Johfra Astrologie
Transcription
Johfra Astrologie
JOHFRA ASTROLOGIE Traduction de Maurice ROUCH Les Signes du Zodiaque ARISTA Original 1981 Johfra Editions Arista 1985 2 INTRODUCTION Lorsqu’en 1973, les Reproductions Verkerke m'ont chargé de dépeindre les douze signes du zodiaque de manière à en faire des «posters», je me suis rendu compte qu'il ne serait pas très intéressant d'ajou ter une illustration de plus au grand nombre de figures décoratives de ces signes. Les signes du zodiaque ont été exécutés à peu près de la même manière pendant des centaines d'années. Seule une présentation sous forme de tableaux peints pouvait élargir et renouveler le champ des interprétations. Je décidai donc d'explorer chaque signe jusqu'à son essence et de consacrer une brève méditation à tous les aspects qu'il me serait possible d'évoquer. Mon intuition était en effet de combiner plusieurs symboles, tous en rapport avec ce signe particulier, de façon à donner plus de profondeur à chaque tableau afin d'offrir au spectateur un champ plus étendu au libre jeu des associations. C'est ainsi que les douze signes prirent l'aspect d'un cycle de douze méditations dans l'ordre du cours du zodiaque. Les nombreuses similitudes entre plusieurs systèmes religieux et leurs représentations symboliques comme la Kabbale, la magie, l'alchimie, et le Tarot m'ont permis de réaliser l'illustration des multiples aspects de chaque signe par les symboles correspondants, leur apportant ainsi un meilleur éclairage et un plus grand relief. Il va sans dire que mon approche, celle d'un artiste, a été entièrement subjective. La documentation elle-même a été tirée de sources sûres mais son application ainsi que la manière de les réunir relève de mon inter prétation personnelle : au fur et à mesure que je travaillais, chaque tableau devenait un acte de méditation. Les «posters» ont été publiés pour la première fois en 1974 et, depuis lors, ils ont été diffusés dans le monde entier. Ils sont ainsi devenus une sorte de bien commun et un public nouveau a été attiré par le symbolisme sous-jacent. Il existe un excellent ouvrage, bien documenté sur le sujet et dont l'auteur est Hein Steehouwer, Johfra en de Zodiak, publié par Ankh Hermès de Deventer, aux Pays-Bas; malheureusement il n'est disponible qu'en Néerlandais. C'est la raison pour laquelle les Reproductions Verkerke m'ont demandé d'écrire un bref commentaire à propos de mes tableaux sur le zodiaque afin que ceux qui, dans d'autres pays, connaissent mon œuvre, soient à même de mieux en pénétrer le sens. Je commencerai par dire quelques mots sur les symboles et leur action en général pour donner une idée de ce que j'avais en tête au moment même où je peignais. Il est généralement admis que tout ce qui appartient au domaine religieux ou mystique fuit le jugement objectif et analytique. Non content d'ignorer l'esprit, un tel jugement le tue. Les vérités les plus profondes ne peuvent être abordées que par l'intermédiaire des mythes et des symboles. Un traité philosophique, une exégèse ne parviennent pas à les transmettre. La vérité ne peut être identifiée que par ceux qui la connaissent déjà. Toutefois cette reconnaissance est en sommeil à l'intérieur de chacun de nous. Ce sont les Mystères qui élèvent cette connaissance inconsciente de la vérité au niveau de la conscience. Ce résultat n'est pas obtenu par des explications intellectuelles mais grâce à des symboles et à des jeux de mystères dans lesquels les vérités apparaissent sous une forme dramatisée. En fait, toutes les religions, toutes les écoles mystiques et toutes les sociétés ésotériques ont utilisé et utilisent encore des symboles dans leur enseignement, simplement parce que tout ce qui les intéresse ne peut être ni transmis ni exprimé autrement. Une approche symbolique opère d'une manière entièrement différente d'une démarche intellectuelle. Cette dernière s'adresse uniquement à l'intelligence, délaissant le reste de l'individu: c'est encore une construction de la pensée. Un symbole archétypal véritablement universel opère en profondeur; il atteint l'essence inconsciente de l'individu qui le reconnaît ainsi de l'intérieur. Il l'ébranlé totalement. Il le fortifie, il le change. Un symbole n'est jamais absolu et objectif. Il est susceptible d'interprétations variées. Il se colore de différentes nuances selon l'individu. Il est subjectif et s'adapte à une situation particulière. Il est pareil à un miroir qui, sans subir aucune altération, reflète constamment des images différentes selon la personne qui le regarde. Plus il y aura de symboles reliés les uns aux autres, plus leur sphère d'opération sera riche et profonde. Ensemble ils se définissent et s'éclairent l'un par l'autre. En résumé: un symbole, pour ceux qui méditent sur lui et qui peuvent se perdre en lui, est semblable à une porte qui s'ouvre sur une nouvelle perspective de conscience. Le symbolisme n'est ni exact ni transmissible comme les mathématiques. Ce n'est pas une science, il est plutôt créateur d'atmosphère et révélateur, comme la poésie. Un symboliste est, avant tout, un poète, de la même manière que tous les poètes sont des symbolistes libres. Car, eux aussi, travaillent à l'aide d'indications et de pressentiments. A la lumière de ce qui précède, vous comprendrez que vous ne devez pas attendre ici d'explications exactes du genre de « ceci a tel sens et cet autre symbole signifie cela».J'essaierai toutefois de partager avec vous, aussi clairement que possible, les pensées que j'avais en tête au moment où je concevais ces tableaux, les chemins qui s'offraient à moi et les significations que j'avais en vue. 3 Tout ceci est très personnel et j'en assume l'entière responsabilité. Une autre personne pourrait voir quelque chose d'entièrement différent dans les symboles utilisés et elle serait en droit d'agir ainsi. Comme je l'ai déjà montré, c'est ce que les gens éprouvent dans la contemplation d'un symbole qui détermine son degré d'utilité. Ceci est beaucoup plus important que ce qu'une autre personne, dans ce cas précis le peintre, voit en lui. De la même manière, avant de commenter les douze signes du zodiaque, je devrai d'abord commenter les systèmes philosophiques qui constituent les principales sources de mon symbolisme. Ce sont les riches trésors du passé dans lesquels j'ai puisé très librement. Trois grandes écoles philosophiques ont exercé une influence dans le domaine de la pensée ésotérique en Europe et depuis le Moyen Age. Ensemble, elles ont déterminé les sciences secrètes. Ce sont le Néoplato nisme, l'Hermétisme et la Kabbale juive. Ces systèmes sont devenus si complexes et si profonds qu'il serait impossible d'aller au-delà d'une simple esquisse de leurs idées fondamentales déjà explicitées au cours des siècles par les plus brillants esprits. Loin de moi la prétention de les égaler. Le lecteur intéressé pourra aisément se référer à la littérature actuellement disponible s'il désire approfondir ce sujet. Je me limiterai donc, ici, à donner une introduction sommaire aux trois systèmes philosophiques qui ont affecté et modifié ma façon de penser, comme arrière-plan au symbolisme que je leur ai emprunté. Le Néoplatonisme affirme essentiellement que tous les êtres font partie de l'Un bien que, à des niveaux inférieurs leur émanation soit multiple. L’Un a d'abord créé le Logos, la Parole, l'Intelligence ou Esprit. Le monde des idées divines a été créé dans cette intelligence. C'étaient les idées primordiales parfaites à l'image desquelles la nature matérielle a été formée. Les êtres matériels sont donc incomplets et imparfaits. Toutefois, en eux demeure la mémoire en sommeil de l'archétype, d'après lequel ils ont été formés. La Beauté est donc, dans la mesure où un être reflète l'idée primordiale de celle-ci, parfaite dans sa propre forme. Les efforts essentiels de la nature humaine consistent à remonter à son être originel, par-delà le temps et l'espace pour s'unir avec l'Un dont il émane. Cette doctrine très positive impose toutefois une règle de vie et une éthique rigoureuses ; elle place toute chose dans son contexte et donne à chaque situation sa perspective propre. C'est précisément cette vision, la notion d'une évolution continuelle vers une perfection finale, qui a fructueusement affecté la pensée ésotérique et l'astrologie notamment qui, de la prédiction de l'avenir au départ aboutit à une éthique. Le second système philosophique est étroitement lié au premier. Tous les deux se sont développés dans le même milieu c'est-à-dire dans l'Alexandrie du troisième siècle. C'est là que les démarches intellectuelles orientales et occidentales s'unirent pour former une puissante synthèse: l'Hermétisme. Cette doctrine était, à l'origine, dans les livres attribués à Toth, le dieu égyptien du Savoir ou, comme il a été connu plus tard, au légendaire Hermès Trismégiste (Hermès trois fois grand). Il y avait primitivement de nombreux écrits qui sont actuellement représentés principalement par les dix-huit traités du Corpus Herméticum. Le premier livre, Le Poïmandres, raconte comment Hermès, en état de transe, se trouve placé en face d'un être élevé qui se présente à lui sous le nom de «divin Poïmandres», «l'Esprit», «l'être qui est au-delà de lui même». Ce Poïmandres était la Parole, le Logos qui l'habitait, X aller ego d'Hermès. Un dialogue s'engage avec Poïmandres qui répond aux questions d'Hermès, et lui montre toutes les «choses essentielles» dans une série de visions. Ces expositions constituent la cosmologie et la philosophie hermétiques. L'alchimie est son expression pratique aussi bien que l'esprit de l'astrologie. En vue d'illustrer ceci, je voudrais attirer l'attention sur la prétendue Tabula Smaragdina, la Table d'Emeraude sur laquelle la synthèse de toute la philosophie serait gravée. Elle contient la clé de cette doctrine et le guide de l'alchimie, et elle est antérieure au Corpus Hermeticum. En voici le texte complet (je l'ai donné en entier parce que chaque phrase est importante pour la compréhension de l'ensemble). «C'est vrai, c'est certain c'est l'entière vérité que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas afin que les merveilles de l'Un soient réalisées. Et comme toutes les choses ont été et viennent à l'existence à partir de l'Un par l'intermédiaire d'un médiateur, ainsi tous sont nés de ce même mariage par adaptation. Son père est le Soleil, sa mère est la Lune. Le vent l'a transporté dans son sein, la terre est sa nourrice, le père de toute perfection du monde entier est ici. Sa force est entière si elle est transformée en terre. Vous devrez délicatement et avec grand discernement séparer la Terre du Feu, le subtil du grossier. Il s'élève de la Terre au Ciel et, à nouveau il descend sur la Terre, y ramenant la force de ce qui est en haut et celle de ce qui est en bas. Ainsi la gloire du monde entier vous appartiendra et, de ce fait les ténèbres de vous s'en iront. Telle est la puissance de la force de toutes les forces, car c'est elle qui vaincra tout ce qui est subtil, et qui pénétrera tout ce qui est solide. C'est ainsi que le monde a été créé. De ceci et de la même manière de merveilleuses réalisations seront créées. C'est pourquoi j'ai été appelé le trois fois grand Hermès parce que je possède les trois aspects de la doctrine de la sagesse du monde entier. Ce que j'ai dit sur la préparation de l'or, l'opération du Soleil spirituel, est terminé». 