téléchargez mon petit guide des arbres
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Journées Européennes du Patrimoine 20-21 septembre 2014 « Patrimoine culturel, Patrimoine naturel ». Quelques éléments pour la symbolique des arbres du Jardin des Oules Qui que tu sois : quand vient le soir, sors de ta chambre où tu sais tout ; au bord de l’horizon ta demeure est ultime : Qui que tu sois, De tes yeux qui, las, ont du mal à quitter le seuil élimé, lentement tu dresses un arbre noir face au ciel : svelte et seul. Et tu as fait le monde. Un monde immense, semblable au mot qui dans le silence mûrit. Et comme ton vouloir saisit sa raison d’être, tes yeux tendrement le libèrent… Rainer Maria Rilke Le livre d’images (Exorde) La symbolique de l’arbre est une symbolique très riche qui se retrouve d’un arbre à un autre, avec des nuances et quelques particularités. L’arbre est symbole de la vie, en perpétuelle évolution, en ascension vers le ciel, il évoque tout le symbolisme de la verticalité. D’autre part, il sert aussi à symboliser le caractère cyclique de l’évolution cosmique : mort et régénération ; les feuillus surtout évoquent un cycle, eux qui se dépouillent et se recouvrent chaque année de feuilles. L’arbre met en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s’enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirées par la lumière du ciel. Parce que ses racines plongent dans le sol, et que ses branches s’élèvent dans le ciel, l’arbre est universellement considéré comme un symbole des rapports qui s’établissent entre la terre et le ciel. Il possède en ce sens un caractère central, à tel point que l’Arbre du Monde est un synonyme de l’Axe du Monde. Figure axiale, il est tout naturellement le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible. L’acacia et le robinier (faux-acacia) : n°1 On voit partout l’acacia lié à des valeurs religieuses, comme une sorte de support du divin, dans son aspect solaire et triomphant. Arbuste au bois dur, presque imputrescible, aux épines redoutables et aux fleurs de lait et de sang, il est un symbole solaire de renaissance et d’immortalité. Exemples : Dans la religion juive : l’arche d’alliance est faite de bois d’acacia plaqué d’or. Dans le christianisme : la couronne d’épines du Christ aurait été tressée d’épines d’acacia. En Afrique, en Inde, l’acacia rejoint l’idée d’initiation et de connaissance des choses secrètes. Le févier d’Amérique : n°2 De la même famille que les acacias, avec des épines encore plus longues, le févier d’Amérique est très présent au Jardin des Oules. Appelé, entre autres, « Epine du Christ », il porte le même symbole solaire et divin. L’épine évoque l’idée d’obstacle, de difficulté, de défense extérieure, et en conséquence un abord revêche et désagréable. L’épine est une défense naturelle de la plante mais son symbolisme est axial et solaire ; ainsi, la couronne d’épines du Christ est souvent représentée, en art, comme une couronne à rayons, la difficile Passion devenant rayonnement (Résurrection Rédemptrice). Les fèves symbolisent les prémices de la terre, l’embryon : elles ont fait partie des rites de fécondité, fruits sacrifiés au cours des offrandes rituelles à l’occasion des labours et des mariages. L’acanthe : n°3 Le symbolisme de la feuille d’acanthe, très utilisé dans les décorations antiques et médiévales, dérive essentiellement des piquants de cette plante. Elle est surtout utilisée en architecture funéraire pour indiquer que les épreuves de la vie et de la mort, symbolisés par les piquants de la plante, étaient victorieusement surmontées. Elle orne les chapiteaux corinthiens, des chars funéraires, des vêtements des grands hommes, parce que les architectes, les défunts, les héros ont triomphé des difficultés de leurs tâches. L’arbre à caramel : (ou arbre à pain d’épice ou arbre à gâteau) n°4 Il est appelé arbre caramel car ses feuilles à l'automne sont parfois parfumées lorsqu'elles jonchent le sol (une odeur de pain d’épice et de caramel quand on les froisse). Cet arbre