous ont nourris antérieurement. Ceci
communique un mouvement à nos vies. Nous devenons des êtres nouveaux, un peuple nouveau. Notre liberté
réside dans le choix de notre maître.
Ce processus se déroule comme un voyage. Astrologiquement parlant, c'est l'évolution de l'être au long de la
course des douze signes du zodiaque. Ceci arrive non une seule fois mais maintes et maintes fois à des niveaux
toujours plus élevés.
Ce concept de l'évolution est aussi l'essence de l'alchimie. Ici le domaine de l'alchimiste est transformé à partir de
la matériel prima, la matière primitive informe, au moyen de la «pierre philosophale », l'élixir de vie ou la «poudre»
qui a permis la transmutation des métaux vils en or et, de là à un niveau supérieur. La transmutation des facultés
inférieures en facultés supérieures à travers une série de processus établis constitue le «Grand Oeuvre».
En dernier lieu, je voudrais parler un peu de la doctrine qui a exercé la plus grande influence sur la pensée
ésotérique en Occident: la Kabbale, la philosophie secrète des juifs. Cette géniale doctrine trouve son expression
parfaite dans un symbole: l'Arbre de Vie.
On pourrait méditer sans fin sur ce symbole sans cesser d'y découvrir de nouvelles perspectives.
Afin d'éviter une étude trop approfondie de cette matière et pour me limiter à ce qui concerne le symbo lisme
astrologique que j'ai utilisé, je me contenterai de dire ce qui suit:
Dans chaque révélation on peut distinguer essentiellement deux choses, à savoir une force et une forme principe.
Une force s'exprime dans une forme qu'elle a concentrée, selon sa nature et sa signification, à partir de la substance
primordiale universelle. On peut donc supposer que deux principes sont présents dans la Création; chacun d'eux
agissant sur l'autre, l'impulsion agit sur la substance qu'elle éclaire et stimule. La substance, à son tour, se comporte
comme un frein à l'égard de l'impulsion et lui donne la forme. A l'endroit précis où la force trouve son équilibre dans
la forme, la conscience surgit: c'est un être.
Dans l'Arbre de Vie kabbalistique, ceci est représenté par trois piliers. Celui de droite (pilier de la force physique
et morale) est appelé pilier de la miséricorde, de la grâce. Celui de gauche (pilier de la forme) est appelé pilier de la
rigueur tandis que celui du milieu est appelé pilier de générosité. Cette image figure aussi dans les loges
maçonniques à l'imitation des deux piliers en face du temple de Salomon: Yakin et Boaz. Le pilier du milieu est omis
mais, en réalité, il est formé par le nouveau membre que l'on initie aux Mystères. Il fait une synthèse de deux
antithèses.
Ces trois piliers sont pourvus de dix points, les sephiroth. Au cours de sa descente de niveau en niveau à travers
les sephiroth, l'impulsion créatrice passe du pilier de la force au pilier de la forme et retourne au pilier de la force.
Cette influence est fondée sur la dixième et la plus basse sephira Malkuth, la nature matérielle, au pied du pilier du
milieu.
Chaque sephira est essentiellement une manifestation, un mode fonctionnel, et toute la structure peut être
visualisée comme une fontaine dont l'eau déborde graduellement du bassin supérieur pour remplir ceux qui sont
au-dessous, chacun d'eux débordant à son tour. C'est ainsi qu'est figurée la transmission de la force qui change
constamment sa nature au fur et à mesure qu'elle passe par les sephiroth.
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La structure est exprimée de quatre manières, chacune constituant un Arbre
de Vie. Toutes quatre sont placées les unes au-dessus des autres et elles se
recouvrent partiellement. La sephira la plus basse du lieu le plus haut, Malkuth,
est aussi la plus élevée du lieu situé au-dessous d'elle, Kether, et ainsi de suite.
Le monde le plus élevé est appelé Aziluth. C'est le royaume des Archétypes et
Dieu exerce une influence immédiate sur sa Création à partir des dix sephiroth
de ce lieu (ceci rappelle la première création du monde des idées primordiales
dans le Néoplatonisme). Le deuxième royaume est appelé Briah: le monde de la
Création. Ici, la force est transmise par dix archanges qui inspirent les sephiroth.
Le troisième royaume est Yetzirah : le monde de la Formation. Ici, selon leur
nature, les chœurs angéliques ou armées célestes influencent les créatures par
l'intermédiaire des sephiroth. Le quatrième royaume qui est aussi le plus bas est
Assiah, le monde matériel dépeint par les signes du zodiaque et les sept
anciennes planètes qui sont ici appelées le Mandata Chakra : ce quatrième
royaume est celui qui nous concerne le plus du point de vue astrologique.
Dans mon symbolisme, j'ai rattaché les planètes aux sephiroth ainsi qu'à
leurs sphères d'opération.
La magie a largement recours à la hiérarchie des archanges, aux chœurs
angéliques, aux puissances et aux esprits des sphères planétaires. La magie
est l'expression pratique de la Kabbale. Dans la mesure où la Kabbale et
l'astrologie relèvent principalement de la réflexion, la magie peut être
considérée comme pratique. Le magicien essaie, par le rituel, de lier le système
planétaire à sa personne et de faire en sorte que ce dernier le serve. Pour
obtenir ce résultat il utilise les correspondances des couleurs, des sons, des
métaux, de l'encens, des pierres précieuses ainsi que des signatures de la hiérarchie planétaire concernée. Cette
technique est fondée sur les lois d'harmonie et de résonance déjà citées. Quand il existe un rapport entre deux
choses ou davantage d'une tonalité similaire, si l'une d'elles est frappée, toutes celles qui sont similaires vont
résonner simultanément. Tel est le pouvoir de la formule magique. Lorsqu'il applique son pouvoir limité de la manière
correcte (dans son microcosme) le magicien appelle à lui tous les pouvoirs correspondants du macrocosme qui
affluent comme un raz de marée. Il est bien évident que si, faute d'être correctement accordé, il n'est pas préparé à
répondre à ces pouvoirs, il sera emporté et détruit. D'où les très longues préparations et purifications par le jeûne et
l'abstinence recommandées par tous les ancien s manuels de magie.
Outre cette forme de magie opérative, il en existe une autre appelée la magie talismanique. Ici les objets
(talismans) sont faits de métaux correspondant aux planètes concernées; les signatures et les symboles de la
hiérarchie planétaire dont le pouvoir est nécessaire sont gravés sur ces objets dans un rituel rigoureux. Ceci doit être
réalisé au moment où la planète concernée exerce sa plus grande influence. Les objets chargés ou consa crés de
cette manière assureront alors à leurs propriétaires le pouvoir de la hiérarchie planétaire concernée, pouvoir qu'il
sera à même d'utiliser à toutes ses fins. Je mentionne tout ceci parce que j'ai aussi introduit dans les tableaux les
signes du zodiaque avec les signatures des anges et des esprits qui représentent les planètes dominantes dans ces
signes. Ceci afin de lier ces tableaux au pouvoir des planètes concernées.
Je vais maintenant passer à la description des douze signes du zodiaque et des planètes qui les gouvernent. Ce
faisant, j'omettrai consciemment les aspects psychologiques de ces signes. Des analyses du caractère des
personnes nées sous tel signe particulier (appelé le «natif» de ce signe) se trouvent dans tout ouvrage d'astrologie ;
quant au symbolisme utilisé dans ce livre, j'ai considéré le développement spirituel dans sa progression à travers le
cycle des douze signes comme mon point de départ.
Ce sont les douze phases de l'éveil de la conscience tout au long d'un chemin pendant lequel tous les pouvoirs
latents emprisonnés dans l'être peuvent successivement être rendus réels et agissants.
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ARIES
LE BÉLIER est signe de feu.
Le soleil se trouve dans Aries du
21 mars au 21 avril. Il est
gouverné par Mars. C'est un signe
positif, le feu en génération. Dans
Aries, le soleil au début du
printemps, apporte une nouvelle
lumière, une nouvelle vie.
J'ai voulu mettre l'accent sur le
fait que le développement à
travers
les
douze
signes
commence avec Aries. C'est pour
cette raison que j'ai choisi de
dépeindre
le
bélier
primitif.
Certains natifs du Bélier se
trouvent évidemment à un niveau
plus élevé. Ce sont des esprits
plus mûrs dont la nature Aries est
plus avancée dans l'évolution.
Néanmoins, en raison de son
premier départ, le bélier est
dépeint ici en plein mouvement, ce
qui le caractérise : il fonce
aveuglément à travers tous les
obstacles. Ce n'est pas toutefois
un
bélier
ordinaire
et
irresponsable. C'est le fameux
bélier de la mythologie grecque
dont la Toison d'Or a été conquise
par les Argonautes sur le féroce
dragon qui en avait la garde.
Etroitement lié à Mars, sa planète
dominante, il passe en courant,
inconscient de son environnement,
entièrement enfermé sur lui-même.
Le guerrier est Mars, dieu de la
guerre. Il est armé de pied en cap
et cependant son épée est dans le
fourreau. Il n'est pas venu pour
détruire; en fait, de sa main droite
il brandit une torche enflammée.
Ici, il est Prométhée, porteur de
lumière. Il suscite et entretient le feu de l'enthousiasme. Le bélier apporte l'élan d'un nouveau début. Il est le pionnier.
Les vieux édifices de l'ordre établi s'écroulent. Une ouverture est faite à de nouveaux développements.
Sous le signe d'Ariès l'expérience n'a pas encore eu le temps de se développer d'où la présence d'Avidya
(l'ignorance). C'est ainsi qu'Arles était imaginée dans le Bouddhisme primitif (1). Elle apparaît dans le fond, à droite,
une lampe à la main pour éclairer ce qui l'entoure. Elle ne peut rien voir à travers son bandeau qui met en évidence
son manque d'expérience de la vie.
