La rosace du temple d`Apples

La rosace de l’église d’Apples
Quelle surprise! Voici qu'apparaît presque miraculeusement cette rosace en ce début de 21e
siècle, où le matérialisme a de plus en plus de pouvoir, où nous sommes submergés par des
flots d’informations, et où les valeurs spirituelles se perdent. Où allons-nous ?
Et voilà que la rénovation de notre temple a remis à jour cette magnifique rosace, murée en
1957, et qui nous transmet un message de la plus haute importance à travers son symbolisme.
Mais d’abord, qu’est-ce un symbole ? C’est la représentation concrète d’une notion abstraite,
comme le cœur est le symbole de l’amour. Mais on peut élargir cette notion, en disant qu’un
symbole exprime de manière concrète une notion que notre intelligence rationnelle ne peut
pas comprendre et analyser, une notion que seule notre intuition peut saisir. Aussi, un
symbole donné peut avoir pour chacun de nous qui le méditons une autre signification, selon
la sensibilité individuelle. Essayons-donc de décrypter ce message.
En fait, il s’agit d’un synthème, c.à.d. d’un assemblage de symboles qui ensemble
transmettent un message. Et comme pour comprendre une phrase il faut d'abord connaître la
signification des mots qui la compose, voyons ce que peuvent signifier les différents symboles
de notre rosace.
Commençons par le carré : le carré est l’une des figures géométriques le plus fréquemment et
le plus universellement employée dans le langage des symboles. On le trouve aussi bien chez
les indous, les inca, les amérindiens ou encore chez les peuhls et autres peuples d’Afrique. Il
est le symbole de la terre, par opposition au ciel, mais aussi, à un autre niveau, il est le
symbole de l’univers créé, terre et ciel, par opposition à l’incréé et au créateur.
Le chiffre 4 lui est apparenté, de même que le symbole de la croix. C’est un symbole de
plénitude, d’universalité, un symbole totalisateur. Ne parle-t-on pas des quatre coins du
monde, des quatre points cardinaux, des 4 saisons, des 4 éléments, des 4 évangélistes. Il
symbolise donc le terrestre, la totalité du créé et du révélé.
Leurs pendant est le cercle qu’on peut considérer comme l'extension d'un point. Aussi le point
et le cercle ont-ils des propriétés symboliques communes : ils figurent le monde spirituel,
invisible et transcendant. De part leur forme, ils symbolisent la perfection, l’absence de
distinction ou de division.
Du pont de vue géométrique, le point mérite qu’on s’y arrête. En effet, il n’a aucune
dimension, et pourtant il existe. Si nous dessinons un point, même avec un crayon très pointu,
il occupera toujours une petite surface, alors qu’un véritable point est absolument invisible. Il
symbolise donc l’état limite entre le manifesté et le non manifesté, le centre, le principe de
l’émanation et le terme du retour.
Les couleurs aussi ont des significations symboliques. Le rouge est universellement considéré
comme symbole fondamental du principe de vie, avec sa force, sa puissance et son éclat.
C’est la couleur du sang, du feu, mais aussi de l’amour.
L’or est le plus précieux des métaux, c’est le métal parfait. Il a l’éclat de la lumière, il est de
caractère divin. Le fond des icônes byzantines et les auréoles des saints peints sur les tableaux
du moyen-âge sont dorés, reflet de la lumière divine.
On pourrait encore parler du blanc, du bleu, du vert, mais nous avons maintenant assez
d’éléments pour essayer de déchiffre notre synthème.
Regardons d’abord la forme générale de notre synthème : nous avons un carré, du côté
desquels émergent quatre demi-cercles, ce qui veut dire que le cadre du monde manifesté est
surpassé par le spirituel. Nous trouvons ce même symbolisme dans la magnifique rosace de la
cathédrale de Lausanne, où les douze mois de l’année sont arrangés en carré autour du centre
porteur d’un médaillon représentant Dieu le Père. Sur chacun des côtés, on trouve les douze
signes du zodiac répartis dans quatre demi-cercles : le temps terrestre est le reflet du temps
céleste.
Prenons un autre point de vue, et considérons simplement le carré avec dans son centre un
point de couleur d’or : c’est un symbole parfait de l’homme en tant que créature de Dieu. En
effet, dans le livre de la Genèse, on lit : "Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la
poussière prise du sol ", c’est le carré. Puis " Il insuffla dans ses narines le souffle de vie ",
c.à.d. qu’Il déposa dans l’homme une partie de Lui-même, c’est le point. Aujourd’hui, cette
origine divine est occultée chez la plupart des hommes par les préoccupations quotidiennes,
largement dominé par le matériel. Notre rosace nous invite à éveiller cette parcelle divine au
fin fond de nous-mêmes, de fleurir – ce sont les quatre pétales blanches autour du centre d’or,
puis, avec l’aide de la force du Saint-Esprit – la couleur rouge qui l’entoure – de dépasser le
cadre du matérialisme égoïste et de faire rayonner notre nature divine tout au tour de nous. Or,
la plus pure manifestation de cette nature divine est d’amour, symbolisé par le rouge qui
entoure les feuilles, 4x3, expression de plénitude. Le Christ n’a-t-il pas dit : " tu aimeras ton
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et tu aimeras
ton prochain comme toi-même "? Ce mouvement centrifuge, ce rayonnement est souligné par
les lignes d'or qui percent le cadre du carré comme des flèches, et dont les pointes se
terminent au point central des cercles périphériques.
Finalement, si l’on prend en compte tous les éléments décris ci-dessus, notre magnifique
rosace peut apparaître comme un symbole du Christ lui-même. Que Dieu nous donne la force
et la persévérance de le suivre.
Apples, le 28 novembre 2009-11-28
Marc-André Weibel