B1. Diversité sociale et linguistique des élèves de l

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B1. Diversité sociale et linguistique des élèves de l
No 18 – Décembre 2015
201X
L’enseignement à Genève
REPÈRES ET INDICATEURS STATISTIQUES
B1. Diversité sociale et linguistique des élèves de l’enseignement public
G
enève est un canton-ville cosmopolite qui, par sa situation géographique et sa dynamique économique, est
ouvert sur l'extérieur. Les migrations jouent un rôle prépondérant dans son évolution démographique et le paysage
multiculturel se transforme régulièrement, les pays d'origine des flux migratoires variant au cours du temps,
s’inscrivant tour à tour dans des contextes de besoin de main-d'œuvre (qualifiée ou non), de regroupement familial (qui a
particulièrement concerné les familles portugaises à la fin des années 1980) ou humanitaire (accueil de réfugiés, comme
par exemple l’arrivée des populations d’origine balkanique dans les années 1990). La présence de nombreuses
organisations internationales attire également une importante population étrangère, mais cette communauté internationale
scolarise plutôt ses enfants dans l’enseignement privé (voir fiche B4. Caractéristiques de l’enseignement privé, à paraitre).
Le Conseil d’État a fixé comme objectif pour l’enseignement obligatoire de « permettre à chaque élève d’atteindre le seuil
de maîtrise des attentes fondamentales définies dans le plan d’études romand (PER) ». Le défi qui se pose est de prendre
en compte la diversité culturelle et linguistique des élèves tout en assurant l’apprentissage et la maîtrise du français. Une
des conditions nécessaires à une intégration socioculturelle réussie est d’offrir les meilleures chances de réussite aux
élèves migrants ou issus de l’immigration, compte tenu du fait que certains d’entre eux ne parlent pas la langue française à
leur arrivée à Genève.
En 2014, 43% des élèves déclarent une autre langue que le français comme première langue
En 2014, 43% des élèves scolarisés à Genève dans l’enseignement public obligatoire (primaire et cycle d'orientation [CO])
sont considérés comme allophones (voir « Pour comprendre ces résultats »). Cette proportion a augmenté depuis 2000,
même si la hausse a été modeste entre 2005 et 2014 (voir B1.a).
Les langues étrangères les plus parlées par les élèves allophones de l’enseignement public sont le portugais, l’espagnol et
les langues balkaniques, dans des proportions qui restent à peu près stables entre 2000 et 2014. Les « autres langues »
ont, quant à elles, progressé de 9% à 13% sur la même période, signe d’une plus grande diversité linguistique au sein des
écoles publiques genevoises.
B1.a Répartition des élèves scolarisés dans l'enseignement public obligatoire, selon la première langue parlée, 2000-2014
2014
57%
2010
58%
2005
2% 6%
2% 6%
59%
2000
3%
62%
0%
10%
Français
20%
Allemand
30%
Italien
12%
40%
Espagnol
50%
60%
Portugais
Anglais
13%
7%
3%
3% 6%
2% 6%
13%
6%
70%
13%
12%
2% 5%
12%
80%
Langues balkaniques
2% 5%
10%
9%
90%
100%
Autres langues
N.B. Enseignement public obligatoire : enseignement primaire (1P à 8P HarmoS, y compris les élèves de l'école climatique genevoise de Corbeyrier [VD]) et
secondaire I (CO) ; élèves scolarisés dans les écoles du canton, indépendamment de leur lieu de domicile.
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Diversité linguistique des élèves : une répartition spatiale inégale
Les petites communes rurales comptent en général peu d’enfants ayant une autre première langue que le français dans
leur population. À l’inverse, la Ville de Genève et les autres communes urbaines de plus de 10'000 habitants connaissent
une diversité linguistique et culturelle élevée. Ainsi, la moitié des élèves résidant en Ville de Genève et scolarisés dans
l’enseignement obligatoire public ont une autre langue que le français comme première langue parlée (la proportion variant
toutefois de 39% dans le quartier de Champel/Malagnou à 57% dans celui de Pâquis/Sécheron et 58% pour
Acacias/Bâtie) ; c’est le cas de 55% des élèves résidant à Meyrin et de 58% à Vernier (voir B1.b).