4 Je veux attirer particulièrement votre attention sur cet important verset : «Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, afin que les merveilles de l'Un soient réalisées». Telle est la base de toute la magie et de toute l'astrologie. Cela signifie que le macrocosme (le vaste monde des étoiles) trouve sa parfaite expression dans le microcosme (le petit monde de la Création). Ce dernier est une fidèle réflexion du premier. Mais ce n'est pas tout. «Afin que les merveilles de l'Un soient réalisées» implique un effet réciproque entre les deux mondes à l'intérieur de l'Un. Ceci se réfère à la loi fondamentale de résonance qui s'étend à tous les mondes. Tout ce qui vibre (et la vibration est le fondement de l'être) agit sur tout le reste, soit positivement, soit négativement en fonction de la vibration de base. Ainsi tout être qui envoie un message dans une certaine tonalité recevra une réponse de tout autre être accordé sur la même vibration. C'est un processus irrévocable indépendamment de l'être: minéral, plante, animal, humain, ange ou planète. Nous sommes tous accordés d'une manière ou d'une autre. Nous sommes tous individuellement déterminés et nous devons tous réagir quand nous sommes atteints par des vibrations liées à certaines configurations de planètes. «Tel en haut, ainsi en bas». Notre microcosme est assujetti au macrocosme par des mil liers de fils. Les plus importants pour nous sont tracés dans l'horoscope. Quand ce qui est au ciel entre en mouvement, ce qui est sur terre ne peut manquer de l'imiter. On pourrait objecter que cette vue du monde est fataliste, aussi fataliste que possible. L'homme est suspendu sur la toile d'araignée cosmique de son sort et il est manipulé comme une marionnette selon la course des étoiles. Que devient alors le libre-arbitre ou le hasard et son développement? Notre position serait sans espoir si l'on poussait cette doctrine aussi loin. Il y a quelque chose de plus. Nous aussi avons sans aucun doute la faculté de choisir. Au fur et à mesure que nous mûrissons à travers des expériences renouvelées et que nous progressons dans l'examen de nous-mêmes et de notre situation, nous pouvons nous placer dans une relation différente à l'égard d'émotions et d'événements nouveaux. La nouvelle mise en place est accompagnée d'une nouvelle tonalité. Nous réagissons alors de plus en plus à d'autres vibrations qui correspondent moins à celles qui nous ont nourris antérieurement. Ceci communique un mouvement à nos vies. Nous devenons des êtres nouveaux, un peuple nouveau. Notre liberté réside dans le choix de notre maître. Ce processus se déroule comme un voyage. Astrologiquement parlant, c'est l'évolution de l'être au long de la course des douze signes du zodiaque. Ceci arrive non une seule fois mais maintes et maintes fois à des niveaux toujours plus élevés. Ce concept de l'évolution est aussi l'essence de l'alchimie. Ici le domaine de l'alchimiste est transformé à partir de la matériel prima, la matière primitive informe, au moyen de la «pierre philosophale », l'élixir de vie ou la «poudre» qui a permis la transmutation des métaux vils en or et, de là à un niveau supérieur. La transmutation des facultés inférieures en facultés supérieures à travers une série de processus établis constitue le «Grand Oeuvre». En dernier lieu, je voudrais parler un peu de la doctrine qui a exercé la plus grande influence sur la pensée ésotérique en Occident: la Kabbale, la philosophie secrète des juifs. Cette géniale doctrine trouve son expression parfaite dans un symbole: l'Arbre de Vie. On pourrait méditer sans fin sur ce symbole sans cesser d'y découvrir de nouvelles perspectives. Afin d'éviter une étude trop approfondie de cette matière et pour me limiter à ce qui concerne le symbo lisme astrologique que j'ai utilisé, je me contenterai de dire ce qui suit: Dans chaque révélation on peut distinguer essentiellement deux choses, à savoir une force et une forme principe. Une force s'exprime dans une forme qu'elle a concentrée, selon sa nature et sa signification, à partir de la substance primordiale universelle. On peut donc supposer que deux principes sont présents dans la Création; chacun d'eux agissant sur l'autre, l'impulsion agit sur la substance qu'elle éclaire et stimule. La substance, à son tour, se comporte comme un frein à l'égard de l'impulsion et lui donne la forme. A l'endroit précis où la force trouve son équilibre dans la forme, la conscience surgit: c'est un être. Dans l'Arbre de Vie kabbalistique, ceci est représenté par trois piliers. Celui de droite (pilier de la force physique et morale) est appelé pilier de la miséricorde, de la grâce. Celui de gauche (pilier de la forme) est appelé pilier de la rigueur tandis que celui du milieu est appelé pilier de générosité. Cette image figure aussi dans les loges maçonniques à l'imitation des deux piliers en face du temple de Salomon: Yakin et Boaz. Le pilier du milieu est omis mais, en réalité, il est formé par le nouveau membre que l'on initie aux Mystères. Il fait une synthèse de deux antithèses. Ces trois piliers sont pourvus de dix points, les sephiroth. Au cours de sa descente de niveau en niveau à travers les sephiroth, l'impulsion créatrice passe du pilier de la force au pilier de la forme et retourne au pilier de la force. Cette influence est fondée sur la dixième et la plus basse sephira Malkuth, la nature matérielle, au pied du pilier du milieu. Chaque sephira est essentiellement une manifestation, un mode fonctionnel, et toute la structure peut être visualisée comme une fontaine dont l'eau déborde graduellement du bassin supérieur pour remplir ceux qui sont au-dessous, chacun d'eux débordant à son tour. C'est ainsi qu'est figurée la transmission de la force qui change constamment sa nature au fur et à mesure qu'elle passe par les sephiroth. 5 La structure est exprimée de quatre manières, chacune constituant un Arbre de Vie. Toutes quatre sont placées les unes au-dessus des autres et elles se recouvrent partiellement. La sephira la plus basse du lieu le plus haut, Malkuth, est aussi la plus élevée du lieu situé au-dessous d'elle, Kether, et ainsi de suite. Le monde le plus élevé est appelé Aziluth. C'est le royaume des Archétypes et Dieu exerce une influence immédiate sur sa Création à partir des dix sephiroth de ce lieu (ceci rappelle la première création du monde des idées primordiales dans le Néoplatonisme). Le deuxième royaume est appelé Briah: le monde de la Création. Ici, la force est transmise par dix archanges qui inspirent les sephiroth. Le troisième royaume est Yetzirah : le monde de la Formation. Ici, selon leur nature, les chœurs angéliques ou armées célestes influencent les créatures par l'intermédiaire des sephiroth. Le quatrième royaume qui est aussi le plus bas est Assiah, le monde matériel dépeint par les signes du zodiaque et les sept anciennes planètes qui sont ici appelées le Mandata Chakra : ce quatrième royaume est celui qui nous concerne le plus du point de vue astrologique. Dans mon symbolisme, j'ai rattaché les planètes aux sephiroth ainsi qu'à leurs sphères d'opération. La magie a largement recours à la hiérarchie des archanges, aux chœurs angéliques, aux puissances et aux esprits des sphères planétaires. La magie est l'expression pratique de la Kabbale. Dans la mesure où la Kabbale et l'astrologie relèvent principalement de la réflexion, la magie peut être considérée comme pratique. Le magicien essaie, par le rituel, de lier le système planétaire à sa personne et de faire en sorte que ce dernier le serve. Pour obtenir ce résultat il utilise les correspondances des couleurs, des sons, des métaux, de l'encens, des pierres précieuses ainsi que des signatures de la hiérarchie planétaire concernée. Cette technique est fondée sur les lois d'harmonie et de résonance déjà citées. Quand il existe un rapport entre deux choses ou davantage d'une tonalité similaire, si l'une d'elles est frappée, toutes celles qui sont similaires vont résonner simultanément. Tel est le pouvoir de la formule magique. Lorsqu'il applique son pouvoir limité de la manière correcte (dans son microcosme) le magicien appelle à lui tous les pouvoirs correspondants du macrocosme qui affluent comme un raz de marée. Il est bien évident que si, faute d'être correctement accordé, il n'est pas préparé à répondre à ces pouvoirs, il sera emporté et détruit. D'où les très longues préparations et purifications par le jeûne et l'abstinence recommandées par tous les ancien s manuels de magie. Outre cette forme de magie opérative, il en existe une autre appelée la magie talismanique. Ici les objets (talismans) sont faits de métaux correspondant aux planètes concernées; les signatures et les symboles de la hiérarchie planétaire dont le pouvoir est nécessaire sont gravés sur ces objets dans un rituel rigoureux. Ceci doit être réalisé au moment où la planète concernée exerce sa plus grande influence. Les objets chargés ou consa crés de cette manière assureront alors à leurs propriétaires le pouvoir de la hiérarchie planétaire concernée, pouvoir qu'il sera à même d'utiliser à toutes ses fins. Je mentionne tout ceci parce que j'ai aussi introduit dans les tableaux les signes du zodiaque avec les signatures des anges et des esprits qui représentent les planètes dominantes dans ces signes. Ceci afin de lier ces tableaux au pouvoir des planètes concernées. Je vais maintenant passer à la description des douze signes du zodiaque et des planètes qui les gouvernent. Ce faisant, j'omettrai consciemment les aspects psychologiques de ces signes. Des analyses du caractère des personnes nées sous tel signe particulier (appelé le «natif» de ce signe) se trouvent dans tout ouvrage d'astrologie ; quant au symbolisme utilisé dans ce livre, j'ai considéré le développement spirituel dans sa progression à travers le cycle des douze signes comme mon point de départ. Ce sont les douze phases de l'éveil de la conscience tout au long d'un chemin pendant lequel tous les pouvoirs latents emprisonnés dans l'être peuvent successivement être rendus réels et agissants. 