est originaire du Japon et de la Chine. L'intérêt pour cet arbre est son feuillage. Certes caduc, il change de couleur tout au fil des saisons. Les feuilles sont en forme de cœur avec un pétiole rouge. Elles sont d'abord vert tendre au printemps et en été, puis changent de couleur l'automne venu. Elles deviennent alors jaunes, dorées, oranges puis pourpres. L'arbre caramel est de croissance rapide et peut mesurer une quinzaine de mètres de hauteur. Symbole : rien de particulier sinon cycle de la vie (feuilles et fleurs caduques), sensualité (odeur, couleurs). L’arbre aux mouchoirs : n°5 Le nom d'arbre aux mouchoirs, ou arbre aux pochettes, vient de ses fleurs dont l'apparence évoque ces tissus. Les anglais l’appellent Dove tree, «arbre aux colombes », car les deux grandes bractées blanches qui entourent la fleur miment l’oiseau prêt à s’envoler. Arbre très attrayant et décoratif : quand on peut lui offrir un milieu adapté à ses exigences, sa floraison étonnante, qui ne survient que plusieurs années après la plantation, récompense largement la patience du jardinier. Il peut donc être le symbole de la beauté rare et cachée que l’on ne découvre qu’en ayant de la patience. Le bambou : n°6 Au Japon, le bambou est, avec le pin et le prunier une plante de bonne augure. La peinture du bambou est plus qu’un art : c’est un exercice spirituel comme la calligraphie (la rectitude de ses branches, la perfection de son élan vers le ciel, le bruissement de son feuillage, le vide de ses entre-nœuds, symbolisent la démarche intérieure). Le buis : Le buis consacré dans l’Antiquité à Hadès ou à Cybèle, était et demeure un symbole funéraire, en même temps que d’immortalité, parce qu’il est toujours vert. Parce qu’il est, en outre, un bois dur et compact, le buis symbolise la persévérance. Le chêne : n°7 Arbre sacré dans de nombreuses traditions, le chêne est investi des privilèges de la divinité suprême du ciel, sans doute parce qu’il attire la foudre et qu’il symbolise la majesté. Il indique particulièrement solidité, puissance, longévité, hauteur, au sens spirituel autant que matériel. Il est synonyme de force et figure par excellence de l’arbre ou de l’axe du monde) (instrument de communication entre le Ciel et la Terre). Le cyprès : Arbre sacré chez de nombreux peuples ; grâce à sa longévité et à sa verdure persistante, il est nommé arbre de vie. Chez les Grecs et les Romains, il est en rapport avec les divinités de l’enfer (lié au culte de Pluton, dieu des enfers) ; arbre des régions souterraines, il est un arbre funéraire qui orne les cimetières, principalement sur le pourtour méditerranéen (symbolisme général des conifères qui par leur résine incorruptible et leur feuillage persistant évoquent l’immortalité et la résurrection). Symbole des vertus spirituelles, il est l’arbre de la bonne odeur, celle de la sainteté. Le cyprès chauve : n°8 Appelé aussi cyprès de Louisiane, il a des feuilles caduques, ce qui est rare pour un conifère. Il a une longévité remarquable. Il peut devenir très grand. Son bois est très dur. Il porte sur le même arbre, fleurs et cônes mâles et femelles. Il peut être qualifié de « préhistorique » car ses ancêtres vivaient déjà au Crétacé inférieur (200 millions d’années). Il est donc symbole de vie par excellence voire de l’origine de la vie. Une légende mexicaine, proche de celle du déluge biblique, présente le couple humain, Coxcox et Xochiquetzal, « sauvé des eaux » en dérivant sur un radeau ou un canot en bois de cyprès chauve (cf. l’arche de Noé), puis une fois les eaux retirées, devenir les parents de l’humanité actuelle. Le désespoir des singes : n°9 Ce conifère au nom d’araucaria est originaire de la Cordillère des Andes ; son surnom "désespoir des singes" s'explique par ses feuilles en écailles acérées et son tronc ridé, résineux, rugueux qui empêchent son escalade par les singes. Espèce protégée. Arbre national du Chili, il est arbre de vie, nourricier (ses pignons se mangent grillés) et symbole de la liberté d’un peuple, de la résistance