Un jardin de grains et de pépins
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Un jardin de grains et de pépins
Nature 62 Le Matin Dimanche | 22 mai 2016 Un jardin de grains et de pépins Jardin Faire pousser un citronnier rien qu’en mettant en terre des pépins de citron ou des courges dans le potager après en avoir semé des graines, cela n’est pas sorcier. Conseils et mode d’emploi. «Ce qui a le mieux Valérie Hoffmeyer marché jusqu’ici, ce sont les citrons: les pépins germent tout seuls, j’en ai plusieurs plantes» T out ce que plante Jo-laMain-verte se développe comme par magie. Dans sa cuisine, il y a des citronniers, des figuiers et des dattiers. Tous issus de graines et semis prélevés dans les fruits et légumes de tous les jours. Elle vit pourtant sous le même climat que vous et moi, mais appartient à l’étonnante tribu des magiciens de la verdure qui feraient bourgeonner un poteau électrique. Les autres sont-ils déclarés à jamais inaptes à faire germer un pépin de raisin ou un noyau d’avocat, deux cultures pourtant réputées parmi les plus faciles? Sûrement pas. Un petit livre*, béni par la très digne de confiance Royal Horticultural Society, leur livre les clés de la réussite pour faire pousser des plantes exotiques pour l’intérieur ou des maraîchères pour le jardin sans dépenser un sou – ou presque. Entre la spontanéité de l’expérience vécue et les conseils du livre, voici un petit guide pratique pour se lancer. Semis pour jardin en pleine terre Julia, horticultrice et «potagiste» à ses heures, récolte les graines dont elle connaît l’origine et les ressème en pleine terre, dans le potager genevois qu’elle cultive avec une bande de copines. Elle juge sévèrement le jardinier qui se fournit en plantons déjà tout faits, dont la provenance est difficile à établir. «Il se prive du plaisir de la culture totale, menée de bout en bout. Et ne sait pas toujours comment et où les plantons ont été obtenus. En triant les graines de plantes dont on connaît l’origine, par exemple auprès d’obtenteurs locaux qui proposent des espèces anciennes, on fait la nique à tout un marché contrôlé par les grandes firmes grainières qui veulent tout uniformiser. Bien sûr, il faut trier et sélectionner les meilleures!» Ses plus belles réussites: «On relance du maïs, des courges et des haricots, tous hyperfaciles. Et je vais essayer d’enterrer une simple rondelle de tomate comme je l’ai vu faire sur un blog. La culture hors sol de tomates est parmi les plus sophistiquées qui soient: alors la simplicité de la rondelle sous quelques centimètres de terre, ça m’amuse beaucoup. Si ça marche, cela sera ma nouvelle plus belle réussite.» U * «Plantez vos noyaux!» Holly Farrell, Larousse, mars 2016. A faire cette semaine vkimages/Getty Images Semis pour jardin en pots Comment Jo s’y prend-elle? «J’ai toujours fait cela, partout où j’ai vécu, avec ou sans jardin. C’est sans importance puisque je pratique en pots et plutôt à l’intérieur et ne replante pas en pleine terre. Ce qui a le mieux marché jusqu’ici, ce sont les citrons: les pépins germent tout seuls, j’ai plusieurs plantes qui font entre 20 et 30 centimètres. On est encore loin de la récolte, mais je suis patiente! J’ai aussi un mini-poirier, un figuier et un dattier. J’ai mis les figues à tremper, entières, plusieurs jours, et j’ai enfoui le tout dans un pot de terre. Pareil pour les dattes: immersion des noyaux, puis hop, en terre. Ils poussent! J’ai raté une foule d’avocats et je ne sais toujours pas ce qui cloche.» Des échecs qui ne la découragent pas: «Je fais ça parce que je suis une tridouilleuse et que quand ça pousse, cela me fait très plaisir. Et si ça ne pousse pas, ce n’est pas gave. Cela doit être pour moi une forme de méditation active!» Jo, jardinière Pour faire germer grains ou pépins, il suffit souvent d’un peu de terre, d’eau, de lumière et... de patience. Des fruits et des légumes dans la cuisine ou le potager $ Plantes d’intérieur $ Plantes d’extérieur Se munir de petits pots, de terreau, d’eau et disposer d’une situation ensoleillée sur un rebord de fenêtre. - Planter les noyaux de litchis (2 mètres de haut en trois ans!), de papaye (sous cellophane jusqu’à la germination), les pépins d’agrumes, les cacahuètes… - Tremper les noyaux d’avocat, de datte (fraîches!) et de mangue plusieurs jours (21 jours à 20 degrés pour la mangue) et inciser le noyau au couteau avant plantation. Ils ressembleront un jour à des arbres. - Laisser fermenter les grains des fruits de la passion plusieurs jours dans leur pulpe, loin des nez sensibles, puis les mettre en terre et laisser grimper aux fenêtres. - Pour les experts: le fruit du dragon ou pitaya, fruit d’un cactus épiphyte aux fleurs énormes. Si l’extraction des graines minuscules n’a pas d’emblée