6 ARIES LE BÉLIER est signe de feu. Le soleil se trouve dans Aries du 21 mars au 21 avril. Il est gouverné par Mars. C'est un signe positif, le feu en génération. Dans Aries, le soleil au début du printemps, apporte une nouvelle lumière, une nouvelle vie. J'ai voulu mettre l'accent sur le fait que le développement à travers les douze signes commence avec Aries. C'est pour cette raison que j'ai choisi de dépeindre le bélier primitif. Certains natifs du Bélier se trouvent évidemment à un niveau plus élevé. Ce sont des esprits plus mûrs dont la nature Aries est plus avancée dans l'évolution. Néanmoins, en raison de son premier départ, le bélier est dépeint ici en plein mouvement, ce qui le caractérise : il fonce aveuglément à travers tous les obstacles. Ce n'est pas toutefois un bélier ordinaire et irresponsable. C'est le fameux bélier de la mythologie grecque dont la Toison d'Or a été conquise par les Argonautes sur le féroce dragon qui en avait la garde. Etroitement lié à Mars, sa planète dominante, il passe en courant, inconscient de son environnement, entièrement enfermé sur lui-même. Le guerrier est Mars, dieu de la guerre. Il est armé de pied en cap et cependant son épée est dans le fourreau. Il n'est pas venu pour détruire; en fait, de sa main droite il brandit une torche enflammée. Ici, il est Prométhée, porteur de lumière. Il suscite et entretient le feu de l'enthousiasme. Le bélier apporte l'élan d'un nouveau début. Il est le pionnier. Les vieux édifices de l'ordre établi s'écroulent. Une ouverture est faite à de nouveaux développements. Sous le signe d'Ariès l'expérience n'a pas encore eu le temps de se développer d'où la présence d'Avidya (l'ignorance). C'est ainsi qu'Arles était imaginée dans le Bouddhisme primitif (1). Elle apparaît dans le fond, à droite, une lampe à la main pour éclairer ce qui l'entoure. Elle ne peut rien voir à travers son bandeau qui met en évidence son manque d'expérience de la vie. Toutefois elle porte le vêtement vert de l'espoir. En contrepartie, le bateleur du Tarot est situé dans le fond à gauche (2). C'est un natif d'Arles à un niveau élevé. A travers les expériences il est devenu celui qui gouverne et contrôle les quatre éléments de la Création grâce au pouvoir de Mars et il va employer sa volonté à oeuvrer positivement sur ces derniers. Les éléments de la Création sont symbolisés par les attributs magiques disposés sur l'autel devant lui: le bâton (3) qui lui permet de contrôler les éléments du feu (à comparer avec le monde d'Aziluth de la Kabbale); l'épée (4) qui gouverne les éléments de la lumière (le troisième monde, celui de Yetzirah); la coupe (5), l'élément de l'eau (le second monde, celui de Briah), et le pentagramme (6), (le quatrième monde d'Assiah). De sa main droite il tend son bâton (7) vers le ciel pour attirer les pouvoirs cosmiques, que, de sa main gauche (8), il dirige vers la terre, son champ d'opération. Le cercle sans fin, le lemniscate (9), est visi ble au-dessus de sa tête. C'est le signe de ce qui est éternel. 7 Le bateleur se tient debout en face d'une porte fermée dans les rochers. Celle-ci est ornée d'un cercle de douze étoiles (10), qui symbolisent les douze étapes de développement à travers les signes du zodiaque qui commenceront derrière la porte. Une créature semblable à un lézard (11) se trouve sur une pierre au premier plan. C'est le basilic dont un seul regard peut détruire toute vie. La Kabbale a fait de cette créature le symbole de Geburah, la sephira asso ciée à Mars. En alchimie, il correspond à la salamandre, l'inspiratrice (l'habitant) de l'élément du feu. Le cadre du tableau constitué de pointes de fer interpénétrées, suggère le caractère des pouvoirs de Mars. Au bas de l'image se trouve le signe traditionnel d'Arles dans un symbole aux cinq côtés égaux, le penta gone (12). Ce dernier fait référence à Mars par association avec la cinquième sephira de l'Arbre de Vie de la Kabbale. On peut aussi voir les signatures magiques suivantes tout autour du tableau. A partir de l'angle inférieur gauche figurent les signatures de l'archange planétaire Samael (13), le signe astrologique de Mars (14), le sceau de l'esprit planétaire Pharos Phaley (15), le sceau de la planète Mars elle-même (16), le signe de l'intelli gence planétaire Graphiel (17), et trois signes appartenant à l'intelligence planétaire Barzabel (18). 8 TAURUS LE TAUREAU est un signe de terre. Le soleil est dans Taurus du 21 avril au 21 mai. Vénus est sa planète dominante. C'est un signe négatif: la terre en génération. Quand le soleil séjourne dans cette maison, une nouvelle vie apparaît. J'ai dépeint l'action, l'élan et le mouvement incontrôlé du premier signe positif Aries, le Bélier, j'aborderai maintenant la passivité et la sensibilité caractéristique de Taurus, le signe suivant. Sous ce dernier la substance est moulée en matière, la base de la vie. J'ai tenté de mettre l'accent sur la nature fertile et luxuriante de ce signe. Sous le signe du Taureau tout est harmonie et paix grâce à Vénus, sa planète dominante. Le sommeil de Mars manifeste sa soumission (1). J'ai doté ce signe de deux figures symboliques: l'une est Apis, l'Egyptienne, l'autre est Jupiter sous la forme du taureau, forme qu'il assume pour enlever Europe. Ici Europe est une des représentations de Vénus. Elle porte une magnifique ceinture (2) autour de la taille et maintient une lampe allumée (3); ce sont les «armes magiques» que lui attribue la Kabbale. Le voile transparent dans lequel elle se drape suggère le règne végétal. J'ai choisi le taureau Jupiter parce que la planète Jupiter gouverne aussi la croissance dans le règne végétal. Vénus porte une guirlande de sept roses rouges (4). La rose est la fleur de Vénus et il y en a sept parce que c'est le nombre de Vénus (Netsah) dans sa position comme septième sephira sur l'Arbre de Vie de la Kabbale. C'est aussi la raison pour laquelle le signe de Taurus (au centre du bas de l'image) est figuré sous la forme d'une étoile à sept pointes, représentant le cœur d'une héraldique rosé. La planète Vénus, l'étoile du matin, brille sur la tête de la déesse (6). L'Amour ou Eros, l'enfant de Mars et de Vénus, traverse le ciel menant avec lui deux blanches colombes, oiseaux consacrés à Vénus (7). Cet enfant gouverne l'amour. Il est en effet le fruit d'une harmonieuse interaction entre des pôles opposés. La seconde carte du Tarot est située à l'arrière-plan: c'est la grande prêtresse Isis apparentée au signe du Taureau (8). A cause de sa mort et de sa renaissance, elle représente le mystère voilé de la nature. Elle porte une triple couronne qui montre la lune dans ses trois phases: croissante, pleine et décroissante. La croissance est en effet influencée par la lune. Ceci explique également le croissant de lune à ses pieds. Elle est assise sur un trône à baldaquin; le tympan repose sur deux piliers kabbalistiques : à droite, le pilier de la force Yackin, en marbre rouge, à gauche le pilier de la forme Boaz, en marbre noir. Le tympan équilibre et relie les deux principes. Sur la poitrine de la grande prêtresse, une croix symétrique figure les quatre éléments qui constituent la base de la révélation matérielle. 9 Dans son giron, à demie cachée par ses vêtements, se trouve la Torah, la loi qui, à ce niveau du développement, ne peut encore être entièrement comprise. Ceux qui sont nés sous le signe de Taurus font preuve d'un amour spécial pour toutes les choses terrestres. Ils ont aussi le sens de l'harmonie et de la beauté dans la nature aussi bien que dans l'art. C'est le principe qui m'a inspiré dans la décoration du cadre, composé de somptueux cartouches rococo en cuivre, le métal de Vénus. Dans ce cadre j'ai placé les signatures magiques suivantes concernant les différents aspects de Vénus. A partir du côté gauche, de haut en bas on trouve le sceau planétaire (9), au-dessous le sceau de l'intelligence planétaire suivantes (10). Puis le sceau de l'esprit planétaire suivantes (11) et, au-dessous, la signature astrologique de Vénus (12). Dans l'angle supérieur droit figure le sceau de l'esprit planétaire olympien, suivantes (13). Au-dessous, les divines lettres de Vénus (14), ensuite le sceau de l'ordre des anges appartenant à cette planète, les Principautés (15) et encore en dessous la signature suivantes, l'ange de Vénus qui habite la maison de Taurus (16); puis une autre signature suivantes (17), cette fois en sa qualité d'ange gouvernant le mois de mai ; dans le même cartouche, tout en bas, se trouve la signature suivantes, qui régit aussi le mois de mai. 10 GEMINI LES GEMEAUX, un signe positif, symbolisent l'air en génération. Le soleil entre en Gemini à la fin du mois de mai, le mois des floraisons, quand la vie nouvelle, créée en mars, s'épanouit. Mercure est la planète qui le gouverne. Développant le thème suivant lequel Aries apporte le pouvoir initial qui reçoit sa forme dans le signe de Taurus, j'ai mis l'accent sur le dualisme de ce troisième signe qui devient le motif principal de la décoration de ce signe. Gemini est' gouverné par la prise de conscience croissante de la relation entre le moi et le non moi et par l'interaction des pôles qui s'opposent dans le cosmos. Le problème consiste à trouver la manière d'aboutir à l'union par l'échange. De là, la construction symétrique du tableau. Tous les éléments positifs - à chaque niveau, aussi bien macro que micro cosmiques - sont placés à droite et tous les éléments négatifs à gauche. Le dualisme entre les pôles est lui-même résolu par un pont qui conduit à une union. Les couleurs ont été aussi choisies dans la même intention. Le rouge est positif, le bleu est négatif, et l'union entre elles est un jaune d'or (couleur du discernement à son degré le plus élevé). L'arrière-plan est pourpre, un mélange de rouge et de bleu. Les nuages dorés représentent l'élément de l'air sous lequel se trouve ce signe. Les deux piliers du temple de Salomon apparaissent aussi dans ce tableau. Le pilier rouge, Yackin, est sommé d'un bâton porteur de bourgeons symbolisant le feu ; les bâtons forment aussi la première suite des cartes du Tarot (1). Le soleil, dispensateur de force et de vie, rayonne au-dessus de lui. A gauche, le pilier Boaz, féminin, porte une coupe d'argent destinée à recevoir les pouvoirs du soleil (les coupes sont le symbole de l'eau dans le Tarot) (2). La lune, brille au-dessus, reflétant le pouvoir du soleil. Au niveau du microcosme, ces principes en opposition sont personnifiés par l'homme parfait et la femme parfaite. Lui pointe un doigt vers le ciel et elle vers la terre, unissant ainsi leur nature humaine (ce qui est en haut est comme ce qui est en bas). De l'autre main chacun tient le même bâton de Mercure, le caducée. Cet emblème occupe cette place privilégiée en raison de l'importance de Mercure dans ce signe. La forme symbolique du bâton renferme la même idée fondamentale. Les pouvoirs polaires sont représentés par les deux serpents qui trouvent une har monieuse résolution dans le bâton doré au centre. Ce dernier est sommé par un miroir pourvu de deux ailes. Mercure, en effet, gouverne cette faculté intellectuelle qui est « comme un miroir qui, bien que reflétant toutes choses, demeure clair et 11 immobile» (3). C'est pourquoi