Toutefois elle porte le vêtement vert de l'espoir. En contrepartie, le bateleur du Tarot est situé dans le fond à
gauche (2). C'est un natif d'Arles à un niveau élevé. A travers les expériences il est devenu celui qui gouverne et
contrôle les quatre éléments de la Création grâce au pouvoir de Mars et il va employer sa volonté à oeuvrer
positivement sur ces derniers. Les éléments de la Création sont symbolisés par les attributs magiques disposés sur
l'autel devant lui: le bâton (3) qui lui permet de contrôler les éléments du feu (à comparer avec le monde d'Aziluth de
la Kabbale); l'épée (4) qui gouverne les éléments de la lumière (le troisième monde, celui de Yetzirah); la coupe (5),
l'élément de l'eau (le second monde, celui de Briah), et le pentagramme (6), (le quatrième monde d'Assiah). De sa
main droite il tend son bâton (7) vers le ciel pour attirer les pouvoirs cosmiques, que, de sa main gauche (8), il dirige
vers la terre, son champ d'opération. Le cercle sans fin, le lemniscate (9), est visi ble au-dessus de sa tête. C'est le
signe de ce qui est éternel.
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Le bateleur se tient debout en face d'une porte fermée dans les rochers. Celle-ci est ornée d'un cercle de douze
étoiles (10), qui symbolisent les douze étapes de développement à travers les signes du zodiaque qui
commenceront derrière la porte.
Une créature semblable à un lézard (11) se trouve sur une pierre au premier plan. C'est le basilic dont un seul
regard peut détruire toute vie. La Kabbale a fait de cette créature le symbole de Geburah, la sephira asso ciée à
Mars. En alchimie, il correspond à la salamandre, l'inspiratrice (l'habitant) de l'élément du feu.
Le cadre du tableau constitué de pointes de fer interpénétrées, suggère le caractère des pouvoirs de Mars.
Au bas de l'image se trouve le signe traditionnel d'Arles dans un symbole aux cinq côtés égaux, le penta gone
(12). Ce dernier fait référence à Mars par association avec la cinquième sephira de l'Arbre de Vie de la Kabbale. On
peut aussi voir les signatures magiques suivantes tout autour du tableau. A partir de l'angle inférieur gauche figurent
les signatures de l'archange planétaire Samael (13), le signe astrologique de Mars (14), le sceau de l'esprit
planétaire Pharos Phaley (15), le sceau de la planète Mars elle-même (16), le signe de l'intelli gence planétaire
Graphiel (17), et trois signes appartenant à l'intelligence planétaire Barzabel (18).
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TAURUS
LE TAUREAU est un signe
de terre. Le soleil est dans
Taurus du 21 avril au 21 mai.
Vénus est sa planète dominante.
C'est un signe négatif: la terre
en génération.
Quand le soleil séjourne
dans cette maison, une nouvelle
vie apparaît. J'ai dépeint l'action,
l'élan et le mouvement incontrôlé
du premier signe positif Aries, le
Bélier, j'aborderai maintenant la
passivité
et
la
sensibilité
caractéristique de Taurus, le
signe suivant. Sous ce dernier la
substance est moulée en
matière, la base de la vie. J'ai
tenté de mettre l'accent sur la
nature fertile et luxuriante de ce
signe.
Sous le signe du Taureau
tout est harmonie et paix grâce à
Vénus, sa planète dominante.
Le sommeil de Mars manifeste
sa soumission (1). J'ai doté ce
signe
de
deux
figures
symboliques: l'une est Apis,
l'Egyptienne, l'autre est Jupiter
sous la forme du taureau, forme
qu'il assume pour enlever
Europe. Ici Europe est une des
représentations de Vénus. Elle
porte une magnifique ceinture
(2) autour de la taille et maintient
une lampe allumée (3); ce sont
les «armes magiques» que lui
attribue la Kabbale. Le voile
transparent dans lequel elle se
drape suggère le règne végétal.
J'ai choisi le taureau Jupiter
parce que la planète Jupiter
gouverne aussi la croissance
dans le règne végétal.
Vénus porte une guirlande de sept roses rouges (4). La rose est la fleur de Vénus et il y en a sept parce que c'est
le nombre de Vénus (Netsah) dans sa position comme septième sephira sur l'Arbre de Vie de la Kabbale.
C'est aussi la raison pour laquelle le signe de Taurus (au centre du bas de l'image) est figuré sous la forme d'une
étoile à sept pointes, représentant le cœur d'une héraldique rosé. La planète Vénus, l'étoile du matin, brille sur la tête
de la déesse (6).
L'Amour ou Eros, l'enfant de Mars et de Vénus, traverse le ciel menant avec lui deux blanches colombes, oiseaux
consacrés à Vénus (7). Cet enfant gouverne l'amour. Il est en effet le fruit d'une harmonieuse interaction entre des
pôles opposés. La seconde carte du Tarot est située à l'arrière-plan: c'est la grande prêtresse Isis apparentée au
signe du Taureau (8). A cause de sa mort et de sa renaissance, elle représente le mystère voilé de la nature. Elle
porte une triple couronne qui montre la lune dans ses trois phases: croissante, pleine et décroissante. La croissance
est en effet influencée par la lune. Ceci explique également le croissant de lune à ses pieds. Elle est assise sur un
trône à baldaquin; le tympan repose sur deux piliers kabbalistiques : à droite, le pilier de la force Yackin, en marbre
rouge, à gauche le pilier de la forme Boaz, en marbre noir. Le tympan équilibre et relie les deux principes.
Sur la poitrine de la grande prêtresse, une croix symétrique figure les quatre éléments qui constituent la base de
la révélation matérielle.
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Dans son giron, à demie cachée par ses
vêtements, se trouve la Torah, la loi qui, à ce
niveau du développement, ne peut encore
être entièrement comprise.
Ceux qui sont nés sous le signe de
Taurus font preuve d'un amour spécial pour
toutes les choses terrestres. Ils ont aussi le
sens de l'harmonie et de la beauté dans la
nature aussi bien que dans l'art.
C'est le principe qui m'a inspiré dans la
décoration
du
cadre,
composé
de
somptueux cartouches rococo en cuivre, le
métal de Vénus. Dans ce cadre j'ai placé les
signatures magiques suivantes concernant
les différents aspects de Vénus.
A partir du côté gauche, de haut en bas
on trouve le sceau planétaire (9),
au-dessous le sceau de l'intelligence
planétaire suivantes (10). Puis le sceau de
l'esprit planétaire suivantes (11) et,
au-dessous, la signature astrologique de
Vénus (12).
Dans l'angle supérieur droit figure le
sceau de l'esprit planétaire olympien,
suivantes (13). Au-dessous, les divines
lettres de Vénus (14), ensuite le sceau de
l'ordre des anges appartenant à cette
planète, les Principautés (15) et encore en dessous la signature suivantes, l'ange de Vénus qui habite la maison de
Taurus (16); puis une autre signature
suivantes (17), cette fois en sa qualité d'ange
gouvernant le mois de mai ; dans le même
cartouche, tout en bas, se trouve la signature
suivantes, qui régit aussi le mois de mai.
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GEMINI
LES GEMEAUX, un signe
positif, symbolisent l'air en
génération.
Le soleil entre en Gemini à la
fin du mois de mai, le mois des
floraisons, quand la vie nouvelle,
créée en mars, s'épanouit.
Mercure est la planète qui le
gouverne.
Développant le thème suivant
lequel Aries apporte le pouvoir
initial qui reçoit sa forme dans le
signe de Taurus, j'ai mis l'accent
sur le dualisme de ce troisième
signe qui devient le motif
principal de la décoration de ce
signe.
Gemini est' gouverné par la
prise de conscience croissante
de la relation entre le moi et le
non moi et par l'interaction des
pôles qui s'opposent dans le
cosmos. Le problème consiste à
trouver la manière d'aboutir à
l'union par l'échange.
De
là,
la
construction
symétrique du tableau. Tous les
éléments positifs - à chaque
niveau, aussi bien macro que
micro cosmiques - sont placés à
droite et tous les éléments
négatifs à gauche. Le dualisme
entre les pôles est lui-même
résolu par un pont qui conduit à
une union. Les couleurs ont été
aussi choisies dans la même
intention. Le rouge est positif, le
bleu est négatif, et l'union entre
elles est un jaune d'or (couleur
du discernement à son degré le
plus élevé). L'arrière-plan est
pourpre, un mélange de rouge et
de bleu. Les nuages dorés
représentent l'élément de l'air
sous lequel se trouve ce signe.
Les deux piliers du temple de Salomon apparaissent aussi dans ce tableau. Le pilier rouge, Yackin, est sommé
d'un bâton porteur de bourgeons symbolisant le feu ; les bâtons forment aussi la première suite des cartes du Tarot
(1). Le soleil, dispensateur de force et de vie, rayonne au-dessus de lui.
A gauche, le pilier Boaz, féminin, porte une coupe d'argent destinée à recevoir les pouvoirs du soleil (les coupes
sont le symbole de l'eau dans le Tarot) (2). La lune, brille au-dessus, reflétant le pouvoir du soleil. Au niveau du
microcosme, ces principes en opposition sont personnifiés par l'homme parfait et la femme parfaite. Lui pointe un
doigt vers le ciel et elle vers la terre, unissant ainsi leur nature humaine (ce qui est en haut est comme ce qui est en
bas).
