La biotechnologie a-t-elle un avenir?
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La biotechnologie a-t-elle un avenir?
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1987, 6 (1), 163-173. La biotechnologie a-t-elle un avenir? Ph. DESMETTRE* Résumé : Si l'histoire de la biotechnologie se confond avec celle de l'humanité, son évolution se trouve aujourd'hui brutalement accélérée par la découverte de techniques dont les plus importantes sont : l'immortalisation cellulaire (à l'origine de la production des anticorps monoclonaux), la recombinaison génétique et la synthèse peptidique. Dans le seul domaine de la santé et de la production animales, ces techniques permettent d'obtenir de nouveaux produits — médicaments ou additifs — difficiles, voire impossibles à obtenir par d'autres voies. Elles offrent en outre une série d'options tout à fait nouvelles pour le développement de procédés plus performants pour la fabrication ou le contrôle des produits existants. Dans la grande majorité des cas, et exception faite de leurs modalités de production, les produits obtenus ne sont pas différenciables des produits auxquels ils sont appelés à être substitués ; à ce titre il ne semble pas qu'il y ait lieu d'en modifier les critères d'acceptabilité. Pour accélérer la définition, sur des bases scientifiques indiscutables, des conditions de mise sur le marché des médicaments et additifs issus de ces techniques, l'Industrie est prête à une coopération étroite avec les Autorités chargées de leur enregistrement. Compte tenu du temps et de l'effort financier que nécessite la mise au point de ces produits, cette réglementation ne saurait être arbitrairement modifiée dans le temps. Il est en outre indispensable que soit assurée et défendue la propriété industrielle des produits. C'est à ces conditions, et à ces conditions seulement, que l'avenir extrêmement prometteur de la biotechnologie sera assuré. MOTS-CLÉS : Additif alimentaire - Anticorps monoclonaux - Biotechnologie Législation - Médecine vétérinaire - Médicament - Production animale Recherche - Recombinaison génétique - Santé animale - Synthèse peptidique. INTRODUCTION «Application des principes de la science et de l'ingénierie au traitement de matières par des agents biologiques dans la production de biens et de services», la biotechnologie apparaît comme une discipline porteuse d'avenir (Fig. 1). * Directeur des Recherches et Applications des nouvelles technologies, Rhône Mérieux, 254, rue Marcel Mérieux, 69007 Lyon, France. 164 SCIENCE AGENTS BIOLOGIQUES MATIERES INGENIERIE BIENS SERVICES FIG. 1 La biotechnologie Son histoire se confond avec celle de l'humanité. En effet, la biotechnologie existe depuis que l ' h o m m e a mis en œuvre un outil biologique (microorganismes, cellules animales ou végétales, enzymes) pour transformer des matières premières ou des sousproduits. D ' a b o r d empiriques, transmises par la tradition, les modalités d'utilisation des outils biologiques ont trouvé leurs premières bases scientifiques à la fin du XIXème siècle avec les travaux de Pasteur démontrant le rôle des microorganismes dans les fermentations. Depuis, l'évolution de la biotechnologie se confond avec celle de ses nombreux domaines d'applications : industrie pharmaceutique, industrie agro-alimentaire, agriculture, protection de l'environnement. U N E RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE A u début de la dernière décennie, l'évolution de la biotechnologie s'est trouvée brutalement accélérée par un certain nombre de découvertes dont l'importance des applications potentielles fait la troisième révolution technologique du siècle. Ces découvertes - fusion et immortalisation cellulaire, amplification des gènes et recombinaison de l'acide désoxyribonucléique (ADN), synthèse peptidique - sont à l'origine de ce qu'il est convenu d'appeler la nouvelle biotechnologie. Plus encore que la biotechnologie conventionnelle, la nouvelle biotechnologie résulte de l'utilisation des connaissances acquises dans différents domaines scientifiques : chimie, biochimie, génétique, microbiologie, biologie moléculaire, enzymologie, immunologie. Son développement fait appel à des équipes dont la caractéristique essentielle est la pluridisciplinarité. Ses potentialités s'en trouvent de ce fait considérablement élargies, et faute de prétendre aborder l'ensemble des domaines d'application potentiels, seuls les apports de la nouvelle biotechnologie en santé et production animales seront envisagés ici. A u j o u r d ' h u i , au moyen de microorganismes ou de cellules, les techniques de la nouvelle biotechnologie fournissent une