le principe mercurien à travers notre intellect a évolué vers la sagesse de façon à unir harmonieusement tous les contraires. Hermès, aussi rapide que la pensée, est le messager ailé, le médiateur. Il est aussi le Psychopompe, le guide des Ames qui accompagne les morts de l'Autre Côté. Un lion et une licorne sont couchés au premier plan ; c'est une autre illustration de l'opposition des principes. Le lion incarne l'amour divin comme pouvoir descendant tandis que la licorne suggère la pure virginité de la substance primordiale qui le reçoit. Dans l'Inde ancienne le signe de Gemini était souvent représenté par un lion et une licorne gardant la porte de la ville sainte où réside le «Roi du Pouvoir et de la Beauté». Entre eux un babouin à face de chien, cynocéphale, est assis sur un cercle qui suggère l'union. Le babouin est ici doublement symbolique. En Egypte c'était la personnification de Thot, dieu de la sagesse et de la connaissance, identifié au grec Hermès et au romain Mercure. Il figure également ici l'intelligence inférieure, analytique (celle qui imite, qui singe). C'est le chercheur scientifique qui mesure le monde avec son compas, symbole utilisé jusqu'au Moyen Age pour caractériser la personnalité humaine. Il est assis sur le signe de Gemini contenu dans une figure composée d'un carré positif (rouge) et d'un carré négatif (bleu) qui, ensemble, forment un octogone: dans l'Arbre de Vie de la Kabbale, Mercure est assigné à Hod, la huitième sephira, son nombre est donc huit (4). On peut voir deux cartes du Tarot, une pour chaque pilier, qui sont habituellement associés à Gemini : le Fou est à droite, la carte zéro de l'arcane majeur. Un être jeune s'engage avec joie et sans crainte sur son chemin de vie à travers l'incarnation. Sa volonté est son bâton de pèlerin (5). Le baluchon qui y est suspendu (6) contient les expériences qu'il rassemble la vie durant. Il est magnifiquement vêtu et plein de bonnes dispositions. La rose dans sa main (7) représente son étincelle éternelle d'inspiration divine. Il est prêt à accomplir la première tâche et il aura maintenant à choisir avec soin dans sa confrontation avec le dualisme. La «Tempérance» se trouve au pied du pilier de gauche. Elle représente l'âme mature qui a pris des leçons de ce signe. Elle verse une proportion appropriée de la force au pouvoir du soleil dans la coupe de la lune (8). Un emblème sur sa poitrine: un triangle rouge dans un carré bleu représente les pouvoirs polaires assemblés dans l'harmonie (9). Le soleil doré, symbole d'une connaissance supérieure, rayonne sur son front (10). Elle a des ailes pour montrer qu'elle a été élevée au-dessus des choses terrestres (11). Elle est la «Sophia», la Sagesse Divine. Cette Sophia signifie la résolution du dualisme qui occupe toute la partie supérieure du tableau où j'ai figuré un des principes alchimiques: la conjonction des contraires. Les piliers supportent deux dragons alchimiques qui représentent les divers principes cosmiques de pouvoir polarisé. Ils conservent leurs couleurs respectives jusqu'au point où les coins s'entrelacent; c'est alors que s'établit un du discernement, le mercure le plus élevé) (12). L'Androgyne, l'être double mythique dans lequel le masculin et le féminin fusionnent pour former un humain parfait, pareil au phénix (13) monte du feu. Cette résolution de tout le dualisme humain constitue le plus profond mystère, le plus grand dessein de l'alchimie. L'Androgyne est aussi représenté sous la forme d'un aigle à deux têtes (symbole héraldique) (14). Des symboles maçonniques ont été utilisés pour montrer que les actions de l'être humain parfait englobent ses deux pôles: le compas pour l'aspect de la force (15) et l'équerre du charpentier pour l'aspect de la forme (16). Considérons maintenant les sceaux magiques empruntés à la hiérarchie des anges et d'autres êtres astraux qui dépendent de Mercure. A partir du sommet du cadre de gauche à droite, nous trouvons le sceau planétaire de l'ange Ophiel (17); en haut, au centre, la signature de l'archange de Mercure, Raphaël (18) et, à côté, le sceau des esprits planétaires olympiens de Mercure (19). 12 Juste au-dessous du ventre du dragon rouge on peut voir le sceau des esprits planétaires subordonnés à l'ange Ophiel (20) et sous le ventre du dragon bleu, la signature de l'intelligence planétaire Tiriel (21). Puisque Mercure représente la pensée, faculté neutre utilisée en toutes choses, nous pouvons parler d'un Mercure supérieur et inférieur. Ainsi, dans l'Antiquité, Mercure était considéré comme le dieu de la sagesse et de la connaissance aussi bien que le dieu des menteurs et des voleurs (Mercure a volé les bœufs d'Apollon). Un des plus importants processus dans le Grand Oeuvre de l'alchimie, la sublimation du vif-argent ou mercure, représente le processus de l'ennoblissement de la pensée. Le résultat était connu sous le nom de Mercurius Sublimatus en alchimie et plusieurs signes secrets s'y réfèrent; j'en ai dessiné six de part et d'autre du bâton central de Mercure (22). 13 CANCER LE CRABE est un signe négatif, eau en génération. Le soleil entre dans le cancer autour du 22 juin, juste après avoir atteint le point le plus élevé, au début de l'été, la période de croissance. La lune gouverne le Cancer. Le symbole correct pour ce signe n'est pas comme il est souvent représenté sur les gravures, un crabe relativement gros, mais le petit Bernard-l’ermite dont le comportement exprime mieux le caractère de ce signe. Le Bernard-l’ermite protège son fragile arrière train à l'intérieur de coquilles d'escargots abandonnées. Lorsqu'il a trop grandi pour son domicile, il part à la recherche d'une coquille à sa nouvelle dimension et s'y loge prestement. De cette position sûre, notre créature veille à l'affût de sa proie que, de ses grosses pinces elle saisit promptement et qu'elle tire à l'intérieur de sa demeure pour s'en repaître à loisir. Sa démarche, latérale ou oblique, à reculons, caractéristique du crabe, illustre bien ce signe. Ces deux principaux traits témoignent du discernement psychologique des premiers astrologues qui ont choisi le crabe pour symbole des natifs de ce signe. Les expériences recueillies sous Gemini sont affermies, classées et en progrès sous le Cancer. Le Cancer est un collectionneur à tous les niveaux. Au niveau matériel les natifs du Cancer rassemblent de belles choses; au niveau émotionnel-il est émotionnel par nature -il approfondit ses expériences. Mentalement, il recueille le savoir d'une manière scientifique et, spirituellement, il tente d'affiner sa compréhension de la raison d'être des choses. Son point fixe c'est sa maison, son château dans lequel il se retire toujours à la fin de chaque incursion avec le nouveau trésor qu'il vient d'obtenir. Ici il est entouré de tout ce qu'il a rassemblé au long de son exis tence. Par nature, il est casanier et bon vivant. La rapide retraite dans une armure protectrice au moindre signe de danger caractérise aussi la tortue, raison pour laquelle cet animal symbolisait le cancer dans l'ancienne Babylone (1). La locomotion rétrograde du crabe illustre la propension du Cancer à se perdre lui-même avec joie dans le passé. Il vit dans un état de conscience historique et, rétrospectivement, il peut apprécier la continuité des événements. D'où la représentation du signe dans l'ancienne Amérique sous la forme du «serpent à plumes qui se déplace à reculons». Pour les Chinois c'était la coupe transversale d'un arbre dont les cercles annuels racontent l'histoire. Je les ai tous inclus dans le cadre du tableau. Le Bernard l’ermite en personne repose sur ses trésors, cachés à l'intérieur d'un coffre de fer qu'il a, pour plus de sûreté, enterré dans le sable (2). Il est tendu vers la lune, la planète qui le gouverne (nous en reparlerons). Des 14 mains émergent du cadre pour saisir les joyaux et les pierres précieuses, surtout des aigues-marines et des pierres de lune, les joyaux de la lune ; toutes choses précieuses rassemblées à un niveau matériel (3). J'ai choisi la perle pour représenter les acquisitions dues à des expériences émotionnelles; c'est le classique symbole de la souffrance qui conduit au discernement. Une perle est, de par son existence même, le symptôme d'une maladie dans l'huître. Si un corps étranger, une pierre ou un fragment de coquille, pénètre dans l'huître, son corps, faible et sensible, une fois irrité, va réagir en recouvrant l'objet étranger de couches successives de nacre, afin d'arrondir celui-ci pour apaiser la douleur. C'est ainsi que, par la souffrance, se forme un magnifique joyau (4). A côté de cette huître ouverte, le Kephera, le scarabée sacré de l'Egypte ancienne, roule une perle vers le haut de la pente (5). Ici le symbolisme est double. Le scarabée (scarabeus) est un coléoptère qui pond ses œufs dans le fumier qu'il a d'abord malaxé en une boule. Il roule alors la boule dans un trou déjà creusé dans ce but. En sûreté, sous terre et pourvu d'une abondante nourriture, l'œuf dans le fumier devient finalement un nouveau coléoptère. Les Egyptiens de l'Antiquité ne savaient pas qu'un œuf avait déjà été pondu dans le fumier et ils pensaient qu'un coléoptère s'était créé lui-même à partir de la matière en état de putréfaction. C'était la génération spontanée. De nombreux Anciens croyaient que la vie apparaissait spontanément à partir de la matière en décomposition sans que le processus habituel d'implantation ait été réalisé. C'est pourquoi le bousier Kephera a été aussi considéré comme un compagnon de la Divinité qui, sans cesse, se recrée. Dans ce cas, la boule de bouse était le soleil doré que Kephera roulait chaque jour sur le chemin des cieux, de l'est à l'ouest. C'était le symbole fondamental de la renaissance, la vie qui, d'elle-même, se renouvelle sans cesse grâce au pouvoir de Râ, le soleil. Parce que la conscience se développe et se ranime par la douleur, j'ai substitué une perle à la boule de bouse transformant ainsi le symbole du soleil en symbole de la lune parce que la mer et tout ce qui en elle vit, tout comme l'âme, se trouvent liés pour une grande part à la lune. Ceci non seulement en raison de l'influence considérable exercée par la lune sur le flux et le reflux des marées mais aussi en raison de la subordi nation de nombreuses créatures de la mer au cycle lunaire dans leur comportement sexuel. Il existe une interaction complexe entre la lune, la procréation et la mer. C'est la lune qui donne la forme et qui gouverne l'implantation ainsi que la croissance. Elle est directement concernée par la matière primordiale, l'océan primordial d'où tout a été formé et plus substantiellement par la mer d'où toute vie a évolué. L'océan est notre mère à tous. On l'appelle Mara, «qui est amer». Il est Mater Materia et il est aussi MARIE, Mère de Dieu, tout comme il est Maya, la mère du Bouddha. Ce sont des aspects différents du même principe dont l'origine est Binah, la Mère Primordiale sur le pilier de la forme, à gauche dans l'Arbre de Vie de la Kabbale. A côté de la lune j'ai dessiné sa révélation matérielle sous la forme de Diane ou Artémis, la chaste déesse de la chasse et du règne animal, l'éternelle vierge. Elle représente l'aspect le plus spirituel de la planète (6). En dehors de ce monde de la sensibilité que, par suite de l'influence de la lune nous avons explore en profondeur, je voudrais ajouter quelque chose de plus sur l'attitude du natif du Cancer à l'égard de la spiritualité : voici une série de symboles situés dans l'angle supérieur gauche du tableau, dans des niches aux formes variées. Les symboles les plus universels sont exactement en haut: la clé et le trou de serrure (7). Ici, ils représentent les Mystères (très différents du symbolisme psychanalytique populaire pour la sexualité). Je me limiterai à dire que les quatre emblèmes situés au-dessous constituent la clé de l'univers. Ce sont précisément les quatre suites du Tarot qui forment toujours les attributs, les «armes magiques» du rituel magique. Le bâton représente l'élément du feu (8), la coupe, celui de l'eau (9), l'épée, celui de l'air (10), et le pentacle avec son pentagramme inscrit, l'élément de terre (11). Selon la tradition classique, ces éléments réunis composent les formules astrales selon lesquelles toutes choses sont accordées dans l'univers. 