De l'autre main chacun tient le même bâton de Mercure, le caducée. Cet emblème occupe cette place privilégiée
en raison de l'importance de Mercure dans ce signe. La forme symbolique du bâton renferme la même idée
fondamentale. Les pouvoirs polaires sont représentés par les deux serpents qui trouvent une har monieuse résolution
dans le bâton doré au centre. Ce dernier est sommé par un miroir pourvu de deux ailes. Mercure, en effet, gouverne
cette faculté intellectuelle qui est « comme un miroir qui, bien que reflétant toutes choses, demeure clair et
11
immobile» (3). C'est pourquoi le principe mercurien à travers notre intellect a évolué vers la sagesse de façon à unir
harmonieusement tous les contraires. Hermès, aussi rapide que la pensée, est le messager ailé, le médiateur. Il est
aussi le Psychopompe, le guide des Ames qui accompagne les morts de l'Autre Côté.
Un lion et une licorne sont couchés au premier plan ; c'est une autre illustration de l'opposition des principes. Le
lion incarne l'amour divin comme pouvoir descendant tandis que la licorne suggère la pure virginité de la substance
primordiale qui le reçoit. Dans l'Inde ancienne le signe de Gemini était souvent représenté par un lion et une licorne
gardant la porte de la ville sainte où réside le «Roi du Pouvoir et de la Beauté».
Entre eux un babouin à face de chien, cynocéphale, est assis sur un cercle qui suggère l'union. Le babouin est ici
doublement symbolique. En Egypte c'était la personnification de Thot, dieu de la sagesse et de la connaissance,
identifié au grec Hermès et au romain Mercure. Il figure également ici l'intelligence inférieure, analytique (celle qui
imite, qui singe). C'est le chercheur scientifique qui mesure le monde avec son compas, symbole utilisé jusqu'au
Moyen Age pour caractériser la personnalité humaine.
Il est assis sur le signe de Gemini contenu dans une figure composée d'un carré positif (rouge) et d'un carré
négatif (bleu) qui, ensemble, forment un octogone: dans l'Arbre de Vie de la Kabbale, Mercure est assigné à Hod, la
huitième sephira, son nombre est donc huit (4). On peut voir deux cartes du Tarot, une pour chaque pilier, qui sont
habituellement associés à Gemini : le Fou est à droite, la carte zéro de l'arcane majeur. Un être jeune s'engage avec
joie et sans crainte sur son chemin de vie à travers l'incarnation. Sa volonté est son bâton de pèlerin (5). Le baluchon
qui y est suspendu (6) contient les expériences qu'il rassemble la vie durant. Il est magnifiquement vêtu et plein de
bonnes dispositions. La rose dans sa main (7) représente son étincelle éternelle d'inspiration divine. Il est prêt à
accomplir la première tâche et il aura maintenant à choisir avec soin dans sa confrontation avec le dualisme.
La «Tempérance» se trouve au pied du pilier de gauche. Elle représente l'âme mature qui a pris des leçons de ce
signe. Elle verse une proportion appropriée de la force au pouvoir du soleil dans la coupe de la lune (8). Un emblème
sur sa poitrine: un triangle rouge dans un carré bleu représente les pouvoirs polaires assemblés dans l'harmonie (9).
Le soleil doré, symbole d'une connaissance supérieure, rayonne sur son front (10). Elle a des ailes pour montrer
qu'elle a été élevée au-dessus des choses terrestres (11). Elle est la «Sophia», la Sagesse Divine. Cette Sophia
signifie la résolution du dualisme qui occupe toute la partie supérieure du tableau où j'ai figuré un des principes
alchimiques: la conjonction des contraires.
Les piliers supportent deux
dragons
alchimiques
qui
représentent les divers principes
cosmiques de pouvoir polarisé. Ils
conservent
leurs
couleurs
respectives jusqu'au point où les
coins s'entrelacent; c'est alors que
s'établit un du discernement, le
mercure le plus élevé) (12).
L'Androgyne,
l'être
double
mythique dans lequel le masculin
et le féminin fusionnent pour
former un humain parfait, pareil au
phénix (13) monte du feu.
Cette résolution de tout le
dualisme humain constitue le plus profond mystère, le plus grand dessein de l'alchimie. L'Androgyne est aussi
représenté sous la forme d'un aigle à deux têtes (symbole héraldique) (14). Des symboles maçonniques ont été
utilisés pour montrer que les actions de l'être humain parfait englobent ses deux pôles: le compas pour l'aspect de la
force (15) et l'équerre du charpentier pour l'aspect de la forme (16).
Considérons maintenant
les
sceaux magiques empruntés à la
hiérarchie des anges et d'autres
êtres astraux qui dépendent de
Mercure.
A partir du sommet du cadre de
gauche à droite, nous trouvons le
sceau planétaire de l'ange Ophiel
(17); en haut, au centre, la signature
de l'archange de Mercure, Raphaël
(18) et, à côté, le sceau des esprits
planétaires olympiens de Mercure
(19).
12
Juste au-dessous du ventre du dragon rouge on peut voir le sceau des esprits planétaires subordonnés à l'ange
Ophiel (20) et sous le ventre du dragon bleu, la signature de l'intelligence planétaire Tiriel (21).
Puisque Mercure représente la pensée, faculté neutre utilisée en toutes choses, nous pouvons parler d'un
Mercure supérieur et inférieur.
Ainsi, dans l'Antiquité, Mercure était considéré comme le dieu de la sagesse et de la connaissance aussi bien que
le dieu des menteurs et des voleurs (Mercure a volé les bœufs d'Apollon). Un des plus importants processus dans le
Grand Oeuvre de l'alchimie, la sublimation du vif-argent ou mercure, représente le processus de l'ennoblissement de
la pensée. Le résultat était connu sous le nom de Mercurius Sublimatus en alchimie et plusieurs signes secrets s'y
réfèrent; j'en ai dessiné six de part et d'autre du bâton central de Mercure (22).
13
CANCER
LE CRABE est un signe
négatif, eau en génération.
Le soleil entre dans le
cancer autour du 22 juin, juste
après avoir atteint le point le
plus élevé, au début de l'été, la
période de croissance. La lune
gouverne le Cancer.
Le symbole correct pour ce
signe n'est pas comme il est
souvent représenté sur les
gravures, un crabe relativement
gros,
mais
le
petit
Bernard-l’ermite
dont
le
comportement exprime mieux
le caractère de ce signe.
Le Bernard-l’ermite protège
son fragile arrière train à
l'intérieur
de
coquilles
d'escargots
abandonnées.
Lorsqu'il a trop grandi pour son
domicile, il part à la recherche
d'une coquille à sa nouvelle
dimension
et
s'y
loge
prestement. De cette position
sûre, notre créature veille à
l'affût de sa proie que, de ses
grosses pinces elle saisit
promptement et qu'elle tire à
l'intérieur de sa demeure pour
s'en repaître à loisir.
Sa démarche, latérale ou
oblique, à reculons, caractéristique du crabe, illustre bien
ce signe.
Ces deux principaux traits
témoignent du discernement
psychologique des premiers
astrologues qui ont choisi le
crabe pour symbole des natifs
de ce signe.
Les expériences recueillies sous Gemini sont affermies, classées et en progrès sous le Cancer. Le Cancer est un
collectionneur à tous les niveaux. Au niveau matériel les natifs du Cancer rassemblent de belles choses; au niveau
émotionnel-il est émotionnel par nature -il approfondit ses expériences. Mentalement, il recueille le savoir d'une
manière scientifique et, spirituellement, il tente d'affiner sa compréhension de la raison d'être des choses. Son point
fixe c'est sa maison, son château dans lequel il se retire toujours à la fin de chaque incursion avec le nouveau trésor
qu'il vient d'obtenir. Ici il est entouré de tout ce qu'il a rassemblé au long de son exis tence. Par nature, il est casanier
et bon vivant.
La rapide retraite dans une armure protectrice au moindre signe de danger caractérise aussi la tortue, raison pour
laquelle cet animal symbolisait le cancer dans l'ancienne Babylone (1).
La locomotion rétrograde du crabe illustre la propension du Cancer à se perdre lui-même avec joie dans le passé.
Il vit dans un état de conscience historique et, rétrospectivement, il peut apprécier la continuité des événements.
D'où la représentation du signe dans l'ancienne Amérique sous la forme du «serpent à plumes qui se déplace à
reculons». Pour les Chinois c'était la coupe transversale d'un arbre dont les cercles annuels racontent l'histoire. Je
les ai tous inclus dans le cadre du tableau.
Le Bernard l’ermite en personne repose sur ses trésors, cachés à l'intérieur d'un coffre de fer qu'il a, pour plus de
sûreté, enterré dans le sable (2). Il est tendu vers la lune, la planète qui le gouverne (nous en reparlerons). Des
14
mains émergent du cadre pour saisir les joyaux et les pierres précieuses, surtout des aigues-marines et des pierres
de lune, les joyaux de la lune ; toutes choses précieuses rassemblées à un niveau matériel (3).
J'ai choisi la perle pour représenter les acquisitions dues à des expériences émotionnelles; c'est le classique
symbole de la souffrance qui conduit au discernement. Une perle est, de par son existence même, le symptôme
d'une maladie dans l'huître. Si un corps étranger, une pierre ou un fragment de coquille, pénètre dans l'huître, son
corps, faible et sensible, une fois irrité, va réagir en recouvrant l'objet étranger de couches successives de nacre,
afin d'arrondir celui-ci pour apaiser la douleur. C'est ainsi que, par la souffrance, se forme un magnifique joyau (4).
A côté de cette huître ouverte, le Kephera, le scarabée sacré de l'Egypte ancienne, roule une perle vers le haut
de la pente (5). Ici le symbolisme est double. Le scarabée (scarabeus) est un coléoptère qui pond ses œufs dans le
fumier qu'il a d'abord malaxé en une boule. Il roule alors la boule dans un trou déjà creusé dans ce but. En sûreté,
sous terre et pourvu d'une abondante nourriture, l'œuf dans le fumier devient finalement un nouveau coléoptère. Les
Egyptiens de l'Antiquité ne savaient pas qu'un œuf avait déjà été pondu dans le fumier et ils pensaient qu'un
coléoptère s'était créé lui-même à partir de la matière en état de putréfaction.