série d'options pour l'obtention de nouveaux produits difficiles, voire impossibles, à obtenir par d'autres voies. Le développement de procédés plus performants pour la fabrication et le contrôle des produits existants, médicaments ou additifs, est également devenu possible. Fusion cellulaire, immortalisation La découverte par Barski en 1960 de la possibilité de fusionner entre elles des cellules somatiques d'une même espèce a été rapidement étendue à la fusion de cellu- 165 les d'espèces différentes entraînant ainsi la formation de véritables hybrides cellulaires. Pour les cellules d'origine animale, une importante application de ces techniques résulte de la découverte par C. Milstein et G. Köhler en 1975 de la possibilité de fusionner des cellules lymphoïdes en conservant leurs propriétés de sécrétion des anticorps et en les immortalisant. Les anticorps ou immunoglobulines sont les médiateurs de la réponse immunitaire spécifique humorale. Ils sont produits par une classe de cellules lymphoïdes, les lymphocytes B qui, sous l'influence d'une stimulation antigénique, donnent naissance à une population cellulaire d ' u n type particulier, les plasmocytes, sécréteurs d'immunoglobulines dont la spécificité correspond à celle de l'antigène (Fig. 2). LYMPHOCYTE B (anticorps spécifique d'un épitope) CELLULE DE MYELOME (immortalisation) fusion immortalisation HYBRIDOME ANTICORPS MONOCLONAL FIG. 2 La production d'un anticorps monoclonal Par fusion d ' u n plasmocyte avec une cellule lymphoïde transformée (cellule de myélome), il est possible d'obtenir une cellule hybride ou hybridome qui possède tout à la fois le caractère d'immortalité propre à la cellule transformée et la propriété du plasmocyte de sécréter u n seul type d'immunoglobuline dirigé contre un seul épitope. Cet anticorps monoclonal doué d ' u n e stricte spécificité de reconnaissance de l'épitope auquel il correspond peut être utilisé à des fins diagnostiques, thérapeutiques ou encore pour la purification d'antigènes par des techniques du type de la Chromatographie d'affinité. Recombinaison génétique La recombinaison génétique est née en 1973 de la découverte, par S. Cohen, A . Chang, H . Boyer et R. Helling, de la possibilité de fusionner in vitro deux fragments d'ADN provenant de gènes bactériens différents et d'obtenir par introduction de la 166 molécule recombinante dans une bactérie hôte, non seulement sa réplication, mais encore l'expression de l'information génétique correspondant à chacun des deux fragments. E n raison de l'identité de la structure de base de l ' A D N et de l'universalité du code génétique, de telles fusions sont possibles entre des fragments d ' A D N provenant d'espèces différentes. Les molécules d ' A D N recombinantes ainsi obtenues sont capables de réplication et d'expression. Les techniques de la recombinaison génétique représentent ainsi «l'une des tentatives les plus hardies p o u r r o m p r e les barrières de l'espèce à des fins devant permettre l'obtention facilitée de produits biologiques rares» (F. Gros). E n pratique il est devenu possible, grâce à la découverte d'enzymes qui reconnaissent spécifiquement certaines des séquences de bases qui sur l ' A D N représentent le code génétique, de fragmenter une molécule d ' A D N d ' u n organisme en des points précis et prédéterminés et ainsi d'isoler des fragments d ' A D N ou gènes qui codent pour certaines activités. Au moyen des mêmes enzymes il est en outre possible d'ouvrir la ou l'une des molécules d ' A D N qui constitue le génome d ' u n organisme différent, de telle sorte q u ' u n des fragments d ' A D N provenant du premier organisme puisse y être inséré. D'autres enzymes sont alors utilisées pour rétablir la continuité de la molécule d ' A D N recombinée ainsi obtenue, de telle sorte que le nouveau génome puisse continuer à être normalement exprimé dans son organisme d'origine. Il en résulte la possibilité pour cet organisme ainsi modifié de continuer à se reproduire tout en maintenant et en exprimant les caractères nouvellement acquis, et ce même s'ils sont étrangers aux fonctions naturelles de cet organisme (Fig. 3). ADN vecteur GENE étranger ADN recombiné cellule hôte CELLULE RECOMBINANTE constituants de la cellule hôte + PRODUITS D'EXPRESSION DU GENE FIG. 3 La recombinaison génétique 167 Le choix du système hôte dépend pour une large part de la nature de la protéine que l'on souhaite faire exprimer. Ainsi, des protéines secondairement modifiées (glycosylées, carboxylées, etc.) ne peuvent l'être que par des systèmes cellulaires appropriés (cellules eucaryotes). Ce choix dépend en outre des quantités de