15 Si le magicien contrôle ces pouvoirs il possède alors la clé de la création et il est dépeint comme le Roi du Monde dans le globe situé à droite (12). Ici également entrent en jeu la régulation, la classi fication par lesquelles l'homme tente d'appréhender les nombreuses révélations. Plus à gauche figure la croix ansée, le symbole égyptien de l'immortalité (13). Au-dessous se trouve un petit triangle pointé vers le bas : c'est le symbole alchimique pour l'élément de l'eau (14). En haut, à droite, comme un emblème magique est placé le sceau planétaire de la lune (15) avec «le serpent qui se déplace à reculons» au-dessous (16). 16 LEO LE LION est un signe positif, le feu en expansion, car c'est le second signe de feu, Aries étant le premier. Le soleil se trouve dans Léo du 23 juillet au 22 août et c'est lui aussi qui gouverne ce signe. Après la prise de conscience du dualisme (sous Gemini), la mise en ordre des expériences grâce au développement de la conscience (Cancer), sous Léo l'accent est placé sur la relation entre le moi et le non-moi. Ou plutôt, on pourrait dire que l'accent retombe totalement sur le moi qui occupe le milieu de la scène sous Léo ; l'entourage du moi devenant le théâtre où le natif du Lion joue son rôle avec distinction, de là, la place que j'ai attribuée au lion dans le centre de la composition, centre qu'il partage avec le soleil qui gouverne ce signe. Le Lion tout comme le soleil brille à la fois sur le bien et sur le mal. Il est le Cœur Royal (1) parce que Léo et le soleil gouvernent le cœur humain. Il apporte une touche de joie et d'exubérance à son entourage. Il baigne toutes choses dans une lumière dorée, l'or étant le métal du soleil, de là la bordure dorée et richement décorée. Ce signe toutefois n'est pas exempt d'infirmités: l'égocentrisme du lion peut en faire la proie de la vanité et de l'ambition, le pousser à tyranniser son entourage. Alors, comme tous les héros solaires de la mythologie, il doit combattre à la fois le lion en lui-même ainsi que d'autres animaux (comme le fit Hercule), placés sur son passage comme des obstacles destinés à être franchis. Ce combat classique figure sur le côté droit au premier plan du paysage. Là, Hercule ou Samson est engagé dans un corps à corps mortel avec son propre pouvoir: Léo négatif (2). S'il en sort vainqueur il deviendra le dieu soleil Apollon qui tient le monde entier sous le charme des sons harmonieux de sa lyre (gauche) (3). La royauté de ce signe est mise en valeur par le luxuriant paysage avec ses majestueux palmiers, la ver ticalité de ses cyprès, ses tournesols et ses buissons d'agrumes. Toutes ces plantes sont sous l'empire du soleil de même que le chêne au premier plan à droite. Le chêne creux offre une autre signification que je dois expliquer puisque, pratiquement, il présente l'un des plus profonds et des plus importants mystères de toutes les religions (4): la naissance du dieu soleil qui s'offre en sacrifice. C'est un mythe largement répandu qui, bien que différent par sa forme et sa présentation, paraît exprimer cette même idée. Tous ces récits concernent un être ressuscité, né d'un être humain (souvent une vierge) et absorbé en une divinité. Cet être double abrite l'humain aussi bien que le divin. Pendant cette période il doit accomplir plusieurs tâches et, ce faisant, il triomphe de sa nature inférieure. A la fin il meurt après s'être acquitté de son travail. C'est alors qu'il est réveillé de la mort et qu'il monte au ciel entièrement déifié. 17 Au cours de ce processus le héros est trahi, souvent emprisonné, enfermé ou enseveli. La partie divine qui semble mourir continue toutefois de vivre secrètement grâce à sa nature éternelle. Cette immortalité est plus tard révélée dans la résurrection manifestée à différents niveaux: au cours de l'année la faculté de croître semble mourir dans la plante cependant que, en secret, elle continue à vivre sous terre pour jaillir à nouveau dans toute sa splendeur au printemps suivant. Alors, à nouveau mais à un niveau spirituel élevé, on nous dit que le Créateur s'emprisonne lui-même dans sa Création et descend sur terre pour transformer cette révélation matérielle, opérant de l'intérieur puis, la restituant à partir de son nadir à son état originel. Dans l'un de ces récits, Osiris (la lumière) est trahi par son frère jumeau Seth (les ténèbres) et enfermé par ruse dans un coffre soudé avec du plomb et déposé dans le Nil. Quant à Jésus, il est trahi par Judas, tué sur la croix (quadruple substance) et enterré dans une caverne. Moïse est confié au Nil dans un panier de jonc. Adonis a été soumis à une croissance mystique semblable à celle du mort Osiris dont le cercueil fut recouvert par un tamarinier. Tous ces personnages eurent une histoire semblable : par leur naissance singulière, leurs travaux, la trahison dont ils furent l'objet, leur mort et leur résurrection (déification), ils ont constitué une médiation, un pont entre deux mondes fondamentalement différents qui, grâce à leur intervention, ont été réunis ou «réconciliés». Leur origine mixte les désignait pour remplir ce rôle d'intermédiaire. En s'acquittant de cette mission, leur nature divine était sacrifiée dès la naissance par un emprisonnement dans une nature inférieure, une personnalité humaine. Dans leur existence à venir, cette personnalité est sacrifiée au service de leur vocation Or la mort qui brise le vaisseau libère l'esprit prisonnier qui peut ainsi rayonner sans entraver. Le soleil occupe aussi une place centrale sur le pilier du milieu de l'Arbre de Vie de la Kabbale. C'est Tiphereth, la sixième sephira, également connue comme le « Feu du Soleil » ou bien le « Fils du Père de toutes Choses» (Kether, la première sephira située directement au-dessus de Tiphereth). La fonction spirituelle de l'intermédiaire est exprimée d'une manière à la fois claire et sublime ici (« Nul ne peut aller vers le Père si ce n'est par moi»), ce principe est comme le col d'un sablier qui relie les cinq sephiroth du macrocosme, en haut aux quatre sephiroth du microcosme, en bas (la personnalité inférieure). Tiphereth représente le moi le plus élevé dans l'homme, le Christ intérieur par lequel la personnalité peut consciemment atteindre le Père. Ce principe est parfois figuré sous la forme d'un enfant: l'enfant royal dans le berceau ou dans l'arbre creux. Ceci montre à quel point le cœur est sacré pour la personnalité. En alchimie, le chêne creux était l'image de l'Athanor, le four alchimique qui devait garder une température rigoureusement constante pour la Pierre Philosophale, l'enfant divin à naître. Grâce à la «poudre» préparée à partir de cette pierre, l'alchimiste serait capable de transmuer les métaux vils en or, sans limitations; le symbolisme est ici très clair. Un mot d'explication au sujet des signatures magiques. Le signe de Léo est peint sur un bouclier aux pieds d'Apollon (5). Le cartouche sur l'angle supérieur gauche porte le sceau des esprits olympiens qui régissent le domaine du soleil (7) (en haut), le signe de l'esprit gnostique Sorath (8) et (en bas), le signe de l'intelligence planétaire Nakhiel (9). Les plus petits cartouches contiennent des signes divers que les alchimistes utilisaient pour illustrer l'or, le métal soleil ou le «soleil spirituel» (10). 18 VIRGO LA VIERGE est un signe négatif, la terre en expansion. Le soleil entre dans le signe de la Vierge à la fin août, mois de la récolte, quand le blé mûr est moissonné. C'est la planète Mercure qui le gouverne. Dans les six premiers signes le moi est au centre du développement de la personnalité. Cette étape s'achève avec Virgo. Ici tout est brisé aussi finement que possible (1) et ce grand amas est maintenant gouverné par l'homme. C'est la phase au cours de laquelle les détails sont examinés. Or la capacité de fractionnement en atomes caractérise la matière. C'est pourquoi Virgo représente la nature matérielle sous la forme de la Mère Fertile. Elle est la Demeter grecque avec l'épi de blé (2), la Cérès romaine, l'Isis égyptienne avec son voile vert signifiant la croissance (3) et Maria, le pont des cieux et la médiatrice, l'âme du monde ou Anima Mundi. Dans le «Livre des Morts» égyptien, le signe de Virgo est aussi représenté comme le «passage au royaume d'Osiris» (4). D'un point de vue macrocosmique elle est la substance primordiale universelle à partir de laquelle le cosmos matériel est condensé (5). C'est pourquoi j'ai ajouté quatre chérubins au cadre, ceux de la vision d'Ezéchiel ; ils représentent les quatre Evangélistes aussi bien que les quatre éléments. L'ange situé dans l'angle supérieur gauche, c'est Jean l'Evangéliste (élément de l'eau) (6). L'aigle dans l'angle supérieur droit (le scorpion exalté de l'astrologie), c'est Matthieu (élément de l'air) (7). Le lion c'est Marc (feu) (8). Le bœuf c'est Luc (terre) (9). La vie qui inspire la matière, en d'autres termes la fertilité, est symbolisée par l'œuf transparent avec sa flamme ardente que la vierge tient dans la main (10). La vierge porte une guirlande de blé et de bleuets (11). L'accent est ici placé sur le grain, le pain, symbole de la «Manne». Ses ailes blanches témoignent de son état de chasteté (les oiseaux sont un ancien symbole de l'âme) (12). Un pentagramme, le signe de la quintuple personne (les cinq sens) rayonne au-dessus de sa tête (13). Tous les autres symboles, dans ce tableau, sont gouvernés par le maître de ce signe, Mercure. Hermès ou Mercure, sous sa forme gréco-romaine est visible sur la gauche. Il essaie de mesurer l'univers - à l'arrière-plan avec son intelligence (14). Sous sa forme égyptienne, en tant que Thot, le scribe des dieux, on peut le voir à droite sous l'aspect du cynocephalus hauradryes, le babouin d'Abyssinie (15). Thot est surtout le juge des âmes. Il siège à la porte d'Osiris, que les morts doivent passer pour aboutir aux champs d'Amenti, nom donné par les Egyptiens au royaume de l'« autre côté». Thot pèse chaque âme sur sa balance: le cœur du mort est placé sur un plateau et la plume de Marat (mesure) dans l'autre. 