Pregny-Chambésy est, en 2014, un cas un peu atypique. Commune plutôt aisée et de taille modeste, dont le taux de
scolarisation dans le privé est le deuxième plus important du canton (voir fiche A2. Effectifs - Disparités territoriales), elle
compte également parmi celles ayant la plus grande part d'allophones dans l’enseignement obligatoire public. Il s'agit d'une
population issue en grande partie de milieux favorisés (46% d'enfants de cadres supérieurs et dirigeants). On peut
supposer qu'il s'agit en bonne partie d'enfants d'employés des organisations internationales dont l’implantation
géographique est proche, qui n'ont pas opté pour l'enseignement privé.
B1.b Proportion d’élèves allophones dans l'enseignement public obligatoire, selon la commune de domicile et le quartier
(pour la Ville de Genève), 2014
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Depuis 2010, la population allophone résidant dans le canton et scolarisée dans l’enseignement obligatoire public a
globalement peu augmenté sur l’ensemble du territoire cantonal (voir B1.c). Ce sont plutôt des communes dans lesquelles
la proportion d’allophones était parmi les plus basses en 2010 qui l'ont vue augmenter (comme Presinge, Vandoeuvres,
Aire-la-Ville, Veyrier, Chancy, Bardonnex), à l’exception de Versoix dont la proportion d’allophones parmi les élèves
domiciliés, déjà importante en 2010, a progressé de plus de 4 points (passant de 41% à plus de 45% en 2014).
En Ville de Genève, la proportion d’élèves allophones est globalement stable depuis 2010, mais des variations s’observent
selon les quartiers : elle est en nette hausse dans le quartier de Cité/Eaux-Vives, et a au contraire diminué dans d’autres
quartiers (principalement Pâquis/Sécheron, Plainpalais/Jonction, Acacias/Bâtie).
B1.c Variation de la proportion d’élèves allophones dans l'enseignement public obligatoire, selon la commune de domicile et
le quartier (pour la Ville de Genève), 2010-2014
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Origine linguistique et origine sociale sont souvent liées
Les élèves de l’enseignement public obligatoire qui ont une autre langue que le français comme première langue parlée
sont majoritairement issus de milieu modeste ou défavorisé (53% contre 24% pour les francophones). C'est tout
particulièrement vrai pour les élèves de langue portugaise (73%) ou balkanique (67%) (voir B1.d).
Cependant, la part d'élèves de milieu modeste ou défavorisé parmi les allophones a fortement diminué entre 2000 et 2014
(passant de 62% à 53%), tandis qu'a augmenté celle des élèves issus des classes moyennes ou supérieures, ceci quelle
que soit la première langue parlée, à l'exception notable de l'anglais.
En effet, parmi les anglophones, la part des élèves de milieu modeste ou défavorisé est en hausse entre 2000 et 2014.
Cette évolution pourrait être due au fait que, sur la même période, la part des anglophones ayant une nationalité
européenne a diminué (de près de 4%) tandis que la part de ceux provenant de régions du monde moins riches
(principalement d'Afrique) a augmenté.
2
B1.d Répartition des élèves de l'enseignement public obligatoire, selon la première langue parlée et la catégorie
socioprofessionnelle des parents, 2000 et 2014
2000
Cadres
supérieurs
et dirigeants
Français
22.8%
Autres langues
11.4%
dont Allemand
40.6%
Italien
11.3%
Espagnol
10.7%
Portugais
1.7%
Anglais
40.2%
Langues balkaniques*
2.3%
Autres langues
19.9%
Total
18.5%
* Serbo-croate, serbe, croate, albanais, bosniaque.