C'était
la
génération
spontanée.
De
nombreux
Anciens croyaient que la vie
apparaissait spontanément à
partir de la matière en
décomposition sans que le processus habituel d'implantation
ait été réalisé. C'est pourquoi le
bousier Kephera a été aussi
considéré
comme
un
compagnon de la Divinité qui,
sans cesse, se recrée.
Dans ce cas, la boule de
bouse était le soleil doré que
Kephera roulait chaque jour sur
le chemin des cieux, de l'est à
l'ouest. C'était le symbole
fondamental de la renaissance,
la vie qui, d'elle-même, se
renouvelle sans cesse grâce au
pouvoir de Râ, le soleil.
Parce que la conscience se développe et se ranime par la douleur, j'ai substitué une perle à la boule de bouse
transformant ainsi le symbole du soleil en symbole de la lune parce que la mer et tout ce qui en elle vit, tout comme
l'âme, se trouvent liés pour une grande part à la lune. Ceci non seulement en raison de l'influence considérable
exercée par la lune sur le flux et le reflux des marées mais aussi en raison de la subordi nation de nombreuses
créatures de la mer au cycle lunaire dans leur comportement sexuel.
Il existe une interaction complexe entre la lune, la procréation et la mer. C'est la lune qui donne la forme et qui
gouverne l'implantation ainsi que la croissance. Elle est directement concernée par la matière primordiale, l'océan
primordial d'où tout a été formé et plus substantiellement par la mer d'où toute vie a évolué. L'océan est notre mère à
tous. On l'appelle Mara, «qui est amer». Il est Mater Materia et il est aussi MARIE, Mère de Dieu, tout comme il est
Maya, la mère du Bouddha. Ce sont des aspects différents du même principe dont l'origine est Binah, la Mère
Primordiale sur le pilier de la forme, à gauche dans l'Arbre de Vie de la Kabbale.
A côté de la lune j'ai dessiné sa révélation matérielle sous la forme de
Diane ou Artémis, la chaste déesse de la chasse et du règne animal,
l'éternelle vierge. Elle représente l'aspect le plus spirituel de la planète (6).
En dehors de ce monde de la sensibilité que, par suite de l'influence de
la lune nous avons explore en profondeur, je voudrais ajouter quelque
chose de plus sur l'attitude du natif du Cancer à l'égard de la spiritualité :
voici une série de symboles situés dans l'angle supérieur gauche du
tableau, dans des niches aux formes variées.
Les symboles les plus universels sont exactement en haut: la clé et le
trou de serrure (7). Ici, ils représentent les Mystères (très différents du
symbolisme psychanalytique populaire pour la sexualité). Je me limiterai à
dire que les quatre emblèmes situés au-dessous constituent la clé de
l'univers. Ce sont précisément les quatre suites du Tarot qui forment toujours les attributs, les «armes magiques» du
rituel magique. Le bâton représente l'élément du feu (8), la coupe, celui de l'eau (9), l'épée, celui de l'air (10), et le
pentacle avec son pentagramme inscrit, l'élément de terre (11). Selon la tradition classique, ces éléments réunis
composent les formules astrales selon lesquelles toutes choses sont accordées dans l'univers.
15
Si le magicien contrôle ces pouvoirs il possède alors la clé de la création et il est dépeint comme le Roi du Monde
dans le globe situé à droite (12). Ici également entrent en jeu la régulation, la classi fication par lesquelles l'homme
tente d'appréhender les nombreuses révélations.
Plus à gauche figure la croix ansée, le symbole égyptien de l'immortalité (13). Au-dessous se trouve un petit
triangle pointé vers le bas : c'est le symbole alchimique pour l'élément de l'eau (14). En haut, à droite, comme un
emblème magique est placé le sceau planétaire de la lune (15) avec «le serpent qui se déplace à reculons»
au-dessous (16).
16
LEO
LE LION est un signe positif,
le feu en expansion, car c'est le
second signe de feu, Aries étant
le premier. Le soleil se trouve
dans Léo du 23 juillet au 22 août
et c'est lui aussi qui gouverne ce
signe.
Après la prise de conscience
du dualisme (sous Gemini), la
mise en ordre des expériences
grâce au développement de la
conscience (Cancer), sous Léo
l'accent est placé sur la relation
entre le moi et le non-moi. Ou
plutôt, on pourrait dire que
l'accent retombe totalement sur
le moi qui occupe le milieu de la
scène sous Léo ; l'entourage du
moi devenant le théâtre où le
natif du Lion joue son rôle avec
distinction, de là, la place que j'ai
attribuée au lion dans le centre
de la composition, centre qu'il
partage avec le soleil qui
gouverne ce signe. Le Lion tout
comme le soleil brille à la fois sur
le bien et sur le mal. Il est le
Cœur Royal (1) parce que Léo et
le soleil gouvernent le cœur
humain. Il apporte une touche de
joie et d'exubérance à son
entourage. Il baigne toutes
choses dans une lumière dorée,
l'or étant le métal du soleil, de là
la bordure dorée et richement
décorée.
Ce signe toutefois n'est pas
exempt
d'infirmités:
l'égocentrisme du lion peut en
faire la proie de la vanité et de
l'ambition, le pousser à tyranniser
son entourage. Alors, comme
tous les héros solaires de la mythologie, il doit combattre à la fois le lion en lui-même ainsi que d'autres animaux
(comme le fit Hercule), placés sur son passage comme des obstacles destinés à être franchis. Ce combat classique
figure sur le côté droit au premier plan du paysage. Là, Hercule ou Samson est engagé dans un corps à corps mortel
avec son propre pouvoir: Léo négatif (2). S'il en sort vainqueur il deviendra le dieu soleil Apollon qui tient le monde
entier sous le charme des sons harmonieux de sa lyre (gauche) (3).
La royauté de ce signe est mise en valeur par le luxuriant paysage avec ses majestueux palmiers, la ver ticalité de
ses cyprès, ses tournesols et ses buissons d'agrumes. Toutes ces plantes sont sous l'empire du soleil de même que
le chêne au premier plan à droite.
Le chêne creux offre une autre signification que je dois expliquer puisque, pratiquement, il présente l'un des plus
profonds et des plus importants mystères de toutes les religions (4): la naissance du dieu soleil qui s'offre en
sacrifice. C'est un mythe largement répandu qui, bien que différent par sa forme et sa présentation, paraît exprimer
cette même idée. Tous ces récits concernent un être ressuscité, né d'un être humain (souvent une vierge) et absorbé
en une divinité. Cet être double abrite l'humain aussi bien que le divin. Pendant cette période il doit accomplir
plusieurs tâches et, ce faisant, il triomphe de sa nature inférieure. A la fin il meurt après s'être acquitté de son travail.
C'est alors qu'il est réveillé de la mort et qu'il monte au ciel entièrement déifié.
17
Au cours de ce processus le
héros est trahi, souvent emprisonné, enfermé ou enseveli. La
partie divine qui semble mourir
continue
toutefois
de
vivre
secrètement grâce à sa nature
éternelle. Cette immortalité est plus
tard révélée dans la résurrection
manifestée à différents niveaux: au
cours de l'année la faculté de
croître semble mourir dans la
plante cependant que, en secret,
elle continue à vivre sous terre pour jaillir à nouveau dans toute sa splendeur au printemps suivant. Alors, à nouveau
mais à un niveau spirituel élevé, on nous dit que le Créateur s'emprisonne lui-même dans sa Création et descend
sur terre pour transformer cette révélation matérielle, opérant de l'intérieur puis, la restituant à partir de son nadir à
son état originel.
Dans l'un de ces récits, Osiris (la lumière) est trahi par son frère jumeau
Seth (les ténèbres) et enfermé par ruse dans un coffre soudé avec du
plomb et déposé dans le Nil. Quant à Jésus, il est trahi par Judas, tué sur
la croix (quadruple substance) et enterré dans une caverne. Moïse est
confié au Nil dans un panier de jonc. Adonis a été soumis à une croissance
mystique semblable à celle du mort Osiris dont le cercueil fut recouvert par
un tamarinier.
Tous ces personnages eurent une histoire semblable : par leur
naissance singulière, leurs travaux, la trahison dont ils furent l'objet, leur
mort et leur résurrection (déification), ils ont constitué une médiation, un
pont entre deux mondes fondamentalement différents qui, grâce à leur
intervention, ont été réunis ou «réconciliés». Leur origine mixte les
désignait pour remplir ce rôle d'intermédiaire. En s'acquittant de cette
mission, leur nature divine était sacrifiée dès la naissance par un
emprisonnement dans une nature inférieure, une personnalité humaine.
Dans leur existence à venir, cette personnalité est sacrifiée au service de
leur vocation Or la mort qui brise le vaisseau libère l'esprit prisonnier qui
peut ainsi rayonner sans entraver.
Le soleil occupe aussi une place centrale sur le pilier du milieu de
l'Arbre de Vie de la Kabbale. C'est Tiphereth, la sixième sephira,
également connue comme le « Feu du Soleil » ou bien le « Fils du Père de
toutes Choses» (Kether, la première sephira située directement au-dessus
de Tiphereth).
La fonction spirituelle de l'intermédiaire est exprimée d'une manière à la
fois claire et sublime ici (« Nul ne peut aller vers le Père si ce n'est par
moi»), ce principe est comme le col d'un sablier qui relie les cinq sephiroth
du macrocosme, en haut aux quatre sephiroth du microcosme, en bas (la
personnalité inférieure).