19 La plume représente l'ordre universel et la mesure de toutes choses (la Vérité) (16). Les deux serpents du bâton de Mercure sont aussi présents comme facteurs sidéraux (17). Les angles inférieurs du tableau portent des aspects de Mercure : à droite la sagesse, figurée en Egypte par l'Ibis sacré (18). En face, pour représenter la tradition juive, un livre de la Kabbale ouvert sur la gravure de l'Arbre de Vie (19). La proposition de Pythagore figure sur un rouleau de papyrus (20) pour représenter la doctrine grecque de l'univers. Le livre fermé M (mater materia) se réfère au texte le plus sacré des Rosicruciens, celui qui contenait leur connaissance universelle (21). Ainsi se trouvent rassemblées trois importantes traditions de sagesse. Dans l'angle inférieur gauche on voit des symboles qui se réfèrent à une autre fonction de Mercure, celle de transmutator : le guide des morts vers le paradis, le Psychopompe. En Egypte, dans cette fonction, ce dieu a la forme d'un chacal, animal qui fréquente les lieux de sépulture (22). Selon l'interprétation alchimiste cela signifie que si un initié dans les Mystères réussit à se dégager de son existence humaine à travers la mort, il sera ressuscité comme un être nouveau et éternel. C'est Hermès Thot qui tient le rôle le plus important dans cette transmutation. Il est l'embaumeur qui donne au corps l'éternité. Il est la pensée qui, transmuée comme Mercurius sublimatus, conduit à une nouvelle conscience universelle. Ceci est un processus de distillation qui prend place dans l'Athanor, le fourneau alchimique (24), dans lequel le nouvel être humain est constitué. Nous en venons maintenant aux sceaux magiques et aux signatures. Le symbole astrologique de Virgo est au-dessous des pieds de la vierge, contenu dans une étoile à huit pointes ; ceci parce que Mercure qui gouverne le signe est associé avec Hod, la huitième sephira sur l'arbre de vie (25). En haut, à gauche, en arrière du pied gauche de Mercure est situé son signe planétaire (26). Au-dessus de sa tête est le sceau de son esprit planétaire Ophiel (27). En haut, au centre est la signature attribuée à l'archange Michel sous lequel se trouve Mercure (28). A droite est le signe de l'esprit Thaf Thar Tharath (29) ; tout au-dessous du babouin est le signe de l’intelligence planétaire Tiriel (30). Le sceau planétaire de Mercure figure sur le bouclier que Thot tient dans se main (31). Les deux signes au-dessus sont les symboles alchimistes pour Mercurius sublimatus, le noble vif-argent (32). 20 LIBRA LA BALANCE est un signe positif, l'air en expansion. Le soleil entre dans cette maison au début de l'automne comme il passe l'équateur pour commencer l'hiver. Vénus est la planète qui gouverne ce signe. L'équilibre et l'harmonie caractérisent ce signe. C'est la raison pour laquelle la composition du tableau comme celle de Gemini est symétrique. Dans Libra, l'accent est placé sur l'âme. Dans les six signes précédents nous avons insisté sur l'évolution du moi ; c'est le non-moi qui prédomine dans le mode d'acquisition de l'expérience à travers les six signes suivants. Vénus, déesse de l'amour, de l'harmonie et de la beauté, gouverne ici. Le trait dominant de Libra est, avant tout, l'équilibre entre la tête et le cœur, entre l'intelligence et le sentiment. Au symbolisme qui entoure ce signe, j'ai ajouté Mercure qui gouverne le savoir sous sa forme égyptienne de Thot ( 1 ) et, symétriquement, la déesse Vénus sous sa forme égyptienne de Hathor, déesse des fêtes et de l'amour avec ses oreilles et ses cornes de vache (2). Les deux figures maintiennent les plateaux en équilibre. Sur l'un gît un cœur sous sa forme égyptienne symbolique d'urne (3). La plume de Marat est dans l'autre (4). Ici encore nous avons le jugement des âmes bien que clairement tempéré par une sagesse imprégnée d'amour. Mercure est placé à gauche et Vénus à droite des plateaux, en accord avec la Kabbale où Hod, la séphira qui gouverne l'intellect de l'homme est à la base de l'arbre de gauche du pilier de vie (le pilier de rigueur) avec Netsah, le sentiment situé en face, au pied du pilier de droite, celui de la miséricorde. De cette manière l'équilibre parfait est à nouveau obtenu entre la raison et l'émotion. Chacune d'entre elles a un besoin absolu de l'autre: la raison dépourvue d'émotion est stérile et mortelle. L'émotion sans la correction qu'apporte la raison se borne à la sentimentalité et crée le chaos. Chacune est dangereuse sans la présence du pôle opposé. Netsah est la septième séphira c'est pourquoi il y a une étoile à sept pointes entre les cornes de Hathor (5). Au-dessous se trouve le signe astrologique de Vénus (6). Hathor tient un sistre, le sonore instrument rituel des prêtresses de Hathor. Les lames horizontales qui serpentent autour du cadre suggèrent les quatre éléments qui résonnent ensemble harmonieusement dans le cosmos (7). Les fameux serpents du bâton de Mercure (les pouvoirs positifs et négatifs unis dans l'harmonie) s'enroulent autour de Thot à la tête d'Ibis (8). Il tient dans sa main la croix ansée, symbole d'immortalité dans l'ancienne Egypte (9). Le signe astrologique de la planète Mercure est au milieu de sa ceinture (10). Le dualisme harmonieusement résolu du signe de Libra est encore illustré par deux sphinx assyriens au bas du 21 tableau (11). Ceci se réfère à la carte du Tarot associée avec le signe de Libra, le «chariot de la victoire». Ici, les deux sphinx qui tirent le chariot représentent les pouvoirs cosmiques opposés qui opèrent harmonieusement ensemble dans le même attelage. Dans le tableau, les animaux mystérieux sont aussi les symboles des quatre éléments, à la fois positifs (sphinx mâle) et négatifs (sphinx femelle): la tête est l'élément de l'eau, les pattes antérieures du lion celui du feu, les ailes celui de l'air, et l'arrière-train du bœuf celui de la terre. L'analogie entre les quatre créatures de la vision d'Ezéchiel, les quatre symboles évangéliques du signe précédent, Virgo et les deux sphinx est frappante. Le sol en carrelage blanc et noir est une autre référence au travail harmonieux des pouvoirs des pôles dans les fondations du cosmos (12). C'est aussi le sol du temple franc-maçon. Le lys au premier plan représente la sérénité, le résultat du parfait équilibre entre la tête et le cœur (13). Un autre symbole franc-maçon se trouve au milieu du sol carrelé: un autel sous forme d'un cube (14). Le cube représente la fondation parce qu'il est composé de carrés. Ce cube est la «pierre d'angle», le Christ, c'est la «pierre philosophale» de l'alchimie. Cet «autel sacré dans le temple où la lumière des Esprits (15) brille toujours et ne meurt jamais» est le symbole hindou pour notre signe de Libra. Le cube devrait, en vérité, être noir non transparent. Néanmoins, je l'ai peint comme un cristal afin qu'apparaisse la boule, l'embryon doré (16), contenu à l'intérieur et sur lequel le signe astrologique de Libra a été dessiné (17) (encore à l'intérieur d'une étoile à sept pointes parce que Vénus reste liée à Netsah, la septième sephira de l'arbre). Si le cube était ouvert vers l'extérieur, les six surfaces formeraient la croix chrétienne et l'embryon doré reposerait au centre de la croix, référence directe à la foi rosicrucienne qui place la rosé au centre de la croix (remarquez la forme de la rose-croix dans la partie supérieure de la balance) (18). J'ai choisi le signe de la rose-croix parce que les Rosicruciens ont recherché l'équilibre entre la tête et le cœur dans la formation de la personne parfaite. La rose rouge est la fleur de Vénus car elle symbolise l'amour s'offrant en sacrifice (19). Considérons maintenant quelques autres symboles qui se rapportent aussi aux différents aspects de «la conjonction des contraires» Le symbole chinois Yang Yin en connection avec les pôles dans la matière primordiale consacrée (20). Au dessus, dans la forme 00 (le lemniscate symbole de l'infini), les deux pouvoirs polaires du soleil et de la lune, esprit e. âme, qui influent l'un sur l'autre, éternellement. 22 SCORPIO LE SCORPION est un signe négatif, l'eau en expansion. Le soleil entre dans Scorpio à la fin du mois d'octobre, le mois du vin, le mois des fruits par excellence, le moment où les feuilles tombent et où le règne végétal se replie sur lui-même au cours d'une lente préparation à l'hiver. A Mars, le Maître traditionnel de ce signe, on a préféré Pluton après la découverte de cette planète. Personnellement, je m'en suis tenu à l'ancien signe de Mars. Scorpio est un champ de bataille, le théâtre d'intenses collisions psychiques et de profondes expériences. C'est immédiatement évident si l'on considère le symbolisme rattaché à ce signe dans les anciennes cultures. Dans les Ecritures indiennes, le scorpion est aussi appelé «le serpent ténébreux» C'est aussi le dragon à sept têtes qu'Hercule a tué; Apep, le serpent des ténèbres tué par Horus, fils d'Osiris dans la mythologie égyptienne; le dragon tué par St Georges et le serpent du paradis qui a apporté la mort et pourtant, avec elle la connaissance du bien et du mal. C'est aussi l'aigle qui illustre parfois ce signe dans le zodiaque anglais moderne. Il représente même Satan. Si on voulait résumer la nature de ce signe en quelques mots, on pourrait dire: c'est la conscience des facettes fondamentales de la vie et la transformation des forces primitives. Scorpio est concerné par la libido, le pouvoir de création, aussi bien que par l'amour, par la naissance, par la mort et par la résurrection. Un natif de Scorpio plonge profondément dans les problèmes associés à tout cela et il en est constamment préoccupé; il lutte continuellement contre ces principes en lui. Dans l'affliction il est pervers et destructeur. S'il domine son aiguillon venimeux, il devient un mystique ou un médecin faisant du bien à ses semblables. Cependant il se lance dans toute entreprise avec une intensité due à Mars qui le gouverne. J'ai essayé tout particulièrement d'exprimer dans ce tableau l'essence du pouvoir créateur qui est libéré par la mort de la nature inférieure en vue de transmuer l'humain en un être ressuscité. J'ai placé le symbole astrologique de Mars dans un dodécaèdre (1). Cette surface régulière de douze côtés est l'une des structures pythagoriciennes. Comme nous venons de le voir, le pentagone, surface à cinq côtés, est associé à la planète Mars parce que Mars est assigné à Geburah, la cinquième Sephira sur le pilier de gauche de l'Arbre de Vie de la Kabbale, le pilier de la rigueur. Le pentagone symbolise d'autre part l'être humain avec ses cinq sens. C'est lui qui occupe un pentagramme de ses bras et de ses jambes tendus. Le dodécaèdre est composé de douze pentagrammes et c'est la raison pour laquelle je l'ai utilisé pour symboliser le voyage de l'homme sur le chemin qui mène à la conscience à travers les douze phases du zodiaque. Dans ce cas précis, l'homme est dans la phase du Scorpion. Il s'efforce de découvrir l'état qu'il a atteint. 