protéines devant être produites et des coûts maximaux admissibles pour leur production. Les cellules procaryotes (bactéries, streptomycètes) et certaines cellules eucaryotes (levures, champignons inférieurs, algues) sont particulièrement intéressantes dans la production de masse à faible coût. Les impératifs de purification conduisent, dans u n certain n o m bre de cas, à rechercher des systèmes cellulaires hôtes excréteurs (bactéries à gram + , levures, cellules de mammifères, etc.). Synthèse peptidique Des possibilités sont récemment apparues de décrypter le code génétique, d o n c d'établir les séquences nucléotiques constituant les acides nucléiques, et d'en déduire les séquences peptidiques correspondantes. De la même manière, de nouvelles techniques extrêmement performantes ont été développées, qui permettent d'établir directement la séquence peptidique des protéines. Dans le même temps, les progrès de la chimie organique et de la biochimie ont rendu possible la synthèse in vitro de courts enchainements d'acides aminés ou peptides. Ces possibilités de synthèse peptidiques offrent de nouveaux moyens de produire, soit des peptides doués d'activité pharmacologiques, soit des déterminants antigéniques utilisables pour la préparation de vaccins. Dans tous les cas, la synthèse de tels principes actifs doit être complétée par la mise au point de formes galéniques adaptées. Ceci est vrai qu'il s'agisse de systèmes à relargage contrôlé, destinés à stabiliser le peptide et à maintenir constante sa concentration moyenne dans l'organisme dans le cas d'applications pharmacologiques, ou qu'il s'agisse de systèmes porteurs destinés à rendre le peptide immunogène en même temps q u ' à le stabiliser dans le cas d'applications vaccinales. UN D O M A I N E D ' A P P L I C A T I O N E N C O N S T A N T E É V O L U T I O N La nouvelle biotechnologie permet de produire des molécules d'intérêt biologique dont l'utilisation se trouve actuellement hypothéquée par leur rareté, les difficultés et les coûts de leur extraction ou de leur purification, et les contraintes de sécurité liées à leur production. Elle fournit en outre la possibilité de produire de nouvelles molécules et, à ce titre, son c h a m p d'application apparaît pratiquement illimité et difficilement prévisible puisque directement lié à l'évolution de techniques dont le potentiel reste encore à évaluer. Il est néanmoins possible de dresser une liste de ces applications, tout en ayant présent à l'esprit q u ' u n e telle liste ne peut être exhaustive et qu'elle est essentiellement susceptible d'évolution et de révision : - Acides aminés, protéines monocellulaires — Antibiotiques et antibiomimétiques dont certains spécifiquement destinés à l'animal 168 - Anticorps monoclonaux pour le diagnostic des maladies infectieuses et parasitaires, le suivi de la reproduction, le ciblage des médicaments ou la purification des principes actifs - Antiparasitaires • ectoparasiticides • endoparasiticides - Facteurs de croissance ou facteurs impliqués dans la régulation de la croissance • somatocrinine • somatostatine • somatotropines • somatomédines, etc. - Flores bactériennes permettant une meilleure assimilation des aliments - Lymphokines • interférons • interleukines dont IL 2 • facteur thymique, etc. - Stéroides - Vaccins • antiviraux : fièvre aphteuse, rage, herpesviroses, leucoses, etc. • antibactériens : colibacilloses, etc. • antiparasitaires : babésioses, coccidioses, tiques, etc. - Vitamines Cette liste comporte des produits existants pour lesquels de nouvelles voies de synthèse sont susceptibles d'être développées : acides aminés, antibiotiques et antibiomimétiques, antiparasitaires, Stéroides, vitamines. Le développement de ces nouveaux procédés, dont l'objectif essentiel est un abaissement des coûts de production, repose soit sur l'amélioration des capacités de synthèse des microorganismes utilisés pour la production, soit sur la construction de nouveaux microorganismes, soit encore sur la substitution aux procédés de synthèse existants, de procédés mixtes (hémisynthèses) ou de procédés de biosynthèse. 