Tiphereth représente le moi le
plus élevé dans l'homme, le Christ
intérieur par lequel la personnalité
peut consciemment atteindre le Père. Ce principe est parfois figuré sous la
forme d'un enfant: l'enfant royal dans le berceau ou dans l'arbre creux. Ceci
montre à quel point le cœur est sacré pour la personnalité.
En alchimie, le chêne creux était l'image de l'Athanor, le four alchimique
qui devait garder une température rigoureusement constante pour la Pierre
Philosophale, l'enfant divin à naître. Grâce à la «poudre» préparée à partir de
cette pierre, l'alchimiste serait capable de transmuer les métaux vils en or,
sans limitations; le symbolisme est ici très clair.
Un mot d'explication au sujet des signatures magiques. Le signe de Léo
est peint sur un bouclier aux pieds d'Apollon (5). Le cartouche sur l'angle
supérieur gauche porte le sceau des esprits olympiens qui régissent le
domaine du soleil (7) (en haut), le signe de l'esprit gnostique Sorath (8) et (en
bas), le signe de l'intelligence planétaire Nakhiel (9). Les plus petits cartouches contiennent des signes divers que
les alchimistes utilisaient pour illustrer l'or, le métal soleil ou le «soleil spirituel» (10).
18
VIRGO
LA VIERGE est un signe
négatif, la terre en expansion.
Le soleil entre dans le signe de
la Vierge à la fin août, mois de la
récolte, quand le blé mûr est
moissonné. C'est la planète
Mercure qui le gouverne.
Dans les six premiers signes le
moi
est
au
centre
du
développement
de
la
personnalité.
Cette
étape
s'achève avec Virgo. Ici tout est
brisé aussi finement que possible
(1) et ce grand amas est
maintenant
gouverné
par
l'homme.
C'est la phase au cours de
laquelle les détails sont examinés.
Or la capacité de fractionnement
en atomes caractérise la matière.
C'est pourquoi Virgo représente la
nature matérielle sous la forme de
la Mère Fertile. Elle est la
Demeter grecque avec l'épi de blé
(2), la Cérès romaine, l'Isis
égyptienne avec son voile vert
signifiant la croissance (3) et
Maria, le pont des cieux et la
médiatrice, l'âme du monde ou
Anima Mundi. Dans le «Livre des
Morts» égyptien, le signe de Virgo
est aussi représenté comme le
«passage au royaume d'Osiris»
(4).
D'un
point
de
vue
macrocosmique elle
est la
substance primordiale universelle
à partir de laquelle le cosmos
matériel est condensé (5). C'est
pourquoi
j'ai
ajouté
quatre
chérubins au cadre, ceux de la
vision d'Ezéchiel ; ils représentent
les quatre Evangélistes aussi bien
que les quatre éléments. L'ange
situé dans l'angle supérieur gauche, c'est Jean l'Evangéliste (élément de l'eau) (6). L'aigle dans l'angle supérieur
droit (le scorpion exalté de l'astrologie), c'est Matthieu (élément de l'air) (7). Le lion c'est Marc (feu) (8). Le bœuf c'est
Luc (terre) (9).
La vie qui inspire la matière, en d'autres termes la fertilité, est symbolisée par l'œuf transparent avec sa flamme
ardente que la vierge tient dans la main (10). La vierge porte une guirlande de blé et de bleuets (11). L'accent est ici
placé sur le grain, le pain, symbole de la «Manne». Ses ailes blanches témoignent de son état de chasteté (les
oiseaux sont un ancien symbole de l'âme) (12). Un pentagramme, le signe de la quintuple personne (les cinq sens)
rayonne au-dessus de sa tête (13).
Tous les autres symboles, dans ce tableau, sont gouvernés par le maître de ce signe, Mercure. Hermès ou
Mercure, sous sa forme gréco-romaine est visible sur la gauche. Il essaie de mesurer l'univers - à l'arrière-plan avec son intelligence (14). Sous sa forme égyptienne, en tant que Thot, le scribe des dieux, on peut le voir à droite
sous l'aspect du cynocephalus hauradryes, le babouin d'Abyssinie (15). Thot est surtout le juge des âmes. Il siège à
la porte d'Osiris, que les morts doivent passer pour aboutir aux champs d'Amenti, nom donné par les Egyptiens au
royaume de l'« autre côté». Thot pèse chaque âme sur sa balance: le cœur du mort est placé sur un plateau et la
plume de Marat (mesure) dans l'autre.
19
La plume représente l'ordre
universel et la mesure de toutes
choses (la Vérité) (16). Les deux
serpents du bâton de Mercure
sont aussi présents comme
facteurs sidéraux (17).
Les angles inférieurs du
tableau portent des aspects de
Mercure : à droite la sagesse,
figurée en Egypte par l'Ibis sacré
(18). En face, pour représenter la
tradition juive, un livre de la
Kabbale ouvert sur la gravure de
l'Arbre de Vie (19). La proposition
de Pythagore figure sur un
rouleau de papyrus (20) pour
représenter la doctrine grecque de
l'univers. Le livre fermé M (mater
materia) se réfère au texte le plus sacré des Rosicruciens, celui qui contenait leur connaissance universelle (21).
Ainsi se trouvent rassemblées trois importantes traditions de sagesse. Dans l'angle inférieur gauche on voit des
symboles qui se réfèrent à une autre fonction de Mercure, celle de transmutator : le guide des morts vers le paradis,
le Psychopompe. En Egypte, dans cette fonction, ce dieu a la forme d'un chacal, animal qui fréquente les lieux de
sépulture (22). Selon l'interprétation alchimiste cela signifie que si un initié dans les Mystères réussit à se dégager de
son existence humaine à travers la mort, il sera ressuscité comme un être nouveau et éternel. C'est Hermès Thot qui
tient le rôle le plus important dans cette transmutation. Il est l'embaumeur qui donne au corps l'éternité. Il est la
pensée qui, transmuée comme Mercurius sublimatus, conduit à une nouvelle conscience universelle.
Ceci est un processus de
distillation qui prend place dans
l'Athanor, le fourneau alchimique
(24), dans lequel le nouvel être
humain est constitué. Nous en
venons maintenant aux sceaux
magiques et aux signatures. Le
symbole astrologique de Virgo est
au-dessous des pieds de la
vierge, contenu dans une étoile à
huit pointes ; ceci parce que
Mercure qui gouverne le signe est
associé avec Hod, la huitième
sephira sur l'arbre de vie (25). En
haut, à gauche, en arrière du pied
gauche de Mercure est situé son
signe planétaire (26). Au-dessus de sa tête est le sceau de son esprit planétaire Ophiel (27). En haut, au centre est
la signature attribuée à l'archange Michel sous lequel se trouve Mercure (28). A droite est le signe de l'esprit Thaf
Thar Tharath (29) ; tout au-dessous du babouin est le signe de l’intelligence planétaire Tiriel (30). Le sceau
planétaire de Mercure figure sur le bouclier que Thot tient dans se main (31). Les deux signes au-dessus sont les
symboles alchimistes pour Mercurius sublimatus, le noble vif-argent (32).
20
LIBRA
LA BALANCE est un signe
positif, l'air en expansion. Le soleil
entre dans cette maison au début
de l'automne comme il passe
l'équateur
pour
commencer
l'hiver. Vénus est la planète qui
gouverne ce signe.
L'équilibre
et
l'harmonie
caractérisent ce signe. C'est la
raison
pour
laquelle
la
composition du tableau comme
celle de Gemini est symétrique.
Dans Libra, l'accent est placé sur
l'âme. Dans les six signes précédents nous avons insisté sur
l'évolution du moi ; c'est le
non-moi qui prédomine dans le
mode
d'acquisition
de
l'expérience à travers les six
signes suivants.
Vénus, déesse de l'amour, de
l'harmonie et de la beauté,
gouverne ici. Le trait dominant de
Libra est, avant tout, l'équilibre
entre la tête et le cœur, entre
l'intelligence et le sentiment. Au
symbolisme qui entoure ce signe,
j'ai ajouté Mercure qui gouverne
le
savoir
sous
sa
forme
égyptienne de Thot ( 1 ) et,
symétriquement, la déesse Vénus
sous sa forme égyptienne de
Hathor, déesse des fêtes et de
l'amour avec ses oreilles et ses
cornes de vache (2). Les deux
figures maintiennent les plateaux
en équilibre. Sur l'un gît un cœur
sous
sa
forme
égyptienne
symbolique d'urne (3). La plume
de Marat est dans l'autre (4). Ici
encore nous avons le jugement
des âmes bien que clairement
tempéré
par
une
sagesse
imprégnée d'amour.
Mercure est placé à gauche et Vénus à droite des plateaux, en accord avec la Kabbale où Hod, la séphira qui
gouverne l'intellect de l'homme est à la base de l'arbre de gauche du pilier de vie (le pilier de rigueur) avec Netsah, le
sentiment situé en face, au pied du pilier de droite, celui de la miséricorde. De cette manière l'équilibre parfait est à
nouveau obtenu entre la raison et l'émotion. Chacune d'entre elles a un besoin absolu de l'autre: la raison dépourvue
d'émotion est stérile et mortelle. L'émotion sans la correction qu'apporte la raison se borne à la sentimentalité et crée
le chaos. Chacune est dangereuse sans la présence du pôle opposé.
Netsah est la septième séphira c'est pourquoi il y a une étoile à sept pointes entre les cornes de Hathor (5).