à l’oppression comme l’a chanté le poète Pablo Neruda dans son Ode à l’araucaria. L’érable plane : n°10 Il symbolise l’indépendance, la liberté, la réserve, et le sens de l’observation. Pour les druides, une bonne étoile veillait sur la destinée de leurs protégés car l’érable était le messager des dieux. On dit que s’allonger sous cet arbre sert à regonfler les esprits lassés des multiples épreuves de l’existence. En Chine et au Japon la Feuille d'Érable est un symbole bien connu des amoureux. Les colons Nord-Américains avaient pour habitude de placer les feuilles d'érable au pied de leur lit pour éloigner les démons et encourager le plaisir sexuel ainsi que le sommeil paisible. Également dans la région Nord-Américaine, on peut observer la cigogne tisser les branches d'érable dans des nids - ainsi, l'érable devint un symbole de l'amour trouvé dans l'accueil d'un nouvel enfant dans la maison. La feuille qui est sur le drapeau du Canada est la feuille d'érable. L’érable faux-platane ou sycomore : n°11 Feuilles moins acérées que chez l’érable plane mais tronc plus foncé, ligneux, s’écaillant en larges plaques. Le Sycomore est symbolique du chagrin d'amour dans le théâtre shakespearien, et plus largement, dans le théâtre élisabéthain. Cela proviendrait du jeu de mot Sickamour (sick : malade en anglais). Le figuier : n°12 Avec l’olivier, la vigne, le figuier symbolise l’abondance. Mais il a aussi un aspect négatif : desséché, il devient arbre mauvais et dans la symbolique chrétienne, il représente la Synagogue qui n’ayant pas reconnu le Messie ne porte plus de fruits. Le figuier symbolise également la science religieuse (Egypte, Ancien et Nouveau Testament). Dans toute l’Asie, il est symbole de puissance et de vie, d’immortalité et de connaissance supérieure. Arbre sacré des traditions indo-européennes, il est fréquemment associé à des rites de fécondité. Le ginkgo biloba : ou arbre aux mille écus n°13 Le Ginkgo est un phénomène, un objet de vénération, un arbre sacré d’Orient, un symbole de l’unité des opposés, d’invariabilité, jouissant d’une puissance miraculeuse, porteur d’espoir et d’un passé incommensurable, un symbole d’amour. Et en raison de toutes ses propriétés, il est associé à la longévité. Symbole de longévité (certains spécimens ont entre 1000 et 2000 ans d'âge), il est considéré comme un véritable "fossile vivant". C'est Darwin qui lui donna ce qualificatif, et d'ailleurs il le prit pour exemple afin d'illustrer sa théorie de l'évolution. Le ginkgo fit son apparition il y a 250 millions d'années, à la fin de l'ère primaire. Il a connu les dinosaures, il les a même précédés sur le globe terrestre. Il est actuellement le doyen des arbres. L’if : Arbre funéraire (monde celtique), il est aussi arbre militaire (fabrication de boucliers et de lances). Mais, la symbolique la plus évidente est celle de la toxicité de ses fruits. Le laurier : n°14 Le laurier est lié, comme toutes les plantes qui restent vertes en hiver, au symbolisme de l’immortalité d’où l’emblème de la gloire aussi bien des armes que de l’esprit (romains) Le marronnier : n°15 Les marronniers sont considérés comme des arbres protecteurs et bienfaisants. La feuille, quant à elle, a inspiré les artistes et notamment dans l’art Nouveau et plus spécialement l’Ecole de Nancy (Eugène Vallin, Georges Biet, Paul Guth, Daum, Louis Guingot…). Il existe aussi une sorte de marronnier, bien connue des journalistes. En effet, un « marronnier » désigne un événement occasionnant un article récurrent (le muguet du 1er mai, la rentrée scolaire, les sapins de Noël…). L’origine de cette appellation végétale serait due à un journaliste d'un grand quotidien national dont les fenêtres donnaient sur le jardin des Tuileries. Dans celui-ci, un marronnier déployait systématiquement ses feuilles une quinzaine de jours avant les autres. Ce décalage saisonnier fut alors régulièrement observé par son entourage. Le « marronnier » était né et passait à la postérité. Le micocoulier : n°16 Dès le Moyen Age, associé à la