découragé, cela ne peut que marcher ensuite! - A repiquer en pleine terre une fois que la plantule est assez solide: melon, courge, pastèque, kiwi, grenade (bien ôter la pulpe avant le semis), piment, fraise… - A partir d’une tomate: dans une soucoupe, laisser fermenter les grains dans leur pulpe jusqu’à moisissure et autres bulles. Verser dans un bocal avec de l’eau, secouer et ne garder que les graines qui restent au fond. - Pour le verger (avec beaucoup de patience!): les pépins de pommes, de poires, les noyaux de pêches et de nectarines doivent passer l’hiver dans leur godet, soit dehors, soit 6 à 8 semaines au frigo, dans un terreau maintenu humide. Prunes et abricots ne germent parfois qu’après 18 mois! - Pour la tonnelle: semer les pépins de raisin en godet en automne, laisser dehors tout l’hiver ou au moins six semaines au frigo. La vigne pousse parfois. Ou pas. $ Les tomates rejoignent enfin le potager. Préparer un trou au double de la dimension de la motte et y enfoncer fermement un tuteur. Cisailler une poignée d’orties non montées en graines, les disposer au fond, couvrir d’une petite pellée de terre meuble. Incliner le pied de tomate à 45 degrés vers le tuteur et enterrer les 10 premiers cm de sa tige; il y gagnera en vigueur. Sans forcer, courber la tige restante et la fixer au support. Ne reste plus qu’à attendre les «pommes d’amour». $ Les géraniums arrivent dans les bacs et jardinières. Mélanger les variétés pour le plaisir des yeux et du nez. Le feuillage des pélargoniums, tout en nuances, exhale le camphre et le menthol. Et le géranium-lierre attirera un papillon aux allures de colibri qui déroule sa pompe à nectar en faisant du surplace devant chaque fleur. $ Plein soleil après la pluie, les pucerons adorent. Pas de panique. Avec un peu de patience, coccinelles, syrphes, mésanges et autres fauvettes s’en régaleront sans limites – alors que les traitements insecticides tueront aussi ces utiles prédateurs. Mieux vaut donc troquer le pulvérisateur contre une bonne loupe, vous n’en croirez pas vos yeux! G. V. ..................................................... Entre chiens et chats La chronique des animaux domestiques vertraut - Fotolia Argh, le canapé retrouve du poil de la bête Le printemps est, avec l’automne, un des deux moments de l’année où le chat mue. De quoi agacer ses proches à deux pieds. L’hirondelle n’est pas seule à annoncer le printemps. Les fauteuils et les tapis qui tournent au gris sous les poils accumulés si finement qu’on les dirait brodés à même le tissu, les minons géants qui se reforment à peine on les a époussetés et qui volettent sur le parquet à chacun de nos passages le rappellent: sous l’effet de l’allongement des jours, le chat de la maison qui peut sortir est en train de muer. Contrôle qualité Ses nouveaux poils poussent en accéléré, d’environ 3 mm chaque décade, forçant les anciens à la chute. Et ils sont nombreux, ses poils: de 800 à 1600 par cm2 chez les races les plus fournies! Les chats d’intérieur, abrités des effets du soleil, ne vivent pas de mues nettes, ils renouvellent leur pelage régulièrement tout au long de l’année. Grâce à sa langue râpeuse, le félin élimine lui-même les deux tiers de ses poils morts. On a évalué qu’en période de mue un individu de 5 kilos pouvait en avaler 500 mg chaque jour. Sur une année, il ingurgite un volume total variant entre 1,5 l à 3 l! Ce qui lui pose parfois des problèmes: des boules de poils, appelées tri- chobézoards, se forment dans son estomac. Si elles ne sont pas régurgitées, elles peuvent ralentir le transit, voire provoquer des occlusions intestinales. C’est pourquoi il est important de bien observer son compagnon en période de mue. Des vomissements répétés, des alternances diarrhée-constipation, une perte d’appétit ou un manque d’énergie doivent alerter. Et le vétérinaire être consulté. Mais rien ne vaut la prévention: une alimentation enrichie en fibres limite la formation des boules et facilite leur évacuation. Et, last but not least, le brossage – quotidien si le chat est de race à poils longs comme le norvégien ou le persan, heb- domadaire s’il est à poil court – soulagera autant votre animal que votre intérieur. Si le mal est fait, si vos meubles rembourrés et vos tapis douillets sont déjà envahis par les souvenirs pileux de votre minet préféré, pas de panique. Il existe des trucs tout simples pour en venir à bout sans (trop) s’énerver: outre l’aspirateur (encombrant), les rouleaux adhésifs (vite épuisés), l’éponge ou le gant de toilette mouillés (qui mouillent le tissu justement), essayez le bas-collant usagé que vous aurez enfilé sur votre main ou encore le gant de vaisselle que vous passerez sur les zones critiques. Vous verrez, leur efficacité est au poil! Nicole Payot