Au-dessous se trouve le signe astrologique de Vénus (6). Hathor tient un sistre, le sonore instrument rituel des
prêtresses de Hathor. Les lames horizontales qui serpentent autour du cadre suggèrent les quatre éléments qui
résonnent ensemble harmonieusement dans le cosmos (7). Les fameux serpents du bâton de Mercure (les pouvoirs
positifs et négatifs unis dans l'harmonie) s'enroulent autour de Thot à la tête d'Ibis (8). Il tient dans sa main la croix
ansée, symbole d'immortalité dans l'ancienne Egypte (9). Le signe astrologique de la planète Mercure est au milieu
de sa ceinture (10).
Le dualisme harmonieusement résolu du signe de Libra est encore illustré par deux sphinx assyriens au bas du
21
tableau (11). Ceci se réfère à la carte du Tarot associée avec le signe de Libra, le «chariot de la victoire».
Ici, les deux sphinx qui tirent le chariot représentent les pouvoirs cosmiques opposés qui opèrent harmonieusement ensemble dans le même attelage. Dans le tableau, les animaux mystérieux sont aussi les symboles
des quatre éléments, à la fois positifs (sphinx mâle) et négatifs (sphinx femelle): la tête est l'élément de l'eau, les
pattes antérieures du lion celui du feu, les ailes celui de l'air, et l'arrière-train du bœuf celui de la terre. L'analogie
entre les quatre créatures de la vision d'Ezéchiel, les quatre symboles évangéliques du signe précédent, Virgo et les
deux sphinx est frappante. Le sol en carrelage blanc et noir est une autre référence au travail harmonieux des
pouvoirs des pôles dans les fondations du cosmos (12). C'est aussi le sol du temple franc-maçon. Le lys au premier
plan représente la sérénité, le résultat du parfait équilibre entre la tête et le cœur (13).
Un autre symbole franc-maçon se
trouve au milieu du sol carrelé: un autel
sous forme d'un cube (14). Le cube
représente la fondation parce qu'il est
composé de carrés. Ce cube est la «pierre
d'angle», le Christ, c'est la «pierre
philosophale» de l'alchimie. Cet «autel
sacré dans le temple où la lumière des
Esprits (15) brille toujours et ne meurt
jamais» est le symbole hindou pour notre
signe de Libra. Le cube devrait, en vérité,
être noir non transparent. Néanmoins, je
l'ai peint comme un cristal afin
qu'apparaisse la boule, l'embryon doré
(16), contenu à l'intérieur et sur
lequel le signe astrologique de
Libra a été dessiné (17) (encore
à l'intérieur d'une étoile à sept
pointes parce que Vénus reste
liée à Netsah, la septième
sephira de l'arbre). Si le cube
était ouvert vers l'extérieur, les
six surfaces formeraient la croix
chrétienne et l'embryon doré
reposerait au centre de la croix,
référence directe à la foi
rosicrucienne qui place la rosé
au centre de la croix (remarquez
la forme de la rose-croix dans la
partie supérieure de la balance)
(18). J'ai choisi le signe de la
rose-croix
parce
que
les
Rosicruciens
ont
recherché
l'équilibre entre la tête et le cœur
dans la formation de la personne
parfaite. La rose rouge est la
fleur de Vénus car elle symbolise
l'amour s'offrant en sacrifice (19).
Considérons
maintenant
quelques autres symboles qui se
rapportent aussi aux différents
aspects de «la conjonction des
contraires»
Le symbole chinois Yang Yin
en connection avec les pôles
dans la matière primordiale
consacrée (20). Au dessus, dans
la forme 00 (le lemniscate
symbole de l'infini), les deux
pouvoirs polaires du soleil et de
la lune, esprit e. âme, qui influent
l'un sur l'autre, éternellement.
22
SCORPIO
LE SCORPION est un signe
négatif, l'eau en expansion. Le
soleil entre dans Scorpio à la fin
du mois d'octobre, le mois du
vin, le mois des fruits par
excellence, le moment où les
feuilles tombent et où le règne
végétal se replie sur lui-même
au cours d'une lente préparation
à l'hiver. A Mars, le Maître
traditionnel de ce signe, on a
préféré
Pluton
après
la
découverte de cette planète.
Personnellement, je m'en suis
tenu à l'ancien signe de Mars.
Scorpio est un champ de
bataille, le théâtre d'intenses
collisions psychiques et de
profondes expériences. C'est
immédiatement évident si l'on
considère
le
symbolisme
rattaché à ce signe dans les
anciennes cultures. Dans les
Ecritures indiennes, le scorpion
est aussi appelé «le serpent
ténébreux» C'est aussi le dragon
à sept têtes qu'Hercule a tué;
Apep, le serpent des ténèbres
tué par Horus, fils d'Osiris dans
la mythologie égyptienne; le
dragon tué par St Georges et le
serpent du paradis qui a apporté
la mort et pourtant, avec elle la
connaissance du bien et du mal.
C'est aussi l'aigle qui illustre
parfois ce signe dans le
zodiaque anglais moderne. Il
représente même Satan.
Si on voulait résumer la
nature de ce signe en quelques
mots, on pourrait dire: c'est la
conscience
des
facettes
fondamentales de la vie et la transformation des forces primitives.
Scorpio est concerné par la libido, le pouvoir de création, aussi bien que par l'amour, par la naissance, par la mort
et par la résurrection. Un natif de Scorpio plonge profondément dans les problèmes associés à tout cela et il en est
constamment préoccupé; il lutte continuellement contre ces principes en lui. Dans l'affliction il est pervers et
destructeur. S'il domine son aiguillon venimeux, il devient un mystique ou un médecin faisant du bien à ses
semblables. Cependant il se lance dans toute entreprise avec une intensité due à Mars qui le gouverne.
J'ai essayé tout particulièrement d'exprimer dans ce tableau l'essence du pouvoir créateur qui est libéré par la
mort de la nature inférieure en vue de transmuer l'humain en un être ressuscité.
J'ai placé le symbole astrologique de Mars dans un dodécaèdre (1). Cette surface régulière de douze côtés est
l'une des structures pythagoriciennes. Comme nous venons de le voir, le pentagone, surface à cinq côtés, est
associé à la planète Mars parce que Mars est assigné à Geburah, la cinquième Sephira sur le pilier de gauche de
l'Arbre de Vie de la Kabbale, le pilier de la rigueur. Le pentagone symbolise d'autre part l'être humain avec ses cinq
sens. C'est lui qui occupe un pentagramme de ses bras et de ses jambes tendus. Le dodécaèdre est composé de
douze pentagrammes et c'est la raison pour laquelle je l'ai utilisé pour symboliser le voyage de l'homme sur le
chemin qui mène à la conscience à travers les douze phases du zodiaque. Dans ce cas précis, l'homme est dans la
phase du Scorpion. Il s'efforce de découvrir l'état qu'il a atteint.
23
Or, il ne peut en voir que le reflet à la surface de la
mer de sa conscience: cette surface qui change sans
cesse au rythme de ses émotions lui donne une image
totalement déformée (2). Ses émotions bloquent sa
perspicacité et l'empêchent donc de s'élever à un
niveau plus élevé. Son aiguillon venimeux. Ce sont ses
instincts, le dragon de sa nature inférieure qu'il doit
combattre, comme St Georges (3) qui représente sa
nature supérieure. Il faut qu'il devienne un yogi, un
mystique pour transformer les pouvoirs inférieurs qu'il a
en lui, dans un interminable processus d'autodiscipline
(4). Il s'élèvera alors à partir de cette sublimation
comme un aigle, l'oiseau royal de l'âme qui vole vers le
soleil (5). L'ancien moi meurt (6) et une nouvelle
personne naît semblable à un enfant (7).
La coupe de la vie ancienne est épuisée et
renversée (8). Inutile, elle est remplacée par une
nouvelle coupe (car personne ne met de vin nouveau
dans de vieilles bouteilles) où brûlera désormais la
lumière de l'esprit (9).
C'est de cette manière que, après avoir porté la mort
à la naïveté et à l'innocence dans le paradis, le serpent
ténébreux apporte avec lui la connaissance du «bien» et
du «mal» contribuant ainsi à la réalisation d'une nouvelle personne (10).
J’ai essayé d’exprimer le caractère de Scorpion
inférieur par les pointes et les crocs enchevêtrés du
cadre : les couleurs sont naturellement des nuances
d’un rouge vénéneux à cause de Mars.
Les signes magiques sont (en haut à gauche) : le
sceau planétaire de Phaleg appartenant à Mars (11) et
(à droite) la signature de l’intelligence Graphiel (12).
24
SAGITTARIUS
LE SAGITTAIRE, l'archer, est
un signe positif, le dernier des
trois signes de feu, donc feu en
résolution.
Le soleil entre dans ce signe à
la fin novembre, le mois du
massacre, l'époque où le monde
animal entre en hibernation, dans
le repos et la mort; c'est aussi le
temps où la vie spirituelle interne
atteint un sommet. La planète
Jupiter gouverne ce signe.
Les expériences acquises ont
été analysées dans le signe de
Virgo, équilibrées dans celui de
Libra et passées au crible
(l'accessoire écarté du principal)
sous Scorpio. Sous Sagittarius, le
moi est projeté sur ce matériel et
ensemble ils sont transformés en
quelque chose d'entièrement
nouveau : la nouvelle image
idéale de l'homme. Le natif de
Sagittarius est, avant tout, un
idéaliste qui vise de sa flèche une
cible élevée. Il plonge dans les
idées qu'il a acquises ce qui est
représenté par le soleil couchant
du zodiaque chinois (l), l'ancien
symbole chinois pour ce signe
(Le zodiaque chinois moderne a
un tigre qui fait référence à
l'élément igné de ce signe).
Le moi et le non-moi sont
rassemblés sous Sagittarius pour
constituer le moi total, résolvant
de ce fait le dualisme du signe de
Gemini. Les premiers fruits de la
conscience prennent maintenant
naissance.