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Employés et
cadres
intermédiaires
52.7%
26.2%
44.7%
32.8%
33.9%
17.3%
48.8%
9.8%
31.6%
42.6%
Ouvriers,
divers et sans
indication
24.5%
62.4%
14.6%
55.9%
55.4%
80.9%
11.0%
87.9%
48.6%
38.9%
Total
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
2014
Cadres
supérieurs
et dirigeants
22.4%
14.4%
58.0%
25.6%
12.9%
3.7%
36.0%
5.5%
21.1%
19.0%
Employés et
cadres
intermédiaires
53.8%
32.3%
37.5%
45.3%
35.0%
22.8%
48.9%
27.8%
36.3%
44.5%
Ouvriers,
divers et sans
indication
23.8%
53.3%
4.5%
29.1%
52.0%
73.5%
15.1%
66.7%
42.6%
36.5%
Total
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Francophones et élèves de milieu favorisé, surreprésentés dans la filière du CO la plus exigeante
La première langue parlée et l'origine sociale ont un effet marqué sur la réussite scolaire des élèves du primaire et sur leur
orientation en fin de 8P (voir fiches D2. Transitions entre l’enseignement primaire et secondaire I et F2. Compétences
des élèves en fin de 8P). Il n’est donc pas surprenant qu’au CO, le profil linguistique et social des élèves diffère selon la
filière suivie : les francophones sont surreprésentés dans la filière aux exigences scolaires les plus élevées, à savoir le
regroupement 3 (R3) et la section littéraire-scientifique (LS), et sont sous-représentés dans les autres (voir B1.e).
Moins les exigences scolaires d’une filière sont élevées, plus la part d'allophones y est importante, celle-ci variant de 35%
en R3/LS à 63% dans les classes-atelier. Des différences comparables s'observent du point de vue de la catégorie
socioprofessionnelle : les enfants de milieu modeste sont proportionnellement deux fois plus nombreux parmi les élèves de
R1/CT (58%) que parmi ceux de R3/LS (28%) (voir B1.f).
B1.e Répartition des élèves du cycle d'orientation, selon la filière et la première langue parlée, 2014
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
43%
5%
27%
24%
1%
Classes
d'accueil
(3%)
15%
7%
13%
10%
14%
8%
32%
25%
21%
9%
8%
15%
4%
10%
6%
15%
6%
15%
7%
8%
Autres langues
Langues balkaniques
Portugais
Espagnol
37%
43%
49%
Classes
atelier
(1%)
R1
Section CT
(10%)
R2
Section LC
(23%)
65%
57%
R3
Section LS
(63%)
Ensemble
du CO
(100%)
Français
(part des effectifs)
N.B. Nouvelle organisation du CO :
voir « Pour comprendre ces résultats »
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
B1.f Répartition des élèves du cycle d'orientation, selon la filière et la catégorie socioprofessionnelle des parents, 2014
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
28%
75%
70%
58%
38%
51%
50%
17%
8%
Classes
d'accueil
(3%)
24%
6%
Classes
atelier
(1%)
36%
45%
41%
6%
8%
R1
Section CT
(10%)
R2
Section LC
(23%)
22%
17%
R3
Section LS
(63%)
Ensemble
du CO
(100%)
Ouvriers, divers et
sans indication
Employés et cadres
intermédiaires
Cadres supérieurs
et dirigeants
N.B. Nouvelle organisation du CO :
voir « Pour comprendre ces résultats »
(part des effectifs)
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
La différenciation des parcours selon l'origine linguistique et sociale se poursuit au secondaire II
Les élèves francophones sont proportionnellement nettement plus nombreux dans la filière gymnasiale, dont ils
représentent 67% des élèves en 2014, que dans les autres filières de formation (voir B1.g). Entre 2000 et 2014, la part des
élèves allophones a augmenté dans toutes les filières de l'enseignement secondaire II public, à l'exception des structures
d’accueil et d’insertion où leur part, déjà très élevée en 2010, est restée stable (environ 77%). La part des élèves
allophones est ainsi passée de 38% à 45% dans la formation professionnelle à plein temps en école, et de 29% à 33%
dans la filière gymnasiale.
3
Parmi les élèves allophones scolarisés dans l’enseignement secondaire II, la part de ceux dont la première langue est le
portugais ou une langue balkanique a progressé (respectivement, de 9% à 14% et de 2% à 6% entre 2000 et 2014).
L’augmentation du nombre de lusophones est toutefois particulièrement marquée dans les structures d'accueil et
d’insertion, où leur part a presque doublé en 14 ans, alors que les élèves de langue balkanique sont, quant à eux, en recul
dans ces structures, tandis que leur part augmente dans toutes les autres filières du secondaire II, et notamment dans la
formation professionnelle à plein temps en école.