169 De nouveaux produits apparaissent également sur cette liste. Certains sont des produits impossibles à obtenir dans des conditions économiques satisfaisantes p a r d'autres voies : facteurs de croissance ou facteurs impliqués dans la régulation de la croissance, lymphokines. D'autres sont des produits nouveaux appartenant aux familles déjà largement utilisées en santé animale : antibiotiques et antibiomimétiques, antiparasitaires. L'impact potentiel de la nouvelle biotechnologie sur la production des vaccins apparaît tout à fait considérable et à ce titre mériterait un développement particulier. Une mention particulière doit être également réservée aux anticorps monoclonaux déjà largement utilisés pour le diagnostic des maladies infectieuses ou des infestations parasitaires, et pour le suivi de la reproduction. Couplés aux molécules actives ils devraient permettre le ciblage des médicaments et, par voie de conséquence, conduire à des préparations tout à la fois plus actives et moins toxiques. P a r le biais des techniques mettant en œuvre l'affinité antigène-anticorps, ils fournissent en outre de nouvelles opportunités pour la purification des principes actifs. Un effort de recherche sans précédent L'avènement de la nouvelle biotechnologie et de ses perspectives d'application a suscité un effort de recherche sans précédent, mobilisant les ressources de la recherche publique (laboratoires universitaires, instituts de recherche publics) et de la recherche privée. Hypothétique quant à ses résultats, coûteuse, cette recherche dans le secteur de la santé animale nécessite un effort financier soutenu puisque la durée moyenne de développement d ' u n produit est de 8 à 12 ans, correspondant à u n investissement qui atteint parfois plus de 100 millions de dollars U S . Dans ces conditions, si au plan industriel il est possible d'accepter u n risque technique qui décroît au fur et à mesure des étapes de développement du produit, deux risques non maîtrisables par l'industriel sont difficilement acceptables. L ' u n est lié au non-respect de la propriété industrielle, l'autre est lié à la réglementation qui régit la commercialisation des produits. La nécessité d'une information objective Prenant conscience de l'immense intérêt potentiel des techniques de la nouvelle biotechnologie en même temps que du danger de leur utilisation incontrôlée, les scientifiques qui en avaient établi les bases ont - cas unique dans l'histoire des sciences informé l'opinion publique et p r o v o q u é en 1975 à Asimolar (Californie) la réunion d'une conférence destinée à évaluer les risques et à établir les moyens de prévention. Depuis lors, la plupart des pays à même de développer ces techniques ont émis des directives visant à réglementer les conditions de leur mise en œ u v r e . De la même manière, des comités d'éthique ont été créés, afin d'apprécier l'usage qui en était fait. La connaissance des bases moléculaires de l'hérédité et la mise au point de techniques permettant de modifier à volonté le code génétique et par là le patrimoine héréditaire de l'espèce, ouvrent de nouvelles perspectives pour la sélection des microorganismes ou des cellules. Excluant une sélection s'opérant à la faveur de mutations spontanées ou induites, qui procèdent du hasard et ne sont d o n c pas maîtri- 170 sables, les techniques de manipulation génétique permettent d'envisager une modification raisonnée du potentiel génétique et par là, la construction d'organismes dont les propriétés sont précisément définies dès les stades initiaux de leur conception, ce qui ne peut qu'ajouter à la sécurité ultérieure de leur utilisation et aux qualités des produits qui en sont issus. Il est maintenant clair que les scientifiques, dans leur louable souci d'informer le public, ont été dépassés par l'effet amplificateur des médias qui, recherchant le plus souvent le caractère sensationnel de l'information qu'ils délivrent, ont alarmé l'opinion publique en pratiquant un amalgame entre les applications indiscutablement utiles et dépourvues de risques des nouvelles biotechnologies - notamment la recombinaison génétique - et les utilisations perverses qui pourraient en être faites, notamment chez l'homme. Il convient donc, par une information appropriée et objective, de rétablir la vérité pour ne pas hypothéquer le développement de techniques qui, n o t a m m e n t dans les domaines de la santé et de la production animales, se révéleront rapidement irremplaçables. A u plan de leur production, les principes actifs obtenus par les nouvelles biotechnologies (à l'exclusion de ceux obtenus par synthèse) sont des produits biologiques. Les particularités de leurs conditions de préparation (nature des systèmes vecteurshôtes, types de substrats utilisés pour leur croissance, niveau et conditions de purification) devront être prises en compte en même temps que les modalités d'utilisation de ces produits, dans la définition des normes de contrôle et des conditions d'enregistrement par les autorités responsables. Une nécessaire protection de la propriété industrielle C o m m e dans tous les autres domaines de l'innovation technologique, la prise de brevets