La
devise
de
Sagittarius est une synthèse,
l'image du centaure en est un bon
exemple: l'homme-cheval. Le natif de Scorpio doit continuer à lutter avec l'animal dans sa nature (c'est Mars qui
gouverne Scorpio) mais ce conflit est harmonieusement résolu dans le natif du Sagittaire (c'est la générosité de
Jupiter qui le gouverne). Ici, l'élément instinctif est logiquement lié au spirituel, il devient le véhicule, la monture. C'est
pourquoi l'Eglise a christianisé la fête du Sagittaire du solstice d'hiver en proposant des saints à la place d'autres
cavaliers païens : saint Nicolas et saint Martin. Ce sont aussi des saints caractérisés par leurs bonnes actions
(encore Jupiter).
Le désir ardent qui pousse le natif du Sagittaire à réaliser l'unité de l'expérience paraît tout particulière ment dans
son grand amour pour la nature, notamment pour les animaux et les chevaux puisqu'il est lui-même à moitié cheval.
Le Sagittaire reste en contact avec ses origines et bien qu'il vise haut dans son idéalisme, ses pieds demeurent
fermement sur la Terre mère qui ne le désavouera jamais. C'est la générosité de Jupiter qui l'inspire par-dessus tout.
C'est la raison pour laquelle Jupiter, le dieu suprême qui trône dans les nuages, embrase les flè ches de l'idéalisme
de son feu céleste, flèches que l'archer ne peut s'empêcher de tirer (2). C'est la généro sité du même Jupiter (la
planète Jupiter est associée à Hesed, la quatrième sephira sur le pilier de droite, celui de la générosité) qui gouverne
la croissance luxuriante du règne végétal (3). J'ai dépeint ce pouvoir de Jupiter sous la forme des dryades et des
elfes qui inspirent les plantes (4) tandis que les esprits aériens, les sylphes, portent les pouvoirs de Jupiter dans les
airs sous la forme de nuées d'orage (5).
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Le natif du Sagittaire progresse
lorsqu'il oublie son corps d'étalon
dans sa passion (parce que,
comme Léonard de Vinci l'a dit,
«la passion de l'esprit exclut la
passion des sens») et ce corps
devient blanc et serein; il devient
celui
d'une
licorne,
ancien
symbole de chasteté. (6) II est le
centaure mythologique Chiron,
maître d'Asclepios, le dieu de la
guérison, et d'un grand nombre de
héros tels que Hercule, Jason et
Achille. Il devient aussi l'Ermite de
la neuvième carte du Tarot qui,
comme le sage errant, éclaire la
voie des autres avec la lanterne
de l'instruction (7). Le natif du
Sagittaire devient la porte carrée
de la caverne de la consécration
et des Mystères, le carré de
construction auquel on accède par
quatre marches (4 étant le nombre
de Jupiter) (8).
Sur son bras il porte comme
trophée la peau du Bélier, la
Toison d'or. Le premier signe de
feu a finalement trouvé sa
résolution dans le dernier signe de
feu, Sagittarius, le pouvoir du feu
étant maintenant dirigé vers le
non-moi au lieu du moi (9).
Les sceaux magiques sont les
suivants :
Le signe symbolique de
Sagittarius sur la porte (10).
Au-dessus, au milieu de l’arbre
semi-circulaire, c’est le signe
astrologique de Jupiter (11) ; à
gauche de l’arche le signe de l'esprit planétaire Hismaël (12). A droite celui
de l'intelligence planétaire lophiel, (13). En bas à gauche, en rouge sur un
cartouche, dans le cadre, le sceau de l'esprit planétaire olympien Bethor
(14). Au-dessous, en noir, le signe de Sachiel (15). En bas, dans l'angle
droit, sur un cartouche, le propre sceau de Jupiter (16).
26
CAPRICORNE
LE CAPRICORNE, la chèvre
des montagnes ou ibex, est un
signe négatif, le troisième signe de
terre, donc terre en résolution.
C'est le signe du début de l'hiver
quand le soleil est le plus bas à
l'horizon, lorsque son arc est le
plus proche de la terre, que
l'obscurité à l'extérieur et le repos
et l'hibernation sont à leur apogée,
que l'embryon est en place pour la
lumière à venir qui, dès lors,
commence à grandir. Saturne
gouverne ce signe.
C'est cet événement naturel
que j'ai pris comme leitmotiv
quand j'ai conçu ce tableau.
L'arrière-plan du tableau forme
un grand crâne (1), le symbole
des morts à travers lequel le soleil
se lève (2). Les rayons du soleil
écartent le firmament plus sombre
(3) pour jeter une lueur dorée sur
le paysage rocheux. Ce retour de
la lumière apporte une nouvelle
vie illustrée tant par les petits
enfants qui se dégagent des
rochers saturniens (4), que par
Apollon, le dieu soleil qui,
s'arrachant
aux
griffes
de
l'obscurité, écrase du pied le
serpent Apep, symbole égyptien
des ténèbres (5).
Le, héros solaire Hercule
immobilise un crocodile alors que,
d'une mortelle étreinte, il serre le
serpent dans sa main (6). Dans la
mythologie
grecque,
Hercule
accomplit son premier exploit
héroïque en tuant deux serpents
tombés sur son corps alors qu'il
était encore au berceau. Outre ce
symbolisme macrocosmique relatif au retour du soleil, il y a un message microcosmique destiné à l'être humain de
ce signe conscient de son évolution: il doit réaliser son propre potentiel. L'archer qu'il était dans le signe précédent a
pointé ses flèches de pensée vers une cible élevée. Maintenant il revient réaliser ces idéaux par un travail régulier et
soutenu. La chèvre grimpe toujours plus haut sur la montagne, sans repos jusqu'à ce qu'elle ait atteint le pic
solitaire.
Il existe cependant une loi incontournable de la nature selon laquelle toute action provoque une action contraire.
Ainsi, là également, le natif du Capricorne rencontre son Saturne, son adversaire. C'est par une erreur
malheureusement souvent partagée que l'on considère Saturne comme une planète maléfique et maudite. En fait
elle n'apporte l'infortune que dans le sens matériel. Spirituellement c'est le contraire qui est la vérité. Saturne, le
principe cristallisateur ou Chronos, le temps, fournit l'opposition par laquelle chaque œuvre est jugée jusqu'à ce
qu'elle trouve sa forme définitive. Saturne, qui nous apporte les obstacles et les problèmes, est le grand professeur
et initiateur. Aucune œuvre ne peut être considérée comme complète tant qu'elle n'a pas été exprimée en matière
solide et tant qu'elle n'a pas résisté au test du temps.
L'initiation a lieu dans la caverne, au plus profond du royaume de Saturne. Tous les dieux solaires sont nés, ont
été cachés ou élevés dans une caverne rocheuse à l'époque où la lumière était la plus faible. Mithra, par exemple,
Hermès, Zeus, Apollon, Dionysos et même le Christ sont venus sur terre dans une étable rocheuse.
27
J'ai peint Saturne comme le Père Temps, en face d'une caverne, un passage. Considérons maintenant les
sceaux magiques de la planète Saturne et sa hiérarchie d'anges et d'esprits : à gauche le sceau planétaire est gravé
dans une pierre à côté du petit Hercule (7). A gauche de la caverne se trouve une pierre triangulaire parce que trois
est le nombre de Saturne. Ceci est particulièrement associé avec Binah dans l'Arbre de Vie de la Kabbale. Binah est
la troisième sephira au sommet du pilier de gauche, celui de la rigueur. Le symbole astrologique du Capri corne est
gravé dans cette pierre (8). Au-dessus figure le signe de l'esprit planétaire Zazel (9). Au-dessus de la caverne la
triple signature de l'archange Cassiel (10). Au-dessous des sabots de la chèvre est la signature astrologique de la
planète Saturne (11). A droite de l'entrée de la caverne, gravé dans la pierre est le signe de l'intelligence planétaire
Agiel (12). Au bas de l'angle droit, sur une pierre, figure le sceau de l'esprit planétaire Arathron (13).
28
AQUARIUS
LE VERSEAU, le porteur
d'eau, est un signe positif, le
dernier du triangle de l'air, donc
air en résolution. Le soleil entre
dans Aquarius à la fin janvier
quand
l'obscurité
la
plus
profonde cède progressivement
la place à la lumière. Saturne
était considérée comme la
planète maîtresse de ce signe,
mais depuis la découverte de la
planète Uranus en 1781, ladite
planète a été attribuée à
Aquarius, l'influence de Saturne
ne suffisant pas à expliquer d'une
manière
satisfaisante
bon
nombre de facettes de ce signe.
En ce qui concerne le chemin
de l'évolution de l'homme à
travers le zodiaque, ce onzième
signe se caractérise par la
transcendance et la fluidité du
mouvement à travers toutes les
limites. Après avoir gravi la
montagne, dans sa phase du
Capricorne, pour se renouveler
lui-même, l'homme verse les
eaux vives d'un discernement
neuf, du haut d'une conscience
acquise, sur ceux qui sont encore
au-dessous, dans la vallée. Il est
l'humaniste qui ne se reposera
pas avant d'avoir imparti son
nouveau savoir aux autres. La
limite entre le moi et le non-moi
n'est pas respectée ici, loin de là.
Le natif du Verseau vit dans une
conscience totale de l'unité et
d'une
parenté
avec
ses
semblables. La conscience du
moi dans cette phase existe
certes mais elle est repoussée à
l'arrière-plan et lorsque ceci est
accompli
les
limites
sont
détruites.
Cet effacement des limites, particulièrement dans le sens macrocosmique, entre le pouvoir et la matière, entre
l'esprit et le corps, est la principale caractéristique du temps présent. Dans les cercles astrologiques ceci est attribué
au nouvel esprit qui, sous l'influence d'Aquarius, est répandu sur le monde, provoquant des réactions en chacun de
nous. Cette pensée a, comme un leitmotiv, inspiré la représentation de ce signe.