religion, le micocoulier était planté à côté d’une chapelle, d’une église (il servait souvent de clocher) : de ce fait, il devint souvent arbre à palabre du village. Les prieurés, les monastères, du sud de la France principalement, s’entouraient volontiers de micocouliers, pour son aspect « sacré » mais aussi pratique (fabrication de fourches, de manches d’outils). L’olivier : n°17 Très grande richesse symbolique : paix, fécondité, purification, force, victoire et récompense. Le pin : Symbole d’immortalité, s’expliquant à la fois par la persistance de son feuillage et l’incorruptibilité de sa résine, le pin apparaît dans l’art comme un symbole de la puissance vitale. Il peut être encore le symbole d’une force inébranlable forgée tout au long d’une vie de difficiles combats quotidiens par des femmes et hommes qui ont su conserver intactes leurs pensées malgré les critiques qui les entouraient (le pin lui-même sort vainqueur des assauts du vent et de la tempête). Le pistachier lentisque : n°18 D'après le professeur Loret le sonter, ou " l'odeur divine ", ou " 'odeur qui plaît aux dieux " des anciens Egyptiens n'était autre que la résine de différentes espèces de Pistacia, que l'on offrait en fumigation aux dieux. Il n'y avait pas un seul rituel du culte dans les temples d'Egypte et lors des funérailles qui ne demandent un encensoir et des encensements. " J'ai planté des arbres à sonter divin sur ton esplanade " (de Thèbes), proclame Ramsès III dans le grand papyrus de Harris. Ces fumigations de mastic, à la fois douceâtres et grisantes, montaient directement au cerveau et agissaient sur les prêtres et les fidèles à la façon d'une drogue, avec un effet euphorisant et stupéfiant à la fois. Nul doute qu'elles les rendaient plus ouverts à la communication avec les dieux et à la contemplation (symbolique de la sagesse en correspondance avec le divin). Le platane : n°19 Arbre de vie, la mythologie et la symbolique du platane commun sont rattachées au platane d'Orient : - le Platane est associé à Gaïa (déesse mère de la Terre chez les Crétois et les Grecs) et à Tanit (déesse de la fertilité chez les Carthaginois), car sa feuille en forme de main est la manifestation de la présence divine. Dans la mythologie grecque, le platane est un symbole de la régénération (l'écorce se régénère, par plaques, comme la peau du serpent). - le caducée des médecins, attribut du dieu grec guérisseur Asclepios, est une baguette de platane ailée autour de laquelle s'enroulent deux serpents (similitude entre la mue annuelle de son écorce et celle de la peau de l'animal). -dans la tradition sikh, le sâdhu Baba Sri Chang planta un jour un tison en terre, d'où sortit un platane : « si d'un tison on peut faire naître un arbre, alors d'un homme ordinaire on doit bien pouvoir faire jaillir le divin ». Le tilleul à petites feuilles et le tilleul à grandes feuilles : n°20 et n°21 Arbre sacré en Grèce et Egypte anciennes. Le tilleul a souvent un caractère féminin en lien avec la fécondité et l'amour maternel, probablement par analogie avec ses fleurs parfumées qui ont des vertus adoucissantes (mythologie grecque, celtes et Germains). La religion chrétienne accorde au tilleul un caractère sacré, dû à l'odeur de ses fleurs. On en plantait près des églises au Moyen-Âge. Arbre de justice : dans l'Est de la France et les pays germaniques, on débattait des affaires publiques et on rendait la justice à l'ombre du tilleul. Arbre de la liberté : il fut l'un des arbres choisis en 1792 pour incarner les valeurs de la Révolution française. Symbole de l'amitié, de la fête, le tilleul occupe encore les places de village ou les cours des écoles en signe de protection. N’oubliez pas de voir ou revoir les 4 sculptures monumentales contemporaines déjà en place : Figuiers de Barbarie de Charles et Claire Eissautier, Veilleur de jour de Michel Wohlfahrt, Déités de Pablo Castillo, Paysage urbain de Guy Honoré. La 5e sculpture, la Girafe Victorine (de Charlotte Poulsen) sera installée les 24 et 25 septembre prochains.