représente le moyen de protéger la propriété industrielle des produits ou des procédés. Dans la mesure où il paraît maintenant parfaitement admis par les juridictions de différents pays que les microorganismes et les produits obtenus par des procédés microbiologiques sont brevetables, l'intérêt des industriels est de protéger les produits de leur recherche. L'importance, déjà largement soulignée, des efforts de recherche nécessités par le développement des produits issus des nouvelles biotechnologies ne peut être pleinement justifiée que dans la mesure où ces produits p o u r r o n t être extensivement commercialisés à l'abri des contrefaçons. Ceci implique une harmonisation de la législation internationale en matière de propriété industrielle ainsi que le strict respect de cette législation par un n o m b r e croissant de pays. Dans le cas contraire, un certain nombre de pays qui aujourd'hui encore ne protègent qu'insuffisamment la propriété industrielle, se verraient exclus du bénéfice que peuvent apporter les produits issus des nouvelles technologies. Les instances chargées de l'enregistrement des produits doivent en outre s'associer à cette protection de la propriété industrielle en assurant u n strict respect de la confidentialité lors de l'instruction des dossiers qui leur sont confiés et en prenant toutes dispositions utiles pour que soient protégés contre d'éventuelles mises à disposition de tiers, les souches ou produits qui pourraient leur être confiés aux fins d'expertises et de contrôles. 171 Une réglementation, déterminante pour l'avenir Si la nécessité d ' u n e réglementation de la commercialisation des produits pharmaceutiques destinés à l'animal ne saurait être mise en cause, il apparaît hautement souhaitable q u ' u n e harmonisation des réglementations puisse intervenir entre les différents pays. En outre, dans le cas des produits issus des nouvelles technologies, il est indispensable que soient rapidement définis, au travers d'accords internationaux établis sur des bases scientifiques, les critères d'acceptabilité des produits ainsi que les modalités de leur enregistrement. En effet, a u risque technique lié à t o u t développement d ' u n nouveau produit, ne saurait s'ajouter le risque d'un hypothétique refus d'autorisation de mise sur le marché, refus qui s'appuierait davantage sur des considérations politiques prenant en compte les revendications d'éventuels groupes de pression, que sur des critères scientifiques établis par des spécialistes avertis. C o m p t e tenu de la durée de mise au point des p r o duits, et de l'importance des investissements nécessaires, la réglementation ne saurait en outre être arbitrairement modifiée dans le temps, au risque de compromettre les efforts de recherche et, par voie de conséquence, les progrès résultant de la mise au point de nouveaux produits. Dans la majorité des cas, il semble que les législations actuellement en vigueur pour les produits vétérinaires règlent de façon adéquate (lorsqu'elles sont appliquées) la mise sur le marché des produits. Pour les produits issus de la nouvelle biotechnologie, dans la mesure où les techniques mises en oeuvre conduisent dans la majorité des cas au développement de nouveaux procédés de fabrication de produits existants p o u r lesquels les caractéristiques physiques, chimiques, toxicologiques, pharmacologiques ou les propriétés biologiques sont d'ores et déjà bien connues, il ne semble pas nécessaire d'édicter une nouvelle législation. P o u r les nouveaux produits, dans la mesure où de nouvelles réglementations peuvent se révéler nécessaires, il paraît hautement souhaitable que ces réglementations résultent d'une large concertation entre les autorités responsables et les industriels directement impliqués. Plutôt qu'être de simples extrapolations de réglementations existantes pour les médicaments destinés à la médecine h u m a i n e , extrapolations qui risqueraient de s'avérer inadaptées, les réglementations relatives aux produits destinés aux productions animales devraient tenir compte : — des espèces destinataires (animaux de rente, animaux de sport ou de compagnie, faune sauvage), — des conditions et de la finalité de leur utilisation (amélioration des performances zootechniques, prévention des maladies infectieuses ou parasitaires, thérapeutique, etc.), — de la durée de vie économique des animaux, - des éventuels résidus ou du risque potentiel de transmission à l'animal ou à l'homme. 