23 Or, il ne peut en voir que le reflet à la surface de la mer de sa conscience: cette surface qui change sans cesse au rythme de ses émotions lui donne une image totalement déformée (2). Ses émotions bloquent sa perspicacité et l'empêchent donc de s'élever à un niveau plus élevé. Son aiguillon venimeux. Ce sont ses instincts, le dragon de sa nature inférieure qu'il doit combattre, comme St Georges (3) qui représente sa nature supérieure. Il faut qu'il devienne un yogi, un mystique pour transformer les pouvoirs inférieurs qu'il a en lui, dans un interminable processus d'autodiscipline (4). Il s'élèvera alors à partir de cette sublimation comme un aigle, l'oiseau royal de l'âme qui vole vers le soleil (5). L'ancien moi meurt (6) et une nouvelle personne naît semblable à un enfant (7). La coupe de la vie ancienne est épuisée et renversée (8). Inutile, elle est remplacée par une nouvelle coupe (car personne ne met de vin nouveau dans de vieilles bouteilles) où brûlera désormais la lumière de l'esprit (9). C'est de cette manière que, après avoir porté la mort à la naïveté et à l'innocence dans le paradis, le serpent ténébreux apporte avec lui la connaissance du «bien» et du «mal» contribuant ainsi à la réalisation d'une nouvelle personne (10). J’ai essayé d’exprimer le caractère de Scorpion inférieur par les pointes et les crocs enchevêtrés du cadre : les couleurs sont naturellement des nuances d’un rouge vénéneux à cause de Mars. Les signes magiques sont (en haut à gauche) : le sceau planétaire de Phaleg appartenant à Mars (11) et (à droite) la signature de l’intelligence Graphiel (12). 24 SAGITTARIUS LE SAGITTAIRE, l'archer, est un signe positif, le dernier des trois signes de feu, donc feu en résolution. Le soleil entre dans ce signe à la fin novembre, le mois du massacre, l'époque où le monde animal entre en hibernation, dans le repos et la mort; c'est aussi le temps où la vie spirituelle interne atteint un sommet. La planète Jupiter gouverne ce signe. Les expériences acquises ont été analysées dans le signe de Virgo, équilibrées dans celui de Libra et passées au crible (l'accessoire écarté du principal) sous Scorpio. Sous Sagittarius, le moi est projeté sur ce matériel et ensemble ils sont transformés en quelque chose d'entièrement nouveau : la nouvelle image idéale de l'homme. Le natif de Sagittarius est, avant tout, un idéaliste qui vise de sa flèche une cible élevée. Il plonge dans les idées qu'il a acquises ce qui est représenté par le soleil couchant du zodiaque chinois (l), l'ancien symbole chinois pour ce signe (Le zodiaque chinois moderne a un tigre qui fait référence à l'élément igné de ce signe). Le moi et le non-moi sont rassemblés sous Sagittarius pour constituer le moi total, résolvant de ce fait le dualisme du signe de Gemini. Les premiers fruits de la conscience prennent maintenant naissance. La devise de Sagittarius est une synthèse, l'image du centaure en est un bon exemple: l'homme-cheval. Le natif de Scorpio doit continuer à lutter avec l'animal dans sa nature (c'est Mars qui gouverne Scorpio) mais ce conflit est harmonieusement résolu dans le natif du Sagittaire (c'est la générosité de Jupiter qui le gouverne). Ici, l'élément instinctif est logiquement lié au spirituel, il devient le véhicule, la monture. C'est pourquoi l'Eglise a christianisé la fête du Sagittaire du solstice d'hiver en proposant des saints à la place d'autres cavaliers païens : saint Nicolas et saint Martin. Ce sont aussi des saints caractérisés par leurs bonnes actions (encore Jupiter). Le désir ardent qui pousse le natif du Sagittaire à réaliser l'unité de l'expérience paraît tout particulière ment dans son grand amour pour la nature, notamment pour les animaux et les chevaux puisqu'il est lui-même à moitié cheval. Le Sagittaire reste en contact avec ses origines et bien qu'il vise haut dans son idéalisme, ses pieds demeurent fermement sur la Terre mère qui ne le désavouera jamais. C'est la générosité de Jupiter qui l'inspire par-dessus tout. C'est la raison pour laquelle Jupiter, le dieu suprême qui trône dans les nuages, embrase les flè ches de l'idéalisme de son feu céleste, flèches que l'archer ne peut s'empêcher de tirer (2). C'est la généro sité du même Jupiter (la planète Jupiter est associée à Hesed, la quatrième sephira sur le pilier de droite, celui de la générosité) qui gouverne la croissance luxuriante du règne végétal (3). J'ai dépeint ce pouvoir de Jupiter sous la forme des dryades et des elfes qui inspirent les plantes (4) tandis que les esprits aériens, les sylphes, portent les pouvoirs de Jupiter dans les airs sous la forme de nuées d'orage (5). 25 Le natif du Sagittaire progresse lorsqu'il oublie son corps d'étalon dans sa passion (parce que, comme Léonard de Vinci l'a dit, «la passion de l'esprit exclut la passion des sens») et ce corps devient blanc et serein; il devient celui d'une licorne, ancien symbole de chasteté. (6) II est le centaure mythologique Chiron, maître d'Asclepios, le dieu de la guérison, et d'un grand nombre de héros tels que Hercule, Jason et Achille. Il devient aussi l'Ermite de la neuvième carte du Tarot qui, comme le sage errant, éclaire la voie des autres avec la lanterne de l'instruction (7). Le natif du Sagittaire devient la porte carrée de la caverne de la consécration et des Mystères, le carré de construction auquel on accède par quatre marches (4 étant le nombre de Jupiter) (8). Sur son bras il porte comme trophée la peau du Bélier, la Toison d'or. Le premier signe de feu a finalement trouvé sa résolution dans le dernier signe de feu, Sagittarius, le pouvoir du feu étant maintenant dirigé vers le non-moi au lieu du moi (9). Les sceaux magiques sont les suivants : Le signe symbolique de Sagittarius sur la porte (10). Au-dessus, au milieu de l’arbre semi-circulaire, c’est le signe astrologique de Jupiter (11) ; à gauche de l’arche le signe de l'esprit planétaire Hismaël (12). A droite celui de l'intelligence planétaire lophiel, (13). En bas à gauche, en rouge sur un cartouche, dans le cadre, le sceau de l'esprit planétaire olympien Bethor (14). Au-dessous, en noir, le signe de Sachiel (15). En bas, dans l'angle droit, sur un cartouche, le propre sceau de Jupiter (16). 26 CAPRICORNE LE CAPRICORNE, la chèvre des montagnes ou ibex, est un signe négatif, le troisième signe de terre, donc terre en résolution. C'est le signe du début de l'hiver quand le soleil est le plus bas à l'horizon, lorsque son arc est le plus proche de la terre, que l'obscurité à l'extérieur et le repos et l'hibernation sont à leur apogée, que l'embryon est en place pour la lumière à venir qui, dès lors, commence à grandir. Saturne gouverne ce signe. C'est cet événement naturel que j'ai pris comme leitmotiv quand j'ai conçu ce tableau. L'arrière-plan du tableau forme un grand crâne (1), le symbole des morts à travers lequel le soleil se lève (2). Les rayons du soleil écartent le firmament plus sombre (3) pour jeter une lueur dorée sur le paysage rocheux. Ce retour de la lumière apporte une nouvelle vie illustrée tant par les petits enfants qui se dégagent des rochers saturniens (4), que par Apollon, le dieu soleil qui, s'arrachant aux griffes de l'obscurité, écrase du pied le serpent Apep, symbole égyptien des ténèbres (5). Le, héros solaire Hercule immobilise un crocodile alors que, d'une mortelle étreinte, il serre le serpent dans sa main (6). Dans la mythologie grecque, Hercule accomplit son premier exploit héroïque en tuant deux serpents tombés sur son corps alors qu'il était encore au berceau. Outre ce symbolisme macrocosmique relatif au retour du soleil, il y a un message microcosmique destiné à l'être humain de ce signe conscient de son évolution: il doit réaliser son propre potentiel. L'archer qu'il était dans le signe précédent a pointé ses flèches de pensée vers une cible élevée. Maintenant il revient réaliser ces idéaux par un travail régulier et soutenu. La chèvre grimpe toujours plus haut sur la montagne, sans repos jusqu'à ce qu'elle ait atteint le pic solitaire. Il existe cependant une loi incontournable de la nature selon laquelle toute action provoque une action contraire. Ainsi, là également, le natif du Capricorne rencontre son Saturne, son adversaire. C'est par une erreur malheureusement souvent partagée que l'on considère Saturne comme une planète maléfique et maudite. En fait elle n'apporte l'infortune que dans le sens matériel. Spirituellement c'est le contraire qui est la vérité. Saturne, le principe cristallisateur ou Chronos, le temps, fournit l'opposition par laquelle chaque œuvre est jugée jusqu'à ce qu'elle trouve sa forme définitive. Saturne, qui nous apporte les obstacles et les problèmes, est le grand professeur et initiateur. Aucune œuvre ne peut être considérée comme complète tant qu'elle n'a pas été exprimée en matière solide et tant qu'elle n'a pas résisté au test du temps. L'initiation a lieu dans la caverne, au plus profond du royaume de Saturne. Tous les dieux solaires sont nés, ont été cachés ou élevés dans une caverne rocheuse à l'époque où la lumière était la plus faible. Mithra, par exemple, Hermès, Zeus, Apollon, Dionysos et même le Christ sont venus sur terre dans une étable rocheuse. 27 J'ai peint Saturne comme le Père Temps, en face d'une caverne, un passage. Considérons maintenant les sceaux magiques de la planète Saturne et sa hiérarchie d'anges et d'esprits : à gauche le sceau planétaire est gravé dans une pierre à côté du petit Hercule (7). A gauche de la caverne se trouve une pierre triangulaire parce que trois est le nombre de Saturne. Ceci est particulièrement associé avec Binah dans l'Arbre de Vie de la Kabbale. Binah est la troisième sephira au sommet du pilier de gauche, celui de la rigueur. Le symbole astrologique du Capri corne est gravé dans cette pierre (8). Au-dessus figure le signe de l'esprit planétaire Zazel (9). Au-dessus de la caverne la triple signature de l'archange Cassiel (10). Au-dessous des sabots de la chèvre est la signature astrologique de la planète Saturne (11). A droite de l'entrée de la caverne, gravé dans la pierre est le signe de l'intelligence planétaire Agiel (12). Au bas de l'angle droit, sur une pierre, figure le sceau de l'esprit planétaire Arathron (13). 