Je voudrais maintenant considérer brièvement l'influence d'Aquarius. Le moment où, au printemps, les jours ont
la même longueur que les nuits, l'équinoxe de printemps ne tombe pas toujours sous le même signe du zodiaque, il
change en raison du lent mouvement de rotation de l'axe incliné de la terre: il a un mouvement vers l'arrière d'une
amplitude de 30° en 2156 ans. Peu de temps après l'adoption universelle du calendrier gré gorien, l'équinoxe de
printemps abandonna Aries pour entrer dans le signe de Pisces ; il entrera bientôt dans le signe du Verseau. Selon la
tradition, lorsque cet équinoxe entre dans un autre signe, un nouvel esprit s'éveille dans le peuple. Quand il est entré
dans le signe de Pisces, la religion chrétienne est née. Le symbolisme du poisson est évident ici : la plupart des
premiers disciples étaient des pêcheurs et, plus tard, ils devinrent des pêcheurs d'hommes.
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La multiplication du pain et du poisson est aussi éloquente de même que la mitre de l'évêque en forme de tête de
poisson.
Dans les peintures les plus anciennes et dans les catacombes, le poisson est souvent utilisé comme un symbole
pour le Christ. On dit que chaque âge (siècle cosmique) possède son propre esprit. L'âge de Pisces a été gouverné
par la dévotion et par l'acceptation du sacrifice. La foi, l'espérance et l'amour étaient les vertus de l'époque de même
que la modestie et le courage dépourvus de violence. Tels étaient les idéaux, qu'ils aient ou non été réalisés. L'âge
de Pisces a aussi connu les profondeurs contradictoires de l'intolérance et du matérialisme. Le savoir et la
philosophie penchent de plus en plus de ce côté. Vers la fin de l'âge viennent des guerres et des massacres en
masse dont le monde n'avait pas connu auparavant l'étendue et l'horreur.
Bien que nous ne soyons pas encore sortis de cette étape un changement notable est intervenu depuis la
Révolution Française ; le début d'un nouveau climat spirituel particulièrement dans la jeune génération de notre
temps. C'est là que l'on peut discerner les prémices d'un nouvel âge.
Bien que l'équinoxe ne soit
pas encore entré dans le signe
d'Aquarius, il est clair que les
influences de l'ancien et du
nouveau empiètent l'une sur
l'autre. Tout près ou au-dessous
de l'ordre établi qui, c'est évident,
approche de sa fin et s'épuise
dans une immense débâcle
culturelle et économique, il se
passe nombre de choses qui
indiquent une direction différente.
Depuis la découverte du radium
suivie de la fission de l'atome,
notre image matérialiste du
monde se désagrège rapidement.
Le savoir se transcende. La
parapsychologie qui a passé au
travers de notre image et de
notre espace en est un exemple.
L'homme, que l'on s'était habitué
à
considérer
exclusivement
comme une mécanique, est
maintenant de plus en plus
souvent expliqué en termes de
champs de pouvoir. Depuis la
fission de l'atome la matière
apparaît comme un aspect de
l'énergie et vice-versa. Les
sciences occultes aussi, la magie
et l'astrologie ne sont plus aussi
légèrement reléguées au rang
des superstitions mais examinées
avec attention par des hommes
de science épris de progrès.
Au niveau social, les droits de
l'homme
et
l'égalité
indépendamment de la race et de
la religion sont maintenant des
normes généralement admises.
C'est le résultat de l'influence
d'Aquarius dont les grands traits
sont le discernement, l'égalité, la
liberté à l'égard du dogme, la
liberté de parole et enfin un
sentiment de parenté envers tous
les humains. Les différences et
les frontières sont effacées.
Aquarius apporte l'unité. Cet homme a littéralement conquis le pouvoir noir et abandonné la terre pour voyager dans
l'espace et, de ce fait, a commencé à penser en termes cosmiques. Tout ceci est plus que symbolique.
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J'ai introduit toutes ces caractéristiques dans le tableau sous des formes vagues et fluides, empruntées aux
courants d'air en spirale, visibles dans les souffleries aérodynamiques (1). Ces mouvements représentent les ondes
électromagnétiques du nouvel âge telles qu'elles sont versées par le porteur d'eau sur la terre; à travers elles, tout
est transcendé.
Uranus qui gouverne toute chose rayonne sur le monde comme un soleil spirituel (2).
Sept fleurs de lotus boivent ce nouveau courant de pouvoir. Ce sont les sept Chakras. Selon la doctrine tantrique
hindoue sept organes psychiques résident dans le corps astral de l'homme et sont reliés à notre système nerveux
central. Comme des «roues» d'énergie psychique ils absorbent la force vitale, le Prâna, et contrôlent notre vitalité au
cours de ce processus. Des influences spirituelles sont absorbées avec le Prâna et ce sont elles qui déterminent
notre état spirituel. Dans ce tableau les fleurs aussi forment une Menorah, le, chandelier sacré à sept branches des
Juifs, qui représente les sept' lumières placées devant le trône de Dieu.
A
l'arrière-plan,
l'ancienne
planète dominante d'Aquarius est
représentée dans le motif du crâne.
C'est le passage de l'initiation, le
passage de Saturne. Au loin, le
pèlerin traverse le passage sur son
chemin de vie au Mont Salvat où le
château élevé du Graal lui fait
signe du haut de la Conscience
Universelle (4).
Parce que Uranus n'a été
découverte que bien après le
développement
du
système
médiéval des correspondances
magiques, cette planète n'a jamais été associée avec la hiérarchie des anges et des intelligences. Pour la même
raison l'Arbre de Vie de la Kabbale ne s'y réfère pas. C'est pourquoi j'ai seulement peint la signature astrologique de
la nouvelle planète dominante: Uranus (en haut, à gauche) (5) et l'ancienne planète dominante : Saturne (en haut, à
droite) (6). Au-dessus de la fleur de lotus du milieu, le symbole d'Aquarius est formé par les ondes de force (7).
Les lignes du cadre sont empruntées au mouvement ondulant caractéristique de l'Art Nouveau. Ce mouvement
dans l'art a été, à mon avis, le premier à manifester clairement l'influence du Verseau.
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PISCES
LES
POISSONS,
signe
négatif, est le dernier du triangle
d'eau donc eau en résolution. Le
soleil entre dans ce signe à la fin
février
quand
les
derniers
vestiges de l'hiver ont disparu et
que la nature se prépare
lentement à commencer un
nouveau
cycle.
Neptune
gouverne ce signe. Avant 1846,
date à laquelle cette planète a été
découverte, c'était Jupiter.
Le signe de Pisces constitue la
dernière phase sur le chemin de
l'évolution humaine à travers les
douze signes du zodiaque.
L'homme continuera son chemin,
recommençant le cycle mais,
cette fois, par une spirale plus
élevée. Dans le signe de Pisces,
la résolution de la forme ainsi que
les limites entre le moi et le
non-moi
se
désagrègent
entièrement. Empiétant sans
cesse l'un sur l'autre sous
Aquarius, ils disparaissent de la
conscience sous Pisces. Du point
de vue du monde matériel cette
non-dépendance de la forme est
vue sous l'angle du sacrifice et de
la mort alors que d'un point de
vue
spirituel,
cela
signifie
libération et naissance dans des
perspectives nouvelles et plus
vastes. Sous ce dernier signe les
expériences rassemblées dans le
cycle qui vient de s'achever sont
abstraites: les contenus sont
séparés de la forme concrète.
Seule l'essence de l'expérience
demeure.
Les caractéristiques du signe Pisces sont, par conséquent synthèse, résolution et libération. Le mystique entre
dans cette catégorie lorsqu'il délaisse le monde des phénomènes et que, tournant son regard vers l'intérieur, il
s'immerge dans l'élément primordial de toutes choses dont il est lui-même issu.
C'est ici que se referme le cercle: la vie venue, en d'autres temps, de l'océan primordial, maintenant y retourne,
plus consciente, plus riche en expérience.
Est-il donc étonnant qu'on ait attribué à Neptune la maîtrise de ce signe d'eau ? Jupiter, le maître précédent,
exprimait certes la générosité, la miséricorde et les aspects éducatifs de Pisces, mais il a fallu attendre la découverte
de la planète Neptune pour que soit trouvée une explication au désir ardent de sacrifice du moi et à la résolution
dans la mer de la vie du mystique du Poisson. Le signe de Pisces a été, à l'origine, illustré par un poisson ou par
Jean, l'homme-poisson. En Mésopotamie toutefois, il était représenté sous la forme d'une ceinture, d'une ligne ou
d'une corde qui liait deux poissons nageant dans des directions opposées.
J'ai combiné cette dernière idée avec le signe chinois du Yang et du Yin: illustration de l'équilibre absolu et du jeu
éternel entre les principes mâle et femelle dans le cadre de l'unité révélée. Il symbolise la personne accomplie de ce
dernier signe du zodiaque. La ceinture qui relie les deux parties est composée des douze signes du zodiaque qui ont
été parcourus (1).
Le poisson rouge qui représente la part active de la personne se tourne vers le bas, en vue de plonger dans son
monde intérieur (2). Le poisson bleu, la partie passive, représente le monde extérieur: l'homme n'étant plus intéressé
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par le monde des phénomènes, ce dernier est devenu irréel à ses yeux (7). L'unique réalité pour lui est le royaume
infini des océans primordiaux de son monde intérieur,
En haut, à gauche, se trouve le signe de Neptune (4). En haut, à droite, celui de Jupiter (5). En bas, au centre, le
symbole des Poissons (6).