B1.g Répartition des élèves de l'enseignement secondaire II public, selon la filière suivie et la première langue parlée, 2000 et 2014
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
36%
28%
16%
3%
8%
6%
17%
4%1%
6%
8%
14%
12%
6%
14%
3%
18%
19%
8%
8%
57%
55%
2000
2014
15%
19%
17%
8%
13%
8%
3%
13%
7%
6%
16%
62%
55%
58%
55%
2000
2014
2000
2014
18%
2%
9%
9%
16%
18%
2%
9%
7%
6%
14%
7%
6%
28%
15%
13%
12%
22%
23%
2000
2014
Accueil, insertion
ou transition
71%
2000
67%
2014
Formation
gymnasiale
Français
Espagnol
Formation de
culture générale
Form. prof.
plein temps
Portugais
Langues balkaniques
Form. prof.
duales
63%
58%
2000
2014
Ensemble
Secondaire II
Autres langues
N.B. Les formations pour adultes ne
sont pas comprises.
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Du point de vue de la composition sociale de la population scolaire, l'évolution la plus marquée concerne les structures
d'accueil et d’insertion, où les jeunes de milieu modeste ou défavorisé, déjà très nombreux en 2000, le sont encore plus en
2014 (de 63% à 72%) (voir B1.h).
Dans la filière gymnasiale, on observe une légère hausse de la part des jeunes de milieu modeste et de la classe moyenne,
tandis que les élèves des classes moyenne et supérieure sont en augmentation dans la filière de culture générale, dont
l’attrait a augmenté avec la redéfinition des normes d’admission et la création de la maturité spécialisée.
B1.h Répartition des élèves de l'enseignement secondaire II public, selon la filière suivie et la catégorie socioprofessionnelle
des parents, 2000 et 2014
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
20%
63%
22%
41%
45%
45%
43%
8%
10%
14%
2000
2014
2000
44%
54%
38%
40%
42%
43%
19%
17%
2000
2014
55%
49%
24%
23%
2000
45%
72%
47%
13%
49%
33%
2014
2000
37%
37%
12%
9%
8%
2014
2000
2014
30%
6%
Accueil, insertion
ou transition
44%
2014
Formation
gymnasiale
Cadres supérieurs et dirigeants
Formation de
culture générale
Form. prof.
plein temps
Employés et cadres intermédiaires
Form. prof.
duales
Ensemble
Secondaire II
Ouvriers, divers et sans indication
N.B. Les formations pour adultes ne
sont pas comprises.
Source : SRED/nBDS/État au 31.12.
Bernard Engel, Odile Le Roy-Zen Ruffinen
(éd. Narain Jagasia)
Pour comprendre ces résultats
Élève allophone : élève ayant déclaré une autre langue que le français comme première langue parlée. Même si l’élève le parle
couramment en 2014, le français est vraisemblablement pour lui une langue seconde, apprise après une autre langue (voire après
plusieurs langues).
Première langue parlée : l’information recueillie est celle qui a été renseignée par les parents sous l’item « langue maternelle (première
langue parlée) » lors de l'inscription de l'élève. Il s'agit souvent de la langue parlée couramment à la maison, mais les données récoltées
ne permettent pas de déterminer si cette langue est parlée en plus ou à la place du français dans la communication familiale et si l’élève
parle couramment d’autres langues.
Cycle d'orientation : une nouvelle organisation du CO est en vigueur depuis la rentrée 2011. En classe de 9e, les élèves sont orientés
dans trois regroupements (R1, R2 et R3) échelonnés dans leurs exigences scolaires (le R3 étant réservé aux meilleurs élèves). Les 10e et
11e années sont organisées en trois sections (communication et technologie [CT], langues vivantes et communication [LC], littéraire et
scientifique [LS]) qui offrent des possibilités différentes d’orientation au secondaire II. Compte tenu de cette nouvelle organisation, il n'est
pas possible de comparer les filières avec celles des années 2010 et antérieures.
Lien vers les données : http://www.ge.ch/recherche-education/ris/
Département de l’instruction publique, de la culture et du sport
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