28 AQUARIUS LE VERSEAU, le porteur d'eau, est un signe positif, le dernier du triangle de l'air, donc air en résolution. Le soleil entre dans Aquarius à la fin janvier quand l'obscurité la plus profonde cède progressivement la place à la lumière. Saturne était considérée comme la planète maîtresse de ce signe, mais depuis la découverte de la planète Uranus en 1781, ladite planète a été attribuée à Aquarius, l'influence de Saturne ne suffisant pas à expliquer d'une manière satisfaisante bon nombre de facettes de ce signe. En ce qui concerne le chemin de l'évolution de l'homme à travers le zodiaque, ce onzième signe se caractérise par la transcendance et la fluidité du mouvement à travers toutes les limites. Après avoir gravi la montagne, dans sa phase du Capricorne, pour se renouveler lui-même, l'homme verse les eaux vives d'un discernement neuf, du haut d'une conscience acquise, sur ceux qui sont encore au-dessous, dans la vallée. Il est l'humaniste qui ne se reposera pas avant d'avoir imparti son nouveau savoir aux autres. La limite entre le moi et le non-moi n'est pas respectée ici, loin de là. Le natif du Verseau vit dans une conscience totale de l'unité et d'une parenté avec ses semblables. La conscience du moi dans cette phase existe certes mais elle est repoussée à l'arrière-plan et lorsque ceci est accompli les limites sont détruites. Cet effacement des limites, particulièrement dans le sens macrocosmique, entre le pouvoir et la matière, entre l'esprit et le corps, est la principale caractéristique du temps présent. Dans les cercles astrologiques ceci est attribué au nouvel esprit qui, sous l'influence d'Aquarius, est répandu sur le monde, provoquant des réactions en chacun de nous. Cette pensée a, comme un leitmotiv, inspiré la représentation de ce signe. Je voudrais maintenant considérer brièvement l'influence d'Aquarius. Le moment où, au printemps, les jours ont la même longueur que les nuits, l'équinoxe de printemps ne tombe pas toujours sous le même signe du zodiaque, il change en raison du lent mouvement de rotation de l'axe incliné de la terre: il a un mouvement vers l'arrière d'une amplitude de 30° en 2156 ans. Peu de temps après l'adoption universelle du calendrier gré gorien, l'équinoxe de printemps abandonna Aries pour entrer dans le signe de Pisces ; il entrera bientôt dans le signe du Verseau. Selon la tradition, lorsque cet équinoxe entre dans un autre signe, un nouvel esprit s'éveille dans le peuple. Quand il est entré dans le signe de Pisces, la religion chrétienne est née. Le symbolisme du poisson est évident ici : la plupart des premiers disciples étaient des pêcheurs et, plus tard, ils devinrent des pêcheurs d'hommes. 29 La multiplication du pain et du poisson est aussi éloquente de même que la mitre de l'évêque en forme de tête de poisson. Dans les peintures les plus anciennes et dans les catacombes, le poisson est souvent utilisé comme un symbole pour le Christ. On dit que chaque âge (siècle cosmique) possède son propre esprit. L'âge de Pisces a été gouverné par la dévotion et par l'acceptation du sacrifice. La foi, l'espérance et l'amour étaient les vertus de l'époque de même que la modestie et le courage dépourvus de violence. Tels étaient les idéaux, qu'ils aient ou non été réalisés. L'âge de Pisces a aussi connu les profondeurs contradictoires de l'intolérance et du matérialisme. Le savoir et la philosophie penchent de plus en plus de ce côté. Vers la fin de l'âge viennent des guerres et des massacres en masse dont le monde n'avait pas connu auparavant l'étendue et l'horreur. Bien que nous ne soyons pas encore sortis de cette étape un changement notable est intervenu depuis la Révolution Française ; le début d'un nouveau climat spirituel particulièrement dans la jeune génération de notre temps. C'est là que l'on peut discerner les prémices d'un nouvel âge. Bien que l'équinoxe ne soit pas encore entré dans le signe d'Aquarius, il est clair que les influences de l'ancien et du nouveau empiètent l'une sur l'autre. Tout près ou au-dessous de l'ordre établi qui, c'est évident, approche de sa fin et s'épuise dans une immense débâcle culturelle et économique, il se passe nombre de choses qui indiquent une direction différente. Depuis la découverte du radium suivie de la fission de l'atome, notre image matérialiste du monde se désagrège rapidement. Le savoir se transcende. La parapsychologie qui a passé au travers de notre image et de notre espace en est un exemple. L'homme, que l'on s'était habitué à considérer exclusivement comme une mécanique, est maintenant de plus en plus souvent expliqué en termes de champs de pouvoir. Depuis la fission de l'atome la matière apparaît comme un aspect de l'énergie et vice-versa. Les sciences occultes aussi, la magie et l'astrologie ne sont plus aussi légèrement reléguées au rang des superstitions mais examinées avec attention par des hommes de science épris de progrès. Au niveau social, les droits de l'homme et l'égalité indépendamment de la race et de la religion sont maintenant des normes généralement admises. C'est le résultat de l'influence d'Aquarius dont les grands traits sont le discernement, l'égalité, la liberté à l'égard du dogme, la liberté de parole et enfin un sentiment de parenté envers tous les humains. Les différences et les frontières sont effacées. Aquarius apporte l'unité. Cet homme a littéralement conquis le pouvoir noir et abandonné la terre pour voyager dans l'espace et, de ce fait, a commencé à penser en termes cosmiques. Tout ceci est plus que symbolique. 30 J'ai introduit toutes ces caractéristiques dans le tableau sous des formes vagues et fluides, empruntées aux courants d'air en spirale, visibles dans les souffleries aérodynamiques (1). Ces mouvements représentent les ondes électromagnétiques du nouvel âge telles qu'elles sont versées par le porteur d'eau sur la terre; à travers elles, tout est transcendé. Uranus qui gouverne toute chose rayonne sur le monde comme un soleil spirituel (2). Sept fleurs de lotus boivent ce nouveau courant de pouvoir. Ce sont les sept Chakras. Selon la doctrine tantrique hindoue sept organes psychiques résident dans le corps astral de l'homme et sont reliés à notre système nerveux central. Comme des «roues» d'énergie psychique ils absorbent la force vitale, le Prâna, et contrôlent notre vitalité au cours de ce processus. Des influences spirituelles sont absorbées avec le Prâna et ce sont elles qui déterminent notre état spirituel. Dans ce tableau les fleurs aussi forment une Menorah, le, chandelier sacré à sept branches des Juifs, qui représente les sept' lumières placées devant le trône de Dieu. A l'arrière-plan, l'ancienne planète dominante d'Aquarius est représentée dans le motif du crâne. C'est le passage de l'initiation, le passage de Saturne. Au loin, le pèlerin traverse le passage sur son chemin de vie au Mont Salvat où le château élevé du Graal lui fait signe du haut de la Conscience Universelle (4). Parce que Uranus n'a été découverte que bien après le développement du système médiéval des correspondances magiques, cette planète n'a jamais été associée avec la hiérarchie des anges et des intelligences. Pour la même raison l'Arbre de Vie de la Kabbale ne s'y réfère pas. C'est pourquoi j'ai seulement peint la signature astrologique de la nouvelle planète dominante: Uranus (en haut, à gauche) (5) et l'ancienne planète dominante : Saturne (en haut, à droite) (6). Au-dessus de la fleur de lotus du milieu, le symbole d'Aquarius est formé par les ondes de force (7). Les lignes du cadre sont empruntées au mouvement ondulant caractéristique de l'Art Nouveau. Ce mouvement dans l'art a été, à mon avis, le premier à manifester clairement l'influence du Verseau. 31 PISCES LES POISSONS, signe négatif, est le dernier du triangle d'eau donc eau en résolution. Le soleil entre dans ce signe à la fin février quand les derniers vestiges de l'hiver ont disparu et que la nature se prépare lentement à commencer un nouveau cycle. Neptune gouverne ce signe. Avant 1846, date à laquelle cette planète a été découverte, c'était Jupiter. Le signe de Pisces constitue la dernière phase sur le chemin de l'évolution humaine à travers les douze signes du zodiaque. L'homme continuera son chemin, recommençant le cycle mais, cette fois, par une spirale plus élevée. Dans le signe de Pisces, la résolution de la forme ainsi que les limites entre le moi et le non-moi se désagrègent entièrement. Empiétant sans cesse l'un sur l'autre sous Aquarius, ils disparaissent de la conscience sous Pisces. Du point de vue du monde matériel cette non-dépendance de la forme est vue sous l'angle du sacrifice et de la mort alors que d'un point de vue spirituel, cela signifie libération et naissance dans des perspectives nouvelles et plus vastes. Sous ce dernier signe les expériences rassemblées dans le cycle qui vient de s'achever sont abstraites: les contenus sont séparés de la forme concrète. Seule l'essence de l'expérience demeure. Les caractéristiques du signe Pisces sont, par conséquent synthèse, résolution et libération. Le mystique entre dans cette catégorie lorsqu'il délaisse le monde des phénomènes et que, tournant son regard vers l'intérieur, il s'immerge dans l'élément primordial de toutes choses dont il est lui-même issu. C'est ici que se referme le cercle: la vie venue, en d'autres temps, de l'océan primordial, maintenant y retourne, plus consciente, plus riche en expérience. Est-il donc étonnant qu'on ait attribué à Neptune la maîtrise de ce signe d'eau ? Jupiter, le maître précédent, exprimait certes la générosité, la miséricorde et les aspects éducatifs de Pisces, mais il a fallu attendre la découverte de la planète Neptune pour que soit trouvée une explication au désir ardent de sacrifice du moi et à la résolution dans la mer de la vie du mystique du Poisson. Le signe de Pisces a été, à l'origine, illustré par un poisson ou par Jean, l'homme-poisson. En Mésopotamie toutefois, il était représenté sous la forme d'une ceinture, d'une ligne ou d'une corde qui liait deux poissons nageant dans des directions opposées. J'ai combiné cette dernière idée avec le signe chinois du Yang et du Yin: illustration de l'équilibre absolu et du jeu éternel entre les principes mâle et femelle dans le cadre de l'unité révélée. Il symbolise la personne accomplie de ce dernier signe du zodiaque. La ceinture qui relie les deux parties est composée des douze signes du zodiaque qui ont été parcourus (1). Le poisson rouge qui représente la part active de la personne se tourne vers le bas, en vue de plonger dans son monde intérieur (2). Le poisson bleu, la partie passive, représente le monde extérieur: l'homme n'étant plus intéressé 32 par le monde des phénomènes, ce dernier est devenu irréel à ses yeux (7). L'unique réalité pour lui est le royaume infini des océans primordiaux de son monde intérieur, En haut, à gauche, se trouve le signe de Neptune (4). En haut, à droite, celui de Jupiter (5). En bas, au centre, le symbole des Poissons (6).