172 CONCLUSION Si son histoire se confond avec celle de l'humanité, la biotechnologie connaît aujourd'hui une évolution dont l'importance la fait assimiler à une révolution technologique. La nouvelle biotechnologie repose principalement sur la mise en œuvre de techniques, immortalisation cellulaire, recombinaison de l'acide désoxyribonucléique, synthèse peptidique, dont les applications potentielles restent difficiles à évaluer tant est rapide et parfois imprévisible leur évolution. Dans le seul domaine de la santé et de la production animales, ces techniques fournissent une série d'options tout à fait nouvelles pour l'obtention de produits jusqu'alors difficiles, voire impossibles, à obtenir par d'autres voies, ou pour le développement de procédés plus performants pour la fabrication ou le contrôle des produits existants, médicaments ou additifs. Ayant suscité u n immense intérêt à la mesure de ses potentialités d'application, la nouvelle biotechnologie est à l'origine d ' u n effort de recherches sans précédent. Il s'agit de recherches à risque, qui nécessitent u n effort financier important et soutenu et dont les fruits, procédés ou produits, doivent être nécessairement protégés au plan de la propriété industrielle, afin de permettre un juste et indispensable retour d'investissement. Face à l'intérêt suscité, de vives craintes ont été formulées quant aux risques d'une utilisation incontrôlée de ces techniques, n o t a m m e n t chez l ' h o m m e . P o u r cette raison, la plupart des pays ont émis des directives visant à réglementer les conditions de leur mise en oeuvre, et des comités d'éthique ont été créés afin d'apprécier l'usage qui en était fait. Il convient maintenant, par une information objective du public, d'apaiser des craintes t r o p souvent irraisonnées, afin de ne pas hypothéquer le développement de techniques qui se révèleront rapidement irremplaçables. P a r ailleurs, si la nécessité d'une réglementation de la commercialisation des produits issus de la nouvelle biotechnologie ne saurait être raisonnablement remise en cause, il apparaît indispensable que soient rapidement établis, sur des bases scientifiques, et non sur des considérations politiques à buts plus ou moins avoués, les critères d'acceptabilité des produits ainsi que les modalités de leur enregistrement. Résultant d'une large et confiante concertation entre les autorités responsables et les industriels directement concernés, cette réglementation, dont il faut espérer qu'elle sera internationale ou tout au moins homogène entre les pays, sera le plus sûr garant de l'avenir de la biotechnologie appliquée à la santé et à la production animales. ¿QUÉ FUTURO LE ESPERA A LA BIOTECNOLOGÍA? — Ph. Desmettre. Resumen: La historia de la biotecnología difícilmente puede separarse de la historia de la humanidad. Hoy en día la biotecnología evoluciona de manera 173 vertiginosa, producto del descubrimiento de diferentes técnicas, entre las cuales merecen destacarse la inmortalización celular (base de la producción de anticuerpos monoclonales), la recombinación genética y la síntesis peptídica. En el campo de la salud y la producción animal, por no hablar de los otros, estas técnicas brindan la posibilidad de obtener nuevos productos: medicamentos o aditivos que resultaría difícil o imposible obtener por otros medios. También abren una amplia gama de posibilidades nuevas en lo concerniente al desarrollo de técnicas más perfeccionadas de fabricación o de control de los productos existentes. En la mayoría de los casos los nuevos productos obtenidos no se pueden diferenciar de los productos por ellos reemplazados, salvo por supuesto en lo que se refiere a su forma de fabricación. En consecuencia, no habría razón para modificar los criterios de aceptabilidad en esos casos. La industria está dispuesta a colaborar estrechamente con las autoridades a cargo del registro para que las condiciones de comercialización de los medicamentos y aditivos producidos por medio de esas técnicas sean definidas rápidamente en base a criterios científicos indiscutibles. Habida cuenta del tiempo y del esfuerzo económico que exige la puesta a punto de estos productos, es necesario contar con la seguridad que la reglamentación no será modificada arbitrariamente en cualquier momento. También, es imprescindible que se garantice y se defienda la propiedad industrial de los productos. Es sólo en esas condiciones que el futuro promisorio de la biotecnología podrá convertirse en realidad. PALABRAS CLAVE: Aditivos alimentarios - Anticuerpos monoclonales Biotecnología - Investigación - Legislación - Medicamento - Medicina veterinaria - Producción pecuaria - Recombinación genética - Sanidad animal Síntesis peptídica. * * * BIBLIOGRAPHIE 1. ANON. 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